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Toute l’année, nos reporters croisent des artistes du continent et d’ailleurs. Dans leurs maisons, dans les coulisses des concerts, les chambres d’hôtel où dans la rue se nouent des rencontres uniques où l’on parle de soi, du son et du monde. Cet été, pendant neuf semaines, chaque samedi, RFI vous propose une série de photographies sonores avec ces musiciens : ce sont les pépites radiophoniques de Guillaume Thibault.
- 25 - Le virtuose sénégalais de la kora Ablaye Cissoko veut «être disponible envers les autres peuples»
Fin juin, le Festival de Gnaoua se tenait à Essaouira, dans le sud du Maroc. Un lieu parfait pour l'auteur-compositeur et musicien Ablaye Cissoko, virtuose de la kora, qui a enchanté le public sur la mythique scène du Borj Bab Marrakech.
Tendre, attachant et si puissant lorsqu’il pose ses doigts sur les cordes de son instrument, Ablaye Cissoko voit sa kora comme une bénédiction. « Je suis sûr que j’ai joué de la kora dans un autre monde, c’est sûr et certain. Je suis fasciné et j’adore cet instrument, c’est extraordinaire. C’est une grande bénédiction. » Il ajoute que c’est la kora qui est venue le trouver, lorsqu’il était petit.
Pour Ablaye Cissoko, il faut savoir rire et profiter de l’instant, car ceux qui souffrent ne sont jamais bien loin et il ne faut pas les oublier. « Haïti, c’est une pièce que j’ai écrite pour le peuple haïtien. Et donc là, je dis : nous, on est en train de rire, on est en train de prendre du plaisir et Haïti est en train de pleurer. Même si la vie d’un homme est faite ainsi, aujourd’hui, on rigole, mais voilà, on est appelé à pleurer, ça parle de ça. »
Ce soir-là, au soleil couchant, l’immense sourire d’Ablaye Cissoko porte loin. Sans doute, car Essaouira et sa ville de Saint-Louis du Sénégal sont pour lui une et même maison. Avec sa voix et sa kora, Ablaye Cissoko sait donner, transmettre. Et il nous rappelle en cette fin d’été, dans un monde victime des conflits, que chacun peut faire le choix d’être là pour les autres : « On a chacun de nous des choses à apprendre et on a aussi des choses à donner. Mais il faut qu'on se montre disponible pour notre peuple et disponible aussi pour les autres peuples, parce que c'est en étant disponible pour l'autre que l'on peut arriver à faire évoluer les choses. » Il chante :
« Tu me demandes de ne pas parler, je me tais.
Tu me demandes de ne pas regarder, je ferme les yeux.
Tu me demandes de ne pas marcher, je reste sur place.
Mais je souhaiterais à mon tour te demander une chose.
Ne m’empêche jamais de sourire. »
Retrouvez toutes Les Pépites musicales de RFI ici.
Sun, 01 Sep 2024 - 24 - Le chanteur nigérian Keziah Jones: le changement passera par une «révolution»
Keziah Jones, Olufemi Sanyaolu à l’état civil, c’est un son et un jeu de guitare uniques. Inventeur du « blufunk », le génial chanteur et guitariste revient sur son parcours et son militantisme pour RFI.
C'est à 11 ans qu'il touche la « six cordes » pour la première fois « C’était chez un ami ! Il avait une électrique, une Fender, modèle Stratocaster,se souvient Keziah Jones, quatre décennies plus tard.J’ai tout de suite aimé le son. Ce que j'adore, c’est l’idée que la guitare soit comme une percussion. »
Certains découvrent la musique et le chant à l’église. Pas Keziah Jones, dont le père refusait de s'y rendre le dimanche matin. Ainsi, le fils restait à la maison avec son patriarche mélomane et alors : « Mon père mettait de la sacrée bonne musique, ses musiques préférées, sur la chaine stéréo. Et LA musique de l’époque, c’était celle d’un gars qui s’appelle Yusufu Olatunji, un maitre de la musique traditionnelle, l’apala. J’adore ce son », confie le guitariste.
Keziah Jones s’est ensuite abreuvé de musique, surtout de voix, de grandes voix, pour compléter son jeu de guitare. « Je suis tombé amoureux des grands vocalistes, Mahalia Jackson, Nina Simone, Aretha Franklin,cite-t-il. Et puis aussi Ray Charles, qui m’a vraiment influencé. Et j’ai tout de suite eu envie de le copier ».
« La solution, c’est probablement la révolution »
Panafricaniste, militant, le musicien de 56 ans reste ancré dans son continent africain, entre Lagos et Dakar, toujours sur les traces d’un autre activiste dont il a recueilli la dernière interview en 1996, Fela Kuti. « La solution, c’est probablement la révolution. Cela viendra plus tard, sans doute dans deux ou trois générations, car le monde est de plus en plus inéquitable. Et cela ne peut plus durer,martèle-t-il, les riches de plus en plus riches, les pauvres, de plus en plus pauvres. Les pauvres sont les plus durement touchés, notamment au niveau écologique. »Et de conclure : « Cela ne peut plus durer… »
Sat, 31 Aug 2024 - 23 - Le trompettiste libanais Ibrahim Maalouf, aimanté par l'Afrique
Épisode 14, ce dimanche 25 août, direction Saint-Nazaire, dans l'ouest de la France, où se tenait mi-juillet le festival des Escales. Dans les loges, RFI a rencontré un virtuose de la trompette, le Libanais Ibrahim Maalouf.
La voix juste. La note juste. Et une quête : Ibrahim Maalouf s’interroge en permanence sur notre monde, l’homme et son équilibre.
Quand on naît, nos parents sont impatients de nous voir parler, marcher. Mais le jour où on parle et on marche, ils nous demandent de nous taire et de nous asseoir.
Né au sein d’une grande famille d’artistes et d’intellectuels, Ibrahim Maalouf a la musique dans le sang.
J'ai commencé à composer avant même de savoir jouer de la trompette. À 5 ou 6 ans, je composais déjà des trucs. Je n'ai aucun souvenir de la vie sans que la musique soit le centre du monde.
Donner de la joie
Lié au Liban, parti chercher une part de lui en Égypte sur les terres d’Oum Kalsoum, Ibrahim Maalouf est aimanté par le continent africain, quasiment un rêve d’enfant.
Un des premiers sons que j'ai entendus, c'était Mory Kante. J'avais 7 ou 8 ans. C'était incroyable ! Ce thème, je ne l'ai jamais oublié de ma vie. Je me rappelle même ma sœur qui me regardait avec des yeux exorbités en se demandant comment est-ce que j'arrivais à chanter ce truc... Je lui répondais : « C'est parce que c'est nous, ça en fait ! » Elle me disait : « Mais ce sont des musiques africaines ! », et je lui disais : « Mais oui ! C'est exactement la même chose que ce que nous chantons ! » Quel est le lien entre Oum Kalsoum et le jazz new-yorkais ? L'Afrique.
La trompette d’Ibrahim Maalouf a depuis résonné chez Salif Keita, Amadou et Mariam ou encore feu Toumani Diabaté. Un artiste majeur, universel, qui cherche avec ses notes à transmettre son engagement.
Je ne préfère pas dire « politique », je préfère dire « engagé ». De ne jamais se laisser tomber ou de laisser tomber les autres. Ne jamais accepter la souffrance des autres, toujours essayer de trouver quelque chose pour donner espoir. Remettre de la joie, en fait.
À lire aussiIbrahim Maalouf sur le terrain des musiques urbaines avec son nouvel album «Capacity to love»
Sun, 25 Aug 2024 - 22 - Highlife mon amour avec le groupe ghanéen Santrofi
Au Cap-Vert, le groupe Santrofi, venu du Ghana, a embrasé les rues de Praia et la scène du festival Kriol Jazz avec sa musique highlife. Ils ont clôturé, avec talent, le prestigieux festival en avril dernier.
De notre envoyé spécial à Praia,
Ils sont charismatiques, touchants et sacrément puissants. En pleine rue, à Praia, les musiciens de Santrofi improvisent et partagent leur son si particulier. « Le mot Santrofi vient de la mythologie et de la civilisation Akan qui existe chez nous,explique Emmanuel Ofori Kodjo, le bassiste et le chef d’orchestre du groupe, c'est un emblème avec cinq ailes, qui correspond justement à la diversité qu'on a à l'intérieur de notre collectif. »
À l’église, dans la rue, dans les cafés, les membres de Santrofi ont appris la musique dans leur quartier, en écoutant également Osibisa et les anciens. « Avec notre groupe, on joue une dizaine de chansons, mais pour nous, c'est toujours une nécessité et un honneur de jouer une chanson d'un de nos héros. Et Osibisa, effectivement, est un groupe qu'on adule »,confie le bassiste.
Le highlife, une musique douce et belle née dans les années 1900
Santrofi porte l’héritage de la musique highlife, « la grande vie », née dans les années 1900. Une musique douce, si belle, qui lie les chants de marins, les fanfares militaires et les percussions du Ghana. « Le highlife fait partie de notre réalité. C'est-à-dire que c'est quelque chose qui est autour de nous, qui est en nous, qui nous habite et qui en fait marque complètement notre devenir,raconte Emmanuel Ofori Kodjo, on ne peut pas y échapper. C'est pour ça que comme on respire le highlife, on l'extériorise, on le change, on le fait évoluer. »
Activistes, engagés, les membres de Santrofi parcourent désormais le monde et passent leurs messages : « Si jamais tu plantes une rose, la rose peut devenir une fleur extraordinaire. Mais la rose a des épines et elle pique. C'est cela qu'il y a derrière Santrofi. Il y a des choses qui ont une valeur inestimable, il faut toujours penser au fait qu'il y a un revers de la médaille », conclut le chef d'orchestre du groupe.
Sat, 24 Aug 2024 - 21 - Maroc: Mehdi Nassouli, le globe-trotter du guembri
Ce samedi 18 août, nous partons dans le sud du Maroc, à Essaouria où se tenait en juin dernier le mythique festival Gnaoua. Guillaume Thibault a croisé la route du jeune Maâlem, le « globe-trotter du guembri », Mehdi Nassouli.
Si Mehdi Nassouli a un gène en plus, c’est celui de la « bougeotte » et de la curiosité. Maâlem et poète, le musicien a appris cet art des gnaouas chez lui, à Taroudant.
« Mon grand-père était un gnaoua à Taroudant. Ça a sauté une génération parce que ma mère est une femme et ils ne pouvaient pas prendre ça. Je suis sorti de la maison et j'ai appris ça dans la rue avec des maîtres », explique-t-il.
Ce grand-père porte un héritage particulier, héritage ancré profondément dans la vie et la musique de Mehdi Nassouli.
« Si on peut le dire, il était parmi les dernières esclaves à être libéré au Maroc. Heureusement que ma génération est née libre », témoigne Mehdi Nassouli.
Une musique « un peu chamanique »
Mehdi Nassouli est une bibliothèque des cultures traditionnelles et de l’histoire de la musique Gnaoua, notamment celle, particulière, de sa ville Taroudant.
« L'histoire des gnaouas, c'est celle des esclaves noirs que les Arabes ont ramenés en Afrique du Nord. Les confréries ou les ethnies d'où viennent nos ancêtres sont des Bambaras du Mali, des Yorubas du Bénin... Elle est un peu chamanique, cette musique. On parle aussi de la route des caravanes, tous ces gens étaient aussi obligés de passer par Taoudeni. C'est pour ça qu'il y a eu une concentration de ces styles musicaux dans cette région-là », précise le musicien.
Comme dans cette chanson Bambara, Mehdi Nassouli puise dans ses racines africaines. Des rythmes, des sons, des textes.
Mehdi Nassouli continue de parcourir le monde, joue avec les plus grands Titi Robin, Fatoumata Diawara, Justin Adams et de chanter des valeurs essentielles : le respect, l’identité, l’égalité et l’amour.
À lire aussiMaroc: la rencontre entre le virtuose du guembri Hamid El Kasri et le groupe guadeloupéen Bokanté
Sun, 18 Aug 2024 - 20 - Maroc: la rencontre entre le virtuose du guembri Hamid El Kasri et le groupe guadeloupéen Bokanté
Ce samedi, nous partons dans le sud du Maroc, à Essaouira où se tenait en juin dernier le mythique festival Gnaoua. Les programmateurs de cet évènement aiment créer des « fusions » entre les maâlems, les maîtres de cette tradition soufie et des artistes du monde entier. Guillaume Thibault nous raconte aujourd'hui la rencontre entre le génie Hamid El Kasri et le groupe, venu de l’île de la Guadeloupe, Bokanté.
Commençons par l’invitée. Une chanteuse réputée qui aime citer Nina Simone, Malika Tirolien a un sacré bagage harmonique. Native de Guadeloupe, posée au Canada, la chanteuse aime explorer son monde.
« On sent qu'on est tous connectés, c'est ça ce que Bokanté représente. C'est la connexion de tous les peuples du monde. On se rend compte que, finalement, dans toutes nos différences, on est quand même tous les mêmes », se réjouit-elle.
L’hôte de cette création unique est aussi une sacrée voix et un virtuose du guembri. Hamid El Kasri pourrait être le père de Malika Tirolien, il porte un regard bienveillant sur la chanteuse.
La musique, un outil salvateur
« Particulièrement avec Malika, la chanteuse de Bokanté, je savais dès le début qu'on aurait un vrai échange, parce qu'on est sur des voix et un répertoire plutôt spirituels et qui viennent de l'âme », témoigne Hamid El Kasri.
Réponse de la musicienne au doyen du Guembri : pour Malika Tirolien, la musique sera l’une des solutions aux troubles qui touchent le monde.
« La musique a toujours été salvatrice et je pense que dans ce monde de violence et de divisions, c'est peut-être elle qui nous rassemblera tous », sourit la chanteuse.
Une vision partagée par Hamid El Kasri qui a su, sur la grande scène du festival, transmettre son savoir et les secrets de la tradition gnaoua à Malika Tirolien. Pour une fusion unique, hors du temps.
« À chaque fois, je me sens juste être humain. Le Bon Dieu nous a tous mis sur Terre. La première chose qui nous rassemble, c'est l'amour de la musique », note le musicien.
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Sat, 17 Aug 2024 - 19 - Mali: pour le guitariste virtuose Guimba Kouyaté, la tradition griotte en héritage
Au Maroc, lors du dernier festival Gnaoua d’Essaouria en juin, Guillaume Thibault a croisé la route d’un jeune guitariste virtuose. Né en France à Saint-Denis, il porte l’héritage des grands de la « six cordes » comme Ali Farka Touré. Son nom : Guimba Kouyaté.
Imposant, puissant, Guimba Kouyaté est un colosse aux doigts agiles lorsqu’il se met à jouer sur sa guitare. Un gamin devenu rapidement virtuose, né au cœur d’une famille de musiciens à Bamako, quartier Djélibougou.
« J'ai commencé par le n'goni, que mon père m'a appris. [Mon père], c'était Mamaye Kouyaté. Et ma mère, chanteuse malienne aussi, Mah Damba. J'ai commencé par le n'goni depuis l'âge de cinq ans... Jusqu'à mes sept ans, où j'ai bifurqué vers la guitare. On naît griot, on ne devient pas griot. Cela se transmet de père en fils », estime-t-il.
Ensemble sur ce titre, Mah Damba et Mamaye Kouyaté ont donc transmis à leur fils les secrets de la tradition mandingue. Comme tout griot qui se respecte, Guimba Kouyaté se doit de jouer au présent. Dans la lignée des guitaristes des grands orchestres du continent, son jeu est aujourd’hui très prisé.
« J'ai eu la double culture de la France et du Mali, donc j'ai ramené un autre jeu qui est beaucoup pratiqué aujourd'hui en Afrique de l'Ouest. C'est une autre manière de jouer à la guitare, je ne joue pas avec le médiator, tout se joue aux doigts. Quand on parle de guitariste, on dit forcément Guimba Kouyaté... Je n'ai pas fait exprès, c'est le travail qui a fait ça. La nouvelle génération, ils sont fans, ils adorent ça !» se réjouit-il.
Aya Nakamura, Fatoumata Diawara, Oumou Sangaré, Matthieu Chedid, Brian Eno… La liste des collaborations de Guimba Kouyaté est sans fin. Sans doute parce que son but est tout simple, partager sa musique.
« C'est la douceur, l'amour, l'émotion que j'aime beaucoup dans la musique. C'est ce qui parle ! Cela fait pleurer, cela fait danser, cela fait... tout ! La musique a sa place dans toute chose de la vie, dans le bon comme le mal !» philosophe le griot.
Le bon comme le mal, mais avec surtout l’idée de tirer tout le monde vers le haut. Guimba Kouyaté est donc plein d’espoir pour son Mali natal : « Pour le moment, ce n'est pas évident, mais tout le monde essaye de faire sa part des choses. Tout ce qui est difficile devient facile un jour !»
À écouter aussiSession Live Cheick Tidiane Seck, Reggie Washington, Sonny Troupé et Guimba Kouyaté
Sun, 11 Aug 2024 - 18 - Fadal Dey, la légende du reggae ivoirien
C’était en mai dernier à Abidjan, en Côte d’Ivoire, qu’avait lieu le Femua, le Festival des musiques urbaines d’Anoumabo. Lors de cet évènement, l’une des icônes du reggae africain était présente : l’Ivoirien Fadal Dey.
Se poser avec M. Koné Ibrahima Kalilou dit Fadal Dey, c’est une chance et un souci. Une chance tant l’homme, dans la tropicale Abidjan, transpire la bienveillance. Un souci, car personne n’a envie de quitter Fadal Dey. Surtout lorsqu’il raconte sa vie et son amour pour la musique.
« Mon grand-père était musicien traditionnel chez nous à Odienne. Il pratiquait une danse traditionnelle. Et ma mère, paix à son âme, était aussi danseuse traditionnelle, d’une danse très connue, le zaouli. La musique a toujours été là dans la famille. »
C’est une chanson que Fadal Dey chantait au sein de la troupe de théâtre de son école primaire. École la semaine et boum le week-end avec les grands frères : « On a aussi découvert un reggae qui nous venait du Nigeria et on aimait les mélodies, on aimait les paroles. Mais c’est surtout l’arrivée d’Alpha Blondy qui nous a permis de nous dire : "On peut faire ça en langue africaine !" »
Alpha Blondy devient la référence, Fadal Dey commence à écrire. Nous sommes en 1983, le jeune chanteur compose une première chanson, restée depuis dans les cartons. Bible du reggae, Fadal Dey ne compte pas s’arrêter en si bon chemin. Il souhaite continuer à porter la bonne parole encore plus dans un continent marqué par les troubles, mais aussi par de réelles réussites.
À lire aussiLes bouillonnants membres du collectif Ago Gazo
Sat, 10 Aug 2024 - 17 - Les bouillonnants membres du collectif Ago Gazo
Rencontre avec un trio franco-togolais qui s’est produit au festival des Escales de Saint-Nazaire mi-juillet. Ago Gazo, quand la tradition est ambiancée sauce électro !
À l’origine du nom de cette machine infernale qui fait bouger les salles de danse, il y a un style qui rythme la vie quotidienne au Togo : le gazo. « Le gazo, c'est une musique du peuple Éwé, avec laquelle ils sont allés de l'Égypte au Togo,explique Ameteku Kossi Mensah, alias Ametek, chanteur et percussionniste, le son ga, c'est le fer, le son zo, c'est le feu. Musique de fer, musique de feu. »
Ago Gazo ne sort pas de nulle part. À la manière des chercheurs de sons, Valentin Tisserandet, alias Vidock, prince de l’enregistrement, est parti à de nombreuses reprises au Togo au village d’Ametek, Alawogbe, pour apprendre, comprendre et vivre le gazo : « J'ai eu l'occasion de découvrir les musiques locales, l'atumpani, le gazo, les musiques vaudous traditionnelles, etc. Et donc ce sont des choses qu'on a travaillées progressivement et je crois qu'on a mis cinq ou six ans avant de commencer à l'hybrider vraiment et à retourner là-bas dans le seul but de travailler sur Ago Gazo, qui est cette hybridation de la culture traditionnelle d'un métèque, qui est le gazo, et de moi finalement, ma culture traditionnelle, qui est plutôt les raves, la bass music, etc. »
Et pour compléter le groupe, Ametek et Vidock sont allés chercher Vincent Giroire aka Zeppo. Pianiste et percussionniste passé par le conservatoire et qui a découvert les sons du continent avec son père Bruno : « Il avait un groupe qui s'appelait les Yelemba d'Abidjan qui venaient de Côte d'Ivoire. Ça m'a toujours touché. Ça tombait de source qu'un jour, j'aurais un groupe qui ferait ça. Je l'ai cherché, je l'ai rêvé et les gars ont réalisé mon rêve. »
Toujours dans cette quête, les trois musiciens sont repartis au Togo valider en quelque sorte leur vision, le son d’Ago Gazo au village avec les jeunes et les anciens. Et comme dans les temps anciens, explique Ametek, leur musique joue son rôle : « Pour moi, c'était un accomplissement de rassembler des gens autour de ma musique, qui est le gazo, c'est top. »
Sun, 04 Aug 2024 - 16 - F-MACK, quand une voix arrête le temps
Rencontre avec LA révélation du festival des Escales de Saint-Nazaire qui se tenait mi-juillet dans l’ouest de la France. Son nom, F-MACK, un jeune chanteur hors du commun, né en Haïti, qui vénère autant le vaudou que la soul ou le rock.
Quand Fermilus Fils Lenor Mackenson chante, c’est comme lorsque la foudre frappe, le temps s’arrête, les corps se figent. Et tout le monde écoute ce gamin inconnu venu du Mexique pour ce premier concert en Europe.
F-MACK est né à Cité Soleil, à Port-au-Prince, en Haïti. Son père, Jean le Nord Fermilus, ses oncles, ses tantes : tout le monde chante, notamment lors des tâches quotidiennes. « Ils chantaient, lorsqu'ils faisaient la lessive... Peut-être qu'inconsciemment, j'écoutais ça et peut-être que ça vient de là », se demande l'artiste.
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C’est donc à l’enfance que F-MACK a décidé de plonger dans la musique. Et dès l’adolescence, c’est à l’église que sa voix se fait entendre. « J'étais à l'église, on organisait un concours, et j'ai gagné,se rappelle le chanteur. C'est à nous de construire le pays, c'est de ça que parlait ma chanson. »
Gamin et déjà militant pour son pays de naissance, Haïti, quitté pour des études de musique forcément au Mexique. Un pays d’adoption qui donne des envies, des rêves, comme celui d’aller voir ce qu’il se passe de l’autre côté de l’Atlantique sur le contient africain. Il explique : « Je ne sais pas ce que je vais trouver là-bas. Mais c'est retourner vers les racines, vers le début, vers où ça commence. »
Un regard de sage pour un jeune homme de 34 ans
F-MACK a cette délicatesse d’écouter avant de parler, d’essayer de comprendre avant de commenter. « On dit que s'il y a de la vie, il y a de l'espoir, et je l'espère bien », confie-t-il.
Et une voix sans âge, mystique, d’une puissance rare. Une voix qui emporte tout et soigne mieux que n’importe quel médicament.
Sat, 03 Aug 2024 - 15 - Le batteur algérien Karim Ziad: le gnaouas, c'est «ma madeleine de Proust»
C’est un batteur qui, en 50 ans de carrière, est devenu une légende. Rencontre avec Karim Ziad lors du dernier festival Gnaoua d’Essaouira, en juin dernier. Quand la sève des gnaouas coule dans tes veines.
« Ma grand-mère s’appelle Houria et le premier rythme qu’elle m’a transmis, c’était un rythme berber qu’on utilise dans les mariages algériens.» Alger, début des années 1970, Karim Ziad a 4 ans, il vit avec ses parents et cette fameuse grand-mère, joueuse de tambour qui lui fait aussi découvrir une confrérie qui va marquer sa vie : « C'étaient des gnaouas qui passaient dans les ruelles… On appelle ça Baba Salem. J’étais avec ma grand-mère, j’ai ressenti un truc incroyable et 50 ans après, c’est toujours le même sentiment, c'est pour cela que j’appelle ça " ma madeleine de Proust" ».
Derrière son regard d’éternel enfant, Karim Ziad est aussi déterminé et passionné. Après les tambours avec la grand-mère, c’est vers son père qu’il s’est tourné : « Quand j’écoutais une musique, j’étais tout de suite concentré sur la batterie. J’ai essayé et j’ai demandé à mon père de m’acheter une batterie et il l’a fait, j’avais 6 ans. »
Karim Ziad n’a donc pas mis beaucoup de temps à faire de la musique son métier et à mêler tous ces rythmes comme si la sève des gnaouas coulait dans ses veines : « J’ai commencé à jouer en tant que musicien professionnel très tôt, à 13-14 ans. J’ai donc dû me réinventer à la batterie pour mélanger tous ces rythmes. Et mes premières classes, ce fut de jouer dans les mariages algériens. »
Avec l’argent gagné, le batteur vient étudier en France. Un parcours hors du commun qui l’emmène sur scène avec Safy Boutella, Cheb Mami ou encore Joe Zawinul ou encore cheb Khaled. Devenu en 2001, co-directeur artistique du festival Gnaoua, Karim Ziad créé depuis les fusions, invite des musiciens du monde entier à Essaouira : « Et en Afrique, on a encore cette façon naturelle d’être chez soi dans la musique des autres. »
Et il continue, bien évidemment de jouer, de frapper encore et encore les peaux de sa batterie comme ici avec la chanteuse Oum.
Sun, 28 Jul 2024 - 14 - Sénégal: Alune Wade, «on peut faire la révolution» à coups de basse
Rencontre avec un magicien de la basse né à Dakar et qui bourlingue partout dans le monde avec son instrument. Au mois de juin, il était au festival Gnaoua d’Essaouira.
Respecté pour la qualité de son jeu à la basse, Alune Wade est aussi une grande voix, capable de reprendre, racines obligent, Youssou N’Dour a cappella. « J'ai aimé la musique avant de connaître les noms des notes. J'ai commencé très très tôt. J'ai commencé à toucher un piano comme un enfant avec sa petite voiture ou une petite fille avec sa poupée », confie le musicien.
Au sein des Wade, tous les enfants, sauf Alune, sont passés par le conservatoire, c’est le seul aujourd’hui à avoir fait de la musique sa vie. À l’origine de cette vibration familiale, il y a le papa, Fallou Wade, le colonel Serigne Fallou Wade. « Qui était musicien, qui était aussi chef d'orchestre de la musique principale des Forces armées sénégalaises, qui a eu à faire ses études dans les années 60-70 au Sénégal et aussi au Conservatoire de Paris. Pour la fanfare d'abord », explique Alune Wade.
Après le père, l’éducation musicale est venue des sœurs, des oncles et tantes d’Alune Wade qui a travaillé son instrument pour lui redonner ses lettres de noblesses : « Au milieu des années 1980 jusqu'aux années 1990, la basse était assez présente. Après, la musique a évolué avec l'arrivée de ce fameux clavier avec son marimba, et la main gauche du clavier a remplacé la basse et du coup, le bassiste ne se donnait plus la peine de chercher tout ce qui était virtuosité de la basse. »
« On peut faire la révolution par le biais de l'amour, comme en faisant de la musique »
Dans un Sénégal qui vit une nouvelle ère, politique et sociale, Alune aime rappeler que ce combat pour l’émancipation, pour l’équité n’est pas nouveau. Et qu’avec sa basse, en parcourant le monde, il mène lui aussi cette révolution.
« La révolution, c'est en tout cela, il ne suffit pas juste de jeter des cailloux. On peut même faire la révolution par le biais de l'amour, comme en faisant de la musique. Et chacun a sa part à jouer dans cette révolution, l'éducation, et surtout accepter l'autre comme il est, ne pas vouloir le changer pour qu'il devienne comme on est. C'est une sorte de révolution aussi, et construire ensemble. »
Retrouvez toutes nos émissions sur Alune Wade ici.
Sat, 27 Jul 2024 - 13 - Yamê, une voix d’or et de velours
Quatrième épisode avec un tête-à-tête improvisé lors du festival des Transmusicales de Rennes en décembre dernier avec Yamê, un jeune musicien. Né dans les jams sessions, il est devenu en moins de six mois une tête d’affiche reconnue de la musique francophone.
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Sun, 21 Jul 2024 - 12 - Angola: Bonga, lève-toi et mène tes luttes
Pour le troisième épisode ce samedi, rencontre avec une légende de la musique angolaise : le chanteur et musicien Bonga, militant pour l’indépendance de son pays, artiste aux 30 disques enregistrés partout dans le monde et qui continue, à 81 ans, à se battre ! Écoutez Bonga, le chanteur qui se lève et qui marche…
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Sat, 20 Jul 2024 - 11 - Côte d'Ivoire: de la philo au rap ivoire avec Elow’n
Chez eux, dans les coulisses des concerts, dans des halls d’hôtel ou dans la rue, se créent des rencontres uniques : ce sont les pépites sonores de RFI. Second épisode ce dimanche 14 juillet, direction Abidjan, la capitale économique de la Côte d’Ivoire, avec un artiste adulé par les jeunes : Elow'n.
Elow’n, Brice N’wolé à l’état civil, file sur ses 33 ans et déroule sa vie à pleine vitesse. Le jeune homme, qui a su garder son sourire et son rire d’enfant, prône le plaisir de profiter de chaque instant : « Franchement, il faut prendre la vie du bon côté, il n'y a rien dans serré visage », affirme le chanteur. Il poursuit : « Ça ne sert à rien de rester sérieux, énervé. La vie est trop belle, il faut en profiter. Donc, toujours garder la bonne humeur. Toujours. Chaque jour est un cadeau. »
Gamin, il s’amusait à rapper avec son cousin, un certain Camille Gnahoré, alias Black-K. Des délires d’enfant qui vont donner naissance au groupe Kiff No Beat : « Ceux qui ont suivi le parcours des Kiff No Beat savent qu'on n'est pas nés avec une cuillère dans la bouche. On est des petits des bas quartiers qui se sont battus pour arriver où nous en sommes aujourd'hui. Et c'est ce qu'on essaie d'inculquer aux gens. »
La star du rap ivoire chante ses valeurs : travail, partage et optimisme
Elow’n, homme attachant, artiste inspirant, sait transmettre et donner, au détour de la causerie, un cours de langue : le nouchi, l’argot d’Abidjan. Le chanteur a grandi au quartier, étudié la philosophie et rappelle qu’adolescent, les parents les poussaient lui et ses cousins à écouter autre chose que du rap américain, c'est ainsi qu'il connaît par cœur la chanson Au suivant, de Jacques Brel.
Depuis 2020, Elow’n mène sa barque, engagé dans une carrière solo, sans oublier les amis. Et la star du rap ivoire, en tête des hits parade comme des réseaux sociaux, n’en oublie pas l’essentiel, défendre ses valeurs : travail, partage et optimisme ! « Garder la joie, être un grand travailleur, un grand bosseur, parce que je sais d'où je viens et où je suis aujourd'hui », conclut-il.
À écouter aussi dans Légendes urbainesElow’n et Black K, du rap Ivoire à la reconnaissance mondiale
Sun, 14 Jul 2024 - 10 - Maroc: sur la route de l’électro-chaâbi avec Hanaa Ouassim
Toute l’année, Guillaume Thibault croise des artistes du continent africain et d'ailleurs. Chez eux, dans les coulisses des concerts, dans des halls d’hôtels ou dans la rue, se créent des rencontres uniques : ce sontLes pépites sonores de RFI. Premier épisode de cette série d’été, c’est au festival des Transmusicales de Rennes que notre reporter a croisé la route d’une jeune artiste du Maroc. Sur la route de l’électro-chaabi avec Hanaa Ouassim, née à Settat.
► Nmchi B Lil, chanson signée Hanaa Ouassim, à retrouver sur son albumLa vie de star, sorti cette année.
À lire aussiMaroc: les musiciens se préparent pour la 25e édition du festival Gnaoua et musiques du monde
Sat, 13 Jul 2024 - 9 - Eliades Ochoa, un Cubain à EssaouiraThu, 07 Sep 2023
- 8 - Sekouba Diabaté l’homme aux doigts de diamants
Toute l’année, nos reporters croisent des artistes du continent et d’ailleurs. Dans leurs maisons, dans les coulisses des concerts, les chambres d’hôtel où dans la rue se nouent des rencontres uniques où l’on parle de soi, du son et du monde. Cet été, chaque samedi, RFI vous propose une série de photographies sonores avec ces musiciens : ce sont les pépites radiophoniques de Guillaume Thibault.
Sat, 26 Aug 2023 - 7 - Khalid Sansi & El Comité: quand des jazzmen cubains jouent du gnaoua
Cet été, chaque samedi, RFI vous propose une série de photographies sonores avec des musiciens. Cette semaine, direction le Maroc où les jazzmen cubains du groupe El Comité ont joué avec un maître de la musique gnaoua, Khalid Sansi lors du festival gnaoua d’Essaouira, en juin. Quand Cuba et le gnaoua s’entrelacent...
Sat, 19 Aug 2023 - 6 - Bau, la guitare dans le sang
Toute l’année, nos reporters croisent des artistes du continent et d’ailleurs. Dans leurs maisons, dans les coulisses des concerts, dans les hôtels ou dans la rue se nouent des rencontres uniques où l’on parle de soi, du son et du monde. Cet été, chaque samedi, RFI vous propose une série de photographies sonores avec ces musiciens : ce sont les pépites radiophoniques de Guillaume Thibault.
Sat, 12 Aug 2023 - 5 - Abdeslam Alikane, la renaissance de la tradition gnaoua
Toute l’année, nos reporters croisent des artistes du continent et d’ailleurs. Dans leurs maisons, dans les coulisses des concerts, dans les hôtels ou dans la rue se nouent des rencontres uniques où l’on parle de soi, du son et du monde. Cet été, chaque samedi, RFI vous propose une série de photographies sonores avec ces musiciens : ce sont les pépites radiophoniques de Guillaume Thibault.
Sat, 05 Aug 2023 - 4 - Tcheka, quand un génie cap-verdien retrouve la scène
Toute l’année, nos reporters croisent des artistes du continent et d’ailleurs. Dans leurs maisons, dans les coulisses des concerts, dans les hôtels ou dans la rue se nouent des rencontres uniques où l’on parle de soi, du son et du monde. Cet été, chaque samedi, RFI vous propose une série de photographies sonores avec ces musiciens : ce sont les pépites radiophoniques de Guillaume Thibault.
Sat, 29 Jul 2023 - 3 - Maguett Diop, l’héritier du groove du Wassoulou
Toute l’année, nos reporters croisent des artistes du continent et d’ailleurs. Dans leurs maisons, dans les coulisses des concerts, dans les hôtels ou dans la rue se nouent des rencontres uniques où l’on parle de soi, du son et du monde. Cet été, chaque samedi, RFI vous propose une série de photographies sonores avec ces musiciens : ce sont les pépites radiophoniques de Guillaume Thibault.
Sat, 22 Jul 2023 - 2 - Bertânia Almeida, dans les pas d’une diva
Toute l’année, nos reporters croisent des artistes du continent africains et d’ailleurs. Dans leurs maisons, dans les coulisses des concerts, les chambres d’hôtel ou dans la rue se nouent des rencontres uniques où l’on parle de soi, du son et du monde. Cet été, chaque samedi, RFI vous propose une série de photographies sonores avec ces musiciens : ce sont les pépites radiophoniques de Guillaume Thibault.
Sat, 15 Jul 2023
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