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RFI et France 24 vous proposent un rendez-vous intitulé «Ici l’Europe». Un entretien avec une personnalité européenne signé Caroline de Camaret (France 24). Tous les quinze jours, le vendredi, un grand entretien avec une personnalité européenne, un entretien avec un des grands acteurs de l’Europe d’aujourd’hui, qui nous parle de la construction de l'Europe, de sa proximité avec les citoyens et des enjeux internationaux qui l’attendent. Une coproduction RFI/France24. *** Diffusions les vendredis à 19h10 TU vers toutes cibles, le samedi à 08h10 TU vers l'Amérique, l'Asie, l'Europe et 21h10 TU vers toutes cibles.
- 114 - Stefano Sannino : «L’escalade militaire a commencé du côté de Moscou»
Cette semaine, nous recevons Stefano Sannino, secrétaire général du Service européen d’Action extérieure, qui dirige les ambassadeurs de l’UE à travers le monde et ancien diplomate italien. Guerre en Ukraine, conflit au Proche-Orient ou élection de Donald Trump, il commente les multiples crises auxquelles l’Union européenne doit faire face.
Face à la multiplication des crises et des conflits dans le monde, l’Union européenne (UE) se trouve dans une période d’incertitude. Selon Stefano Sannino, la situation est inédite : «Nous sommes dans une situation dans laquelle nous vivons des crises presque permanentes. Nous parlons de permacrises. Nous passons d’une crise à l’autre.»
Le conflit en Ukraine est au cœur des préoccupations des Vingt-Sept. «Il y a une volonté de continuer à soutenir l'Ukraine», affirme le secrétaire général du Service européen d’Action extérieure. «Le soutien à l'Ukraine, ce n'est pas seulement un soutien à ce pays, c'est aussi une ligne de défense pour l'UE en tant que telle», ajoute-t-il. Le diplomate reconnaît la situation critique dans laquelle se trouvent les Ukrainiens qui s'apprêtent à vivre leur troisième hiver de guerre. «Les armements commencent à être moins présents. Il y a un déséquilibre très fort entre les capacités militaires de la Russie et les capacités militaires de l'Ukraine», dit-il.
À la suite de la décision des États-Unis d’autoriser l’Ukraine à utiliser les armes longue portée contre la Russie, Stefano Sannino explique : « La décision de Biden est une réponse à celle de Vladimir Poutine d’envoyer des soldats nord-coréens sur le front ukrainien. L'escalade militaire a commencé à Moscou», martèle-t-il. «Maintenant, les Ukrainiens peuvent aussi attaquer. Il y a une volonté encore très forte de leur part de défendre leur territoire», estime-t-il. Cette décision des États-Unis a entraîné une riposte de Vladimir Poutine qui menace à nouveau d’avoir recours à l’arme nucléaire. À ce sujet, Stefano Sannino appelle à la prudence : «Nous ne pouvons pas sous-estimer ces risques dans le contexte d'une guerre».
L’embrasement du conflit au Proche-Orient est un autre défi pour l’Union qui tente de peser dans l’établissement d’un processus de paix. Le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, appelle à la suspension du dialogue politique entre l'UE et Israël. Proposition à laquelle s’opposent plusieurs pays telle que la République Tchèque. «Ce n’est pas facile de trouver un terrain d’entente entre les Vingt-Sept», admet Stefano Sannino. S’il y a un point sur lequel s’accordent les pays membres, c’est la mise en place urgente d’un cessez-le-feu. «Tout le monde est d'accord pour cela. La souffrance du peuple palestinien est terrible et tous nos efforts doivent aller dans cette direction. Il faudra aussi faire tous les efforts possibles pour libérer les otages», ajoute Stefano Sannino.
Au sujet des relations avec l’Afrique, continent où l’influence de l’UE diminue au profit de celle de la Russie ou de la Chine, le patron des ambassadeurs européens veut voir en l'Afrique «une grande opportunité et pas seulement un défi, un problème». «La question est de comment faire en sorte que l'Afrique puisse avoir un poids beaucoup plus grand dans sa capacité de décision, dans la résolution de ses propres crises et à travailler avec l'UE de manière plus utile pour les deux parties. Il faut être sur un pied d'égalité avec l'Afrique, voir quels sont leurs intérêts et quels sont nos intérêts», conclut-il.
Fri, 22 Nov 2024 - 113 - Younous Omarjee : «On voit bien les pouvoirs exorbitants de la Commission européenne»
Cette semaine, nous recevons Younous Omarjee, vice-président français du Parlement européen, membre du groupe de La Gauche (LFI). Il commente les auditions des futurs commissaires européens ainsi que les conséquences pour l’UE de l’élection de Donald Trump.
À la suite des auditions des futurs commissaires européens à Bruxelles, plusieurs nominations pourraient être retoquées par les eurodéputés sur fond de conflits politiques entre les différents partis : «C'est un moment qui doit être envisagé très sérieusement et nous regrettons évidemment la manière dont cela se déroule depuis le début, cela affaiblit considérablement le Parlement européen», explique le vice-président du Parlement. Il regrette les considérations politiques «qui entrent en ligne de compte et qui viennent parasiter ces auditions. Il y a encore une incertitude (sur leur issue) car les grands groupes politiques n'arrivent pas à se mettre d'accord. C’est une crise politique», regrette Younous Omarjee.
Au cœur de la polémique, l'Italien Raffaele Fitto, nommé par Giorgia Meloni et issu de son parti de droite radical Fratelli d'Italia : «Il aurait été surprenant que Giorgia Meloni nomme un gauchiste à la commission européenne», reconnaît Younous Omarjee. «Raffaele Fitto a été poussé dans ses retranchements sur la question de sa maîtrise des enjeux en matière de politique de cohésion, mais également sur un certain nombre de dimensions politiques. Chaque commissaire doit en réalité porter des valeurs de l’UE et des droits fondamentaux. Il est évident que notre groupe ne va pas accepter ce candidat», explicite-t-il. Le vice-président du Parlement européen questionne les intentions de la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen : «Il y a une nouvelle possibilité de majorité dans le Parlement européen qui se dirige à droite toute», regrette-t-il. «Il y a un risque très élevé que nous entrions dans un moment de déconstruction de toutes les avancées obtenues en matière de lutte contre le réchauffement climatique, de défense des droits fondamentaux et de défense des droits des femmes».
En ce qui concerne l’audition du Français Stéphane Séjourné, candidat au poste de commissaire européen à la stratégie industrielle, «elle s'est passée dans les formes acceptables». Son audition a notamment porté sur la question de la signature des accords du Mercosur alors que le Premier ministre français Michel Barnier a dit qu’il ne l'accepterait. Le vice-président du Parlement critique la toute-puissance de la Commission européenne qui négocierait directement ces accords, sans consulter ni les États membres ni le Parlement européen. «Les affirmations du Premier ministre qui consistent à dire que la France refusera le Mercosur doivent véritablement être suivies d'effets. La France doit organiser au sein du Conseil européen une minorité de blocage de cet accord. C'est le seul moyen de pouvoir faire reculer la Commission européenne qui a fait le choix de tuer une partie de l'agriculture européenne», estime Younous Omarjee.
L’élection de Donald Trump à la présidence américaine, pour l’eurodéputé insoumis, « c’est le moment pour l'Union d'exister en tant que puissance. Il y a une ambiguïté stratégique chez Donald Trump et une très grande imprévisibilité dans la manière dont il va conduire sa politique internationale. Il rappelle la responsabilité des Européens à continuer de soutenir l’Ukraine face à la Russie. Le vice-président concède tout de même des divergences d’opinion au sein des Vingt-Sept au sujet de l’adhésion de l’Ukraine à l’UE. «Nous ne sommes pas du tout préparés», ajoute-t-il à propos de cette possible adhésion.
Au procès des assistants parlementaires du Front National, accusé de détournement de fonds du Parlement européen, le Parquet réclame une peine d'inéligibilité pour tous les prévenus, dont Marine Le Pen. Younous Omarjee estime qu’il n'y a pas de procès politique. «Il y a eu la constatation par le Parlement européen de la violation des règlements du Parlement européen qui s'imposent à l'ensemble des groupes politiques», conclut le vice-président du Parlement européen, une institution qui s’est portée partie civile.
Fri, 15 Nov 2024 - 112 - Pierre Moscovici : «Trump est un businessman, il fait ce qu'il dit et les risques sont multiples»
Cette semaine, nous recevons Pierre Moscovici, premier président de la Cour des comptes et ancien commissaire européen. Il commente la victoire de Donald Trump à l'élection présidentielle américaine et ses conséquences pour l'Union européenne. Il revient également sur le déficit record de la France et les efforts financiers à réaliser dans les prochaines années.
À la suite de l'élection de Donald Trump, l'Union européenne s'inquiète des conséquences de cette victoire. «On a espéré conjurer cette victoire et je pense que c'est tout de même une nouvelle difficile pour le monde, pour la France, pour l'Europe», explique Pierre Moscovici. «Ce sera difficile, peut-être même très difficile», ajoute-t-il à propos du mandat à venir de Donald Trump.
S'il est sceptique face aux actions à venir du futur chef d’État américain, il explique qu'«il ne faut jamais condamner un président par avance». «Lors de son élection, Donald Trump a été un peu plus apaisé dans ses propos. Il a manifesté la volonté d'unir les Américains», ajoute le premier président de la Cour des comptes.
Pierre Moscovici rappelle les liens qui unissent les États-Unis et l'UE. «Ils sont nos alliés. Ce sont nos amis», dit-il. S'il estime que Joe Biden avait renoué des liens avec le Vieux Continent, il rappelle l'attitude beaucoup plus isolationniste de Donald Trump. «Depuis quelque temps, l'Europe n'est plus la priorité des États-Unis», explique Pierre Moscovici. «Donald Trump est un businessman, donc il fait ce qu'il dit. Les risques sont multiples», estime l'ancien commissaire européen. «Espérons le mieux mais le mieux, c'est une sorte de neutralité, d'amitié un peu contrariée», insiste-t-il.
En ce qui concerne le conflit en Ukraine, que Donald Trump affirme pouvoir régler en 24 heures, Pierre Moscovici reste prudent. «Si c'est aux conditions de Vladimir Poutine, c'est difficile», explique-t-il. Il rappelle les conséquences désastreuses qu'aurait un arrêt du soutien américain à l'Ukraine et ainsi l'importance de renforcer une défense européenne. «Il faut montrer que nous sommes capables de nous défendre, non pas sans les Américains car nous resterons dans l'OTAN mais éventuellement par nous-mêmes si la situation l'exige», explique Pierre Moscovici.
D'un point de vue économique, Pierre Moscovici rappelle que la politique de Donald Trump impliquera un protectionnisme plus appuyé du pays. Le républicain souhaite taxer l'Union de 10% de droits de douane supplémentaires. «Cela peut générer de l'inflation et créer des difficultés pour nos entreprises», explique-t-il. «C'est pour cela que je parle de sursaut existentiel de l'Europe, parce que ça veut dire que dans cette situation-là, nous n'avons pas d'autre alternative que de nous construire, de regarder le monde», ajoute-t-il.
En France, le déficit record qui risque de dépasser les 6% du PIB à la fin de l'année, alarme Pierre Moscovici. «Nous ne maîtrisons pas notre dette, elle est aujourd'hui la troisième de l'Union européenne en pourcentage du PIB, à plus de 110% et elle continue d'augmenter», explique-t-il. En ce qui concerne l'influence de la France dans l'Union, la situation économique du pays agit comme «un facteur d'affaiblissement objectif dans la mesure où nous avons connu une année noire en 2024», ajoute Pierre Moscovici. Sans parler d'austérité, il évoque «une phase d'effort qui va durer plusieurs années». «Il y a eu une phase expansionniste. Il faudra basculer dans un mode d'économie sur la dépense publique avec la réforme des services publics et une qualité de la dépense publique qui permet de réduire notre déficit», détaille-t-il.
Fri, 08 Nov 2024 - 111 - Jean-Claude Trichet : « Les marchés font pour le moment confiance au nouveau gouvernement »
Nous accueillons, cette semaine, Jean-Claude Trichet, ancien président de la Banque centrale européenne. Il revient sur le déficit record et l’endettement de la France, les fragilités du couple franco-allemand au sein de l’UE ainsi que sur les conséquences de l'élection américaine pour l’Union.
Avec un déficit record qui risque de dépasser les 6% du PIB cette année, la France est dans le viseur de l’Union européenne. « Elle est vraiment très endettée et elle est, de ce point de vue, le plus mauvais pays d'Europe », explique Jean-Claude Trichet. Si l’ancien président de la BCE se dit rassuré de voir le gouvernement français prendre le problème à bras-le-corps, il confirme qu’il faut « absolument redresser la barre ». « Il me semble que les marchés font pour le moment confiance au nouveau gouvernement », explique l’économiste qui pense que le pays évitera le pire si le déficit est ramené à 5% l’année prochaine.
Alors que la règle au sein de l’UE est de ne pas dépasser les 3% d'endettement par rapport à son PIB, la France fait figure de mauvais élève. La gestion des finances au cours de ces dernières années est à présent questionnée. « Je pense que nous aurons un début d'explication avec la commission qui a été créée et qui devrait nous permettre de mieux comprendre ce qui s'est passé », explique Jean-Claude Trichet.
Le pays doit aujourd'hui réaliser 60 milliards d'économies, ce qui implique un effort collectif de la part des Français. « Les Français parlent de rigueur, d'efforts considérables, alors que c'est un pays qui n'est pas rigoureux », estime l’économiste. « Les Français se plaignent en permanence d'une absence de dépenses publiques et en fait, ils dépensent plus que tous les autres », ajoute-t-il. « La France n’a plus de cartouches », constate Jean-Claude Trichet au sujet du déficit public.
« Pour que l'Europe fasse des progrès, il faut qu'il y ait un bon accord franco-allemand»
En Allemagne, l’économie est également en berne. L’entreprise Volkswagen étudie actuellement un vaste plan de licenciements et la récession du pays est redoutée. « L’Allemagne est particulièrement touchée sur le plan de la croissance, mais c’est en même temps un pays sain qui inspire confiance et donc je ne crois pas qu'il faille dramatiser le problème allemand », estime l’ancien président de la Banque centrale européenne.
Face aux difficultés économiques de la France et de l’Allemagne, le couple franco-allemand, souvent considéré comme le moteur de l’UE, est mis à mal. « Il y a une chose qui est sûre : la condition nécessaire, sinon suffisante, pour que l'Europe fasse des progrès, c'est qu'il y ait un bon accord franco-allemand sur les progrès à faire », explique Jean-Claude Trichet. Il ne s’agit pas de la seule condition car, selon lui, « il faut convaincre les autres pays d'aller dans cette direction ».
« Quel que soit le nouveau président américain, nous aurons à défendre nos intérêts avec acharnement »
À quelques jours de l’élection présidentielle américaine, « quel que soit le nouveau président des États-Unis, les problèmes entre l'Europe et les États-Unis demeureront », selon Jean-Claude Trichet. « Les États-Unis sont très orientés sur leurs propres intérêts. Ils ont la capacité d'imposer beaucoup de choses au reste du monde pour des tas de raisons, et notamment à cause du fait qu'ils ont une fédération politique achevée », poursuit-il. L’économiste explique cette force par l’existence aux États-Unis d’un marché, d’une monnaie, d’une armée et d’une diplomatie unique. « Quel que soit le nouveau président, nous aurons à défendre nos intérêts avec acharnement », dit-il. « L’UE a besoin de faire encore beaucoup de progrès dans la voie de la fédération politique », conclut Jean-Claude Trichet.
Fri, 01 Nov 2024 - 110 - Andrej Plenkovic : « Je suis réservé sur les centres de retour dans les pays tiers »
Cette semaine, nous recevons Andrej Plenković, Premier ministre de la Croatie, pays des Balkans entré dans l'Union européenne en 2013. Membre du parti de droite HDZ qui siège au sein du Parti populaire européen en Europe, il revient sur un potentiel élargissement de l’UE à d’autres pays des Balkans occidentaux ainsi que sur le rôle des Vingt-Sept dans les conflits en Ukraine et au Proche-Orient.
EnMoldavie, le «oui» l’a emporté de justesse lors du référendum sur l'inscription dans la constitution de l'objectif d'adhésion du pays à l'UE. La présidente sortante Maia Sandu devra affronter son opposant soutenu par les socialistes pro-russes à l'élection présidentielle du 3 novembre. «Il s'agit d’une nation divisée et polarisée où il y a sans doute eu beaucoup d'influences dans le débat», explique Andrej Plenković. Il apporte son soutien à Maia Sandu et dénonce «la guerre de la désinformation» venant de la Russie : «Elle est présente et il faut se battre pour la vérité et pour les faits», ajoute-t-il.
La Serbieest une candidate à l’adhésion à l’UE potentiellement problématique car elle n’a pas coupé ses liens avec la Russie : «Tous les pays de la région doivent remplir les critères» et s'«aligner» au mieux avec la politique de l’Union. «Si la Serbie est véritablement déterminée à rejoindre l'Union européenne, il faut qu’elle le montre dans tous les domaines, y compris la politique étrangère et en matière de sécurité», critique le Premier ministre croate.
L’UE veut durcir sa politique migratoire en envoyant des migrants dans des pays tiers « de retour ». Par exemple, l’Italie vient d'ouvrir deux centres de rétention en Albanie. «Nous sommes un peu réservés», explique-t-il au sujet de cette méthode de sous-traitance. «Pour le moment, nous voyons beaucoup de difficultés juridiques et opérationnelles. Nous attendons de voir quelles seront les vraies conséquences». Il dénonce par ailleurs « une politique de militarisation des migrants illégaux poussés vers la frontière orientale », envoyés par la Russie et la Biélorussie pour faire pression sur la Pologne de Donald Tusk.
Le sujet de la migration sera au cœur du débat avec la mise en place d’un nouveau portefeuille de Commissaire à la Méditerranée, Dubravka Šuica, une Croate nommée par M. Plenkovic : «Je suis sûr qu’elle va mettre l’accent sur toutes les politiques de l'UE en lien avec les pays du nord de l'Afrique et de la Méditerranée y compris la politique migratoire, les crises humanitaires, les politiques de transport, de développement et les politiques de coopération économique».
En ce qui concerne le rôle de l’Union dans la résolution du conflit au Proche-Orient, le Premier ministre affirme que le sujet est au centre des préoccupations : «C'est un des dossiers sur lequel nous débattons à presque chaque Conseil européen, à presque chaque réunion du ministère des Affaires étrangères», se défend-il. «Il faut que tous les pays de l'UE envoient de l'aide humanitaire lors de situations de crise où la population est en difficulté», assure Andrej Plenkovic.
À quelques semaines du résultat de l’élection présidentielle américaine qui pourrait voir Donald Trump élu, Andrej Plenkovic reconnaît par le passé «une cohabitation difficile» sur certains sujets avec l’administration Trump. Il reste cependant mesuré et souhaite une continuité de relations bilatérales : «Il faut mettre au premier plan ce qui nous lie. C’est plus fort que les choses qui nous séparent», conclut-il.
Fri, 25 Oct 2024 - 109 - Josep Borrell : «La dynamique de la peur ne peut pas dicter notre politique migratoire»
Nous recevons cette semaine Josep Borrell, Haut représentant de l’Union européenne pour les affaires étrangères et la sécurité, dont le mandat prendra fin dans les semaines à venir. Il revient sur le rôle de la diplomatie européenne dans la résolution des conflits au Proche-Orient et en Ukraine. C’est également l’occasion pour Josep Borrell de faire le bilan de son mandat et d'envisager les priorités futures de l’UE.
Au lendemain de la mort du chef du Hamas, Yahya Sinouar, Josep Borrell appelle à la paix dans la région. «C'est l’occasion de finir la guerre et de faire libérer les otages», explique-t-il. «C'est le moment de dire assez et de regarder vers le futur», ajoute le chef de la diplomatie européenne. «Parmi les Vingt-Sept, il y a des positions très différentes», notamment face au droit à la défense de la part d’Israël. «Quelles sont les limites du droit à la défense ? Le Droit humanitaire,» répond Josep Borrell. «Quand on voit ce qu'on voit dans la destruction de Gaza, la question est pertinente», ajoute-t-il.
Cette semaine, l'Union européenne invitait à Bruxelles les États du Golfe à l’occasion d’un premier sommet. Josep Borrell rappelle sa volonté de travailler main dans la main avec les pays arabes. «La volonté de travailler ensemble est là», explique-t-il, pour travailler à la mise en place d'un État palestinien.
Sur le chapitre de l'Ukraine, Le président Volodymyr Zelensky a également présenté cette semaine son «plan de victoire» face à la Russie. Un plan que le Haut représentant de l’UE pour les affaires étrangères juge «tout à fait logique, car le but final de l'Ukraine est l'adhésion à l'UE et à l'OTAN». Josep Borrell reconnait le blocage de certains pays et notamment du Premier ministre hongrois, Viktor Orban : «J'ai encore la tâche de trouver des solutions pour que la Hongrie ne bloque pas l'aide militaire à l'Ukraine. Je pense que nous allons y arriver au prochain Conseil de l’UE.»
L’immigration est également au cœur des débats. Alors que la position de l’UE se durcit sur la question de la sous-traitance des demande d’asile à des pays tiers, celui qui se définit comme «un homme de gauche» dit ne pas partager cette approche. «Certes, il faut protéger nos frontières» et faire en sorte «que les migrants arrivent d'une façon ordonnée», il prône cependant «une approche plus équilibrée», comme celle de Pedro Sanchez en Espagne. «La dynamique de la peur ne peut pas dicter la politique migratoire. Beaucoup de pays européens ne marcheraient pas sans un certain nombre de migrants, de jeunes et de leur capacité de travail», explique-t-il. Le chef de la diplomatie appelle également à renforcer la coopération avec l’Afrique sur d’autres sujets que la migration. «L’Afrique, c’est beaucoup plus que ça», dit-il. «Il ne faut pas oublier sa dynamique économique et sa capacité à produire tout ce qu'il nous faut, à commencer par des matériaux critiques».
Puis, à quelques semaines de l’élection présidentielle américaine, le chef de la diplomatie européenne juge la position de Kamala Harris «beaucoup plus réaliste» notamment au sujet de la résolution du conflit en Ukraine : «Qui peut imaginer que nous pouvons arrêter une guerre en une semaine ?», fustige Josep Borrell à la suite des propos de Donald Trump qui affirme qu’il réglerait le conflit en un jour s’il était élu.
Alors que son mandat touche à sa fin, Josep Borrell regrette le repli sur soi de certains pays européens. «Les Européens, chacun de leur côté, sont trop petits. Il faut absolument que nous ayons une politique beaucoup plus intégrée et je trouve que les réflexes nationaux sont encore beaucoup trop forts», conclut-il.
Fri, 18 Oct 2024 - 108 - Pierre Vimont : «l'Espagne a réussi à éviter les débats énervés sur l'immigration»
Nous accueillons cette semaine Pierre Vimont, chercheur associé à la Fondation Carnegie Europe et ancien secrétaire général du Service européen pour l'action extérieure. Il revient sur le grand oral du Premier ministre hongrois Viktor Orban devant le Parlement européen, qui a mis à jour les divisions sur l‘Ukraine ainsi que sur les défis à venir de la nouvelle mandature.
Pour Pierre Vimont, la position controversée du Premier ministre hongrois Viktor Orban sur l’Ukraine, tient pour une part de la « provocation. Mais Viktor Orban estime aussi qu'il dit haut et fort des choses que beaucoup d'autres dirigeants européens pensent mais n'osent pas dire », explique-t-il. « Depuis longtemps, il appelle ses partenaires européens à avoir entre eux une vraie discussion sur l'Ukraine et sur l'objectif final que nous souhaitons atteindre », reconnait Pierre Vimont. « Actuellement, sur le terrain, c'est devenu beaucoup plus difficile. La vérité, c'est que nous sommes un peu dans une impasse », admet-il. Il demande en même temps une « très grande fermeté quand Orban ignore les règles européennes, fait du chantage et bloque pratiquement toutes les décisions d'aide à l'Ukraine ».
En matière d’immigration, celui qui a été en charge d’un grand sommet UE-Afrique se désole des tragédies et noyades en mer qui touchent les migrants. Il conseille de signer de grands accords avec les pays de transit, mais aussi et surtout coopérer avec l’Afrique globalement, sur des questions autres que la migration. « Il faut s'attaquer à la source des problèmes et aller vers les pays d'origine en Afrique, dans le Sahel et dans d'autres pays encore, pour voir avec eux comment nous pourrions les aider à régler leurs problèmes de fond. » Il loue la politique migratoire de l’Espagne qui, selon lui, « essaie de manière très concrète de faire avancer les choses ».
L’ancien ambassadeur de France aux États-Unis évoque les conséquences d’une possible victoire de Donald Trump à l’élection présidentielle américaine. Selon les proches du candidat républicain, « il faudrait plus ou moins accepter la situation actuelle et donc reconnaître que la Russie occupe une partie du territoire ukrainien (…) et qu'il ne faut pas accepter que l'Ukraine entre dans l'OTAN », s’inquiète-t-il. « Nous voyons bien que ce sont des positions qui ne sont pas du tout celles des pays européens ! »
Face à l’embrasement du conflit au Proche-Orient, il reconnait « l’impuissance » de l’Europe : « Elle a disparu de la scène du Moyen-Orient depuis 10 ans », dit-il. Alors qu’elle fait les bonnes analyses et pèse économiquement, « Ce qui lui manque, c'est le passage à l'action », détaille l’ancien ambassadeur.
Enfin, au sujet du déficit et de l’endettement de la France, Pierre Vimont ne croit pas en une cure d’austérité comparable à celle de la Grèce, mais appelle le pays à « revenir dans les clous de Maastricht ». « Nous n'avons pas été capables de le faire depuis des dizaines d'années, alors que chaque fois que l'un de nos partenaires européens se retrouvait dans cette difficulté, nous lui demandions immédiatement de faire le nécessaire. Donc il est temps pour la France de revenir à un peu de rigueur », ajoute-t-il. Il connait bien Michel Barnier pour avoir été son directeur de Cabinet au Quai d’Orsay, et il reconnait la situation affaiblie du pays : « Quand vous êtes dans une situation de difficultés financières et plus généralement de difficultés économiques, les autres pays membres ne vous regardent plus tout à fait de la même manière. Un gouvernement sans majorité ne passe pas non plus inaperçu à Bruxelles ! ». Selon lui, la France est supplantée par d’autres pays, plus à l’Est et au Nord, qui font preuve de moins d’initiatives et d’idées: « L'affaiblissement de la France n'est pas forcément une bonne chose pour l'Europe », conclut-il.
Fri, 11 Oct 2024 - 107 - Charles Michel, le président du Conseil européen: « Je lance au nom de l’UE un appel à se ressaisir»
Premier ministre belge de 2014 à 2019, il a ensuite pris la tête du Conseil pour un mandat qui se termine fin novembre 2024. Inquiet pour notre Europe dans un monde impitoyable : « Depuis ces dernières années, on voit bien qu'il y a un cocktail d'incidents, de crises de guerre qui est extrêmement dangereux. Je lance au nom de l'Union européenne un appel à se ressaisir ».
Le Proche-Orient s’est embrasé depuis un an : « Je crois qu'il faut faire plus, martèle-t-il, l'obsession maintenant doit être de stopper cette escalade. Il y a évidemment une très forte condamnation de la part de l'Union européenne de ces attaques terroristes immondes qui ont été perpétrées par le Hamas contre le peuple d'Israël. Et dans le même temps, Israël a le droit de se défendre et doit le faire dans le respect du droit international. » Quelle diplomatie européenne ? « Je pense que nous sous-estimons nos capacités d'influencer positivement la situation dans cette région, répond-il. Et trop souvent, il y a peut-être la tentation facile de considérer que d'autres sont en responsabilité. Les États-Unis ou les pays de la région. »
En Ukraine, avant un hiver redouté, la présidente de la Commission a annoncé 35 milliards d'euros garantis par les bénéfices exceptionnels provenant des avoirs russes gelés : « Le message est très simple, explicite-t-il. L’Union européenne tient et tiendra ses engagements. Et d'ailleurs, il pourrait y avoir une voix discordante, celle peut être du Premier ministre hongrois Viktor Orban. Cela n'empêchera pas de prendre la décision puisque nous pourrons, sur un sujet pareil, agir à la majorité qualifiée. » Orban a eu beau rencontrer Vladimir Poutine, 26 États membres sur les 27 se sont soudés pour réaffirmer avec encore plus de force et plus de détermination le soutien à l'Ukraine.»
Le rapport de Mario Draghi demande aux dirigeants de l'Union européenne de mobiliser des fonds supplémentaires à hauteur de 800 milliards d'euros par an pour financer des investissements essentiels, mais les pays « frugaux » ne veulent pas de nouvelle dette en commun : « l’Union européenne est une démocratie, juge Charles Michel. On doit être fier de cela. Et qui dit démocratie dit effectivement des sentiments, des opinions qui ne sont pas spontanément convergentes. On l'a démontré malgré des positions au départ divergentes, on réussit à être dans l'unité à force de dialogue et à force de négociation, à force de discussion. » Une piste ? « Il y a de l'épargne en Europe qui va trop, selon moi, financer d'autres économies notamment les États-Unis, et c'est un peu absurde ! »
Sur l’immigration, le président du Conseil européen se prononce pour financer des clôtures aux frontières de la Grèce et de la Pologne : « Moi j'ai pris position, il y a plusieurs années déjà en faveur du soutien de l'Union européenne pour sécuriser les frontières extérieures de l'Union européenne. J’y suis favorable dès lors que c'est compatible avec le fait qu'il y a des points de passage sécurisés pour permettre une immigration régulière contrôlée. Je n'accepte pas que ce soient les passeurs, les trafiquants, les criminels qui décident qui a le droit ou pas le droit de rentrer sur le sol européen. Sur le plan de la migration, le débat est évidemment difficile, avec beaucoup d'émotion et parfois la tentation d'instrumentalisation par des groupes populistes », reconnait-il. Contre cette poussée des extrêmes « droite et gauche », précise-t-il, « il faut avoir nos valeurs européennes chevillées au corps et ne pas être honteux, ne pas être gêné ; dans le narratif, dans la bataille pour le récit, on doit être plus offensif et ne pas rester sur le terrain défensif ! »
Fri, 04 Oct 2024 - 106 - Jean-Claude Juncker : « l’extrême droite sort renforcée de ses imitations politiques »
Il nous parle de la position de la France en Europe, pense que Michel Barnier fera un excellent Premier ministre : « Ce n'est pas un désavantage pour un Premier ministre français de bien connaître l'Europe. La France gagnerait beaucoup à mieux connaître l'Europe (...) Je ne crois pas que Michel Barnier sera l'esclave du Rassemblement national. »
Il estnéanmoins inquiet de la rhétorique anti-migrants en France : «J'ai toujours considéré qu'il ne faut pas transiger sur les grands principes avec l'extrême droite, que si les familles politiques classiques, les socialistes, les démocrates-chrétiens, les libéraux, les Verts commençaient à imiter en disant la même chose que l'extrême droite, l'extrême droite sortira renforcée de ces imitations qui n'ont pas lieu d'être. C'est pourquoi l'extrême droite, il ne faut pas la suivre.»
Sur les déficits excessifs français, il y a urgence, selon lui : « Il n'est pas convenable ni décent qu'un des grands pays européens soit si peu présentable en matière budgétaire. Et donc je veux croire que le gouvernement Barnier mettra de l'ordre dans les finances publiques. C'est nécessaire. Le déficit français, si jamais il devait s'élever à 6%, ce qui sera probablement le cas, correspond exactement au PIB de la Hongrie.»
Concernant la fermeture des frontières allemandes pour 6 mois, il se récrie : « Il y a au Luxembourg, 200 000 frontaliers dont 50 000 travailleurs allemands. Le Luxembourg est un pays qui connaît un taux d'immigration de 49%. Quel serait le résultat de madame Le Pen en France si le taux d'immigration était de 49% ? Donc, nous sommes assez sensibles aux mauvais comportements comme celui adopté par le gouvernement allemand. Mais je crois que nous courons le risque que l'exception, c'est-à-dire l'accord de Schengen permettant de prévoir des contrôles aux frontières, devienne la règle si l'on ne prête pas attention à ce dérapage. »
Que dire de la Commission Von der Leyen 2 qui a offert une vice-présidence à un parti radical, celui de Giorgia Meloni, les frères d'Italie ? : «Je ne l'aurais pas fait », cingle-t-il.
La guerre en Ukraine reste prioritaire pour lui, mais sa vision de Poutine a changé : « je me suis lourdement trompé. Je l'ai souvent vu en aparté sous quatre yeux, sans interprète. Je reste abasourdi par le comportement dangereux de Poutine qui met en cause le système sécuritaire de l'Europeet la géométrie sécuritaire de l'Europe en violant les frontières et en attaquant sans gêne et sans raison ses voisins directs. » Mais l’UE doit s’occuper aussi des autres conflits et peser dans le monde : « Il faudra que nous donnions au Liban, pays malheureux parmi tous les pays nobles, vu la qualité de ses habitants, une chance à la diplomatie ! »
Fri, 27 Sep 2024 - 105 - Arancha Gonzalez Laya: «Attention à ceux qui veulent rester dans l’UE pour la détricoter»
Arancha González Laya, l’ancienne ministre des Affaires étrangères espagnole, et l’actuelle doyenne de l’École des Affaires Internationales (PSIA) de Sciences-Po Paris, estime qu’avec un déficit de 5.6% du PIB, «la France doit vite se mettre au travail sur le budget, à la fois sur les revenus et sur les dépenses», car «plus on fait de la dette aujourd'hui, plus on endette les générations futures et moins on donne de l'agilité à nos économies. Il ne s'agit pas simplement de l'économie française et de la capacité de la France de projeter son économie à l'international, mais aussi de la grande bataille pour le budget européen qui commencera l'année prochaine et qui doit permettre à l'Union européenne de se doter des moyens nécessaires aux ambitions de la présidente von der Leyen lors de sa nomination.»
Le nouveau collège de commissaires européens ? Après la surprise du retrait du candidat français, Thierry Breton, sur fond de conflit avec la présidente von der Leyen, le poste revient à Stéphane Séjourné, en charge de la Prospérité et de la Stratégie Industrielle : «ce portefeuille sera au centre de l’agenda de ces cinq prochaines années, avec l'économie et en particulier la macroéconomie.» L’ex-ministre des Affaires étrangères du gouvernement Attal «va devoir travailler main dans la main avec Teresa Ribera, qui a aussi un gros portefeuille économique, car elle a comme mandat de faire en sorte que la compétitivité - c'est-à-dire la macro et la microéconomie - soit alignée avec les objectifs de décarbonation de l'Union européenne et avec la justice sociale. Donc ces deux gros portefeuilles sont les plus importants à mon avis pour les cinq prochaines années.» Pour elle, les eurodéputés pourraient récuser après leurs auditions plusieurs commissaires, notamment l’Italien et le Hongrois : « si leurs réponses devant le Parlement européen ne sont pas convaincantes, ils ne passeront pas ! »
Pour la doyenne de PSIA, le risque n’est plus de voir certains pays «sortir de l'Union européenne, mais rester et la détricoter de l'intérieur. Détricoter l’état de droit, ce n’est pas européen. Donc aux autres d'être très vigilants, aux autres de mettre des lignes très claires - il faut être clair [et savoir] là où «détricoter» entre en collision avec ce que c’est que l'Union européenne, ce que sont les valeurs européennes, ce que sont les principes de l'Europe.»
Les questions migratoires sont toujours au cœur de l’actualité : aux Pays-Bas, le gouvernement dirigé par le parti d’extrême droite PVV de Geert Wilders a annoncé vouloir demander une dérogation aux règles européennes d’asile. Pour Arancha González Laya, «C'est un divorce entre faits et perceptions. C'est le jeu des populistes en Europe. Mais pour un continent comme l'Europe, qui a un déficit démographique énorme, qu'il faut à la fois changer les discours et réconcilier fait et perception, sinon on va droit dans le mur [...] Nous devons avoir une politique migratoire à la fois sur la migration régulière dont on a besoin parce qu'on a un déficit démographique, mais aussi sur l'immigration irrégulière où nous devons aussi avoir des règles claires et nous devons les appliquer».
Fri, 20 Sep 2024 - 104 - Elio Di Rupo, ex-Premier ministre belge socialiste : « J'ai la volonté de travailler à combattre sans relâche l'extrême droite »
Elio Di Rupo, ancien Premier ministre belge et élu député européen chez les socialistes et démocrates pour cette Xe législature.
Elio Di Rupo, redevenu député européen socialiste, juge le Premier ministre français Michel Barnier, bon négociateur, « notamment avec le Brexit, et négocier avec les Britanniques n’est pas facile, mais il reste un homme ancré à droite avec un profil très affirmé. Je ne peux pas oublier qu’il a voté conte la dépénalisation de l’homosexualité et qu’il a voulu très récemment que la France sorte de la Cour européenne des droits de l’homme ». La crise politique en Belgique aussi ? « Le 9 juin, la droite a gagné les élections. Du côté francophone, c'est plus net. Du côté de la Flandre, les socialistes flamands ont fait un excellent résultat. Et tous ces vainqueurs sont en train de tenter de former un gouvernement. Laissons-les travailler. » Quant aux déficits excessifs français et belge : « Pour le socialiste que je suis, on ne peut pas toucher aux soins de santé, on doit protéger nos concitoyens. (..) Où va-t-on chercher les moyens financiers ? Il y a des entreprises, des personnes, qui ont des gains astronomiques et par rapport à ces gains astronomiques, ne contribuent pas assez à la société. (...) Et donc il est normal qu'on demande à celles et ceux qui ont des épaules plus larges de contribuer davantage que celles et ceux qui ont des épaules plus étroites. » Mario Draghi a selon lui raison de parler de « lente agonie » dans son rapport sur la compétitivité : « Nous avons un retard terrible par rapport aux États-Unis et à la Chine », c’est pourquoi « il faut que l’Union européenne ait ses propres ressources financières » pour construire une Europe de la défense qu’il appelle de ses vœux. Car pour Elio Di Rupo, l’Union européenne n’est pas à la hauteur en ce qui concerne la guerre en Ukraine : « on ne peut pas laisser Poutine gagner parce que s’il gagne, nous sommes nous-mêmes, Européens, en danger. Nous avons besoin d'une Europe de la défense, non pas pour aller nous battre ailleurs, mais pour être capable de nous défendre nous-mêmes au sein de l'Otan », conclut-il.
Sur les racines du populisme, l’ancien Premier ministre belge estime que « les citoyens ont besoin d'être rassurés, sécurisés, d'avoir des perspectives pour eux-mêmes et pour leurs enfants, un pouvoir d'achat qui soit suffisant pour vivre dignement ». Il fustige par ailleurs les fausses informations qui circulent sur les réseaux sociaux et ont, selon lui, plus d’impact que les informations précises, pédagogiques, positives : « En tout cas, moi, j'ai la volonté de travailler avec mon groupe social-démocrate pour contribuer à combattre sans relâche l'extrême droite. »
L’Allemagne a annoncé l’extension des contrôles migratoires à l’ensemble de ses frontières dès le 16 septembre et pour une durée de six mois : « Je pense que l’on doit être sans pitié avec ces criminels, ces fondamentalistes religieux, ces terroristes », or en Allemagne, « il y a eu des drames, avec des morts, et une réaction du gouvernement », même si « bien entendu, dans l'Europe que nous voulons construire, fermer les frontières est un acte qui n'est pas dans l'esprit de l'Union européenne ».
L’Allemande Ursula von der Leyen, va présenter une « Commission très à droite avec même des commissaires d’extrême droite : ce qui est assez insupportable, c'est que le groupe socialiste est le deuxième groupe le plus important du Parlement européen et, personnellement, je ne me retrouve pas dans la Commission européenne a dû proportion de ce que nous représentons ». Les commissaires seront auditionnés par le Parlement européen et s’ensuivront un vote pour confirmer ou non la mise en place de cette nouvelle Commission. « Le fait que nous n'ayons pas un minimum d'équilibre par rapport aux sociaux-démocrates est quelque chose qui pourrait nous conduire à voter contre », met-il en garde.
S’apprêtant à accueillir Viktor Orban dans l’hémicycle le 18 septembre, l’eurodéputé veut « continuer à se battre pour défendre les minorités, la démocratie, les libertés. (...) On doit continuer à ne pas considérer que notre système démocratique de liberté et de défense des minorités est acquis pour toujours et à se battre, à nourrir et à chérir cette démocratie ».
Fri, 13 Sep 2024 - 103 - Jean Pisani-Ferry: «Michel Barnier est l'otage du Rassemblement national»
Cette rentrée européenne est marquée par la formation de la nouvelle Commission européenne d'Ursula von der Leyen, mais surtout, en France, par la nomination d'un nouveau Premier ministre, 50 jours après la démission de Gabriel Attal. Emmanuel Macron a nommé Michel Barnier, un bon connaisseur de Bruxelles, négociateur principal du Brexit, nommé par le président de la Commission de l'époque, par Jean-Claude Juncker. « C'est un grand soulagement pour la capitale européenne », estime l'économiste Jean Pisani-Ferry, qui est notre invité cette semaine. Professeur à Science Po Paris et au think tank européen Bruegel, il revient sur les conséquences européennes de cette nomination.
Pour Jean Pisani-Ferry, le nouveau locataire de Matignon est dans une position difficile, car « la gauche va certainement déposer une motion de censure. Elle ne sera pas votée. D'une certaine manière, Michel Barnier est l'otage du Rassemblement national. » Après deux mois d'âpres débats autour du nom du nouveau Premier ministre, la nomination d'une figure de la droite française à Matignon a provoqué la colère du Nouveau Front populaire, arrivé en tête des élections législatives. Pour notre invité, la France aurait à gagner en s'inspirant d'autres pays européens, plus habitués aux négociations de coalition : « Si nous étions un pays européen "normal", dans lequel on fait les élections et puis après on voit quelle majorité peut se constituer [...] on négocierait un accord de coalition avec des concessions de part et d'autre. Chacun définit ses lignes rouges, chacun définit ses priorités et sur cette base, on constitue un accord de coalition. »
Les défis qui attendent le nouveau Premier ministre français sont de taille, notamment sur le plan économique : Bercy table sur un déficit de 5.6% en 2024, ce qui signifie, selon Jean Pisani-Ferry, un « effort d'ajustement de 120 milliards d'euros sur plusieurs années ». Pour lui, cela « passera nécessairement par plus d'impôts – un tiers par les impôts et deux tiers par les dépenses » donc les coupes budgétaires. Ce qui signifie un changement majeur pour le pays et pour le nouveau Premier ministre, pourtant issu des rangs des Républicains, car « ça va marquer la fin de la hausse des prélèvements, et plus particulièrement revenir sur le tabou de la hausse des prélèvements sur les plus fortunés. »
L'économie de l'Union européenne est aussi à un tournant : le rapport Draghi sur la Compétitive de l'UE et Jean Pisani-Ferry considèrent que le continent a déjà pris trop de retard par rapport à ses concurrents principaux. « Aujourd'hui, nous avons un retard considérable sur la productivité par rapport aux États-Unis. Le retard s'est creusé de manière importante au cours des dernières années. Nous avons une situation dans laquelle, sur des industries comme les industries d'armement, on n'a pas de système intégré sur tout ce qui est innovation, technologie. On est en retard. » Alors que le contenu du rapport Draghi n'est pas encore entièrement connu, M. Pisani-Ferry fait la proposition suivante : « Il faut absolument introduire plus de flexibilité dans le budget européen. »
La nouvelle Commission d'Ursula von der Leyen est aussi déjà sous pression politique, notamment concernant sa composition et son manque de parité homme/femme. Pour Jean Pisani-Ferry, si les pays membres de l'UE ont échoué à proposer suffisamment de candidates femmes, ce sera désormais au Parlement européen d'arbitrer, et il s'attend à des sanctions : « Le Parlement ne laissera pas faire parce que la parité faisait partie des acquis de la dernière Commission von der Leyen. [...] Le Parlement va nécessairement mettre sur le grill un certain nombre de commissaires potentiels, et ça ne m'étonnerait pas qu'ils créent des difficultés. »
Fri, 06 Sep 2024 - 102 - Philippe Étienne : «Viktor Orban cherchera à jouer de sa présidence pour favoriser ses positions»
L’Ambassadeur de France, en poste dans de nombreux pays européens, reconnaît une Inquiétude au sein de l’Union européenne, depuis que la Hongrie du pro-russe Viktor Orban a pris la présidence tournante du Conseil de l’UE pour 6 mois.
V. Orban s’est rendu à Moscou discuter avec Vladimir Poutine : «La Hongrie a clairement cherché à s'opposer ou à ralentir des décisions européennes sur le soutien à l'Ukraine mais n'a jamais réussi. Et depuis 2012 et le traité de Lisbonne, le pays qui tient la présidence tournante du Conseil de l'Union européenne ne préside aucune autre institution, ce qui limite son rôle dans le domaine de la politique étrangère».
Viktor Orban s’est aussi rendu à Kiev, pour la première fois depuis 12 ans, pour «jouer un rôle d'honnête courtier comme certains de ses conseillers ou ministres l'ont dit», nous précise Philippe Étienne, «il veut montrer qu'il est un facteur de paix. Mais les autorités hongroises actuelles disent que ça ne change pas pour autant la position de la Hongrie sur le fond, et le gouvernement hongrois cherchera clairement à jouer de cette présidence pour favoriser telle ou telle de ses positions». Le Premier ministre hongrois tente de créer une alliance politique de droite radicale au Parlement européen, cherchant à rallier à lui certains partis : «Le résultat des élections européennes l'aide parce qu'il manifeste une poussée des forces eurosceptiques à droite nettement plus en ligne avec lui dans plusieurs pays».
Côté USA, l’Union européenne émet des inquiétudes dans le cas d’une victoire de Donald Trump et l’ancien Ambassadeur en convient : «si l'on se fie au précèdent mandat de Trump, il avait une attitude beaucoup plus critiques vis-à-vis de l'Union européenne que les Démocrates et Joe Biden depuis qu'il est président. Mais quel que soit le résultat de cette élection, les Européens doivent faire face à leurs propres sujets. Nous avons, nous, Européens, nos propres contraintes, nos propres défis. La Défense en est un et il faut que nous développions cette défense européenne». Pour stopper la guerre en Ukraine, Donald Trump a parlé d’instaurer la négociation entre Moscou et Kiev : «Il n'a pas dit qu'il interromprait immédiatement le soutien à l'Ukraine mais, implicitement, le soutien à l'Ukraine serait en quelque sorte lié à cet effort de négociation. Les Américains ont tort de considérer que la guerre en Ukraine est un problème européen, parce que l'agression par un membre permanent du Conseil de sécurité de l'ONU sur pays voisin est une menace à l'ordre international en général», affirme-t-il.
Ce jeudi 4 juillet 2024, au Royaume-Uni, après 14 ans de gouvernement conservateur, les Travaillistes l’ont emporté à la Chambre des Communes avec une très large majorité. Keir Starmer succède donc à Rishi Sunak au 10 Downing Street, et ce sera «extrêmement intéressant à suivre», note Philippe Étienne, optimiste sur l’avenir des relations entre le Royaume-Uni et l’Union européenne qui vont être «beaucoup plus paisibles» : même si revenir sur le Brexit ou réintégrer le Marché unique semble être totalement exclus. «Il y a un domaine où elles peuvent gagner de la substance sans revenir sur les grandes décisions économiques, c'est les questions de défense et de sécurité», prédit Philippe Étienne.
En tant que président de la Mission de commémoration des 80 ans de la Libération, Philippe Étienne rappelle que la Russie n’a pas participé au Débarquement, « par leur faute, en raison de la guerre en Ukraine qu’ils ont déclenchée : mais il a tout de même été largement question du rôle de l’Armée Rouge lors des discours et événements ». Mais ce qu’il tient surtout à souligner, c’est que ces commémorations «ont clairement rappelé à notre opinion et surtout à notre jeunesse le prix de la liberté, ne serait-ce que par la présence de ces vétérans américains, britanniques, français et autres, des personnes âgées d’une centaine d’années qui sont quand même venus, qui ont voulu rencontrer les jeunes.»
Fri, 05 Jul 2024 - 101 - Alexander Stubb : « Poutine essaie de déstabiliser la Finlande »
Nous recevons cette semaine Alexander Stubb, président de la République de Finlande depuis février 2024, ancien Premier ministre et ancien ministre des Affaires étrangères, ex-député européen. Il y a un peu plus d’un an, la Finlande rejoignait l’OTAN, mettant ainsi fin à des décennies de neutralité et de non-alignement militaire. La guerre en Ukraine et les inquiétudes qu’elle a suscitées en Europe ont provoqué ce tournant historique.
Alexander Stubb estime que l’entrée de son pays dans l’OTAN apportera « plus de valeur ajoutée » à l’organisation grâce au « million de Finlandais ayant effectué leur service militaire » et à la position stratégique du pays, qui double la frontière de l’OTAN avec la Russie. « L'OTAN a beaucoup gagné et la Finlande a gagné aussi », souligne-t-il. Si la Finlande « n'est pas provocatrice » vis-à-vis de la Russie, elle ambitionne d’«être dans le noyau dur de l'OTAN ».
Alexander Stubb accueille de manière « très positive » le choix de nommer l'ancien Premier ministre néerlandais Mark Rutte à la tête de l’OTAN. « Il va être un très bon chef pour l'OTAN », se réjouit-il, « je suis très content pour lui et pour l'OTAN ».
Depuis plusieurs mois, la Finlande a fermé ses frontières avec la Russie face à l’arrivée de migrants, originaires pour la plupart du Moyen-Orient et d’Afrique, et accuse Moscou d’orchestrer ce flux migratoire pour influencer la politique finlandaise. Selon Alexander Stubb, « Poutine utilise les gens comme un instrument, il essaie de déstabiliser la Finlande » et mène « une guerre hybride ». Le président finlandais espère trouver une solution sûre et humaine.
L'Union européenne a officiellement lancé mardi (25 juin 2024) des négociations d’adhésion avec l’Ukraine. La Finlande, qui a dû céder 10% de son territoire à la Russie en 1940, « comprend exactement ce que si passe en Ukraine en ce moment et c’est pour ça qu’on donne un soutien assez fort » à la candidature de Kiev. La perspective de voir arriver Viktor Orban à la présidence de l’UE à partir du 1er juillet et les conséquences éventuelles sur le soutien des 27 à l’Ukraine n'inquiètent pas Alexander Stubb, malgré la proximité affichée du Premier ministre hongrois avec Vladimir Poutine. « Je crois que le chemin de l'Ukraine pour l'Union est clair », déclare Alexander Stubb. Le Premier ministre finlandais reste optimiste, estimant qu’en dépit des crises, « on trouve toujours des solutions en Europe ». Il cite l’exemple de l’accord financier pour une aide à l’Ukraine que Viktor Orban avait bloqué avant de finir par plier sous la pression des 27.
Alexander Stubb considère qu’en matière d’Europe géopolitique, « on a bien avancé pendant les cinq dernières années mais il faut aussi comprendre que l'Europe est jamais parfaite, jamais, surtout parce qu'on a 27 États membres, de temps en temps, avec des intérêts un peu différents ». Il salue le bilan d’Ursula von der Leyen, « une grande présidente de la Commission, un peu comme Jacques Delors ». Il lui apporte son soutien pour un second mandat à la tête de la Commission européenne, qui serait « une bonne chose pour l’Europe ». À l’heure où le multilatéralisme est en déclin, il pense que « l'intégration régionale va être plus forte » et l’Europe sera « assez forte » dans ce nouveau contexte mondial. « L’Europe ne va pas être les États-Unis, l’Europe ne va pas être la Chine mais quelque chose entre les deux et si on comprend ça, je crois qu’on va avoir une vue plus positive de l’Europe. »
Fri, 28 Jun 2024 - 100 - Elisa Ferreira : « La situation serait bien pire si la politique de cohésion n’existait pas »
Quelques jours après un scrutin européen déterminant pour l'avenir de l’Europe et lors duquel les partis d’extrême droite eurosceptiques ont gagné des sièges, nous recevons celle qui est encore Commissaire européenne à la Cohésion et aux Réformes, la Portugaise Elisa Ferreira, chargée du rattrapage des régions les plus reculées et en difficulté. Deuxième enveloppe du budget européen après la Politique agricole commune, la politique de cohésion bénéficie pour l’exercice 2021-2027 de 390 milliards d’euros à distribuer aux États membres pour qu’ils mettent entre autres en place des projets d’aide aux plus démunis ou à la transition écologique.
Elisa Ferreira voit dans cette montée de l’extrême droite, lors des élections du 9 juin 2024, la conséquence du sentiment d’exclusion de certaines régions pauvres, qui sont «inquiètes, et donc s’attachent à quelqu'un qui leur dit ‘je te protège’, même si cette personne veut seulement arriver au pouvoir». Elle le reconnaît, il y a des disparités de richesse au sein de l’Europe qui est, rappelle-t-elle, «fondée sur la libre concurrence» au sein de l’Union, mais «la situation serait bien pire si la politique de Cohésion n’existait pas», soutient-elle. C’est pourquoi «il faut que tous les agendas politiques, y compris au niveau national, se préoccupent de la cohésion pour donner des opportunités à tous les territoires».
Dans une récente tribune co-écrite avec Nicolas Schmit, actuel Commissaire européen à l’Emploi et aux Droits sociaux, elle appelait les Européens à aller voter «en faveur des partis pro-européens, qui ont confiance dans l'Europe et qui donnent confiance à l'Europe». Elle espère que le résultat du scrutin, qui voit tout de même une large majorité pour le «centre élargi» se dégager, permettra de «maintenir la politique de cohésion au centre de notre future politique commune. Sans la politique de cohésion, l'Europe va se fractionner. Surtout quand on pense que l'Europe doit s'élargir. Et le succès de tous les élargissements précédents s’est fait grâce à un renforcement de la politique de cohésion.» Preuve en est, l’augmentation du PIB par habitant des pays qui ont intégré l’Union, qui sont en moyenne passés de 50% de la moyenne européenne à 80% «c'est une croissance incroyable»!
Pour Elisa Ferreira, la politique de cohésion n’est pas une redistribution d’argent, mais «une redistribution d'opportunités pour que tout le monde puisse contribuer à la richesse commune. Bien sûr, pour ça, il faut avoir de l'argent. Mais l'argent n'est pas un but en soi, c'est une condition pour que le rattrapage puisse se faire.» La politique de cohésion est là pour aider les États membres mais, précise la Commissaire, «on ne peut pas décider de ce qui est fait au niveau des régions, on dépend des propositions qui nous sont faites. On refinance, on aide, mais c'est en partenariat. Bien sûr, il y aura toujours partout des gens démunis, mais le travail qui a été fait avec les fonds européens en termes de création d'emploi, de formation, d'éducation, d'accès à la santé, est reconnu partout.»
Fri, 21 Jun 2024 - 99 - Pascal Lamy : « Ursula von der Leyen aura une majorité pour être élue »
Nous recevons cette semaine Pascal Lamy, ancien commissaire européen pour le Commerce et directeur général de l’Organisation mondiale du Commerce de 2005 à 2013. Aujourd’hui président émérite de l’Institut Jacques Delors, Pascal Lamy commente depuis le siège de la Commission européenne ces élections pleines de surprise, et marquées en France par la dissolution inattendue de l’Assemblée Nationale.
Les résultats de ces élections «hybrides» car capitales sur le plan européen mais aussi au niveau national marquent selon Pascal Lamy «une légère poussée à droite au Parlement européen mais qui reste contenue» et moins forte que ce que prévoyaient les sondages. Reste à savoir si cette droite portée par Ursula von der Leyen parviendra à maintenir une majorité, nécessaire pour faire voter les textes que la Commission proposera. Selon Pascal Lamy, «il est probable que madame von der Leyen aura la majorité suffisante pour être élue». Mais pas sûr que cette potentielle majorité d’Ursula Von der Leyen lui permette de faire voter tous les textes, quand certains fustigent le Pacte Vert par exemple, difficilement défendu par des Verts au plus bas.
«On va avoir une commission dont la composition sera plus influencée par les forces de droite qu'avant», prédit-il. À peine trois ou quatre commissaires sur 27 pourraient être de la famille sociale-démocrate. «Il est fini le temps où la Commission avait plus de sociaux-démocrates que de chrétiens démocrates ou de centre droit». Mais même si les partis d’extrême droite et les groupes de droite radicale chez les non-inscrits totalisent 25% des sièges du Parlement, cela ne constitue pas une «minorité de blocage» pour Pascal Lamy. La raison est simple : «ils ne sont pas d’accord sur l'Ukraine, ils ne sont pas d'accord sur l’OTAN, ils ne sont pas d'accord sur l'environnement, ils ne sont d'accord sur rien».
Si l’extrême droite est au plus haut en France, elle recule déjà dans les pays nordiques ; et même en Hongrie, le parti de Viktor Orban n’a pas obtenu le résultat escompté. Selon Pascal Lamy, l’explication est simple : «là où ils sont au pouvoir, ils baissent». Le populisme atteint donc ses «limites» dès son arrivée au pouvoir : «parce que quand on est élu, on devient responsable». Quant à la décision d’Emmanuel Macron de dissoudre l’Assemblée Nationale, il suppose le raisonnement suivant : «un gouvernement dominé par le Rassemblement national pendant trois ans, serait moins propice à une élection du Front national en 2027 à l'Elysée». En revanche, un échec du RN à la bataille des législatives supposerait «une très forte mobilisation des partis qui ne sont pas au RN» dont il doute.
Les élections européennes marquent aussi une redistribution des «top jobs», les hautes fonctions de l’UE. Compte tenu du «gain parlementaire du PPE», la reconduction de Roberta Metsola à la tête du Parlement européen et celle d’Ursula Von der Leyen à la Commission européenne semble «vraisemblable» pour Pascal Lamy. Un social-démocrate pourrait bien se voir attribuer la présidence du Conseil européen : Pascal Lamy avance le nom d’Antonio Costa, l'ancien Premier ministre portugais, ou encore celui de Kaja Kallas, Première ministre estonienne centriste, comme cheffe de la Diplomatie. «Il est assez normal que l'Europe centrale et orientale soit représentée, comme d'ailleurs elle l'a été avec le président polonais Donald Tusk qui maintenant est Premier ministre en Pologne», conclut-il.
Fri, 14 Jun 2024 - 98 - Nicolas Schmit dénonce les dangers d’une alliance droite-extrême droite !
Nicolas Schmit, tête de liste du Parti socialiste européen, déplore que la social-démocratie soit à la peine en Europe et dans cette campagne, face à la focalisation sur la montée de la droite extrême et de sa possible alliance avec le droite mainstream : car c’est bien le PPE mené par Ursula Von der Leyen, qui est donné en tête des sondages au niveau européen.
La course aux alliances post-électorales a presque démarré au Parlement européen : Viktor Orban, le très populiste Premier ministre hongrois plaide pour un rapprochement des souverainistes européens autour de Marine Le Pen et Giorgia Meloni. La cheffe du gouvernement italienne est aussi courtisée par la droite plus traditionnelle d’Ursula von der Leyen. Pour Nicolas Schmit, cette romance est une trahison à la « fiction qui a été inventée par le PPE et par madame von der Leyen de ne faire des alliances qu’avec ceux qui sont pro-européens, pro-Ukraine, et pro-État de droit ». Les deux visions pour l’Europe sont donc « totalement incompatibles », et une majorité pour soutenir un mandat von der Leyen 2 entre les socio-démocrates qu’il dirige et les troupes de Mme Meloni est une « option exclue ».
Sur le volet social, le commissaire aux Affaires sociales souhaite défendre la santé comme « droit fondamental des citoyens de l’UE » : la « notion de service public doit être au cœur du projet européen social-démocrate : il faut notamment veiller à ce que les salaires soient corrects », avec l’aide du salaire minimum européen qu’il a mis en place comme commissaire. Quant à l’influence des Russes sur la campagne européenne, Nicolas Schmit déplore des « interférences permanentes au niveau européen comme au niveau national ». Il souhaite « alerter les citoyens qui peuvent effectivement s'égarer de ce côté-là, leur vote est aussi un vote de soutien indirect à ces dictatures puisque, on le connaît, il y a des liens évidents entre l’extrême droite et Poutine », conclut-il.
À propos de la Palestine, sujet qui a divisé les socialistes européens, Nicolas Schmit se prononce en faveur d’une reconnaissance de l’État palestinien. S’il condamne les « crimes impardonnables du 7 octobre et les otages toujours détenus par le Hamas », le commissaire blâme la riposte disproportionnée du « gouvernement d’extrême droite israélien ».
Fri, 31 May 2024 - 97 - Nadia Calviño : « la BEI doit investir dans le secteur de la défense, mais avec prudence »
Nous recevons cette semaine Nadia Calviño, présidente de la Banque européenne d’investissement, ancienne ministre de l'Économie du gouvernement Sanchez, et vice-présidente de ce gouvernement socialiste espagnol. Elle est la première femme à accéder à la tête de cette grande banque de l’Union européenne, qui a investi plus de 87 milliards d’euros en 2023 en Europe. Transformer la BEI en « Banque verte », au service des technologies et du futur, tout en renforçant l’industrie de la défense européenne : c’est le défi qu’elle s’est fixé depuis sa prise de fonction en janvier 2024.
Les investissements de la BEI sont « clés pour l’avenir de l’Europe » selon la présidente, qui fait face à des défis colossaux, à commencer par la guerre en Ukraine. La BEI a annoncé lever les restrictions concernant les biens à double usage, civil et militaire. Un « grand pas en avant » selon Nadia Calviño, pour « contribuer à soutenir l’industrie européenne de sécurité et de défense ». La Banque Européenne d’Investissement participe aussi à la reconstruction de l’Ukraine, à travers une « expertise technique » et des investissements : « en ce moment nous sommes le partenaire le plus important de l’Ukraine en ce qui concerne les investissements », assure la présidente.
Ce soutien de la BEI est concurrencé par le grand plan d’investissement de l’administration Biden, l’Inflation Reduction Act, mais aussi par la Chine, qui subventionne les grands groupes. Nadia Calviño entend avant tout « préserver le leadership européen » face à ces grands acteurs, notamment dans le domaine des nouvelles technologies. Elle souhaite « soutenir les secteurs les plus affectés comme l’agriculture », faire en sorte que les industries « restent en Europe » et que ça soit « profitable d’un point de vue de leur business ». Plus de la moitié des investissements de la BEI sont consacrés à la finance verte : « On est en train d'investir dans les technologies de l'avenir et garantir qu'on peut avoir une transition climatique qui aille au bénéfice des citoyens et des entreprises », assure la présidente.
L’accélération de cette transition verte va de pair avec « l’autonomie stratégique » de l’Europe en matière d’énergies : « on ne peut pas dépendre des autres quand il s’agit d’énergie, et c’est là qu’on doit investir », préconise-t-elle. Cette autonomie doit se faire avec le concours de tous les pays de l’UE selon la présidente : « Aucun pays, même la France ou l'Allemagne, qui sont de grands pays, ne peuvent pas faire face aux défis actuels tout seul. L’Union nous rend plus forts. » À quelques semaines du scrutin européen, c’est l’heure du bilan de la dernière mandature : « On est resté unis jusqu'à maintenant. On a répondu à la pandémie et à la guerre en Ukraine de façon unie, déterminée. Et je pense que c'est le secret de notre succès. Il faut continuer dans la même ligne pour l'avenir ».
La BEI investit en Europe, mais aussi en Afrique, à hauteur de 150 milliards d'euros d'ici 2030 pour financer des grands projets d'énergies renouvelables, d'accès à Internet, aux transports, aux vaccins et à l'éducation. Nadia Calviño réaffirme son soutien à l’Afrique : « Évidemment, l'Afrique est une priorité pour l'Europe. [...] on soutient des projets qui sont très importants pour l'avenir du continent et des citoyens africains, que ce soit dans les domaines de l'énergie, de la digitalisation, mais aussi de l'eau, l'agriculture ». Cette aide financière européenne ne doit pas faire oublier les « spécificités de ces pays » qui sont la « priorité » de l’Europe, en tant que « voisins » et « partenaires ».
Fri, 24 May 2024 - 96 - Salomé Zourabichvili : « C’est une loi oligarque qui a été passée en catimini »
Nous recevons cette semaine Salomé Zourabichvili, présidente de la Géorgie, pays du Caucase où ont lieu d’importantes manifestations après l’adoption de la loi dite sur « l’influence étrangère » le 14 mai 2024 au Parlement. La présidente s’inquiète des effets de cette nouvelle loi -calquée sur une loi russe- sur la société civile, les organisations non-gouvernementales et les médias. Mais la dirigeante craint aussi la réaction négative de ses partenaires européens. La Géorgie s'est vu accorder le statut de pays candidat en décembre 2023, et l’adoption de cette loi pourrait bien compromettre son entrée dans l’UE.
Cette loi est un « pavé dans la mare » et une « provocation à la polarisation » pour la présidente, et va de pair avec une rhétorique « extrêmement anti-occidentale, anti-européenne, qui ressemble beaucoup à la rhétorique du Kremlin ». Mais la présidente peut compter sur le soutien de la population géorgienne, qui « veut son avenir européen et n'est pas prête à y renoncer ». La dirigeante met en garde contre les théories « conspirationnistes » des dirigeants, et contre la violence physique exercée contre les manifestants. Il reste malgré tout une solution institutionnelle : le droit de veto que la présidente compte exercer, vivement souhaité par les manifestants : « toute la population attend. Je reçois des messages toute la nuit et la journée de tout le monde me disant surtout mettez le veto », raconte-t-elle.
La prochaine étape : les élections d’octobre, qui tiendront lieu de « référendum pour ou contre un futur européen », selon la dirigeante. Si les Géorgiens se déclarent en faveur de l’Europe, « l'Union européenne réagira comme elle le souhaite et comme elle le doit », estime Salomé Zourabichvili. Si la population géorgienne émet alors un avis défavorable quant à son avenir européen et sa volonté de le défendre à tout prix, alors les sanctions sur la Géorgie seront « justifiées », selon elle. Tout dépendra du choix de la population géorgienne qui « déterminera réellement non seulement son avenir, mais ses relations avec l'Union européenne », assure la présidente.
Fri, 17 May 2024 - 95 - Journée de l'Europe : culture et sciences européennes à l’honneur
France 24 célèbre la journée de l'Europe en donnant rendez-vous sur le parvis de l'Hôtel de Ville de Paris pour une table ronde au cours de laquelle il sera question d’Europe de la culture et des sciences. Elle rassemble des Européens au parcours inspirant : la tête dans les étoiles, dans les petits plats mijotés, les carnets de croquis ou dans les séries télévisées. Car l'Europe est présente dans tous les segments de notre vie quotidienne, mais aussi dans les secteurs qui nous inspirent et nous font rêver.
Fri, 10 May 2024 - 94 - Enrico Letta : « Il faut éviter un décrochage dramatique de l’Europe »
L’ancien Premier ministre italien, actuel président de l’Institut Jacques Delors, dans son rapport sur le marché unique européen remis aux 27 chefs d’État au dernier sommet le 18 avril, tire la sonnette : « Nous vivons un décrochage dramatique », par rapport aux USA et à la Chine. Il faut donc « changer d’échelle pour que l’Europe reste compétitive », alors que nous avons 27 marchés financiers fragmentés : « chaque année, 300 milliards d’euros épargnés par les Européens qui s’envolent vers les États-Unis, et alimente en actions les entreprises américaines qui se renforcent et reviennent en Europe acheter nos entreprises européennes avec notre propre argent, c'est une folie totale ».
Enrico Letta soutient l’Ukraine contre la « folle agression russe » : « on a dépensé beaucoup d'argent pour soutenir l'Ukraine et on a bien fait de le faire. Mais on a dépensé 80 % de l'argent du contribuable français, italien, allemand pour créer des emplois en Turquie, en Corée du Sud, au Michigan ou au Wisconsin », puisqu’on achète ailleurs des armes pour l’Ukraine : « il faut dépenser pour créer des emplois en Europe ! »
« Optimiste » pour les élections européennes le 9 Juin, il constate que contrairement à celles de 2019, « personne ne parle de Frexit ou d’Italexit … Moi, je prends tout ça comme élément positif. L’Europe a convaincu même les eurosceptiques ! » ironise-t-il, même s’ils veulent la changer.
Quant aux rumeurs sur son éventuelle candidature à la présidence de SciencesPo Paris, l’ancien Doyen de l’École des Affaires internationales ne l’exclut pas, même en cette période tourmentée pour l’école: « L'affaire Gaza est une affaire qui est en train de créer des troubles partout dans les universités du monde et il est évident que la tension autour de ces sujets est une attention qui est absolument particulière. »
Fri, 03 May 2024 - 93 - Maros Sefcovic : « Il faut une concurrence équitable, par rapport à la Chine aux USA »
Maros Sefcovic, le vice-président de la Commission européenne, il s'agit d'un homme politique slovaque issu du Parti social-démocrate, qui en est troisième mandat de commissaire européen dans les commissions Barroso, Juncker et maintenant Von der Leyen, désormais en charge du Pacte Vert : « nous sommes en une étape de ce Pacte beaucoup plus compliquée, beaucoup plus difficile, parce qu'on est en pleine mise en œuvre. Comment on peut faire cette mise en œuvre d'une manière qui sera juste, qui sera efficace, à l'écoute aussi de nos collègues industriels et agricoles ! »
Il justifie les mesures d’assouplissement des règles agro-écologiques de la Politiques agricole commune : « nos agriculteurs ont perdu presque 20 milliards d'euros seulement dans le domaine des céréales », souligne celui qui a « entamé un dialogue stratégique, avec le monde agricole, complétées en août pour présenter les recommandations pour la prochaine Commission européenne ». Il entend « pousser pour les objectifs plus verts, et en même temps garder notre compétitivité » !
Concernant les industriels, Maros Sefcovic estime que les prix de l’énergie sont encore trop forts (par rapport aux États-Unis et à la Chine) : « c'est pourquoi je crois que ce sera très important de trouver une solution, là, de rechercher toutes les possibilités qu'on a en Europe, parce que c'est un facteur très, très important et spécialement pour notre industrie lourde, et notre industrie verte. » Il suggère une réduction des taxes nationales.
Sur le discours de la Sorbonne du président Macron, il s’inquiète de concert que notre Europe soit « mortelle » : « nous sommes vraiment en situation assez précaire. D'un côté, on a démontré une résilience dans les derniers quatre ans. L'inflation élevée, le problème du Covid, de l'énergie, et des deux guerres qui sont très proches de nous : bien sûr que nous sommes beaucoup plus impactés que la Chine ou les États-Unis ! »
L’État de droit est mis en cause dans son pays la Slovaquie par le populiste Robert Fico, et c’est ce gouvernement qui décidera de son avenir politique : il rempilerait bien pour un 4è mandat, « dans le domaine de l'énergie ou de l'industrie, je suis disponible. Je suis prêt à servir l'Europe. »
Fri, 26 Apr 2024 - 92 - Arancha Gonzalez : «le pacte asile et migration a trouvé un point d’équilibre sur la responsabilité»
Nous recevons cette semaine Arancha Gonzalez Laya, économiste espagnole, ancienne ministre des Affaires étrangères du gouvernement socialiste de Pedro Sanchez et doyenne de l'École des Affaires internationales (PSIA) de Sciences Po. Conflit Israël-Hamas, pacte asile et migration, changements climatiques, elle nous éclaire sur les préoccupations des Européens, à quelques semaines des prochaines élections.
Interrogée sur la volonté de l’Espagne de reconnaître l’État de Palestine au 1er juillet, Arancha Gonzalez Laya estime que cette reconnaissance pourrait peut-être contribuer à maintenir la solution de deux États pour Israël et la Palestine : « Peut-être que le moment est venu de le faire. En tout cas, c'est clairement le point de vue qu'on a en Espagne. Il y a d'autres États membres qui voient aussi avec sympathie l'idée de le faire maintenant, et je crois que c'est une question qui va se poser aux autres membres de l'Union européenne. »
Le dialogue se poursuit sur les défis de la gestion de la migration en Europe et le récent pacte asile et migration, adopté par le Parlement européen, le 10 avril 2024. Arancha Gonzalez Laya souligne la nécessité de trouver un équilibre entre responsabilité et solidarité européennes. « Nous avons un problème. Pas avec la migration. Nous avons un problème avec la gestion de la migration et je trouve que ce pacte a trouvé un point d'équilibre sur des sujets majeurs : celui de la responsabilité. La responsabilité des États membres de l'Union européenne et pas simplement celle de pays qui sont ceux des premières entrées dans l'espace européen. Ce pacte a aussi trouvé selon elle le point d'équilibre dans la solidarité européenne : « Comme pour toute politique européenne. Ce n'est pas parfait, mais je trouve qu'on donne un signal clair de la capacité des États membres de l'Union européenne à s'entendre pour assurer une meilleure gouvernance des flux migratoires. C'est certainement mieux que de ne pas avoir une gouvernance pour la migration en Europe. », conclut-elle sur le sujet.
Alors que La hausse des demandes d'asile est bien là avec plus d'un million de demandeurs d’asile en 2023 et le renvoi possible à un pays d'un demandeur d'asile vers un pays tiers considéré comme sûr, Arancha Gonzalez Laya pointe le fait que « ce n'est pas l'Union européenne qui définit les règles. l'Union européenne les met en place. Les règles en matière d'asile, ce sont des règles internationales. Il y a des engagements que l'Union européenne et tous ces États membres ont pris au sein de l'ONU. Il s'agit simplement de trouver la meilleure manière de le mettre en place. Encore une fois, on n'est pas dans le domaine du parfait. Nous avons aussi été capables de trouver un compromis sur un sujet qui est difficile. (...) Mais soyons clairs : on est arrivé à mettre de l'ordre dans un domaine qui va rassurer nos citoyens et qui va aussi nous rendre un peu plus responsables vis-à-vis de nos partenaires internationaux », se félicite-t-elle.
Le thème de la migration en Europe est, par ailleurs, au cœur de la campagne des élections européennes du mois de juin 2024. À tel point que l’ancienne ministre espagnole des Affaires étrangères estime que les principales préoccupations des Européens ont été oubliées, et que les conséquences sont déjà visibles : « Ce qui me préoccupe, c'est qu'il y a une forte baisse de la participation attendue des citoyens européens dans les élections européennes. On est à 44% des participations des citoyens français. C'est en baisse. Par rapport à la dernière fois où on avait vu l'effet contraire. Et pourquoi ? Parce que les citoyens français avaient comme priorité le pacte vert. C'est de ça dont on avait parlé pendant la campagne électorale. Cette fois-ci, ce qu'on voit, c'est une diminution de la participation des citoyens. Et pourquoi ? Peut-être parce qu'on n'est pas en train de parler des vraies préoccupations des citoyens », explique-t-elle. « Il faudrait être un peu plus sensible aux préoccupations de nos citoyens. Je crois que ce qui les intéresse, c’est l'économie, le pouvoir d'achat, la sécurité. On voit bien qu'il y a une guerre à côté de l'Union européenne et ça préoccupe les citoyens européens. Pour les jeunes, la préoccupation c'est le changement climatique.(...) Mettons aussi l'accent sur les interrogations des citoyens et on verra peut-être augmenter les taux de participation », demande finalement la doyenne de l’École des Affaires internationales de Sciences Po.
Fri, 19 Apr 2024 - 91 - L’immigration au cœur de la campagne des européennes
Le grand débat France 24 - RFI a réuni les principales têtes de listes françaises aux élections européennes, le 10 avril 2024 à Bruxelles, autour de Caroline de Camaret et Valérie Gas. Manon Aubry (La France insoumise), François-Xavier Bellamy (Les Républicains), Léon Deffontaines (Parti communiste français), Raphaël Glucksmann (Parti socialiste-Place publique), Valérie Hayer (majorité présidentielle), Marion Maréchal (Reconquête!), Marie Toussaint (Les cologistes) et Fabrice Leggeri (Rassemblement national en remplacement de Jordan Bardella) ont confronté leurs programmes.
C’est autour de la thématique de l’immigration et du vote du Pacte sur la migration et l’asile au Parlement européen qu’a eu lieu l’un des temps forts de ce débat. Maitrise des frontières extérieures, accueil et répartition des migrants, conditions et examens des demandes d’asile, autant de questions sur lesquelles les candidats ont des convictions parfois opposées et apportent des réponses très différentes.
Fri, 12 Apr 2024
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