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- 1186 - COP29: l'Azerbaïdjan continue à vouloir verdir son image à l'international malgré des contradictions
Clap de la fin pour la COP29 à Bakou, en Azerbaïdjan. Après les Émirats arabes unis, le sommet sur le climat de l’ONU s’est déroulé cette année encore dans un pays pour le moins controversé, critiqué pour son autoritarisme, l’arrestation de ses opposants, et surtout, l’exploitation de ses nombreux gisements pétrogaziers. Face à l’arrivée de milliers de journalistes, venus couvrir la COP29, le pays essaie de promouvoir une vitrine verte. À Bakou, un « green city tour» a été organisé pour les journalistes.
De notre envoyée spéciale à Bakou,Jeanne Joulaud
► Un reportage à écouter en entier sur le podcast d'Accents d'Europe
Thu, 21 Nov 2024 - 1185 - Irak: le recensement est un nouveau péril pour les Yézidis déplacés par la guerre
Les autorités ont instauré un couvre-feu mercredi 20 et jeudi 21 novembre 2024 en Irak, pour faciliter une opération historique de recensement de la population. Le premier d'une telle ampleur depuis 1987. Une entreprise particulièrement sensible, dans un pays ravagé par des années de guerres et de déplacements forcés de population. Pour la minorité yézidie de la montagne du Sinjar, qui a fui les persécutions de l’État islamique en 2014, et dont plusieurs centaines de milliers de ses membres vivent toujours dans des camps de déplacés au Kurdistan irakien, ce recensement soulève la crainte d’être à jamais séparés de leurs terres ancestrales.
De notre envoyé spécial à Duhok,
Dix années ont passé depuis le génocide des Yézidis par le groupe terroriste État islamique. Mais les milliers de tentes blanches du camp de Charia au Kurdistan irakien n’ont pas bougé. Comme Salim, 30 ans, ils sont plusieurs milliers de déplacés yézidis à subsister dans cet univers précaire de plastique et de poussière. À l’approche du recensement irakien, le jeune homme témoigne de sa confusion : « Concernant ce recensement, la population du camp est complètement négligée. On ne nous a rien expliqué, le système n’est pas clair. Nous ne savons pas comment répondre aux questions et comment elles pourront nous profiter, alors que tout ce que nous souhaitons c’est que nos droits soient respectés. Nous ne voulons ni plus, ni moins que cela. »
Salim est inquiet. Il ne souhaite pas être recensé comme un déplacé au Kurdistan, mais comme un habitant du Sinjar : la région montagneuse et largement détruite par la guerre qu’il a dû fuir, mais où il souhaite retourner un jour. En effet, le décompte sera utilisé pour calculer les budgets alloués à chaque province d’Irak : « Le gouvernement va profiter de notre situation difficile pour exploiter les résultats du recensement et priver les Yézidis de leurs droits dans de nombreux domaines. La répartition du budget et le développement des projets publics, ainsi que la distribution des services, seront basés sur ces résultats. La reconstruction des écoles ou des hôpitaux du Sinjar en seront affectés. Pour moi, c’est la poursuite du génocide, toujours en cours au Sinjar. »
Le Sinjar, un lointain espoir
Dans son bureau du centre culturel Yézidi de la ville de Duhok, le docteur Faris Koti – figure respectée au sein de la communauté – ne cache pas son inquiétude quant à l’organisation du recensement dans ces conditions : « Notre principale préoccupation concerne le bouleversement démographique de la région. La population principale du Sinjar, ce sont les Yézidis, ils pourraient être remplacés par les Arabes tant que le peuple Yézidi n’y est pas retourné. Aujourd’hui, 250 000 personnes vivent toujours dans les camps de déplacés. Elles ne peuvent pas retourner au Sinjar, là d’où elles viennent. La situation est trop instable pour organiser un tel processus au Sinjar.»
Les déplacés Yézidis sont en effet prisonniers des tensions politiques entre les gouvernements kurdes et irakiens, qui se rejettent la responsabilité de leur retour au Sinjar. Dans ces conditions, le recensement pourrait diminuer la voix déjà fragile des Yézidis au sein des institutions. « Cela aura aussi un effet sur l’attribution du nombre de sièges pour le Sinjar, poursuit le docteur Koti. La représentation des Yézidis au Parlement sera diminuée si elle est basée sur ces résultats.»
Pour Layla, 27 ans, et elle aussi déplacée du Sinjar depuis 2014, les enjeux et les résultats de ce recensement risquent au fond de repousser encore un peu plus le retour des Yézidis dans leurs villages d’origine : « Je crois que le gouvernement va tirer parti du recensement contre les Yézidis parce qu’ils n’ont pas de solutions alternatives. La région a souffert de la guerre bien plus qu’aucune autre en Irak. Pourtant, aucun effort n’est déployé pour la reconstruire. Alors qu’à Mossoul, ou d’autres endroits détruits par Daech[l'acronyme en arabe du groupe terroriste État islamique, NDLR], les autorités développent des projets. Rien au Sinjar.»
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Wed, 20 Nov 2024 - 1184 - Europe du Nord: les Samis craignent pour leurs rennes menacés par le changement climatique
Aux confins de l’Europe du Nord, dans la région arctique, le changement climatique met gravement en danger le mode de vie Sami, dernier peuple autochtone du continent. Leur présence sur les terres de Laponie remonte à des millénaires, mais aujourd’hui, leurs rennes, dont ils dépendent, sont grandement menacés.
De notre correspondante à Stockholm,
Les Samis ont plus de 300 mots pour décrire la neige qui, en ce mois de novembre, est fine, anormalement fine. Elle craque sous les pieds de Britta Unes qui va nourrir ses rennes. « Regarde là, tu vois le renne blessé ? L'hiver dernier, un lynx a tué cinq de mes rennes. Ces animaux sont toute ma vie. »
À cette période de l'année, il ne devrait pas faire aussi chaud. Et cela inquiète beaucoup Britta. « Quand il fait si chaud dehors, la neige fond et devient compacte. Mais il va refaire froid et cela va former une épaisse couche de glace au sol. Les rennes n'arriveront pas à creuser pour atteindre leur nourriture. Du coup,on doit leur donner à manger pour qu'ils puissent survivre. Mais ce sont des animaux sauvages. Ils sont censés être en liberté. Il y a trois ans. On a dû les enfermer dès le mois de novembre etles nourrir tout l'hiver. Et cela coûte beaucoup d'argent. »
Britta rentre se réchauffer près du feu. Dans son café fumant, elle tremble de la viande de renne séchée, une délicatesse samie, tout comme la crêpe de sang agrémentée de gras qui traîne sur le comptoir de la cuisine. Elle en découpe un morceau avant d'expliquer que le changement climatique impacte aussi grandement la migration des rennes. En décembre, ils sont censés traverser des lacs gelés pour atteindre la côte Est. Sauf que ces lacs gèlent de moins en moins, ou en tout cas de plus en plus tard. Cette année encore, Britta n'est pas certaine de pouvoir réaliser cette transhumance ancestrale.
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«Si les rennes disparaissent, ce sont toutes nos traditions qui disparaissent»
« Les rennes vont là où ils trouvent à manger. Avec mes filles, on les emmène à un endroit à nous pour l'hiver. Mais des rennes d'un autre village Sami, débarquent et mangent tout sur notre terrain. Cela crée des conflits entre nous, car il n'y a pas assez de terre pour tout le monde. »
Les Samis font face à de nombreux autres défis. Les terres sur lesquelles ils élèvent leurs rennes sont continuellement grignotées par l'industrie minière, l'implantation de parcs éoliens ou la déforestation. « Sion additionne tous les acteurs, ça fait beaucoup de terres qui nous sont enlevées, des terres où nos reines ne peuvent pas manger les pauvres, nos pâturages ne cessent de diminuer.Mais à l'époque, nos rennes pouvaient trouver à manger dans les forêts ancestrales. Mais de nos jours, il y a très peu de forêts, de lichens. Ce sont de jeunes forêts où rien ne pousse. Si les rennes disparaissent, ce sont toutes nos traditions qui disparaissent avec eux. Ils sont tout pour nous, ils nous donnent tant à manger, des vêtements, tout s’utilise. C'est difficile en ce moment, mais on a toujours dû se battre pour exister. »
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Tue, 19 Nov 2024 - 1183 - Une attaque russe d’une ampleur inédite contre le réseau énergétique de l'Ukraine sème la panique
À Kiev comme dans le reste du pays, des millions d'Ukrainiens ont vécu une énième nuit d'angoisse dimanche 17 novembre, émaillée d'alertes aériennes et d'explosions. Car le pays a subi une attaque russe de grande ampleur sur l'ensemble du pays. La cible principale de ces attaques était le réseau énergétique du pays, déjà très fragile.
De notre correspondante à Kiev,
Pour la première fois depuis presque trois mois, la Russie a lancé une nouvelle fois un barrage de 120 missiles et 90 drones sur plusieurs régions ukrainiennes. Leurs cibles : les infrastructures énergétiques du pays, déjà fortement endommagées, comme l’explique Pavlo Bilodid, porte-parole de DTEK, plus grand fournisseur privé d'énergie en Ukraine.
« C'était la dixième attaque cette année, et ils ont fait comme d'habitude, avec les mêmes méthodes : envoyer un grand nombre de missiles et de drones. Le but principal pour eux, c'est de détruire notre capacité de génération électrique et nos sous-stations, ce qu'ils ont réussi dans certaines régions. »
Au cours de ces frappes, deux employés d'Ukrenergo, le fournisseur public d'énergie, ont été tués à Odessa, alors que l'Ukrainepeinait déjà à reconstruire les infrastructures déjà endommagées par les attaques précédentes. « Depuis, nous avons beaucoup reconstruit, nous avons tout fait pour être prêts pour cet hiver, mais le niveau de destruction était déjà si élevé qu'il était impossible de tout restaurer», détaille le porte-parole de DTEK.
« C'était quand même effrayant la nuit dernière »
À Kiev, quelques heures après les frappes, les habitants tentent de reprendre une vie normale, malgré le danger permanent qui place au-dessus d'eux. « C'était quand même effrayant la nuit dernière, mais nous y sommes habitués, raconte cette habitante de Kiev. Je pense que nous vivons vraiment une époque terrible, parce que chaque jour beaucoup de gens meurent, des gens qui tentent simplement de vivre, qui rentrent simplement à la maison pour dîner ou se coucher normalement, être avec leur famille ou regarder un film, sortir, retrouver des amis. Mais malgré tout, nous comprenons que tôt ou tard tout finira et nous nous battrons pour cela. »
À Mykolaïv, deux femmes sont mortes et sept personnes ont été blessées. Dans la région de Dnipropetrovsk, deux cheminots ont également été tués. Et dans la région occidentale de Lviv, une femme de 66 ans a également péri dans sa voiture sous les débris d'un missile abattu, alors que les Ukrainiens craignent que ces attaques ne soient que le prélude d'une nouvelle vague de destruction russe.
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Mon, 18 Nov 2024 - 1182 - En Jordanie, autorités et scientifiques s'efforcent de protéger les coraux du golfe d'Aqaba
Alors que la COP29 se poursuit à Bakou, en Azerbaïdjan, le changement climatique menace la survie des coraux. Dans les eaux du golfe d’Aqaba, au sud de la Jordanie, des efforts considérables sont déployés pour protéger ces écosystèmes fragiles. Ainsi, autorités jordaniennes et scientifiques s’unissent pour aider les coraux à résister aux défis environnementaux, tout en préservant la biodiversité marine essentielle à notre planète.
De notre correspondant en Jordanie,
La vie marine n’a pas échappé aux impacts du changement climatique. Alors que les colonies de corail marin font face à un risque d’extinction en raison des changements climatiques et de l’augmentation des températures de la planète, le corail dans les eaux du golfe d’Aqaba, au sud de la Jordanie, résiste à ces changements environnementaux rapides, grâce à l’aide des autorités gouvernementales spécialisées dans le secteur environnemental.
« Le rôle du gouvernement était d’établir la réserve pour atteindre un équilibre entre les besoins humains et les besoins environnementaux,explique Nasser Al-Zawaidah, directeur de la réserve marine d’Aqaba. Nous avons donc mis en place un plan de zonage afin de créer des zones d’accès interdit, sauf sur demande spéciale, comme pour les bateaux ou les plongeurs. »
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La culture du corail
Les autorités jordaniennes aident le corail à survivre et à se reproduire par le biais de campagnes de nettoyage des déchets laissés par les touristes et les navires, ainsi que par la création de colonies de corail en les cultivant dans diverses zones du golfe, avec l’aide d’un groupe de plongeurs spécialisés, dont Ahmed Najadat.
« Nous faisons de la culture de corail. Nous retirons le corail qui est accroché aux déchets, le préparons et transférons les petites boutures, que nous plaçons dans des zones spécifiques sous l’eau pour leur croissance,relate le plongeur.Après deux ou trois ans, elles grandissent, puis nous les transférons dans leur habitat naturel. »
En parallèle, Qusay Yanis, directeur des principaux laboratoires scientifiques d’Aqaba, confirme que des études et des tests sont menés sur le corail, tout au long de l’année. L’objectif est de s’assurer de sa capacité à survivre dans des conditions environnementales et humaines difficiles, et de comprendre les causes de sa mortalité. « Les tests en laboratoire nous montrent les bactéries et les champignons qui peuvent provoquer la mortalité du corail, en raison de l’arrivée d’organismes marins par les navires commerciaux et touristiques, qui se trouvent généralement près des colonies de corail »,précise-t-il.
Les tests en laboratoire permettent d’identifier les bactéries et les champignons qui menacent la santé du corail. Ces agents pathogènes arrivent souvent via les navires commerciaux et les bateaux de croisière, qui circulent fréquemment dans cette région.
À écouterBlanchissement massif des coraux : « On atteint une intensité jamais égalée »
Sat, 16 Nov 2024 - 1181 - Au Kurdistan irakien, les peshmergas s'alarment d'une autonomie kurde en péril
Les élections parlementaires au Kurdistan irakien ont eu lieu il y a plus de trois semaines, le 20 octobre, pourtant il n'y a toujours pas de gouvernement en vue. Les tensions entre les deux partis arrivés en tête paralysent la région depuis plusieurs mois déjà et affaiblissent son autonomie au profit de l’État central irakien. Une situation qui inquiète les vieux peshmergas, ces vétérans de la lutte pour l’indépendance du Kurdistan.
De notre envoyé spécial de retour de Slemani,Lucas Lazo
À Slemani, les murs de la vieille prison rouge affichent aujourd’hui les visages des combattants kurdes qui se sont battus dans les années 1980 pour un Kurdistan libéré du régime de Saddam Hussein. Rizgar Ramar, ancien combattant longtemps exilé en France, nous ouvre les portes de ce centre de torture, désormais lieu de mémoire. « J’ai rejoint les peshmergas en 1986, parce que le parti Baas était partout et a massacré les Kurdes. Ils ont détruit beaucoup de villages,se rappelle l'ancien combattant. Le parti Baas a mis mes parents dans la prison de Samawa, dans le sud de l'Irak, pendant deux ans. À l'école, on n'était pas libres. Il ne fallait pas parler de politique… donc, on a combattu le parti Baas. Moi, j'ai perdu un frère. On a perdu beaucoup de copains. Nous, on était un groupe de résistants. On était 40 combattants. Aujourd'hui, on n'est plus que huit. Le reste, ils sont morts au combat. »
Dans le café du musée, les murs résonnent du claquement des dominos sur la table. Rizgar s’y réunit avec ses camarades pour discuter de l’avenir du Kurdistan. La région autonome a tenu des élections fin octobre attendues depuis deux ans. Depuis, les partis kurdes négocient la formation d’un gouvernement, mais cela pourrait prendre du temps. « Comme les partis politiques kurdes ne sont pas très unis, ils sont corrompus,dénonce Rizgar Ramar.J’espère que ça ne sera pas les dernières élections, parce qu’actuellement, l’État central irakien peut tout contrôler. Déjà, il contrôle les salaires, il contrôle le pétrole. Moi, je suis très très pessimiste pour ça. »
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« Un jour, il y aura un Kurdistan libre, pour nous »
Pour Bagdad, la paralysie des institutions kurdes est une aubaine. Depuis peu, c’est le gouvernement fédéral irakien qui distribue les pensions des peshmergas. Pour Rizgar Ramar, c'est une atteinte insupportable à la souveraineté du Kurdistan : « Je suis pour un pays indépendant pour les Kurdes, et je pense que tous les politiciens kurdes ont trahi, parce que les dirigeants actuels, ils n’ont pas combattu… Ça, c’est très très difficile à accepter. »
Le Kurdistan est dirigé par une nouvelle génération de leaders, dont les divisions affaiblissent l’autonomie de la région gagnée en 1991 après des années de lutte. « Un jour, il y aura un Kurdistan libre, pour nous. Peut-être que c’est un peu loin, mais je suis sûr et certain qu’il y aura un pays libre pour nous »,espère le peshmerga.
Pour l’instant, l’urgence est à la formation d’un gouvernement, au risque de voir Bagdad gagner toujours plus d’influence dans la région autonome kurde.
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Fri, 15 Nov 2024 - 1180 - En Sicile, lutter contre les incendies en semant des plantes résistantes aux flammes
L’une des facettes du réchauffement climatique dans le bassin méditerranéen, c’est la sécheresse, et dans son sillage, des incendies gigantesques qui dévorent certains territoires à une vitesse vertigineuse. En Italie, la Sicile est la région la plus touchée par les deux phénomènes. L’été 2023 a été celui des incendies record, l’été 2024 celui d’une sécheresse record. Sur place, des initiatives de la société civile voient le jour pour tenter de trouver des solutions. C’est le cas de l’association Fenice Verde, littéralement le Phénix vert.
De notre correspondante à Palerme,
« Deviens un jardinier de la nature », c’est le slogan de l’association Fenice Verde qui propose, pour la première fois, des ateliers de récolte et de conservation de graines autochtones dans les montagnes qui entourent Palerme tous les week-ends de novembre. « On ramasse les graines, on les certifie conformes, on édite un registre pour assurer leur traçabilité,détaille le président de Fenice Verde, Emiliano Farinella. Ensuite, on fait grandir les plantes chez des pépiniéristes et enfin, on les plante dans les zones qui ont été touchées par les incendies. »
Lors de leurs promenades du week-end, les bénévoles de l’association récoltent donc uniquement des graines d’espèces locales les plus résistantes aux flammes des incendies. Elles servent à créer une banque de plasma germinatif pour faire pousser des bébés plantes et les réintroduire sur les terrains brûlés par les incendies après plusieurs années de jachère. « L’idée, c’est de sélectionner des espèces locales pour préserver un génome compatible avec celui des plantes détruites »,explique Emiliano Farinella.
« Il ne pleut pas au moment où justement il devrait pleuvoir »
Ces plantes détruites, adaptées au climat de plus en plus chaud et de moins en moins pluvieux de la Sicile, sont aussi les meilleurs atouts pour contrer un autre effet du changement climatique dans la région : environ 70 % de la Sicile est exposée au risque de désertification. Cet été, la région a vécu un épisode de sécheresse sans précédent. Or, sécheresses et incendies sont liés.
« Le problème, c’est que la végétation est de plus en plus sèche à l’arrivée de l’été,remarque Davide Borgia, membre de l’association de protection de l’environnement Legambiente, à Messine, de l’autre côté de l’île. Et le plus grave, c’est la sécheresse en automne et en hiver, qui fait qu’il ne pleut pas au moment où justement il devrait pleuvoir. La part de flore sèche est de plus en plus élevée, donc petit à petit, même la végétation d’altitude devient plus vulnérable au feu. »
Mais l’espoir est permis et les incendies ne sont pas une fatalité, même si cela demande des décennies de patience.
Au détour d’un virage, le soleil peine à percer sous les feuillages denses. La voiture s’enfonce dans un sous-bois. Davide Borgia s’arrête au bord de la route. Tout autour, il y a des chênes majestueux. C’est un projet de reboisement lancé 20 ans plus tôt et miraculeusement rescapé des flammes. « Pour un botaniste, pour quelqu’un qui aime la nature, ça réchauffe le cœur parce que c’est la promesse de ce que l’on pourrait avoir à terme,s'enthousiasme Davide Borgia. C’est passionnant à étudier. Il y a un peu moins d’herbe sèche qu’ailleurs, c’est plus frais, on sent qu’il y a de l’eau. Même s’il y avait un incendie, il aurait beaucoup de mal à se propager rapidement. »
La Sicile compte encore près de 500 000 hectares de forêt, soit près de 15 % de son territoire. C’est le taux le plus bas d'Italie, juste après les Pouilles.
À écouter dans Grand reportageEn Sicile, tout reconstruire après les flammes
Thu, 14 Nov 2024 - 1179 - En Allemagne, le secteur de l'industrie automobile durement touché par la récession
Pour la deuxième année consécutive, l’Allemagne connaîtra cette année une phase de récession. L’industrie automobile, premier employeur industriel du pays avec 800 000 salariés et 564 milliards d’euros de chiffre d'affaires, est particulièrement touchée.
De notre correspondante à Berlin,
Les grands noms du secteur automobile annoncent tous les uns après les autres de mauvais résultats. Notamment Volkswagen, le numéro 1 en Europe. 60 000 salariés travaillent à Wolfsburg, où se trouve le siège du constructeur. La crise chez Volkswagen tient la région en haleine.
Dans l'usine de Wolfsburg, il est presque 14 heures, l’heure du changement d’équipe. Des groupes d’hommes et de femmes sortent, visage fermé, de ce qui ressemble à une bouche de métro. Un écriteau fixé en haut des escaliers indique Tor 17. L’entrée 17 de l’usine, à 200 mètres de la gare, est l’une des plus utilisées par les salariés.
Samia vient de finir sa journée. Fille d’immigré tunisien, cette employée de bureau, doudoune rouge et visage avenant, a connu plus d’une crise chez Volkswagen. « Ce n’était pas comme maintenant,confie-t-elle.Je ne peux pas vraiment dire pourquoi. Mais cette collègue, par exemple, je parlais avec elle tout à l’heure, elle est là depuis 43 ans, elle part cette année à la retraite. Elle disait qu’elle n’avait jamais vu ça. Bien sûr, il y a toujours des solutions. Mais là, ce sont vraiment des solutions violentes. Des licenciements… Il faut voir, les gens ont peur pour leur emploi, pour leur sécurité. »
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Trois usines pourraient fermer
Samia s’inquiète notamment pour les salariés des usines d’ex-RDA du groupe, des régions où il sera plus difficile de retrouver un emploi. À Wolfsburg, chaque famille tremble depuis que le constructeur a annoncé début septembre vouloir résilier la garantie de l’emploi négociée avec les syndicats. Des dizaines de milliers de postes sont menacés. Trois usines pourraient fermer en Allemagne, pour la première fois dans l’histoire du groupe.
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Devant la porte 17, l’inquiétude est palpable. Franck, la quarantaine, fils et petit-fils d’ouvriers de l’usine, s’apprête à prendre son poste. « Je travaille dans l’atelier des portes, on pose les câbles, la vitre, les isolants tout autour, le rétroviseur. Le rythme, c'est normalement une minute par geste. Mais comme la production a diminué, on a baissé. On est maintenant à deux minutes », explique cet ouvrier.
Les négociations sur l’avenir du groupe, entre la direction, le puissant comité d’entreprise et le syndicat IG Metall, reprendront le 21 novembre dans le stade Volkswagen de la ville, financé par le constructeur.
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Wed, 13 Nov 2024 - 1178 - L’Australie impose de nouvelles conditions d’entrée pour les étudiants étrangers
C’est l’un des pays qui accueille le plus d’étudiants étrangers au monde : ils sont près d’un million et représentent une source considérable de revenus pour les universités, parfois jusqu’à 40% de la population estudiantine. Accusés d’aggraver la crise du logement, le gouvernement a décidé de réduire significativement le nombre d’étudiants étrangers au risque de plonger dans la tourmente le secteur de l’éducation tertiaire, poids lourd de l’économie du pays pesant plus de 30 milliards d’euros.
De notre correspondant à Sydney,
Vaches à lait pour les uns, boucs émissaires pour les autres, les étudiants étrangers sont actuellement en Australie au cœur de toutes les discussions. Ils représentent à eux seuls la moitié de tous les immigrés arrivés en Australie en 2023. Ils sont pointés du doigt par certains, qui les estiment responsables de la forte tension sur le marché immobilier. Les loyers ont en effet augmenté de près de 10% en un an dans les grandes villes du pays et la part des logements vacants, à Sydney par exemple, est inférieure à 1%.
Mais pour le spécialiste de l’immigration Abdul Rizvi, le rôle joué par les étudiants étrangers dans cette crise est largement surévalué. « Les étudiants, en général, vivent dans des résidences étudiantes, près des universités, pas dans les banlieues pavillonnaires où la tension est la plus forte sur le marché de la location. Donc oui, ils participent à la pression sur le marché immobilier, mais les accusations à leur encontre sont exagérées. »
Pourtant, le gouvernement a décidé, il y a quelques mois, de plus que doubler le prix des visas étudiants et d’exiger désormais que ces derniers disposent d’au moins 18 000 euros sur leur compte en banque pour obtenir un titre de séjour. Il compte par ailleurs instaurer des quotas et limiter à 270 000 le nombre de visas délivrés l’année prochaine, soit une baisse de plus de 15% par rapport à 2023.
Les emplois menacés dans le secteur
Une catastrophe dont les conséquences se font déjà sentir d’après Luke Sheehy, le président de Universities Australia, qui représente la filière : « Le gouvernement a déjà délivré 60 000 visas de moins au cours des six premiers mois de l’année, ce qui menace 1 400 emplois dans le seul secteur universitaire. Et les quotas annoncés auront un impact sur d’autres emplois. »
Plusieurs universités ont d’ores et déjà annoncé des pertes de plusieurs centaines de millions de dollars et des centaines de suppressions de postes dans l’enseignement et la recherche. Par ailleurs, certains regrettent que le débat n’ait porté que sur l’immigration et pas sur l’éducation, alors qu’elle est directement concernée. C’est le cas par exemple de Nico Louw, chef économiste du Menzies Research Centre : « Dans certaines filières universitaires, il y a 70, 75, voire 80% d’étudiants étrangers, ce qui abaisse la qualité de l’éducation dispensée. Nous pensons que plutôt qu’un quota global, il faudrait fixer des limites par cursus, ce qui permettrait de régler les deux problèmes à la fois, celui de l’éducation et de l’immigration. »
Plusieurs témoignages de professeurs soulignent en effet que face à certains étudiants étrangers au niveau d’anglais faible, ceux-ci ont tendance à simplifier leurs cours. Cette proposition de quotas par filière avait été faite par une commission sénatoriale, Mais elle n’a finalement pas été retenue par le gouvernement, qui compte faire voter ces nouveaux quotas au Parlement à la mi-novembre.
Tue, 12 Nov 2024 - 1177 - En Pologne, le charbon menace toujours la santé des habitants
Alors la Grande-Bretagne ferme ses dernières mines de charbon, la Pologne peine à se débarrasser de cette énergie polluante, responsable du changement climatique. Elle reste le premier producteur en Europe, avec 3,5 millions de tonnes extraites chaque année. Plus de la moitié de l’énergie consommée dans le pays provient encore du charbon et l’impact de cette énergie fossile sur la santé des habitants se fait sentir.
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Mon, 11 Nov 2024 - 1176 - Départ du Vendée Globe: le défi ultime de l'endurance mentale et physique pour les 40 marins
C’est l'un des plus grands défis du monde du sport : 40 marins (34 hommes et 6 femmes) de 11 nationalités différentes partent ce 10 novembre 2024 à l'assaut des océans pour un tour du monde à la voile en solitaire, sans escale et sans assistance sur des monocoques d'un peu plus de 18 mètres. Le top départ du Vendée Globe sera donné à 12h02 TU des Sables-d'Olonne. Les premiers devraient être de retour dans cette ville de la côte atlantique de la France d'ici à deux mois et demi. Mais arriver au bout de cette course est déjà un exploit. Une quête ultime poursuivie par des athlètes très différents. Et point de profil-type : la plus jeune de la flotte a 23 ans, le plus âgé 65, et chacun a de bonnes raisons de se lancer.
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Sun, 10 Nov 2024 - 1175 - Allemagne: 35 ans après la chute du mur, trois générations confient leurs sentiments et leurs doutes
Le 9 novembre 1989, le mur de Berlin, qui divisait la ville durant 28 ans, s'effondrait. La RDA communiste, à l'agonie, allait rapidement se démocratiser. L'histoire s'accélérait et débouchait, en octobre 1990, sur la réunification de l'Allemagne. Cet anniversaire sera célébré ce 9 novembre à Berlin avec de nombreuses festivités. Mais 35 ans après, l'ancienne division du pays laisse toujours des traces. Trois Allemands de l’ex-RDA, de trois générations, livrent leurs sentiments.
Présumé allemand, le titre des mémoires de Vincent von Wroblewsky, reflète la complexe identité de l'octogénaire, né en 1939 en France où ses parents, des communistes allemands anti-nazis, avaient trouvé refuge.
En 1950, sa mère, veuve, rentre dans son pays et choisit par conviction l'Allemagne de l'Est, qui vient d'être créée. Son fils y fait plus tard carrière comme philosophe et traducteur. Il est durant 20 ans membre du Parti communiste : « J'ai été très content que la RDA, avec ses restrictions de toutes les libertés, soit éliminée. Mais je regrette la façon dont ça s'est fait et je regrette les occasions manquées. Dans une union, ce qui serait raisonnable, c'est que chacun apporte ce qu'il a de bon ,et pas qu'un impose tout ce qu'il a à l'autre, auquel il ne reste plus rien de ce qu'il avait. »
Ceux de l'Est considérés comme des citoyens de seconde zone
Trente-cinq ans plus tard, beaucoup d'Allemands de l'Est se considèrent toujours comme des citoyens de seconde zone. Ils soulignent la large domination des élites de l'Ouest, aujourd'hui encore, dans tous les domaines comme, les salaires et les patrimoines encore inférieurs. La brutale transformation, avec un chômage massif dans les années 1990, a laissé des traces.
Pourtant, la situation est aujourd'hui bien meilleure et les frustrations ne sont pas confirmées par les statistiques positives. Des frustrations et une identité Est qui se transmettent de génération en génération, même chez les plus jeunes.
Theresia Crone, 22 ans, ne partage pas ce sentiment. Sa mère, hostile au régime est-allemand, lui a transmis d'autres valeurs. Mais arrivée à l'Ouest, la jeune femme a été choquée de l'image de l'Est : « La première fois, quand j'ai dit à quelqu'un, que j'avais grandi là-bas, la personne a répondu : "Ah vraiment, tu viens de l'Est ? Ta famille est de l'extrême droite." Il y a 10 ans, ce n'était pas un sujet. »
La jeune femme s'est d'abord engagée au sein du mouvement pour l'environnement Fridays for Future. Aujourd'hui, elle dénonce sur TikTok le danger de l'extrême droite et est victime d'attaques permanentes.
Inquiétude face à la montée de l'extrême droite
Un danger que dénonce Marko Martin. L'écrivain quinquagénaire, issu d'une famille d'opposants à la RDA, a quitté son pays d'origine quelques mois avant la chute du mur. Pour lui, les mentalités autoritaires d'autrefois expliquent les résultats électoraux d'aujourd'hui à l'Est :
« Presque une majorité vote soit pour une partie extrême droite, soit pour une partie vers (des formations) autoritaires crypto-staliniennes. Et les deux parties ont beaucoup de choses en commun, par exemple l'orientation intereuropéenne, le chauvinisme national. »
Invité par le président de la République Frank-Walter Steinmeier le 7 novembre, Marko Martin a prononcé un discours critique et dérangeant. Il se demandait si le symbole de liberté que représentait la chute du mur de Berlin, et la période qu'elle a ouverte en Allemagne et ailleurs, n'était pas qu'une parenthèse en train de se refermer.
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Sat, 09 Nov 2024 - 1174 - Guerre Israël-Hamas: «Je n'en peux plus», l'interminable attente des familles d'otages thaïlandais
Après la mort de son chef Yahya Sinouar le 16 octobre, le Hamas a déclaré son refus de libérer les otages sans cessez-le-feu. Parmi eux, six Thaïlandais qui travaillaient dans des kibboutz israéliens sont toujours captifs à Gaza. Ils ont été enlevés le 7 octobre 2023 lors des attaques meurtrières contre Israël. Dans le nord-est pauvre et rural de la Thaïlande, les parents de Watchara Sriaoun, l'un d’entre eux, ne perdent pas espoir quant au retour de leur fils.
Dans la demeure familiale des Sriaoun, la télé tourne en boucle, en attendant la bonne nouvelle : que le Hamas libère Watchara, 32 ans, pour qu'il puisse enfin rentrer chez lui à Ban Kut Yang, un village paisible de la province d'Udon Thani. Pour sa mère Wiwwaeo, l'attente est insoutenable. Les dernières nouvelles du Proche-Orient, qu'elle suit chaque jour, ne la rassurent guère :
« Il y a de plus en plus en plus de violences, on ne sait pas quand la guerre prendra fin. J'ai peur pour mon fils, ça fait plus d'un an qu'il a été kidnappé et que nous sommes sans nouvelle. Que mange-t-il ? Comment dort-il ? Je n'en peux plus d'attendre. »
Depuis l'enlèvement de Watchara le 7 octobre 2023, la famille est bouleversée. Dans le salon, son père est scotché devant le téléviseur à suivre les infos en continu. Le vieil homme a souvent des absences, nous dit sa femme Wiwwaeo : « On pleure presque tous les jours, on dort mal. Mon mari perd la tête depuis qu'il n'a plus de nouvelles de son fils. On l'a emmené trois fois à l'hôpital et il a même fait un AVC. »
Malgré ce quotidien difficile, cette chrétienne raconte comment la foi l'aide à garder espoir : « Sans religion, je serais morte. Chaque dimanche, je me rends à l'église et je prie le Seigneur pour que mon fils revienne ici sain et sauf. »
Surtout, ce qui l'aide à tenir, c'est sa petite-fille de 9 ans. Elle s'appelle Nuu Dee, elle est la fille de Watchara. « La gamine vient de perdre sa mère, emportée il y a deux mois par une maladie, mais elle est forte », répète Wiwwaeo, en regardant avec douceur la fillette aux nattes tressées : « Elle sait que son père est encore en vie, elle prie aussi pour que le Hamas relâche son père et qu'il puisse à nouveau l'amener à l'école et partir en voyage avec elle. »
Travailler en Israël pour une vie meilleure
Watchara avait rejoint Israël en 2020, justement pour offrir à sa fille un avenir plus radieux. Là-bas, il gagnait deux fois plus que dans son village natal et envoyait de l'argent à sa famille endettée. Avant le 7 octobre 2023, 30 000 Thaïlandais travaillaient comme lui dans des fermes ou kibboutz israéliens. La faute aux manques d'opportunités et aux salaires miséreux, selon Wongwian, une élue locale, qui vit dans le village d'à côté :
« Certains n'ont pas d'autre choix que de partir à l'étranger. Les familles thaïlandaises avec un travailleur migrant ont une vie meilleure : ils ont assez d'argent pour s'acheter une maison, un terrain ou une voiture. »
Grâce en partie au salaire que Watchara touchait en Israël, les Sriaoun ont d'ailleurs récemment pu faire construire une maison, celle dans laquelle ils vivent actuellement et que l'otage retenu à Gaza n'a jamais vu terminée. Tous ici espèrent que Watchara pourra voir un jour la nouvelle bâtisse, où une photo de lui aux côtés de toute la famille est accrochée au mur.
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Fri, 08 Nov 2024 - 1173 - En Ukraine, l'usage médical du cannabis pourrait être étendu pour soulager les soldats ukrainiens
En Ukraine, s'il n'y a pas de chiffres officiels, on estime que 400 000 soldats ukrainiens auraient été blessés depuis le début de la guerre en 2022. Un chiffre qui ne prend pas en compte l'impact psychologique du conflit, dont le stress post-traumatique. Et beaucoup de combattants utilisent le cannabis pour lutter contre l'impact psychologique de la guerre. Depuis la légalisation du cannabis médical dans le pays, plusieurs voix du monde associatif, scientifique et politique se joignent pour demander que la loi élargisse son champ d'application pour permettre de soulager le stress des soldats. Un reportage de notre correspondante à Kiev.
Un reportage à retrouver dans Accents d'Europe.
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Thu, 07 Nov 2024 - 1172 - En Caroline du Nord, la bataille des démocrates pour garder des sièges au Congrès le 5 novembre
Aides financières à l’Ukraine, politiques migratoires, ou gestion de la dette, les décisions sur ces sujets clivants passent par le Congrès, composé du Sénat et de la Chambre des représentants. Sur les 435 sièges de la chambre basse, renouvelés en novembre, seuls une quarantaine sont jugés « compétitifs », c’est-à-dire que la course est serrée entre candidats démocrates et républicains. Dans la première circonscription de Caroline du Nord, le démocrate sortant Don Davis pourrait ainsi perdre son siège face à Laurie Buckhout, républicaine. Dans toute la région, les démocrates se mobilisent pour remporter cette élection.
De notre envoyé spécial à Henderson,
Tom, 62 ans, est venu de Virginie, État voisin de la Caroline du Nord, pour tracter, certes pour Kamala Harris, mais aussi pour d’autres candidats de cette région rurale, dont le démocrate Don Davis, qui se représente à la Chambre des représentants pour la première circonscription de la Caroline du Nord. « La seule course qui a des conséquences pour moi, c'est la présidentielle,opine Tom, cela étant dit, je sais qu’avec Don Davis, c’est une course-clé pour que les démocrates aient le contrôle du Congrès. Kamala Harris aura beaucoup de mal à faire quoi que ce soit si elle n’a pas le Congrès avec elle, donc c’est sûrement le deuxième scrutin le plus important pour moi.»
Un constat partagé par Rachel. Cette militante regrette la polarisation de la politique où un dialogue entre les deux partis au Congrès est impossible. C’est pourquoi une majorité démocrate est d’autant plus importante, selon elle. « J’ai l’impression qu’on est coincés :le président peut avoir une idée pour réduire la dette étudiante ou pour améliorer la situation pour les migrants, et ils sont coincés, car le Congrès ne passera rien,se désole-t-elle. Ou quand le Congrès et les deux partis se sont finalement mis d’accord sur une loi sur l’immigration, Donald Trumpa tout bloqué afin d’éviter que les gens pensent que la situation s’était améliorée avant l’élection… On est juste bloqués et on ne peut pas aller de l’avant. »
Les conséquences du redécoupage électoral
Don Davis avait été élu il y a deux ans avec 52 % des voix, mais les contours de sa circonscription ont depuis été redessinées par les républicains au pouvoir en Caroline du Nord, rendant cette élection gagnable pour la candidate républicaine, Laurie Buckhout. En effet, l’électorat est désormais divisé à cinquante-cinquante entre les deux partis.
Dans un QG démocrate local, Ben Lauwrence, soixante ans, véritable vétéran de la politique locale, apprécie particulièrement le programme du candidat démocrate. « Don Davis est juste en faveur des droits humains, il fait aussi campagne pour avoir des frontières plus fermées. C’est un militant qui se fait entendre pour les droits humains, les droits des femmes, les droits reproductifs et les droits de vote. C’est essentiel pour nous »,confie Ben Lawrence, pour qui le programme du candidat démocrate est à la fois centriste et progressiste.
Un bon signe pour le candidat démocrate : début octobre, sa campagne avait récolté 5,2 millions de dollars, contre 3,9 millions de dollars chez sa rivale républicaine — dont 1,6 million qu’elle a financé elle-même.
À écouter dans Grand reportageLes démocrates de Caroline du Nord à l’assaut des électeurs ruraux
Tue, 05 Nov 2024 - 1171 - En Pennsylvanie, ces régions industrielles qui ont tourné le dos aux démocrates
L’élection présidentielle aux États-Unis pourrait se jouer en Pennsylvanie, cet État industriel du Midwest. C’est le plus important des swing states, avec 19 grands électeurs en jeu. Voilà pourquoi Kamala Harris et Donald Trump multiplient les déplacements dans cet État que Joe Biden avait remporté de justesse en 2020. La région industrielle autour de Pittsburgh, autrefois bastion démocrate, est désormais tournée vers les républicains.
De notre envoyé spécial à West Mifflin,
Au bord de l’autoroute qui mène de Pittsburgh à West Mifflin, Natalie et son mari tiennent un stand permanent de produits dérivés de Donald Trump.
On y trouve des T-shirts, des casquettes, des mugset d’autres accessoires « MAGA » (« Make America Great Again », le slogan de la campagne de Donald Trump). La tentative d’assassinat contre le candidat républicain en juillet dernier a dopé leurs affaires, explique Natalie, qui soutient Donald Trump depuis 2016. « Le lendemain de l’attentat, lorsque nous avons ouvert notre stand, il y avait déjà une queue d’environ 50 mètres. Elle n’a pas diminué de toute la journée ! Nous avons dû fermer plus tôt parce que nous avions tout vendu. » Et à quelques jours de l’élection, le stand attire toujours du monde. Mike, un ancien militaire, vient acheter une pancarte portant le slogan « Les vétérans pour Trump ».
L’espoir d’un retour de Trump
Mike ne rêve que d’une chose : le retour de Donald Trump. Comme beaucoup de ses partisans, il affirme qu’il vivait mieux sous sa présidence de 2016 à 2020. Il reproche à l’administration Biden d’avoir laissé entrer trop de migrants illégaux, dont la moitié, selon lui, « seraient des terroristes potentiels ». Une rhétorique typiquement trumpiste.
Mais ce n’est pas seulement l’immigration qui préoccupe ce vétéran. L’inflation, il l’impute entièrement à l’administration Biden. Tout a augmenté, dit-il : le prix de l’essence, les impôts, les taux d’intérêt, sans parler des produits alimentaires. « Il y a quatre ans, 12 œufs coûtaient environ un dollar. Aujourd’hui, c’est le triple ! » Mike estime que si Donald Trump ne revient pas au pouvoir, « on finira comme un des pays socialistes en Europe ».
Quel avenir pour l’industrie sidérurgique ?
Mais justement, comment relancer l’économie locale dans cette région où battait autrefois le cœur de l’industrie sidérurgique américaine ? Les syndicats soutiennent le rachat du groupe sidérurgique US Steel par le géant japonais Nippon Steel, espérant ainsi protéger des emplois.
Mais ce projet est devenu un sujet électoral brûlant, car les deux candidats à la présidence s’y opposent. Ils refusent que cette compagnie passe sous contrôle étranger. Une décision incompréhensible pour Chris Kelly, le maire de West Mifflin. Ce fils d’ouvrier, né à Homestead, a vu la grandeur et le déclin de la sidérurgie dans la région. Il se bat aujourd’hui pour préserver les emplois dans sa ville, qui est le siège d’une usine de transformation d’acier d'US Steel qui compte environ 900 employés. Selon le maire, « la fusion pourrait attirer 10 000 à 15 000 ouvriers qui auront besoin de se loger, de manger. Cela créerait des emplois ! »L’inquiétude d’être licenciés si la fusion ne se fait pas est grande chez les employés d’US Steel. « Ce sont surtout les femmes qui m’appellent. Elles me demandent : comment je vais faire pour payer le crédit de la maison et les frais scolaires ? »,explique Chris Kelly.
Un sentiment d’abandon
Chris Kelly ne sait pas comment le conflit autour de la fusion influencera le vote. Il y a quatre ans, sa ville de West Mifflin avait préféré Joe Bidenà Donald Trump, mais le candidat républicain s’était imposé dans l’ensemble du comté de Washington voisin, notamment grâce au soutien d’électeurs comme Jason White.
Ancien ouvrier du charbon, Jason s’est reconverti dans l’agriculture. Autrefois fervent démocrate, il se sent aujourd’hui abandonné par son parti. « Notre gouverneur vient d’annoncer un investissement de 600 millions de dollars pour Pittsburgh. Et que fait-on pour la région ? En fait, ils ignorent les besoins des gens et de l’industrie ici. »Jason White ne peut plus voter pour les démocrates : « Ce parti est devenu trop extrême sur des questions d’identité sexuelle », dit-il.
Des sympathisants de Trump partagés
Dans ce comté, il est rare de voir des pancartes pro-Harris devant les maisons. La plupart des habitants affichent ouvertement leur soutien à Donald Trump.
Cependant, certains républicains ont décidé de voter pour Kamala Harris. C’est le cas d’Augusta Doll, surnommée « Queen », originaire du Nigeria. Propriétaire d’une épicerie à Charleroi, le Queen’s Market, elle reproche à Donald Trump son discours anti-immigration. « La plupart de mes clients sont des Haïtiens, j’emploie des Haïtiens, ils travaillent très bien. Si Trump veut tous les expulser, je peux fermer mon magasin », explique-t-elle. « Avant l’arrivée des immigrants, Charleroi était une ville fantôme, ils l’ont revitalisée », confie une habitante sous anonymat, car, selon elle, « ma position n’est pas majoritaire à Charleroi ».
Assis devant un bar à cigares près de Charleroi, nous rencontrons Frederick, ancien officier de police et fervent partisan de Donald Trump. « Si Kamala Harris gagne l’élection, on est foutus », affirme-t-il. Le jour du vote, il compte se rendre aux urnes vêtu d’un sac-poubelle, en réponse à Joe Biden qui avait qualifié les partisans de Trump d’« ordures ».
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Tue, 05 Nov 2024 - 1170 - En Arizona, le porte-à-porte pour convaincre les électeurs latinos d'aller voter
Il y a quatre ans, c’est en grande partie le vote des électeurs originaires d’Amérique latine qui avait permis de faire élire Joe Biden en Arizona, un État où les Latinos représentent un quart de l’électorat. Quatre ans après, les équipes de Kamala Harris et du parti démocrate ont investi des millions d’euros pour mobiliser cet électorat. Spots publicitaires en anglais et en espagnol, évènements publics et, comme à chaque élection, le porte-à-porte pour convaincre les derniers indécis d’aller voter.
De notre envoyée spéciale à Phoenix,
Anna Hernandez est candidate pour le conseil municipal de Phoenix. Aux côtés d’une autre candidate de la communauté latino, Ylenia Aguilar, et des volontaires, elle s’apprête à faire du porte-à-porte. Son conseiller rappelle les dernières directives : « Dans le quartier où nous allons, il y a encore 1 900 bulletins qui n’ont pas été déposés, ça veut dire qu’il y a des gens qui n’ont pas encore voté, il faut les aider. Donc vous frappez aux portes et vous expliquez aux gens qu’ils ne peuvent plus les envoyer par la poste, c’est trop tard. Il faut aller dans n’importe quel centre et glisser ça dans une boîte. C’est encore possible jusqu’à mardi. »
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Sur place, beaucoup de portes resteront fermées. Pas de quoi décourager Anna Hernandez et son acolyte Francisca, exilée du Venezuela il y a 17 ans. « On a vécu la même chose au Venezuela en 1998. Une énorme polarisation, l’économie était au centre de la bataille,rappelle Francisca. Une femme s’apprêtait à gagner les élections, mais le peuple a choisi Chavez, un homme qui a tenté deux fois de prendre le pouvoir par la force. La polarisation est créée par un tissu de mensonges et c’est dégoûtant la manière dont on a déshumanisé les Latinos en Arizona. Ce sont eux les travailleurs ! Mon peuple. »
Des électeurs désabusés
Pour frapper aux portes et nouer le dialogue avec les habitants, parler espagnol est un atout. Une porte s’ouvre et Ylenia Aguilar se présente : « Bonjour Griselda, je m’appelle Ylenia Aguilar, je suis candidate pour siéger à la Commission qui régule les services comme l’électricité, l’eau et le gaz dont les prix explosent. Je veux être élue pour lutter contre les monopoles. »
Problème, Griselda, 26 ans, ne veut pas donner sa voix aux démocrates cette fois. « Non, vraiment !, insiste-t-elle. J’ai une petite entreprise et je trouve que Trump offrait plus de choses que Harris. Les petits commerces s’en sortaient mieux quand ce type était président. Aucun des deux ne me plait vraiment. Si je choisis, ce sera lui. » La femme n’en démord pas et la discussion dérive sur la gastronomie mexicaine. Ylenia Aguilar accuse le coup : « Parfois, on me dit carrément : “Je ne veux pas parler aux démocrates”. Les gens sont désabusés. Ils ne comprennent pas que l’inflation vient de politiques qui ont été menées sous Donald Trump, et donc ils le font payer à Biden et Harris. »
Une fatigue des électeurs latinos qui pourrait coûter la victoire à Kamala Harrisdans l’Arizona. Mais jusqu’au bout, y compris le mardi du vote, ces candidates le promettent : elles frapperont aux portes.
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Tue, 05 Nov 2024 - 1169 - États-Unis: en Caroline du Nord, l’accès à l’avortement face à l’afflux de patients des États du Sud-Est
À la veille de l'élection présidentielle, Kamala Harris continue de faire campagne sur l'une de ses mesures phares, le rétablissement de l’accès à l’avortement dans l’ensemble du pays. Dans le sud-est du pays, la Caroline du Nord est désormais l’État le plus proche pour avoir accès à l’avortement. Il y est autorisé jusqu’à 12 semaines. Dans cet État, les associations d’accès à l’avortement ont vu les demandes augmenter, entraînant des difficultés pour y répondre.
De notre envoyé spécial à Greensboro, en Caroline du Nord,
La nomination de juges conservateurs par Donald Trump avait permis de mettrefin à l’arrêt Roe v Wade et de laisser à chaque État le choix de légiférer sur l'avortement. Depuis, 21 États ont interdit partiellement l’avortement et 13 totalement. Certains, comme le Texas, poursuivent également en justice quiconque aiderait une personne à avorter.
Suite à cette vague d’interdictions, la Caroline du Nord reçoit de nombreuses patientes en provenance d'États du Sud-Est des États-Unis qui cherchent à avorter. Certaines semaines, l’association où travaille Camille reçoit le double, voir le triple du nombre d’appels. « On parle de devoir quitter sa ville, son village, son comté, pour aller dans un autre comté ou un autre État pour bénéficier des soins dont on a besoin, explique-t-elle. En sachant que dans le Sud, on ne peut pas se sentir en sécurité en allant voir son médecin quand on est Noire, queer ou femme. Et tous ces facteurs s’amplifient quand il faut quitter son État pour recevoir des soins. »
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De son côté, Brandi, elle aussi impliquée dans des associations d’accès à l’avortement, a parfois du mal à gérer cet afflux de demandes. « C’est dur parfois de mettre des limites, car l’accès à l’avortement pour certains peut être une question de vie ou de mort,se désole-t-elle, ça peut déterminer le reste de leur vie. »
Brandi avoue éprouver beaucoup de pression : « Si je ne réponds pas à ce message, cette personne n’aura peut-être pas accès aux soins dont elle a besoin. Les gens savent qui on est et ce que l’on fait. Parfois, je ne peux pas aller au restaurant sans qu’on me demande où trouver ceci ou comment faire cela... Et ça a aussi des conséquences sur mon travail et ma capacité d'écoute. »
À écouter dans La Marche du mondeUSA/IVG: un droit juridique, une histoire politique
Les dépenses pour se faire avorter explosent
Ces associations fournissent un accompagnement psychologique, mais surtout matériel et financier. Et le nombre croissant de demandes implique forcément plus d’argent. « Avant, c’était : "Il faut qu’on trouve 200 dollars pour aller dans une autre ville pour se faire avorter", témoigne Brandi. Maintenant, il faut trouver 800 dollars pour prendre l’avion et se faire avorter… Notre travail ne se résume pas à quelques jours d’appels et de SMS, il y a beaucoup d’emails et de panique. »
Et ces militants pour l’accès à l’avortement sont parfois la cible de menaces ou de harcèlement en ligne, comme l’explique une autre militante, Morgan Carter. « Ils vous trouvent sur les réseaux sociaux et vous envoient des messages… J’ai de la chance, je n'en ai pas reçu autant que d’autres, mais on reçoit des messages où on nous traite d'assassin. Et c’est tout simplement faux,s'indigne-t-elle.En plus, les théories complotistes d’extrême droite s’y ajoutent. Parfois, je ne comprends même pas les messages, je me dis OK et je passe à autre chose. »
Mais ces militants s’émeuvent de l’augmentation du nombre d’initiatives locales et d’entraides pour garantir l’accès à l’avortement.
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Mon, 04 Nov 2024 - 1168 - Le Mexique, victime de la politique migratoire des États-Unis
À quelques jours de l'élection présidentielle aux États-Unis, le thème migratoire est un enjeu majeur de la campagne, qui cristallise les attentes des électeurs. En 2023, 2,5 millions de personnes ont été arrêtées en franchissant la frontière entre le Mexique et les États-Unis. Donald Trump promet de fermer la frontière et Kamala Harris s’engage à durcir les conditions d’entrée sur le territoire américain. Ces derniers mois, face à l’affluence record de personnes en migration poursuivant le rêve américain, les États-Unis ont mené une politique très restrictive, qui a abouti à une diminution de passages illégaux de la frontière.
De notre correspondante à Mexico,
Au Mexique, les propositions des candidats à la présidentielle étasunienne sont scrutées avec beaucoup d’attention, et d’inquiétude aussi, car le pays est le premier à subir les conséquences de la politique migratoire de son voisin du Nord. En effet, ces dernières années, sous pression américaine, le Mexique joue de plus en plus le rôle de seconde frontière, en empêchant les migrants de remonter vers le Nord et de « saturer » la frontière américaine. Résultat : les migrants restent coincés au Mexique, par exemple à Mexico, la capitale, qui n’était avant qu’un lieu de passage, et qui est devenue le lieu d’une attente interminable pour les migrants, dans des conditions difficiles.
Dans le quartier populaire de La Merced, en plein cœur de la capitale, un camp informel fait de structures métalliques et de bâches colorées fait face à l’église de la Soledad. Il accueille plusieurs centaines de personnes migrantes. Jean vient d’arriver et s’apprête à s’y installer. « C’était difficile de manger, car il n’y a pas de travail [à Tapachula], c’est pour ça que je suis venu ici, à la capitale », explique cet Angolais arrivé tout juste de Tapachula, à la frontière Sud du Mexique, où il a passé huit mois.
À ses côtés, Ursule Kimino explique qu'ils ont déjà essayé de passer la frontière. « On est tombés sur l'immigration, ils ont renvoyé les gens à Tabasco, à plusieurs reprises. Il y a encore tout le chemin à faire, on n'a plus d’argent, on n’a même plus de quoi manger… C’est dur », témoigne cette Congolaise de Brazzaville. Elle vit dans ce camp du quartier de La Merced depuis trois mois.
Ursule Kimino ne veut plus bouger. Elle est épuisée par les obstacles qui freinent la progression des migrants vers le Nord. « C'est dangereux avec l’immigration et aussi de prendre les bus, il y a la mafia qui kidnappe les gens et qui demande des rançons à la famille. Donc, c’est difficile. Si l’immigration pouvait nous faciliter les choses, si on pouvait prendre les bus sans problème, on serait peut-être en sécurité ».
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Des rendez-vous attribués au hasard
La jeune femme attend de décrocher un rendez-vous pour faire une demande d’asile. Tout comme Dario, un vénézuélien de 34 ans qui a été séparé de sa femme et de sa fille et espère les retrouver à Chicago. « Ils m’ont expulsé et elles ont pu rester. Moi, j’ai passé 17 jours dans un centre de détention, puis ils m’ont renvoyé à Tapachula », se désole-t-il.
À Mexico, Dario fait des petits boulots et attend, suspendu à son téléphone, à l’application de la migration américaine CBP One qui attribue des rendez-vous au hasard. « Ça fait sept mois que j’attends une audience. Il faut se connecter tous les jours. On ne sait rien, c’est le système qui décide », rapporte-t-il.
À Mexico, le nombre d’espaces dans les refuges manquent. Les récentes politiques migratoires américaines font que les personnes attendent au Mexique beaucoup plus longtemps. « [Les personnes migrantes] commencent à avoir des crises d'anxiété, de stress,dénonce Karla Medina, responsable des opérations chez MSF Mexico, certains commencent à faire de la dépression à cause de cette situation d'incertitude, l’inquiétude qu'ils ressentent en attendant de savoir qui prendra le pouvoir aux États-Unis... Que va-t-il se passer pour chacun dans leur parcours migratoire ? »
Dans un autre camp au Nord de la ville, Juan Manuel anime chaque semaine avec un groupe de bénévoles des jeux avec les enfants des familles en migration. « Le principal problème que je vois dans les camps, c’est la sécurité,alerte-t-il.Parce que l'État est absent, parce qu'il se décharge de toutes les responsabilités qu'il a envers [les personnes migrantes]. »
Victime de violences, de discrimination, d’extorsions… selon MSF, les agressions envers les migrants dans la rue se sont multipliées ces derniers mois à Mexico.
À écouter dans Grand reportageTapachula, entre gigantesque refuge et prison à ciel ouvert
Sun, 03 Nov 2024 - 1167 - Enseignement aux États-Unis: l'école, champ de bataille idéologique autour des programmes scolaires
Si la politique nationale est plus que divisée depuis des années, ces tensions se retrouvent aussi à l'échelle local aux États-Unis. Ces accrocs sont cristallisés par les élections pour les postes aux conseils d'éducation (« Board of Education »). À l'échelle de chaque comté, ces élus ont leur mot à dire sur le budget et la gestion des écoles publiques. Mais ils ont surtout une influence sur les programmes scolaires. Et les conservateurs mènent une bataille féroce pour limiter l'enseignement de sujets liés aux thèmes LGBTQ+, au racisme ou aux questions de genre, tandis que démocrates et progressistes cherchent à discuter de ces sujets dans les salles de classe.
De notre correspondant à Cary en Caroline du Nord,
Une douzaine de démocrates sont réunis pour faire du porte-à-porte. Mais aujourd'hui, la journée est consacrée aux enseignants et à l'éducation, alors que dans la campagne pour la présidentielle américaine, de nombreux élus républicains accusent les enseignants d' « endoctriner » les élèves avec les thèmes LGBTQ+ ou avec les sujets liés aux minorités. Des accusations que ne supporte plus Keri McCauley, militante démocrate :
« La diversité, l'équité et l'inclusion, des termes utilisés par les républicains pour faire peur, pour que les gens pensent que nos enseignements endoctrinent nos enfants pour qu'ils soient gays ou lesbiennes, c'est absolument ridicule. »
Pour appuyer leurs propos, les démocrates ont fait appel à une enseignante, Kimberly Jones. Pour elle, l'école est le nouveau champ de bataille des républicains : « Comme on le voit dans des régimes extrêmes dans le monde, ils utilisent les méthodes que l'on voit souvent à l'œuvre dans les régimes extrémistes. Ils commencent avec les enfants pour s'assurer que seules leurs convictions et leurs visions du monde seront présentées aux enfants. »
Une des conséquences est l'interdiction par des élus républicains de livres dans les écoles publiques, ce à quoi s'oppose le démocrate Tyler Swanson, candidat à sa réélection pour le conseil d'éducation du comté de Wake : « Les livres et les bibliothèques sont des fenêtres pour que les élèves découvrent un autre monde que le leur. Ça leur permet d'aller dans un lieu où ils se sentent en sécurité, se sentent visibles, où ils peuvent imaginer un autre monde. »
« Chacun a le droit d'avoir ses propres opinions »
À une centaine de kilomètres à l'ouest, dans le comté de Wilson, Blake Boykin est aussi candidat à sa réélection au conseil d'éducation, mais avec le Parti républicain. Pour lui, toutes ces questions ne sont tout simplement pas du ressort de l'école :
« Sur l'identité de genre et les préférences sexuelles, chacun a le droit d'avoir ses propres opinions, à vivre sa vie comme il le souhaite. Et ni moi, ni personne d'autre, ne veut porter atteinte à ça. Ce que je ne veux pas, c'est que ce soit à des enfants très jeunes qu'on puisse leur dire qu'une personne peut naître comme garçon et se réveiller et devenir une fille. Cela crée de la confusion, surtout à un jeune âge. »
Cette guerre culturelle ne touche pas seulement la Caroline du Nord. Pour les interdictions de livres, l'association Pen America a recensé au deuxième semestre de 2023 plus de 4000 interdictions de livres dans l'ensemble du pays. Un chiffre qui a plus que doublé par rapport au précédent semestre.
Sat, 02 Nov 2024 - 1166 - En Haïti, on regarde la présidentielle américaine sans grande illusion
Alors que les États-Unis s’apprêtent à choisir leur prochain président, les Haïtiens suivent cette élection avec une attention particulière. À Port-au-Prince, les avis sont partagés : d'un côté, l'espoir de voir Kamala Harris adopter une politique migratoire plus clémente, de l'autre, la crainte d'une réélection de Donald Trump, perçu comme un danger pour les immigrants haïtiens. Dans les rues de Port-au-Prince, des citoyens livrent leurs réflexions, leurs inquiétudes et leurs attentes de cette élection.
De notre correspondant à Port-au-Prince,
Les échos de l'élection américaine résonnent jusqu'à Port-au-Prince. On en discute un peu partout, dans la rue, au travail... De nombreux Haïtiens placent leurs espoirs en Kamala Harris, la candidate démocrate. À l'image d'Abigail, étudiante en psychologie à l'université d'État d'Haïti : « Je suis inquiète à l'idée que Donald Trump puisse remporter les élections en raison de ses annonces sur l'expulsion massive de plusieurs milliers d'Haïtiens. S'il arrive vraiment à expulser tous ces Haïtiens en Haïti, où l'insécurité prend de l'ampleur, la situation deviendrait bien plus grave. Je préférerais que Kamala Harris gagne l'élection. »
Au cœur des préoccupations : les menaces répétées de Donald Trump sur l'expulsion des Haïtiens qui vivent aux États-Unis. L'épisode de Springfield, en septembre, a marqué la campagne et les esprits. Le candidat républicain s'était fait menaçant en déclarant vouloir expulser les Haïtiens de cette localité de l'Ohio, au motif qu'ils mangent leurs chiens et leurs chats.
Des accusations totalement infondées, démenties par les autorités locales. Mais si le nom de Trumpest perçu comme un repoussoir, des citoyens se mettent plutôt du côté de Kamala Harris avec toutefois un scepticisme quant à la capacité des démocrates à réellement changer la situation en Haïti. Paul vit à Pétion-ville. Toute sa famille est installée aux États-Unis depuis cinq ans. S'il penche pour la candidate démocrate, il reste malgré tout sceptique :
« Ma femme et mes enfants sont aux États-Unis. J'aimerais que ce soit Kamala Harris, mais j'ai quelques doutes à son sujet. Pour moi, d'un côté, la campagne de Kamala est biaisée, parce qu'elle prône l'homosexualité, l'équité de genre et l'avortement. Ce qui, à mon avis, n'est pas moral. »
« Les Américains ne feront rien pour nous »
Dans cette mosaïque d'opinions, d'autres Haïtiens ont une tout autre lecture de la situation. Sans illusion, ils sont convaincus qu'aucun des deux candidats ne changera la donne pour Haïti. C'est le cas de Philogène, un trentenaire croisé à Pétion-ville :
« Aucun de ces deux candidats n'apportera une solution durable pour Haïti. Donald Trump est raciste et il a déjà déclaré qu'il procéderait à une grande déportation de migrants haïtiens. Quant à Kamala Harris, on ne peut pas en attendre grand-chose, car ce sont déjà les démocrates qui sont au pouvoir et regardez comment ils traitent Haïti. Les Américains ne feront rien pour nous. En fait, ils y sont pour beaucoup dans nos conditions de vie exécrables. »
Qu'il s'agisse de Donald Trump ou de Kamala Harris, les grands discours de campagne n'apportent aucune réponse concrète à la crise que traverse Haïti. La proximité géographique entre les deux pays n'y change rien. Aucun des deux candidats n'a proposé de plan pour la sécurité ou la stabilité d'Haïti.
À écouter aussi le Journal d'Haïti Élections aux États-Unis : la menace du charcutage des circonscriptions
Fri, 01 Nov 2024 - 1165 - Dans son conflit avec la Chine, Taïwan observe de près la présidentielle américaine
Menacée quotidiennement par la Chine, qui nie toute souveraineté taïwanaise, la petite île de 23 millions d'habitants suit de très près l'élection présidentielle américaine. Car Taïwan dépend largement des États-Unis, son premier partenaire stratégique, pour assurer sa protection. Côté républicain, Donald Trump a multiplié les commentaires négatifs envers Taïwan, tandis que côté démocrate, Kamala Harris est restée prudente sur la position à adopter envers l'île. Alors, comment cette élection est perçue au sein de la société taïwanaise, à moins d'une semaine des premiers scrutins ?
De notre correspondant à Taipei Jules Bois,
Comme tous les mardis soir, Chang-De retrouve son association de protection civile. Le jeune homme de 23 ans se prépare en cas de catastrophe naturelle, mais également en cas de conflit ouvert avec la Chine. Les élections américaines ont beau être loin de son quotidien, savoir qui l'emportera a son importance : « Peut-être qu'au fond, je préfère Trump. Parce que lors de son dernier mandat, il a franchi beaucoup de limites en faveur de Taïwan que le système diplomatique américain n'osait pas faire auparavant. »
Pour Taïwan, l'enjeu est là : savoir comment les États-Unis protégeront Taïwan face à la Chine. Wu'er Kaixi, ancien leader étudiant des manifestations de la place Tian'anmen, est désormais un proche du parti présidentiel, fermement opposé à l'existence d'une seule Chine : « Taïwan observe les États-Unis de près. Mais le tableau d'ensemble est bon. Les États-Unis sont parvenus à ce consensus : nous ne pouvons pas laisser un scénario comme l'Ukraine se passer dans le détroit de Taïwan. »
Prudent, il n'affiche aucune préférence, mais selon lui, peu importe qui sera bientôt à la tête de la Maison Blanche, Taïwan sera obligé de composer avec : « Je ne pense pas que nous ayons tellement le choix. Je pense que Taïwan aura une bonne attitude envers les États-Unis, quelle que soit la personne qui arrivera au pouvoir. »
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« Trump est une personne qui va essorer Taïwan»
Alexander Huang est directeur des affaires internationales du KMT, principal parti d'opposition qui rejette toute volonté d'indépendance. Le parti ne soutient officiellement aucun candidat en particulier, mais le projet des républicains pour Taïwan l'inquiète : « Trump veut que nous payions plus. Sous Trump, nous avons dépensé chaque centime pour ce que nous avons acheté. Donald Trump est une personne qui va essorer Taïwan pour augmenter nos investissements et nos dépenses de défense. Et ce sera financé par les impôts taïwanais, jamais par les impôts américains. Je pense que ça aura un goût vraiment amer pour n'importe quel politicien, quel que soit son parti. »
Mais selon lui, les démocrates de Kamala Harris, quoique plus modérés, sont sur la même ligne : « Peu importe qui gagne, il y a un consensus à Washington pour que Taïwan continue à augmenter son budget de la défense. Donc, nous voulons bien augmenter ce budget, mais en se focalisant aussi sur l'éducation et les exercices d'entraînement. Parce que des soldats très bien formés combattent mieux. »
Tous s'accordent sur la continuité d'un soutien américain, mais les moyens qu'emploieront républicains ou démocrates pour défendre l'île auront un impact majeur sur Taïwan pour les quatre prochaines années.
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Thu, 31 Oct 2024 - 1164 - Sénégal: le discours de Donald Trump, entre appel nationaliste et incrédulité
Direction le Sénégal pour ce troisième épisode de notre série sur la présidentielle américaine vue d'ailleurs. L'un de ces « shitholes countries » (« pays de merde ») dont avait parlé Donald Trump lorsqu'il était à la Maison Blanche. En 2018, la phrase avait beaucoup choqué parmi les Sénégalais. Si le scrutin passe quasiment sous les radars cette année en raison d'élections législatives très prochainement. Reportage sur la façon dont le discours du candidat républicain a pu un temps trouver une résonance.
De notre correspondant à Dakar,
« On voyait même, au niveau du Sénégal, certains qui ont sorti des slogans ''Sénégal First'', car Donald Trump disait ''America first''. » Lors de la campagne présidentielle de 2016, le Front pour une révolution anti-impérialiste populaire et panafricaine (Frapp) accueillait avec intérêt la vision promue par Donald Trump.
Souleymane Gueye, membre du secrétariat exécutif national de l'organisation, se souvient du premier point de vue de son organisation sur l'arrivée de Donald Trump : « À cet instant-là, c'est un discours un peu nouveau de ce que proposent les États-Unis qui, normalement, appellent à un système-monde multilatéraliste, mais dominé par les États-Unis. Donc, Donald Trump qui vient pour casser ce système multilatéraliste, nous, on l'avait vu comme une première étape pour casser ce système-monde. »
Un écho aux courants nationalistes locaux
Mais les propos deviennent rapidement nationalistes, xénophobes : inacceptable pour le Frapp, qui promeut une solidarité internationale. Le mouvement observe néanmoins la rhétorique apparaître dans son pays. « Ici, au Sénégal, on a eu il y a deux ans un petit courant nationaliste qui parlait d'immigration des Guinéens. On leur a dit que, justement, le discours qu'ils plébiscitaient et qui proliférait est celui de Donald Trump, et il s'appuie sur les mêmes bases », se rappelle Souleymane Gueye.
Le professeur Ousmane Sène, spécialiste des États-Unis et directeur du West African Research Center, a vu la rhétorique nationaliste de Donald Trump prospérer partout. Au Sénégal, c'est davantage le souverainisme qui est porté par les mouvements citoyens ou politiques.
« S'enraciner d'abord avant de s'ouvrir »
Mais celui-ci doit être pensé dans la mondialisation, prévient l'universitaire : « Le souverainisme ne peut pas se contenter de s'arrêter au discours. C'est-à-dire que ce sont vos propres ressources qui seront le moteur principal de votre développement. Mais dire qu'on le fera sans pouvoir avoir cette coopération internationale qui puisse nous permettre d'inciter les investisseurs à venir et avoir une politique avec les États... Je ne vois pas un seul pays qui puisse le faire dans le monde, et encore moins en Afrique. »
Pape Abdoulaye Touré, coordinateur du mouvement citoyen Sénégal Notre Priorité et soutien du Pastef, n'en demande pas plus : « Nous, notre philosophie et notre idéologie, c'est de s'enraciner d'abord avant de s'ouvrir. Mais ça ne veut pas dire se fermer pour exclure tout le monde. Par exemple, les Africains ne peuvent pas à eux seuls construire l'Afrique. Donc, ça sera un partenariat gagnant-gagnant, c'est tout ce que nous demandons. »
Pour lui, les premières mesures prises par le nouvel exécutif vont dans la bonne voie. Au Sénégal comme aux États-Unis, il estime que le plus important est de répondre aux aspirations du peuple.
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Wed, 30 Oct 2024 - 1163 - En Ukraine, la population plus inquiète de la guerre que du résultat de la présidentielle américaine
En Ukraine, si les élections américaines et les professions de foi des candidats sont observées, du côté du gouvernement, il n'y a pas d'annonce officielle sur une préférence pour la candidate démocrate ou le candidat républicain. Et du côté de la population, c'est surtout la guerre qui est dans les esprits.
De notre correspondante à Kiev,
Depuis le début de l’invasion à grande échelle de l’Ukraine par la Russie, les États-Unis ont soutenu l’effort de guerre et de défense ukrainien à hauteur de plus de 64 milliards de dollars. Washington est le partenaire militaire le plus important pour Kiev, mais pour Mykhailo Podolyak, le conseiller de Volodymyr Zelensky, cette présidence ukrainienne voit ces élections se rapprocher sans inquiétude formulée. « Les États-Unis sont un partenaire clé de l’Ukraine. C’est un pays qui garantit le fonctionnement du droit international. C’est pourquoi nous suivons la situation avec beaucoup d’attention »,affirme-t-il.
Mais le conseiller du président ukrainien n'affirme aucune préférence :« L'Ukraine d’aujourd’hui, d’après ce que je comprends, bénéficie du plein soutien institutionnel des partis démocrate et républicain,assure-t-il. Et je comprends que ce soutien se poursuivra, encore une fois, quel que soit celui qui occupera la Maison Blanche pour le prochain mandat. »
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« Je veux que le candidat qui contribuera à la victoire de l’Ukraine gagne ! »
Du côté de la population, on suit ce qui se passe de l’autre côté de l’Atlantique, avec toutefois davantage d’intérêt pour les conséquences locales de cette élection que les résultats à proprement parler.
« Je pense que si, d’une manière ou d’une autre, cela affectait si fortement notre sort, celui de l’ensemble du peuple ukrainien, nous aurions suivi ces élections de plus près,affirme un habitant de Kiev. Mais nous nous préoccupons davantage de nous-mêmes en ce moment et davantage de la guerre dans le pays que des élections quelque part, par là-bas...»
Une autre passante donne son avis :« Je veux que le candidat qui contribuera à la victoire de l’Ukraine gagne ! » La femme avoue avoir un candidat préféré, mais refuse de révéler son nom.
Si cet autre habitant de Kiev penche pour les démocrates, il pense surtout aux conséquences sur la guerre : « Si vous vous demandez qui, selon moi, va gagner, je ne le sais pas. Je pense que je suis plutôt pour les démocrates, pour Mme Kamala Harris. Mais quoi qu’il en soit, l’Ukraine travaillera avec celui que le peuple américain choisira comme président. »
En Ukraine, l’enjeu de ces élections n’échappe à personne, mais la population se focalise plutôt sur la guerre qu’elle subit au quotidien. Pendant les deux années et demie de guerre, des délégations des deux partis, républicains et démocrates, se sont succédé pour assurer le soutien américain à Kiev. Pour l’instant, c’est assez d’assurance pour les Ukrainiens qui vivent au jour le jour.
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Tue, 29 Oct 2024
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