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RFI propose un grand reportage réalisé par les envoyés spéciaux et les correspondants de la rédaction, partout dans le monde. Diffusion du lundi au jeudi vers toutes cibles à 11h10 TU, 19h40 TU. Et à 03h10 TU du mardi au vendredi.
Le samedi et le dimanche à 10h10 TU, Patrick Adam, rédacteur en chef de l'information monde vous présente une version enrichie, sur 50 minutes avec la diffusion de deux Grands Reportages et à l’issue, un entretien avec leurs auteurs.
- 969 - Énergie verte et dépendance au charbon : le paradoxe chinois ?
La Chine en plein paradoxe. La Chine reste extrêmement dépendante du charbon… et à la fois elle tente de relever par tous les moyens le défi des énergies renouvelables. Gros enjeux : cela lui permettrait de dominer le marché mondial du solaire ou de l’éolien. Deux fers au feu : puisqu’elle s'est engagée à atteindre un pic d’émissions de dioxyde de carbone d'ici la fin de la décennie et à les éliminer d'ici 2060.
À l’heure de la Conférence internationale sur le Climat de Bakou, essentielle pour l’avenir, la Chine a adopté vendredi dernier (8 novembre 2024) une nouvelle loi sur l'énergie dans l'optique de «promouvoir la neutralité carbone».
Notre envoyée spéciale permanente à Pékin nous emmène à la rencontre d’une Chine volontaire, face à ses vieux démons…
«Énergie verte et dépendance au charbon : le paradoxe chinois ?», un Grand reportage de Clea Broadhurst, avec la collaboration de Chi Xiangyuan.
À écouter aussiLa Chine influenceuse du mouvement climatique mondial
Thu, 14 Nov 2024 - 968 - Kerala : le «pays des dieux» englouti par les eaux
En Inde, le Kerala est appelé le «pays de Dieu lui-même» pour ses sublimes paysages aquatiques tropicaux. Il est aussi en première ligne face au changement climatique. Symbole de cette menace : Munroe Island, un archipel intérieur inexorablement englouti par les eaux.
Premiers réfugiés climatiques du Kerala, plusieurs milliers d’habitants ont déjà quitté l'île qui se noie, comme on la surnomme ici. Ceux qui restent, cernés par les eaux, vivent dans des conditions de plus en plus éprouvantes.Le destin de ce bout de paradis est un avertissement. Cochin, la plus grande ville du Kerala, est, elle aussi, menacée par l’océan. Pour s’adapter à cette nouvelle donne climatique, beaucoup reste à faire.
« Kerala : le "pays des dieux" englouti par les eaux », un Grand reportage de Côme Bastin. (Rediffusion)
Wed, 13 Nov 2024 - 967 - Péril sur Naxos, l'agriculture de l'île grecque menacée par la sècheresse
La Cop Climat - la 29è - vient de s’ouvrir à Bakou, en Azerbaïdjan, après l’été le plus chaud jamais enregistré dans le monde. Ce changement du climat s’accompagne notamment d’épisodes de sécheresse, comme au Brésil, ou dans le bassin méditerranéen. Sur l’île grecque de Naxos, fertile depuis l’Antiquité, il ne pleut ainsi presque plus depuis trois ans. La pénurie d’eau a notamment entraîné une chute vertigineuse de la production traditionnelle de pommes de terre - produit phare de l’île - mettant tout l’écosystème agricole en danger. ‘Sur l’île grecque de Naxos, la sécheresse menace l’avenir de l’agriculture’, c’est un Grand Reportage de Joël Bronner.
Ils sont trois anciens moulins à vent, quelque peu décatis, à donner son cachet à la commune de Tripodes, au cœur de Naxos, une île grecque réputée, depuis des siècles, pour la richesse de son agriculture. C’est ici que Stelios Zevgis élève 80 vaches. Grace à ses bêtes, il produit quotidiennement plus de 1 500 litres de lait, qu’il revend ensuite à la coopérative de l’île. Ce lait sert alors à produire la graviera, un fromage local réputé, membre de la famille des gruyères. Mais pour l’éleveur, la pénurie d’eau à Naxos vient tout remettre en cause : « Nous sommes confrontés à de gros problèmes d’eau. Au train où vont les choses, même les bêtes n’auront bientôt plus assez à boire et à manger. Nous avons besoin d’au moins 70 à 80 mètres cubes d’eau par jour pour subvenir à l’ensemble de leurs besoins, que ce soit pour leur donner à boire ou les laver. Mais il y a une autre conséquence négative de la sécheresse, c’est que nous ne produisons plus assez d’herbes ni de plantes fourragères pour nourrir nos vaches. L’an dernier par exemple, on en a récolté moitié moins que ce qu’on a semé. Et la différence, ce qu’il nous manque parce qu’il ne pleut pas, eh bien il faut qu’on l’achète. Donc l’orge, le maïs, etc. Il faut qu’on les importe depuis la Grèce continentale et ça nous coûte très cher. Une botte de paille d’orge qui coûte par exemple entre 50 et 60 euros sur le continent, nous ici nous la payons entre 120 et 130 euros. Avec le transport et le bateau, c’est le double du prix. »
Conséquence de la sécheresse, le prix de la graviera de Naxos tend donc pour l’heure à augmenter tandis que sa production, elle, diminue. La coopérative locale estime ainsi à près de 250 tonnes de fromage, au total, la baisse de production au cours des trois dernières années.
Mais là où la production agricole connait le ralentissement le plus brutal, c’est au niveau d’un autre emblème culinaire de l’île : les pommes de terres. À la sortie de la grande ville éponyme de Naxos, l’usine où elles sont traitées et stockées va maintenant devoir cesser de fonctionner de longs mois, jusqu’à l’été prochain. Dimitris Veniaris, le responsable de la chaîne de production, fait donc face, à présent, à une situation inédite : « D’habitude, on a du travail dans l’usine jusqu’à fin novembre. Et puis, début décembre, il y a une nouvelle récolte qui commence. En général, on avait donc, au maximum, un creux de 10 ou 15 jours sans pommes de terre. Mais là, pour la toute première fois, on se retrouve sans rien dès la fin septembre… et comme la production pour l’hiver n’a pas été plantée à cause de la sécheresse, il n’y aura bientôt plus du tout de pommes de terre sur le marché. »
« La pomme de terre a besoin d'eau »
Traditionnellement, à Naxos, les agriculteurs récoltent en effet les pommes de terre deux fois par an. Une fois en été et une autre en hiver. Or à cause de la sécheresse, les tubercules n’ont pas pu cette fois être plantés, en prévision de l’hiver. Sur l’île, il n’y aura donc plus de production de pommes de terre jusqu’à la prochaine récolte d’été. Désabusé, le président de la coopérative agricole de l’île, Dimitris Kapounis, affirme que son collectif a pourtant tiré la sonnette d’alarme dès 2021, en alertant des risques de pénurie d’eau et en encourageant les pouvoirs publics à réaliser des travaux d’infrastructures. Il estime ne pas avoir été entendu, alors que le manque d’eau et ses conséquences sont à présent de plus en plus criants.
« En 2022, nous avons récolté 6 000 tonnes de pommes de terre. En 2023, seulement 4 000 tonnes et cette année, en 2024, la production n’a été que de 1 800 tonnes,pointe-t-il. On parle donc d’une baisse de 70% de la production en deux ans ! Et la cause, c’est simple, c’est le manque d’eau, la sécheresse : il ne pleut pas... Il y a deux ans, on a eu de la pluie, l’an dernier déjà nettement moins et là, cette année, il n’a presque pas plu du tout. En 2024, de la pluie, nous en avons eu deux fois en tout et pour tout : un jour en février et un autre jour en mars. Autant dire que de l’eau, il n’y en a pas du tout. Le résultat c’est qu’à Naxos, qui est la patrie de la pomme de terre, un produit IGP, on se retrouve sans pommes de terre… parce que la pomme de terre a besoin d’eau, de beaucoup d’eau ! »
Label européen, IGP signifie ‘Indication géographique protégée’. En face de l’usine, les chambres réfrigérées supposées stocker de grandes quantités de ces pommes de terre labellisées sont vides ou presque. Tout au fond, quelques rares sacs en toile de jute - remplis de celle qu’on appelle la ‘patata Naxou’ - rappellent la fonction du hangar.
« Cela fait 15 ans que nous organisons ici chaque année une grande fête de la pomme de terre en l’honneur de la ‘patata Naxou’, depuis l’époque où elle a été couronnée par une ‘indication géographique protégée’, explique encore Dimitris Kapounis. C’est la meilleure pomme de terre de Grèce, avec celle de la région de Nevrokopi, dans le nord du pays. Mais cette année, la fête a été annulée puisque nous sommes à court de pommes de terre. À la place, nous avons organisé un mouvement de protestation pour informer des problèmes auxquels nous faisons face. Cette pomme de terre, vous savez, elle est cultivée, avec de l’eau, dans un sol sablonneux, qui est fertilisé à plus de 70% avec du fumier animal. C’est cette association qui fait la différence de goût entre la pomme de terre de Naxos et toutes les autres pommes de terre de Grèce et du monde. »
Sur l’île, la pomme de terre est un produit qui fait vivre environ 300 familles et qui suscite la fierté des habitants. À défaut de pouvoir la faire goûter sur les ondes, on peut néanmoins demander à un restaurateur - qui la propose à sa carte - de décrire ce qui la caractérise. Manolis Solokos est copropriétaire d’une taverne sur le port de la ville touristique de Naxos, où il accueille en majorité des clients Grecs, Français et Italiens : « La pomme de terre de Naxos, pour moi, elle sort du lot. J’ai déjà goûté d’autres pommes de terre de Grèce et, je ne sais pas, les autres sont plus jaunes, plus sucrées… La pomme de terre de Naxos a un goût particulier, tout simplement délicieux. Oui, je pense que nous nous distinguons dans ce domaine et j’espère que nous pourrons continuer à en produire. »
Des investissements vains des agriculteurs
Dans sa famille, Stamatis Sergis représente la 4e génération d’agriculteurs. Sur son champ tout sec de la commune de Livadi, il nous parle des mouches. Ces mouches qui sont là parce que c’est le fumier qui sert essentiellement ici d’engrais naturel. À la tête de 28 hectares, où il n’a pas pu planter la moindre pomme de terre pour cet hiver, l’agriculteur évoque surtout l’inflation et les surcoûts - liés à la chaleur et la sècheresse - qu’il estime à un tiers de dépenses en plus. Là, dans le coffre de son pick-up, il montre du doigt un moteur qui vient de griller. La faute au manque d’eau. Sur les sept puits que possède le producteur de pommes de terre, seuls deux sont d’ailleurs encore utilisables, les autres ont été infiltrés par l’eau de mer, en raison de la baisse de niveau de la nappe phréatique. Résultat des récoltes, au lieu d’une centaine de tonnes habituellement, il n’a pu sortir de terre cette année que 20 tonnes en tout et pour tout.
« Nous avons déjà dépensé beaucoup d’argent pour nos champs, en particulier pour y amener de l’eau ! Il a fallu installer des tuyaux pour transporter cette eau depuis le réservoir vers la plaine. Concrètement chaque agriculteur a déboursé de 3 à 500 000 euros pour pouvoir cultiver, rappelle Stamatis.L’équivalent de ce quelqu’un, dans le secteur du tourisme, va payer pour construire un hôtel. Le problème c’est que mon fils, par exemple, il a plus intérêt aujourd’hui à aller travailler comme serveur pendant la saison touristique. Il gagnera dans les 10 000 euros, ça lui fera son salaire annuel. S’il choisit au contraire de travailler dans les champs, il va bosser sans arrêt toute l’année et, au final, il ne gagnera pas autant. Nous nous dirigeons tout droit vers une désertification et un abandon de nos terres agricoles. Moi, j’approche de la retraite, mon fils, lui, va encore me donner petit un coup de main, mais pour combien de temps ? Le domaine est là, les machines sont là, je n’arrive pas à envisager de tout quitter, c’est désolant. C’est comme agrandir une maison pour au final, ne plus jamais y retourner. »
À Naxos, la radio locale porte un nom anglophone : ‘Aegean Voice’, la voix de l’Égée. Depuis plus de 30 ans, Popi Aliberti est l’une de ces voix, qui accompagnent les auditeurs du 107.5. Après une brève discussion à l’antenne, relative à la sècheresse, l’animatrice évoque, devant le studio, la vie sur son île, la plus grande de l’archipel des Cyclades : « L'île de Naxos a évolué rapidement ces dernières années. Le tourisme que nous avions ici il y a 10 ans n'a absolument rien à voir avec le tourisme que nous avons aujourd'hui. Presque tous les ans, un nouveau record est établi. Cette année encore la fréquentation de l’île a progressé de 3 à 4% par rapport à 2023… qui était déjà, ici, une année record. »
Ils sont aujourd’hui les deux piliers économiques de l’île, mais tandis que le tourisme est en plein essor et ne cesse de progresser, le secteur agricole, lui, tend à suivre la pente inverse. Non sans conséquence pour les habitants. « Les difficultés de l’agriculture locale, bien sûr qu’on les constate dans la vie quotidienne, indique la journaliste. Quand je vais au supermarché pour faire les courses, je vois bien qu’il n’y a plus assez de tomates de Naxos. Dans les rayons, on trouve soit des tomates d’autres régions de Grèce, soit des tomates importées de l’étranger. Le résultat, c’est que les tomates qu’on payait avant entre 50 et 80 centimes d’euros le kilo, elles nous coutent maintenant entre 3 euros et 3 euros 50. »
Au premier étage de la mairie, les fenêtres donnent sur la mer et sur une poignée de petites usines de dessalement portatives, logées dans des conteneurs préfabriqués. Il s’agit là d’une solution de facilité, temporaire, mise en place -pour l’instant- jusqu’en fin d’année. Il s’agit, malgré la sècheresse, de répondre aux besoins touristiques en eau, sur la côte, dans un rayon d’une dizaine de kilomètres autour de la ville de Naxos. Mais cette eau, dont la qualité a des limites, représenterait une solution insatisfaisante pour l’agriculture. De plus, les infrastructures pour amener cette eau jusqu’aux champs n’existent pas et son éventuel transport ferait donc exploser le prix des produits agricoles. Il faut donc chercher ailleurs.
Un défi : économiser l'eau
« Je m’appelle Dimitris Lianos et je suis le maire de Naxos et des petites Cyclades. À l’heure où nous parlons, 70% de l'approvisionnement en eau de toutes les localités de Naxos, les 70% qui alimentent les maisons des particuliers, proviennent d’eaux souterraines, c’est-à-dire, des forages. Cela fait 35 ans que nous effectuons des forages sur l’île et jusqu’à présent ces réserves n’ont pas diminué significativement. Les scientifiques pensent donc qu’avec les infrastructures nécessaires, cette eau pourrait être dirigée vers d'autres régions, comme celle où l'on cultive des pommes de terre, pour enrichir la nappe phréatique sur place. »
Pour amasser l’eau nécessaire aux besoins agricoles, les solutions ont besoin d’être multiples et complémentaires. Autre piste importante envisagée à l’hôtel de ville, un plan de recyclages des eaux usées. C’est aussi ce que réclament les agriculteurs : une station d’épuration avec un traitement dit tertiaire, qui puisse permettre de réutiliser l’eau, au lieu d’en rejeter des milliers de mètres cubes à la mer. Une initiative supposée s’inscrire dans une politique de plusieurs travaux à mener à bien. « À Naxos, le relief nous pose toutes sortes de difficultés par rapport à la question de l’eau. Nous avons ici aussi bien de la montagne, de la semi-montagne, des secteurs rocheux que des zones de plaine, poursuit Dimitris Lianos, le maire. Et puis, à l’échelle de la Grèce, nous parlons d’une île relativement grande, qui nécessite des projets d’une autre envergure que pour les petites Cyclades par exemple. Ici, il y a donc tout un travail d’études, de forages exploratoires puis de forages à faire. Ensuite, des travaux pour le transport de l’eau seront obligatoires pour installer des tuyaux et les connecter au réseau hydraulique. Il faut aussi absolument que l’État achève le barrage de Tsikalari, dont la construction est planifiée depuis environ 25 ans ! C’est crucial. Et bien sûr, en complément, des unités de dessalement sont également nécessaires dans certains endroits comme dans notre ville de Naxos ou, près d’ici, dans les zones touristiques de la côte. »
À l’image du maire de Naxos, presque tous nos interlocuteurs se désolent qu’Athènes n’ait jamais terminé la construction d’un nouveau barrage, au niveau du village central de Tsikalari. Ce serpent de mer local leur semble pourtant riche d’une promesse, celle de pouvoir récolter puis redistribuer un précieux trésor aux agriculteurs : des perles de pluie.
Non loin des vestiges du temple de Déméter, déesse de la fertilité, s’étend la terre agricole de Mikri Farma, la ‘petite ferme’ en grec. Nous entrons ici dans le royaume de Konstantis Chouzouris, quadragénaire malicieux, à la barbe broussailleuse. Un souverain qui invite les visiteurs à écouter le chant de ses cannes à sucre, c’est-à-dire la musique que produit le vent au contact des herbes géantes. Au sein d’un collectif, le propriétaire de cette petite exploitation milite pour l’économie de l’eau à Naxos. À sa manière, l’agriculteur incarne la tension grandissante entre l’industrie du tourisme et celle de l’agriculture sur l’île : « Le problème principal de l’île, pour moi, c’est le détournement de l’eau. On vole l'eau des zones rurales pour remplir les piscines. Ce qui se passe c’est qu’un type arrive, il construit cinq villas avec une piscine par villas. Cinq grandes piscines de 80 mètres cubes d’eau chacune. Pour les remplir et les entretenir, il faut disons de 400 à 500 mètres cubes d’eau en tout. 500 mètres cubes d’eau, c’est en une seule fois toute la quantité d’eau que j’utilise en un été dans ma petite ferme ! Nous sommes en état d'urgence. Nous vivons l’une des pires périodes de pénurie d’eau de l’histoire de l’île. C'est la troisième année consécutive que nous avons très peu d'eau, comment pouvons-nous donner la priorité au remplissage des piscines ? »
Au-delà de son appel à ne pas gaspiller, l’agriculteur recommande, en ce qui concerne la terre, un retour à des cultures de fruits et de légumes moins gourmands en eau. Une direction également préconisée récemment, au niveau national, par le Premier ministre grec Kyriakos Mitsotakis. Au vu des projections concernant le changement climatique en cours, tout porte à croire en effet que la sécheresse prolongée qui touche déjà Naxos et devrait concerner une bonne partie du bassin méditerranéen s’inscrit dans un temps long, auquel l’agriculture va devoir s’adapter… ou prendre le risque de disparaître.
« Dans ma zone, la mairie a récemment augmenté le coût de l’eau, qui a été multiplié par trois. Mais moi, je ne peux pas vendre mes légumes trois fois plus cher ! Je ne peux pas vendre des tomates à 7 euros 50 le kilo au lieu de 2 euros 50… Nous, les agriculteurs, nous devons à présent collectivement nous former à l’agriculture en sol aride et utiliser certains types de légumes spécifiques, qui peuvent se passer d’eau. Une certaine catégorie de concombres, de melons, de pastèques, d’oignons, de pommes de terre aussi… Il y a des tas de cultures de ce style qui existaient ici il y a encore quelques dizaines d’années et dont nous nous sommes coupés. Nous avons malheureusement perdu de nombreuses informations à leur sujet. Et nous les avons perdues parce que les gens ont déserté les champs et sont allés en ville pour devenir médecins, avocats, enseignants, professeurs, députés… Beaucoup sont partis pour occuper des postes de fonctionnaires, pour obtenir un salaire fixe. Et le résultat c’est qu’il n’est plus resté personne, parmi les jeunes, pour s'occuper des champs... », déplore l'agriculteur.
Un besoin urgent d'aide de l'État
Produire, avec peu ou pas d’eau, certains légumes spécifiques en plus petites quantités… mais avant tout, continuer à produire. Voilà donc l’une des pistes avancées par ce travailleur de la terre. Quelles autres solutions privilégier pour récolter un peu de cette eau nécessaire à l’agriculture et à la vie lorsque sévit la sécheresse ? De passage dans les bureaux de la coopérative agricole de Naxos, Yannis Politis enseigne l’agronomie à la faculté d’Athènes. Le professeur suggère en premier lieu de s’inspirer des exemples déjà existants, dans les pays qui font face à des climats comparables voire encore plus arides : « À Chypre, la philosophie n'est pas de se concentrer uniquement sur de grands barrages, mais plutôt de construire de plus petits barrages au pied des montagnes pour que, les rares fois où il se met à pleuvoir, ces barrages retiennent suffisamment d’eau pour que celle-ci ait le temps de s'infiltrer dans la terre et puisse remplir les réservoirs souterrains de l'île. C’est de quelque chose comme ça dont nous avons aussi besoin, ici, à Naxos. Par ailleurs, de manière plus générale, le problème de l’agriculture grecque est que, par comparaison, notre production par hectares est bien inférieure à celle d'Israël ou à celle des Pays-Bas, que pourtant personne ne considère comme des pays idéaux pour l’agriculture. Donc là aussi il nous reste beaucoup de progrès à faire. Au niveau national, je pense que la proposition de notre Premier ministre de nous diriger vers des légumes qui nécessitent moins d'eau est la bonne. Mais en même temps, au vu du contexte agricole local, je ne suis pas prêt à soutenir que c'est la bonne voie pour la région de Naxos. »
Car à Naxos, l’agriculture s’appuie donc pour l’heure sur un écosystème entre la culture de la pomme de terre, qui a permis le développement de l’élevage - à l’origine du fromage graviera - et le fumier animal qui vient, en retour, fertiliser les pommes de terre. Faire disparaitre l’un de ces produits labellisés risquerait de déchirer tout le tissu économique local, d’où la frilosité de l’enseignant en agronomie. Dans tous les cas, à Naxos ou ailleurs, l’éventuelle reconversion de certains agriculteurs vers de nouvelles productions ne pourra pas se faire sans pédagogie politique ni soutien financier des États pour encourager et faciliter une telle transition. Autrement, la fertile Naxos, en première ligne face à la sécheresse qui touche le bassin Méditerranéen, pourrait bien se transformer rapidement en un champ de ruines agricole. Des vestiges devant lesquels les touristes pourront toujours à court terme venir se prendre en photos, comme ils le font devant la porte du temple d’Apollon, l’emblème de cette île grecque et de son passé.
Tue, 12 Nov 2024 - 966 - Au Tchad, les soldats de l'eau face au changement climatique
À l’occasion de l’ouverture aujourd’hui de la COP29 à Bakou, Grand reportage vous emmène dans l’un des pays d’Afrique les plus touchés par les conséquences du réchauffement climatique. Après un épisode de chaleur extrême au mois d’avril, le Tchad fait désormais face à des inondations sans précédent qui ont déjà causé près de 600 morts et 2 millions de sinistrés, selon le dernier bilan officiel disponible, arrêté au 1er octobre.
Selon un rapport du groupe World Weather Attribution, la saison humide a gagné près de 18% en intensité depuis 1981 au Sahel central et la pluie pourrait encore augmenter de 30% d’ici 2050, selon les prévisions du GIEC qui annoncent également une multiplication des phénomènes extrêmes et moins prévisibles qui perturbent l’agriculture. Dans ce Grand reportage, nous suivrons notre correspondant Carol Valade à travers la vaste zone semi-urbaine qui entoure la capitale tchadienne à la rencontre de ceux qui se battent pour protéger leur quartier de la montée de eaux. Pour certaines zones agricoles, il est malheureusement déjà trop tard… et c’est donc à pirogue que débute ce Grand reportage… Embarquement.
Au Tchad, les soldats de l'eau face au changement climatique, un Grand reportage de Carol Valade, réalisé par Guillaume Buffet et Alexandre Cayuela.
Merci aux associations Jeunesse active, et Anda, à la radio Terre nouvelle et à Médecins Sans Frontières.
Mon, 11 Nov 2024 - 965 - « Le supplément du dimanche » du 10 novembre 2024
Dans le supplément de ce dimanche, Grand reportage nous emmène au Liban où les affrontements entre Israël et le Hezbollah font des milliers de victimes chez les civils. En deuxième partie, direction l'Irak, dans le Sinjar, où la communauté yézidie a subi les attaques de la part de l'organisation État islamique en 2014. 10 ans plus tard, après un bilan lourd de victimes, le retour des Yézidis demeure difficile.
Liban : les civils pris au piège de l’offensive israélienne
Le Liban à nouveau ravagé par la guerre. Le conflit entre Israël et le Hezbollah embrase tout le pays. Tout commence au lendemain des attaques terroristes menées de Gaza par le Hamas, le 7 octobre 2023, contre Israël. Le Hezbollah allié libanais de l’Iran ouvre alors un front de soutien au Hamas. Pendant dix mois, les affrontements restent contenus le long de la frontière israélo-libanaise.
Mais, le 17 septembre 2024, des explosions de bipeurs et de talkies-walkies piégés touchent plusieurs milliers de combattants du Hezbollah. Attaque attribuée à Israël qui ne dément pas et accélère encore. Les frappes tuent Hassan Nasrallah, le leader du parti de dieu et les chars Israéliens entrent au pays du Cèdre.
Plus de 2 500 morts et 11 500 blessés, des milliers de disparus, 1,4 million de déplacés.
Un Grand reportage de Sophie Guignon qui s'entretient avec Jacques Allix.
10 ans après le génocide perpétré par l'État islamique : le déchirant retour des yézidis au Sinjar
Akhlas Kairo fait partie de près de 7 000 femmes et enfants yézidis enlevées par l’organisation État islamique en 2014. Elle est restée entre leurs mains pendant plusieurs mois, 10 ans plus tard, elle lutte encore pour reprendre une vie normale, hantée par ses souvenirs, comme tous au Sinjar. Le 3 août 2014, l’État islamique lançait une attaque extrêmement coordonnée contre la communauté yézidie qui a alors peu de choix : se convertir, tenter de fuir ou mourir.
Plus de 5 000 personnes sont tuées en quelques semaines, des femmes et enfants capturés sont réduits en esclavage. 350 000 personnes ont fui, 150 000 seulement ont pu revenir.
Un Grand reportage de Marie-Charlotte Roupie qui s'entretient avec Jacques Allix.
Sun, 10 Nov 2024 - 964 - « Le supplément du samedi » du 9 novembre 2024
Dans le supplément de ce samedi, Grand reportage week-endest entièrement consacré à la présidentielle aux États-Unis. En première partie, nous revenons sur la campagne menée par 3 candidats (Trump, Biden et Harris). Et, en deuxième partie, l'un des États clés, la Caroline du Nord, que les démocrates espéraient remporter.
Présidentielle aux États-Unis : Trump, Biden et Harris, trois candidats pour une campagne
Ce mardi 5 novembre 2024, c'est le grand jour. Même si certains ont déjà voté en avance, c’est aujourd’hui que les Américains se choisissent un président, ou une présidente : leur 47è. La campagne a été agitée, entre les démêlés de l’ex-président et candidat Donald Trump avec la justice, la guerre à Gaza qui s'invite dans les primaires démocrates, et puis bien sûr, le président Joe Biden qui jette l’éponge et laisse la place de candidat à sa vice-présidente Kamala Harris.
Pour ce Grand reportage, RFI a décidé de vous faire revivre les moments-clé de cette campagne, en s’appuyant sur les propos qu’ont tenu les candidats, mais aussi sur les reportages et les analyses de nos correspondants sur place, et celles des spécialistes des États-Unis interrogés par RFI.
Un Grand reportage de Christophe Pagetqui s'entretient avec Jacques Allix.
Les démocrates de Caroline du Nord à l’assaut des électeurs ruraux
À la veille des élections aux États-Unis, suspense. Trump ou Harris ? 7 des 50 États américains concentrent toute l’attention. Parmi ces États clés, la Caroline du Nord est le seul à avoir choisi Donald Trump lors de la dernière élection présidentielle. 7 millions d’électeurs y sont enregistrés. 16 grands électeurs briguent les suffrages. Cette année, les démocrates espèrent remporter cet État, notamment grâce à une stratégie : mobiliser les électeurs des campagnes.
Sur ces terres conservatrices majoritairement acquises au Parti républicain et Donald Trump, les idées progressistes des démocrates en heurtent bien sûr, plus d’un.
Un Grand reportage d'Edward Maille qui s'entretient avec Jacques Allix.
Sat, 09 Nov 2024 - 963 - 10 ans après le génocide perpétré par l'État islamique : le déchirant retour des yézidis au Sinjar
Akhlas Kairo fait partie de près de 7 000 femmes et enfants yézidis enlevées par l’organisation État islamique en 2014. Elle est restée entre leurs mains pendant plusieurs mois, 10 ans plus tard, elle lutte encore pour reprendre une vie normale, hantée par ses souvenirs, comme tous au Sinjar. Le 3 août 2014, l’État islamique lançait une attaque extrêmement coordonnée contre la communauté yézidie qui a alors peu de choix : se convertir, tenter de fuir ou mourir.
Plus de 5 000 personnes sont tuées en quelques semaines, des femmes et enfants capturés sont réduits en esclavage. 350 000 personnes ont fui, 150 000 seulement ont pu revenir.
«10 ans après le génocide perpétré par l'État islamique : le déchirant retour des yézidis au Sinjar», un Grand reportage de Marie-Charlotte Roupie.
Thu, 07 Nov 2024 - 962 - Liban : les civils pris au piège de l’offensive israélienne
Le Liban à nouveau ravagé par la guerre. Le conflit entre Israël et le Hezbollah embrase tout le pays. Tout commence au lendemain des attaques terroristes menées de Gaza par le Hamas, le 7 octobre 2023, contre Israël. Le Hezbollah allié libanais de l’Iran ouvre alors un front de soutien au Hamas. Pendant dix mois, les affrontements restent contenus le long de la frontière Israélo-libanaise.
Mais, le 17 septembre 2024, des explosions de bipeurs et de talkies-walkies piégés touchent plusieurs milliers de combattants du Hezbollah. Attaque attribuée à Israël qui ne dément pas et accélère encore. Les frappes tuent Hassan Nasrallah, le leadeur du parti de dieu et les chars Israéliens entrent au pays du Cèdre.
Plus de 2 500 morts et 11 500 blessés, des milliers de disparus, 1,4 million de déplacés.
«Liban : les civils pris au piège de l’offensive israélienne», un Grand reportage de notre correspondante au Liban, Sophie Guignon avec Chloé Domat.
Wed, 06 Nov 2024 - 961 - Présidentielle aux États-Unis : Trump, Biden et Harris, trois candidats pour une campagne
Ce mardi 5 novembre 2024, c'est le grand jour. Même si certains ont déjà voté en avance, c’est aujourd’hui que les Américains se choisissent un président, ou une présidente : leur 47è. La campagne a été agitée, entre les démêlés de l’ex-président et candidat Donald Trump avec la justice, la guerre à Gaza qui s'invite dans les primaires démocrates, et puis bien sûr, le président Joe Biden qui jette l’éponge et laisse la place de candidat à sa vice-présidente Kamala Harris.
Pour ce Grand reportage, RFI a décidé de vous faire revivre les moments-clé de cette campagne, en s’appuyant sur les propos qu’ont tenu les candidats, mais aussi sur les reportages et les analyses de nos correspondants sur place, et celles des spécialistes des États-Unis interrogés par RFI.
« Présidentielle aux États-Unis : Trump, Biden et Harris, trois candidats pour une campagne », un Grand reportage de Christophe Paget.
Tue, 05 Nov 2024 - 960 - Les démocrates de Caroline du Nord à l’assaut des électeurs ruraux
À la veille des élections aux États-Unis, suspense. Trump ou Harris ? 7 des 50 États américains concentrent toute l’attention. Parmi ces États clés, la Caroline du Nord est le seul à avoir choisi Donald Trump lors de la dernière élection présidentielle. 7 millions d’électeurs y sont enregistrés. 16 grands électeurs briguent les suffrages. Cette année, les démocrates espèrent remporter cet État, notamment grâce à une stratégie : mobiliser les électeurs des campagnes.
Sur ces terres conservatrices majoritairement acquises au Parti républicain et Donald Trump, les idées progressistes des démocrates en heurtent bien sûr, plus d’un.«Les démocrates de Caroline du Nord à l’assaut des électeurs ruraux», un Grand reportage d’Edward Maille.
Mon, 04 Nov 2024 - 959 - « Le supplément du dimanche » du 3 novembre 2024
Dans le supplément de ce dimanche, à quelques heures de l’élection présidentielle aux États-Unis, Grand reportage vous fait partager le quotidien des Américains dont le cœur balance entre Kamala Harris et Donald Trump. Tout d'abord, direction le sud, dans la campagne des oubliés de l'Amérique, où les habitants ont le sentiment d'être des laissés-pour-compte. En deuxième partie, nous partons à Détroit dans le Michigan. Onze ans après sa faillite, la ville reprend des couleurs.
La campagne des oubliés de l'Amérique
Dans quelques jours, les Américains vont arbitrer l'une des campagnes les plus indécises de leur histoire contemporaine. Une nouvelle fois, l'élection présidentielle aux États-Unis va se jouer à quelques centaines de milliers de voix près dans les États clés, ceux qui basculent d'un camp à l'autre de scrutin en scrutin.
Kamala Harris et Donald Trump ont choisi d'y concentrer leurs déplacements et de faire l'impasse sur une autre Amérique : celle des anonymes du sud du pays, des ruraux, des villes moyennes de Louisiane et du Mississippi, dont les habitants ont le sentiment de ne plus exister sur la carte du gouvernement. Ils sont en majorité conservateurs, parfois progressistes, souvent perdus, et tous, bousculés par la hausse des prix, angoissés par l'avenir et laissés-pour-compte.
Un Grand reportage de Vincent Souriau et Julien Boileau qui s'entretiennent avec Jacques Allix.
Détroit : après le déclin, la Renaissance
Au centre de la campagne électorale, la réindustrialisation du pays. Nous voici dans un des États clé du vote du 5 novembre : le Michigan. Où la ville de Détroit, l’héroïne d’une gloire américaine passée, a su retrouver des couleurs.
Les images de son déclin ont marqué les esprits : quartiers entiers laissés à l’abandon, rangées de maisons en pleine décrépitude.
11 ans après avoir fait faillite, celle qui fut le berceau de l’industrie automobile semble avoir définitivement tourné la page : les gratte-ciel brillent de 1 000 feux dans le centre-ville, les avenues autrefois sordides ont laissé la place aux commerces branchés et aux hôtels de luxe.
Une renaissance qui a un prix, celui de la gentrification, l’arrivée de population aisée dans les quartiers modestes, qui font grimper les prix de l’immobilier.
Un Grand reportage d'Anne Verdaguer qui s'entretient avec Jacques Allix.
Sun, 03 Nov 2024 - 958 - « Le supplément du samedi » du 2 novembre 2024
Dans le supplément de ce samedi, Grand reportage week-endvous emmène en Éthiopie. Notre correspondante a recueilli des témoignages de migrants éthiopiens qui ont tenté de traverser illégalement la frontière entre le Yémen et l'Arabie entre 2022 et 2023. Et, en deuxième partie, plongée en 1974 dans le Zaïre de Mobutu, pour commémorer le 50è anniversaire du « combat du siècle ».
Du rêve au cauchemar, quand les Éthiopiens tentent le tout pour le tout en Arabie saoudite
Des garde-frontières saoudiens auraient tué des centaines de migrants éthiopiens. Des migrants qui tentaient de traverser illégalement la frontière entre le Yémen et l'Arabie entre mars 2022 et juin 2023. De terribles accusations de Human Rights Watch qui publiait, il y a un peu plus d’un an, une enquête explosive… Face aux preuves fournies par l'ONG, l’Éthiopie a annoncé une enquête conjointe avec les autorités saoudiennes.
Rien n’a été rendu public. Et l’indignation finalement a laissé place au silence… La plupart des rescapés ont regagné leur village en Éthiopie. À quoi ressemble leur vie aujourd’hui ? Quel regard portent-ils sur ce qui leur est arrivé ? Seraient-ils prêts à repartir ?
Un Grand reportage de Clothilde Hazard qui s'entretient avec Jacques Allix.
Ali contre Foreman à Kinshasa : 50 ans après, souvenirs africains du « combat du siècle »
C’était, il y a cinquante ans, la capitale congolaise Kinshasa accueillait l’un des plus prestigieux combats de boxe du XXe siècle, le face-à-face Mohamed Ali / George Foreman. Bien que ce combat ait opposé deux Américains et qu’il ait été calé aux horaires du public américain, il a eu un écho mondial et a suscité un considérable engouement sur le continent africain.
Sept correspondants de RFI en Afrique ont collecté ces dernières semaines des témoignages qui l’illustrent et qui font revivre ce moment de retrouvailles entre Africains et Afro-américains.
Au générique de ce Grand Reportage, Patient Ligodi à Kinshasa, Benoît Alméras à Abidjan, Denise Maheho à Lubumbashi, Victor Cariou à Accra, Matthias Raynal à Casablanca, Yves-Laurent Goma à Libreville et Joseph Kahongo à Kisangani. Au micro, Laurent Correau.
Un Grand reportage de Laurent Correau qui s'entretient avec Jacques Allix.
Sat, 02 Nov 2024 - 957 - La campagne des oubliés de l'Amérique
Dans quelques jours, les Américains vont arbitrer l'une des campagnes les plus indécises de leur histoire contemporaine. Une nouvelle fois, l'élection présidentielle aux États-Unis va se jouer à quelques centaines de milliers de voix près dans les États-clés, ceux qui basculent d'un camp à l'autre de scrutin en scrutin.
Kamala Harris et Donald Trump ont choisi d'y concentrer leurs déplacements et de faire l'impasse sur une autre Amérique : celle des anonymes du sud du pays, des ruraux, des villes moyennes de Louisiane et du Mississippi, dont les habitants ont le sentiment de ne plus exister sur la carte du gouvernement. Ils sont en majorité conservateurs, parfois progressistes, souvent perdus, et tous, bousculés par la hausse des prix, angoissés par l'avenir et laissés-pour-compte.
«La campagne des oubliés de l'Amérique», un Grand reportage signé Vincent Souriau et Julien Boileau.
Thu, 31 Oct 2024 - 956 - Détroit : après le déclin, la Renaissance
À moins d’une semaine de l’élection aux États-Unis. 4 Grands Reportages vont nous faire partager le quotidien des Américains dont le cœur balance entre Kamala Harris et Donald Trump. Au centre de la campagne électorale, la réindustrialisation du pays. Nous voici dans un des États-clé du vote du 5 novembre : le Michigan. Où la ville de Détroit, l’héroïne d’une gloire américaine passée, a su retrouver des couleurs.
Les images de son déclin ont marqué les esprits : quartiers entiers laissés à l’abandon, rangées de maisons en pleine décrépitude.
11 ans après avoir fait faillite, celle qui fut le berceau de l’industrie automobile semble avoir définitivement tourné la page : les gratte-ciel brillent de 1 000 feux dans le centre-ville, les avenues autrefois sordides ont laissé la place aux commerces branchés et aux hôtels de luxe.
Une renaissance qui a un prix, celui de la gentrification, l’arrivée de population aisée dans les quartiers modestes, qui font grimper les prix de l’immobilier.
«Détroit : après le déclin, la Renaissance», un Grand reportage signé Anne Verdaguer, réalisation : Pauline Leduc.
Wed, 30 Oct 2024 - 955 - Ali contre Foreman à Kinshasa : 50 ans après, souvenirs africains du « combat du siècle »
C’était, il y a cinquante ans, la capitale congolaise Kinshasa accueillait l’un des plus prestigieux combats de boxe du XXè siècle, le face-à-face Mohamed Ali / George Foreman. Bien que ce combat ait opposé deux Américains et qu’il ait été calé aux horaires du public américain, il a eu un écho mondial et a suscité un considérable engouement sur le continent africain.
Sept correspondants de RFI en Afrique ont collecté ces dernières semaines des témoignages qui l’illustrent et qui font revivre ce moment de retrouvailles entre africains et afro-américains.
Ali contre Foreman à Kinshasa : 50 ans après, souvenirs africains du « combat du siècle », un Grand reportage collectif présenté par Laurent Correau.
Au générique de ce Grand Reportage, Patient Ligodi à Kinshasa, Benoît Alméras à Abidjan, Denise Maheho à Lubumbashi, Victor Cariou à Accra, Matthias Raynal à Casablanca, Yves-Laurent Goma à Libreville et Joseph Kahongo à Kisangani. Au micro, Laurent Correau.
Tue, 29 Oct 2024 - 954 - Du rêve au cauchemar, quand les Éthiopiens tentent le tout pour le tout en Arabie Saoudite
Des garde-frontières saoudiens auraient tué des centaines de migrants éthiopiens. Des migrants qui tentaient de traverser illégalement la frontière entre le Yémen et l'Arabie entre mars 2022 et juin 2023. De terribles accusations de Human Rights Watch qui publiait, il y a un peu plus d’un an, une enquête explosive… Face aux preuves fournies par l'ONG, l’Éthiopie a annoncé une enquête conjointe avec les autorités saoudiennes.
Rien n’a été rendu public. Et l’indignation finalement a laissé place au silence… La plupart des rescapés ont regagné leur village en Éthiopie. À quoi ressemble leur vie aujourd’hui ? Quel regard portent-ils sur ce qui leur est arrivé ? Seraient-ils prêts à repartir ?
«Du rêve au cauchemar, quand les Éthiopiens tentent le tout pour le tout en Arabie Saoudite», un Grand reportage de Clothilde Hazard.
Mon, 28 Oct 2024 - 953 - « Le supplément du dimanche » du 27 octobre 2024
Dans le supplément de ce dimanche, Grand reportage week-endvous emmène en Argentine sur la trace du plus grand félin d'Amérique, dont le territoire s'amenuise à cause de la déforestation. En deuxième partie, en Sicile, où des milliers d'hectares sont dévorés par les feux de forêt chaque année.
Sur la piste des derniers jaguars d’Argentine
Alors que la COP 16 sur la diversité biologique s’ouvre ce lundi (21 octobre 2024) à Cali en Colombie, RFI vous emmène sur la trace du jaguar. Le plus grand félin d’Amérique a perdu 50% du territoire qu’il occupait autrefois, à cause notamment de la déforestation et de la chasse.
Ce recul illustre le déclin de la biodiversité en Amérique latine, où la taille moyenne des populations d’animaux sauvages a diminué de 95% en 50 ans, selon le Fonds mondial pour la nature, plus que n’importe quelle autre région du monde.
Situé au sommet de la chaîne alimentaire, le jaguar joue un rôle essentiel dans la régulation des écosystèmes. En Argentine, l’espèce a été déclarée monument naturel en 2001, mais est aujourd’hui au bord de l’extinction, avec moins de 250 individus.
Un Grand reportage de Théo Conscience qui s'entretient avec Jacques Allix.
En Sicile, tout reconstruire après les flammes
Dans le sud de l’Europe, l’été s’en est allé et a laissé derrière lui des centaines de milliers d’hectares de terres dévorées par les flammes. Ces dernières semaines, le Portugal a été particulièrement touché. Mais selon les chiffres de l’EFFIS, le Système européen d’information sur les feux de forêt, l’Italie est le pays de l’Union européenne qui compte le plus grand nombre d’incendies chaque année. En moyenne, 290 par an et près du double l’année dernière.
Une région est particulièrement touchée et regroupe près de 45% de la superficie réduite en fumée depuis le début de l’année. C’est la Sicile.
Comment la vie repart-elle après ces incendies ? Comment habitants et autorités locales tentent de prévenir ces feux, non sans mal ?
Un Grand reportage de Cécile Debarge qui s'entretient avec Jacques Allix.
Sun, 27 Oct 2024 - 952 - « Le supplément du samedi » du 26 octobre 2024
Dans le supplément de ce samedi, Grand reportage week-endvous emmène en Israël au coeur des affrontements contre le Hamas à Gaza, mais aussi au Liban ; et en deuxième partie, au sommet des Brics qui s'est tenu du 22 au 24 octobre 2024, à Kazan, en Russie.
Israël en guerre : l'économie accuse le coup
Il y a un peu plus d'un an, l'organisation islamiste Hamas menait une série d'attaques inédites contre des villages proches de la bande de Gaza et un festival de musique en Israël. Bilan : près de 1 200 personnes tuées, et 251 otages dont 101 sont toujours retenus à Gaza, sans que leurs proches sachent s'ils sont encore en vie. L'attaque a déclenché des représailles d'une ampleur jamais vue de la part d'Israël, et dépasse maintenant les 42 000 morts à Gaza (bilan des autorités palestiniennes).
Il y a aussi des centaines de victimes au Liban où l'armée israélienne a ouvert un nouveau front, ces dernières semaines. En plus d'une situation humanitaire catastrophique, l'économie palestinienne est à genoux, et le Liban s'enfonce dans la crise. L'économie israélienne, elle, résiste mieux. Mais elle subit de plus en plus les effets de la guerre la plus longue de l'histoire du pays.
Un Grand reportage de Justine Fontaine qui s'entretient avec Jacques Allix.
Chine-Russie, l’attelage anti-occidental à l’épreuve des sanctions
Le sommet des Brics s’ouvre aujourd’hui (22 octobre 2024) dans la ville de Kazan en Russie. BRICS ; historiquement pour Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud. Depuis janvier ; Iran, Égypte, Éthiopie, Émirats et Arabie saoudite ont rejoint le mouvement. Les BRICS ont des intérêts et des lignes diplomatiques bien loin de converger, certains se proclamant « non alignés ». À Kazan, Pékin comme Moscou veulent profiter de la rencontre pour durcir les messages contre l’occident ; c’est le fer de lance de leur entente affichée.
Depuis la guerre en Ukraine et les sanctions occidentales, les Russes ont dû se rapprocher plus vite que prévu des Chinois. Mais ces intérêts communs ont largement des limites !
Un Grand reportage de Anissa El Jabri qui s'entretient avec Jacques Allix.
Sat, 26 Oct 2024 - 951 - En Sicile, tout reconstruire après les flammes
Dans le sud de l’Europe, l’été s’en est allé et a laissé derrière lui des centaines de milliers d’hectares de terres dévorées par les flammes. Ces dernières semaines, le Portugal a été particulièrement touché. Mais selon les chiffres de l’EFFIS, le Système européen d’information sur les feux de forêt, l’Italie est le pays de l’Union européenne qui compte le plus grand nombre d’incendies chaque année. En moyenne, 290 par an et près du double l’année dernière.
Une région est particulièrement touchée et regroupe près de 45% de la superficie réduite en fumée depuis le début de l’année. C’est la Sicile.
Comment la vie repart-elle après ces incendies ? Comment habitants et autorités locales tentent de prévenir ces feux, non sans mal ?
« En Sicile, tout reconstruire après les flammes », un Grand Reportage de Cécile Debarge.
Thu, 24 Oct 2024 - 950 - Israël en guerre : l'économie accuse le coup
Il y a un peu plus d'un an, l'organisation islamiste Hamas menait une série d'attaques inédites contre des villages proches de la bande de Gaza et un festival de musique en Israël. Bilan : près de 1 200 personnes tuées, et 251 otages dont 101 sont toujours retenus à Gaza, sans que leurs proches sachent s'ils sont encore en vie. L'attaque a déclenché des représailles d'une ampleur jamais vue de la part d'Israël, et dépasse maintenant les 42 000 morts à Gaza (bilan des autorités palestiniennes).
Il y a aussi des centaines de victimes au Liban où l'armée israélienne a ouvert un nouveau front, ces dernières semaines. En plus d'une situation humanitaire catastrophique, l'économie palestinienne est à genoux, et le Liban s'enfonce dans la crise. L'économie israélienne, elle, résiste mieux. Mais elle subit de plus en plus les effets de la guerre la plus longue de l'histoire du pays.
« Israël en guerre : l'économie accuse le coup », un Grand reportage de Justine Fontaine, avec Yaëlle Ifrah.
Wed, 23 Oct 2024 - 949 - Chine-Russie, l’attelage anti-occidental à l’épreuve des sanctions
Le sommet des Brics s’ouvre aujourd’hui (22 octobre 2024) dans la ville de Kazan en Russie. BRICS ; historiquement pour Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud. Depuis janvier ; Iran, Égypte, Éthiopie, Émirats et Arabie saoudite ont rejoint le mouvement. Les BRICS ont des intérêts et des lignes diplomatiques bien loin de converger, certains se proclamant « non alignés ». À Kazan, Pékin comme Moscou veulent profiter de la rencontre pour durcir les messages contre l’occident ; c’est le fer de lance de leur entente affichée.
Depuis la guerre en Ukraine et les sanctions occidentales, les Russes ont dû se rapprocher plus vite que prévu des Chinois. Mais ces intérêts communs ont largement des limites !
« Chine-Russie, l’attelage anti-occidental à l’épreuve des sanctions », un Grand reportage d’Anissa El Jabri.
Tue, 22 Oct 2024 - 948 - Sur la piste des derniers jaguars d’Argentine
Alors que la COP 16 sur la diversité biologique s’ouvre ce lundi (21 octobre 2024) à Cali en Colombie, RFI vous emmène sur la trace du jaguar. Le plus grand félin d’Amérique a perdu 50% du territoire qu’il occupait autrefois, à cause notamment de la déforestation et de la chasse.
Ce recul illustre le déclin de la biodiversité en Amérique latine, où la taille moyenne des populations d’animaux sauvages a diminué de 95% en 50 ans, selon le Fonds mondial pour la nature, plus que n’importe quelle autre région du monde.
Situé au sommet de la chaîne alimentaire, le jaguar joue un rôle essentiel dans la régulation des écosystèmes. En Argentine, l’espèce a été déclarée monument naturel en 2001, mais est aujourd’hui au bord de l’extinction, avec moins de 250 individus.
De notre envoyé spécial en Argentine,
Il faut s’armer de machette et de patience pour progresser à travers les arbustes, les ronces et les épines du Gran Chaco.
« Ce n’est pas un paysage accueillant », concède Lucero Corrales. À 28 ans, cette garde forestière est membre du Proyecto Yaguareté, un projet du Ceiba et du Conicet, l’Institut de recherche scientifique national argentin.
Nous sommes dans le nord de l’Argentine, la frontière avec le Paraguay est à une centaine de kilomètres. La province de Formosa où nous nous trouvons est au cœur du Gran Chaco. Cette immense région à cheval sur quatre pays abrite la deuxième plus grande forêt d’Amérique latine. Chaque mois, Lucero Corrales s’aventure à travers la végétation dense et sèche de cette forêt baptisée l’Impénétrable.
L’inhospitalité de cet écosystème en fait un sanctuaire pour le jaguar, qui y trouve l’un de ses derniers refuges. En Argentine, le plus grand félin d’Amérique du Sud a perdu 95% de son territoire qui s’étendait autrefois jusqu’à la Patagonie.
Mis à part l’homme, le jaguar n’a pas de prédateur. Il culmine au sommet de la chaîne alimentaire, et joue à ce titre un rôle essentiel de régulateur dans l’écosystème du Gran Chaco, où cohabitent plus de 700 espèces d’oiseaux, de mammifères, et de reptiles au milieu d’une flore composée de plus de 3 400 espèces de plantes. Une biodiversité foisonnante, actuellement menacée par la déforestation silencieuse à l’œuvre dans le Chaco qui a perdu plus de 8 millions d’hectares, au cours des 20 dernières années.
Lorsque l’on traverse la forêt, le « Monte » comme on l’appelle ici, la vue encombrée par la végétation se dégage parfois subitement. On débouche alors sur un large corridor débroussaillé au bulldozer qui coupe la forêt en deux.
La déforestation réduit et fragmente le territoire du jaguar et de ses proies. Selon les estimations du proyecto Yaguareté, il reste à peine une vingtaine d’individus dans la forêt chaqueña. Le travail de Lucero consiste en partie à essayer de les recenser et de cartographier leur territoire.
Pour remonter la trace du jaguar, Lucero Corrales s’appuie sur ceux qui vivent et traversent la forêt au quotidien. Professeurs ruraux, policiers, agriculteurs, guides, ils sont plus de 350 à lui faire remonter des informations sur la présence du jaguar. Un réseau que la garde forestière construit et entretient patiemment au fur et à mesure de ses visites sur le terrain.
Samuel Peralta, 15 ans, est l’un de ses collaborateurs. Employé agricole, il veille sur les bêtes d’un propriétaire terrien, seul au milieu de la forêt. Quelques jours auparavant, il a repéré sur le sol une empreinte qui pourrait bien appartenir à un jaguar.
À notre arrivée sur place, l’empreinte a été effacée par la pluie, mais elle était non loin d’un piège photographique que Lucero Corrales a installé quelques mois auparavant.
Lucero détache un boitier couleur camouflage fixé sur un arbre à une trentaine de centimètres du sol pour récupérer la carte mémoire du piège photographique.
Elle contient 85 photos qu’elle révisera plus tard, dans l’espoir de voir apparaître sur l’une d’entre elles le jaguar qui a laissé l’empreinte repérée par Samuel. Chaque fois que la présence d’un jaguar est vérifiée, Lucero note les coordonnées géographiques de la photo et l’envoie à l’équipe de chercheurs du Proyecto Yaguareté.
Mais la collecte de données pour la recherche scientifique n’est qu’une partie du travail de Lucero Corrales. Le Proyecto Yaguareté est également un projet de conservation et de sensibilisation auprès des populations qui vivent au contact de l’animal.
Si le contact avec la population est si important, c’est parce que la déforestation n’est pas la seule menace qui pèse sur le jaguar. Bien qu’interdite, la chasse reste la première cause de mortalité pour le félin. Fin juillet 2024, un jaguar a été abattu dans la province de Formosa et ses braconniers arrêtés.
Dans le Chaco, ceux qui s’en prennent au jaguar le font le plus souvent par peur. Une peur ancestrale, souvent infondée, qui se transmet de génération en génération. Le travail de Lucero Corrales consiste bien souvent à démystifier le jaguar.
Aureliano Zorrilla est éleveur. Il vit avec sa famille au milieu de la forêt, dans une maison sans eau courante ni électricité. Comme beaucoup de chaquenos, il parle du tigre pour désigner le jaguar.
Dans le Chaco, les histoires et les rumeurs sur les attaques de jaguar vont bon train. Ces récits sont le plus souvent faux, ou vieux de plusieurs décennies. Il arrive en revanche que le félin s’en prenne au bétail.
Quand elle est prévenue d’un conflit entre le jaguar et des éleveurs, Lucero Corrales tente de se rendre sur place le plus vite possible pour désamorcer la situation, et éviter que les éleveurs ne cherchent à tuer l’animal. C’est aussi souvent le point de départ d’une relation.
Pour Lucero Corrales, les pièges photographiques sont aussi une excuse pour venir rendre visite aux habitants du Chaco, établir un lien de confiance avec eux, les impliquer dans la conservation de l’espèce. Mais changer leur perception du jaguar requiert de la patience et de l’empathie.
La tâche est compliquée, mais pas impossible. Au fur et à mesure de ses visites et de ses missions sur le terrain, Lucero a réussi à transformer certains habitants du Chaco en véritables alliés dans la conservation du jaguar.
Don Pica Jaime est l’un de ces octogénaires qui ont passé toute leur vie dans le monte chaqueño. Lui aussi a craint le jaguar pendant de longues années.
Don Pica est le propriétaire de l’exploitation où nous sommes allés relever un piège photographique avec Samuel Peralta en début de reportage. Il a laissé ses jeunes années de déforestation derrière lui pour faire de ses terres une sorte de réserve naturelle pour « son » jaguar.
Lucero Corrales ne le reconnaitra pas au micro, mais Don Pica fait partie de ses chouchous au sein du groupe de collaborateurs, car il incarne mieux que personne la réussite de ce projet.
Le lien presque affectif entre Don Pica et le jaguar est l’objectif final de la stratégie de conservation du Proyecto Yaguareté. Et c’est aussi à cela que servent les pièges photographiques : faire connaitre l’animal à ceux qui le côtoient. D’autant que chaque individu est reconnaissable aux taches de son pelage, qui lui sont propres comme des empreintes digitales. Chaque fois qu’elle rend visite à quelqu’un, Lucero Corrales montre les clichés du jaguar qui vit dans la zone.
Lorsque Lucero Corrales arrive devant l’école de la colonie Union Escuela, une nuée d’enfants en blouse blanche se rue dans ses bras.
La garde forestière est déjà venue réaliser des activités d’éducation environnementale dans cette école à plusieurs reprises. La dernière en date avait à voir avec son projet de donner un nom au jaguar qui vit dans la zone.
Après cinq jours de porte à porte au milieu de la forêt pour faire voter plus de 127 personnes, le moment est venu d’annoncer le résultat du scrutin et le nom du jaguar.
En tout, les enfants avaient fait six propositions de nom :
Pavao, en référence à la rivière dans laquelle se désaltère le jaguar qui vit dans la zone. Tucha, qui signifie « grand » en guarani. Chirete, qui veut dire enfant dans la même langue. AMB Guardian, pour gardien de la forêt. Yenu, qui signifie Ami en langue Pilaga, et enfin, le grand gagnant. Capicua, un mot espagnol qui désigne un palindrome numérique, en référence à l’une des taches caractéristiques du jaguar de la zone, qui dessine le nombre 808.
La journée continue ensuite avec des activités de sensibilisation environnementale pour les enfants.
Pour l’aider à organiser et animer les ateliers, Lucero Corrales a fait venir une autre garde forestière, Mermela Martinez, qui fait un volontariat pour le Proyecto Yaguareté.
Des ateliers sur la biodiversité donc, sur la faune et la flore de la forêt, et bien sûr, sur le jaguar.
Griselda Gamarra, institutrice, se félicite de l’enthousiasme que génère le félin chez les enfants.
Autant de concepts que les enfants vont pouvoir intégrer dès le plus jeune âge, et qu’ils vont également pouvoir transmettre à leurs parents en rentrant chez eux, estime l’institutrice.
Lucero Corrales espère elle aussi que les enfants pourront être une courroie de transmission, une manière de faire arriver son message jusque dans les familles qu’elle ne peut pas aller rencontrer. Selon elle, commencer l’éducation environnementale dès le plus jeune âge est essentiel.
Mais même avec les enfants, les peurs et les croyances sont difficiles à déconstruire. Lucero Corrales se réjouit du chemin parcouru depuis la première fois qu’elle est venue les voir pour leur parler du jaguar.
La journée se termine, et les enfants rentrent chez eux avec un cahier de coloriage sur les animaux qui vivent dans le Gran Chaco. Sur les rotules, Lucero Corrales peut enfin souffler, épuisée mais satisfaite.
«Sur la piste des derniers jaguars d’Argentine», un Grand reportage de Théo Conscience, réalisation : Ewa Piedel.
Mon, 21 Oct 2024 - 947 - « Le supplément du dimanche » du 20 octobre 2024
Dans le supplément de ce dimanche, Grand reportage week-endvous emmène au Congo-Brazzaville après les fortes inondations subies en fin d'année 2023. En deuxième partie, direction les îles Féroé, un archipel où les femmes sont en minorité.
Face aux inondations, le Congo-Brazzaville entre adaptation et résignation
Fin 2023, le Congo-Brazzaville a subi les pires inondations de son histoire récente. Les cours d’eau sont sortis de leur lit dans des proportions inédites, provoquant des dégâts considérables : 1,79 million de personnes ont été affectées, un Congolais sur 12 a eu besoin d’une assistance humanitaire. La Likouala, département le plus éloigné de la capitale, fut aussi le plus touché. Les envoyés spéciaux de RFI s’y sont rendus en septembre 2024 avec une équipe de l’Unicef.
Un Grand reportage d'Amélie Tulet qui s'entretient avec Jacques Allix.
Les îles Féroé, l'archipel qui manque de femmes
Nous sommes en plein océan Atlantique-Nord, à 350 kilomètres de la première terre habitée, aux îles Féroé un archipel sous couronne danoise. Le phénomène, il y a quelques années, a été relayé par les médias : l’arrivée massive de femmes originaires d’Asie du Sud-Est et pour cause aux îles Féroé, les femmes sont en forte minorité. La réalité démographique est un petit peu plus complexe, les instances locales s’organisent d’ailleurs pour construire une société plus inclusive et pour convaincre les Féroïennes émigrées de revenir au pays…
Un Grand reportage d'Emilien Hofman et de Nicolas Taiana qui s'entretiennent avec Jacques Allix.
Sun, 20 Oct 2024 - 946 - « Le supplément du samedi » du 19 octobre 2024
Dans le supplément de ce samedi, Grand reportage week-endvous emmène dans les prisons au Brésil, en première partie, une prison pour mineurs et en deuxième partie, une prison pour femmes. Le point commun de ces établissements : traiter les détenus avec dignité.
Au Brésil, une prison pour mineurs fait figure d’exception [1/2]
C’est une prison alternative qui traite ses détenus avec dignité. Au Brésil, l’association religieuse pour la protection et l’assistance des condamnés, l’APAC, promeut un système carcéral qui met l’accent sur la dignité et la réinsertion du détenu. Ce genre d’établissement existe depuis plus de cinquante ans au Brésil, et coûte moins cher que les prisons communes, aux conditions insalubres. Ici, pas de gardes armés, et les prisonniers, appelés de « récupérant », ont aussi la charge de la sécurité. Dans ce pays, troisième plus grande population carcérale au monde, avec 832 000 détenus, le système des prisons APAC fait figure d’exception. Plongée dans les prisons APAC de la ville de Frutal, dans le Minas Gérais.
Un Grand reportage de Sarah Cozzolino qui s'entretient avec Jacques Allix.
Au Brésil, une prison qui traite les femmes avec dignité [2/2]
Une prison sans gardes armés, où les détenus assurent la sécurité. Une prison différente, au Brésil, gérée par une association religieuse. Dans le premier volet de cette immersion dans les prisons de l'APAC, nous étions avec les mineurs. Cette fois, direction le Centre pénitencier pour femmes, contrairement au système carcéral commun, les 90 femmes qui purgent leur peine ne portent pas d'uniforme de prisonnier et elles sont appelées par leur nom et par leur matricule. Et les mères peuvent même partager leur cellule avec leur bébé.
Un Grand reportage de Sarah Cozzolino qui s'entretient avec Jacques Allix.
Sat, 19 Oct 2024
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