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Reportage France

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RFI

Du lundi au vendredi, un reportage pour mieux connaître la société française et comprendre ses débats.

607 - À Toul, la statue du général Marcel Bigeard, tortionnaire de la guerre d'Algérie, fait polémique
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  • 607 - À Toul, la statue du général Marcel Bigeard, tortionnaire de la guerre d'Algérie, fait polémique

    C’est une statue qui fait polémique. À Toul, dans la région Grand Est, une sculpture du Général Marcel Bigeard a été érigée le mois dernier. Célébré comme héros de la résistance et de la guerre d'Indochine, le militaire cache aussi un passé de tortionnaire au temps de l’occupation française de l’Algérie. Un visage terrifiant que n'ont pas oublié les Algériens victimes de ses méthodes et leurs descendants, dont certains résidents aujourd'hui, à Toul, à deux pas de la statue récemment sortie de terre.

    De notre envoyée spéciale à Toul,

    Thu, 21 Nov 2024
  • 606 - Face aux fermetures d'usines, les salariés de Michelin s'organisent

    L’hiver en France s’annonce difficile sur le plan social. D’après les services de l’État, plus de 50 000 entreprises seraient en difficulté en France. Le ministre de l’Industrie dit s’attendre à des milliers de suppressions d’emplois dans les mois à venir. La CGT avance même le chiffre de 150 000 emplois menacés. Début novembre, Auchan et Michelin ont donné le «  » avec des plans sociaux qui laissent plusieurs milliers de salariés sur le carreau. Le spécialiste du pneu va fermer deux usines à l’ouest de la France, à Vannes et Cholet. Cholet où les salariés tentent de faire face.

    Devant l’usine, les salariés en colère ont amassé un gigantesque tas de pneu surplombé d’une potence, où se balance au bout d’une corde un mannequin vêtu du bleu de travail des ouvriers d’ici. « Michelin assassin » est tagué avec rage à côté du pendu.

    À l’arrière, les grilles sont fermées, protégées de part et d’autre par les salariés. Bastien You, ouvrier et militant CGT, explique que le camion qui devait livrer les matières premières à l’usine est empêché de rentrer : « On est quelques-uns à être en grève ou en absence indemnisée. C'est protéiforme, cela ne rentre pas das des cases. Mais ce qui est sûr, c'est que depuis deux semaines, il y a 150, 200 travailleurs qui se relaient pour tenir le piquet, le jour et la nuit. Là, on a des camarades qui sont venus pour empêcher le camion de rentrer. Parce que, même s'ils se disaient qu'aujourd'hui, ils n'avaient pas les moyens de faire grève, ils n'ont aucune envie que les camions repartent, car c'est leur seul moyen de pression face à Michelin. »

    Un sentiment d'abandon 

    Dans la foule des ouvriers, Mohamed, 36 ans chez Michelin : « C'est un dégout total parce qu'en 36 ans, on pensait connaître la boîte, mais on s'aperçoit qu'ils n'ont aucun respect pour l'humain, ils nous ont pressé comme des citrons. J'étais en équipe, donc on est complètement usés : des problèmes de tendinite aux épaules, aux genoux, et puis maintenant qu'on est détruits, ils nous balancent vulgairement quoi ! »

    Xavier Cailloux, délégué syndical CFDT, est résigné. Pour lui, l’avenir du site est scellé, la production ne reprendra après 2026 : « C'est donner un faux espoir aux salariés et les salariés n'ont pas besoin d'avoir de faux espoirs. Il faut avoir une certitude. Une certitude de partir avec un chèque décent, une certitude d'avoir une formation à la hauteur de ce qu'ils ont besoin pour pouvoir se reconvertir, C'est quand même une population – comme beaucoup d'usines françaises – assez vieillissante. Donc, on ne se reconvertit pas comme cela, il faut se donner les moyens. Il n'est pas question que 20 %, 25 % des gens qui sont là, moi y compris, après tout ce qu'on a donné, finissions notre carrière au chômage, comme des malpropres. »

    « Préparé depuis très longtemps »

    L’usine de Cholet a 60 ans, les locaux sont vétustes, et malgré plus de 3 milliards d’euros de bénéfices en 2023, Michelin n’a pas investi dans le site, déplore Richard Grangien, délégué syndical CGT : « Nous avons des bâtiments qui sont vétustes, l'atelier des cuissons qui s'écroule même, c'est un atelier qui est sur deux étages. C'est bourré d'amiante, le sol s'écroule. Donc, oui, il n'y a pas eu d'investissement du tout, cela est sûr. C'est préparé depuis très longtemps, cela ne vient pas du marché chinois qui se réveille ou quoi que ce soit ! »

    Après quelques heures, le camion finit par rebrousser chemin sous les applaudissements des ouvriers, les huissiers mandatés par la direction ont acté le blocage. Une joie de courte durée, car beaucoup s’inquiètent pour l’avenir.

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    Wed, 20 Nov 2024
  • 605 - Faute de place spécialisée, Kahil est privé d'école, à neuf ans et gravement handicapé

    En France, certains parents sont en grand désarroi. Alors qu'une dizaine de millions d'élèves sont scolarisés, d'autres enfants restent sur le banc de touche et peinent à trouver une place dans un établissement en raison de leur handicap. On estime qu'ils sont au total 11 000 à attendre une place dans un Institut médico-éducatif. Parmi eux, il y a Kahil, 9 ans qui est né avec un handicap moteur et mental. Rencontre avec Kahil, ses parents Iteb et Jean-Christophe Moreno et sa sœur Inaya, dans un parc de jeux à Gênas, dans la banlieue lyonnaise.

    C'est un petit bonhomme de neuf ans qui ne tient pas en place, nous dit sa maman : « Iladore jouer, il bouge beaucoup, beaucoup, beaucoup. Il a vraiment besoin de contact avec les gens. Il est demandeur de cela. C’est un enfant qui a la joie de vivre. » Et c’est aussi l’avis de son père Jean-Christophe : « On a du mal à l'arrêter, c'est le genre de petit garçon où l'on cherche le bouton pour l'éteindre, parce qu'il est toujours en train de courir, sauter. » 

    Khalil souffre du syndrome de Rubinstein-Taybi (SRT), une maladie rare qui engendre un retard physique et mental. Âgé de neuf ans, Kahil a l'âge mental d'un enfant d'un an et demi, il ne parle pas. On comprend facilement que même le dispositif Ulis, qui propose au sein de l'établissement scolaire un enseignement adapté, n'est pas fait pour lui. « C’est un bon dispositif, mais ce n'est pas adapté au handicap de Kahil, parce que Kahil est handicapé à 80 %, déplore sa maman, Iteb. C'est pour cela qu'il lui faut une école adaptée. Il est inscrit dans plusieurs écoles spécialisées. On appelle des IME(Institut médico-éducatif, NDLR) Il est sur liste d'attente, cela fait six ans. On a eu beaucoup de refus, personne ne prend Kahil. » 

    Pourtant, le petit garçon pourrait progresser et s'épanouir. Mais pour cela, il a besoin d'une approche pluridisciplinaire dispensée justement par un IME, comme l'explique Jean-Christophe, son papa : « Dans ces instituts, on a des professionnels de chaque métier, des psychomotriciens, des psychologues, des kinésithérapeutes et du coup un corps médical qui va pouvoir l'accompagner tout au long de sa"scolarisation", pour qu'au moins, ils puissent le faire progresser. » 

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    « Rien n'est adapté pour les enfants handicapés»

    Seulement, le nombre de places en IME n’a pas évolué depuis 20 ans. Iteb dénonce l’hypocrisie des dirigeants quand ils parlent d'écoles inclusives : « Dans leurs discours, c'est"On inclut les enfants handicapés". Dans la réalité, ce n'est pas du tout le cas, rien n'est adapté pour les enfants handicapés, c'est un calvaire. Donc ce n'est pas de l'inclusion, c'est tout l'inverse. » 

    Faute de solution, Iteb et Jean-Christophe ont eu l'idée d'ouvrir un Big Top, un immense parc de jeux pour occuper et s'occuper de leur fils. « Ilfaut toujours être sur le qui-vive. Regardez, depuis tout à l'heure, je reste avec Kahil, je le surveille parce qu'on ne sait jamais. Il n'y a pas de moment de répit, à part quand il dort. » 

    Pas de scolarisation donc pour Kahil et forcément des conséquences sur la vie familiale. L'enfant de neuf ans prend beaucoup de place. Mais Inaya, sa petite sœur en robe de princesse ce jour-là, n'éprouve pas de jalousie. Du haut de ses six ans, elle comprend que ses parents s'occupent particulièrement de Kahil. « Ce n'est pas grave. Moi, je sais faire, je n'ai pas besoin d’aide et j'aime mon grand frère, plus que tout. »

    La petite fille prend les mains de Kahil, qui balance ses bras, et lui chante une chanson.

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    Tue, 19 Nov 2024
  • 604 - Agriculteurs en colère: l'accord avec «le Mercosur est une goutte qui va faire déborder un vase déjà plein»

    La principale organisation agricole appelle à la mobilisation lundi 18 novembre partout en France : La FNSEA veut dénoncer le Mercosur. Le traité de libre-échange entre l'Union européenne et des pays d’Amérique du Sud, examiné à Rio au G20, porterait atteinte à la souveraineté alimentaire de la France, clament-ils. Mais dix mois après une mobilisation historique, les agriculteurs réclament aussi des actes du nouveau gouvernement pour leurs revenus. Reportage au nord de Paris dans le département de l'Oise

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    Mon, 18 Nov 2024
  • 603 - À Nantes, l'un des plus grands bidonvilles de France doit être évacué

    À Nantes, entre 700 et 1000 Roumains vivent dans des conditions extrêmement précaires sur une ancienne déchetterie. C’est l’un des plus grands bidonvilles de France. Mais la métropole veut récupérer l’emplacement. Son plan d’évacuation, « une résorption » selon ses termes, prévoit d’accompagner les familles en leur proposant des logements. Un projet ambitieux de 80 millions d’euros qui vient de débuter et un immense défi humain. 

    De notre correspondant à Nantes,

    C’est au pied de la cheminée bleue d’une usine de traitement de déchets qu’Adrian, 26 ans, a construit sa vie avec sa femme, ses deux enfants et ses parents. Sous leurs pieds, une ancienne décharge à ciel ouvert. Ils étaient parmi les premiers installés en 2018.

    Philippe Barbo est le fondateur de plusieurs associations d’accompagnement de familles roms. Témoin de l’installation de 700 à 1 000 personnes, dont 40 % d’enfants, non scolarisés pour la plupart, dans ce bidonville, pour lui cette situation est le résultat d’une politique d’une vingtaine d’années :« Un, une politique de la patate chaude : des familles qui sont venues d’autres communes qui les ont expulsées. Deux, de la politique de l’immobilisme : pendant quinze ans, on n’a rien fait. Et puis, c’est la politique du pourrissement. »

    Peu, comme Philippe Barbo, se sont intéressés au sort de ces Roms. Ils n'ont pas choisi la région nantaise par hasard pour s'installer : « La région nantaise offre des perspectives de travail non qualifié. Ils ont des origines rurales agricoles en Roumanieet donc [ils connaissent] le travail dans le maraîchage, dans la viticulture. Et ils ont des parcours d’activité annuelle quasiment complets. »

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    « L’insertion par le logement »

    Mais cette main-d’œuvre va devoir partir. Nantes métropole veut récupérer l’emplacement pour son pôle d’écologie urbaine qui prévoit notamment d’agrandir la déchèterie attenante. Une résorption plutôt qu’une expulsion, selon ses termes, avec un diagnostic social des familles qui vient de débuter. 

    « Le but de Nantes métropole, qui défend l’insertion par le logement, c’est : ceux qui peuvent entrer directement en logement y entrent et ça, ça représente 10, 20, 30 % maximum », explique Philippe Barbo.

    Les autres pourraient s’installer sur des terrains d’insertion temporaire, toujours dans l’optique d’intégrer des logements ordinaires pour favoriser leur inclusion. Mais cela a ses limites, selon Philippe Barbo. « Bien sûr qu’on défend le droit commun, mais on voit bien que ça ne répond pas forcément à la demande de ces familles-là qui ont des modes de vie très familiale. Et les logements sociaux aujourd’hui ne peuvent pas répondre à ce type d’habitudes de vie. Donc on pourrait aussi imaginer d’autres modes d’habitat, par exemple des terrains familiaux où là, ils pourraient vivre avec la grande famille. »

    Autre frein : le loyer. Certains font des allers-retours en Roumanie et ne sont pas en capacité de payer lors de ces 2-3 mois d’absence. Mais ce n’est pas le cas d’Adrian. Lui rêve d’un logement pour sa famille et peut verser un loyer. « Si on travaille, c’est normal, si on veut être intégrés en France, il faut suivre les règles de la France, il faut payer tout, comme tout le monde », assure Adrian. Mais il devra être patient, l’opération doit durer 4 ans.

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    Fri, 15 Nov 2024
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