Filtrar por gênero

Reportage France

Reportage France

RFI

Du lundi au vendredi, un reportage pour mieux connaître la société française et comprendre ses débats.

486 - Sur le bassin d'Arcachon, les ventes d'huîtres toujours à la traîne
0:00 / 0:00
1x
  • 486 - Sur le bassin d'Arcachon, les ventes d'huîtres toujours à la traîne

    Le 29 janvier, au plus fort des fêtes de fin d’année, le préfet de la Gironde ordonnait l’interdiction pour trois semaines de la vente des huîtres du bassin d’Arcachon. En cause : leur contamination par un virus d’origine humaine qui s’est déversé dans l’eau après de fortes pluies. Cinq mois plus tard, la justice a contraint les gestionnaires du réseau d’eau à réaliser des travaux. Mais les professionnels peinent à regagner la confiance des consommateurs. Et les ventes ne décollent toujours pas. 

    Des commandes d'huîtres de plus en plus rares, Lucas Simon, ostréiculteur, confie ses difficultés derrière son stand d'un marché de Bordeaux :  « Je ne vais pas dire qu'on ne vend pas d'huîtres, mais on n'en vend pas autant qu'on devrait en vendre actuellement. Sur les chiffres, on est, à peu près, à 50% de vente en moins par rapport à l'an dernier. » 

    Le norovirus, responsable de cette forte baisse 

    La raison de cette baisse des ventes porte un nom : le norovirus, un virus qui cause la gastro-entérite. Après de fortes pluies cet hiver, ce virus présent dans les eaux usées s'est déversé dans le bassin d'Arcachon. Début janvier, les huîtres ont été interdites à la vente pendant plus de trois semaines. 

    Le président de l'Association de défense des eaux du bassin d'Arcachon, Thierry Laffont, est ostréiculteur. Il accuse le syndicat en charge de la gestion des eaux, le Siba, de la situation :

    « Cela a créé un désamour du consommateur et la consommation a vraiment du mal à repartir. » Thierry Laffont explique avoir déposé plainte contre le Siba : « Je l'ai déposée au nom de l'Association de défense des eaux et en mon nom propre, en tant qu'ostréiculteur, parce que je considère qu'ils sont à l'origine d'un préjudice majeur, et de pollution des eaux, et pour mon activité, avec des conséquences économiques importantes. » 

    L'ostréiculteur insiste : « C'est [le Siba] qui est responsable. Donc, c'était tout à fait normal de déposer plainte. Dire que le milieu dans lequel on travaille est pollué, ce n'est pas ce qu'il y a de plus appétant pour ce qu'on va mettre dans l'assiette... Il faut être conscient qu'il y a un moment où on ne peut plus se contenter d'une position de réserve et de ne pas oser dire les choses. » 

    Face au dérèglement climatique, lancer des travaux d'urgence

    Le 2 avril, le tribunal judiciaire de Bordeaux a donné raison à l'ostréiculteur. Le syndicat et sa filiale, gérés par le groupe Veolia, doivent réaliser des travaux d'urgence pour que les eaux usées ne débordent plus dans le bassin d'Arcachon. Christelle de Traversay, directrice des opérations pour Veolia Eau dans le sud-ouest : 

    « [Cette décision] implique pour une entreprise comme la nôtre, mais aussi pour la collectivité, d'engager des travaux et de se projeter, en se disant : cette situation exceptionnelle, elle pourrait recommencer. Et voilà la manière dont on va la traiter. »

    Christelle de Traversay évoque le dérèglement climatique : « Avec le dérèglement climatique, ça va se reproduire. On travaille maintenant à vraiment identifier le plus en amont possible ces situations exceptionnelles, de manière à pouvoir conseiller les collectivités et à proposer des solutions aux collectivités. » 

    En attendant, sur le Bassin, les professionnels espèrent que le retour des beaux jours fera revenir les clients. Une grande campagne de communication a été lancée sur les routes. Dans les petites cabanes à huîtres, ce même message est placardé sur des affiches : « Retrouvons-nous. » 

     

    À lire aussi«Dans une huître, il y a un petit cœur qui bat»

    Fri, 31 May 2024
  • 485 - Personnes en situation de handicap: les premiers obstacles sont dans les rues de Paris

    Au moment des Jeux olympiques, les transports franciliens sont, eux aussi, mis à l’épreuve. Au cœur de ce défi, l’accessibilité pour les personnes à mobilité réduite. D'après les estimations des organisateurs, près de 4 000 trajets seront effectués chaque jour en fauteuil roulant. Paris 2024 a promis la présence de 1 000 taxis adaptés à ces personnes.  Un service de navettes reliant les grandes gares parisiennes aux sites de compétitions sera aussi mis en place durant les Jeux. Jérôme Rousseau a 27 ans, il est en fauteuil roulant et dirige l'association Novosports pour le sport inclusif. À moins de deux mois des JO, il s'est prêté au jeu de parcourir le trajet qui mène de l'Hôtel de Ville à l'Arena (site olympique), porte de la Chapelle, dans le nord de Paris. À défaut de pouvoir emprunter RER et métro, Jérôme a préféré le bus. 

    Le bus tente plusieurs manœuvres pour faire descendre la rampe d'accès pour les personnes à mobilité réduite, une planche inclinée pour faciliter l'accès du fauteuil roulant. Jérôme Rousseau se heurte souvent à ce genre de difficultés : « Là, on voit qu'il y a un problème... Le poteau gêne... » 

    Une fois monté dans le bus, les choses ne sont pas plus faciles quand il s'agit d'appuyer sur le bouton pour demander l'arrêt : « Il y a des boutons pour appuyer, mais moi, je n'ai pas la force et je n'y ai pas accès. Le bouton est très très bas », explique le fondateur de Novosports. « Dans mon quotidien, quand je rentre, je dis où je vais, mais le problème, c'est que si le chauffeur oublie et que je ne le dis pas avant [l'arrêt] ou qu'il ne m'entend pas, je suis obligé de descendre à l'arrêt d'après. » 

    « On est toujours dans l'anticipation »

    Pour conduire son fauteuil roulant de 300 kilos, Jérôme Rousseau actionne une petite manette à l'aide de la main droite et la dextérité avec laquelle il manie son fauteuil impressionne. Mais elle ne suffit pas pour se déplacer aisément dans la ville. 

    « On a des pavés. Des fois, les pavés, c'est un vrai enfer quand on est en fauteuil. On est toujours dans l'anticipation. Là, en face, par exemple, je vois que sur un passage piéton, il y a des travaux. Si je traverse, en face, il y a un camion noir qui est juste là et je ne peux pas du tout passer. » Jérôme Rousseau est donc obligé de se déplacer sur la route à contre-sens. « C'est très dangereux. Je peux me faire renverser à n'importe quel moment. Il y a même des trous, ce n'est pas du tout adapté », déplore-t-il.

    Et les difficultés se multiplient : « Là, il y a un camion juste en face, il faut qu'il freine. Et puis je suis obligé de rouler à droite, mais il y a de l'eau au sol ; si j'étais en fauteuil manuel, j'aurais les roues pleines d'urine. Moi, je suis en fauteuil électrique, mais s'il y a quelqu'un en fauteuil manuel, il se met vraiment en difficulté. » 

    Un fauteuil qui pèse 300 kilos

    Il faut ensuite retourner sur le trottoir : « Ce qu'il faut comprendre, c'est que le fauteuil fait 300 kilos, donc il n'a pas la capacité de monter ce genre de marches. Les cale-pieds touchent. Donc c'est vraiment se mettre en danger et mettre en danger son fauteuil», constate le fondateur de Novosports. 

    Passionné de sport, Jérôme Rousseau fera partie des  350 000  personnes handicapées qui assisteront aux Jeux olympiques. Mais en attendant les épreuves, les premiers obstacles à franchir se trouvent dans les rues de Paris.

    À lire aussiJeux paralympiques de Paris 2024: le «club inclusif» pour favoriser l'accueil de sportifs handicapés

    Thu, 30 May 2024
  • 484 - La cathédrale Notre-Dame de Paris retrouve sa Croix du Chevet

    Après sa grande flèche, son coq en or, la cathédrale Notre-Dame de Paris a retrouvé sa Croix du Chevet. Souvent qualifiée de miraculée, elle n'avait pas été détruite par les flammes. C'était comme si elle avait été éjectée du toit. Mais sa chute l'avait entièrement tordue. 5 ans plus tard, elle vient d'être réinstallée à 40 mètres de hauteur, sur le chœur de la cathédrale. Immersion dans les coulisses de cette restauration avec Valentin Hugues. 

    Wed, 29 May 2024
  • 483 - Européennes: au sein de la gauche française, deux visions de l’Europe et une peur commune

    Alors que les élections européennes se tiennent du 6 au 9 juin, RFI a suivi deux têtes de liste aux conceptions européennes opposées : le social-démocrate Raphaël Glucksmann et le communiste Léon Deffontaines.

    Léon Deffontaines se chauffe la voix devant les 300 militants communistes réunis à Belfort. Pour motiver les troupes, il fait remonter de vieux souvenirs, clamant : « Oui, le référendum de 2005 a été un vote de classe ! » La tête de liste communiste aux prochaines élections européennes n’avait pourtant que neuf ans lors du référendum sur la Constitution européenne, mais un autre intervenant, présent ce jour-là à Belfort, était lui en première ligne…

    L'ancien ministre socialiste Arnaud Montebourg, figure du « non » au traité constitutionnel européen, est catégorique. Selon lui, l’équation est simple : plus d’Europe, c’est plus de licenciements, particulièrement dans ce territoire historique de l’automobile où 10 000 emplois pourraient être menacés. « L'Union européenne a pris des décisions de suppression des véhicules thermiques en 2035. Ici, les équipementiers [automobiles, NDLR] perdent aujourd'hui des parts de marché... L'Europe, c'est une passoire, elle est incapable stratégiquement de prendre les bonnes décisions », affirme-t-il.

    Une fois n'est pas coutume : à chaque élection européenne, la division ressurgit à gauche. Celle qui oppose une conception plus souverainiste de l’union et une autre davantage fédéraliste, plaidant pour plus de pouvoirs accordés aux instances européennes. Cette année, ce schisme, ancien, a repris de la vigueur dans la campagne des uns et des autres avec l’implosion de la Nupes. « À gauche, il y a deux réelles alternatives sur le projet européen, schématise Léon Deffontaines. Nous, qui critiquons les traités européens, et Raphaël Glucksmann, qui défend cette Europe des vainqueurs de la mondialisation, en niant le fait que cette Europe a favorisé la fermeture de services publics, la désindustrialisation...»

    À écouter aussiGrand invité international / Européennes 2024: Léon Deffontaines (Gauche/PCF) recentre la campagne sur «les préoccupations des Français»

    Justement, quelques jours plus tard, Raphaël Glucksmann, tête de liste PS-Place publique, est venu parler social à Saint-Ouen, en région parisienne, et rassurer : pour lui, l'Union européenne est la bonne échelle pour être mieux protégés. « Quand on a un problème, on estime que c'est la faute de l'Europe. Quand il y a une grande réalisation, en revanche, personne ne raconte que c'est grâce à l'Europe. Il faut que l'on montre que l'Europe, c'est un cadre de protection, que ça protège nos industries et nos emplois », explique-t-il. 

    Surtout, selon Karim Bouamrane, maire socialiste de Saint-Ouen et longtemps proche des communistes, l'antique division à gauche ne semble plus d’actualité. « Vous croyez que, quand Raphaël Glucksmann parcours les quatre coins de France, on lui parle du traité de 2005 et des différences qu'il pouvait y avoir entre le Parti socialiste et le reste de la gauche ? Non, on lui parle pouvoir d'achat ! C'est pour cela que Raphaël Glucksmann attire », analyse-t-il. 

    Une analyse que paraissent confirmer les intentions de vote : plus de 20% cumulés pour les socialistes et écologistes, à peine 10% pour les communistes et Insoumis. Nina est élue locale PCF et elle désespère de ces retours du terrain. Mais, selon elle, les motivations ne sont pas idéologiques : « Beaucoup me disent faire barrage au RN...» Des électeurs partisans du vote utile. Cumulées, les intentions de vote pour les partis de l’ex-Nupes peinent à atteindre les 30%... Inférieures, donc, à celles du seul Rassemblement national.

    À lire aussiEuropéennes: le socialiste Raphaël Glucksmann dévoile «sa vision pour l’UE»

    Tue, 28 May 2024
  • 482 - Dans la seule maison d'accompagnement de France, une fin de vie dans la dignité

    À mi-chemin entre hôpital et domicile, la maison d'accompagnement de Cahuzac-sur-Vère, près de Toulouse, est unique en son genre. Elle accueille des personnes en fin de vie ou malades dont l’état est stable et ne nécessite pas d’hospitalisation. En plus des soins, les résidents viennent chercher de l’écoute, du bien-être et du repos. Reportage.

    Quelques notes de Johnny Hallyday s’échappent dans le couloir. La porte est entre-ouverte, nous entrons dans la chambre qu’occupe Patrick et sa chienne Lola. Depuis cinq ans, il est atteint d’une maladie neurodégénérative qui paralyse ses muscles, complique son élocution et le contraint au fauteuil roulant. « Le pire avec cette maladie, c’est que vous êtes conscient. Je vois tout », explique-t-il avec difficulté. Il voit la maladie gagner du terrain et vivre à domicile était devenu impossible.

    Cette maison d’accompagnement est donc l’alternative qu’il souhaitait : « Ici, on a beaucoup de soutien, parce que c’est de plus en plus dur ». Ce fan de rock se sent chez lui dans la chambre qu’il a personnalisée à son image. Accrochée au plafond, une boule à facettes illumine la pièce. Selon son infirmière, « il faut imaginer cette maison comme un domicile dans lequel peuvent vivre douze personnes ».

    Améliorer la prise en charge des malades en fin de vie, c’est l’objectif du projet de loi qui arrive ce lundi à l’Assemblée nationale. Le texte prévoit une aide au suicide à de strictes conditions pour les patients atteints de maladies incurables. Il entend aussi améliorer l’offre de soins palliatifs. Et cela passe par le développement de maisons d’accompagnement, sur le modèle de celle de Cahuzac-sur-Vère, pour accueillir des personnes en fin de vie ou malades dont l’état est stable et ne nécessite pas d’hospitalisation. 

    Cette maison, ouverte il y a un an, permet de combler un vide entre hôpital et domicile, explique sa présidente, Delphine Calicis. « Moi, j'ai été infirmière dans le réseau de soin palliatif pendant dix ans, raconte-t-elle. Et des personnes en dessous de 60 ans qui étaient isolées, à domicile, ou bien parce que les proches aidants étaient épuisés, à part l’hôpital, il n’y avait rien. Et donc c’est pour cela qu’on a décidé de créer cette maison. Car il y avait énormément de personnes qui n’arrivaient pas à trouver de lieux adaptés pour finir leurs jours ». 

    L’intérêt de cette maison, c’est sa souplesse : les résidents entrent et sortent quand ils le veulent. Leurs proches ont la clé pour leur rendre visite n’importe quand. Depuis sa chambre, Odette, 95 ans, profite de la nature à perte de vue, loin de l’enfermement redouté en Ehpad. « Ici, j'ai mes bouquins, la télé, beaucoup de livres... J'ai ma petite terrasse, c'est formidable pour moi ! J’avais trop peur de me retrouver en Ehpad... Là, on a des couchers de soleil magnifiques ! », se réjouit la nonagénaire.  

    Le réseau des soins palliatifs peut intervenir à tout moment. Mais ces maisons restent peu médicalisées, l’accent étant surtout mis sur «le bien-être, l’écoute, le social, explique Delphine Calicis. Ils se font le bisou tous les jours ! » Moment de partage par excellence, le repas... Toujours en musique. « Il est notre DJ, c’est lui qui met l’ambiance ! » Le DJ s’appelle évidemment Patrick.

    Objectif du gouvernement : une maison d’accompagnement par département d'ici à 2030.

    À écouter aussiAccompagner la fin de vie : un projet de loi en débat en France

    Mon, 27 May 2024
Mostrar mais episódios