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Ennio Morricone

Ennio Morricone

Thierry Abiven

Ennio Morricone, sa vie, son oeuvre, de son enfance dans le quartier de Trastevere à Rome jusqu'à ses plus grandes compositions.

9 - Ennio Morricone ou sa marque de fabrique
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  • 9 - Ennio Morricone ou sa marque de fabrique

    Le compositeur – arrangeur, soucieux du timbre en arrive à créer, de façon parfaitement consciente, un son, en d’autres termes, un timbre sonore reconnaissable, puisque celui-ci a été pensé comme tel, dès sa conception.“Chez Morricone il y a ces alliages, comme associer une guimbarde, une guitare électrique et des choeurs d’orchestre. (…) Au bout de 10 secondes d’une musique, on sait que c’est la sienne, de quel film il s’agit, on voit les images…”. Petit à petit, la patte du compositeur se reconnaît (citation du musicien et compositeur Jean-Michel Jarre). « Et, progressivement, c’est devenu un style, quelque chose de tout à fait reconnaissable, qui me concerne au premier chef, et que l’on reconnait non seulement à l’écoute, mais aussi en le voyant écrit. Je crois que je n’ai rien renouvelé. Je n’ai renouvelé que mon langage, petit à petit, selon mes exigences intérieures et celles de la technique du cinéma ” (source : Documentaire diffusé sur la chaine Arte en 2007).

    Est-il opportun de rappeler qu’au même moment où il évolue dans le cinéma en qualité de concepteur de bandes-son, Morricone se livre à la création de partitions classiques, avec une méthode et approche identiques à celles exposées précédemment ?

    Wed, 25 Aug 2021 - 23min
  • 8 - Ennio Morricone et les récompenses tardives

    Avec ce premier Oscar pour une de ses partitions, le Maestro revenait de loin ! De très loin même si l’on examine l’ensemble de distributions de prix qui le concerne. Avant la fin de la décennie 80, ses confrères ne se bousculaient pas pour le récompenser. Les cénacles en tout genre rechignaient à le primer. Dès le début des années 90, la reconnaissance de ses pairs finit par arriver. Tardivement certes, eu égard à son palmarès plus qu’éloquent, mais sûrement, dans la mesure où toutes les académies et festivals lui rendirent finalement hommage. Ennio Morricone devint incontournable tant sa musique se diffusait partout ! Par « partout », il faut entendre les salles de cinéma bien sûr, les télévisions et les radios du monde entier, les sites Internet d’écoute de musique et les supports comme les CD. « Avec 27 Disques d’or et 7 Disques de platine, la musique d’Ennio Morricone a atteint une renommée qui a bien peu d’égal dans le cercle très fermé des grands compositeurs de musiques de films.  » Au moment de son décès, il avait vendu sur les cinq continents entre 70 et 80 millions de disques / CD. Des groupes lui rendirent hommage dans leurs concerts ou leurs albums comme les groupes Metallica, Nightwish, ou encore Michel Polnareff ou Céline Dion.

    Wed, 18 Aug 2021 - 25min
  • 7 - Ennio Morricone ou la tentation de la musique absolue

    La musique absolue ! L’expression émanait du Maestro qui prenait un vrai plaisir à l’évoquer lorsque les entretiens avec les journalistes ou autres, prenaient une tournure qui lui était agréable. Il désignait par-là la possibilité pour le compositeur de s’adonner à l’écriture musicale sans contrainte autres que celles qu’il se fixait lui-même. Bien sûr, Morricone intégrait à sa définition les attentes du public pour un genre donné. Celles-ci différent selon qu’il s’agisse par exemple d’une musique de chambre ou d’un concerto. Mis à part ce qu’il nommait par « conditionnement », le musicien restait libre de sa partition et pouvait profiter de l’immensité du champ de composition. Et pour reprendre une définition de Jean-Paul Sartre, « la liberté est ce petit mouvement qui fait qu‘on ne restitue pas la totalité de son conditionnement ». De fait, le créateur de musique dispose-t-il de la faculté d’exister réellement dans son écriture « absolue », d’exprimer son « moi » et faire preuve sinon de génie, au moins d’inventivité pour repousser les limites du genre dans lequel il inscrit sa création (ou bien le réinventer).

    C’est dire enfin si nous sommes confrontés à un exercice qui se distingue totalement de la création musicale pour le compte d’autrui et notamment pour le cinéma.

    « Une séparation stricte que conteste Stéphane Lerouge, spécialiste de la musique à l'image : la musique a toujours été écrite sur commande. Ce n'est pas parce qu'on écrit une musique sur commande qu'elle est inférieure, ou "pas absolue" »[1]. Le Maestro ne pouvait en effet pas l’ignorer : bon nombre de grandes partitions classiques, telle la messe de requiem en ré mineur de Mozart, existèrent parce qu’une commande arriva. Et celle-ci, entrainait forcément toute une série de contraintes à respecter afin que la partition livrée corresponde aux désirs du donneur d’ordre.

    [1] France Culture « Ennio Morricone : Caio Maestro » diffusé le 7 juillet 2020.

    Wed, 11 Aug 2021 - 24min
  • 6 - Ennio Morricone ou le temps de grandes compositions (1976 – 89)

    A l’aube de ses cinquante ans, le Maestro se plaçait désormais, et sans conteste, parmi les compositeurs incontournables pour le cinéma mondial. L’année suivante, il signa L’Île sanglante (The Island) de Michael Ritchie avant d’aborder Fenêtres sur New York (Windows) de Gordon Willis en 1980, puis Les Fesses à l’air (So fine) d’Andrew Bergman et surtout The Thing de John Carpenter en 1982. Toujours en 1982, il travailla sur trois autres films : Dressé pour tuer (White dog) de Samuel Fuller, Butterfly de Matt Cimber, V comme Vengeance (A Time to Die) de Matt Cimber. De 1984 à 1989, il composa encore neuf musiques de films américains, dont un nouveau avec Samuel Fuller Les Voleurs de la nuit en 1984, et un autre avec William Friedkin, le réalisateur du premier Exorciste, pour un film dispensable intitulé Le sang du châtiment (Rampage) en 1987.

    Wed, 04 Aug 2021 - 23min
  • 5 - Ennio Morricone : le bon, la brute et le truand

    Si cette histoire de trois hommes, cupides et bandits à des degrés divers, qui tentaient de s’emparer d’un trésor au temps de la guerre civile, ravit d’emblée le public, la bande son ne fut pas en reste ! Elle resta à tout jamais gravée dans l’univers des chefs-d’œuvre des musiques pour l’écran. La partition du compositeur se révéla tout à fait originale au sens strict du terme en raison de son côté inédit. L’instrumentation là encore très originale, reposait sur une conception musicale sans équivalent, singulière et très éclectique, voire très audacieuse, frisant souvent avec l’opéra baroque, entre touches d’humour et vrai lyrisme.

    Ennio Morricone eut en effet recours à plusieurs instruments. On retrouvait bien sûr les sifflements du soliste Alessandro Alessandroni, les vocalises insolites du chœur à huit voix Cantori Moderni, une guitare électrique, l’orgue Hammond, le piano électrique Rhodes, le synket (déjà évoqué), ainsi qu’un chœur d’hommes poussant des cris guerriers « go, go… »). Morricone y ajouta une flûte à bec soprano, une trompette-piccolo, un arghilofono, une guitare mexicaine, et pour agrémenter le tout, quelques solistes (comme Edda Dell’Orso) que le compositeur prit un malin plaisir à faire intervenir de multiples fois. La convocation de multiples instruments, à priori surprenants atypiques et difficiles à marier, résultait pour une grande part de la formation post-webernienne de Morricone qui se caractérisait par une pratique musicale à base d’instruments atypiques.

    Wed, 28 Jul 2021 - 24min
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