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Longitude 181 • Fréquence Terre

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Daniel Krupka

Longitude 181, une chronique de Daniel Krupka. Apprenez à respecter la mer et les océans

1036 - Le saumon c’est déraisonnable !
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  • 1036 - Le saumon c’est déraisonnable !

    Fumé ou pas, le saumon est de toutes les tables. Pourtant sa chair concentre des polluants tels que les métaux lourds ou les résidus de médicaments évacués par les eaux d’égout. Reste que la consommation de saumon par l’homme devient déraisonnable. D’ailleurs le saumon sauvage, celui qui vivait entre aux douze des rivières où il naissait et l’Atlantique où il vivait pour finalement finir ses jours dans ses eaux natales, n’est qu’un souvenir en comparaison des quantités industrielles qui ont été pêchées jusqu’à le mettre en situation de vulnérabilité. C’est ce que clame l’UICN, l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature, qui classe le saumon de l’Atlantique dans les animaux vulnérables au vu de la décroissance de sa population de l’ordre de 75% au cours des vingt dernières années. En dehors de l’Ecosse, de l’Irlande, de l’Islande et de la Norvège, la plupart des rivières d’Amérique du Nord et d’Europe ne voient plus passer un seul saumon.
    Les raisons ? Les barrages qui les empêchent de remonter des cours d’eau pour frayer, la pêche excessive et la pollution. D’ailleurs, la sensibilité du saumon aux pollutions et donc la présence de ce poisson prédateur constituent un indicateur de la santé des cours d’eau. Et l’élevage n’est pas une solution. Loin s’en faut. L’aquaculture menace directement les océans. Le saumon est un carnivore. Pour un kilo de saumon élevé, c’est jusqu’à 8 kilos de poisson qu’il faut prélever dans les océans. Au Chili, on constate d’ores et déjà la chute libre des stocks d’anchois utilisés en nourriture de croissance rapide. Dans ces élevages d’ailleurs, le risque de maladie n’est pas négligeable et se transmet aux populations sauvages lorsque le saumon d’élevage s’échappe tout simplement des cages où il cohabite avec plusieurs milliers de ses congénères. Bien entendu, pour éviter toute maladie, on donne à ces saumons des traitements à base d’antibiotiques ou de produits chimiques pas toujours recommandables. Et ces polluants se retrouvent immanquablement dans les océans et dans la chaîne alimentaire avec des dommages collatéraux sur l’environnement. Dans sa cage, le saumon est stressé. Et bien souvent, de nombreuses pertes sont à déplorer en raison de ces conditions d’élevage où prime la rentabilité. Une fois de bonne taille, le saumon d’élevage sera tué par asphyxie, à l’air, au CO2, après avoir été préalablement affamé pendant une bonne semaine. Et tout se paye. L’homme, en étant en haut de la chaîne alimentaire, paye son écho à ces méthodes d’élevage pour le moins brutale et irrespectueuse de l’environnement.
    On pourrait demander à chacun de consommer moins, en vain, car la réalité, soyons pragmatiques, nous rattrapera. En vidant les océans, en dévoyant les conditions de vie des saumons, nous ne faisons qu’accélérer le processus de moindre quantité de poissons pour une population et une demande de plus en plus grande, souvent inutile. Attendons encore un peu. Le problème sera résolu par la disparition irréversible des poissons dans les océans. Je vous invite tout simplement à prendre vos responsabilités.

    Mon, 29 Apr 2024 - 3min
  • 1035 - Les filets fantômes, filets de la mort

    Les filets de pêche, dès lors qu’ils sont perdus, continuent de faire des ravages au fond des mers.
    C’est d’ailleurs le constat fait par de nombreux plongeurs qui observent facilement des filets qui ont des prises de quelques kilos à plusieurs tonnes de poissons qui pourrissent dans les eaux. Ces filets sont des filets en cordage issus de la pétrochimie telle que le nylon, des filets en coton et de nombreux filets ont été abandonnés par les chalutiers industriels. Mais c’est le filet en nylon qui reste le plus dangereux car il n’est pas biodégradable. En clair, dès qu’il est perdu en mer, il va continuer de prendre dans ses filets de nombreux poissons et pendant très longtemps.
    Le scénario est en fait le suivant. Pendant environ deux ans, le filet va pêcher en restant entre deux eaux pour s’affaisser et couler au fond où il continuera de tuer les coquillages par exemple. Il faut environ 600 ans pour qu’un filet en nylon se désagrège dans l’eau, avec d’ailleurs une pollution collatérale car comme tous les plastiques, en se désagrégeant, le filet libère des matières toxiques dans l’eau.
    De nombreux exemples témoignent de ces dégâts. Le murex qui est un coquillage se raréfie en raison de cette pêche fantôme. Le requin-ci a également presque disparu pour les mêmes raisons. Le rostre de ce dernier étant dentelé, il s’accroche sur les filets jusqu’à s’emmêler sans pouvoir s’en dépêtrer. Et on ne compte pas les tortues, les dauphins, les poissons-lunes régulièrement pris au piège. En fait, les poissons sont pris au piège par deux fois. Les premiers qui y sont pris y meurent, pourrissent et attirent leurs prédateurs ou les organismes macrophages tels certains crustacés ou coquillages. C’est à leur tour d’être pris au piège, de mourir et d’en attirer d’autres. Et le massacre continue.
    Ce type de désastre que l’on rencontre dans les zones de pêche intensives, telles qu’au large de l’Afrique, dans l’océan Indien ou dans certains Dom-Tom, mérite l’attention des pêcheurs et des médias et des politiques. D’autant que des règles existent pour bannir certains filets en nylon. Mais le plus souvent, ces règles sont bafouées dans les pays en voie de développement où les contrôles sont quasi inexistants.
    La seule solution effective est de faire prendre conscience aux populations côtières et aux pêcheurs de l’intérêt de protéger les populations de poissons par une décision commune pour un arrêt des filets non biodégradables. Au final, c’est la seule volonté des professionnels de mettre fin à un massacre qui finalement leur est préjudiciable, dont on peut espérer réellement une solution, et qui se doit d’être soutenue par nos politiques dans un cadre national et international.

    Mon, 29 Jan 2024 - 2min
  • 1034 - Bifurquons ! – Ep.8 – Laisser cet endroit plus propre que vous l’avez trouvé !

    8ème opus de cette série : Bifurquons, qui vise à emprunter un nouveau chemin face aux multiples crises parallèles, qu’elles soient économiques, politique, écologique, climatique, sociale, internationale. Nous avons pu observer que les solutions pratiques ne manquent pas mais que ce sont nos décisions, nos modèles, , notre absence de prise en compte du vivant nos comportements  qui structurent notre société .
    Et au niveau comportement, n’y aurait-il pas quelques ajustements à faire ?
    Car on peut se poser des questions sur la manière dont on garde notre environnement sain et vivable. Imaginez que vous soyez un extra-terrestre et que vous observiez la terre, il ne vous échappera pas que la surface de la planète est jonchée d’immondices, que les mers et océans sont des poubelles, que rien n’échappe à notre envahissement, que des terres entières sont détruites, polluées, aménagées stérilement, sans âme, sans vie, et que même dans votre voisinage, on fait preuve de peu de retenue pour laisser encombrants, matériaux, et désordre à vue.  De plus, qui n’a pas vu des zones industrielles et commerciales immondes, des friches industrielles laissées pour compte ? Ajoutons -y le moins visible :  les sols gorgés de produits chimiques, des terres stériles, sèches sans vie, des nappes phréatiques polluées.
    Toutes ces surfaces font l’objet dans leur grande majorité d’une appropriation par les humains, commune ou privée.
    La gestion de nos communs : sols, rivières, mers, océans, forets, etc.   est le plus souvent amputée, et fait la part belle en surface à la propriété privée soit d’individus soit de personnes morales, entreprises pour la plupart.
    Il faut dire que la gestion des communs, dès qu’elle est inefficace, trouve la solution facile d’un repreneur à titre privé. Et il faut le dire, gérer des communs n’a rien d’une sinécure :  eh oui il faut gérer ensemble, pas facile dites donc, réunir tous ceux qui sont concernés ou impliqués, trouver une concertation et un mode de gestion qui satisfasse les intérêts de tous, ou de certains en particulier. Compliqué, difficile, trop couteux, allez hop, confions cela à une gestion privée : vous allez voir ce que vous allez voir en efficacité, surtout financière au profit de quelques-uns.
    Et puis, la nature humaine ayant des travers, si cela doit rester commun ou utilisée par plusieurs, il y a toujours quelques fâcheux indélicats qui trouvent le moyen de polluer ces surfaces. Pas convaincu, faites donc un tour sur les abords de route ou d’autoroutes, un bien commun qui est à tout le monde et à personne, combien d’immondices se trouvent sur les bas cotés ? des milliards…
    Et pour ce qui est de privatiser, on s’y entend bien, et c’est ce que nous avons fait pendant les derniers siècles depuis que la propriété a été érigée en droit individuel, c’est-à-dire depuis la Révolution. Un exemple : la forêt française. En France, trois quarts des forêts sont privées. Le quart restant est public et se répartit entre forêts domaniales et les autres forêts publiques, essentiellement des forêts communales. Avec des complexités en termes d’accessibilité, certes mais surtout d’évolution non maitrisée selon que l’on détruit la biodiversité présente, qu’on la remplace par de rentables alignements d’arbres dans un environnement vide de vie.
     
    Pourtant la propriété privée a du bon du point de vue du petit propriétaire terrien, qui a son cocon pour lui, son bout de terre, sa surface et il est juste qu’il ait un toit sur la tête. Il peut aussi sur un terrain y cultiver son jardin personnel, mais il peut aussi y faire plus ou moins ce que l’on veut et parfois le pire. Le jardin peut être un dépotoir et la maison un grand bazar hideux. Et quand cette propriété privée s’étend à des surfaces importantes, le plus souvent nous avons créé des structures opaques de propriété privée pour en jouir. Des sociétés immobilières, des entreprises de toute taille,

    Mon, 22 Jan 2024 - 6min
  • 1033 - Bifurquons ! – Ep.7 – Donner des Droits à la nature et à l’Océan !

    Septième opus de cette série : Bifurquons, qui vise à emprunter un nouveau chemin face aux multiples crises parallèles, qu’elles soient économiques, politique, écologique, climatique, sociale, internationale. Nous avons pu observer que les solutions pratiques ne manquent pas mais que ce sont nos décisions, nos comportements, , notre absence de prise en compte du vivant dont nous faisons partie qui sont les problèmes, en raison des modèles politiques, économiques et juridiques qui structurent notre société .
    Et  au niveau juridique , la question se pose : faut -il donner des Droits à la nature ? donner des droits à l’Océan ? Et le peut-on ? car il s’agit de changer de regard sur le vivant.
    Historiquement le droit est issu du droit romain qui visait à gérer la possession ou propriété des objets. D’ailleurs le droit s’est constitué avec d’une part des sujets de droit et des objets de droit. Pour les sujets de droit, ils sont les seuls à détenir une personnalité juridique avec droit propres (droit d’être, de penser, de faire, d’agir en son nom propre…) et des obligations.
    Jusqu’à présent, les sujets de droit étaient les humains. Et encore pas tous, les femmes, les enfants et les personnes de couleur n’ont rejoint les sujets de droit que tardivement. L’abolition de l’esclavage et donc les personnes de couleur devenant des sujets de droit aux Etats-Unis date de 1865 seulement.
    Et en dehors des humains, les autres sujets de droit sont les personnes morales c’est a dire les entités fictives créées que sont les associations, les entreprises commerciales, les organisations répondant à un statut de personne morale.
    Nous avons donc posé des droits propres que sur l’humain et sur ses constructions organisationnelles et collectives. Le reste est objet de droit. Et un objet de droit, tel que la nature, les êtres non humains, les milieux naturels, est susceptible d’être approprié par un sujet de droit.  Son propriétaire, selon la législation du pays, peut en faire ce qu’il veut.
    Pourquoi les êtres vivants, les espèces et les écosystèmes qui en sont composés ne pourraient pas jouir d’une personnalité et lui reconnaitre des droits propres, et au premier chef, celui d’exister ?
    C’est la question posée depuis quelques années par des ONG de protection, des avocats, des politiques. Avec des débuts de mise en œuvre dans quelques pays tels que l’Equateur, la Nouvelle-Zélande, l’équateur et plus près de nous l’Espagne.
    Qu’est ce que cela change d’avoir le statut de sujet de droit et d’avoir une personne juridique ? Cela permet, comme ça le permet aux entreprises et à vous par exemple, d’aller en justice, de se défendre, de s’exprimer par l’intermédiaire de porte-paroles, par exemple lors d’un procès. Pour l’instant, si un écosystème ou une espèce sont mis en danger, n’étant pas sujets de droit, aucune action légale tant qu’aucun sujet de droit n’est atteint n’est possible, hormis quelques exceptions à la marge précisément dans les droits de l’environnement qui se créent sous la pression de la société civile par exemple, droits qui restent des petits pas qui sont soit symboliques ou peu appliqués, comme la reconnaissance du préjudice écologique dans des conditions à apprécier.
    Est-il réaliste de donner des droits à la nature ?
    Tout d’abord, revenons aux bases de notre société : la déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789. Alors qu’il y a toujours esclavage dans les colonies, que les femmes n’ont pas les mêmes droits que leur maris, que les enfants sont subordonnés totalement, on a défini les droits naturels de l’homme dont la liberté, et la propriété individuelle. Ce faisant, la protection du collectif ou des communs a été reléguée au second plan, mais également l’ensemble du vivant non humain. Sur ces principes ; compétition et valorisation de l’individu se sont instaurées, au détriment de la protection du collectif, des communs.

    Mon, 15 Jan 2024 - 6min
  • 1032 - Bifurquons ! – Ep.6 – Changer de modèle : rendre impossible ce qui n’est pas souhaitable !

    Sixième opus de cette série : Bifurquons, qui vise à emprunter un nouveau chemin face aux multiples crises parallèles, qu’elles soient économiques, politique, écologique, climatique, sociale, internationale. Nous avons pu observer que les solutions pratiques ne manquent pas mais que ce sont nos décisions, nos comportements, nos modèles d’existence, notre absence de prise en compte du vivant dont nous faisons partie qui sont les problèmes.
    Et justement nos modèles, qu’ils soient politiques, économiques, sociaux, ou industriels sont pour la majorité d’entre eux, liés à des techniques présentées comme des solutions toujours adéquates. L’idéologie moderniste nous a enfermés dans la croyance qu’aucun problème ne demeure bien longtemps sans solution technique. Et comme l’écrit Nicolas MARJAULT dans son excellent livre « Bassines, la guerre de l’eau », nous nous enferrons dans une lutte sans fin visant à rendre possible ce qui n’est pas souhaitable, à utiliser la technique avant tout comme outil magique pour résoudre ce qui est incompatible avec nos modèles de croissance, et conserver envers et contre tout ce qui n’est pas souhaitable pour le bien commun du vivant.
    Un exemple : La croissance économique et l’empreinte écologique du PIB. Ils sont antinomiques. On appelle à la rescousse l’innovation. Mais bien souvent, les techniques qui permettent d’affronter les problèmes sont parties prenantes des causes qui génèrent ces mêmes problèmes dans un cercle vicieux qui mène à l’effondrement.
    Dans le cas de l’océan, et pour exemple celui de la surpêche, on aura dans un premier temps ratissé les fonds et côtes les plus proches avec des moyens de pêche destructeurs. Dès lors, on cherche à sauver le système productif ou plutôt extractif en poussant plus loin l’aventure. Avec des innovations et des techniques qui permettent d’aller plus loin, plus profond, de détecter tout banc de poisson à distance, pour continuer à creuser la pénurie de poisson jusqu’à l’effondrement. On rend possible ce qui n’est pas souhaitable : un effondrement de la biodiversité, des populations de poissons.
    Que cherche t- on ? Des hauts rendements de court terme et des valeurs ajoutées coûte que coûte. On imagine pouvoir s’extraire des contraintes du milieu océanique, de sa biodiversité en façonnant à sa guise les moyens d’intervention. En gros, on rêve, après avoir pris connaissance des méfaits de plusieurs décennies d’aveuglement, d’une meilleure expérience des méfaits futurs avec la technique au service d’une croissance économique affranchie des limites planétaires, dont l’effondrement de la biodiversité, le réchauffement du climat par exemple.
    Notre inventivité n’a pas de bornes pour rendre possible ce qui n’est pas souhaitable. Et on peut multiplier les exemples : exploration pétrolière délétère pour assouvir la soif d’énergie carbonée, exploration et extraction de minerai, ingénierie agricole au service de l’agriculture intensive, etc…
    Cela ferait rire si ce n’était pas si révélateur de notre folie :  si les vaches d’élevage intensif, en nombre suite à notre consommation effrénée de viande, génèrent du méthane, si elles pètent, eh bien utilisons un composé synthétique pour inhiber l’enzyme responsable du dégagement de méthane. Mais surtout ne changeons rien, continuons de consommer.
    Qu’on ne se méprenne pas. Je ne tire pas ici à boulet rouge sur toutes les innovations scientifiques ou techniques, ce que je questionne ce sont ces innovations qui doivent nous permettre de transitionner vers une société décarbonée, et résiliente aux effondrements des écosystèmes en cours.
    Très clairement, le capitalisme financier ne veut pas évoluer, ni changer. Il ne souhaite en aucun cas changer de système de production, de baisser un rendement ou diminuer une valeur ajoutée financière. Il continue une démarche jusqu’au-boutiste, qui mènera à sa destruction  et surtout à la nôtre,  en faisant usage de toutes les techniques pour main...

    Mon, 08 Jan 2024 - 5min
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