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Depuis plus de 20 ans, Brice Depasse vous emmène dans les coulisses des légendes du rock, de la pop, et des années 70 et 80 dans. Ce podcast incontournable vous fait voyager à travers les époques, en vous dévoilant les anecdotes les plus croustillantes et les histoires fascinantes des plus grands artistes de notre temps.
Avec "La Story Nostalgie", plongez dans l'univers des icônes comme les Beatles, les Rolling Stones, Johnny Hallyday, Madonna, Queen, ou encore Michael Jackson. Brice Depasse vous raconte les récits inédits derrière les albums mythiques, les concerts légendaires comme Live Aid, et les moments de gloire des groupes qui ont marqué l’histoire de la musique. Découvrez comment Freddie Mercury a captivé le monde entier, comment ABBA a conquis les charts, ou encore les secrets de studio qui ont façonné des tubes intemporels.
Chaque épisode est une plongée passionnante dans le making-of des carrières de ces artistes exceptionnels, avec des histoires qui vous feront revivre les vibrations du rock des seventies, l'effervescence des eighties, et bien plus encore. Brice Depasse vous fait redécouvrir des albums cultes, des sessions d’enregistrement mémorables, et les concerts qui ont marqué toute une génération. Que vous soyez fan des ballades de Jean-Jacques Goldman, des envolées vocales de Céline Dion, ou des shows spectaculaires de Robbie Williams, "La Story Nostalgie" est votre passeport pour un voyage musical inoubliable.
Laissez-vous emporter par les récits fascinants sur des artistes comme Daniel Balavoine, Serge Gainsbourg, France Gall, Michel Sardou, et Blondie, tout en explorant les liens entre musique et cinéma, des bandes originales aux collaborations légendaires. Ce podcast vous fait revivre l’esprit de Woodstock, les folles tournées, et les sessions d'enregistrement qui ont donné naissance à des albums de légende.
Que vous soyez un nostalgique des seventies ou un amoureux des eighties, "La Story Nostalgie" est le rendez-vous incontournable pour tous les passionnés de musique. Branchez vos écouteurs et laissez Brice Depasse vous raconter ses histoires inédites.
- 910 - Les joyeux débuts de Bruce Springsteen
Qu’on appartienne à l’armée de ses fans ou qu’on écoute, comme tout le monde, de loin, à la radio ses chansons, on sait tous que Bruce Springsteen est une star de la musique, à part. Car oui, malgré une belle liste de tubes immortels et des dizaines de millions de disques vendus à travers le monde, Bruce Springsteen est resté un Américain moyen, un type comme tout le monde. S’il est habillé sur scène comme dans la rue, c’est justement parce qu’il y est attaché, à sa rue, celle où il a d’abord roulé dans sa poussette, puis appris à faire du vélo avec son grand-père, joué avec ses soldats, connus ses premières bagarres et premiers baisers.
Un ménage très modeste que les Springsteen. Vieille maison, un unique poêle au mazout pour la chauffer et une cuisinière au charbon sur laquelle le gamin tirait avec son pistolet à eau pour faire de la vapeur. Mais rien qui l’ait traumatisé, non, leur maison était très vétuste, c’est vrai, mais il y avait une table, des chaises, des lits et il avait toujours des vêtements sur le dos. Une enfance dans le New Jersey, dans la ville où les Italiens rencontrent les Irlandais, dit-on. Et justement, il hérite de son père un nom et des attitudes grégaires, le plaisir de vivre ensemble ; de sa mère, l’exubérance dont elle peut faire preuve à la maison en chantant et criant avec ses sœurs.
Il y a bien sûr Elvis Presley, Bruce a 7-8 ans quand le chanteur du Mississippi fait ses premières apparitions dans l’émission de variétés du dimanche soir présentée par Ed Sullivan, le Jean-Pierre Foucault américain. Et c’est justement ce Ed Sullivan qui lui sauve la vie d’adolescent de 14 ans recouvert d’acné et de doutes, quand ce 9 février il crie Ladies and Gentlemen The Beatles … Son excitation est à son comble, ce nom de Beatles prononcé par Sullivan, il ne l’oubliera jamais. Comme des millions de jeunes Américains, Bruce est au courant qu’ils vont jouer en direct à la télé, il y a eu 50.000 demandes de tickets pour l’émission, pour Elvis il y en avait eu 7000 et on avait déjà trouvé ça incroyable. Tout avait commencé quelques semaines plus tôt quand il avait entendu ceci à la radio dans la voiture avec sa mère … Qu’est-ce que cette musique ? Pourquoi lui avait-elle fait cet effet-là, qui lui avait instantanément fait appeler sa petite copine pour lui demander si elle connaissait les Beatles ? Et elle avait répondu, oui, évidemment, ils sont cool. Oui, ils sont plus que cool, en 1964, aux Etats-Unis, il n’y aura aucun mot plus magique en anglais que The Beatles. Mais ce n’est rien par rapport au choc qui l’attend quand chez le disquaire, il voit le disque Meet the Beatles : leur coiffure ! Cette coiffure, il ne va entendre parler que de ça dans les semaines à venir. Des cheveux longs pour des hommes, quelle horreur, quelle décadence ! Il ne faut pas longtemps avant que Bruce VEUILLE rencontrer les Beatles, être les Beatles.
Alors oui, Bruce Springsteen revendique son histoire d’Américain comme les autres qui, à la vingtaine, n’est pas un rebelle qui fait des courses de voiture comme James Dean, mais sa guitare dans une main, il tient quatre atouts dans l’autre : la jeunesse, des années d’expérience à jouer dans les bars, un excellent groupe et une histoire à raconter.Tue, 12 Nov 2024 - 909 - Nirvana Unplugged : 30 ans après (Episode 4)
Vous avez peut-être déjà entendu, trop de fois peut-être, la triste histoire de Kurt Cobain et de sa jeunesse gâchée par une famille recomposée où il n’a jamais trouvé sa place. C’est vrai, comme il l’a dit lui-même, que même si ses parents étaient perpétuellement fauchés, il gardait de son enfance, des souvenirs heureux. Mais les boulots miteux et mal payés ont eu raison d’un père qui après son divorce cherchait l’amour, ne voyant plus son gamin qui, lui, cherchait un père. On comprend, à l’image du patron d’un petit restau du quartier qui a vu durant dix années ce gosse s’asseoir face à son père qui regardait par-dessus sa tête, qu’il ait fini par prendre son baluchon. Trop tôt évidemment, 15 ans, c’est trop jeune pour partir, même si pour la caravane des grands-parents puis chez l’oncle Jim, le jeune frère de son père. Mais à part la terrible sono et les disques des Beatles et de Led Zeppelin, il n’y a pas de Home Sweet Home pour Kurt chez Jim. Sa femme et lui vont très vite lui demander de partir, de rentrer chez son père, ce que Kurt ne fait pas. Il va au cours des quatre années suivantes, soit toute son adolescence, déménager dix fois. Dix maisons, dix logements sans jamais trouver un vrai foyer.
Voilà qui explique bien des choses dans la musique de Nirvana, la poésie de Kurt Cobain et surtout sa voix plaintive. Il a d’ailleurs trouvé son identité quand pour son quatorzième anniversaire son oncle Chuck lui propose de choisir entre un vélo et une guitare électrique. Kurt qui joue de la batterie dans le groupe de l’école et nourrit une passion invétérée pour le rock, il suffit de regarder les posters dans sa chambre, n’a pas à choisir.
Alors oui, personne n’est riche dans la famille Cobain, la guitare électrique est une imitation japonaise bon marché de seconde main, souvent en panne, mais peu importe : Kurt l’emmène partout avec lui, y compris l’école. Et même s’il doit souvent dire à ses potes, ne me demande pas de jouer un morceau, elle est cassée, Kurt a trouvé sa voie : la musique. Et vous le devinez, le son de cette guitare est pourri mais c’est sa guitare et il ne compte pas changer de braquet. Et là, vous comprenez pourquoi Nirvana sonne comme ça, comme une sono branchée dans le local de répétition d’une de ces maisons de bois d’Aberdeen, percée par les pluies diluviennes et incessantes qui s’abattent sur les forêts du Pacifique Nord.
C’est terrible de dire qu’un grand amour sincère à 18 ans qui serait tombé sur Kurt Cobain aurait changé la musique que nous avons écouté depuis le début des années 90. Il n’y aurait pas eu de Nirvana, pas plus que de destin funeste pour son leader et chanteur. Alors écoutez-les, ces cordes grunge, cette voix venue de loin et souvenez-vous de la première fois où vous avez entendu cette chanson, à la radio, la télé ou chez un pote et que vous vous êtes dit, mais bon Dieu qu’est-ce que c’est que ce truc. Oui, qui aurait dit que les années de désespoir vécues par ce gamin pas armé pour trouver la solution à son problème engendrerait une musique qui allait changer notre univers.Fri, 08 Nov 2024 - 908 - Nirvana Unplugged : 30 ans après (Episode 3)
Cela fait 30 ans exactement qu’est sorti le fameux Live Unplugged de Nirvana. Aujourd’hui devenu mythique, cet album sortait en plein traumatisme de la mort ô combien prématurée et brutale de Kurt Cobain. A 27 ans, en plus, ça n’arrangeait rien, avec le mythe du club des 27, l’âge impossible où avaient disparu des Jimi Hendrix, Brian Jones et autres Jim Morrison. Quel gâchis ! Arriver si jeune à un sommet dont personne n’ose rêver et n’avoir aucune autre porte de sortie, dans une solitude sordide alors que le monde entier vous aime. Non, les gens n’ont rien compris et les fans, les ados en ont tiré un cafard pas possible. Imaginez les posters au mur, les T Shirts dans les armoires entre les jeans déchirés et les CD qui traînent sur un bureau avec des devoirs non faits. Nirvana, Kurt Cobain. Ca devait finir ainsi finalement quand on écoute la musique et qu’on traduit les paroles dans une farde ou un cahier de classe. Ce type se bouffait des tonnes de cafard. On feuillette les rares magazines qui montrent des photos de Seattle, Aberdeen, sa région. A perpète, au bout des Etats-Unis, contre le Canada. Il n’y fait même pas froid en hiver mais il pleut quasiment tout le temps. Qu’est-ce qu’il foutait encore là-bas, avec l’argent qu’il gagnait ? Il paraît qu’il avait même dormi dans une cave et couché sous un pont. La génération grunge a perdu son plus grand héros mais elle est bien là, sur les bancs de l’école, avec ses chemises à carreaux trop grandes qui tombent sur le pantalon, les cheveux pas nets et les baskets trouées.
Quel changement radical avec les années 80, avec ses couleurs éclatantes, son strass, ses stars aux cheveux brushés. Que s’est-il passé au tournant de la décennie ? Pourquoi ces gosses sont-ils si, j’allais dire tristes, mais non, ce n’est pas ça, si mélancoliques. Evidemment, Kurt Cobain n’était pas le premier. Il y a toujours des éclaireurs, des gens qui ouvrent la voie. Parmi tous les artistes dits alternatifs, ceux qui venaient d’endroits aussi perdus que lui, il y avait dans les années 80 un groupe rock qui l’avait captivé : R.E.M. Si on y prête attention, il y a dans les intonations de leur chanteur, Michael Stipe, une sorte de découragement face à la vie, le gars qui en se levant le matin regarde le monde dans le blanc des yeux et ce qu’il y voit, lui donne envie de se recoucher jusqu’à l’année suivante. Oui, la musique de R.E.M. est belle pour ceux qui ont le spleen de Baudelaire, le souvenir d’un ailleurs qu’ils n’ont jamais connu. Est-ce un hasard, au début des années 90, après six albums semés la décennie précédente, R.E.M. accède au statut de star planétaire en même temps que Nirvana. Les deux artistes deviennent amis et alors que Cobain comment l’irréparable, tels des vases communicants, Nirvana se dirigeait vers une musique acoustique et R.E.M. branchait le courant sur ses guitares. On ne s’étonnera donc pas que le plus bel hommage à Kurt Cobain soit une chanson de R.E.M., portée par la voix qui l’a certainement inspiré.Thu, 07 Nov 2024 - 907 - Nirvana Unplugged : 30 ans après (Episode 2)
Si Kurt Cobain avait rêvé devenir une rock star, dans son bled perdu au nord-ouest des Etats-Unis, il n'avait jamais songé à ce que cela signifierait au quotidien. Tout ce qu’il en savait, c’est sa propre expérience de fan : être aimé pour sa musique, jouer devant des salles pleines, ne plus avoir de galères d’argent et être affiché en poster dans des locaux de répétitions. Mais là, les passages télés, les remises de prix, les interviews au kilomètre, tous ces trucs où il faut faire semblant d’être reconnaissant envers des gens qui n’aiment pas ce que vous faites ou pire qui n’en ont rien à faire, alors là … C’est donc ça, être “commercial” ? Vivre avec des gens qui ne sont là que pour l’argent et la lumière ? Alors non. Être une rock star, il n’aime pas ça, il n’en veut pas. Mais voilà, son single Smells like teen spirit a été N°1 il y a deux ans et l’album serait actuellement en route vers les dix millions d’exemplaires vendus. Si ça, ce n’est pas du commercial !
Alors pour résoudre son problème, Cobain fait tout pour que l’album suivant soit le plus grunge, le plus anti-commercial possible. Le son pourri des titres, le nom et la pochette de l’album ont vite fait de torpiller la promotion. Tout y est tellement sinistre, glauque et subversif qu’on arrive à peine à en vendre un million. Du coup, la maison de disques met une telle pression sur Nirvana qu’elle lui impose de passer par la case MTV Unplugged. Une horreur pour Kurt Cobain et sa bande : pensez donc, l’an dernier Clapton a vendu des millions de copies du CD tiré de l’émission. Mais bon, parmi tous les artistes dégoulinants qui y participent, il y a eu R.E.M. et Pearl Jam qu’il admire, les ont précédés, alors c’est bon d’accord, on y va, mais à notre manière.
C’est une aubaine pour MTV d’accueillir le N°1 mondial car les audiences sont en baisse cette année. La direction craint que le concept ne soit en train de s’essouffler. Mais Nirvana, le groupe le plus populaire du moment, en acoustique, ça, c’est le mariage de l’eau et du feu qui devrait assurer une toute grande audience. Ça démarre pourtant mal quand la production apprend que Cobain a invité les Meat Puppets, des inconnus. De plus, sur les quatorze chansons, il y a six reprises, et parmi les titres de Nirvana, un seul titre. La situation se tend d’autant plus que Kurt Cobain n’est pas très à l’aise avec l’acoustique, aussi la pression de la chaîne et de la firme de disques devient-elle vite intolérable. La veille de l’enregistrement, c’est le clash : Kurt Cobain quitte le plateau en disant qu’il ne fera pas l’émission. On ne va quand même pas devoir diffuser les répétitions ?Wed, 06 Nov 2024 - 906 - Nirvana Unplugged : 30 ans après (Episode 1)
Nous sommes à New York, le 17 novembre 1993. Comme cela arrive parfois en ce moment de l’année, il fait encore bon pour la saison dans le quartier de Hell’s Kitchen qui n’est alors, il faut le dire, pas le mieux fréquenté de Manhattan. Sauf qu’à ce niveau de la 54ème rue se trouvent les studios de Sony Music où, ils le savent, sont enregistrés les émissions MTV Unplugged. Et donc, avec un peu de chance et de patience, ils peuvent tomber les stars du rock les plus improbables. Et justement, voilà qu’un jeune homme blond, au profil et au look reconnaissables entre tous, sort de ces fameux studios.
Mais non, c’est Kurt Cobain ?
Il n’a pas l’air commode, dis donc.
Tu parles ! Moi, je ne risque pas.
Kurt Cobain, c’est bien lui, passe devant l’attroupement de jeunes qui le regarde passer le visage fermé comme une porte de prison. Il bruine légèrement, alors Kurt remonte le col de son blouson pour y enfoncer sa mine sombre et disparaît parmi les passants en direction de la dixième avenue. Et de fait, ils ont été bien inspirés de ne pas l’arrêter. Déjà, ce n'est pas son truc de se faire accoster comme ça dans la rue pour une signature ou pire, un polaroïd. Mais là, ce n’est vraiment pas le moment. Kurt vient en effet de se prendre la tête avec le producteur de l’émission la plus regardée au monde. Alex Coletti, c’est son nom, lui a en effet reproché de ne jouer qu’un seul des singles de l’album Nevermind et même pas le fameux Smells like teen spirit, la chanson que tout le monde connaît. Et pourquoi autant de reprises ? Ce sont vos chansons que les fans ont envie d’entendre, pas celles de David Bowie et encore moins de ces gars que vous avez invités et que personne ne connaît. Pourquoi vous n’avez pas demandé au chanteur de Pearl Jam de venir, c’est pas votre pote ? En plus ils ont vendu autant de disques que vous.
Pfff, quel con, ce mec. Qu’ils aillent se faire foutre, qu’ils aillent se faire foutre, tous.
Le lendemain matin, Kurt Cobain ne vient pas au studio. Suspense intolérable. Les téléphones sonnent partout, des gens s’engueulent. Et puis l’après-midi, il arrive enfin. Tout de même ! Mais il est stone, saturé de drogue et d’alcool. Pour faire passer son stress, dit-il. Là, on ne s’engueule plus, on pleure. Et puis, au moment de jouer, la magie opère : un grand moment de télé et de musique. La diffusion a lieu le 12 décembre et remporte un énorme succès. De l’avis de tous, c’est le meilleur Unplugged de la série.Quatre mois plus tard, Kurt Cobain se suicide, provoquant un séisme médiatique et surtout un spleen incurable chez les adolescents du monde entier, avec en guise de testament, ce fameux enregistrement réalisé à Manhattan dans des conditions que vous connaissez désormais.Tue, 05 Nov 2024 - 905 - Nirvana Unplugged : 30 ans après (Episode 5)
Le décalage entre le succès phénoménal, les tournées promos, les vidéoclips et ce qu’étaient vraiment les membres de Nirvana nous a tous, à l'époque, frappés. Bien sûr, depuis Elvis Presley et les Beatles, ce n’était pas la première fois que des artistes passaient de la pauvreté au faste du monde du showbiz. Mais au début des années 90, avec la télé qui est entrée dans toutes les maisons, tout le monde sait grosso modo comment ça se passe partout. Et quand un des responsables de MCA, une grande firme de disques américaine, vient voir si les membres d’un groupe qu’ils ont fait venir par avion, sont bien logés dans leur hôtel avant le rendez-vous bizness du lendemain, il trouve Chris, Dave et Kurt Cobain assis dans leur chambre, la porte du frigo ouverte et un tas de mignonnettes d’alcool autour d’eux.
Qui a mis toutes ces bouteilles dans notre chambre ?, demande Kurt.
Vrai, ils ignorent ce qu’est un mini-bar, ils n’ont jamais vu ça. Et bien sûr, ils ne savent pas que ce sont des extras que la firme de disques règlera. Vous pouvez commander ce que vous voulez, dit le responsable qui se demande quand même où ils ont pu loger lors de leurs précédentes tournées. Car en cette année 1991, Nirvana est le trio qui monte. Ils ont sorti un album sur un label de leur région, qui n’est pas très bien distribué mais on dirait que leur musique singulière trouve son chemin toute seule.
Aussi invraisemblable que cela puisse paraître, Kurt Cobain, ce gars qui ces dernières années a vécu comme un SDF, a décidé qu’il voulait désormais vendre beaucoup de disques. Il a réussi, au culot, à rencontrer un manager qui l’a amené à Los Angeles, là où tout se passe. Et le lendemain, quand les trois musiciens de Nirvana arrivent chez MCA, on leur déroule le tapis rouge en leur faisant la visite. Et puis là, arrive un homme qui, sortant d’un luxueux bureau, vient leur serrer chaleureusement la main. Je suis tellement heureux de vous rencontrer, les gars, j’adore votre musique. Mais je dois m’excuser, j’ai un lunch d’affaires dans 5 minutes. Kurt, qui ignore avec qui il a rendez-vous, serre la main de l’homme important puis demande, qui c’est ce type ? C’est le PDG de MCA. Et bien c’est terminé pour MCA, Kurt ne signera pas avec un type comme ça. C’est ça, l’esprit grunge. Oui, ils savent ce qu’ils veulent, même s’ils n’ont pas vu grand-chose.
D’ailleurs Kurt connaît assez d’histoires sur le monde du rock pour ne pas finir comme ses martyrs. Quand un jour il voit un pote toucher à l’héroïne, il lui dit qu’est-ce tu fais, tu veux te tuer ? Pourtant, trois ans plus tard, une rupture malheureuse avec celle qu’il aime, le pousse du mauvais côté, juste pour se libérer quelques minutes de sa peine de cœur et de ses maux d’estomac. On n’en dira pas plus car on connaît la fin, et on connaît les histoires racontées par cette nouvelle génération de musiciens qui en disent long sur un autre monde. Et qui ont changé la musique.Tue, 05 Nov 2024 - 904 - La Story de Quincy Jones, le deuxième père de Michael Jackson (Episode 3)
L'année de ses 21 ans, Michael Jackson écarte son père du management de sa carrière. L'arrivée de Quincy Jones dans sa vie est providentielle. Il incarne pour lui le père que Joseph Jackson n'a pas été. Michael admire ce grand musicien de jazz et producteur de ses idoles. Quincy reconnait son génie et le lui dit.
Depuis plus de 20 ans, Brice Depasse vous emmène dans les coulisses des légendes du rock, de la pop, et des années 70 et 80 dans. Ce podcast incontournable vous fait voyager à travers les époques, en vous dévoilant les anecdotes les plus croustillantes et les histoires fascinantes des plus grands artistes de notre temps.
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Le producteur le plus populaire, Quincy Jones, est un modèle pour plusieurs générations et spécialement pour la communauté noire américaine. Un modèle, c'est ce qui a manqué à sa génération. Quincy est un enfant à problème. Un jour, dans le garage de son père, il tombe sur un vieux piano droit. Découvrez comment il est devenu un artiste qu'on admire.
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Avec "La Story Nostalgie", plongez dans l'univers des icônes comme les Beatles, les Rolling Stones, Johnny Hallyday, Madonna, Queen, ou encore Michael Jackson. Brice Depasse vous raconte les récits inédits derrière les albums mythiques, les concerts légendaires comme Live Aid, et les moments de gloire des groupes qui ont marqué l’histoire de la musique. Découvrez comment Freddie Mercury a captivé le monde entier, comment ABBA a conquis les charts, ou encore les secrets de studio qui ont façonné des tubes intemporels.
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Ceux qui se sont rendus un jour à son domicile peuvent en témoigner. On a beau savoir que Quincy Jones est une légende vivante, c'est en parcourant des yeux les étagères et les murs de son bureau qu'on peut confirmer qu'il est le plus grand musicien et producteur de tous les temps.
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On se souvient tous de la chanson et de l’album de Johnny, Rock’n’roll attitude. Tout a été écrit par Michel Berger, pourtant, un registre qui n’est pas le sien. On imagine mal Berger sur une moto avec un perfecto lunettes noires et santiags et pourtant, il se met dans la peau de Johnny et de cette mythologie des grands espaces américains qui le fait courir depuis les années 50. Un cinéma dans lequel on retrouve évidemment Elvis Presley, James Dean et Marlon Brando. Et oui, si vous regardez Johnny marcher, sa station debout quand il parle, c’est Un tramway nommé désir et bien sûr, L’équipée sauvage. Et comme tous ceux de sa génération, il partage ça avec les musiciens des Beatles et des Stones, des Rolling Stones qui à la fin des années 60 mêlent leur destin à une famille de motards qu’on appelle les Hells Angels. L’histoire qui suit, va faire le tour du monde et ternir leur image pour longtemps.
Non, les Rolling Stones n’étaient pas à Woodstock fin de l’été 1969. Ils avaient leurs raisons, et Mick Jagger, qui tire alors la charrette, s’aperçoit très vite en lisant les journaux qu’ils ont loupé le coche en n’étant pas de la partie. On ne parle que de ça et des 500.000 spectateurs qu’il y aurait eu. Les Rolling Stones organisent donc début décembre un festival gratuit en Californie, à Altamont. Beaucoup de leurs potes répondent à l’appel comme Santana et Crosby Stills Nash & Young mais tout ça coûte cher et les Stones ne sont pas riches, alors leur manager engage des Hells Angels pour assurer leur service d’ordre, le paiement se faisant en bières. Comme à Woodstock, le festival prend du retard, quand les Stones en tête d’affiche, il est déjà fort tard, le public, les artistes comme service d’ordre sont dans un état second, avec à la clé quatre morts dont un par arme à feu. Une sombre histoire, avec les Stones et les Hells Angels qui se renvoient mutuellement la balle. Il y est question de motos incendiées, renversées, de Hells qui envahissent la scène empêchant les artistes de monter, bref l’image des motards et des délinquants finit par se chevaucher. Et dans le monde, les uns veulent leur ressembler, les autres les craignent ou les combattent. La rock’n’roll attitude devient un mode de vie en marge, de ces gars des villes qui ne veulent vivre selon aucune règle.
Il y a des bagarres, de l’insécurité, et surtout une mythologie qui pousse à faire comme feraient ceux sur qui on fantasme. Le succès phénoménal de l’album Bat out of hell de Meat Loaf n’arrange rien avec ce motard torse nu, couché sur son gros cube et propulsé telle une fusée, hors d’un cimetière. Des groupes comme ZZ Top chantent ceux qui tentent le diable, les hellraisers, qui picolent et se battent. Et il est vrai que si Johnny est en 1984 devenu un homme bien sous tout rapport, costard cravate, avec sa femme Natahlie Baye, la rock’n’roll attitude, en moto ou pas, il a bien connu et n’aura pas son pareil pour l’interpréter.Fri, 01 Nov 2024 - 899 - Rockstars à moto (Episode 4)
Il y a un grand mystère dans la vie de Bob Dylan et qui fait partie de sa légende. La vérité, on ne la connaîtra jamais car il n’y a eu aucun témoin mis à part sa femme, Sara Lownds, avec laquelle il s’est marié dans le plus grand secret. Ce 29 juillet 1966, Bob est de retour de sa première grande tournée mondiale qui ne s’est pas très bien déroulée car le fait d’être devenu une superstar mondiale du rock avec ses deux derniers albums ne plaît pas à son premier public folk qui le préfère seul avec sa guitare acoustique et son harmonica. Il a trahi son âme en se vendant à la musique commerciale des Beatles, pensent-ils, et ils le lui font savoir en plein concert, les insultes et les huées fusent entre deux chansons, c’est terrible, et surtout ça se répète, comme les questions désagréables des journalistes, britanniques surtout, qui montent l’affaire en épingle. C’est vrai que des fans l’arrêtent, même dans la rue pour lui faire des reproches. On imagine donc sans peine l’état de tension qui est le sien quand au matin de cette belle journée d’été, Dylan sort de sa maison à Woodstock, et oui, c’est là qu’il habite, et monte sur sa Triumph Bonneville.
On va, jusqu’en 1969, rester quasiment sans nouvelles de lui. Imaginez ça, une nouvelle star doit à cette époque sortir un single tous les trois mois et un ou deux albums par an, là rien. Bob aurait eu un accident de moto ce 29 juillet, un éblouissement, une sortie de route. Les journalistes enquêtent, il n’a été admis dans aucun hôpital, j’ai été caché chez un médecin répondra-t-il. Et on ne le verra dans aucun des grands festivals, même pas celui organisé à Woodstock, car les gars s’imaginaient qu’en faisant ça chez lui, il allait arriver par surprise. Non, suite à ce mystérieux accident de moto, Bob Dylan s’offre trois années de vie cachée, loin de la pression du public et du métier, des Rolling Stones qui ont fort à faire avec les Hells Angels, des hippies qui mettent des fleurs dans les canons de fusil, des Beatles qui n’en finissent pas de se séparer et de tous ces gens qui n’arrêtent pas de lui reprocher d’avoir branché sa guitare sur le courant. Oui, les temps changent et tout ça va se passer sans Bob Dylan qui ne remontera plus sur sa moto. Il laisse la place à une plus jeune génération, déjà, comme David Bowie et même les Jackson Five qui posent pour des magazines sur des gros cubes parce que, rien à faire, ça pose un artiste, ça le positionne par rapport à une jeunesse qui fonctionne au mythe de la route. Ils se voient retrouver une bande de copains, comme Jermaine Jackson, tenez, qui nous fait avec Pia Zadora, un Roméo et Juliette version en 750 cm3. Générique d’un film de série B mais un tube qui est resté et dont le vidéoclip possède le charme suranné de ces années 80 aux couleurs VHS.Thu, 31 Oct 2024 - 898 - Rockstars à moto (Episode 3)
Je ne suis pas fan de moto mais il faut bien reconnaître qu’elle fait partie de la mythologie d’une époque. On en a connu, des passionnés qui ont passé autant de temps dessus que dessous. Vous avez peut-être été un de ceux-là. Même Gaston Lagaffe avec son tacot s’y connaissait grave en mécanique, bon il a remonté celle de son pote à l’envers, mais elle roule ! Vous le voyez, ce gag, avec tous les rétroviseurs ? Tiens ça me fait penser à truc : les Mods. Ah ça ne vous peut-être rien mais les Mods, c’est vraiment les années 60, en Angleterre. Cette jeunesse qui travaillait et avait les moyens de s’acheter des petites motos genre vespa, et qu’elle customisait avec des phares et des rétros. Leur truc, c’était d’aller danser sur de la musique soul, et c’est là qu’ils vont se frotter aux rockers avec leurs Harley. Il y aura des bagarres, parfois graves, parfois générales, c’est de ça dont parle Quadrophenia, le film d’après l’opéra rock des Who, qu’on verra à la fin des années 70 avec dans le rôle du champion des Mods : Sting.
Quinze ans après Brando et son équipée sauvage qui avait popularisé les bandes de jeunes motards, les voyous avaient d’abord laissé la place à des gars épris de liberté, avec le film Easy Rider et sa chanson incontournable, rock évidemment … Ca avait changé la donne et l’image de la moto et du rock, synonyme de violence et d’insécurité. De virilité brutale, aussi, de puissance sauvage.
Et là, je suis sûr que vous voyez l’entrée sur scène de Johnny Hallyday sur sa moto. A l’époque évidemment on ignorait qu’il avait repris le truc à un groupe de Heavy Metal anglais, Judas Priest, dont c’était la marque de fabrique à la fin des années 70. Ces derniers n’avaient d’ailleurs rien inventé, ils avaient eux-mêmes piqué ça au groupe américain Blue Öyster Cult, qui était N°1 en 1976 avec cette chanson … et en concert, lors du rappel, leur chanteur, Eric Bloom, revenait sur une moto pour un cover du fameux Born to be wild qui avait bien remis le morceau à la mode.
Et puis il y avait eu Mad Max avec le gang violent de l’Aigle de la route qui n’était pas sans évoquer les redoutables Hells Angels sévissant sur les routes et dans les villes américaines. C’est une autre histoire mais une référence qu’on retrouve dans le nouveau look affiché par Queen sur leur nouvel album en 1979. Ah ils ont changé de crèmerie, fini la soie fine sur scène, les tenues d‘arlequin ou d’ange blanc façon rock progressif, on est dans du cuir et lunettes noires, avec bien sûr, une moto au milieu de la scène, devant la batterie, le genre d’accessoire idéal pour un Freddie qui n’en finit pas d’apprivoiser la caméra.Wed, 30 Oct 2024 - 897 - Rockstars à moto (Episode 2)
C’est un été comme les précédents à St Tropez, en cette fin d’après-midi de 1990, l’ombre bienvenue a gagné les ruelles, faisant tomber la température étouffante, quand un moteur se fait entendre. La foule qui déambule dans les rues s’écarte pour laisser passer une moto, Harley Davidson noire et rouge, conduite par Johnny Hallyday, chemise jaune et jeans, et avec pour passager accroché à lui, son ami de toujours, Eddy Mitchell, tout de blanc vêtu et lunettes noires. Les années 80 sont finies mais c’est toujours le temps des copains, et de la moto, bien pratique pour se faufiler dans les ruelles du vieux St Trop et ne pas se faire arrêter par des fans entreprenants. Ah c’est clair que la moto n’a plus la même image qu’elle avait encore dix ans auparavant, avec les bandes de bikers qui débarquaient dans les soirées le samedi. Au début, ils demandaient qu’on passe du trust dans la sono, ça picolait et ça finissait souvent en bagarre. Ce n’est pas un hasard si dans le film emblématique, Mad Max, les méchants sont une bande de motards.
Mais les années 80 sont passées par là, les temps et les gens ont changé. Le Live Aid a remplacé les Hells Angels des concerts des Stones, Prince est un gentil motard dans Purple Rain, un gars malheureux, même, et puis, le plus grand collectionneur de deux roues du moment, n’est-il pas Billy Joël ? Il a tellement de motos qu’il en a fait un musée pour les exposer. OK, il est sex and drugs and alcohol mais il porte un costard cravate. De plus, pour Billy, si la moto est une passion, la customiser ne doit pas faire oublier qu’elle est faite pour vous déplacer avec, pas pour parader. Et ça change beaucoup de choses. Ah oui, on se la rappelle tous cette image de lui partant à la fin du clip avec la fille des beaux quartiers, celle qui n’est pas théoriquement pour les petits gars comme lui. Et elle est tout sourire en plus.
Car c’est de ça qu’il s’agit. Les années 80 ont vu le vidéoclip apparaître et les images dominer la décennie, la moto y allait-elle trouver sa place avec ses références violentes à la Mad Max qui venaient de marquer les esprits. Ca avait bien commencé avec la vidéo de Queen en rockers avec un Freddie qui se la joue Elvis Presley mixé avec du Marlon Brando sur la moto, bien sûr, mais qui derrière les attitudes fait bien comprendre qu’on n’est dans le fun, pas le premier degré. On n’oubliera jamais la Honda customisée de Prince, avec sa couleur pourpre surtout, spécialement conçue pour lui et devenue rarissime car le modèle n’a pas marché. Et puis il y a celle qui, la même année, a porté chance au chanteur de A-Ha. Ah on ne l’a vue que crayonnée. Vous voyez de quoi je parle ? La jeune fille qui est captivée par une BD et qui, assise dans un snack va être happée dedans par la main tendue qui sort d’une case. Et ben oui, Take on me, ça commence par le départ d’une course de motos, et ça finit bien pour tout le monde puisque cette chanson, qui jusque-là n’avait pas trouvé preneur, va démarrer dans les charts, sur les chapeaux de roue.Tue, 29 Oct 2024 - 896 - Rockstars à moto (Episode 1)
C’est une évidence, le monde de la musique rock, pop, et la moto font depuis les années 60, bon ménage. C’est vrai, quand on voit un gars descendre de son gros cube, on ne l’imagine pas déclarer qu’il est fan de Mireille Mathieu ou Dalida. Et quand on parle de moto, on ne se sent pas tous concernés, croyant que pour être biker, il faut être nécessairement fan des Guns’n’Roses, Mötörhead ou Johnny Hallyday. Erreur grave ! Car si la moto est, en effet, bien plus présente qu’on ne l’imagine dans le monde et l’histoire du rock, elle déborde totalement du genre, elle est partout, et pas seulement un outil de marketing pour vendre de la musique.
Ainsi, quel est le point commun entre Purple Rain de Prince et Bat out of hell de Meat Loaf, deux albums qui se sont vendus à des dizaines de millions d’exemplaires ? On ne peut pas louper la moto qui se trouve au centre de la pochette, c’est à cette époque, un symbole de puissance et de jeunesse. La chanson de Julien Clerc ne dit-elle pas j’abolirai l’ennui dans une nouvelle chevalerie … La cavalerie, ça ne parle que de ça : une équipée sauvage mythologique depuis le film qui, quinze ans auparavant, avait fait de Marlon Brando une star du cinéma. Le rock’n’roll n’existait pas encore mais l’attitude de Brando avec son blouson noir, ses bottes et sa casquette allait impressionner les générations suivantes en imposant un style et une attitude. Les mecs allaient l’imiter et beaucoup de femmes rêver du gentil voyou, le chef d’une bande de motards qui va la remarquer parmi toutes, la choisir malgré les avertissements voire le refus de ses parents. On en a fait d’ailleurs une chanson qui a été un des plus grands tubes des années 60 … ah oui, The leader of the pack, le chef de la bande par les Shangri-Las, c’est pas un hasard si ce sont des filles qui le chantent.
Et bien sûr, ils ont tous rêvé, les Johnny Hallyday ou Ozzy Osbourne de tous les pays, sur les photos d’Elvis Presley, Jerry Lee Lewis et Chuck Berry, stars du rock de la première heure, qui posent sur leur moto préférée. Car ils en ont une blinde, évidemment. Et donc bien sûr, le stéréotype du mâle dominant, la pose du mec cool, toujours prêt à la bagarre, le verre à la main et la clope au coin du bec, tout y est, à l’époque. Le cheval de John Wayne est retourné dans sa prairie, il est aujourd’hui mécanique, rutilant et bruyant. Et on ne s’étonnera pas si un certain Serge Gainsbourg s’en sert pour créer la surprise en plaçant sur la plus mythique des motos, une femme, et pas n’importe laquelle, celle qui fait fantasmer une bonne partie de la planète. Alors, précurseur ou provocateur, le Gainsbourg ? En tout cas, Bardot est très convaincante et la chanson, aussi légendaire que l’engin.Mon, 28 Oct 2024 - 895 - Les temps changent en 1981 avec la New Wave (Episode 5)
A ceux qui disaient en 1969 en regardant les hommes marcher sur la Lune que nous avions changé d’époque, on peut leur dire douze ans plus tard, on en a vu depuis passer plein d’autres, tellement qu’on en finit par avoir le tournis. Ben oui, 1981, dans la Belgique de Wilfried Maertens, on a une dizaine de chaînes de télé dont certaines émettent dès le matin, on a des cassettes VHS pour les enregistrer, un répondeur sur notre téléphone, et en parlant de téléphone, il ne faut plus de pièces dans les cabines, non, on téléphone avec une carte !
Tu peux même retirer de l’argent de ton compte à un distributeur maintenant, en rue, à toute heure. Tu te rends compte ! Et surtout on joue de la musique, tout seul, sur un synthétiseur. Il fait tout, mon vieux : le piano, la basse et même la batterie et ne prend pas plus de place qu’un piano électrique. C’est ça la révolution des années 80 : tout est à peine inventé que déjà portable. Regardez le terrible radio cassette avec ses gros baffles, une grande poignée au-dessus et hop, tu l’emportes en vacances ou dans ton kot et t’as un super son ! Et en parlant de radio, en Belgique, on a un truc que les Français n’ont pas, une radio qui ne passe que de la musique pour les jeunes … Déjà qu’ils n’ont pas de salle comme Forest National, même à Paris, alors Radio Cité, on est branché dessus tout le week-end pour écouter ce qui sort en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis. Car c’est bien de ça qu’il s’agit. Choper les nouvelles musiques, de nouveaux artistes comme les Pretenders, Orchestral Manoeuvres, les Buggles et bien sûr, Soft Cell. C’est un groupe sans guitares ni batterie, comme Kraftwerk. Sauf qu’ils ne sont pas quatre mais deux. Et encore, un musicien et un chanteur. Ah ben oui, tout est tellement portable aujourd’hui que tu peux monter ton groupe sans avoir besoin de louer une salle de répète. Tu peux faire ça dans ton kot et c’est ce qu’on fait les deux gars de Soft Cell, Dave Ball et Marc Almond, étudiants à l’école d’art de Leeds dans le nord de l’Angleterre. Oh ils ne sont pas les seuls, il y a un tas de gars qui font ça dans toutes les villes du pays et même à Paris et Bruxelles. Mais ils sont les premiers à faire un tube mondial avec leur musique obscure, bien barrée, le couteau sur la gorge, menacé par leur label de les laisser tomber s’ils ne sortent pas un disque qui marche.
Oui, c’est un tube sur commande, comme à l’époque pas si lointaine du disco. Sauf qu’ils ne faut pas embaucher une dizaine de musiciens dans un studio qui coûte un pont au producteur. Une véritable révolution que cette reprise d’un titre anglais des sixties qui n’avait marché qu’à moitié et qui sonnait comme une chanson noire américaine de la Motown. Je vous dis qu’en 1981, on a changé d’époque. Mais joyeusement, même si la voix de Marc Almond cache quelque chose de plus sombre et profond.Fri, 25 Oct 2024 - 894 - Les temps changent en 1966 : des yéyés aux hippies (Episode 3)
1966. Cela fait trois ans que les temps ont changé avec les Beatles et que le fossé se creuse entre le monde des jeunes et des parents qui se demandent ce qui leur arrive. Ils ne comprennent en effet rien à ces images, ces posters comme ils disent épinglés ou collés sur les murs de leur chambre. Dis, t’es fou ? Tu vas abîmer le papier peint, c’est toi qui vas payer? Et t’as vraiment besoin de mettre la radio si fort dans ta chambre ?
Ce n’est pas une radio mais un transistor !
De toute façon, je ne vois pas pourquoi tu mets ça si fort, tu ne comprends pas les paroles. A part des yeah yeah yeah !
P’pa, tu retardes, les yéyés, c’est mort !
Ah bon, c’est nouveau ! Ils font quoi maintenant ? No, no, no ?
Pour une fois, le père et le fils ont tous les deux raison. Les yéyés, avec l’arrivée des Jacques Dutronc, Christophe et Antoine, sont complètement dépassés. Ils ne jouent pas du rock à papa comme ils disent mais celui des Animals, des Who ou des Rolling Stones. Vrai, on est passé de Don’t be cruel à Satisfaction et My Generation. En France, ça se traduit par Et moi et moi et moi, un hymne au cynisme et jemenfoutisme et Les Élucubrations. Ah ! Cet Antoine, on en parle jusqu’à la tribune de l’Assemblée Nationale. Comme chantera bientôt le jeune Michel Sardou : cet homme est un scandale, va chercher ton fusil, la Patrie te réclame ! Et oui, la jeunesse ne veut pas que s’amuser, profiter du bon temps avant que viennent les jours redoutés du service militaire et du boulot : elle revendique ! Quoi ? Un monde plus juste, moins con, moins égoïste pour certains, une société où les garçons et les filles peuvent s’aimer librement sans être obligés de se marier immédiatement. Bref, le monde d’avant, celui des parents, on n’en veut pas, on va tout changer, longs cheveux pour les mecs, mini jupes pour les filles. Et comme il y a de la résistance, on va commettre toutes les transgressions, on va vivre en marge de cette société. C’est pas qu’elle ne veut pas de nous, c’est nous qui nous ne voulons pas d’elle.
Ainsi d’un certain Michel Polnareff qui vit dans la rue, loge chez des gens avec pour seul bien, sa guitare. Il a claqué la porte de chez lui, fuyant un père qui l’avait baffé quand il avait eu le malheur de dire qu’il aimait Johnny Hallyday. Et c’est vrai qu’il chante une poupée qui fait non, et qu’il veut faire l’amour avec toi, ce qui lui vaut d’être interdit de radio en journée. Oui, le conflit des générations a lieu pour la première fois dans l’histoire de l’Humanité. Alors les jeunes ont leurs propres magazines, émissions de télés, de radio, oui, ils vivent de leur côté, loin des sarcasmes d’un monde qui ne comprend rien à leurs idéaux de liberté, d’égalité et d’identité. Les temps changent : ils ne font plus yeah yeah yeah mais non, non, non.Wed, 23 Oct 2024 - 893 - Les temps changent en 1991 avec le grunge (Episode 2)
Été 1991, nous voilà ancrés dans une nouvelle décennie. Et il faut bien dire ce qui est, les années 80 ont été formidables. Tout a changé, un monde nouveau, moderne, s’est ouvert. Un monde de couleurs, d’images avec des rythmes automatiques et des vidéos, bref de technologie qui fait entrer tous les possibles dans la réalité et même, les maisons. Des années 80 qui se sont bien terminées avec l’écroulement du menaçant bloc soviétique. On respire ! On va désormais pouvoir visiter toutes ces contrées qui étaient interdites, rencontrer des gens, voir un monde nouveau. Alors dites-moi, pourquoi la musique populaire devient-elle si sombre ? Vous n’avez pas remarqué la sortie rapprochée d’albums de groupes comme Nirvana, Pearl Jam et Red Hot Chili Peper ? Et la folie qu’ils suscitent : leurs CD se vendent par camions.
Oui, les canons de la jeunesse actuelle ont bien changé. Le glamour clinquant, bariolé est abandonné pour les fringues de tous les jours, le streetwear de préférence déjà bien amorti. Un retour de l’esprit punk des débuts à Londres, et du rock alternatif des Lou Reed et Iggy Pop. Alors comme ils sont pour la plupart de Seattle dans le nord-est des Etats-Unis, ils portent des chemises à carreaux de bûcheron et des jeans troués. Seattle, c’est à côté du Canada, proche de l'Alaska, mais n’allez pas croire qu’il y fait glacial en hiver. Non, c’est juste qu’il pleut tout le temps. Comme en Belgique de nos jours mais en pire. Alors qu’est-ce qu’ils font les mômes ? Certainement pas du vélo. Non, ils sont enfermés dans des baraques humides et ils font de la musique. Après ça, on s’étonnera qu’elle ne soit pas ensoleillée. Et puis, y a pas que ça. Il y a les usines fermées, le chômage, alors au milieu de ce désoeuvrement, on n’est pas à la joie. Ajoutez à ça, une musique alternative en Grande-Bretagne, en France, en Belgique qui a traversé les années 80 en sous-sol, underground, mais en grossissant ses rangs, un rap sur la côte est des Etats-Unis dans une communauté de plus en plus pauvre, joué par des truands qui se revendiquent en être.
Oui, la musique s’est durcie au début des années 90, la new wave est devenue de la cold wave, les rythmes synthétiques sont à présent Techno, Hardcore, les groupes Metallica et Guns’N’Roses sont N°1 des ventes, alors, les couleurs de la pop changent. Et progressivement, nos oreilles s’habituent aux guitares électriques saturées, les Beat qui s’alourdissent au son des Rave Party jusqu’au bout de la nuit. En 1991, ce n’est pas une révolution mais les temps ont bien changé ; même les filles vont à présent vendre des dizaines de millions de disques en balançant leur hard rock, un truc bien masculin. Vous ne trouvez pas ça, ironique ?Tue, 22 Oct 2024 - 892 - Les temps changent en 1963 avec les Beatles et les yéyés (Episode 1)
“Je n’aime pas cette époque, je la hais, je hais ce siècle.” On a vu passer dix fois cette vidéo de Michel Sardou sur internet, la presse en a fait ses choux gras et pour cause : nombreux sont les gens qui pensent pareil. La pratique du nivellement par le bas, les wokistes qui nous gonflent, l’orthographe qui part en sucette, la jeunesse fainéante et gameuse collée sur les écrans, les comptes Facebook regorgent de commentaires de ceux qui regrettent que les temps aient changé. Mais en prenant un peu de recul, les temps n’ont-ils pas toujours changé ? Bob Dylan le chantait déjà il y a 60 ans : "for the times they are a-changing !" Oui, ceux qui regrettent une autre époque n’ont-ils pas justement vécu celle qui avait changé au grand dam de leurs parents qui n’y retrouvaient plus leurs jeunes, tenez, comme le papa dans la série Happy Days ? C’était quand encore ? Au début des sixties, je vous raconte …
En 1963, nos parents trouvent que ça bouge un peu trop dans notre piaule. Piaule ? Ça veut dire quoi, ça ? Ben, ma chambre. Où est-ce que t’as entendu ce mot ? Encore un truc de Yéyé ? Tu ne peux pas parler français correctement comme tout le monde? Oui, si l’année 1962 avait encore vu des artistes comme Dalida et les Compagnons de la chanson dominer les ventes de disques, tout a changé à présent : Johnny Hallyday n’est plus le seul sauvage, ils sont des dizaines à secouer les juke boxes et les longues ondes radios : Claude François, Eddy Mitchell qui a quitté les Chaussettes noires, Lucky Blondo, Richard Anthony et puis des filles comme Sheila, Sylvie Vartan ou Françoise Hardy et qu’on appelle la bande des Copains. Car il s’agit bien de ça, les jeunes de 1963 ne poussent pas comme leurs aînés entre l’école (qui n’est pas mixte) et la famille, avant de se marier à 18 ans et fonder un foyer. Non après les cours, ils se retrouvent en bande, au milk bar, sur la place, où ils peuvent parler de tout ce qui les concerne. Pour la première fois, des garçons et des filles sont ensemble en dehors de la surveillance des parents. Et ça fait tout bizarre, cette impression de liberté, la découverte d’un univers mystérieux qu’est l’autre sexe, avec ses codes et ses histoires.
Mais tout ça n’est encore qu’une répétition générale car si les chanteurs Français en sont toujours à reprendre du rock américain des années 50, l’Amérique se met au diapason d’un certain Bob Dylan, un gars qui ne chante pas des trucs à l’eau de rose mais la société, tandis qu’en Angleterre, alors que des groupes comme les Rolling Stones ou les Animals chantent du blues, un vent de folie souffle autour d’un quatuor de Liverpool avec une musique nouvelle, mélange de rock et de soul. Oui, en 1963, les temps ne changent pas, c’est la société qui s’apprête à exploser de sa jeunesse.Mon, 21 Oct 2024 - 891 - Les temps changent en 1977 avec le punk (en français) (Episode 4)
En 1977, les sixties sont loin, c’est le moins qu’on puisse dire. Un choc pétrolier plus tard, la génération Mai 68 s’est diluée dans la société sans avoir pris le pouvoir. C’est vrai, nos premiers ministres et grands patrons sont toujours en costards cravates sombres, pas en chemise à fleurs et pantalons pattes d’eph. Mais bon, les médias, eux, se sont un peu libérés : Coluche à l’Olympia et N°1 des ventes d’albums, Jean Yanne qui dénonce avec succès le pouvoir de l’argent dans les salles de cinéma tandis que son copain Jacques Martin met chaque dimanche à la télé la patience du pouvoir politique à rude épreuve, oui, on ne peut pas dire que les temps n’ont pas changé.
Et chez nous en Belgique ? La seule différence, c’est qu’on est plus branché musique que les Français. Depuis le début de la décennie, on a accueilli tout ce qui a révolutionné le monde en 33 et 45 Tours. Les plus belles pages des débuts de Genesis se tournent chez nous avec Phil Collins et Peter Gabriel qui logent chez l’habitant, le théâtre 140 qui accueille des petits nouveaux comme Pink Floyd, Ozzy Osbourne ou Queen, l’immense salle de Forest National, tellement incroyable et unique que Claude François y joue chaque année en janvier, histoire de bien démarrer la saison. Les cheveux et la barbe des garçons poussent dans tous les sens, les filles portent des sabots, des robes sac à patates et des longues breloques sous leurs cheveux frisés. On n’est pas là pour défiler mais pour parler du vécu, assister à des projections de films socioculs, militer pour des révolutions en Amérique du Sud, contre la guerre au Vietnam ou la Chine de Mao. Seul point commun avec les années 60, le “tu comprends rien” reste de mise dans les familles ou entre garçons et filles. Les garçons qui ne portent pas la responsabilité du monde sur les épaules, j’entends, et qui préfèrent regarder les émissions de Guy Lux ou Pierre Tchernia à la télé.
Heureusement, je vous l’ai dit, il y a les disques, en 1977. Il y a toujours Johnny, Cloclo et Michel Sardou, plus que jamais pour ce dernier. Et puis bien sûr les fameux Pink Floyd et Genesis qui n’ont jamais vendu autant. Mais bon, tout ça commence à dater, c’est la musique des grandes sœurs et des frères aînés. Et si on partage avec eux l’intérêt du disco, qui permet, à l’image de John Travolta, d’aller en boîte le samedi soir pour faire le zazou sur la piste et emballer une fille dans la série de slows, il se passe quelque chose de particulier.
T’as écouté le nouvel album de David Bowie ? Space, hein ?
Et les Clash, les Sex Pistols, tu connais ?
Oui, à côté du disco de Donna Summer et des Bee Gees, il y a des mecs barrés qui jouent une musique plus radicale, sans concession au système de l’argent, des purs qui font un rock immédiat. On les appelle les punks, ils sont pas beaux, sortent de caves et de squats. Y en a même en France qui chantent en français.
Du rock en français ? Pas possible.
Ouais, ils s’appellent Téléphone ou Hygiaphone, mon vieux ils ont déboulé à la télé recouverts de farine et tu me croiras, hein, ils se sont tellement secoués qu’à la fin de la chanson, tout était par terre.Thu, 17 Oct 2024 - 890 - Les cent vies de Monsieur Aznavour
Le très bon film signé Grand Corps Malade et Mehdi Idir (sortie en salles le 23 octobre) s'attarde avec justesse sur les débuts difficiles et douloureux de Charles Aznavour, en tant que chanteur. Il est vrai que même si on en a entendu parler, on ignore le plus souvent la place importante que ces débuts entre guillemets ont pris dans la vie de l’artiste et de l’homme. Car oui, avant d’accéder au succès tel que nous l’entendons depuis les années 60, c’est-à-dire vendre beaucoup de disques, il s’est écoulé 19 années dans la vie d’Aznavour. Près de vingt années, un temps incroyablement long entre le moment où le jeune homme de 17 ans forme un duo de chanson fantaisiste avec son ami Pierre Roche, en 1941, et cet autre moment tant espéré où il se met à enchaîner les succès discographiques en solo, faisant taire les critiques sur son physique et sa voix.
Oui, après une vingtaine d’années de métier, de tournées en duo avec Roche puis seul, avec ou sans Edith Piaf, de nombreux disques sortis chez plusieurs éditeurs et surtout un large répertoire écrit pour les plus grands, Aznavour se fait approcher par un certain Eddie Barclay, un jeune loup à qui tout réussit. Certes Aznavour n’est pas dupe. Il sait que Barclay l’a ignoré à l’époque où il se faisait éreinter par la critique et ne s’intéressait à lui que pour avoir des chansons pour ses poulains. Mais Barclay c’est une force de frappe commerciale alors inédite, des grands studios et orchestres et surtout, une liberté artistique totale. Le croirez-vous, sur les vingt premières années de la carrière d’Aznavour, seule Sur ma vie est parvenue jusqu’à nous. Avec Barclay, il ne produit que des hits, dès le premier disque avec Je m’voyais déjà et Tu te laisses aller, puis en trois ans Les comédiens, La Mama, Hier encore, Et pourtant, For me formidable, il ne les compte plus.
Que Charles Aznavour ait fait partie de l’entourage d’Edith Piaf, cette histoire est connue mais les détails, beaucoup moins. Début 1947, cela fait cinq ans que Roche et Aznavour se produisent dans des cabarets parisiens quand ils sont invités à participer à une émission de radio, ce qui est déjà un événement en soi, à l’époque. Mais de plus, la vedette de l’émission n’est autre qu’Edith Piaf. Ce n’est pas le moment de faire le timide, Aznavour décide de casser son trac de s’adresser à celle qui est son idole et celle de toute l’Europe et l’Amérique. Il respire un bon coup, engage la conversation et se retrouve le soir, chez elle, avec toute une bande. C'est le début d'une carrière en Amérique qu'Aznavour va construire en une quinzaine d'années avec une ambition dévorante, démesurée puisqu'elle va lui permettre de se hisser dans le métier au niveau de Frank Sinatra.Mon, 14 Oct 2024 - 889 - David Bowie dans l'Histoire (Episode 5)
Un poster du film Moi Christiane F… au mur d’une chambre d’ado, un exemplaire de Podium avec des photos de Ziggy Stardust poursuivi par des fans teenagers, un 33 Tours de Heroes avec sa pochette en noir et blanc. David Bowie laisse une œuvre accrochée à une époque, le souvenir de passions, d’une musique qui n’est pas celle de tout le monde, de concerts où on n’était pas et qui ont dû être extraordinaires, du genre qu’on n’a jamais vécus. Et c’est vrai que voir David Bowie à cette époque, ce n’était pas une expérience banale. Comment vous expliquer l’effet de la première seconde où il arrivait sur scène ? Vous ne pouviez pas mettre de mots dessus mais désormais vous saviez ce que signifiait le mot charisme. Et puis venait sa voix, grave et profonde, quand il attaquait les premiers vers de sa chanson. Alors il y avait ses fringues, bien sûr, David Bowie était synonyme de look. Il en a eu des dizaines, on ne les a pas comptés le temps de notre adolescence. Cheveux rouges en pétard, brushés puis dans les bronzes gominés avant de devenir blonds graves bien coupés puis frisés, et ça c’est uniquement la coiffure, doit-on évoquer les fringues, les plateformes boots et les costards en tout genre. On n’imagine pas le dressing de David Bowie, à moins qu’il jette tout au fur et à mesure ? Il en est capable. T’as raison, ce type est capable de tout. Il mène une vie en dehors de tout ce qu’on connaît, un truc qu’on ne peut pas imaginer.
Ainsi lorsque le jour du Live Aid approche, un problème de taille se pose pour les organisateurs : comment amener autant de stars au Stade de Wembley à l’heure sans qu’il y ait de couacs. Vous imaginez le truc : ils doivent tous jouer quinze minutes avec un horaire chronométré. Pas question de retard comme à Woodstock parce que non seulement tout est retransmis en direct à la télévision mais en plus, il y a une alternance avec la scène à Philadelphie. Pas question de changer le matériel du groupe prévu avec celui d’un autre parce qu’il est en retard. Solution imparable : l’hélicoptère. On réussit l’exploit de trouver des gars qui acceptent d’en prêter, d’autres pour offrir l’essence, pour la cause humanitaire, et enfin des derniers pour les piloter. Mais où les faire atterrir ? Il y a un terrain de cricket juste à côté du stade. Mais le croirez-vous, un tournoi doit avoir lieu toute la journée et les équipes refusent d’annuler. Mais bon, on veut bien arrêter les matchs pour laisser un hélico atterrir. Par contre, il faut absolument trouver un hélicoptère entièrement bleu, à l’extérieur comme à l’intérieur. Tu rigoles ? Non, c’est écrit là sur le fax du management de Bowie. Nooon !
Et ben ils y arrivent, les gars ! Alors quand cet après-midi, David Bowie se présente, le pilote lui dit : vous avez vu la couleur ? Bowie le regarde un peu étonné … et à l’intérieur, vous avez vu ? Bowie jette un œil puis lui en lance un autre, interloqué, se demandant s’il est dingue. Il n’en a rien à faire de la couleur d’un hélicoptère ! Quand vient son tour de monter sur scène en fin d’après-midi, l’audience est alors estimée à deux milliards de téléspectateurs. Mais voilà qui l’aurait cru, la prestation de Queen et particulièrement de Freddie Mercury a cloué tout le monde sur place effaçant d’un coup tous les Woodstock de l’Histoire. Jamais on n’a vu et jamais on ne reverra un truc pareil ! Et c’est à Bowie d’entrer juste après, il va se faire laminer. Mais David Bowie dans son complet bleu ciel qui a fait dire à Freddie, waouw, si je te connaissais pas, je te boufferais, est impérial, il se passe vraiment quelque chose de spécial entre le public et lui, hors du temps. David sort de scène souriant mais avec les yeux remplis de larmes, ému par la puissance sonore de cette foule qui l’a littéralement porté et à laquelle il a fait face, sans complexe, après la tornade Mercury. Parce qu’il était comme ça, David Bowie.Sat, 12 Oct 2024 - 888 - David Bowie dans l'Histoire (Episode 4)
1984. La littérature nous avait prédit un monde sombre soviétisé, militarisé, il n’y a en fait que liberté et de l’art à tous les étages. Les jeunes vont voir U2 à Torhout Werchter, se font une cassette de Simple Minds avec un disque de la Médiathèque, vont acheter les vinyles des Cure ou les CD de Dire Strait chez Caroline Music. Les filles s’habillent comme Madonna, chantent Prince ou Michael Jackson dans la cour de récré, et même David Bowie. Qui aurait cru ça il y a peu quand on était quelques-uns seulement à pousser la porte des cinémas pour le voir jouer sur scène une poignée de minutes dans un film. David Bowie, c’était l’avant-garde, celui qui joue une musique que tu ne peux pas comprendre. Alors bien sûr, ça créait un lien qu’on croyait privilégié avec l’artiste, on était les élus, les autres restaient dehors.
Et donc, ça fait drôle de voir son Let’s Dance dans les piles de best sellers, en couverture de magazines, au Journal Télévisé chez Yves Mourousi, à l’heure des ménagères. Décidément, ces années 80 sont folles, le présent est imprévisible. Alors oui, on est déçu qu’il ait fait ce disque commercial mais c’est pour prouver aux autrespam'il fait ce qu'il veut. T’as vu ? Il claque des doigts et il fait deux hits de suite ? Il est pas beau mon artiste ? J’avais pas raison d’être SON fan depuis des années, alors que toi t’écoutais Sheila et Johnny Hallyday ? Mais voilà l’envers du décor : au terme de l’immense tournée Serious Moonlight qui a d’ailleurs démarré par Forest National, David Bowie, devenu une superstar après 17 ans de carrière, n’a rien de nouveau à enregistrer. Aucune chanson, aucune idée. La raison ? Une dépression, qu’il ignore, probablement. La conséquence d’être parvenu à s’arracher de la drogue qui le rongeait depuis des années. Le point positif c’est que pour la première fois, David Bowie est lui-même face à la presse et au public. Ce n’est plus le gars froid et posé, mystérieux et intello-branché, c’est un gars spontané, joyeux et hyper sympa. Et on n’en revient pas de le voir ainsi. Le point négatif, c’est que autant la drogue n’est plus là pour faire barrage entre le monde et lui, autant elle n’est plus là non plus pour lui raconter des bobards, le faire sentir invincible. Et Bowie doute. Il regarde sa vie privée qui n’est qu’une longue succession de femmes qui ne restent pas où qu’il dégage au fil de ses déplacements d’un continent à l’autre. Car c’est vrai qu’on lui connaît ou a connu un domicile à Londres, New York, Los Angeles, Montreux mais on ignore qu’il aime vivre à Sydney où il a aussi un pied-à-terre. Oui, en Australie, à l’autre bout du monde où il peut vivre tranquille, peinard. Ce n’est pas pour rien que le clip de Let’s Dance a été réalisé là-bas.
Alors David a sur ses propres deniers capté le son de concerts de sa tournée et a fait mixer par son ingénieur, un double album live. Mais non David, lui répond-on, déjà que ton ancienne maison de disques a sorti un live datant d’il y a dix ans, les gens n’ont rien compris, rien à voir avec Let’s Dance, on ne va donc pas se retrouver avec un autre live. Tu vas te ramasser. Non, fais-nous de nouvelles chansons. Alors David entre en studio, avec rien, peau de balle, nada ou presque. Tant et si bien qu’à l’automne 1984 sort Tonight, un album où la sauce ne prend à aucun moment, avec un single qu’on se demande comment et pourquoi il a marché. Peut-être parce qu’il était très années 80 et qu’on avait envie d’y croire.Fri, 11 Oct 2024 - 887 - David Bowie dans l'Histoire (Episode 3)
Fin des années 70, début 1980, David Bowie va changer radicalement. Disons plutôt qu’il va naître, enfin. En clair, il laisse tomber la drogue. Cette substance chimique qui lui donnait de l’assurance, lui ouvrait les portes d’une autre réalité. Ah c’est pas drôle à vivre de tout stopper. Surtout quand on est David Bowie et qu’on se retrouve face aux gens avec qui on va travailler sur un nouvel album. Pourquoi ? Parce que pour la première fois, il ne se croit pas le plus grand, son assurance a foutu le camp. Oui, en cette fin 1982, David Bowie se demande si les gens vont acheter son prochain disque. Et s’ils viendront le voir sur scène. Vous êtes sûr que ça va marcher ?
Est-ce pour cette raison qu’il a disparu ? Depuis deux ans, il n’a en effet pas produit un seul disque, ce qui n’était alors jamais arrivé, et se contente entre guillemets de faire du cinéma, il a même joué une pièce de théâtre, à Broadway. Et ce n’est pas un hasard. Au cinéma, non seulement vous travaillez en équipe, mais la responsabilité du succès ou du bide, c’est le réalisateur et la production qui la portent sur les épaules. Et bon, si le film marche bien, on dit que c’est grâce au comédien. Et c’est vrai que David Bowie est génial, aussi bien au théâtre qu’au cinéma.
Et donc, en cette année 1982, David Bowie n’a plus de firme de disques. Vous le croyez ça ? Lui qui était avec Elvis Presley, la star du label RCA, il a encore été N°1 avec le dernier, en 1980, est un SDF de l’industrie du disque. Alors ? Ben alors, il va frapper un grand coup et surtout l’assurer, ce coup. Il faut à tout prix qu’il fasse un succès. Oui, lui qui ces dernières années ne s’est jamais embarrassé du goût du public pour guider son inspiration a décidé de produire un disque commercial.
Et donc, ce n’est pas un hasard si ce soir, dans une boîte de New York, où il boit son verre tout seul au bar, le type qui vient s’asseoir à côté de lui se nomme Nile Rodgers. Oui, un des deux gars de Chic, le groupe le plus primé de ces dernières années et qui a aussi à son actif la résurrection de Diana Ross. Et après avoir parlé avec lui la moitié de la nuit, c’est entendu que ce n’était pas un hasard car en plus, il en connaît un rayon sur le rock et le jazz, ses musiques préférées. Évidemment, comment Bowie pourrait-il savoir que Nile Rodgers est en plein doute. Y a pas internet à l’époque, il ignore que les deux derniers albums de Chic n’ont pas marché, tout comme celui qu’ils ont produit pour sa copine Debbie Harry, la chanteuse de Blondie. Et c’est tant mieux car s’il l’avait su, David Bowie n’aurait pas cherché à trouver son numéro de téléphone le lendemain et ne se serait pas acharné à le joindre durant plusieurs jours. Car c’est probablement ce challenge, cette nécessité pour Nile Rodgers de réussir sous peine de disparaître qui l’a poussé dans un état de grâce en produisant l’album Let’s Dance. Et il faut bien dire une chose : ces huit chansons ne sont pas des machines à hits, elles n’ont rien en commun avec ce qui tourne en radio et dans les juke-boxes. Mais nous sommes en 1983, une époque où rien n’est formaté, où tout est permis, sans autre limite que le génie et le plaisir.Thu, 10 Oct 2024 - 886 - David Bowie dans l'Histoire (Episode 2)
Quand on entend la toute grande masse des chansons tourner aujourd’hui, on a bien du mal à identifier les artistes entre eux. Et on s’y est habitué avec les années. Tellement qu’on a du mal à imaginer qu’il fut un temps où pour passer à la radio, et surtout être critiqué positivement dans la presse, il fallait faire du neuf, SURTOUT ne pas jouer, ne pas chanter comme les autres. Et en la matière, celui qui tient le haut du pavé dans les années 70, c’est David Bowie. Il n’a rien à faire des canons de la production qui consiste à refaire le même truc une fois qu’on a trouvé ce qui plaît au public. Bowie est en effet à peine au sommet des ventes, en 1973, avec son rock’n’roll particulier, mélange de rock glam façon Slade et T-Rex ET rock alternatif américain teinté de cabaret new yorkais, qu’il se lance l’année suivante dans la soul, la black music. Imaginez le désarroi et le mépris du public ado et européen qui lui tourne le dos. Mais David s’est trouvé un nouveau public et sort gagnant de ce changement de peau et de registre.
Sauf que, en 1976, voilà qu’il quitte Los Angeles, la ville où il s’était établi et où il avait trouvé la voie des ondes pour revenir en Europe. Et s’il est vrai que la musique disco y est seulement en train de s’imposer, cela n’intéresse plus Bowie, non, ce qu’il cherche lui, désormais, c’est l’avant-garde. L’avant-garde, c’est un concept difficile à imaginer au XXI° siècle. C’est vrai, qui s’intéresse à ce qu’on fera dans cinq, dix ans ? On a déjà peur d’aujourd’hui alors qui a envie d’être demain ? Et ben, en 1976, c’est le contraire. On croit que le meilleur est à venir, demain c’est smart ! L’an 2000 fait rêver tout le monde, alors il y a des mecs qui tentent de créer le cinéma, la peinture, la sculpture, l’architecture de demain. Ça, c'est génial ! Et donc, David s’est réfugié en France avec son ami Iggy Pop, le dernier qui lui reste en fait, pour créer deux albums en simultané, chacun le leur, avec quelques musiciens auxquels ils demandent de faire des trucs qu’on n’a jamais fait. Si ça part le plus souvent en sucette, ça donne malgré tout de solides réussites mais bon, autant vous dire que le public va être dérouté … Mais il ne s’arrête pas là car en Allemagne, il y a une bande d’allumés qui travaillent sur un instrument très particulier qui permet de créer des sons artificiels, électroniques. Et ils font des disques, certains carrément inaudibles, d’autres un chouïa mélodique mais comme l’instrument n’est pas facile à utiliser, le résultat est minimaliste. Mais vous imaginez ce groupe, Kraftwerk ? Pas de batteur, ni de bassiste, ni de guitariste.
Voilà David et Iggy qui prennent un appartement à Berlin, cette ville dévastée par la guerre, coupée en deux par les Soviétiques où le monde vivant est glauque et souterrain. Le croirez-vous, il y produit une seconde face d’album entièrement instrumentale et synthétique … David Bowie, le chanteur qui nous fait de l’instrumental ! La presse rock branchée crie au génie mais le grand public ne suit plus. Low, qui sort début 1977, ne se vend qu’à une poignée de gens qui acceptent de découvrir de nouveaux horizons. Beaucoup se remettraient en cause pour moins que ça mais Bowie persiste, sur scène comme en studio : toujours à Berlin, il remet le couvert en poussant plus loin le bouchon. On s’éloigne par moment de tout souci de mélodie jusqu’au bout du concept. Et puis, soudain, tous ces ingrédients réunis donnent à une chanson un souffle épique que David Bowie saisit au vol et magnifie d’un texte dédié aux martyrs de la liberté tombés sous les balles des gardiens du mur. Qui n’a jamais été ému par cette promesse d’être un héros, juste pour une journée ?Wed, 09 Oct 2024 - 885 - David Bowie dans l'Histoire (Episode 1)
Les années passent depuis qu’il nous a quittés, et à l’heure où on sent que David Bowie, déjà légendaire, entre dans l’Histoire avec l’arrivée de nouvelles générations qui le découvrent, je me dis que voici l’occasion de plonger à nouveau dans son histoire d’une manière différente. Car oui, le recul permet de voir des choses qui nous avaient échappées quand nous étions au plus près de lui, des choses qui en disent beaucoup sur une époque et sur ceux qui l’ont vécue. Alors, vous me suivez ?
Nous sommes à New York, en 1974, au Max Kansas City, au Maxies, comme disent les clients de ce restaurant bar typiquement américain comme le cinéma et les séries nous les montrent. C’est là qu’il faut être si vous voulez croiser toutes les grandes figures de la contre culture, là où beaucoup de groupes de rock punks se produisent. Est-ce un hasard si ce soir un certain Tommy Hilfiger, oui, le styliste qui possède des magasins partout dans le monde aujourd’hui, n’en revient pas de voir là, à une table, David Bowie en compagnie de Lou Reed et David Johansen, le chanteur des New York Dolls. Ah il n’est pas prêt d’oublier leurs tenues, et pour cause : chemise à fleurs, veste en velours cintrée avec épaules larges, énormes ceinturons clinquants les boots, et bien sûr, le eyeliner sombre et les boucles d’oreille.
Bowie est enfin devenu la star qu’il voulait être dix ans plus tôt. Il en a mis du temps pour se trouver, et trouver le bon manager. Rien n’a été simple mais à présent qu’on lui déroule le tapis rouge, qu’il fait les gros titres des journaux où qu’il aille, tout est encore plus compliqué, tant il est vrai que le manager américain qui lui a donné les moyens de percer après huit années de galère, l’a roulé dans la farine. Et oui, si il est vrai qu’ils sont à 50/50 sur les bénéfices, David vient de découvrir qu’il n’est plus propriétaire de lui-même qu’à 50 pourcent. Pire ! Il ne touche rien sur la carrière de Lou Reed et Iggy Pop qu’il lui a apportés sur un plateau et qu’il a sortis artistiquement du néant dans lequel ils étaient tombés. Il ne touche pas un balle, nada ! Et voilà qu’à présent, David Bowie devenu, au prix d’une énergie considérable, une star du rock, ne veut plus faire que de la musique noire, de la soul ! Son manager pète un câble. Depuis le paradis fiscal des îles Moustique où il s’est retranché, il téléphone à David et lui dit que c’est fini. Il ne le suit plus ! C’est le début d’un très long procès devant des tribunaux américains avec leur horde d’avocats mais surtout, David se retrouve sans argent. Son manager a gelé tous les comptes durant la procédure.
Voilà donc David Bowie, la star, sonnant à la porte de RCA, la firme de disques qui l’édite mais avec qui il n’a jamais traité en direct. Et David d’être reçu par le président, quand même, qui lui explique sa situation. Comment continuer ? A cette époque, on sort un album tous les six mois. En m’avançant l’argent des royautés du prochain disque ? RCA lui avance 500.000 dollars, une solide somme, il y a cinquante ans mais avec ça, il devra TOUT payer : le studio et les musiciens pour son album, les musiciens et les répétitions pour la tournée et bien sûr, son propre salaire. Voilà une responsabilité qui a coûté la carrière à beaucoup de stars. Mais c’est à partir de ce jour que Bowie va devenir pour beaucoup de musiciens le chantre de la pingrerie. Ah non, il ne paie pas bien ses musiciens, il faut discuter âprement avec lui son cachet et si on ne s’entend pas ou plus sur le prix ? Pas de dispute, il est charmant, mais c’est la rupture, vous êtes remplacé du jour au lendemain. Mais l’artiste a trouvé un cap et le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il a réussi à le maintenir durant 40 ans.Tue, 08 Oct 2024 - 884 - La Story Whitney Houston (Episode 5)
En 1998, nous sommes en plein essor du mouvement électro et des stars féminines rock, version post grunge, il n’y a plus beaucoup de place pour les anciennes stars de la soul des années 80. Regardez Michael Jackson qui malgré des compilations et remixes a beaucoup de mal à s’adapter au son de la musique r’n’b qui s’est durcie considérablement. Et puis, il y a le triomphe des rappers qui, contre toute attente, sont devenus les poids lourds de l’industrie mondiale du disque. Enfin, dans le créneau des chanteuses à voix, une certaine Céline Dion a pris le flambeau tenu fièrement par une Whitney Houston qui, occupée par le cinéma, n’a pas vu le coup venir. Il faut dire que l’esprit de Whitney est très occupé par un quotidien tumultueux, son mariage avec le sulfureux Bobby Brown qui est loin d’être celui du siècle, comme on l’avait pensé au début.
Alors oui, ce nouvel album après des années non pas de silence mais de distance du métier, album promo tournée, se solde par une vente qui dépasse les dix millions de CD, certes c’est énorme, mais se situe très loin des 30 et 40 millions des précédents. Une certaine presse qui parle plus des chiffres, pardon qui ne parle que des chiffres mais pas du contenu, monte le résultat en épingle, ce qui n’arrange rien aux questions et au doute. Car le R’N’B a bien changé et une nouvelle vague de chanteuses comme En Vogue ou TLC s’est appropriée le genre. Que pense la nouvelle génération de ses Heartbreak Hotel et bien sûr de son duo avec Mariah Carey pour la BO du Prince d’Egypte qui lui vaut quand même l’Oscar de la meilleure chanson originale ? La réponse est à chercher au début du siècle suivant avec les prochains albums qui ne reçoivent qu’un succès d’estime. Avec cette question que se posent tous ceux qui ont atteint les sommets, qui ont été portés par un public si nombreux qu’ils ne voyaient pas comment cette histoire d’amour pourrait être sans lendemain : où sont-ils tous passés ? Pourquoi n’ont-ils plus les 20 euros pour acheter mon nouvel album ? Whitney Houston squatte désormais la Une des journaux dans la rubrique faits divers de stars : disputes avec Bobby Brown, états d’ébriété, et puis finalement divorce.
Une compilation intitulée Ultimate et un nouvel album fin des années 2000 redore un temps son blason avec un N°1 inespéré mais il est plus fugace que les précédents, ceux d’une grande époque qui a filé incroyablement vite. Mais l’heure des années 80 s’impose de plus en plus avec la disparition progressive des CD, est-ce un hasard. Les images de clips circulent désormais sur internet et le public de tout âge prend la mesure de ce qui a été perdu en chemin sur l’autel de la technologie et de l’argent. Et si Whitney pouvait chasser ses démons et reprendre en main son art ? C’est en tout cas son intention. Malheureusement, comme pour Amy Winehouse, les démons ont été les plus forts. Alors conjurons-les, grâce à sa voix et au piano du génial compositeur et producteur David Foster, je n’ai rien si je ne t’ai pas, toi.Fri, 04 Oct 2024 - 883 - La Story Whitney Houston (Episode 4)
Whitney Houston, 5 août 1963 - 11 février 2012. Elle avait 48 ans, beaucoup trop jeune pour une star qui avait touché le firmament comme aucune autre avant elle. Combien de maisons encore où trône, où traîne un album, un CD, DVD, VHS de Bodyguard ? Et quels souvenirs y sont accrochés, marqués par une jeunesse, une enfance, une rencontre. Ce CD est pour beaucoup d’entre nous plus que la bande originale d’un film, c’est celle d’un moment de notre vie. Le souvenir encore intact de ce soir où on est allé voir le film en bande, avec un petit ami, une girlfriend. Et la magie sur l’écran de cinéma, non pas du show business américain, mais d’une histoire d’amour impossible, les plus belles. C’était ça, Whitney Houston, un cri poussé au sommet : son “je t’aimerai toujours” résonne encore dans nos vies et qui font que le souvenir de ces années 90 est idéalisé. Après ça, plus rien n’a jamais été pareil.
Alors pourquoi a-t-il fallu que la suite soit maculée de gros titres avec Bobby Brown, des photos prises à l’arraché soûle, voire défoncée sortant d’une boîte, et finalement, ce bout de film sur internet où elle chante faux. Whitney Houston, la grande voix, le modèle, chantant à côté, hagarde. Y aurait-il un moyen, un chemin pour qu’on ne garde que ces disques, ce film, et rien d’autre que nos souvenirs, la place qu’elle a occupée et qu’elle méritait à cette époque bénie, les années 80 et 90 ? Il y a beau avoir eu l’impériale Céline Dion, Whitney Houston reste « The voice », le surnom qu’on lui avait donné tant elle impressionnait tout le monde, public et professionnel quand elle était sur une scène, ceux qui se souviennent d’une certaine cérémonie des J.O. de Séoul savent de quoi je parle. Un titre enregistré en pleine série de concerts à Londres, on ne voyait pas comment, où et quand la débutante Whitney Houston pourrait s’arrêter, elle n’était que talent et vie.
Alors c’est l’occasion de rappeler que si on parle beaucoup des 75 millions de Thriller, le premier album de Whitney en 1985, c’est 30 millions d’exemplaires et une pluie d’albums de platine. Que les suivants connaîtront le même chemin sans oublier, comment serait-ce possible, l’indétrônable Bodyguard avec ses six chansons interprétées par elle. Et comment ne pas faire le lien avec le Saturday Night Fever des Bee Gees qu’il a rejoint au sommet de l’histoire du Box Office mondial. La différence, notable, était que Whitney faisait en plus, des débuts fracassants au cinéma dans ce film romantique sur un métier qui ne l’est pas, du moins à ce stade, et dans ce pays trop grand pour les artistes.
Y a-t-il encore quelqu’un pour écouter Whitney Houston ? Pour danser avec elle ? La question, elle la pose et la posera encore longtemps dnas les sillons des vinyles réédités, dans les circuits des plateformes de streaming qui flashent quand quelque part dans le monde, quelqu’un qui ne l’a pas oubliée, qui ne s’est pas oublié, la sélectionne.Thu, 03 Oct 2024 - 882 - La Story Whitney Houston (Episode 3)
Ce soir du 10 février 2012, veille de la cérémonie des Grammy Awards, Whitney Houston devait faire son retour lors d’une soirée spéciale dédiée à son mentor, l’homme par qui son triomphal succès est arrivé. C’est dans ce même hôtel où elle devait se produire que l’ex-superstar était descendue. 48 ans à peine et une carrière en plein naufrage pour cause de vie dissolue, d’excès d’alcool, de drogue et à présent de médicaments. L’un va rarement sans les autres sous le soleil de la Californie où les problèmes des stars ne sont pas la richesse et la reconnaissance. Quelle malédiction pèse donc sur ce milieu depuis les années 30 : cinéastes, acteurs, jazzmen, chanteurs, combien ont été incapables de choisir entre leur art et la nuit ?
Alors en ce soir de février 2012 et bien des années après, on repense à ce mois de février 1985, quand paraissait le premier album de Whitney Houston. Le monde de la soul est alors monopolisé par les personnalités de Michael Jackson, Prince, Madonna et Lionel Richie. Y a-t-il encore de la place pour un cinquième artiste ? Ça commençait à faire beaucoup, d’autant plus que les ventes de disques de ces artistes dépassaient tout ce qu’on avait vu précédemment. Et puis, le second single, All at once, amorçait la pompe à succès spécialement en Belgique et en Hollande. Le troisième single mettait toute l'Europe et l'Amérique d'accord, Saving all my love for you était numéro un fin octobre à la grande satisfaction de son producteur, Michael Masser, auteur de nombreuses chansons pour Diana Ross et George Benson dans les années 70. Le grand patron d'Arista tente alors de dissuader Whitney Houston de publier un nouveau 45 tours. Un échec après un énorme succès, c'est la mort pour un interprète. Mais la chanteuse résiste. Elle est sûre de son coup, dit-elle. Greatest love of all est en effet le troisième plus grand succès de sa carrière en termes de vente juste derrière I will allways love you et I wanna dance with somebody.
Et c'est là qu’on se demande ce qu’il se passe dans la tête de la jeune Whitney Houston, à la fin des années 80 ? Comment gère-t-on à vingt-quatre ans, les honneurs et le perpétuel tapis rouge quand, à cet âge, on connaît sept numéros un consécutifs au box-office américain ? Il n'y a pas que les singles à fonctionner de la sorte puisque ses trois premiers albums sont également Numéro 1. Et on repense à ce moment où I'm your baby tonight fait un triomphe encore plus important que les précédents singles. Comme toutes les chanteuses américaines qui atteignent les sommets, le cinéma hollywoodien vient frapper à sa porte sous les traits du comédien Kevin Costner et dont l’idée est de coproduire un film qui magnifiera son image.
Si le succès du film est gigantesque, celui de la bande originale le surpasse. Et les clips vidéos mettant en scène Whitney envahissent les écrans de télévision du monde entier pendant une année tout entière. Qui aurait dit, qui aurait pu soupçonner que cette merveilleuse histoire allait déraper, comme s’il était écrit que certains artistes ne peuvent emporter au paradis le bonheur qui leur est offert en retour de ce talent auquel ils ont sacrifié leur jeunesse.Thu, 03 Oct 2024 - 881 - La Story Whitney Houston (Episode 2)
Chez les Houston, une famille afro-américaine du New Jersey, la chanson, ce n'est pas une vocation mais un mode de vie. On entend chanter depuis la naissance et même avant probablement, puisque Cissy, la mère de la petite Whitney est choriste des plus grands dont Elvis Presley. Et c'est d’ailleurs aussi le cas pour ses cousines comme Dee Dee et Dionne Warwick. Quant à celles qui n’ont pas la chance d’enregistrer un disque, elles chantent dans la chorale de gospel de la paroisse et jouent du piano. Whitney a donc la chance de grandir en écoutant et en approchant des interprètes comme Gladys Knight, Roberta Flack et Chaka Khan (avec laquelle elle chante, toute jeune, sur I'm every woman qu'elle reprendra avec succès sur Bodyguard). La voilà donc sur les traces de sa mère dans le métier de choriste derrière des stars comme Lou Rawls en 1980, puis en 1982 Paul Jabara (l’auteur de Last Dance et de It’s raining men) mais aussi Jermaine Jackson.
Whitney a cependant quelque chose de plus que ses consoeurs et qui fait une sacrée différence pour le showbiz : un physique superbe, atypique, qui lui vaut d'être un mannequin remarqué. Le résultat s'affiche en couverture de Seventeen, un magazine teenager dont elle est le premier modèle de couleur, puis de Glamour et enfin, Cosmopolitan. Et quand en 1983, le patron du label Arista Records l'entend (et la voit) chanter avec sa mère dans un nightclub de New York, il lui offre rien moins qu'un contrat mondial, tellement il la trouve impressionnante. Convaincu que Whitney est la prochaine superstar, il lui donne les moyens d’enregistrer un premier album sur lequel on retrouve Jermaine Jackson sur trois titres à la production et deux qu’il interprète en duo avec elle. On ignore s’ils sont devenus amants à force de travailler ensemble ou si c’est le contraire. Toujours est-il qu’en cette année 1984, ils vivent une idylle. Mais une histoire clandestine dont les pages se tournent très discrètement dans des chambres d’hôtel car Jermaine est marié depuis 11 ans à la fille de Berry Gordy, le patron de la Motown.
Whitney n’a pas l’âme d’une voleuse d’hommes. Elle est tombée dans le piège de l’amour et de la passion, en piochant un homme marié qu’elle voudrait pour elle toute seule. Mais Michael Jackson, mis au courant de l’histoire, sermonne son frère Jermaine : Tu ne peux pas faire ça, lui dit-il, tu dois penser à tes enfants. Jermaine tergiverse, gagne du temps, mais au bout d’un an, il prend la décision de rester avec sa femme. Whitney est dévastée mais n’insiste pas, en tout cas ne fait pas d’esclandre. Paradoxe, Saving all my love for you, son premier hit, raconte l’histoire d’une femme déchirée par sa relation avec un homme marié. Whitney n’en est pas l’auteure, il s’agit d’une reprise d’un titre des années 70. Mais qu’elle ait fait engager pour le clip un comédien qui ressemble comme deux gouttes d’eau à Jermaine, là, ce n’est pas un hasard.Wed, 02 Oct 2024 - 880 - La Story Whitney Houston (Episode 1)
Ce 11 février 2012, la mort soudaine et accidentelle ne survient pas au sommet de sa gloire, loin s'en faut et c'est cela qui nous a frappés : Whitney Houston vient de mourir à l'âge de 48 ans, alors qu’on l’avait perdue de vue. Et les dernières fois où on en avait entendu parler, c’est dans les articles tapageurs de magazines people. Alors il a fallu cette mort brutale et inattendue pour que les journalistes et cameramen bourdonnent à nouveau autour de l’endroit où elle se trouve, à savoir l'hôtel Hilton de Los Angeles. Et là, on se remémore qui fut Whitney Houston, aujourd'hui star oubliée. Déjà. Comment une artiste qui a vendu 170 millions d'albums, dominé les charts américains comme aucune femme ne l'avait fait auparavant, a-t-elle pu traverser le début du siècle sans faire de vagues si on excepte un retour sur scène raté en 2009 ?
Elle a continué à sortir des disques, bien sûr, des compilations qui se sont correctement vendues mais sans aucune commune mesure avec l'armada de records qu'elle avait engrangés durant les années 80 et 90 : sept singles consécutifs classés à la première place, deux albums numéro un de l'année aux Etats-Unis, un camion de Grammy Awards. Et n'oublions pas la bande originale du film Bodyguard avec ses 44 millions d'exemplaires écoulés, soixante-trois fois platine. Et si pour arriver à ce sommet vertigineux, Whitney Houston a chanté de très bonnes chansons, il est évident que ce succès hors norme est celui d’une voix exceptionnelle, construite depuis la tendre enfance jusqu’au lancement professionnel proprement dit.
Sa mère, tout d'abord, est une chanteuse de gospel, de rythm'n'blues et de pop. Cissy Houston, son nom de femme mariée, est choriste pour de nombreux grands artistes comme Otis Redding, Wilson Pickett ou Aretha Franklin. Et croyez-moi, dans le registre de la black music, une choriste doit être au moins aussi talentueuse que le ou la soliste qu’elle accompagne. Pourquoi ? Et bien parce que les talents dans ce domaine ne manquent pas. C’est une caricature mais on n’en est pas loin, dans la communauté afro-américaine, tout le monde chante ou presque. Voilà déjà qui permet de relever le niveau de ceux qui en font leur métier. Ensuite, il y a la tradition du gospel, du chant en chœur ou à plusieurs voix que naturellement la musique populaire reproduit : Temptations, Supremes, Ronettes, Four Tops, les groupes vocaux afro-américains sont innombrables. Toutefois Cissy Houston fait partie de ces rares noirs de l’époque à travailler chez les blancs. Elle accompagne ainsi Elvis Presley lors de son retour légendaire sur scène à Las Vegas, une série de concerts absolument parfaite. Whitney a tout juste six ans lorsque sa mère chante avec Elvis de l'autre côté des Etats-Unis. Et elle s’endort le soir en pensant à sa maman qui est loin et en se disant qu’un jour, elle aussi elle chantera avec Elvis sur les plus grandes scènes. Comme quoi la réalité dépasse parfois les rêves.Tue, 01 Oct 2024 - 879 - Great Singer Great Actor : Lady Gaga (Episode 5)
Même si on l’a peu vue au cinéma, Lady Gaga est aujourd’hui considérée comme une grande actrice, c’est une évidence. Qu’elle soit la partenaire déjantée de Joaquin Phoenix dans le second volet du Joker en est la preuve. Pourtant au départ, il ne s’agit que “entre guillemets” de la chanteuse la plus spectaculaire du XXI° siècle, la plus excentrique des musiciennes dont on se souvient des tenues vestimentaires qui ont plus d’une fois pulvérisé les limites du mauvais goût. Alors qu’elle soit à l’affiche de la cinquième saison de American Horror Story n’étonne personne. Il faut cependant être fan de ce genre de cinéma pour constater que la chanteuse a un don. Elle est certes en plein dans le registre où on l’attend mais n’empêche, c’est pas Schwarzenegger au féminin, si vous voyez ce que je veux dire.
Et puis, on sait qu’elle peut faire preuve de nuance, comme son duo jazz avec Tony Bennett. Et voilà que ce soir de 2016, l’acteur Bradley Cooper, la nouvelle coqueluche d’Hollywood, le plus sérieux concurrent de Brad Pitt, assiste à une soirée pour la recherche contre le cancer. Grande figure du monde caritatif, Lady Gaga est aussi présente mais sur scène, où elle interprète La vie en rose. Ça vous dit quelque chose, hein ? Et là, en la voyant, Bradley Cooper craque. Car ce qu’on ignore, c’est qu’il tient des mains de Clint Eastwood, producteur, la réalisation d’un énième remake du mythique A star is born. Le son de sa voix, ses gestes, c’est elle ! Bradley tient sa partenaire. Rendez-vous est pris chez elle pour en discuter. Elle lui a préparé un spaghetti bolognese, ils ont tous deux des origines italiennes, ça leur fait d’emblée un sujet de conversation.
Mais on ne pourra pas jouer ensemble si on n’est pas capable de chanter en duo. Lady Gaga s’installe au piano. Qu’est-ce que tu connais comme chanson ? Et les voilà partis.
Et alors qu’on croirait que le casting, c’est Bradley Cooper qui est en train de le faire passer, c’est Lady Gaga qui se trouve être impressionnée par la façon de chanter de l’acteur. Mais tu es une vraie rockstar, le public va marcher à fond, ça va être un succès.
Oui, c’est pour ça qu’on va tout enregistrer en prise directe, dit-il, pas de playback. Mais il y a autre chose, il va falloir que tu tournes sans maquillage. Nature. C’est évidemment le plus dur à faire passer car c’est le travestissement, le costume de Lady Gaga qui permet à Stefani de vaincre sa timidité. Là, elle va devoir être elle-même. Le résultat, vous le connaissez : une véritable révélation. Ce jour-là, une nouvelle star est vraiment née, ce n’est pas Lady Gaga mais bien Stefani Germanotta.Fri, 27 Sep 2024 - 878 - Great Singer Great Actor : Patrick Bruel (Episode 4)
14 juin 1978, Patrick, en bon ado, regarde la Coupe du Monde de foot à la télé quand un copain arrive chez lui avec un journal. Regarde, c’est pour toi, ça : “Jeune réalisateur recherche garçon de 18 ans avec accent pied noir pour donner la réplique à Roger Hanin“.
Patrick soupire. Bien sûr que c’est un de ses trucs favoris de prendre l’accent pied noir mais de là à faire ça devant une caméra ... Mais qu’est-ce que ça te coûte d’y aller ?
Ben tout justement. Car Patrick s’est déjà rendu à un casting pour un film intitulé Hotel de la plage et on lui a demandé de revenir pour un bout d’essai. Retour à la maison en sautant de joie. Au bout d’essai, on lui demande de revenir avec les cheveux coupés pour un deuxième essai. Là, c’est bon, c’est dans la poche. Il en parle à tout le monde au lycée, hé je vais jouer dans un film, à la mer, en plus ! J’espère que tu vas rouler des pelles à des filles. Et puis boum, on lui préfère un autre ! Imaginez la désillusion et la honte, d’autant que le film fait un carton. Alors non. Le copain, que Patrick n’a sûrement pas oublié, dit alors : t’as qu’à prendre ma mobylette, c’est à Montmartre !
Quand il entre dans la salle d’attente pour le casting, il voit une cinquante de paires d’yeux se tourner vers lui.Oh la la, aucune chance, tout Paris a couru ! Il reste debout, attendant la première occasion de ressortir, et justement, une porte s’ouvre sur un homme qui regarde toute l’assistance et désigne le seul garçon debout. Patrick se retrouve devant le réalisateur et d’autres personnes, on lui tend un texte qu’il lit avec cet accent qui fait tant rire ses copains et les gens du casting, Très bien ! dit le réalisateur Alexandre Arcady, on te rappellera. Haha, je connais, réplique Bruel, on m’a déjà fait le coup. Ah bon ? Bruel raconte sa mésaventure avec Hotel de la plage et là, le réalisateur lui répond : Ecoute, si tu avais joué dans Hotel de la plage, tu ne serais pas là.
Patrick retourne à ses examens et … plus de nouvelles du film. Alors il postule pour le Club Med, auditionne et est engagé pour six mois. La plage de Cancun, tous frais payés, c’est pas beau ça ? Quelques semaines plus tard, Patrick est sur le trottoir avec sa guitare et ses bagages quand il se rend compte qu’il a oublié un truc. Il remonte, le téléphone sonne dans l’entrée de l’appart, il décroche. A l’autre bout de la ligne, l’assistant au téléphone s’adresse à Arcady en disant : Il dit qu’il part pour le Mexique. Le réalisateur saisit le téléphone et insiste pour qu’il passe par son bureau. Voilà Bruel qui débarque avec ses sacs pour lui dire qu’il est resté des semaines sans nouvelles et qu’il a fait son choix, il part. Bon ok, dit Arcady, mais l’année prochaine quand tu verras chez Drucker l’acteur qui t’aura remplacé, tu auras une bonne mine tout seul chez toi, avec ton sombrero. Ainsi débute la carrière de Patrick Bruel, d’un coup de Sirocco.Thu, 26 Sep 2024 - 877 - Great Singer Great Actor : Madonna (Episode 3)
On connaît la Madonna impériale d’Evita, magnifique dans le Dick Tracy de Warren Beatty ou encore prodigieuse dans le génial Ombre et brouillard de Woody Allen. Et on regrette le fait que, comme David Bowie, elle n’ait pasaccordé plus de temps au cinéma car quand elle veut, elle nous enchante. Depuis cette fameuse année 1984, celle où elle prenait la place de Susan dans un film qui a marqué toute une génération, imposant une mode vestimentaire à toute la planète.
Recherche désespérément Susan est censée lancer la carrière de Rosanna Arquette qui doit y tenir le premier rôle. La Susan qu’on recherche, c’est elle. Ce n’est pas une production à grand budget, loin s’en faut, c’est un film de filles avec une réalisatrice, autant dire qu’en 1984, on est très loin des centres d’intérêt des producteurs d’Hollywood qui sont en plein dans les films de mecs genre Indiana Jones ou Rambo.
Madonna qui a rencontré un certain succès avec son premier album se met sur les rangs du casting au grand bonheur de la réalisatrice Susan Seidelman, qui est fan. Mais voilà qu’en plein tournage, le triomphe du suivant, Like A Virgin, conduit les producteurs à revoir leur copie. Ce doit désormais être un film de Madonna qui non seulement apparaît en pied sur l’affiche aux côtés de Rosanna Arquette mais en plus provoque des changements dans le script. Et oui, plus le tournage avance moins Susan apparaît au centre de l’action. Rosanna Arquette voudrait quitter l’aventure mais elle ne le peut pas contractuellement. Bien lui prend de ne pas provoquer la chance, en 1985 le film devient un des plus grands succès de la saison et la notoriété de l’actrice franchit les océans. Le monde est désormais coupé en deux : ceux qui sont amoureux de Rosanna et ceux qui le sont de Madonna. Seule différence : les filles veulent désormais toutes s’habiller comme Madonna. A ce moment des années 80, alors que David Bowie vient d’imposer un nouveau style, celui des nouveaux romantiques anglais qui s’habillent chic et se font un brushing avant de sortir, il faut que la femme fasse autre chose.
Et voilà que Madonna apparaît sur scène pour interpréter sa nouvelle chanson dans une robe de mariée blanche comme la neige mais courte, jusqu’aux genoux, entre parenthèses, montée par la sœur du photographe parisien Jean-Baptiste Mondino. Et voilà qu’elle se traîne par terre lascivement en robe de mariée (mais non ! entend-on crier en régie des MTV vidéo awards). Ces images de Madonna flirtant avec la caméra et les yeux de tous ceux qui la regardent à travers le monde font d’elle une nouvelle star.Wed, 25 Sep 2024 - 876 - Great Singer Great Actor : Will Smith (Episode 2)
Et donc après quatre saisons à succès du Prince de Bel-Air, voilà Will, enfin sur un plateau de cinéma, pour un premier rôle avec un réalisateur dont c’est le premier film. Son nom : Michael Bay.
Mais voilà, à la première lecture des dialogues, le producteur se lève et tape le script à la poubelle : hors de question qu’on tourne cette merde. On est à trois semaines du tournage : cela veut dire que le projet Bad Boys est par terre. Will et son partenaire Martin Lawrence se regardent, Hé Michael, on va le faire ce film. Improviser des dialogues, recevoir le script cinq minutes avant le tournage, on ne fait que ça à la télé.
Et de fait, Will et Martin s’en donnent à coeur joie devant la caméra. Michael s’occupe de l’action, eux des dialogues, au point qu’un jour, alors qu’ils lui racontent ce qu’ils comptent dire dans la scène à venir, il les coupe dans leur élan : Écoutez, ça ne m’intéresse pas, contentez-vous de le dire à ma caméra. Michael Bay est par contre beaucoup plus directif concernant les scènes où ça bouge. Ainsi, un matin, il explique à Will Smith qu’il va poursuivre une voiture en courant torse nu. Will refuse mais Michael Bay insiste. Un compromis est trouvé à l’arraché, c’est le cas de le dire : Will Smith aura sa chemise sur les épaules mais bien ouverte.
Et il se donne à fond dans ce sprint de 200 mètres avec en tête celui de Carl Weathers dans Rocky III ; il finit la scène les bronches en feu, espérant ne pas devoir la retourner. Le torse penché, les mains appuyées sur les genoux, il voit Michael Bay courir vers lui comme un gamin et l’embrasser en lui criant, Mon vieux, je viens de faire de toi une putain de star de cinéma.Wed, 25 Sep 2024 - 875 - Great Singer Great Actor : Frank Sinatra (Episode 1)
Sinatra n’a pas attendu la notoriété pour se retrouver devant la caméra : dès le début des années 40 il est dans deux films un chanteur, non crédité au générique, d’un groupe de jazz, celui de Tommy Dorsey, dont il est le soliste. Et bien sûr, ses premières apparitions en tant qu’acteur, ce sont naturellement dans des comédies musicales, un genre alors très prisé à Hollywood. D’ailleurs, à ce moment, on n’envisage pas mettre un chanteur dans un film pour faire autre chose que chanter, certainement pas pour un rôle dramatique. Et justement, au début des années 50, Frank Sinatra, cible de la société puritaine américaine à cause de sa relation adultérine avec la star du cinéma, Ava Gardner, se fait lâcher par la MGM et la Columbia. Plus de films, plus d’émissions de radio, plus de disques, on le trouve d’ailleurs, dépassé. Il a beau se marier avec sa maîtresse, rien n’y fait. C’est là que la solidarité des immigrés italiens joue. Car, si à Los Angeles, il est à présent loin de sa communauté new yorkaise, quelques-uns sont expatriés pas loin, à Las Vegas. C’est la ville des casinos, on s’y fait des sous mais c’est à l’époque franchement ringard, c’est pour les retraités du Midwest. Alors, ils offrent à Frankie 10% des parts d’un des leurs casinos, le Sands. Et tant qu’à faire, Frankie y chante le soir. Oh, c’est pas la foule, Sinatra ne remplit plus mais il gagne très bien sa vie.
Et en discutant avec ses associés, ben il y a toujours un cousin éloigné italo américain bien placé partout, alors contre toute attente, Frankie se voit offrir un rôle au cinéma. Enfin, un second rôle, dans un film dramatique où il ne chantera pas. Le haut de l’affiche de From to Eternity, Tant qu’il y aura des hommes, en français, est tenu par Burt Lancaster, lui, est en bas mais il remporte l’Oscar 1954 du meilleur second rôle. Sa carrière est relancée, le tout Hollywood vient le voir à Las Vegas au Sands qui affiche désormais complet.
Mais Sinatra n’en reste pas là car, redevenu une superstar du cinéma et de la chanson, il va renvoyer l’ascenseur à ses amis des Casinos, et de la mafia aussi, en montant un film qui se déroule dans leurs murs et dont le succès va faire exploser le tourisme à Vegas. Le film se nomme Ocean’s Eleven, car oui, le Danny Ocean original, en 1960, c’est Frank Sinatra, et les gars de sa bande, son rat pack, vous les connaissezTue, 24 Sep 2024 - 874 - Bashung et la longue route vers la gloire (Episode 5)
Voilà donc la bande à Bashung dans l’hôtel le moins cher de Londres. Un coin pourri mais rien à voir avec aujourd’hui car depuis la fin des années 70, la situation dans les quartiers déshérités est quasi insurrectionnelle. En cause, un mouvement skinhead qui a viré sa cuti, car autant les skins qui font du ska prônent le vivre ensemble avec toutes les communautés immigrées, autant les skins fascistes cassent tout ce qui est d’origine non british. Autant vous dire que l’accent français de Bashung est particulièrement dangereux à partir d’une certaine heure car à défaut de Pakistanais ou Indiens, les skins se rabattent sur des cuisses de grenouilles pour avoir leur quota de baston quotidienne. Et ce soir particulièrement, les bobbies ont fort à faire et ne peuvent pas être partout en même temps. Le patron d’un restaurant regarde par la fenêtre passer des bandes de skins qui patrouillent comme des chemises brunes. “Restez ici, c’est dangereux de sortir maintenant.” “Oui mais on doit retourner en studio.” “Je vous dirai quand vous pourrez ressortir, à moins que vous ayez envie de finir la nuit en petits morceaux.”
Le croirez-vous, c’est à cela qu’on doit le plus grand classique de Bashung. Car autant la majorité des artistes arrivent en studio avec des chansons écrites, répétées et parfois enregistrées sous forme de démos, autant Bashung et son compère parolier Boris Bergman, n’ont rien de véritablement fini. Et justement, Boris ne les a pas suivis au restau ce soir, il est resté seul au studio pour tenter de terminer une chanson sur laquelle il bloque. OK, la location n’est pas chère mais quand même, je vous l’ai dit, le budget est hyper serré et à présent, il faut conclure. Et justement, sa dernière chanson, Attention Fragile ! ne colle plus car juste avant partir, Boris a appris que Bernard Lavilliers venait de déposer le même titre à la société des auteurs. Si Alain et le groupe l’avaient rejoint plus tôt, probablement Boris aurait été distrait et n’aurait pas trouvé ces mots qui sonnent si bien dans la bouche de Bashung et qu’on a tous adoptés …Fri, 20 Sep 2024 - 873 - Bashung et la longue route vers la gloire (Episode 4)
1981, on n’avait plus vu pareil phénomène en France depuis les années 60 avec Johnny Hallyday : c’est la Bashungmania. On ne parle que de lui dans la presse, on n’entend que lui à la radio, on ne voit que lui à la télé. Alors mettez-vous dans la tête de cet homme qui depuis près de 15 ans n’a connu que des échecs et des espoirs déçus. Évidemment, il est le premier à créer l’univers qui l’entoure, le Bashung avec son existence dissolue, l’alcool, les virées sans lendemain, une vie en puzzle comme ça, n’encourage pas le bizness et les médias à le suivre.
Mais n’empêche, passer du type dont on ne veut pas à celui qu’on veut partout, c’est le grand écart. Et le cumul de la promo, les concerts, le tournage de deux films, car là aussi on le demande, couplé avec la réalisation des bandes originales, ça ne fait pas bon ménage avec sa vie de bâton de chaise. Fin 1982, Chantal, sa compagne, fait savoir qu’Alain ne participera pas à l’émission de fin d’année prévue par Antenne 2. Ce qu’elle ne dit pas en raccrochant, c’est qu’il tourne en rond dans l’appartement depuis des jours avec un couteau en main et des délires du genre qu’il va se foutre en l’air.
Un séjour d’urgence en Normandie puis au soleil d’Afrique pour lui changer les idées n’y font rien. C’est fou, non ? Voilà la reconnaissance tant attendue enfin arrivée, elle se transforme même en triomphe, mais Bashung n’en profite pas, non, il sort de route. Rien d’étonnant, diront certains, il ne chante que ça. Bashung, c’est Tchao Pantin avant la lettre et à lui tout seul.
Ça cache kékchose, comme il dit au début de son nouvel album qui tourne sur des centaines de milliers de platines en France et en Belgique. Évidemment, sans doute ; il y a ce nom, Baschung, avec un c entre le s et le h, hérité du beau-père qui l’a reconnu, et le doute quant à la nature du vrai père. Fils de boche, a-t-il entendu un jour quand il était môme, sans le comprendre. Mais il n’a pas oublié, comment l’oublier quand on sait ce que ça signifie, Alain est né en 1947. Et sa mère a toujours refusé d’en parler. A présent qu’elle est partie pour toujours, il n’y a plus aucun espoir d’obtenir de réponse à ses questions.Thu, 19 Sep 2024 - 872 - Bashung et la longue route vers la gloire (Episode 3)
Retourner à la vie de galère n’est pas un problème pour Bashung mais Baquet est un type formidable, alors, Boris Bergman, son parolier, et lui, vont se fendre d’une chanson qui marche. Mais attention, pas question de baisser son froc, comme ils disent : on va la faire poésie rock, à l’anglo saxonne, des phrases syncopées qui sonnent, truffées d’allusions incompréhensibles, de jeux de mots et de personnages façon Comic books américains, genre Flash Gordon. Ah ben ouais, le footing au fond des récifs et le requin qui rallume sa clope, c’est inédit en français, ça va s’appeler Un après-midi de Max l’Amphibie.
Pour la musique, Alain est allé chercher un morceau qu’il avait abandonné pour son album et qu’il fait jouer par les musiciens sans leur dire de quoi ça parle, de peur qu’ils soient influencés par le texte, foutu réflexe de musicien français. Et surtout, il fait venir un as du synthé qu’il n’avait pas pu se payer pour son album. Ah c’est clair que Bashung a compris qu’en ce mois de janvier 1980, on a changé d’époque avec la New Wave. Le miracle se produit, la chanson s’appelle désormais Gaby, oh Gaby ! et doit figurer en face B du 45 Tours. Il est fou ! C’est un tube ! Bashung n’a pas son mot à dire sur ce coup-là, le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il ne le regrettera pas, en repensant à la session photo avec Jean-Baptiste Mondino, qui a inspiré le changement de titre. Alain porte d’ailleurs un complet bleu branché prêté par sa sœur qui bientôt relookera Madonna pour son Like a Virgin.
Il faudra quelques semaines pour que les programmateurs des heures de grande écoute de radios périphériques arrêtent de dire Ah non, pas Bashung ! Il est sale et vulgaire et le diffusent sous la pression des ventes de singles. La tête de Gérard Baquet est sauvée chez Philips, l’éditeur de Bashung qui le finance depuis trois ans va être remboursé. Alain, il faut songer à l’album suivant !Wed, 18 Sep 2024 - 871 - Bashung et la longue route vers la gloire (Episode 2)
Viré de son label après un premier album qui n'a pas trouvé beaucoup d'acquéreurs, Bashung, douze ans de carrière, déjà, a peu de chances de trouver une autre firme de disques. Il est grillé à cause de son mode de vie, insaisissable, imprévisible. On ne sait pas où il sera demain, dans quel état il arrivera pour l’interview, ni quand il rentrera s’il fait une escapade à pétaouchnok.
Ainsi en ce mois de janvier 1978 où il fait la fête durant trois jours au Midem à Cannes, ah oui, il y est invité à cause du succès improbable du générique français de la série télé américaine, Racines, qu’il interprète. Mais depuis qu’il est parti avec Jean Fauque, plus de nouvelles, où est-il ? En fait, la vieille Simca 1500 de son compère a rendu l’âme sur le retour à hauteur d’Auxerre. Alain a trouvé refuge dans un routier puis chez sa marraine qui n’habite pas loin, il a quand même un peu de bol dans ses malheurs, le Bashung. Et en parlant de bol, il trouve un allié inespéré chez un éditeur qui croit en lui et propose de lui verser un petit salaire dans l’attente de trouver un contrat. Un de ses contacts sérieux lui vaut de signer avec un directeur artistique de chez Philips qui souhaite sortir de la variété. Bashung, oui j’y crois, mais t’as vu ce que son premier album a vendu ? Rien du tout. Écoute, on va le faire mais budget minimum. Dans des conditions épouvantables, Bashung et sa bande livrent un 33 Tours de première classe, probablement son meilleur, celui qui lui ressemble le plus en tout cas. Il s’intitule Roulette russe, tout le monde y croit chez Philips et tout le monde s’y met, même la pochette signée Jean-Baptiste Mondino est magnifique. Et comme il lui a été reproché de n’avoir pas joué pour soutenir son premier album, Bashung accepte tous les contrats, même des premières parties de Dave, des fêtes d’entreprise où il n’y a même pas d‘électricité et qu’il faut tirer des fils, il remplace des artistes au pied levé car ils se sont désistés dans la journée, joue en matinée le dimanche, toutes les galères, il les fait.
Mais malgré ça, la promo ne se passe pas bien, les grandes émissions nocturnes des radios périphériques le suivent mais pas d’airplay en journée : les textes de Bashung sont trop sombres pour le grand public, c’est formidable mais à se flinguer, on ne peut passer ça l’après-midi ! Et au bout de quelques mois, le triste constat est là : on n’est pas encore arrivé à dix mille albums. C’est fini pour Bashung. D’autant plus qu’en haut lieu chez Philips, on a décidé de se débarrasser des artistes non rentables. Bashung étant le dernier arrivé, il va être le premier à partir.Tue, 17 Sep 2024 - 870 - Bashung et la longue route vers la gloire (Episode 1)
12 août 1967, il ne fait pas très beau à Bruxelles, une température minable de 18 degrés mais consolation, elle baisse à peine le soir. Etv c’est tant mieux pour Yves Simon et Alain Bashung qui sont là, côte à côte, à dormir sur un banc de la Gare du Midi, en attendant un improbable train dans lequel ils comptent monter comme des pirates pour rentrer chez eux, à Paris. L’histoire avait pourtant bien commencé avec leur arrivée à Bruxelles une semaine plus tôt pour un concert qui devait être suivi par une tournée de 17 dates.
Bashung en a bien besoin, aucun des 45 Tours qu’il vient de sortir chez Philips n’a marché. Tout y était pourtant : d’excellents titres produits par un petit génie un peu allumé qui se prend pour le Phil Spector français, Bashung avait même obtenu le soutien de Juliette Gréco, comme elle l’avait fait pour Jacques Brel, quinze ans plus tôt, et puis Serge Gainsbourg. L’horizon semble donc bouché, la situation désespérée pour Bashung, alors cette tournée à l’étranger tombe à pic. Mais voilà, en sortant de scène, l'impresario leur dit qu’il y a un problème, la tournée ne commencera que dans une semaine. D’ici là, il logera chez l’habitant, à bouffer des tartines, chez des gens charmants, là n’est pas la question, mais après huit jours, il est clair que le producteur est un charlot.
C’est toute l’histoire de Bashung, ça. Mal né, avec des parents, mais où ? Mal grandi chez des grands-parents d’un autre siècle, à la frontière allemande, loin de Paris, avec le rock’n’roll qui passe à la radio et une furieuse envie d’en être. Et puis voilà, Johnny, Eddy, des Chats sauvages, Cloclo qui occupent tout l’espace. Ce n’est pas son univers, la musique qu’il entend dans sa tête ; Bashung n’arrive pas à se faire une place parmi les yéyés, Salut les copains ne veut pas de lui, ou plutôt son public, les Français ne sont pas prêts à le suivre tel Jack Kerouac sur la route, enfin des chemins perdus d’Angleterre et d’Amérique. Bashung est maudit et va le rester durant toutes les années 60 et 70, un parcours incroyablement long de perdant, une éternité de loose pavée d’espoirs déçus.Mon, 16 Sep 2024 - 869 - Bryan Adams Story (Episode 5)
Si vous n’avez pas assisté cette année-là, au milieu des années 80, à l’énorme Private Tour de Tina Turner, j’en entends crier d’ici, j’étais à Forest National, vous avez peut-être acheté la cassette VHS du concert où on la voit chanter en duo avec David Bowie, leur duo Tonight, mais aussi avec Bryan Adams, le fameux It’s only love. Car oui, Bryan Adams est avec Bowie, Heaven 17 et Mark Knopfler, de ces rockers géniaux qui ont été les artisans du retour improbable de la mamie du rock. Et quel retour ! Elle vend douze millions d’albums, comme Bryan Adams, en cette même année 1984 ; ils sont connectés, c’est pas possible ! Et ça se voit dans leur prestation ensemble sur scène qui leur vaut un MTV Award.
Comme toujours quand un album atteint une altitude stratosphérique, il se vend longtemps et la tournée, c’est pareil. Et puis c’est le moment où tout le monde vous appelle, vous veut à ses côtés, un soir après le concert. On se présente, on boit un coup, on parle et on se retrouve comme ça à écrire les chansons d’un album canadien contre la faim en Ethiopie, hé oui, il y en eu un, comme les Américains, les Anglais et les Français. Et il a été la plus grosse vente de l’année, on a même vu Bryan chanter le titre phare sur la scène américaine du Live Aid … Et puis c’est Bryan Adams avec Bonnie Tyler pour une télé, Bryan Adams avec les Mötley Crüe sur un titre de leur nouvel album, avec Roger Daltrey, le chanteur des Who ou encore deux titres devant le mur de Berlin dans la version all stars de The Wall, aux côtés des Scorpions et de Cindy Lauper.
Ah, j’allais oublier l’essentiel : Bryan Adams ne peut désormais plus rentrer tout son public dans la salle de Forest National, il faut bien les 60.000 places debout à Werchter pour l’accueillir en 1988. Si vous y étiez, vos cris et vos applaudissements sont gravés pour l’éternité sur son Live! Live! Live! qui sort l’année suivante. Car quel meilleur public pour un enregistrement à destination de la planète qu’une bonne foule belge à l’aube de l’été ... Summer of 69. Oui, c’est une grande histoire qui ne se dément pas entre Bryan Adams et nous, les Belges, comme en témoigne l’accueil réservé à ce single, c’était à la fin du siècle et on n’en avait pas encore eu tout notre soûl.Fri, 13 Sep 2024 - 868 - Bryan Adams Story (Episode 4)
Chez A&M Records, au début des années 80, où on a tout oublié du disco, pensez donc, ils vendent à présent des millions d’albums avec The Police et Human League, on en est sûr, on tient le poulain idéal, celui qui va leur donner le tiercé dans l’ordre à un moment ou l’autre. En plus, il écrit lui-même ses chansons, ce qui chez les chanteurs pop est assez rare, car c’est du boulot, de chercher des titres pour eux et de ménager les susceptibilités, j’aime pas, je ne chante pas ça, mais si, je te jure, ça va faire un tube.
Et le voilà, début 1983, le beau gosse en blouson de cuir, guitare à la main, en noir et blanc dans une attitude qui attire le regard sur son nouveau 33 Tours. On a déjà compris de quoi il retourne avant de mettre le disque sur la platine et on n’est pas déçu. Deux hits américains dont un est repris la même année par Bonnie Tyler en face B de son Total eclipse of the heart.
A ce stade, quand on a une certaine expérience dans le milieu du disque, on sait que la pression est maximale, qu’on se trouve sur la marche juste avant la montée au ciel. Et comme dans les années 80, on sort un album tous les ans au risque de se faire oublier, on n’a pas longtemps à attendre ; en novembre 1984 sort Reckless, un 30 cm avec une pochette en noir et blanc, comme le précédent, mais avec un portrait plein cadre, histoire de ne pas le rater. 38 minutes, six tubes, la recette idéale pour aller gratter le sommet des ventes, il faut ça en pleine Thriller, Madonna et Prince mania.Thu, 12 Sep 2024 - 867 - Bryan Adams Story (Episode 3)
En 1978, Bryan Adams s'associe avec Jim Vallance qui, lui aussi, vient de quitter son groupe. C’est ainsi qu’ils feront chanter dans les années 80 et 90 des Tina Turner (It’s only love), Bonnie Tyler (Straight from the heart), Kiss (Rock and roll Hell) et aussi notre Johnny Hallyday (Rough Town). Mais n’anticipons pas, nous ne sommes qu’en 1978 et voici Bryan Adams, 19 ans, faisant le tour des maisons de disques avec sur son CV un N°99 au Billboard américain et une cassette de chansons qu’il a écrites avec Jim Vallance et enregistrées en démo dans son home studio. Et le croyez-vous, il ne doit pas attendre longtemps pour tomber dans l’oreille d’un gars de chez A&M Records. Génial, c’est eux qui ont Cat Stevens, Free, Procol Harum, George Harrison et même les Sex Pistols.
Mais bon, ils veulent commencer par une chanson qu’ils vont remixer en disco. Tout ce qui sort dans le genre marche, vous savez, ils ont tous la fièvre du samedi soir. Et après avoir reçu une avance sur royalties de 1 dollar, voici la chanson qui sort cette année-là, en 45 et bien sûr maxi 45 Tours. Si vous ne reconnaissez pas la voix de Bryan, c’est normal, elle a été picthée en studio, c’est-à-dire accélérée à 122 BPM pour coller au rythme disco. Cela nous vaut un petit tube mais surtout un pied dans la porte de la grande firme de disques qui va éditer ses albums mais aussi cette chanson, 15 ans plus tard, un trio avec Rod Stewart et Sting, qu’on n’est pas prêt d’oublier.Wed, 11 Sep 2024 - 866 - Bryan Adams Story (Episode 2)
Le jeune Bryan Adams se voit bien devenir le prochain Frampton, qu’est-ce qu’il peut écouter l’album live d’Humble Pie, il se voit sur la scène du déjà légendaire Fillmore à New York, en guitar hero, admiré par toute la salle pour ses prouesses. Bryan vit à la guitare à la main. Il faut dire que c’est un instrument incroyable pour communiquer avec les filles, pas besoin de baratin, d’aborder un groupe et leurs rires moqueurs, il suffit de jouer et elles arrivent, et ça fait tout de suite un sujet de conversation pour briser la glace.
De là au groupe d’école, il n’y a qu’un pas que Bryan a vite franchi. Le groupe s'appelle Shock, quoique très vite, Bryan abandonne l’école pour ne se consacrer qu’à la guitare et au piano qu’il a d’ailleurs acheté avec le budget scolaire que ses parents avaient prévu. Alors, revers de la médaille, Bryan travaille dans un grand magasin de nourriture pour animaux puis plus tard il fera la plonge dans un restaurant, comme avant lui, Jacques Brel et Aznavour, tiens. C’est le prix à payer pour vivre sa passion, payer son loyer et bien sûr, les billets de concerts, même s’ils ne coûtent pas bien chers à l’époque, pour Led Zeppelin, Elton John ou Tina Turner.
Sa mère s’étant établie à Vancouver, laissant le père Adams voyager autour de la planète, Bryan, 15 ans, se fait un nom dans le métier en chantant lors de sessions studios dans cette ville moderne, proche des Etats-Unis. C’est ainsi qu’un an plus tard, il intègre le groupe canadien glam rock genre T Rex, Sweeney Todd, mais qui est alors N°1 et dont le chanteur vient de se faire la malle.Tue, 10 Sep 2024 - 865 - Bryan Adams Story (Episode 1)
Si Bryan Adams vient du Canada, on ignore que ses parents sont de purs britanniques. De pas très loin d’ici, Plymouth, magnifique cité balnéaire, grand port du sud de l’Angleterre à l’entrée de la Manche, qui a vu partir le Titanic et débarquer Charlie Chaplin en triomphe quelques années plus tard. Et bien c’est de là que le père Adams, militaire gradé de l’armée de Sa Majesté a quitté son pays avec femme et enfants pour un poste au Canada. Né à Kingston, dans la province d’Ontario, au Canada, bien sûr, entre Montréal et Toronto, Bryan a suivi son père au fil de ses affectations militaires et diplomatiques à Lisbonne, Vienne ou Tel Aviv. Il en a vu du pays, il en a fréquenté des écoles différentes, ce qui, on l’a vu notamment avec Jim Morrison des Doors, ne favorise pas l’attachement des adolescents au programme scolaire. On ne s’étonnera pas que Bryan consacre la somme que ses parents ont économisée pour ses études supérieures, à l’achat d’un piano. Dois-je préciser qu’il joue déjà de la guitare dans des groupes locaux, la musique est, elle au moins, un lieu universel dans lequel tous les jeunes se retrouvent. Et c’est justement le thème de cette chanson, son premier grand tube international : retour à l’année 1969, celle de sa première guitare, l’époque de son premier groupe, celle où on croit que les grandes vacances ne finiront jamais.
Mon, 09 Sep 2024 - 864 - Synchronicity le dernier album de Police (Episode 5)
Au cours de la tournée Synchronicity, il s’est passé un truc dans la tête de Sting quand il s’est retrouvé sur la scène du Shea Stadium, là où les Beatles avaient en 1965 une nouvelle fois écrit l’Histoire en réunissant 56.000 fans pour un concert. On n’avait jamais vu ça, le record allait tenir dix ans, et le concert était filmé pour la télé, alors les images avaient marqué les esprits. Et ce truc dans la tête de Sting face à ces 70.000 fans car cette fois, le public est autorisé sur le terrain, c’est un mot : Everest ! Ça y est : il a atteint le sommet. Il n’y a pas plus haut.
Et quand l’alpiniste est au sommet, que fait-il ? Ben, il redescend et le lendemain, il doit passer à autre chose. Alors non, il n’est pas question de fin pour The Police mais d’une nouvelle pause pour Sting, Copeland et Stewart, comme au terme de la précédente tournée. Sauf que cette fois, elle ne va pas durer trois mois mais plus. Ils ont tous les trois beaucoup de projets, surtout Sting, au cinéma particulièrement, et le cinéma, ça prend du temps. Tant et si bien que nous nous revoyons devant notre télé le 13 juillet 1985, ne comprenant pas pourquoi Sting est seul, avec Phil Collins, au Live Aid, en train de chanter du Police : même si c’est génial, pourquoi ne joue-t-il pas avec ses deux compères ? Ils sont les plus grands !Sat, 07 Sep 2024 - 863 - Synchronicity le dernier album de Police (Episode 4)
Au milieu des années The Police est un des rares groupes à faire l'unanimité car il faut bien en convenir, voilà des gars qui ont trouvé un public énorme en faisant du rock et rien que du rock. Et qui pour arriver au sommet du showbiz, n’ont pas vendu leur chemise à l’industrie du disque. Car il faut bien dire une chose : leur album Synchronicity est tout sauf commercial. Même les singles que tout le monde s’arrache ne sont pas formatés pour passer à la radio. Et que dire du reste des morceaux : mes enfants, c’est sans concession. Et malgré ça, au magasin de disques où je jobbe à Louvain-La-Neuve, c’est un défilé qui va durer près de deux ans. Vous avez le nouvel album de Police ? Non, peut-être ! Et quand on recroise plus tard ceux qui l’ont acheté, ils en parlent avec des étoiles dans les yeux. Fini les rythmes reggae et ska qui ont fait leur popularité, il y a beaucoup de jazz, de world music et de musique expérimentale façon Bowie dans ces nouvelles chansons mais pas grave. C’est d’ailleurs la logique des choses dans les années 80. On n’est pas au XXI° siècle où pour réussir il faut faire pareil que le voisin ; en 1983, si tu veux qu’on parle de toi, qu’on te remarque, que tu t’appelles Queen, Prince ou The Clash, tu dois faire ce que personne n’a fait avant toi.
Alors on a rêvé en écoutant Tea in the Sahara et on est allé acheter le fameux roman de Paul Bowles dont Sting s’est inspiré et qui sera bientôt incarné par John Malkovich et Debra Winger ...
Qui aurait pu dire alors que Sting, Stewart Copeland et Andy Summers avaient atteint le point de non retour. Tout était si parfait dans leur musique.Fri, 06 Sep 2024 - 862 - Synchronicity le dernier album de Police (Episode 3)
En 1983, Police nous fait encore courir, nous les fans belges. Ils ne seront finalement venus jouer qu’une seule fois à Forest National, en 1980 ; depuis on doit courir à chaque tournée, jusque Rotterdam, Cologne ou Paris pour les voir sur scène. Mais on ne les boude pas pour autant, c’est le défilé dans les magasins de disques à la sortie de chaque single, comme c’est le cas depuis cinq ans à présent.
Alors on se souvient de la sortie de l’album Synchronicity, en pleine session d’examens. Les piles de 33 Tours dans les bacs, les présentoirs, les montages dans les vitrines, à Bruxelles, Namur, Liège ou sur les marchés, on est très peu à avoir acheté le CD. Et donc on a vite pris le disque, payé le prix exorbitant qui nous coûte le budget de la semaine voire plus, pour aller l’écouter à la maison, dans notre chambre. Ah on n’a pas tous le même souvenir de la pochette. Pourquoi ? Parce qu’il y en a eu 36 versions, mais vraiment 36.
Ce qui change 36 fois : l’ordre des trois bandes de couleurs qui surlignent les montages photos, du Noir et blanc, et bien sûr, les photos des trois musiciens. Et oui, c’est ça qui aurait dû nous sauter aux yeux, il n’y a pas de photo des trois membres de Police ensemble, comme sur les précédents. C’est tellement ça, finalement, Synchronicity, trois gars qui ne peuvent plus bosser ensemble mais y sont arrivés par miracle.Thu, 05 Sep 2024 - 861 - Synchronicity le dernier album de Police (Episode 2)
Fin 1982, Summers, Copeland et Sting ont bien fait de revenir enregistrer à Montserrat. C’est vrai qu’ils ont un temps songé aller à Stockholm dans le studio de Abba, là où Phil Collins vient de travailler avec Frida, quel son ! Mais la perspective du soleil, de la mer et du ski nautique est plus engageante pour les membres de Police pour supporter le fait de devoir travailler ensemble. D’une part les engueulades entre Stewart Copeland, le batteur et leader de Police, ne l’oublions pas, c’est LUI qui a fondé le groupe, c’est par lui et ses deux frères que le succès est arrivé, et d’autre part, les problèmes psychologiques de Sting, sont terribles. Demandez au producteur Hugh Padgham et aux ingénieurs du sons, c’est eux qui ont déjà dû subir ça lors du précédent album de Police, Ghost in the machine. Voilà un titre étrange, qui nous avait bien étonnés d’ailleurs, nous les fans, habitués aux titres latinos des trois premiers albums. On ignorait bien sûr que Sting est un grand bouffeur de bouquins et que Ghost in the Machine est le titre d’un livre d’Arthur Koestler, un auteur philosophe qui s’intéresse beaucoup à la psychiatrie. Et justement, Sting est en train de suivre une thérapie avec un disciple de Carl Jung, sans doute la raison pour laquelle on le voit photographié sur la pochette de ce nouvel album qui va sortir, avec en mains, un ouvrage de Carl Jung intitulé Synchronicity.
Wed, 04 Sep 2024 - 860 - Synchronicity le dernier album de Police (Episode 1)
Fin septembre 1982, Andy Summers, Stewart Copeland et Sting décident de faire un break. Ils viennent en effet d’aligner quatre années saturées d’enregistrements, de tournées promo et concerts incessants avec leur groupe, The Police. C’est magnifique ce qui leur est arrivé : être devenus des rockstars confirmées qui jouent dans des salles de 10 à 20.000 places durant toute une année, alors qu’ils venaient de nulle part, alors qu’ils avaient erré si longtemps dans l’antichambre de la célébrité chacun de leur côté. Ils s’étaient trouvés en jouant une musique qui au départ n’était pas la leur, un mélange de punk rock et de reggae, et ça avait été l’explosion. Avec la reconnaissance, en l’espace de quatre ans, quatre albums, ils ont réussi à garder leur public en ajoutant de plus en plus d'eux-mêmes dans leur musique. C’est vrai, il n’y a pas grand chose de commun entre le rock furieux de Roxanne et leur dernier succès.
Alors en cet automne 82, chacun part trois mois de son côté, Sting tourne un film, Summers enregistre un album de duo avec Robert Fripp, l’âme du groupe King Crimson, tandis que Copeland compose pour le réalisateur Francis Ford Coppola. Voilà encore de quoi ouvrir les horizons musicaux de Police quand ils se retrouveront en studio. Un retour qui est toutefois difficile : ils enregistrent en live mais chacun dans une pièce différente avec Copeland et Sting qui n’arrêtent pas de s’engueuler, alors on envoie les deux autres faire du ski nautique tandis qu’on travaille le mix et les overdubs avec le troisième.Tue, 03 Sep 2024 - 859 - Beatlemania (Episode 5) : les studios d'Hollywood et l'Hollywood Bowl
23 août 1964, après leur concert à l’Hollywood Bowl de Los Angeles, les Beatles sont sonnés. Cela fait quelques mois qu’ils jouent en salles et à la télé sous les cris continus de leurs fans mais, ce soir, 17.000 fans, c’était vraiment trop. Heureusement qu’ils sont depuis des années les musiciens les plus rôdés et jouent dans des conditions parfois très difficiles, car ce soir, ils ne se sont même pas entendus les uns les autres. Allez-y, jouer sans retour, comme on dit. Ca ne les a pas empêchés de tout exécuter sans fausse note et parfaitement ensemble mais quand même, entre les morceaux, Paul se demande si ce public hystérique les entend, alors histoire de savoir s’il ne parle pas dans le vide, et surtout parce qu’il n’arrive plus à formuler un mot dans un tel vacarme, il leur pose la question et reçoit en réponse un mur de son.
Alors, même s’ils ne jouent qu’une demi-heure, le standard à l’époque pour une tête d’affiche, ils sont éreintés par le volume sonore qu’ils viennent de subir. George Martin, leur producteur, voulait tirer de ce concert un album live, il a tout enregistré, mais après avoir écouté la bande, il dit qu’on ne peut rien en faire, c’est comme si on avait placé un moteur d’avion à réaction entre le micro et eux. Après une telle épreuve pour les nerfs et le corps, l’après concert demande décompression. Mais ce soir, comme souvent d’ailleurs, pas question. Les quatre n’ont que le temps d’enfiler un beau costume et de filer à une soirée dont Hollywood a le secret, un dîner caritatif où tous les convives ont payé cher et vilain pour en être.
Dernière anecdote révélatrice : leur décoration par la Reine Elizabeth II. Ils sont impressionnés par le decorum de Buckingham Palace et par le protocole, tout aussi irréels que leur rencontre avec Elvis. La Reine est certes plus sympa que lui. D’ailleurs quand elle demande à John, s’ils ont beaucoup travaillé ces derniers temps, il ne sait plus. Alors il dit “Non, nous avons pris des vacances.” “M’enfin John, on vient d’enregistrer.” Il ne s’en rappelait pas. Il est clairement impossible de tenir un tel rythme de travail, de sollicitation et de folie. Regardez, ils ont plus été plus entourés par les personnes présentes que la Reine, elle-même. Non, vraiment, il faudra que les Beatles mettent bientôt fin à cette Beatlemania, mieux vaut en garder de bons souvenirs que des séquelles.Fri, 30 Aug 2024 - 858 - Beatlemania (Episode 4) ou le grand tourbillon : fans, businessmen, Elvis et Jayne Mansfield
Si en Grande-Bretagne, la tante Mimi, celle qui a élevé John Lennon, ne peut plus laisser sa porte de derrière ouverte, sous peine de retrouver la cuisine vidée de ses ustensiles, aux Etats-Unis, des hommes d’affaires ont décidé de vendre tous les artefacts possibles. Ils rachètent ainsi les draps et serviettes dans les hôtels pour les découper en morceaux et les accompagner d’un certificat attestant qu’un des quatre Beatles les a touchés. Tout se vend, y compris les restes de mousse à raser, l’eau de leur bain (et oui, les youtubeuses d’aujourd’hui n’ont rien inventé) et même l’air qu’ils ont respiré. Oui, le bizness des boîtes de souffle des Beatles cartonne.
Il faut dire que les Américaines font mieux que les Britanniques. Si ces dernières se contentent de courir après les voitures et de poster des éclaireuses devant les maisons, appartements et bureaux pour avertir les autres de tout mouvement, les Américaines pratiquent l’intrusion. Dans les chambres d’hôtel, les bureaux, les loges. Un des rares documents filmés montrent ces filles qui arrivent à l’étage de leur hôtel à New York, par une porte de service. Elles se sont, bien entendu, débarrassées de leur manteau pour faire croire qu’elles sont des clientes mais elles ignorent que le management loue tout l’étage pour éviter les intrusions, et les problèmes de voisinage. Quand un vigile leur demande la clé de leur chambre, elles se font raccompagner à l’accueil.
Les scènes de folie font place aux moments hautement recherchés par les photographes comme leur soirée privée avec Elvis Presley dans sa résidence de Los Angeles ou leur rencontre tumultueuse avec Jayne Mansfield, la star de La blonde et moi (The girl can't help it), le film qui avait lancé le rock'n'roll dans les années 50.Thu, 29 Aug 2024 - 857 - Beatlemania (Episode 3) : 10 juillet 1964, les Beatles sont de retour à Liverpool
Cela fait déjà quelques mois que les Beatles n’habitent plus Liverpool, quelques mois qu’ils ont délaissé le Cavern Club, la salle où ils ont joué des centaines de fois, pour l’Olympia de Paris, Carnegie Hall à New York ou le stade de Sydney. Tout s’est passé si vite.
Et voilà que ce jour d’été, eux qui ont traîné leur misère dans les rues de cette ville, prié des patrons de café pour qu’ils les laissent jouer, oui, voilà que ces gamins devenus des hommes de vingt ans, reviennent chez eux en stars pour la projection de leur premier film. Et en tant qu’enfant du pays, ils savent que l’accueil pourrait très bien ne pas ressembler à l’hystérie de Londres ou de Miami; ils ont abandonné des gens qui pourraient leur en vouloir. Ils ont ainsi entendu dire qu’au Cavern Club, on ne voudrait plus jamais d’eux, et cela les a attristés.
Car telle est la vie des Beatles, ce petit groupe d’ados de Liverpool qui avait espéré la reconnaissance du public pendant de longues années dans des rues trop étroites pour leurs rêves. Après de nombreuses galères dans leur région mais aussi les bars mal famés de Hambourg, voilà que cette célébrité leur tombe dessus. Et elle le fait d’une manière inédite : les voilà devenus non seulement les plus grandes stars qu’on ait jamais vues autour de la planète mais des modèles pour tous les autres musiciens à qui ils ouvrent des horizons musicaux insoupçonnés. Mais aussi des modèles pour toute une jeunesse pour qui ils représentent tout. On les imagine, ces jeunes, à Los Angeles, Paris, Bruxelles, couchés sur leur lit à écouter encore et encore leurs disques en regardant le plafond, ou mémorisant chaque mot, chaque détail de la pochette du disque. Alors, que vont faire leurs amis et public de public ? Les bouder ?Wed, 28 Aug 2024 - 856 - Beatlemania (Episode 2) : février 1964, les Beatles débarquent aux USA
Des Anglais N°1 aux USA, c’est tout simplement improbable : tous les Britanniques y compris les plus sceptiques, ceux qui détestaient leurs longs cheveux et leurs cris, tous sont désormais leurs supporters, tout le pays est avec eux. Mais tout en admiration qu’ils soient, qui pourrait imaginer ce qui va se passer, là-bas, dès leur arrivée. Car autant l’accueil en France a été enthousiaste mais pas tumultueux, autant les jeunes Américaines, elles, se sont mises au diapason des Anglaises. Elles sont des milliers à les attendre à l’aéroport, à hurler leur nom, celui de chacun d’eux, agiter des banderoles. Et fait nouveau, cette folie semble aussi concerner les garçons, ce qui n’est pas le cas en Grande-Bretagne. Ne repartez jamais, s’il vous plaît, crie un gars alors qu’ils entrent dans l’aéroport.
Et s'il est vrai que cette affluence est le résultat d’une incroyable campagne de promotion d’une armée d’agents de presse, aucun d’eux n’aurait pu prévoir ce qui va se passer, à commencer par la conférence de presse organisée dans un salon de l’aéroport sous la pression des fans qui tentent d’entrer. La plupart des journalistes qui détestent l’image des Beatles sont là pour les massacrer mais les sketches que les quatre jeunes hommes font de leurs questions sur la longueur de leurs cheveux et leur attitude, font mouche. Ils obtiennent des cascades de rires en retour et conquièrent d’emblée le public qui sera amusé par ces images filmées.
Records d’audience historique pour deux émissions de télévision à New York et Miami, scènes de folie et dangereux mouvement de foule à la gare de Washington, la moitié du pays a beau être sous la neige, la température n’a jamais été aussi élevée en cet hiver 1964. Et comme le chantera Frank Sinatra, qui, comme Elvis, va détester l’arrivée de ces quatre phénomènes, si tu réussis à New York, tu gagnes le monde entier. Et c’est le cas, les images d’hystérie collective, de fans qui hurlent et pleurent dans les studios télés, les coursent dans les rues, font le tour de la planète.Tue, 27 Aug 2024 - 855 - Beatlemania (Episode 1) ou comment le phénomène Beatles est né
En 1964, les filles hurlent après les Beatles, les assaillent sur scène, dans leur voiture, leur chambre d’hôtel, les scènes d’hystérie se multiplient, amplifiées par les images des journaux télévisés. Les Beatles, c’est plus qu’une musique exceptionnelle, c’est une société nouvelle et folle qui émerge, celle de l’adolescence, avec tous ses excès, sa joie d’être ensemble, son instant présent qui ouvre les portes vers un avenir radieux. Oui, vraiment, découvrir les Beatles au milieu des années 60, c’est faire le plein d’une énergie insoupçonnée.
Eté 1963, Brian Epstein, le manager des Beatles est dépassé par les événements qu’il a lui-même provoqués : le quatrième single de ses poulains n’est pas encore sorti que la firme de disques EMI a enregistré un demi-million de précommandes. Inouï ! En l’espace de quelques mois, les Beatles ont conquis la radio, la télé, la presse, on ne parle, on n’entend et on ne voit plus qu’eux. Ils jouent pourtant une musique qu’on donnait pour morte, le rock’n’roll, mais qu’ils cuisinent à leur sauce, très Motown, avec leur polyphonie, c’est certes totalement neuf. En plus, ils sont très drôles, imaginez quatre Frank Sinatra ensemble sur un plateau, alors, on ne s’étonne pas qu’on se les arrache.
Mais surtout, si on qualifiait, huit ans plus tôt, Elvis Presley d’animal, les Beatles, eux, sont sauvages, sur scène. Oui, des gars qui crient en chantant, ce bassiste qui secoue la tête en hurlant, et ce batteur qui écrase son instrument de coups de marteau, on n’a jamais vu, ni entendu un truc pareil. Il faut se remettre dans la société de l’époque pour comprendre le dicton : méfiez-vous de l’eau qui dort. La société britannique du début des années 60, ce sont des parents qui ont vécu leur adolescence pendant les terribles années de guerre et des enfants qui ont grandi dans les décombres, les chantiers et les tickets de rationnement.Mon, 26 Aug 2024 - 854 - En vacances avec Lio
Quand Alain Chamfort débarque à Los Angeles pour y enregistrer son nouvel album en compagnie de Serge Gainsbourg, il nest pas seul dans sa suite du fameux Château Marmont.
Fri, 05 Jul 2024 - 853 - En vacances avec Etienne Daho
Eté 1983, pendant qu'il prépare son fameux second album, Etienne Daho décide de prendre des vacances en Bretagne avec ses potes de Rennes, juste avant le grand saut vers Paris. L'insouciance et la fête, mais aussi le spleen d'une séparation avec Eli Medeiros, un moment particulier.
Thu, 04 Jul 2024 - 852 - En vacances avec Johnny Hallyday
On connaît tout ou presque des vacances de Johnny grâce aux photos des magazines. On connaît moins ses toutes premières, en tant que Johnny Hallyday, nouvelle vedette de la chanson, nous sommes en juillet 1960.
Wed, 03 Jul 2024 - 851 - En vacances avec Amy Winehouse
Au cours de son aussi mouvementée que fulgurante carrière, Amy Winehouse a plus d'une fois pris des vacances au soleil, principalement dans les Caraïbes. Mais à part quelques exceptions, la diva anglaise y a connu des moments de répit.
Tue, 02 Jul 2024 - 850 - En vacances avec John Lennon
Au cours de sa vie dite "cachée" à New York, entre 1975 et 1980, John Lennon n'a sorti aucun disque ni donné de concert. Mais il a pris des vacances, on l'a vu au Japon, à Hong Kong et même dans le triangle des Bermudes.
Mon, 01 Jul 2024 - 849 - La Story de Jacques Dutronc (Episode 5)
De l'adolescence au premier tube, Brice Depasse nous raconte le Jacques Dutronc d'avant sa rencontre avec Françoise Hardy. Une histoire française, du Paris des années 50 et 60, du square de la Trinité aux couloirs de la firme de Vogues, avec en fil rouge, un attachement viscéral à une bande de copains.
Fri, 28 Jun 2024 - 848 - La Story de Jacques Dutronc (Episode 4)
De l'adolescence au premier tube, Brice Depasse nous raconte le Jacques Dutronc d'avant sa rencontre avec Françoise Hardy. Une histoire française, du Paris des années 50 et 60, du square de la Trinité aux couloirs de la firme de Vogues, avec en fil rouge, un attachement viscéral à une bande de copains.
Thu, 27 Jun 2024 - 847 - La Story de Jacques Dutronc (Episode 3)
De l'adolescence au premier tube, Brice Depasse nous raconte le Jacques Dutronc d'avant sa rencontre avec Françoise Hardy. Une histoire française, du Paris des années 50 et 60, du square de la Trinité aux couloirs de la firme de Vogues, avec en fil rouge, un attachement viscéral à une bande de copains.
Wed, 26 Jun 2024 - 846 - La Story de Jacques Dutronc (Episode 2)
De l'adolescence au premier tube, Brice Depasse nous raconte le Jacques Dutronc d'avant sa rencontre avec Françoise Hardy. Une histoire française, du Paris des années 50 et 60, du square de la Trinité aux couloirs de la firme de Vogues, avec en fil rouge, un attachement viscéral à une bande de copains.
Tue, 25 Jun 2024 - 845 - La Story de Jacques Dutronc (Episode 1)
De l'adolescence au premier tube, Brice Depasse nous raconte le Jacques Dutronc d'avant sa rencontre avec Françoise Hardy. Une histoire française, du Paris des années 50 et 60, du square de la Trinité aux couloirs de la firme de Vogues, avec en fil rouge, un attachement viscéral à une bande de copains.
Mon, 24 Jun 2024 - 844 - La Story de 1994 (Episode 5)
On l’a vu et revu depuis en DVD ou en Bluray, mais c’est bien au cinéma qu’on a découvert Pulp Fiction en 1994. Et un cinéaste hors du commun nommé Quentin Tarantino.
Fri, 21 Jun 2024 - 843 - La Story de 1994 (Episode 4)
1994, année des multiplexes où sur de vrais grands écrans et avec un bon son, on va être bluffé par les effets spéciaux hallucinants de Forrest Gump, on va rire et pleurer aussi en regardant ce film éblouissant avec un Tom Hanks étonnant, tout comme dans Philadelphia.
Thu, 20 Jun 2024 - 842 - La Story de 1994 (Episode 3)
En 1994, le 45Tours est devenu Obsolète, et c’est justement la nouvelle chanson, enfin le nouveau titre de MC Solaar, plus populaire que jamais. Alors, au feu rouge, on envoie à fond la caisse "Nouveau Western", le CD de MC Solaar avec son beat et ses basses.
Wed, 19 Jun 2024 - 841 - La Story de 1994 (Episode 2)
Dans ce podcast, il est question du hit mondial le plus improbable de 1994. Il nous vient du Canada avec un groupe dont rien que le nom est tout un programme : les Crash Test Dummies. Et que dire du titre, plus facile à prononcer à prononcer qu'à écrire. Ou est-ce le contraire ? Mmm ...
Tue, 18 Jun 2024 - 840 - La Story de 1994 (Episode 1)
C’est l’époque de la cassette et désormais du CD qui se baladent partout avec nous, des radios privées qui ne passent que des nouveautés, des compiles de hits, la télé allumée toute la journée avec ses nouvelles chaînes de clips qui diffusent le Mia de IAM.
Mon, 17 Jun 2024 - 839 - La Story de Nile Rodgers (Episode 5)
Plus grand producteur des années 80 après avoir été un des deux leaders du groupe Chic, il est l'artisan des musiques et sons d'une décennie d'exception à coups de Let's dance, Like a Virgin et autres Notorious, alors Let's Chic with Nile Rodgers !
Fri, 14 Jun 2024 - 838 - La Story de Nile Rodgers (Episode 4)
Plus grand producteur des années 80 après avoir été un des deux leaders du groupe Chic, il est l'artisan des musiques et sons d'une décennie d'exception à coups de Let's dance, Like a Virgin et autres Notorious, alors Let's Chic with Nile Rodgers !
Thu, 13 Jun 2024 - 837 - La Story de Nile Rodgers (Episode 3)
Plus grand producteur des années 80 après avoir été un des deux leaders du groupe Chic, il est l'artisan des musiques et sons d'une décennie d'exception à coups de Let's dance, Like a Virgin et autres Notorious, alors Let's Chic with Nile Rodgers !
Wed, 12 Jun 2024 - 836 - Entretien inédit: Françoise Hardy était au micro de Brice Depasse en 2008
Retour en octobre 2008. Françoise Hardy publie son autobiographie, "Le désespoir des singes". Brice Depasse qui l’a de nombreuses fois interviewée, la rencontre pour réaliser une émission spéciale sur Nostalgie. Bien qu’elle lui annonce ce jour-là son cancer, hors antenne, Françoise s’anime au fil des questions, se montre riante, et surtout, donne sa version à propos de plusieurs mythes qui circulent sur elle depuis des décennies. Cet entretien est publié pour la première fois dans son intégralité.
Wed, 12 Jun 2024 - 835 - La Story de Nile Rodgers (Episode 2)
Plus grand producteur des années 80 après avoir été un des deux leaders du groupe Chic, il est l'artisan des musiques et sons d'une décennie d'exception à coups de Let's dance, Like a Virgin et autres Notorious, alors Let's Chic with Nile Rodgers !
Tue, 11 Jun 2024 - 834 - La Story de Nile Rodgers (Episode 1)
Plus grand producteur des années 80 après avoir été un des deux leaders du groupe Chic, il est l'artisan des musiques et sons d'une décennie d'exception à coups de Let's dance, Like a Virgin et autres Notorious, alors Let's Chic with Nile Rodgers !
Mon, 10 Jun 2024 - 833 - La Story de Laurent Voulzy (Episode 5)
On sait là il va, Laurent Voulzy, mais sait-on d'où il vient ? Brice Depasse vous raconte un artiste qu'il suit depuis son premier succès avec la ferveur d'un amateur de bonne musique.
Sat, 08 Jun 2024 - 832 - La Story de Laurent Voulzy (Episode 4)
On sait là il va, Laurent Voulzy, mais sait-on d'où il vient ? Brice Depasse vous raconte un artiste qu'il suit depuis son premier succès avec la ferveur d'un amateur de bonne musique.
Fri, 07 Jun 2024 - 831 - La Story de Laurent Voulzy (Episode 3)
On sait là il va, Laurent Voulzy, mais sait-on d'où il vient ? Brice Depasse vous raconte un artiste qu'il suit depuis son premier succès avec la ferveur d'un amateur de bonne musique.
Thu, 06 Jun 2024 - 830 - La Story de Laurent Voulzy (Episode 2)
On sait là il va, Laurent Voulzy, mais sait-on d'où il vient ? Brice Depasse vous raconte un artiste qu'il suit depuis son premier succès avec la ferveur d'un amateur de bonne musique.
Wed, 05 Jun 2024 - 829 - La Story de Laurent Voulzy (Episode 1)
On sait là il va, Laurent Voulzy, mais sait-on d'où il vient ? Brice Depasse vous raconte un artiste qu'il suit depuis son premier succès avec la ferveur d'un amateur de bonne musique.
Tue, 04 Jun 2024 - 828 - La Story Cinéma de Minuit (Episode 10)
A l'évocation de cette émission de télévision culte qui a bercé l'adolescence de plusieurs générations, quel film vous revient-il en mémoire, quel moment de fascination, quel(le) comédien(ne) dans votre légende. Je vous raconte ? Moteur ! Il y est question du Rocky de Sylvester Stallone, en 1976.
Sat, 01 Jun 2024 - 827 - La Story Cinéma de Minuit (Episode 9)
A l'évocation de cette émission de télévision culte qui a bercé l'adolescence de plusieurs générations, quel film vous revient-il en mémoire, quel moment de fascination, quel(le) comédien(ne) dans votre légende. Je vous raconte ? Moteur ! Il y est question de la sortie du Blade Runner de Ridley Scott en 1982.
Fri, 31 May 2024 - 826 - La Story Cinéma de Minuit (Episode 8)
A l'évocation de cette émission de télévision culte qui a bercé l'adolescence de plusieurs générations, quel film vous revient-il en mémoire, quel moment de fascination, quel(le) comédien(ne) dans votre légende. Je vous raconte ? Moteur ! Il y est question de Louis de Funès, Edouard Molinaro et Oscar.
Thu, 30 May 2024 - 825 - La Story Cinéma de Minuit (Episode 7)
A l'évocation de cette émission de télévision culte qui a bercé l'adolescence de plusieurs générations, quel film vous revient-il en mémoire, quel moment de fascination, quel(le) comédien(ne) dans votre légende. Je vous raconte ? Moteur ! Il y est question d'Edward aux mains d'argent, Johnny Depp et Tim Burton.
Wed, 29 May 2024 - 824 - La Story Cinéma de Minuit (Episode 6)
A l'évocation de cette émission de télévision culte qui a bercé l'adolescence de plusieurs générations, quel film vous revient-il en mémoire, quel moment de fascination, quel(le) comédien(ne) dans votre légende. Je vous raconte ? Moteur ! Il y est question du Père Noël est une ordure.
Tue, 28 May 2024 - 823 - La Love Story de Annie Lennox & Dave Stewart (Episode 5)
Car il y a eu une vie avant Eurythmics, la Love Story entre Annie Lennox et Dave Stewart nous emmène dans le Londres des squats des années 70 et un groupe New Wave nommé The Tourists.
Fri, 24 May 2024 - 822 - La Love Story de Annie Lennox & Dave Stewart (Episode 4)
Car il y a eu une vie avant Eurythmics, la Love Story entre Annie Lennox et Dave Stewart nous emmène dans le Londres des squats des années 70 et un groupe New Wave nommé The Tourists.
Thu, 23 May 2024 - 821 - La Love Story de Annie Lennox & Dave Stewart (Episode 3)
Car il y a eu une vie avant Eurythmics, la Love Story entre Annie Lennox et Dave Stewart nous emmène dans le Londres des squats des années 70 avec un groupe New Wave nommé The Tourists.
Wed, 22 May 2024 - 820 - La Love Story de Annie Lennox & Dave Stewart (Episode 2)
Car il y a eu une vie avant Eurythmics, la Love Story entre Annie Lennox et Dave Stewart nous emmène dans le Londres des squats des années 70 et un groupe New Wave nommé The Tourists.
Tue, 21 May 2024 - 819 - La Love Story de Annie Lennox & Dave Stewart (Episode 1)
Car il y a eu une vie avant Eurythmics, la Love Story entre Annie Lennox et Dave Stewart nous emmène dans le Londres des squats des années 70 et un groupe New Wave nommé The Tourists.
Mon, 20 May 2024 - 818 - La Story Cinéma de Minuit (Episode 5)
A l'évocation de cette émission de télévision culte qui a bercé l'adolescence de plusieurs générations, quel film vous revient-il en mémoire, quel moment de fascination, quel(le) comédien(ne) dans votre légende. Je vous raconte ? Moteur !
Sat, 18 May 2024 - 817 - La Story Cinéma de Minuit (Episode 4)
A l'évocation de cette émission de télévision culte qui a bercé l'adolescence de plusieurs générations, quel film vous revient-il en mémoire, quel moment de fascination, quel(le) comédien(ne) dans votre légende. Je vous raconte ? Moteur !
Sat, 18 May 2024 - 816 - La Story Cinéma de Minuit (Episode 3)
A l'évocation de cette émission de télévision culte qui a bercé l'adolescence de plusieurs générations, quel film vous revient-il en mémoire, quel moment de fascination, quel(le) comédien(ne) dans votre légende. Je vous raconte ? Moteur !
Fri, 17 May 2024 - 815 - La Story Cinéma de Minuit (Episode 2)
A l'évocation de cette émission de télévision culte qui a bercé l'adolescence de plusieurs générations, quel film vous revient-il en mémoire, quel moment de fascination, quel(le) comédien(ne) dans votre légende. Je vous raconte ? Moteur !
Thu, 16 May 2024 - 814 - La Story Cinéma de Minuit (Episode 1)
A l'évocation de cette émission de télévision culte qui a bercé l'adolescence de plusieurs générations, quel film vous revient-il en mémoire, quel moment de fascination, quel(le) comédien(ne) dans votre légende. Je vous raconte ? Moteur !
Wed, 15 May 2024 - 813 - La Story spéciale 1989 (Episode 2)
Quand on a vécu l'année 1989, comment ne pas se revoir debout de la télé, incrédule devant les images de ce qui est en train de se passer en ce mois de novembre : le Mur n'est plus, l'emprise soviétique s'effondre, promettant des jours meilleurs.
Tue, 14 May 2024 - 812 - La Story spéciale 1989 (Episode 1)
Avec cette Story, Brice fait la preuve qu'il y a en chacun de nous une chanson qui évoque un moment de notre vie. Rendez-vous donc sur les hauteurs de Liège, à l'automne 1989, pour une entrée au tant redouté service militaire qui a occupé bien des jeunes générations du XX° siècle.
Mon, 13 May 2024 - 811 - La Story de Pet Shop Boys (Episode 5)
Alors que sort l'excellent 15ème album des Pet Shop Boys, ceux qui se rappellent leurs débuts, se souviennent que malgré un succès commercial immédiat, personne ne n'aurait misé sur le fait qu'ils deviendraient le plus célèbre duo britannique de l'histoire. Brice Depasse remonte à cette époque l’intelligentsia rock et les journalistes ne les prenaient pas au sérieux.
Fri, 03 May 2024 - 810 - La Story de Pet Shop Boys (Episode 4)
Alors que sort l'excellent 15ème album des Pet Shop Boys, ceux qui se rappellent leurs débuts, se souviennent que malgré un succès commercial immédiat, personne ne n'aurait misé sur le fait qu'ils deviendraient le plus célèbre duo britannique de l'histoire. Brice Depasse remonte à cette époque l’intelligentsia rock et les journalistes ne les prenaient pas au sérieux.
Thu, 02 May 2024
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