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La Pause géopolitique

La Pause géopolitique

Anne Battistoni, Major-Prépa

La Pause géopolitique est un podcast qui permet de prendre du recul sur les grands événements géopolitiques contemporains. À partir d'un événement d'actualité, ce podcast propose de mobiliser des concepts de géopolitique pour donner des clés de compréhension sur le monde qui nous entoure. La Pause géopolitique est animée par Anne Battistoni, ancienne professeur de géopolitique en classe préparatoire, et proposé par Major-Prépa, le site de référence des étudiants en prépa économique et commerciale.

38 - Géopolitique du Liban : un État en voie de disparition ?
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  • 38 - Géopolitique du Liban : un État en voie de disparition ?

    Les diagnostics posés sur l’état du Liban sont souvent dramatiques. En décembre 2020, le ministre des affaires étrangères français, Jean-Yves Le Drian, exprimait par cette boutade son sentiment « Pour moi, disait-il, c’est le Titanic sans orchestre ». Dans l’ouvrage paru en 2022, l’historien et politologue Pierre – Jean Luizard n’hésite pas à parler à propos du Liban d’un pays en voie de disparition. Aux côtés de Syrie, Irak, Yémen, Libye, il le range dans la catégorie des Etats faillis, que l’on peut définir comme des États qui ne remplissent pas leurs missions auprès de leur population tant dans les domaines régaliens (justice, sécurité, monnaie, contrôle du territoire) que dans la fourniture de services économiques et sociaux à leur population. En un demi-siècle, le pays a connu guerre civile, offensives et occupation israélienne et syrienne, attentats et assassinats politiques en série, vacance du pouvoir politique et multiples formes d’ingérence étrangères. Or ce pays dans les années 1950 ou 1960 apparaissait comme un îlot de prospérité et de coexistence réussie, on le qualifiait de Perle du Moyen-Orient, de Suisse orientale, Beyrouth était parfois surnommée le Paris du Moyen-Orient… Quoi qu'on pense de ces qualificatifs d’ailleurs, le constat est là. Le Liban va mal, et la guerre qui l’accable fait plonger un peu plus le pays dans la nuit. Pourquoi ? Si l’État ne fonctionne pas, serait-ce parce qu’il n’existe pas ? qu’il n’y a pas vraiment eu d'État nation libanais ? Ce pays n’est-il pas une création artificielle, coloniale qui n’a pas réussi à souder la communauté de ses habitants ? Cette explication facile fait fi des fragilités internes, comme des enjeux régionaux et des interventions étrangères dans ce pays souvent perçu comme un État tampon, hier entre l’Europe et le monde ottoman, aujourd’hui entre Israël et l’Iran. La réalité est plurielle et complexe.

    Tue, 19 Nov 2024 - 41min
  • 37 - Géopolitique du Japon, une puissance si discrète

    Le 18 septembre dernier, un triste fait divers a accru les tensions entre le Japon et la Chine. Un enfant japonais de 10 ans a été tué, poignardé sur le chemin de son école à Shenzhen, la grande métropole technologique et industrielle du Sud Est de la Chine. Celle-ci parle d’un incident isolé, mais cette attaque a eu lieu le jour anniversaire du début de l’invasion de la Mandchourie par le Japon en 1931 et survient 3 mois après l’attaque en juin d’un autre enfant japonais et de sa mère à un arrêt de bus. Elle s’insère dans un climat de dégradation des relations entre les deux pays. Le sentiment antijaponais en Chine a toujours été vivace, nourri de l’héritage de la Seconde guerre mondiale. Depuis un an on observe un regain des tensions et, le 26 août dernier, pour la première fois un avion de reconnaissance de l’Armée chinoise est entré dans l’espace aérien japonais. Il est vrai que le rapport de force entre les deux Etats a considérablement changé en ½ siècle : à la fin des années 1960 le Japon était la troisième puissance économique mondiale – derrière Etats-Unis et URSS, grâce à une croissance économique spectaculaire, deux fois plus rapide que celle des autres pays occidentaux. À l’époque la Chine était un pays fermé, vivant au rythme des révolutions maoïstes, isolé dans la communauté internationale et dont les habitants vivaient pauvrement. En 2010 le PIB de la Chine a dépassé celui du Japon alors N°2. Depuis, la Chine ambitionne d’être numéro 1 dans tous les domaines, développant des ambitions maritimes, elle inquiète le Japon, surtout depuis l’arrivée de Xi Jingping au pouvoir en 2013 menant une politique plus autoritaire et plus agressive. Que peut faire le Japon ? Dans sa Nouvelle histoire du Japon, l’historien Pierre François Souryi écrit en 2023 : « Méprisé par son principal allié les Etats- Unis, à peu près ignoré par les Européens, incapable de s’entendre avec son voisin russe sur une frontière communément admise, suscitant toujours autant d’antipathie chez son voisin sud-coréen et menacé de ses fusées par Pyongyang, tenu à distance par une Chine prompte à raviver les cicatrices de la guerre, le Japon est pour ainsi dire inaudible sur les grands problèmes du monde contemporain ». Le bilan est-il vraiment aussi accablant ? pour un pays qui possède pourtant maints critères de puissance ? Revenons à l’actualité.

    Thu, 31 Oct 2024 - 46min
  • 36 - Le monde en 2024 : lignes de force, lignes de fracture ?

    Nous autres, Européens, vivons une période déstabilisante. Nous sommes sans doute le continent le plus préservé des soubresauts politiques, économiques et sociaux par la stabilité de nos institutions, par la protection offerte par l’Union Européenne, par le niveau de vie et la couverture sociale que nous avons construits depuis les décennies de l’après-guerre. Nous avons fortement contribué à proposer au monde un mode de règlement des conflits ou de gestion des biens publics mondiaux basé sur le dialogue, le multilatéralisme, l’édification de règles communes. Or depuis quelques années, ce monde semble en train de s’effondrer. Il est vrai que la guerre s’étend et semble toujours plus proche de nous. A moins de 5 h d’avion de Paris, des combats déchirent l’Est européen, le Caucase, le Proche-Orient, ou le Nord Sahel. Ce sentiment d’un monde qui s’effondre s’explique aussi par la panne du multilatéralisme : le dialogue, la recherche de compromis nous ont permis de vivre en paix au sein de l’Union Européenne or cette capacité à dialoguer entre grandes puissances semble au point mort. Enfin, c’est tout simplement notre place dans le monde qui est aujourd’hui remise en cause lorsque nos tentatives pour proposer des solutions via des normes, des valeurs ou des actions est rejetée. Le monde en 2024 se résume -t-il alors à une géopolitique du désordre ? Tout converge pour donner cette impression : l’extension de la guerre (guerres chaudes et meurtrières, guerres froides porteuse de tensions plus grandes encore), la contestation des démocraties, le regain des protectionnismes, la multiplication des accidents climatiques … Il est donc urgent de chercher l’intelligibilité du monde. Nous savons que nous vivons des crises multiples et que celles-ci sont la traduction du passage d’un monde ancien à un nouveau monde qui est en train de naître. Mais au-delà du recours à cette analyse (inspirée par Gramsci), ne peut-on décrypter les désordres ambiants comme une phase mettant en place de nouveaux acteurs et aussi de nouvelles règles... dessinant un nouveau monde que nous aurions intérêt à prendre en compte, à intégrer le plus rapidement possible pour y trouver notre place. Peter Drucker, l’un des pères du management, disait : « le plus grand danger dans les moments de turbulence, n’est pas la turbulence ; c’est d’agir avec la logique d’hier. » Aussi, mettons-nous au temps présent.

    Thu, 26 Sep 2024 - 42min
  • 35 - L’Europe centrale, nouveau centre de gravité de l’Union 20 ans après son intégration ?

    En avril dernier, les élections présidentielles organisées en Slovaquie aboutissaient à la victoire de Peter Pellegrini, candidat allié au premier ministre nationaliste et populiste Robert Fico. Cette victoire s’est largement jouée sur le thème de la guerre en Ukraine, le nouveau président affirmant qu’il était le candidat de la paix tandis que son adversaire pro-européen allait précipiter son pays dans la guerre par son soutien aux Ukrainiens. La Slovaquie se retrouve ainsi dirigée par un duopole populiste et nationaliste après la victoire de Robert Fico aux législatives d’octobre 2023. Son gouvernement qui vient par ex en mars d’annoncer la suppression de l’instance judiciaire chargée de lutter contre la corruption, s’annonce illibéral. La Slovaquie rejoint ainsi la Hongrie de Orban à la fois dans la complaisance vis-à-vis du régime de Vladimir Poutine et le refus d’aider l’Ukraine, et dans la critique de l’action de l’UE et la remise en cause de l’Etat de droit. Qu’en penser ? 20 ans après son entrée dans l’Union, l’Europe de l’Est semble générer des Etats qui freinent la construction européenne et qui rejettent un certain nombre de ses valeurs. Pourquoi ? Mais de qui parle-t-on ? L’Europe centrale et orientale a-t-elle encore une identité spécifique ? L’attaque russe sur l’Ukraine en février 2022 et la guerre qui dure depuis plus de deux ans apparaît comme un révélateur des divisions au sein de cette Europe de l’est. L’euroscepticisme militant des démocraties illibérales (Pologne avant 2023, Hongrie, Slovaquie aujourd’hui) contraste avec l’ europhilie des Etats baltes ou aujourd’hui de la Pologne. Dans ce pays, vous vous en souvenez peut-être les élections au printemps 2023 ont conduit à la victoire de Donald Tusk à la tête d’une coalition centriste et pro-europe qui s’attache depuis à rétablir l’Etat de droit dans le pays. Comment comprendre ces évolutions et ces disparités ? Les spécificités de l’Europe centrale se sont-elles diluées en entrant dans l’Union ou bien cette intégration a-t-elle conduit à une réaffirmation de leur identité propre ? Certes aucun Etat entré il y a 20 ans ne souhaite quitter l’Union, car tous savent ce qu’elle leur apporte. Mais la question est posée : Peut-on passer d’une identité socialiste à une identité européenne facilement, en faisant l’économie d’une affirmation nationale ? Pour le dire brutalement, leur volonté affirmée clairement il y a 20 ans n’était -elle qu’un trompe l’œil masquant l’appât du gain ? en l’occurrence les aides européennes ?

    Fri, 7 Jun 2024 - 43min
  • 34 - Inde nationaliste de Narendra Modi : un désir de puissance

    Le 26 janvier 2024, Emmanuel Macron était l’invité d’honneur de Narendra Modi pour la fête nationale indienne, qui commémore l’entrée en vigueur de la Constitution en 1950. Macron était un second choix pour Modi, qui avait dans un premier temps convié Joe Biden, mais le président américain s’était finalement désisté tardivement en décembre. Que révèle l’événement ? d’une part que Modi courtise les Occidentaux, tout en les critiquant et en refusant de condamner l’invasion de l’Ukraine par la Russie ; d’autre part que le président français, en connaissance de cause et en dépit de l’évolution autoritaire du régime indien, a souhaité entretenir cette relation privilégiée avec un partenaire stratégique, qui non seulement a le mérite d’être un client de l’industrie de défense française, mais apparaît comme une puissance d’équilibre dans un monde en pleine recomposition. C’est d’ailleurs pour ces mêmes raisons que Modi avait été l’invité d’honneur des cérémonies du 14 juillet dernier à Paris. Alors l’Inde, une puissance indispensable ?

    Wed, 17 Apr 2024 - 43min
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