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Les pépites musicales de RFI

Les pépites musicales de RFI

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Toute l’année, nos reporters croisent des artistes du continent et d’ailleurs. Dans leurs maisons, dans les coulisses des concerts, les chambres d’hôtel où dans la rue se nouent des rencontres uniques où l’on parle de soi, du son et du monde. Cet été, pendant neuf semaines, chaque samedi, RFI vous propose une série de photographies sonores avec ces musiciens : ce sont les pépites radiophoniques de Guillaume Thibault.

25 - Le virtuose sénégalais de la kora Ablaye Cissoko veut «être disponible envers les autres peuples»
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  • 25 - Le virtuose sénégalais de la kora Ablaye Cissoko veut «être disponible envers les autres peuples»

    Fin juin, le Festival de Gnaoua se tenait à Essaouira, dans le sud du Maroc. Un lieu parfait pour l'auteur-compositeur et musicien Ablaye Cissoko, virtuose de la kora, qui a enchanté le public sur la mythique scène du Borj Bab Marrakech.

    Tendre, attachant et si puissant lorsqu’il pose ses doigts sur les cordes de son instrument, Ablaye Cissoko voit sa kora comme une bénédiction. « Je suis sûr que j’ai joué de la kora dans un autre monde, c’est sûr et certain. Je suis fasciné et j’adore cet instrument, c’est extraordinaire. C’est une grande bénédiction. » Il ajoute que c’est la kora qui est venue le trouver, lorsqu’il était petit.

    Pour Ablaye Cissoko, il faut savoir rire et profiter de l’instant, car ceux qui souffrent ne sont jamais bien loin et il ne faut pas les oublier. « Haïti, c’est une pièce que j’ai écrite pour le peuple haïtien. Et donc là, je dis : nous, on est en train de rire, on est en train de prendre du plaisir et Haïti est en train de pleurer. Même si la vie d’un homme est faite ainsi, aujourd’hui, on rigole, mais voilà, on est appelé à pleurer, ça parle de ça. »

     

    Ce soir-là, au soleil couchant, l’immense sourire d’Ablaye Cissoko porte loin. Sans doute, car Essaouira et sa ville de Saint-Louis du Sénégal sont pour lui une et même maison. Avec sa voix et sa kora, Ablaye Cissoko sait donner, transmettre. Et il nous rappelle en cette fin d’été, dans un monde victime des conflits, que chacun peut faire le choix d’être là pour les autres : « On a chacun de nous des choses à apprendre et on a aussi des choses à donner. Mais il faut qu'on se montre disponible pour notre peuple et disponible aussi pour les autres peuples, parce que c'est en étant disponible pour l'autre que l'on peut arriver à faire évoluer les choses. » Il chante :

    « Tu me demandes de ne pas parler, je me tais.

    Tu me demandes de ne pas regarder, je ferme les yeux.

    Tu me demandes de ne pas marcher, je reste sur place.

    Mais je souhaiterais à mon tour te demander une chose.

    Ne m’empêche jamais de sourire. »

    Retrouvez toutes Les Pépites musicales de RFI ici.

    Sun, 01 Sep 2024
  • 24 - Le chanteur nigérian Keziah Jones: le changement passera par une «révolution»

    Keziah Jones, Olufemi Sanyaolu à l’état civil, c’est un son et un jeu de guitare uniques. Inventeur du « blufunk », le génial chanteur et guitariste revient sur son parcours et son militantisme pour RFI.

    C'est à 11 ans qu'il touche la « six cordes » pour la première fois « C’était chez un ami ! Il avait une électrique, une Fender, modèle Stratocaster,se souvient Keziah Jones, quatre décennies plus tard.J’ai tout de suite aimé le son. Ce que j'adore, c’est l’idée que la guitare soit comme une percussion. »

    Certains découvrent la musique et le chant à l’église. Pas Keziah Jones, dont le père refusait de s'y rendre le dimanche matin. Ainsi, le fils restait à la maison avec son patriarche mélomane et alors : « Mon père mettait de la sacrée bonne musique, ses musiques préférées, sur la chaine stéréo. Et LA musique de l’époque, c’était celle d’un gars qui s’appelle Yusufu Olatunji, un maitre de la musique traditionnelle, l’apala. J’adore ce son », confie le guitariste.

    Keziah Jones s’est ensuite abreuvé de musique, surtout de voix, de grandes voix, pour compléter son jeu de guitare. « Je suis tombé amoureux des grands vocalistes, Mahalia Jackson, Nina Simone, Aretha Franklin,cite-t-il. Et puis aussi Ray Charlesqui m’a vraiment influencé. Et j’ai tout de suite eu envie de le copier ».

    « La solution, c’est probablement la révolution »

    Panafricaniste, militant, le musicien de 56 ans reste ancré dans son continent africain, entre Lagos et Dakar, toujours sur les traces d’un autre activiste dont il a recueilli la dernière interview en 1996, Fela Kuti« La solution, c’est probablement la révolution. Cela viendra plus tard, sans doute dans deux ou trois générations, car le monde est de plus en plus inéquitable. Et cela ne peut plus durer,martèle-t-il, les riches de plus en plus riches, les pauvres, de plus en plus pauvres. Les pauvres sont les plus durement touchés, notamment au niveau écologique. »Et de conclure : « Cela ne peut plus durer… »

    Sat, 31 Aug 2024
  • 23 - Le trompettiste libanais Ibrahim Maalouf, aimanté par l'Afrique

    Épisode 14, ce dimanche 25 août, direction Saint-Nazaire, dans l'ouest de la France, où se tenait mi-juillet le festival des Escales. Dans les loges, RFI a rencontré un virtuose de la trompette, le Libanais Ibrahim Maalouf.

    La voix juste. La note juste. Et une quête : Ibrahim Maalouf s’interroge en permanence sur notre monde, l’homme et son équilibre.

    Quand on naît, nos parents sont impatients de nous voir parler, marcher. Mais le jour où on parle et on marche, ils nous demandent de nous taire et de nous asseoir.

    Né au sein d’une grande famille d’artistes et d’intellectuels, Ibrahim Maalouf a la musique dans le sang.

    J'ai commencé à composer avant même de savoir jouer de la trompette. À 5 ou 6 ans, je composais déjà des trucs. Je n'ai aucun souvenir de la vie sans que la musique soit le centre du monde.

    Donner de la joie

    Lié au Liban, parti chercher une part de lui en Égypte sur les terres d’Oum Kalsoum, Ibrahim Maalouf est aimanté par le continent africain, quasiment un rêve d’enfant.

    Un des premiers sons que j'ai entendus, c'était Mory Kante. J'avais 7 ou 8 ans. C'était incroyable ! Ce thème, je ne l'ai jamais oublié de ma vie. Je me rappelle même ma sœur qui me regardait avec des yeux exorbités en se demandant comment est-ce que j'arrivais à chanter ce truc... Je lui répondais : « C'est parce que c'est nous, ça en fait ! » Elle me disait : « Mais ce sont des musiques africaines ! », et je lui disais : « Mais oui ! C'est exactement la même chose que ce que nous chantons ! » Quel est le lien entre Oum Kalsoum et le jazz new-yorkais ? L'Afrique.

    La trompette d’Ibrahim Maalouf a depuis résonné chez Salif Keita, Amadou et Mariam ou encore feu Toumani Diabaté. Un artiste majeur, universel, qui cherche avec ses notes à transmettre son engagement.

    Je ne préfère pas dire « politique », je préfère dire « engagé ». De ne jamais se laisser tomber ou de laisser tomber les autres. Ne jamais accepter la souffrance des autres, toujours essayer de trouver quelque chose pour donner espoir. Remettre de la joie, en fait.

    À lire aussiIbrahim Maalouf sur le terrain des musiques urbaines avec son nouvel album «Capacity to love»

    Sun, 25 Aug 2024
  • 22 - Highlife mon amour avec le groupe ghanéen Santrofi

    Au Cap-Vert, le groupe Santrofi, venu du Ghana, a embrasé les rues de Praia et la scène du festival Kriol Jazz avec sa musique highlife. Ils ont clôturé, avec talent, le prestigieux festival en avril dernier. 

    De notre envoyé spécial à Praia,

    Ils sont charismatiques, touchants et sacrément puissants. En pleine rue, à Praia, les musiciens de Santrofi improvisent et partagent leur son si particulier. « Le mot Santrofi vient de la mythologie et de la civilisation Akan qui existe chez nous,explique Emmanuel Ofori Kodjo, le bassiste et le chef d’orchestre du groupe, c'est un emblème avec cinq ailes, qui correspond justement à la diversité qu'on a à l'intérieur de notre collectif. »

    À l’église, dans la rue, dans les cafés, les membres de Santrofi ont appris la musique dans leur quartier, en écoutant également Osibisa et les anciens« Avec notre groupe, on joue une dizaine de chansons, mais pour nous, c'est toujours une nécessité et un honneur de jouer une chanson d'un de nos héros. Et Osibisa, effectivement, est un groupe qu'on adule »,confie le bassiste.

     

    Le highlife, une musique douce et belle née dans les années 1900

    Santrofi porte l’héritage de la musique highlife, « la grande vie », née dans les années 1900. Une musique douce, si belle, qui lie les chants de marins, les fanfares militaires et les percussions du Ghana. « Le highlife fait partie de notre réalité. C'est-à-dire que c'est quelque chose qui est autour de nous, qui est en nous, qui nous habite et qui en fait marque complètement notre devenir,raconte Emmanuel Ofori Kodjo, on ne peut pas y échapper. C'est pour ça que comme on respire le highlife, on l'extériorise, on le change, on le fait évoluer. »

    Activistes, engagés, les membres de Santrofi parcourent désormais le monde et passent leurs messages : « Si jamais tu plantes une rose, la rose peut devenir une fleur extraordinaire. Mais la rose a des épines et elle pique. C'est cela qu'il y a derrière Santrofi. Il y a des choses qui ont une valeur inestimable, il faut toujours penser au fait qu'il y a un revers de la médaille », conclut le chef d'orchestre du groupe.

    Sat, 24 Aug 2024
  • 21 - Maroc: Mehdi Nassouli, le globe-trotter du guembri

    Ce samedi 18 août, nous partons dans le sud du Maroc, à Essaouria où se tenait en juin dernier le mythique festival Gnaoua. Guillaume Thibault a croisé la route du jeune Maâlem, le « globe-trotter du guembri », Mehdi Nassouli.

    Si Mehdi Nassouli a un gène en plus, c’est celui de la « bougeotte » et de la curiosité. Maâlem et poète, le musicien a appris cet art des gnaouas chez lui, à Taroudant.

    « Mon grand-père était un gnaoua à Taroudant. Ça a sauté une génération parce que ma mère est une femme et ils ne pouvaient pas prendre ça. Je suis sorti de la maison et j'ai appris ça dans la rue avec des maîtres », explique-t-il.

    Ce grand-père porte un héritage particulier, héritage ancré profondément dans la vie et la musique de Mehdi Nassouli.

    « Si on peut le dire, il était parmi les dernières esclaves à être libéré au Maroc. Heureusement que ma génération est née libre », témoigne Mehdi Nassouli.

    Une musique « un peu chamanique »

    Mehdi Nassouli est une bibliothèque des cultures traditionnelles et de l’histoire de la musique Gnaoua, notamment celle, particulière, de sa ville Taroudant.

    « L'histoire des gnaouas, c'est celle des esclaves noirs que les Arabes ont ramenés en Afrique du Nord. Les confréries ou les ethnies d'où viennent nos ancêtres sont des Bambaras du Mali, des Yorubas du Bénin... Elle est un peu chamanique, cette musique. On parle aussi de la route des caravanes, tous ces gens étaient aussi obligés de passer par Taoudeni. C'est pour ça qu'il y a eu une concentration de ces styles musicaux dans cette région-là », précise le musicien.

    Comme dans cette chanson Bambara, Mehdi Nassouli puise dans ses racines africaines. Des rythmes, des sons, des textes. 

    Mehdi Nassouli continue de parcourir le monde, joue avec les plus grands Titi Robin, Fatoumata Diawara, Justin Adams et de chanter des valeurs essentielles : le respect, l’identité, l’égalité et l’amour.

    À lire aussiMaroc: la rencontre entre le virtuose du guembri Hamid El Kasri et le groupe guadeloupéen Bokanté

    Sun, 18 Aug 2024
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