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- 30 - La vraie amitié
Dans le village de Djanvouekpa, Kiecle et Clolai étaient des amis inséparables, ils se considéraient comme des frères. La jalousie de Gnanin, un individu mal intentionné, causa cependant leur séparation. Gnanin réussit à manipuler les deux amis par l’entremise d’une belle jeune fille qui les séduisit séparément et sema la discorde entre eux. Un jour, alors que cette jeune fille se trouvait en danger, Kiecle et Clolai surmontèrent leurs différends pour la sauver. Reconnaissante, la jeune fille révéla les manigances de Gnanin. Les deux amis se réconcilièrent, et les villageois décidèrent de bannir Gnanin.
Conte dit par Rébecca Kompaoré.
L’Afrique en conte est une série créée par l'association Des Livres Pour Tous - Côte d'Ivoire et Making Waves, en partenariat avec RFI. Ce projet a reçu le soutien du dispositif « Accès Culture » de l’Institut Français de Paris et de l’Agence Française de Développement, du programme « ACP-UE Culture pour l’Afrique de l’Ouest - Awa » de l'Institut Français et du Centre culturel Kôrè, du dispositif « Agir » du Département de Seine-Saint-Denis et de la Région Ile-de-France.
Tue, 16 Jul 2024 - 29 - L'arbre magique
Dans le village d’Egbainou, une fille nommée Edinah vivait pauvrement, seule avec sa mère. Chaque jour, Edinah se rendait au marigot près d'un arbre mystérieux où elle se reposait. Un jour, elle grimpa à l'arbre et chanta une chanson. Une voix lui demanda de reprendre le chant et lui révéla être l'arbre de la sagesse. Touché par la situation d'Edinah, l'arbre lui promit bonheur et prospérité. De retour au village, Edinah et sa mère trouvèrent leur vie transformée, elles étaient désormais riches et respectées. Elles partagèrent avec les autres et vécurent heureuses. En signe de gratitude, Edinah remercia l'arbre qui lui avait apporté chance et bonheur.
Conte dit par Koami Vignon.
L’Afrique en conte est une série créée par l'association Des Livres Pour Tous - Côte d'Ivoire et Making Waves, en partenariat avec RFI. Ce projet a reçu le soutien du dispositif « Accès Culture » de l’Institut Français de Paris et de l’Agence Française de Développement, du programme « ACP-UE Culture pour l’Afrique de l’Ouest - Awa » de l'Institut Français et du Centre culturel Kôrè, du dispositif « Agir » du Département de Seine-Saint-Denis et de la Région Ile-de-France.
Tue, 16 Jul 2024 - 28 - Le sacrifice de Yaba
Il était une fois une famille heureuse : le père, Soro, la mère, Bazar, et de leurs deux filles, Yara et Yaba. Leur bonheur fut brisé par l'arrivée de la guerre, qui les força à fuir leur village. Sur le chemin de l'exil, les parents furent tués, laissant les deux filles seules et désespérées. Après de longs jours de marche épuisante, Yara s'effondra, affaiblie par la fatigue et la soif. Dans un geste de détresse, Yaba chanta une mélodie plaintive pour obtenir de l'aide. À sa grande surprise, un génie apparut soudainement et promit de fournir de l'eau à Yara, mais en échange, Yaba devrait être transformée en source d'eau. Sans hésiter, Yaba accepta le marché pour la survie de sa sœur bien-aimée. Depuis cet événement, le gaspillage de l'eau est sévèrement réprimé, car il est désormais considéré comme un manque de respect envers le sacrifice remarquable de Yaba pour sa sœur Yara.
Conte dit par Rébecca Kompaoré.
L’Afrique en conte est une série créée par l'association Des Livres Pour Tous - Côte d'Ivoire et Making Waves, en partenariat avec RFI. Ce projet a reçu le soutien du dispositif « Accès Culture » de l’Institut Français de Paris et de l’Agence Française de Développement, du programme « ACP-UE Culture pour l’Afrique de l’Ouest - Awa » de l'Institut Français et du Centre culturel Kôrè, du dispositif « Agir » du Département de Seine-Saint-Denis et de la Région Ile-de-France.
Tue, 16 Jul 2024 - 27 - La promesse
Après deux ans de mariage, un jeune couple qui se partageait équitablement les travaux domestiques, attendait son premier enfant. Alors que la femme coupait du bois dans la forêt, un génie lui proposa son aide en échange de la promesse que l’enfant qu’elle portait deviendrait un jour sa femme. Sans réfléchir, elle accepta. Quelques temps plus tard, elle donna naissance à une fille nommée Djiguiya. Des années plus tard, le génie revint pour réclamer son dû. Entretemps, la jeune fille avait rencontré un jeune homme dont elle était amoureuse et qu’elle allait épouser. Malgré les implorations de la famille et les sacrifices du féticheur, le génie enleva Djiguiya juste avant son mariage. Depuis ce jour au pays Sénoufo, il est crucial de tenir ses promesses et de réfléchir avant de s’engager.
L’Afrique en conte est une série créée par l'association Des Livres Pour Tous - Côte d'Ivoire et Making Waves, en partenariat avec RFI. Ce projet a reçu le soutien du dispositif « Accès Culture » de l’Institut Français de Paris et de l’Agence Française de Développement, du programme « ACP-UE Culture pour l’Afrique de l’Ouest - Awa » de l'Institut Français et du Centre culturel Kôrè, du dispositif « Agir » du Département de Seine-Saint-Denis et de la Région Ile-de-France.
Tue, 16 Jul 2024 - 26 - L'éléphant et le serpent
Le roi de la nature, Wéogo-Naaba, avait deux enfants : l'Éléphant et le Serpent. En vieillissant, il demanda à ses fils de prendre soin de lui. L'Éléphant lui apporta de la nourriture chaque jour, tandis que le Serpent, mentant sur ses chasses se régalait seul. Lorsque le roi mourut, l'Éléphant organisa des funérailles grandioses, tandis que le Serpent fut découvert en train de voler de la nourriture. Les villageois le chassèrent. C’est depuis ce jour que les serpents sont pourchassés à l’aide d’un bâton. Cette histoire enseigne l'importance de l'amour filial et engage à avoir de la gratitude pour ceux qui ont pris soin de nous.
L’Afrique en conte est une série créée par l'association Des Livres Pour Tous - Côte d'Ivoire et Making Waves, en partenariat avec RFI. Ce projet a reçu le soutien du dispositif « Accès Culture » de l’Institut Français de Paris et de l’Agence Française de Développement, du programme « ACP-UE Culture pour l’Afrique de l’Ouest - Awa » de l'Institut Français et du Centre culturel Kôrè, du dispositif « Agir » du Département de Seine-Saint-Denis et de la Région Ile-de-France.
Tue, 16 Jul 2024 - 25 - La dame de Zokou et sa fille
Dans un village vivait une vieille dame nommée Zokou et sa fille Sanita. Un jour, alors qu'elles se préparaient pour le champ, Dame Zokou demanda à Sanita de porter les ignames et le fût d'eau, mais cette dernière refusa. Arrivées au champ, Dame Zokou travailla tandis que Sanita préparait le repas. Pendant le déjeuner, Sanita voulut boire de l'eau, mais Dame Zokou refusa en la jugeant capricieuse et paresseuse. Elle lui suggéra d'aller à la rivière, en lui indiquant de prendre à droite pour éviter la rivière du génie Dadimi. Cependant, Sanita se perdit et fut avalée par Dadimi. Dame Zokou, ne voyant pas sa fille revenir, courut à la rivière, mais sa fille avait disparu. Depuis cette tragédie, on enseigne aux enfants de ce village à fuir la paresse et à écouter les conseils de leurs parents pour éviter les dangers.
L’Afrique en conte est une série créée par l'association Des Livres Pour Tous - Côte d'Ivoire et Making Waves, en partenariat avec RFI. Ce projet a reçu le soutien du dispositif « Accès Culture » de l’Institut Français de Paris et de l’Agence Française de Développement, du programme « ACP-UE Culture pour l’Afrique de l’Ouest - Awa » de l'Institut Français et du Centre culturel Kôrè, du dispositif « Agir » du Département de Seine-Saint-Denis et de la Région Ile-de-France.
Tue, 16 Jul 2024 - 24 - Il n'est pas bon d'accuser les autres
Dans un village de la brousse, le roi Nanan prétendit publiquement qu’accuser injustement quelqu’un était moins grave que de le blesser physiquement, ce qui fut contesté par l'araignée et le rat. Pour prouver qu’ils avaient raison, l'araignée et le rat échafaudèrent un plan. Grâce à une méchante ruse, le roi fut accusé à tort d'avoir souillé un arbre. Humilié, il quitta le village. Lorsque la vérité éclata, l'araignée et le rat furent chassés à leur tour. De retour, le roi Nanan décida d'abolir le mensonge dans le village. Un mensonge peut courir pendant toute une année, mais la vérité le rattrapera en un seul jour.
Conte dit par Vincent de Paul Kouamé.
L’Afrique en conte est une série créée par l'association Des Livres Pour Tous - Côte d'Ivoire et Making Waves, en partenariat avec RFI. Ce projet a reçu le soutien du dispositif « Accès Culture » de l’Institut Français de Paris et de l’Agence Française de Développement, du programme « ACP-UE Culture pour l’Afrique de l’Ouest - Awa » de l'Institut Français et du Centre culturel Kôrè, du dispositif « Agir » du Département de Seine-Saint-Denis et de la Région Ile-de-France.
Tue, 16 Jul 2024 - 23 - L'unité
Dans la savane du grand-centre, les brebis et les béliers vivaient en harmonie, grâce à leur unité et leur solidarité. Lorsqu'un ennemi menaçait leur tranquillité, ils pouvaient repousser ensemble ses attaques. Cependant, un lion rusé parvint à les manipuler en flattant leur orgueil et en semant la division. Les brebis, aveuglées par la jalousie et l'orgueil, décidèrent de vivre séparément. Le lion en profita pour les attaquer une par une, les tuant toutes. La morale de l'histoire est que vivre ensemble est un privilège ; chacun apporte ses talents et ses qualités au groupe, et la présence des autres est bénéfique pour tous. Depuis lors, on dit que seul on va vite, mais ensemble on va loin.
Conte dit par Hugues-Edouard Kouakou.
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Tue, 16 Jul 2024 - 22 - L'être humain et le serpent boa
Ce jour-là, Mot Binama l'Être Humain va rendre visite à ses parents de l'autre côté de la grande forêt. Arrivé au cœur de la forêt, il entend soudain des gémissements qui viennent de quelque part.
« Euh !!! Qui va me tirer de ce mauvais pas ? »
Intrigué, il se dirige vers la source des lamentations et là, il trouve Mvomo le Serpent Boa pris dans un piège que les petits de la forêt équatoriale du Cameroun appellent Egoudi : le tronc est sur le serpent boa, la tête d’un côté, la queue de l’autre.
Mot Binama l’Être Humain prend pitié, il soulève le tronc et libère Mvomo le Serpent Boa. Une fois hors du piège, Mvomo le Serpent Boa dit à Mot Binama l'Être Humain :
MVOMO LE SERPENT BOA : « Je ne te témoignerai jamais assez ma gratitude. Tu viens de me sauver la vie. Comme tu as commencé à me sauver la vie, sauve-moi la vie jusqu’au bout ! Ça fait trois jours que je suis coincé sous ce tronc, je n’ai rien mangé et je n’ai plus assez de force pour aller chercher un autre gibier. Le seul gibier à ma portée c’est toi, laisse-toi avaler ! »
MOT BINAMA L'ÊTRE HUMAIN lui répond : « Ah non hein ! Ah non, c’est hors de question hein ! Tu ne penses tout de même pas que je t’ai sauvé la vie pour que tu prennes la mienne ! »
MVOMO LE SERPENT BOA lui répond : « Je te comprends. Mais comprends-moi aussi, j'ai faim, moi. À quoi cela t'aura servi de me sauver la vie, si c'est pour me laisser mourir de faim ? Laisse-toi avaler. Pourquoi la nourriture est-elle en train de discuter avec moi ? »
MOT BINAMA L'ÊTRE HUMAIN lui dit : « Non, non, non, c’est hors de question ! »
Là-dessus arrive So l’Antilope.
MOT BINAMA L'ÊTRE HUMAIN voit l’antilope et l’appelle : « So l’Antilope, s’il te plaît, viens nous trancher ce contentieux. »
SO L’ANTILOPE arrive et dit : « Qu’est-ce qui se passe ? »
MOT BINAMA L'ÊTRE HUMAIN lui dit : « Voilà, je viens de sauver Mvomo le Serpent Boa d’une mort certaine. Mais dès qu’il est sorti du piège, il commence à me dire… Wouahhh ! Ca fait trois jours qu’il n’a pas mangé et que moi je devrais lui servir de déjeuner, je ne suis pas d’accord du tout. S’il te plaît So l’Antilope, tranche nous ce contentieux. »
So l’Antilope regarde Mot Binama l'Être Humain, un prédateur. So l’Antilope regarde Mvomo le Serpent Boa, un autre prédateur.
SO L’ANTILOPE dit aux deux belligérants : « Je pense que cette situation mérite réflexion. Je vais me concerter avec moi-même, et je reviens vous trancher ce contentieux, ne bougez surtout pas ! »
So l’Antilope s’en est allée et n’est plus jamais revenue.
Pour ne pas vous fatiguer plus longtemps les oreilles, sachez que tous les animaux à tour de rôle ont été sollicités par les belligérants. Mais aucun d’entre eux n’a voulu trancher ce contentieux entre ces deux prédateurs.
Entre temps la journée avance, le soleil lui-même commence à trouver le temps long. Il s’apprête à aller se coucher.
Mvomo le Serpent Boa est de plus en plus énervé, ça tire vers le quatrième jour de diète.
MOT BINAMA l'ÊTRE HUMAIN, de son côté, se dit : « Ah ! Je ne vais quand même pas finir mon existence dans le ventre d’un maudit serpent que j’ai sauvé ? »
C’est juste à ce moment qu'arrive Kounou la Tortue.
MOT BINAMA l'ÊTRE HUMAIN voit la tortue et l’appelle : « Ah Kounou la Tortue, viens s’il te plaît nous trancher ce contentieux ».
KOUNOU LA TORTUE arrive et demande à Mot Binama l'Être Humain : « Qu’est-ce qui se passe ? »
MOT BINAM L'ÊTRE HUMAIN lui dit : « Voilà ! Je viens de sauver Mvomo le Serpent Boa d’une mort certaine. Dès qu’il est sorti du piège, il commence à me dire… Wouahhh ! Ça fait trois jours qu’il n’a pas mangé et que moi je devrais lui servir de déjeuner. Je ne suis pas d’accord du tout et aucun animal dans cette forêt ne veut nous trancher ce contentieux. S’il te plaît, fais quelque chose ! »
Kounou la Tortue regarde Mot Binama l'Être Humain et se dit que c’est un prédateur. Elle regarde aussi Mvomo le Serpent Boa, un autre prédateur, et elle dit :
KOUNOU LA TORTUE : « Je pense que cette situation mérite une profonde réflexion. Je vous suggère de faire une reconstitution. »
C’est donc ce jour-là que Kounou la Tortue a inventé cette technique policière et judiciaire qu’on nomme ‘’reconstitution’’. Il s’agit simplement de remettre les choses en place comme elles s’y trouvaient avant que la situation ne devienne carabinée.
MVOMO LE SERPENT BOA accepte de se remettre dans le piège, il dit : « Aucun souci, si ça peut me permettre de manger, je fais ce que tu me demandes ! »
KOUNOU LA TORTUE s’adresse à Mot Binama l'Être Humain : « Accepterais-tu de soulever le tronc afin que Mvomo le Serpent Boa puisse s’y glisser pour la reconstitution des faits ? »
MOT BINAMA L’ETRE HUMAIN lui répond : « Si ça peut me sauver la vie, il n’y a aucun souci ! »
Alors Mot Binama l’être humain soulève le tronc.
Mvomo le Serpent Boa se glisse sous le tronc.
Et là, KOUNOU LA TORTUE dit à Mot Binama l'Être Humain : « Lâche le tronc !»
Mot Binama l'Être Humain lâche le tronc. Le tronc tombe sur Mvomo le Serpent Boa, la tête d’un côté, la queue de l’autre.
Alors, KOUNOU LA TORTUE s’adresse à Mot Binama l'Être Humain et lui dit : « Mon ami, comme tu es si généreux... Je suppose que tu vas encore le libérer. Mais, attends que je sois très très loin d’ici, avant de faire tes bêtises ».
Nos ancêtres Béti ont tiré de ce conte un proverbe qui dit : Un bienfait n’est pas toujours payé en retour.
L’Afrique en conte est une série créée par l'ONG Des Livres Pour Tous - Côte d'Ivoire et le collectif Making Waves, en partenariat avec RFI. Ce projet a reçu le soutien du dispositif « Accès Culture » de l’Institut français de Paris et de l’Agence française de développement (AFD), du programme « ACP-UE Culture pour l’Afrique de l’Ouest - Awa » de l'Institut français et du Centre culturel Kôrè, du dispositif « Agir » du Département de Seine-Saint-Denis et de la Région Île-de-France.
Tue, 12 Jul 2022 - 21 - Kimanglo l'épervier
Rapace d’une rapidité et d’une précision de chasse hors pair, KIMANGLO l’Épervier se nourrit d’insectes, de souris et d’oiseaux.
Un jour, Dieu lui fait la grâce d’avoir un petit. KIMANGLO l’Épervier le nomme BAKANTI, ce qui veut dire : « celui qui écoute les conseils qu’on lui donne ». KIMANGLO l’Épervier lui explique la chasse et les dangers qu’elle comporte. La maman Épervier encourage son fils à privilégier les poussins ou toute autre espèce comestible pouvant entrer dans ses serres. Cependant, elle lui conseille d’être prudent avec certaines espèces telles que la famille de BEKINMIN, la cane.
Vigoureux, mais inexpérimenté, le jeune épervier BAKANTI interprète ce dernier conseil comme un défi à relever.
Il est comme ces gens qui pensent qu’on leur dit « ne fais pas ceci » parce qu’on les sous-estime ? Vous voyez ?
A son premier jour de chasse, malgré les mises en garde de sa mère, BAKANTI prend pour cible un caneton. Il fond sur lui, l’attrape entre ses serres et s’envole avec sa proie. Une fois rentré chez lui, il fait l’admiration de toute la famille, sauf de sa mère KIMANGLO. S’apercevant qu’elle est mécontente, BAKANTI s’approche d’elle, inquiet:
BAKANTI :« Maman, que se passe-t-il ? On dirait que tu n’es pas heureuse de mon exploit ! »
KIMANGLO L’EPERVIER : « Bakanti quand je te parle, tu n’écoutes pas. Je m’inquiète du risque que tu as pris. D’ailleurs dis-moi comment a réagi la mère de ta victime ? »
BAKANTI :« Maman, elle a juste tourné la tête pour me regarder puis elle est partie avec ses autres enfant sans dire un mot. Je me suis dit qu’elle n’aimait celui-ci. »
KIMANGLO L’EPERVIER :« Mon fils, une mère qui n’aime pas ses enfants, ça n’existe pas. Je suis sûr qu’elle est partie préparer sa vengeance. Écoute ta mère, fais très attention au choix de tes victimes. »
Tout en écoutant d’une oreille les conseils de sa mère, BAKANTI rêve à l’admiration qu’il susciterait dans son clan s’il renouvelait son exploit.
Vous voyez ces enfants qui font semblant d’écouter les conseils qu’on leur donne, mais qui n’en font qu’à leur tête ?
De nouveau donc, BAKANTI prend pour cible un caneton. Mais cette fois, il tombe sur une cousine BEKINMIN qui ne se laisse pas faire. Si tu vas dans une communauté et que tu n’as pas vu le caractère des habitants le premier jour, tu le verras sans nul doute le deuxième. La cane poursuit BAKANTI jusqu’à lui arracher sa prise et le jeune épervier rentre chez lui bredouille et confus.
Maman épervier se rend compte que son fils n’a pas suivi ses conseils. Elle le prend dans ses ailes et le console.
KIMANGLO L’EPERVIER :« Mon fils, c’est par expérience que je te disais de te méfier de cette famille. Désormais, il faudra faire très attention au choix de tes cibles. »
A sa troisième tentative, BAKANTI prend pour cible un poussin qu’il arrache à l’affection de sa mère. Affolée, celle-ci se met à hurler, proférant toutes sortes de malédictions à l’endroit du ravisseur. Mais le jeune épervier continue son vol et retrouve son clan, son butin entre ses serres.
Une fois rentré chez lui, sa mère KIMANGLO lui demande :
KIMANGLO L’EPERVIER :« Quelle a été la réaction de la mère poule ? »
BAKANTI :« Elle a hurlé, m’a injurié, et m’a maudit. »
KIMANGLO L’EPERVIER : « Bien, c’est bien, mon fils. Ceux qui maudissent et hurlent se vident de leur colère, tandis que ceux qui ne disent rien sont à craindre, leurs réactions sont imprévisibles. »
Vous comprenez maintenant pourquoi dans nos villages, les éperviers préfèrent prendre les poussins plutôt que les canetons.
L’Afrique en conte est une série créée par l'ONG Des Livres Pour Tous - Côte d'Ivoire et le collectif Making Waves, en partenariat avec RFI. Ce projet a reçu le soutien du dispositif « Accès Culture » de l’Institut français de Paris et de l’Agence française de développement (AFD), du programme « ACP-UE Culture pour l’Afrique de l’Ouest - Awa » de l'Institut français et du Centre culturel Kôrè, du dispositif « Agir » du Département de Seine-Saint-Denis et de la Région Île-de-France.
Tue, 12 Jul 2022 - 20 - La mangouste et le crabe
Avez-vous déjà entendu parler de l’histoire de la Mangouste et du Crabe ?
La Mangouste et le Crabe sont deux grands amis qui vivaient en parfaite harmonie.
Pour renforcer leur amitié, ils avaient décidé de signer un pacte selon lequel aucun des deux ne devait faire de mal à l’autre.
Ainsi, la Mangouste qui est un animal très rusé, n’osait jamais tendre de piège à son ami le Crabe, et le Crabe non plus, avec ses pinces, n’avait jamais osé faire du mal à sa belle amie. Tel était le pacte qu’ils avaient scellé.
Mais un samedi matin, alors que la Mangouste allait faire son sport matinal, elle eut la surprise d’entendre un groupe de personnes en train de parler du Crabe dont ils ne tarissaient pas d’éloges ! Ils parlaient à pêle-mêle de la splendide démarche du Crabe et de ses belles et puissantes pinces.
La jalousie de la Mangouste monta en elle comme une vague. Elle décida alors de rompre le pacte de non-agression et élabora un plan.
Une fois son plan mis en place, la Mangouste alla frapper à la porte de son ami le Crabe, l’invitant à manger un bon plat qu’elle avait pris le soin elle-même de cuisiner.
La Mangouste : « Crabe, Crabe, mon ami ! »
Le Crabe : « Bonjour ma chère Mangouste. Pourquoi es-tu si heureuse ? Tu as une surprise pour moi ? »
La Mangouste : « C’est que je t’ai préparé un festin, une bonne soupe de pêcheur très épicée comme tu aimes. J’ai hâte que tu y goûtes. Allez viens, dépêche-toi… »
Sans perdre un instant, le Crabe enfila son short et le voici parti avec la Mangouste.
Une fois chez elle, celle-ci sortit une grosse marmite de nourriture et dit au Crabe :
La Mangouste: « C’est jour de fête aujourd’hui. Allez vas-y, lave-toi les mains, et profite, mange mon ami. »
Rusée, la Mangouste plonge en premier la patte dans la marmite bouillante, comme pour montrer l’exemple, et ressort avec de gros morceaux de poisson.
Le Crabe suit son exemple et y plonge sa pince. Mais celle-ci devient immédiatement toute rouge.
Sans dévier de son projet, la Mangouste prend une deuxième ration de poisson et incite le Crabe à l’imiter.
La Mangouste: « allez, allez, vas-y, vas-y, c’est ton tour ! »
Le Crabe naïf plongea sa seconde pince dans le liquide brûlant. Elle devient cramoisie, à l’égal de la première.
C’est alors que la Mangouste, d’un mouvement violent, se jette sur la pince cuite du Crabe et la croque.
Le Crabe comprend enfin qu’il est en danger, il cherche à s’enfuir, mais la Mangouste le rattrape, le jette entièrement dans la soupe et le dévore.
Très heureuse du méchant tour qu’elle vient de jouer, la Mangouste sort de sa cabane et se frappe la poitrine, en disant :
La Mangouste : « Où sont passées les belles pinces du crabe désormais ? Dans mon ventre, haha haha ! C’est moi la plus rusée de tous les animaux ! »
C’est depuis ce jour que le crabe est d’une méfiance maladive. Lorsqu’il est hors de son trou, à peine sent-il la présence d’autrui qu’il court rapidement se cacher, il ne fait même plus confiance à sa propre ombre.
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Tue, 12 Jul 2022 - 19 - La jalousie de la tortue
Dans un village vivaient Ijapa la Tortue et Adjà le Chien. Ces deux amis étaient les seuls animaux qui cohabitaient avec les hommes, les femmes et les enfants.
Un jour, alors qu’ils se baladaient, ils croisèrent Yawa, la femme la plus âgée du village. Elle portait sur son dos un fagot de bois très lourd et avait du mal à marcher. Adjà, le Chien, la salua :
ADJA LE CHIEN : « Bonjour grand-mère ! »
YAWA : « Bonjour mon enfant !»
Pris de pitié, Adjà le Chien proposa à son amie Ijapa la Tortue d’aider la vieille dame à porter son fagot jusqu’à chez elle. Ijapa lui répondit :
IJAPA LA TORTUE : « Est-ce que tu m’as bien regardée ? Tu m’imagines, moi Ijapa, jolie comme je suis, en train de porter sur mon dos un gros fagot pour raccompagner une vieille femme aussi lente. Non, je ne peux pas perdre mon temps ! Je suis désolée. »
Puis, elle donna dos au Chien.
Choqué par la réaction de son amie, le chien répliqua :
ADJA LE CHIEN : « Ijapa, tu t’entends parler ? » et chuchotant à l’oreille d’Ijapa: « Tu sais bien que la tradition nous demande d’être respectueux envers les personnes âgées. »
Mais Ijapa la Tortue poursuivit sa route, laissant derrière elle Yawa, la vieille femme, et son ami Adjà le Chien, à qui elle lança en s’éloignant :
IJAPA LA TORTUE : « Vas-y, je ne t’arrête pas, va l’aider Monsieur le porte bagage. Moi j’ai mieux à faire. »
C’est ainsi qu’Adjà le Chien aida seul la vielle femme à porter son fagot.
La vieille dame fut touchée du comportement du Chien :
YAWA : « Merci beaucoup mon enfant.
Après avoir déposé le fagot Adjà le Chien lui demanda :
ADJA LE CHIEN : « Maman, est-ce que je peux faire autre chose pour vous ? »
YAWA : « Mon enfant, tu as assez fait. Je voudrais te récompenser, viens avec moi. »
Elle fit entrer Adjà le Chien chez elle.
YAWA : « Voici trois tambours : un grand, un moyen et un petit. Choisis celui qui te plaît le plus et apporte-le-moi. »
Adjà le Chien s’exécuta. Il opta pour le petit tambour qu’il remit à Yawa.
Elle aima le fait qu’il ait choisi le plus petit tambour, puis l’encouragea à rester humble toute sa vie. Elle ajouta :
YAWA : « À chaque fois, je dis bien à chaque fois que tu auras faim, bats simplement le tambour. Ce sera comme un signe que tu m’enverras et, automatiquement, la nourriture apparaîtra. »
Adjà Le Chien s’inclina, la remercia plusieurs fois et rentra paisiblement chez lui.
Un jour arriva, où la nourriture vint à manquer. Alors que les provisions des villageois s’étaient épuisées, Adjà le Chien, lui, ne manquait de rien. Il suivait scrupuleusement les indications de la vieille Yawa et mangeait chaque jour à sa faim.
Ijapa la Tortue et Adjà le Chien ne se fréquentaient plus. Jusqu’au jour où la rumeur se répandit dans le village qu’Adjà le Chien avait reçu un cadeau de la part d’une vieille femme qui lui permettait de ne plus souffrir de la faim. Ijapa la Tortue décida d’aller vérifier l’information par elle-même.
IJAPA LA TORTUE : « Bonjour mon très cher ami Adjà ! »
ADJA LE CHIEN : « Bonjour Ijapa, que me vaut l’honneur de ta visite ? »
IJAPA : « J’ai faim et j’ai entendu dire que tu avais de la nourriture. Au nom de notre amitié, Adjà, pourrais-tu m’en donner un peu ? »
Adjà le Chien qui était bon, expliqua à la tortue comment il avait reçu ce présent.
Il tapa plusieurs fois sur le tambour et de la nourriture apparut en abondance.
Tout en mangeant, la tortue dit au chien :
IJAPA LA TORTUE : « Mais mon ami, pourquoi tu as choisi le plus petit tambour ? Il fallait prendre le plus grand pour que tous les villageois puissent en profiter ! »
Mais en son for intérieur, Ijapa la Tortue tenait un autre discours :
IJAPA LA TORTUE (pour elle-même) : « Prendre le plus petit tambour, kpô ! Moi Ijapa, j’aurais choisi le plus grand afin d’ouvrir un restaurant et de vendre cette nourriture à tous les villageois. »
Ijapa la Tortue décida alors de se rendre chez la vieille dame pour lui voler le grand tambour. Elle se croyait maline, oubliant que seule la vieille dame pouvait donner à chaque tambour son pouvoir magique. Une fois chez elle, Ijapa la Tortue ferma ses portes, ses fenêtres, aligna ses assiettes, et commença à battre le tambour.
Malheureusement pour elle, ce tambour-ci renfermait un mauvais génie qui la frappa, la frappa, et la frappa encore. Elle appela à l’aide mais personne ne vint à son secours.
Il ne lui resta plus qu’à s’enfuir, le dos meurtri par les coups qu’elle avait reçus.
La légende raconte que les nombreuses blessures formèrent en guérissant la carapace que nous lui connaissons aujourd’hui. Les séquelles des fractures la condamnèrent pour toujours à se déplacer à l’allure d’une très vieille femme.
L’Afrique en conte est une série créée par l'ONG Des Livres Pour Tous - Côte d'Ivoire et le collectif Making Waves, en partenariat avec RFI. Ce projet a reçu le soutien du dispositif « Accès Culture » de l’Institut français de Paris et de l’Agence française de développement (AFD), du programme « ACP-UE Culture pour l’Afrique de l’Ouest - Awa » de l'Institut français et du Centre culturel Kôrè, du dispositif « Agir » du Département de Seine-Saint-Denis et de la Région Île-de-France.
Tue, 12 Jul 2022 - 18 - ZNR, les trois voleurs
Chez nous, il y a un adage qui dit que l’on récolte toujours ce qu’on a semé.
L’histoire que je vais vous raconter, est une histoire qui m’a été racontée par mon père, qui lui, l’a reçue de mon grand-père, qui à son tour l’a reçue du père, du père, du père, du père de son grand-père.
Autrefois, dans un village, vivaient Zemsitaba, Noubila, Rahitaba, trois jeunes paresseux. Ils étaient toujours ensemble, vagabondant dans le village.
Un jour, le plus âgé nommé Zemsitaba dit aux deux autres :
ZEMSITABA : « Les amis, dans quelques années, nous allons vieillir, et nous devons planifier notre avenir en cherchant un travail qui nous permettra de gagner rapidement notre argent. »
Chacun d’eux devait réfléchir pour trouver ce métier. Etant donné leur nature, ils choisirent le vol. Aussitôt dit, aussitôt fait, ils se lancèrent dans le vol du sorgho rouge et du mil qui servent à la production du tchapalo, une boisson enivrante à base de ces céréales.
Zemsitaba leur conseilla tout d’abord de consulter le plus grand marabout de la région pour qu’il leur donne une potion magique. Cette potion devait les rendre invisibles à chaque fois qu’ils commettraient leur forfait. En l’appliquant ils entonnaient ce chant :
ZNRsur la tête
ZNRsur le ventre
ZNRsur les pieds.
Ainsi fut fait ! Ils détenaient leur potion magique et à chaque fois qu’ils aller voler, ils l’appliquaient sur leur corps en répétant leur formule magique.
Le premier jour, ils se rendirent dans l’un des villages, à l’heure où les villageois étaient déjà dans leurs champs.
Les trois amis se mirent à répéter leur formule.
ZNRsur la tête
ZNRsur le ventre
ZNRsur les pieds.
Ils réussirent leur premier coup en emportant une centaine de sacs bien pleins qu’ils vendirent en trois jours. Pendant deux bonnes années, les trois amis prospérèrent.
Puis, un beau jour, ils décidèrent de viser plus haut en volant des bœufs. Ils se rendirent donc la nuit dans une ferme où il y avait plusieurs bœufs dans un enclos. Comme le dit l’adage, « mille jours pour le voleur mais un seul jour pour le propriétaire ».
Nos trois voleurs très sûrs de leur coup, ne prirent même pas la peine de s’enduire de leur potion magique. Arrivés sur les lieux, Zemsitaba demanda à la plus jeune, c’est-à-dire à Rahitaba, de tâter les bœufs. Lorsque celle-ci passa sa main par le trou de la clôture, le propriétaire, grand marabout devant l’éternel, fit disparaître sa main. La malheureuse retira son bras, sans crier son étonnement puis le cacha sous son habit en disant à Zemsitaba et Noubila :
RAHITABA : « Ah oui ! Le bœuf que j’ai touché est bien gras. Passez votre main par vous-mêmes et constatez. »
Ce fut le tour de Noubila. Grande fut sa surprise quand il vit sa main disparaître. Il appela Zemsitaba en disant :
NOUBILA : « Mon ami, ce qu’il a dit est vrai, ce bœuf est bien gras, mets ta main tu verras. »
Zemsitaba, enthousiasmé par les paroles de ses amis, fit la même chose. Puis, constatant la disparition de sa main :
ZEMSITABA : « Vous êtes méchants, vous ne pouviez pas me dire que c’était le bœuf d’un marabout ? »
Se moquant de lui, Rahitaba et Noubila lui répondirent :
RAHITABA : « Ah ! C’est la règle pourtant, tu as dit qu’on devait partager à part égales tout ce que nous aurions. »
NOUBILA : « C’est pourquoi on a voulu partager avec toi le fruit de notre travail. Maintenant, on est tous au même niveau. »
Depuis ce jour Zemsitaba, Rahitaba et Noubila ont décidé d’arrêter le vol.
Dans la vie, il est bon de travailler de façon honnête pour gagner son pain, car nous récoltons toujours ce que nous semons !
L’Afrique en conte est une série créée par l'ONG Des Livres Pour Tous - Côte d'Ivoire et le collectif Making Waves, en partenariat avec RFI. Ce projet a reçu le soutien du dispositif « Accès Culture » de l’Institut français de Paris et de l’Agence française de développement (AFD), du programme « ACP-UE Culture pour l’Afrique de l’Ouest - Awa » de l'Institut français et du Centre culturel Kôrè, du dispositif « Agir » du Département de Seine-Saint-Denis et de la Région Île-de-France.
Tue, 12 Jul 2022 - 17 - Le marigot et le caïman
On dit que la traîtrise, la cupidité et la malhonnêteté sont de très mauvais amis et je l’ai compris à travers une histoire.
Il y a longtemps, très longtemps, dans un petit village appelé Sankaraniso, situé au bord de la rivière Sankarani.
Un jour, une terrible sécheresse frappa ce village du Sahel. Les cours d’eaux sont secs. Les bêtes meurent, les greniers vides et les villageois désemparés.
N’ayant plus de quoi vivre, les villageois étaient très inquiets. Sans l’eau, sans cette source de vie précieuse, il n’y a de vie nulle part sur Terre. Les chants, les incantations, les faiseurs de pluie n’y pouvaient rien. Le ciel refusait de pleurer sur Sankaraniso. Mais comme on dit chez moi : au bout de la patience, il y avait toujours la récompense.
Un jour, un voyageur arrive dans le village. Il était fatigué et il avait soif. Et comme veut la tradition, on lui sert de l’eau mais tenez-vous bien, le dernier verre d’eau qui restait dans le village. Touché par la générosité des villageois, le voyageur leur confie un secret.
LE VOYAGEUR : « Merci, vous avez partagé ce que vous avez de plus précieux avec moi. Je n’ai rien à vous donner, mais avant de partir, j’ai un secret à vous confier.
Connaissez-vous Bamako, le marigot du caïman ? »
TRAORE : « Bamako ? »
MAÏGA : « Le marigot du caïman ?
KEITA : « On ne connait pas, c’est où ? »
LE VOYAGEUR : « C’est très loin, très loin. Là-bas, tout est possible. L’or coule à flot. Si vous voulez être riche, partez à Bamako »
Après concertation, palabres des anciens et offrandes aux divinités, les jeunes Traoré, Maïga et Keita sont désignés par les villageois.
Les jeunes demandent la route pour partir, ce que le village leur accorde volontiers.
Ils marchent des heures, ils marchent un jour, ils marchent deux jours, ils marchent trois jours. Et à la nuit du septième jour, ils arrivent enfin aux encablures d’un grand marigot.
Traoré est devant et les deux autres derrière.
De l’autre côté de la rive, une lueur s’étire.
TRAORE : « Attendez mes amis, qu’est-ce que c’est là-bas ? »
MAÏGA : « Au lieu de rester ici à parler, allons voir ensemble… »
Les trois jeunes gens se dirigent vers le point qui brille. Arrivés au niveau de la rive, un énorme caïman se met devant eux.
Traoré se jette sans réfléchir dans l’eau pour faire diversion. Le caïman le poursuit.
Maïga et Keita en profitent pour traverser et aller de l’autre côté du marigot.
Et comme le voyageur leur avait dit, ils découvrent des sacs remplis d’or.
MAIGA : « C’est merveilleux, nous sommes riches. Nous allons partager l’eau une fois que nous serons arrivés au village ».
Les trois amis, les bras chargés de sacs d’or, prennent le chemin du retour.
Traoré reste silencieux face aux paroles de Maïga. Pourquoi partager ? Il avait pris plus de risques que les autres. Le bon sens voulait selon lui qu’il reçoive la plus grande part. Mais Maïga et Keita n’étaient pas de cet avis. Traoré n’a rien fait, il s’est laissé distraire par une course poursuite avec le caïman. Pourquoi partager à part égale avec lui ? Ah, l’argent a toujours été la faiblesse des Hommes...
KEITA : « Ma chère, franchement, je ne veux pas partager avec Traoré. »
MAIGA : « Moi non plus. Il n’a rien fait. C’est nous seuls qui avons pris des risques. »
KEITA : « T’inquiète, on va régler ça ! »
Après réflexion, ils décident de frapper Traoré au prochain point de repos et de partager le contenu du sac en deux.
De son côté, Traoré murit également son plan à l’égard de ses deux compagnons.
TRAORE : « Keita et Maïga sont en train de murmurer depuis tout à l’heure. Ils ressemblent trop à des enfants, ils sont immatures et je sais bien qu’ils ne seront pas prendre soin de ce trésor. Il faut que je me débarrasse d’eux, comme ça je pourrai garder ça pour moi et pour ma famille !»
Arrivé au prochain point de repos, Traoré décide d’aller chercher à manger pour le reste du groupe. Il en profite pour empoisonner la nourriture.
À son retour, Keita et Maïga se jettent sur lui et le frappent à mort.
Satisfaits de leur forfait, ils décident de manger la nourriture apportée par Traoré avant de reprendre le chemin.
Mais à peine avaient ils avalé quelques bouchées qu’ils commencèrent à se plaindre de douleurs abdominales. Quelques heures plus tard, ils étaient morts, laissant là tous les sacs d’or, fruits de leurs efforts collectifs.
Je vous l’avais dit : la traitrise, la cupidité et la malhonnêteté sont vraiment de très mauvais amis.
Cette histoire a servi de leçon aux descendants des Traoré, des Maïga et des Keita qui ont tissé une alliance et ont décidé d’être loyaux les uns envers les autres, et de ne plus se faire de coups bas.
L’Afrique en conte est une série créée par l'ONG Des Livres Pour Tous - Côte d'Ivoire et le collectif Making Waves, en partenariat avec RFI. Ce projet a reçu le soutien du dispositif « Accès Culture » de l’Institut français de Paris et de l’Agence française de développement (AFD), du programme « ACP-UE Culture pour l’Afrique de l’Ouest - Awa » de l'Institut français et du Centre culturel Kôrè, du dispositif « Agir » du Département de Seine-Saint-Denis et de la Région Île-de-France.
Tue, 12 Jul 2022 - 16 - Le rocher à la très longue barbe
Il y avait autrefois un grand rocher à la barbe très longue qui se trouvait dans la brousse au pied d’une haute montagne, non loin d’un village.
Un jour que l’araignée était allée couper des nervures de palme, elle aperçut ce rocher et s’écria :
L’ARAIGNÉE : « Mais qu’est-ce que c’est que cette pierre barbue ? »
LE ROCHER : Hé, je ne suis pas une pierre barbue ! Je me nomme le rocher à la très longue barbe.
L’ARAIGNÉE : « Le rocher à la très longue barbe ? »
À peine l’araignée avait-elle prononcé cette phrase qu’elle fut projetée violemment au sol. Elle ne put se relever qu’après s’être longtemps débattue et avoir démêlé ses pattes.
Mais, comme elle était très intelligente, l’araignée vit dans cette aventure un moyen de nourrir sa famille : lorsque sa provision de viande viendrait à s’épuiser, elle demanderait à un animal de l’accompagner en brousse pour chercher des nervures de palme. Elle s’arrangerait pour passer près de ce rocher, son accompagnateur ne manquerait pas de prononcer la phrase qu’il ne faut pas prononcer et alors il tomberait, il se débattrait, mourrait et, elle, l’araignée, elle pourrait s’emparer de son cadavre et nourrir les siens.
Pendant longtemps, cette ruse fonctionna à merveille.
Un jour, ce fut le tour du singe d’accompagner l’araignée dans la brousse sous prétexte de chercher des nervures de palmes. Alors qu’ils arrivaient à proximité du rocher, l’araignée dit au singe.
L’ARAIGNÉE : « Mon ami, passons de ce côté-ci. Regarde, il y a beaucoup de nervures là-bas. »
Le singe avança avec méfiance car il connaissait le caractère fourbe de l’araignée. Quand ils arrivèrent devant le rocher, l’araignée fit mine de s’étonner.
L’ARAIGNÉE : « Mais c’est quoi ça, là ? »
LE SINGE malicieusement : « On dirait une termitière »
L’ARAIGNÉE : « Tu es sûr ? Regarde bien »
LE SINGE : « Un tas de sable ? »
L’ARAIGNÉE : « Non, je pensais que les singes étaient plus intelligents que ça ! »
LE SINGE : « Ah, c’est une colline, une très grande colline. »
L’ARAIGNÉE : « Non »
LE SINGE : « Attend, attend, c’est une fourmilière géante moustachue. Regarde bien, c’est ça ! »
L’ARAIGNÉE : « N’importe quoi ! Tu ne vois pas que c’est un rocher ? »
LE SINGE : Humm… Tu crois ? »
L’ARAIGNÉE : « Ben oui, c’est le rocher à la… »
LE SINGE : « A la la, le rocher à la la, c’est ça ? »
L’ARAIGNÉE : « Le rocher à la très… »
LE SINGE : « Humm, le rocher à la tresse ! »
L’ARAIGNÉE : « Tu es bête ou quoi ? Tu ne vois pas que c’est le rocher à la très longue barbe ! »
Aussitôt, l’araignée fut projetée au sol. Mais, cette fois, elle n’eut pas le temps de démêler ses pattes et de se relever, le singe se jeta sur elle et vengea tous ceux qui étaient passés avant lui.
Comme on dit chez moi, on trouve toujours plus rusé que soi.
Interprètes : Koami Vignon,Reine Azi, Yacouba Karamoko, Charles Kohoury.
Musique : Ange Bouely, Boussou Roland, Souleymane Diabaté, Daniel Opoh et Jean Sempé Ake Olloé.
L’Afrique en conte est une série créée par l'ONG Des Livres Pour Tous - Côte d'Ivoire et le collectif Making Waves, en partenariat avec RFI. Ce projet a reçu le soutien du dispositif « Accès Culture » de l’Institut français de Paris et de l’Agence française de développement (AFD), du programme « ACP-UE Culture pour l’Afrique de l’Ouest - Awa » de l'Institut français et du Centre culturel Kôrè, du dispositif « Agir » du Département de Seine-Saint-Denis et de la Région Île-de-France.
Wed, 29 Jun 2022 - 15 - Lequel est-ce ?
Sur la route du village, il y avait un monsieur qui aimait se jouer des transporteurs.
La nuit, à chaque fois qu’il arrivait à la gare routière et qu’un car de 22 places n’était pas rempli, il disait au chauffeur et à son apprenti :
L’HOMME : « Eh apprenti, partons sans attendre, je payerai les places restantes ! »
Une fois arrivé à l’angle de sa rue, il descendait et demandait à l’apprenti de le suivre pour récupérer son argent. Quelques minutes plus tard, le chauffeur et l’ensemble des passagers voyaient réapparaître l’apprenti tout essoufflé et criant :
L’APPRENTI, bégayant : « C’est un fantôme, patron ! Patron, c’est un fantôme. »
En effet, une fois descendu du véhicule, notre individu entraînait l’apprenti jusqu’à la porte du cimetière dans lequel il faisait mine d’entrer.
L’HOMME : « Me voici arrivé chez moi !
Chaque fois, l’apprenti prenait ses jambes à son cou.
L’APPRENTI : « C’est un revenant ! Patron, c’est un revenant ! »
Tous les transporteurs de la région avaient eu affaire à ce farceur.
Mais, comme on le dit toujours « à malin, malin et demi ».
Un jour, il tomba sur un transporteur qui s’était fait déjà prendre. Ce transporteur décida de lui donner une leçon. Il conduisit le monsieur jusqu’à son fameux carrefour.
Les choses ne se déroulaient pas comme prévu pour notre farceur, mais il décida de faire comme il en avait l’habitude.
Une fois arrivé devant le cimetière, il dit : « Me voici arrivé chez moi. »
Mais le chauffeur répondit : « Très bien, je te suis… »
Notre farceur voyant que sa ruse risquait d’être découverte pénétra dans le cimetière la peur au ventre, suivi à deux ou trois mètres par le chauffeur. C’est alors que lui vint une idée : « Et si je frappais à la porte d’un caveau peut-être que le chauffeur croirait mon histoire et me laisserait en paix. »
Le voilà qui se dirige vers un grand caveau et frappe à la porte.
L’HOMME : KôkôKô, tonton ouvre la porte, je suis arrivé !
À peine avait-il fini de parler qu’on entendit :
LE FOU : « Hé, c’est qui ? »
Un fou par le plus grand des hasards avait élu domicile dans ce caveau pour y passer la nuit.
Il n’en fallu pas d’avantage pour mettre notre farceur en fuite, le chauffeur du car sur ses talons.
La légende dit qu’à la fin de cette débandade, l’un de ces deux individus est mort.
Lequel est-ce selon vous ?
Interprètes : Flopy Mendosa, Hugue-Edouard Kouakou, Yacouba Karamoko, Charles Kohoury, Vincent de Paul Kouamé.
Musique : Ange Bouely, Boussou Roland, Souleymane Diabaté, Daniel Opoh et Jean Sempé Ake Olloé.
L’Afrique en conte est une série créée par l'ONG Des Livres Pour Tous - Côte d'Ivoire et le collectif Making Waves, en partenariat avec RFI. Ce projet a reçu le soutien du dispositif « Accès Culture » de l’Institut français de Paris et de l’Agence française de développement (AFD), du programme « ACP-UE Culture pour l’Afrique de l’Ouest - Awa » de l'Institut français et du Centre culturel Kôrè, du dispositif « Agir » du Département de Seine-Saint-Denis et de la Région Île-de-France.
Wed, 29 Jun 2022 - 14 - Kal et Ndom
Dans un petit village de la forêt équatoriale africaine, KAL et NDOM sont nés jumeaux. Une fille et un garçon. Pour leur initiation, ils doivent aller puiser l’eau dans une source mystérieuse située au cœur même de la forêt sacrée.
Pour atteindre cette source merveilleuse, il y a deux chemins. Il s’agit d’emprunter soit le chemin battu, soit de se frayer son propre chemin.
Arrivés à la croisée des chemins, malgré́ les recommandations de leur mère, NDOM le frère fait le choix d’emprunter le chemin battu.
KAL sa sœur, fait le choix, elle, d’écouter sa maman, et de se frayer son propre chemin.
Les jumeaux comme dans une sorte de défi, se donnent rendez-vous à la croisée des chemins. Péniblement, lentement, mais sûrement, KAL la sœur arrive à la source, puise l’eau nécessaire et revient au lieu de rendez-vous.
Au lieu de rendez-vous, point de frère. KAL a un mauvais pressentiment. Alors elle dépose sa calebasse d’eau, et revient en catimini à la maison. Elle prend un couteau, un sachet de sel, et un sachet de piment. Elle cache le tout sous ses vêtements et se glisse dans la forêt sacrée. Arrivée à la croisée des chemins, elle emprunte le chemin battu mais c’est une voie sans issue.
KAL se retrouve nez à nez avec EMOMORO, un énorme monstre à forme humaine. Un géant mutant, plus grand que les géants les plus imposants de la forêt. Un être humain entre les doigts de sa main, serait à l’échelle d’une crevette entre les doigts d’une main humaine.
Et EMOMORO raffole de la chair humaine, au moins autant que moi-même qui vous raconte cette histoire, je raffole de la chair des crevettes.
KAL la sœur se met à trembler de frayeur.
Alors EMOMORO lui demande : « D’où̀ viens-tu ? Où vas-tu ? »
KAL : « Je suis à la recherche de mon frère. L’aurais-tu vu ?
EMOMORO : « Tu dis quoi ? Je n’entends rien. Je suis un peu dur d’oreilles. Pour que je t’entende bien, accepterais-tu de venir te poser sur la paume ma main ? Ainsi, je pourrais te rapprocher de mon oreille pour mieux t’entendre.
Alors KAL monte sur l’immense paume de la main d’EMOMORO.
Tout un coup, prestement, le monstre porte sa main à l’abime qui lui tient lieu de gueule, et avale la pauvre KAL, comme il avait déjà avalé son frère... ANGOROOOMMM !
KAL se retrouve dans le ventre du monstre. KAL retrouve son frère dans le ventre EMOMORO au milieu d’une foule monstrueuse d’autres égarés.
Alors, KAL sort son couteau, et commence à taillader les boyaux du monstre soutenu par un chant vindicatif « JE COUPE, JE COUPE, JE METS DU SEL, JE METS DU PIMENT, JE COUPE, JE COUPE, JE METS DU PIMENT ... »
EMOMORO hurle de douleur. Le monstre s’écroule raide mort.
KAL la sœur ouvre le ventre du monstre et libère les humains de l’emprise de la bête.
Comme quoi : dans la vie, il faut souvent se méfier des chemins battus.
Auteur et interprète : Binda Ngazolo.
Musique : Ange Bouely, Boussou Roland, Souleymane Diabaté, Daniel Opoh et Jean Sempé Ake Olloé.
L’Afrique en conte est une série créée par l'ONG Des Livres Pour Tous - Côte d'Ivoire et le collectif Making Waves, en partenariat avec RFI. Ce projet a reçu le soutien du dispositif « Accès Culture » de l’Institut français de Paris et de l’Agence française de développement (AFD), du programme « ACP-UE Culture pour l’Afrique de l’Ouest - Awa » de l'Institut français et du Centre culturel Kôrè, du dispositif « Agir » du Département de Seine-Saint-Denis et de la Région Île-de-France.
Wed, 29 Jun 2022 - 13 - Comment le lion est devenu roi
Savez-vous qu’autrefois, le lion n’était pas le roi des animaux ? Du moins, il ne l’était pas au départ. C’était Dankélé, un grand buffle noir de la savane, qui régnait sur le peuple des bêtes.
Dankélé était un tyran qui gouvernait sans foi ni loi. Si tu avais raison, tu avais peur. Si tu n’avais pas raison, tu avais raison d’avoir peur de lui.
À cette époque-là, il n’y avait qu’une seule rivière où tous les animaux venaient boire. Mais personne n’avait le droit d’y boire avant Dankélé. Dankélé ne se contentait pas seulement de se désaltérer, il se baignait dans la rivière, s’y roulait et y faisait tous ses besoins. C’est seulement après son passage que les autres animaux pouvaient boire à leur tour, une fois que l’eau était souillée.
C’était injuste, mais c’était comme ça. Il fallait le supporter.
Un jour où il faisait très chaud, la lionne était venue faire boire son lionceau qui mourait de soif. Sans attendre le roi, elle lui donna un peu d’eau et en but elle-même un tout petit peu.
Arriva le roi Dankélé accompagné de membres de sa cour, de griots et de griottes, de conseillers et de conseillères qui chantaient ses louanges :
GRIOTS : « Longue vie au roi, vive le roi, longue vie au roi. »
Quand il fut au bord de la rivière, Dankélé vit qu’on avait osé boire avant lui. Il se tourna vers ses sujets et, les menaçant de son regard, hurla sa colère. Et sa colère fit trembler tout le monde.
DANKÉLÉ : « Qui ? Qui a donc osé boire avant moi, le roi ? Si vous ne me désignez pas le coupable, alors vous l’êtes tous ! »
Les animaux, terrifiés, se regardèrent. Tout le monde avait vu la lionne donner à boire à son petit. Mais qui, qui oserait la dénoncer à cette brute de roi ?
La hyène le fit :
LA HYÈNE : « Moi, je ne vais pas payer pour une faute que je n’ai pas commise. Majesté, c’est la lionne qui a bu avant vous. Voilà, je l’ai dit. »
Aussitôt, le roi Dankélé bondit sur la lionne et l’écrasa sous ses sabots furieux.
Le lionceau, lui, n’était pas mort, il s’était sauvé à toutes pattes et était allé se cacher.
Il attendit l’heure de sa vengeance. Il attendit, attendit, attendit… jusqu’à ce qu’il soit devenu grand.
Quand il fut devenu un lion grand et fort dont le rugissement retentissait à travers toute la savane, il sortit enfin de sa cachette.
Il alla voir le roi Dankélé et lui dit :
LE LION : « Buffle, où est partie ma mère ? »
Le buffle, intimidé par la force que dégageait le jeune lion, bafouilla :
DANKÉLÉ : « Heu… ta… ta… ta mère ? La lionne ? »
UNE CONSEILLERE lui souffla à l’oreille : « Majesté, il s’agit de la lionne que vous avez tuée il y a de cela quelques années parce qu’elle avait osé boire avant vous. »
DANKÉLÉ : « Ah oui, c’est vrai » dit le buffle en se tournant vers le lion. « C’est la loi, ce n’est pas moi. La loi, c’est la loi. Ta mère a osé boire avant moi, alors la loi a été appliquée. La loi, c’est la loi, la loi ce n’est pas moi. »
Le lion répondit :
LE LION : « Une loi qui ne s’applique qu’au plus faible est une loi injuste. »
Et le lion se jeta sur le buffle, le terrassa, le mis en pièce et libéra le peuple du tyran Dankélé.
Le peuple ravi s’écria : « Longue vie au roi, le roi lion, longue vie au roi, le roi lion »
C’est depuis ce jour que le lion est devenu le roi des animaux. Contrairement au buffle, et malgré sa force, il s’efforce d’être plus juste et plus droit envers les plus faibles.
Interprètes : Koami Vignon, Yacouba Karamoko, Reine Azi, Charles Kohoury, Hugue-Edouard Kouakou
Musique : Ange Bouely, Boussou Roland, Souleymane Diabaté, Daniel Opoh et Jean Sempé Ake Olloé.
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Wed, 29 Jun 2022 - 12 - Tinkougri
Il y a très longtemps, quatre frères qui n’avaient pour seule ambition que d’être riches, décidèrent d’aller ensemble dans le village interdit de Tinkougri.
Il était tellement interdit que le simple fait de prononcer son nom conduisait automatiquement à la mort. La légende raconte aussi que dans ce village sacré des ancêtres, les cailloux des chemins étaient en or, et que les fétiches y avaient le pouvoir de rendre n’importe qui aussi riche qu’un roi. Entre l’interdit et les richesses à venir, le choix de nos quatre frères était fait. Ils se donnèrent du courage et s’entraînèrent à ne prononcer sous aucun prétexte le nom de Tinkougri.
FRÈRE 1 : « Où on va là, on ne prononce pas ce que tu sais »
FRÈRE 2 : « Ah, je sais. Ça fait combien de fois que tu m’as dit ça, je sais. Il faut dire ça à l’autre qui dit tout ! »
FRÈRE 3 : « J’ai compris. »
FRÈRE 1 : « Tu as compris quoi ? »
FRÈRE 3 : « Tu dis de ne pas dire, non ? »
FRÈRE 1 : « On ne doit pas dire quoi ? »
FRÈRE 3 : « Mais toi grand frère quand même, on ne dit pas ce qu’on ne peut pas dire. »
Nos quatre frères prennent la route. Ils marchent, ils marchent, ils marchent, ils marchent…
Et au bout de trois longs jours de marche, le quatrième frère sous l’effet de la fatigue, oubliant l’interdit, dit à ses frères :
FRÈRE 4 : « Mais les gars, leur TINKOUGRI est loin, dêh !!! ».
Et aussitôt, il tombe raide mort.
C’est tout en pleurs et impuissants devant la dépouille de leur petit frère, que les trois autres se promirent d’offrir à leur cadet des funérailles grandioses une fois devenus riches.
Et à nouveau, ils prennent la route. Ils marchent, ils marchent, ils marchent, ils marchent…
Fatigué et nostalgique de son petit frère, le troisième frère dit soudain :
FRÈRE 3 : « C’est notre petit frère qui avait raison, TINKOUGRI est vraiment trop loin ! »
Immédiatement, il s’écroule, et meurt à son tour.
En pleurs, les deux survivants reprennent la route. Ils marchent, ils marchent, ils marchent, ils marchent…
Au bout de trois longs jours de marche, ils arrivent à TINKOUGRI.
Avant même d’être au centre du village, ils ont déjà rempli six sacs d’or.
Pris d’une joie immense, le deuxième frère dit alors :
FRÈRE 2 : « Wouais grand-frère, TINKOUGRI est vraiment merveilleux, regarde tout ce qu’on a ramassé ! »
Mais à peine l’a-t-il dit qu’il tombe à son tour.
Furieux, le premier des frères dit :
FRÈRE 1 : « On peut être bête comme ça ? On te dit qu’on ne doit pas dire TINKOUGRI, et tu le dis! Voilà maintenant, tu es mort. »
Et sur ces mots, ce dernier tombe lui aussi, raide mort.
Lequel des quatre frères méritait selon vous les richesses de TINKOUGRI ?
Interprètes : Flopy Mendosa, Vincent de Paul Kouamé, Hugue-Édouard Kouakou, Charles Kohoury, Yacouba Karamoko.
Musique : Ange Bouely, Boussou Roland, Souleymane Diabaté, Daniel Opoh et Jean Sempé Ake Olloé.
L’Afrique en conte est une série créée par l'ONG Des Livres Pour Tous - Côte d'Ivoire et le collectif Making Waves, en partenariat avec RFI. Ce projet a reçu le soutien du dispositif « Accès Culture » de l’Institut français de Paris et de l’Agence française de développement (AFD), du programme « ACP-UE Culture pour l’Afrique de l’Ouest - Awa » de l'Institut français et du Centre culturel Kôrè, du dispositif « Agir » du Département de Seine-Saint-Denis et de la Région Île-de-France.
Wed, 29 Jun 2022 - 5 - Les trois filles de Gnamien Kli le bon dieu
Gnamien Kli le bon dieu avait trois enfants : Kpin l’aînée, Sèssè la cadette, et Kanhan la benjamine. Ces trois filles là vivaient en parfaite harmonie. Elles prenaient leurs trois repas par jour, que leur père leur faisait parvenir par l’intermédiaire de son émissaire. Quand l’heure de manger arrivait, les trois filles se mettaient à chanter en chœur et, lorsque leurs voix mélodieuses parvenaient à leur père, celui-ci leur envoyait de quoi se nourrir.
Et tout le monde se régalait, et tout le monde était content́.
Les trois filles réservaient toujours une portion du copieux repas à leur amie commune, Idjirwa la fourmi.
Voilà qu’un jour, en l’absence de Kpin et de Sèssè, Idjirwa la fourmi s’approcha de Kanhan la benjamine et lui tint ces propos : « Toi, Kanhan, sais-tu que c’est ta voix aigüe qui touche le cœur de Gnamienkpli votre père ? Je t’assure que sans toi, votre ensemble ne serait pas si mélodieux.»
Ces propos flatteurs firent naître chez la benjamine un sentiment d’orgueil. Elle venait ainsi de réaliser l’importance qu’elle avait dans le chœur qui leur permettait d’obtenir leurs trois repas quotidiens.
Un autre jour, Idjirwa la fourmi se rendit auprès de Sèssè la cadette et lui dit : « Tu sais, au football, le numéro 10 est le meneur de jeu. Je comprends maintenant pourquoi ce sont les numéros 10 qui remportent le plus souvent le ballon d’or. Dans le chœur des enfants de Gnamienkpli, s’il faut attribuer le numéro 10 à quelqu’un, je te le donne sans réfléchir à toi, la voix medium. »
- Sèssè : Ah vraiment ?
A ces mots, Sèssè ne se sentit plus de joie, elle était fière de savoir que la beauté du chœur dépendait d’elle, uniquement d’elle.
Le jour suivant, Idjirwa la fourmi alla trouver Kpin, l’aînée, et lui dit : « Toi, la voix basse qui assures et qui rassures, tu es pleinement dans ton rôle d’aîné, les autres voix peuvent se reposer sur toi, sans toi elles se perdraient dans l’air et vous seriez déjà mortes de faim. »
- « AhIdjirwa, tu me flattes ! »répondit Kpin.
Elle venait de réaliser l’importance capitale de la basse dans le chœur.
Dès lors, chacune des trois filles de Gnamienkpli était convaincue d’être indispensable au trio. Cela leur donna des ailes. Aux heures des repas, chacune faisait son petit numéro, ivre d’orgueil et de caprice. Désormais, chacune traînait des pieds et se faisait désirer au moment de se réunir. Parfois, c’était sous la fausse médiation de la fourmi que le chœur parvenait à s’assembler. Lassée des caprices de ses jeunes soeurs, Kpin décida de se retirer pour chanter seule. Sèssè et Kanhan firent de même, chacune partit de son côté. Mais durant les trois jours au cours desquels elles chantèrent en solo, les filles du bon dieu ne rencontrèrent que l’indifférence de leur père. En conséquence, aucune nourriture ne leur parvint durant trois jours.
Le soir du troisième jour, affamées, elles se décidèrent enfin à se parler. Elles se rendirent compte que leur discorde venait des commérages de Idjirwa la fourmi. Pour en avoir le cœur net, elles décidèrent de réunir à nouveau leurs voix. Après les trois couplets habituels, voici que l’émissaire de Gnamienkpli se présente les bras chargés de victuailles. Des fruits et des légumes juteux et savoureux, des grandes portions de foutou banane, de placali, accompagnés de sauce graine, sauce gouagouassou, sauce arachide, de grands plateaux de poissons braissés, de poulets piqués, accompagnés de frites d’igname, de frites de patate, de frites de plantin, et cætera, et cætera, et cætera.
Chant-chœur
Tout le monde était content
Chant-chœur
Les filles résolurent alors de se débarrasser de la fourmi.
Ce rejet eut pour conséquence de plonger la fourmi dans la faim, au point d’être presque coupée en deux. Depuis, elle est contrainte de travailler en équipe avec ses congénères pour assurer sa survie. Les hommes et les femmes, quant à eux, ont perdu toute confiance en la fourmi, c’est pourquoi dès qu’ils sentent sa présence sur son corps, ils s’en débarrassent aussitôt.
Mon conte est fini.
Crédits
Les trois filles de Gnamien Kli le bon dieu
Interprété par Koami Vignon et Vincent Kouamé. Chant : Rebecca Kompaoré, Valérie Gobey et Flore Kra.
Musique : Jean Sempé Ake Olloé.
Recherche des contes et adaptations : Flore Kra, Valérie Gobey, Eugène Konan et Elvis Tanoh.
Production déléguée : Sonia Arruda Touré, Romain Masson
Assistant de production : Romain Chmiela, Eugène Konan,
Assistant à la réalisation : Elvis Tanoh.
Réalisation : Laure Egoroff et Tidiane Thiang.
Remerciements à Thomas Weill, Yanick Zagba, Sony Music Africa, Stéphane Dogbo, et les équipes de RFI.
Avec le soutien du programme "Accès Culture" de l'Agence française de développement et l'Institut français.
Une production Making Waveset Des Livres Pour tous - Côte d'Ivoire.
Mon, 14 Jun 2021 - 4 - Mille jours pour le voleur et un jour pour le propriétaire
L’histoire que je vais vous raconter est celle de Kôyô-kôyô, vaillant et infatigable travailleur, qui aimait la terre. Il la cultivait avec amour et abnégation. Comme la terre n’est pas ingrate, elle lui rendait bien ses efforts.
À chaque fête de fin des récoltes, Kôyô-kôyô dansait et chantait comme personne, parce que le rendement de ses terres était immense.
Conteur : Aboué ?
Groupe : Wéyé !
Conteur : Mais comme toujours, la réussite fait des jaloux.
Voix dans le groupe : Ah bon, qui sont les jaloux, conteur ?
Conteur : Et bien pour connaître les jaloux, il faut savoir pourquoi Kôyô-kôyô était envié.
Voix dans le groupe : Pourquoi, conteur ?
Conteur : Pourquoi ? Kôyô-kôyô n’était pas jeune. Il avait environ 75 hivernages, en langage familier 75 ans. Et oui, sous le poids de l’âge, son dos s’était courbé, il arrivait à peine à se redresser. Mais détrompez-vous, ce vieux travaillait avec la vigueur d’un jeune de 20 ans. Il était apprécié de certains villageois, surtout de la gent féminine, qui avait même créé une chanson pour le vieux Kôyô-kôyô.
Traduction du chant : Je cherche un homme beau, je cherche un homme jeune, je cherche un homme intelligent, mais plus encore un homme comme Kôyô-kôyô.
Conteur : Dans le village de N’zaa-kaha, la beauté d’un homme se mesurait au rendement de ses terres. Et Kôyô-kôyôétait capable de cultiver une plantation d’arachides de dix hectares.
Voix dans le groupe : Ce n’est pas possible, conteur ! Jamais ! Aucun homme ne peut faire ça !
Conteur : Et pourtant si... Mais Kôyô-kôyô avait un secret.
Voix dans le groupe : Quel était son secret ?
Conteur : Son secret, c’était sa daba magique !
Voix dans le groupe : Daba magique ?
Conteur : Et oui, le vieux Kôyô-kôyô utilisait une daba magique qui était capable de débroussailler une plantation en moins de temps que 100 gaillards réunis. Et oui, même si sa daba magique faisait beaucoup pour lui, le vieux Kôyô-kôyô prenait aussi le temps de parler à ses plantes. Tous les matins, avant le lever du soleil, dès que le coq commençait à chanter en choeur avec les pillons des femmes, Kôyô-kôyô se rendait dans son champ pour souhaiter une belle journée à ses plantes avant de les arroser.
Voix dans le groupe : En tous cas, Kôyô-kôyô était brave.
Voix dans le groupe : Mais conteur, c’est sa daba magique qui travaillait, pas lui !
Conteur : La daba magique de Kôyô-kôyô n’était pas tombée du ciel mes enfants. Pour trouver la réussite, il faut passer par le chemin de la persévérance. Depuis sa jeunesse, il s’était toujours démarqué par sa force de travail. Kôyô-kôyô, dans son grand âge, avait fini par être récompensé. Un jour, des génies étaient venus le voir dans son champ et ils lui avaient remis cette fameuse daba magique, en guise de reconnaissance pour son amour de la terre. La terre aime ceux qui la travaillent. Et les esprits aiment ceux qui travaillent la terre.
Voix dans le groupe : Et après, conteur ?
Conteur : Figurez-vous, dans ce même village, vivait un vieil homme paresseux, jaloux et voleur, nommé Kayouhou. Il passait son temps à embellir ses mains, son corps, et à jaser sur tout et rien. Il avait pour habitude de se servir dans le champ des autres. Cette année, il jeta son dévolu sur la plantation du vieux Kôyô-kôyo. Ca lui apprendrait à faire le fier durant la fête des récoltes ! Kayouhou n’était pas un voleur ordinaire. Certes, il était paresseux pour faire les travaux champêtres, mais il s’appliquait beaucoup quand il s’agissait de voler.
Kayouhou : Mais pourquoi se fatiguer à travailler dans les plantations. Moi Kayouhou, je ne cultive pas, mais je me nourris bien. Toi, le vieux Kôyô-kôyo, continue, continue d’avoir la force de travailler pour que je vive bien. Ah, la belle vie !
Conteur : Tout comme le vieux Kôyô-kôyô aimait passionnément travailler la terre, Kayouhou lui, aimait passionnément voler ce qui sortait de la terre des autres. Il avait même une chanson spéciale qui l’inspirait dans sa besogne.
Chant
Voix dans le groupe : Kayouhou est mauvais, déh ! Tous tes amis travaillent, tu vas voler !
Conteur : Aaaah ma fille, le lendemain de ce vol, lorsque le vieux Kôyô-kôyo retourna à sa plantation, il constata que ses plants avaient été arrachés. Il se dit que ce devait être l’œuvre d’un animal, il pensa à un gros agouti. Il décida alors de poser un piège pour attraper cette bestiole qui détruisait sa récolte.
Le jour d’après, au moment même où le vieux Kôyô-kôyô quittait sa plantation d’arachides, Kayouhou le voleur apparut.
Voix dans le groupe : Il a donc attrapé Kayouhou ?
Conteur : Kayouhou n’était pas la moitié d’un imbécile, mon fils. Il était aussi rusé que mauvais.
Il évita le piège qui était dressé devant lui, toujours en bourdonnant sa fameuse chanson.
Chanson
Conteur : Lorsque le vieux Kôyô-Kôyô revint à sa plantation pour continuer de cueillir ses arachides, il découvrit de nouveaux dégâts. Il prit le temps de réfléchir et se dit que ce devait être un homme qui lui volait ses arachides. Il décida donc de rentrer chez lui avant le coucher du soleil. Il laissa à sa daba magique le soin de surveiller la plantation et d’attraper le voleur.
Kayouhou : Ah, mais il est vraiment con ce vieux Kôyô-Kôyô. Il m’a même laissé sa daba, ça va me rendre la cueillette beaucoup plus rapide.
Conteur : Kayouhou ne savait pas qu’en touchant seulement cette daba, il serait sous son emprise. Le voleur souleva donc la daba magique, et lorsqu’il voulut s’en servir pour creuser le sol, elle se mit à crier :
Kôyô-kôyô, j’ai attrapé ton kayouhou, je vais le corriger, il ne t’échappera pas !
Le voleur ne pouvait plus rien faire, il était déjà sous le pouvoir mystique de la daba. Celle-ci se mit alors à le tabasser, à le tabasser encore et encore, au moment où il entonnait précisément sa chanson.
Voix dans le groupe : Comme dit le proverbe : mille jours pour le voleur et un jour pour le propriétaire.
Conteur : Eh oui mon fils, Kayouhou avait eu ses mille jours, mais aujourd’hui c’est le jour du grand planteur de N’zaa-kaha.
La nuit fut longue, elle fut même très longue pour Kayouhou. Sous la menace de la daba, il fut forcé de récolter les arachides et de les mettre en sac. Au lever du soleil, Kôyô-kôyô retrouva son voleur épuisé, allongé dans le champ, la daba magique à côté de lui. Le vieux Kôyô- kôyô demanda à sa daba de se transformer en un grand chariot pour transporter les sacs d’arachides à la ville afin de les vendre. Les villageois étaient étonnés de voir le plus grand paresseux du village pousser le lourd chariot. Kayouhou était en sueur et en pleurs.
À la fin de la vente, le Vieux Kôyô-kôyô, satisfait de la punition infligée à son voleur, le libéra. Eh oui, on éduque les hommes par l’exemple. Ce dernier rentra chez lui dans la honte.
Voix dans le groupe : Bien fait pour lui !
Conteur : Depuis ce jour mes enfants, la paresse et le vol ont disparu du village de N’zaa- kaha. Les villageois laissent toujours leurs champs sans surveillance, car tous les malintentionnés ont désormais peur de tomber nez à nez avec une daba magique.
Crédits
Mille jours pour le voleur et un jour pour le propriétaire
Interprété par Binda Ngazolo avec Reine Leticia Azi, Charles Kohoury, Vincent Kouamé et Jean-Marc Kouasi Kouadio.
Musique : Jean Sempé Ake Olloé.
Recherche des contes et adaptations : Flore Kra, Valérie Gobey, Eugène Konan et Elvis Tanoh.
Production déléguée : Sonia Arruda Touré, Romain Masson
Assistant de production : Romain Chmiela, Eugène Konan,
Assistant à la réalisation : Elvis Tanoh.
Réalisation : Laure Egoroff et Tidiane Thiang.
Remerciements à Thomas Weill, Yanick Zagba, Sony Music Africa, Stéphane Dogbo, et les équipes de RFI.
Avec le soutien du programme "Accès Culture" de l'Agence française de développement et l'Institut français.
Une production Making Waveset Des Livres Pour tous - Côte d'Ivoire.
Mon, 14 Jun 2021 - 3 - N'Verfouai, le ver de terre
Savez-vous pourquoi le ver de terre n’a pas d’os et vit sous le sol ? Cette histoire vous en donnera les raisons.
Il y a longtemps, très très longtemps, au temps de la création, c’est le père de ver de terre qui avait été chargé par Dieu de distribuer aux êtres les os qui donneraient à leur corps la forme que nous lui connaissons aujourd’hui.
Les êtres se présentaient à tour de rôle dans son atelier pour se procurer les os de leur préférence. Les modèles, les tailles, les formes et les qualités étaient au choix du demandeur et le père de ver de terre, par le talent que Dieu lui avait donné, assemblait les os choisis dans les différents corps. Les animaux repartaient chez eux pleinement satisfaits de leur nouveau squelette. Arrivés en rampant, ils se déplaçaient désormais avec beaucoup d’aisance, d’élégance, ils avaient fière allure.
Certains, comme l’éléphant, le rhinocéros, l’hippopotame, avaient choisi les os les plus gros. La girafe opta pour les plus longs. La tortue, le crabe, et l’escargot mirent l’accent sur leur sécurité en choisissant des os comme couverture. Les poissons et les serpents, privilégiant leur agilité, se déterminèrent pour les os les plus petits.
Pendant que tous les êtres convergeaient vers la maison de son père, ver de terre, lui était tranquillement couché, persuadé qu’à tout moment, il pourrait trouver des os à sa convenance. Les demandeurs le trouvaient toujours à la même place, se moquant de leur empressement. Quand certains lui disaient de faire son choix pendant qu’il en était temps, il les prenait de haut : « Les os ne sont pas une inquiétude pour moi, je suis le fils du fournisseur ! C’est plutôt moi qui devrais m’inquiéter pour vous. »
Chaque jour, leur cour était bondée de monde et ver de terre se sentait envahi. « Poussez-vous ! On ne peut plus respirer ici”. Ces visites répétées le dérangeait, il se moquait des demandeurs. Il avait des propos déplacés : « Eh l’éléphant, pousse tes grosses fesses. Oh toi la girafe, avance avec ton long cou ! » Puis, il s’habitua à ce flot de visiteurs et ne leur prêta plus attention. Il avait mieux à faire que de s’occuper de ces êtres si pressés de se procurer une ossature !
Les jours passaient et ver de terre ne se rendait pas compte que le nombre de visiteurs diminuait. Deux jours de suite, personne ne se présenta. Mais ce n’est qu’au troisième jour que ver de terre prit conscience que les visites avaient cessé. Il se dit que le moment était venu de choisir ses propres os en toute tranquillité. Mais en pénétrant dans l’atelier de son père, quelle ne fut pas sa surprise de constater qu’il était vide. Non seulement, aucun visiteur n’était en vue, mais son père n’était plus là et tout son matériel avait disparu. « Que se passe-t-il ? Où est mon père ? »dit ver de terre. L’inquiétude et la confusion s’emparèrent de lui. Il eut beau tourner, se retourner, il était seul, tout seul. Alors, une voix se fit entendre : « La mission que j’ai confiée à ton père est terminée. Tous les êtres qui voulaient des os en ont eu. Toi, tu as été négligent et tu vas en subir les conséquences toute ton existence. »
Confus et honteux, ver de terre décida de s’enfoncer dans le sol pour éviter la moquerie de ses concitoyens.
Comme on dit chez nous : « Qui remet à demain, trouve malheur en chemin ! ».
Crédits
N'Verfouai le ver de terre
Interprété par Flopy Mendosa avec la voix de Stéphane Dogbo.
Musique : Jean Sempé Ake Olloé.
Recherche des contes et adaptations : Flore Kra, Valérie Gobey, Eugène Konan et Elvis Tanoh.
Production déléguée : Sonia Arruda Touré, Romain Masson
Assistant de production : Romain Chmiela, Eugène Konan,
Assistant à la réalisation : Elvis Tanoh.
Réalisation : Laure Egoroff et Tidiane Thiang.
Remerciements à Thomas Weill, Yanick Zagba, Sony Music Africa, Stéphane Dogbo, et les équipes de RFI.
Avec le soutien du programme "Accès Culture" de l'Agence française de développement et l'Institut français.
Une production Making Waveset Des Livres Pour tous - Côte d'Ivoire.
Mon, 14 Jun 2021 - 2 - Le roi et le fou
Au cœur de la forêt régnait un méchant roi appelé Hediala (onomatopée peule exprimant l’angoisse). Sourcils toujours froncés, Hediala n’ouvrait la bouche que pour insulter et ne levait le bras que pour frapper.
Chaque matin, il prenait un malin plaisir à tourmenter ses sujets avec des questions qui faisaient bouillir d’angoisse leurs cervelles. Il demandait aux uns d’avaler des flammes, aux autres de lécher un couteau tranchant, et Dieu seul sait quoi encore ! Ses conseillers avaient beau faire, Hediala têtu comme une mule avait décidé une fois pour toutes de torturer tous ceux qui faisaient parler d’eux.
Or, dans la région, vivait un homme réputé connaître beaucoup de choses : les enfants, les femmes, les jeunes, les hommes, les veillards. Tout le monde ne parlait que de sa grande sagesse.
Il n’en fallait pas plus pour que Hediala le roi tyran veuille le tracasser ; aussi le fit-il venir auprès de lui.
Le jour de la rencontre, la foule nombreuse s’assembla, du plus petit au plus grand, du dignitaire à l’esclave, personne ne voulait se faire conter cette histoire, chacun tenant à assister à ce qui allait se passer.
Le Roi : Il m’est revenu que tu te piques de tout connaître ?
Le sage : Seigneur, je n’ai jamais prétendu à la connaissance totale. Je ne connais que ce que je sais. Et ce que je ne sais pas est un océan immense.
Le Roi : Hummm ! Tu ne sais donc rien. Pourtant tu fais le malin au milieu de tes prétendus disciples ! Eh bien, tu vas devoir faire un plongeon dans la petite goutte de ton savoir pour y trouver la réponse à cette question : quand on laisse tomber un pilon dans un mortier vide, le bruit qui en résulte vient-il du mortier ou du pilon ? Réfléchis bien et réponds, sinon je te ferai pendre immédiatement ! ».
On dit que le silence est un ami qui ne trahit jamais.
Le sage garda un moment le silence, puis il dit : Le bruit vient des deux.
Le Roi : Mais dans quelle proportion d’intensité ?
Le sage, ne sachant quoi répondre, resta muet.
Hediala reprit : Dépêchons-nous donc, prétendu sage, dont la connaissance se situe en-deçà d’un mortier et d’un pilon !
Au même moment, un homme sale, bizarre, crasseux, avec des habits tout déchirés fendit la foule et s’avança vers Hediala.
Le fou : Ô Roi ! Aucun homme n’ayant jamais été frappé de commotion cérébrale ne poserait pareille question, et pour y répondre il faut avoir l’esprit fêlé. Ainsi, c’est moi qui vais te donner satisfaction.
Et, levant le bras, il assena au Roi une gifle si sonore que même les oiseaux qui se reposaient sur les branches des arbres s’envolèrent. Une gifle si sonore que chacun l’entendit dans tout le village. Puis il éclata de rire :
Le Fou : Eh bien, ô Roi ! Est-ce de ma main ou de ta joue qu’est sorti le bruit, et dans quelle proportion ?
Chant
Il faut souvent un fou pour instruire un tyran.
Crédits
Le Roi et le fou
Extrait de "Petit bodiel et autres contes de la savane"de Amadou Hampâté Bâ.
Interprété par Rebecca Kompaoré, Charles Kohoury, Jean-Marc Kouasi Kouadio et Vincent Kouamé.
Musique : Jean Sempé Ake Olloé.
Recherche des contes et adaptations : Flore Kra, Valérie Gobey, Eugène Konan et Elvis Tanoh.
Production déléguée : Sonia Arruda Touré, Romain Masson
Assistant de production : Romain Chmiela, Eugène Konan,
Assistant à la réalisation : Elvis Tanoh.
Réalisation : Laure Egoroff et Tidiane Thiang.
Remerciements à Thomas Weill, Yanick Zagba, Sony Music Africa, Stéphane Dogbo, et les équipes de RFI.
Avec le soutien du programme "Accès Culture" de l'Agence française de développement et l'Institut français.
Une production Making Waveset Des Livres Pour tous - Côte d'Ivoire
Mon, 14 Jun 2021 - 1 - Bande annonce • L'Afrique en conte
À partir du 14 juin, retrouvez L'Afrique en conte, une série podcast de 10 contes africains collectés en Côte d'Ivoire par l'ONG Des livres pour tous et adaptés sur place sous forme de fictions sonores par le collectif Making Waves.
Des bibliothécaires de l’ONG Des livres pour tous sont allés dans des quartiers et des villages de Côte d’Ivoire pour collecter des contes auprès des populations, avec une ambition : mettre à la disposition des oreilles du monde entier ces histoires issues du patrimoine ivoirien que l’on retrouve également un peu partout en Afrique de l'Ouest.
Avec les créateurs sonores du collectif Making Waves, ils ont sélectionné 10 contes, les ont adaptés en micro-fictions de 6 à 10 minutes enregistrées avec des comédien.nes et des musicien.nes, pour donner naissance à une série de podcasts : L’Afrique en conte.
Mon, 07 Jun 2021
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