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Revue de presse Afrique

Revue de presse Afrique

RFI

Les commentaires des quotidiens et hebdomadaires africains sur l'actualité du continent. Présentée du lundi au jeudi par Frédéric Couteau, le vendredi et le samedi par Catherine Potet. Un regard original, souvent ironique et parfois sans complaisance sur les événements petits et grands qui font l'actualité de l’Afrique.

743 - À la Une: la colère des journalistes sénégalais
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  • 743 - À la Une: la colère des journalistes sénégalais

    Les journalistes sénégalais sont en colère, parce que l'un des leurs, le directeur de publication de la Tribune, a été convoqué jeudi à la section des recherches de la gendarmerie. Et il n'est pas le seul, le directeur de publication du journal le Quotidien, a lui aussi été convoqué. À sa Une, Sénéplus publie la réaction de la CAP, la Coordination des associations de la presse. Voici ce qu'elle dit : « Nous sommes d'autant plus désolés et tristes que cela arrive à moins de deux mois seulement de la prise de fonction du nouveau régime, dont les principaux dirigeants sont devenus des symboles vivants de ces lois liberticides et rétrogrades contre la liberté d'expression ». C'est le cas de Pape Moussa Traoré qui préoccupe particulièrement la CAP. « Le directeur de la publication dela Tribunea été convoqué par la gendarmerie », nous dit Seneplus, « suite à un article publié par son journal sur la mutation du général Souleymane Kandé en Inde ». Également remonté contre la convocation des directeurs de publication dela Tribune et duQuotidien, Ibrahima Lissa Faye, le président de l'Association des éditeurs et professionnels de la presse. Dans un post repris par Sénégo, il s'indigne : « Nous pensions avoir dépassé ce stade. Ousmane Sonko, vous ne nous aviez pas promis ça. La liberté de la presse est sacrée. Personne, ni une autorité, ni un État ne peut la brider ».

    L'objet du litige

    Le Quotidien dont le directeur de la publication a également été convoqué par la gendarmerie, a publié un article expliquant que « le Général Souleymane Kandé(ex-chef d'état-major de l'armée de terre) devra se contenter du titre d’Attaché militaire en Inde, si la Cour suprême confirme son affectation ». Une affectation qu'il semble devoir au fait « de s’être opposé à une volonté du Premier ministre ». Ousmane Sonko qui aurait l'intention de « dénoncer les accords militaires passés avec la France, les États-Unis, le Canada et la Grande-Bretagne ».  Pour aller dans ce sens, le Premier ministre aurait demandé au ministre des Forces Armées, et à l'état-major, de lui faire des « recommandations ». Ce que Souleymane Kandé, « comme beaucoup d'autres officiers », nous dit le Quotidien, aurait refusé, « avançant qu’il ne relevait pas des prérogatives du Premier ministre de remettre en cause des accords militaires votés par l’Assemblée nationale ». Conclusion de Dakar Matin, en forme de question : « Ousmane Sonko n’aurait pas du tout apprécié cette réponse qu’il considère comme un camouflet personnel. Est-ce pour cela qu’il a demandé sa tête à Bassirou Diomaye Faye ? », interroge le journal.

    Journalistes licenciés au Niger

    Actu Niger publie le communique du Réseau des Journalistes pour les Droits de l'Homme, le RJDH, qui dénonce le « licenciement abusif » de trente journalistes de Canal 3 Niger. Selon ce communiqué, « ce licenciement abusif fait suite à la tenue d’un sit-in pacifique organisé par des agents de Canal 3 Niger pour réclamer deux mois de salaire impayés sur une période de douze mois ». « Ces journalistes, qui ont servi avec dévouement et professionnalisme malgré des conditions de travail difficiles, ont simplement revendiqué leur droit fondamental à une rémunération juste et régulière, poursuit le RJDH, qui demande la réintégration immédiate des journalistes licenciés et le paiement intégral des salaires impayés ».

    Happy Birthday

    L'anniversaire de Naomi Campbell est raconté par la presse. La célèbre mannequin a choisi Marrakech pour «un anniversaire de rêve», nous dit Bladi.net. Pour fêter ses 54 ans, Naomi Campbell a eu droit à un programme de choix. « Danse et chants traditionnels marocains ». «La super model», précise le site d'information marocain,  « a tenu à remercier sa famille et ses amis qui ont fait de cette semaine un rêve ». Sans oublier les couturiers qui l’ont habillée au cours de ce séjour : « La maison Alaïa, ainsi que la styliste marocaine Zineb Joundy qui l’a habillée d’un caftan marocain». À 54 ans, admire Bladi.net, «Naomi Campbell garde le corps de ses 20 ans».

    Fri, 31 May 2024
  • 742 - À la Une: «Rwanda Classified», l’enquête internationale sur le régime rwandais…

    Il s’agit d’une vaste enquête journalistique qui a mobilisé 50 journalistes de 17 médias, dont Le Monde Afrique, dans 11 pays. Une enquête coordonnée par le collectif Forbidden Stories, avec comme point de départ la mort suspecte du journaliste John Williams Ntwali à Kigali en janvier 2023. Une enquête qui révèle la mécanique répressive mise en œuvre par le Rwanda, y compris hors de ses frontières, loin de l’image de pays modèle promue à l’étranger. Ou comment le Rwanda entretient son image en Occident, en se payant les services d’experts en relations publiques aux États-Unis et au Royaume-Uni, mais aussi en ciblant opposants, dissidents ou encore journalistes à l’aide du logiciel Pegasus… « Un logiciel espion ultrasophistiqué pour téléphone commercialisé par la société israélienne NSO Group. Si les autorités de Kigali ont, par le passé, nié se servir de ce mouchard, l’enquête menée par Forbidden Stories a pu établir qu’il avait été déployé contre les dissidents du régime. »

    Le régime rwandais qui présente une double face… D’un côté, « le Rwanda,pointe Le Monde Afrique, a su se rendre indispensable aux missions des Nations unies en Afrique », mais de l’autre, « le Rwanda joue un rôle-clé dans la guerre qui sévit dans l’est de la République démocratique du Congo, en soutenant activement un mouvement rebelle, le M23, au prix de morts, de centaines de milliers de déplacés et d’une des plus graves crises humanitaires au monde. »

    Un Rwanda métamorphosé, mais à quel prix ?

    Par ailleurs, constate encore l’enquête Rwanda Classified, le pays a connu un développement économique sans précédent dans la région. « Le Rwanda, pourtant enclavé, enregistre le plus fort taux de croissance de tous les pays de la Communauté d’Afrique de l’Est »,pointe Le Monde Afrique.Et« s’il fascine autant, c’est aussi parce qu’un homme incarne ce changement : Paul Kagame, libérateur du pays en 1994, lorsqu’à la tête d’une rébellion il a vaincu les forces armées du gouvernement génocidaire, et dirigeant singulier depuis, avec ses faux airs de moine-soldat. Le chef de l’État a métamorphosé son pays, que le génocide de 1994 avait laissé exsangue. Mais à quel prix ? Entre répression, surveillance et influence, c’est pour une présidentielle jouée d’avance, où les opposants sont écartés, que les Rwandais iront voter le 15 juillet. » Et Paul Kagame devrait rester à la tête du pays, son quatrième mandat trente ans après le génocide de 1994.

    Burkina Faso : le cas Zoungrana…

    À la une également : le sort mystérieux du lieutenant-colonel Zoungrana… « Bien qu’affaibli par sa longue détention, l’enfant terrible de l’armée burkinabè continue(apparemment)de susciter la crainte,relève Jeune Afrique. Avant-hier, dans la matinée, l’officier a été enlevé par des hommes armés alors qu’il venait de quitter la villa de Ouaga 2000 où il était détenu par la justice militaire. Quelques instants plus tôt, des représentants du tribunal militaire étaient venus imposer sa remise en liberté provisoire, conformément à l’arrêt rendu le 22 mai par la chambre de contrôle de l’instruction, laquelle était jusqu’alors bloquée par les autorités. Il n’aura finalement été libéré que quelques minutes avant d’être kidnappé. »

    « Poursuivi pour des faits présumés de “tentative de déstabilisation“,rappelle le quotidien burkinabé Aujourd’hui, le lieutenant-colonel Zoungrana, avait été interpellé une première fois en janvier 2022, sous le règne de Roch Marc Christian Kaboré. Il sera libéré dix mois plus tard, après le deuxième coup de force qui a porté le capitaine Ibrahim Traoré au pouvoir avant d’être de nouveau arrêté pour une “nouvelle tentative de déstabilisation“. (…) En attendant d’avoir plus de détails sur son enlèvement, on se demande, s’exclameAujourd’hui, ce qui est reproché exactement au lieutenant-colonel Zoungrana ? Pourquoi, depuis 2022, son nom est-il toujours associé à des tentatives de déstabilisation ? S’agit-il d’accusations fondées ? Si oui, pourquoi ne le juge-t-on pas ? Pour l’heure, ces questions demeurent sans réponses et laissent libre cours à toutes les supputations. »

    Sénégal : règlement de comptes ?

    Enfin, au Sénégal, le nouveau pouvoir continue d’éplucher les comptes du précédent… « Sonko traque les 45 milliards », titre en première page WalfQuotidien. Il s’agit d’un contrat d’armement de 45 milliards, donc, « impliquant,précise le journal,les anciens ministres Abdou Karim Sall, Abdoulaye Daouda Diallo et l’homme d’affaires nigérien “Petit Boubé“(…) L’État veut voir clair dans cette commande en armement pour les personnels des Eaux et Forêts et les agents des parcs nationaux. »Une commande qui pourrait cacher un blanchiment de capitaux…

    Thu, 30 May 2024
  • 741 - À la Une: l’ANC sur la corde raide…

    On vote aujourd’hui en Afrique du Sud. Près de 28 millions d'électeurs sont appelés aux urnes pour des élections législatives très indécises… Au pouvoir depuis trente ans, l’ANC pourrait bien payer ses erreurs de gestion.

    Dans une tribune publiée par le quotidien sud-africain Cape Times, l’analyste politique, chercheur et militant des droits de l'homme Nyembezi estime que le temps du changement est venu. « Nous sommes maintenant dans ce qui pourrait être la scène finale de la période de domination de l’ANC,affirme-t-il. Le président Ramaphosa a réussi à stabiliser le navire, mais sans rien faire pour rendre le parti plus attrayant aux yeux des électeurs. (…) La plupart des gouvernements s’essoufflent après une si longue période au pouvoir. S’il y a quelque chose qui propulse les arrangements de coalition, c’est ce sentiment politique irrésistible : il est temps de changer. »

    Hier et avant-hier, déjà, plus de 1 million 600 000 électeurs ne pouvant se déplacer le jour J - invalides, personnes âgées, détenus, policiers ou journalistes - ont pu voter de manière anticipée. Et la commission électorale a relevé quelques irrégularités. C’est que pointe The Star : « attaques, intimidations et vols de matériel électoral : deux personnes ont été arrêtées pour avoir falsifié des urnes. (…) Des incidents toutefois isolés. »

    La Commission électorale précise que tout est prêt pour le vote de ce mercredi, pointe encore The Star : le matériel électoral est installé, la météo est clémente et la compagnie d’électricité Eskom a donné l’assurance qu’il n’y aurait aucun délestage… Les coupures d’électricité sont en effet régulières dans le pays…

    Un vote « électrique » !

    Justement, « l’électricité, grande électrice du jour ! », ironise le quotidien Aujourd’hui à Ouagadougou. « Le courant est l’un des enjeux de cette élection. La Nation arc-en-ciel est fréquemment plongée dans le noir, l’ANC promet de résoudre le problème. Pourquoi maintenant ? clament ses adversaires. »

    « Depuis quelques semaines, constate Le Point Afrique, l’Afrique du Sud profite d’un répit et ne subit presque plus de délestages électriques. Le gouvernement l’assure, cette amélioration n’est pas liée à l’agenda électoral. Mais les Sud-Africains restent sceptiques et suspicieux. Ils sont bien trop habitués depuis 30 ans aux promesses de campagne qui s’évanouissent une fois la date du scrutin passée. »

    En tout cas, il n’y a pas que les coupures de courant à mettre au passif de l’ANC. « Les Sud-Africains, constate Le Pays, au Burkina, sont confrontés à une économie en difficulté, à un taux de chômage galopant qui a atteint le chiffre vertigineux de 59 %, à la corruption des dirigeants du parti, à une hausse des crimes violents et à une pauvreté généralisée. »

    Vers une alliance avec l’opposition ?

    Alors l’ANC va-t-elle perdre ce scrutin ? Le Monde Afrique nous livre quelques repères : « Tous les sondages sont formels : l’Afrique du Sud s’apprête à vivre une élection historique. De plus en plus contesté, l’ANC pourrait perdre sa majorité à l’Assemblée nationale pour la première fois depuis la fin de l’apartheid. Une voie ouverte pour son principal adversaire ? Pas si simple,répond le journal. Car si l’Alliance démocratique passe pour un modèle de gestion locale de nature à rassurer des électeurs exaspérés par la déliquescence des services publics et le chômage massif, le principal parti d’opposition peine encore à convaincre une majorité d’électeurs de la communauté noire, qui représente 81 % de la population. »

    L’écrivain sud-africain Sihle Khumalo, interrogé par Le Monde Afrique explique : « En Afrique du Sud, les questions raciales sont encore centrales, ça fait partie de notre lutte. Et que ce soit un mythe ou une réalité, certaines personnes noires perçoivent encore l’Alliance démocratique comme un parti de Blancs, alors aller aux élections avec un leader blanc, ça n’aide pas. »

    Côté sondage, poursuit le journal, « l’Alliance démocratique recueille entre 20 % et 25 % des intentions de vote. Bien loin de la majorité parlementaire qui lui permettrait d’élire seule le président. Conscient du chemin à parcourir, le parti a créé une coalition avec une dizaine d’autres formations quelques mois avant les élections. (…) L’ANC, elle, est crédité de 40 % à 45 % des intentions de vote ; ses chances d’emporter une majorité de voix paraissent toujours bien maigres. »Alors, s’interrogeLe Monde Afrique, « à défaut de victoire, l’Alliance démocratique serait-elle prête à faire une alliance de gouvernement avec l’ANC ? »

    Wed, 29 May 2024
  • 740 - À la Une: le tournant antidémocratique en Afrique francophone

    C’est une analyse à lire dans Le Monde Afrique qui constate « qu’en dépit des sanctions internationales et des médiations régionales, des coups d’État en série font vaciller la démocratie depuis ces quatre dernières années sur cet espace géographique lié par la colonisation française. (…) Mali en 2020 et 2021, Guinée en 2021, Burkina Faso par deux fois en 2022 puis Niger et Gabon en 2023. (…) Le reflux du mouvement démocratique commencé dans les années 1990 avec l’organisation des “conférences nationales“, qui avaient ouvert la voie au multipartisme, est aussi soudain qu’impensé,pointe le journal.(…) Aujourd’hui,poursuit Le Monde Afrique, ni les sanctions internationales ni les médiations régionales n’ont d’effet sur les putschistes. Les “hommes forts“ ont tous adopté rapidement des mesures autoritaires, en vue d’asseoir ce qu’ils ont arraché par les armes. Concentration des pouvoirs dans les mains du président autoproclamé, suspension des textes législatifs fondamentaux, restriction des libertés d’expression et de la presse, mise au pas de l’opposition, et reports incessants du projet d’organisation d’élections. »

    Dictatures ou faux-semblants de démocratie…

    Toutefois, analyse encore Le Monde Afrique, « ces militaires ne sont que les visages les plus visibles de la crise antidémocratique dans laquelle se trouve l’Afrique francophone. De nombreux présidents en exercice ont réduit la libre expression politique à des faux-semblants. »Et le journal de citer le Tchad, le Cameroun, le Congo-Brazzaville ou encore la Côte d’Ivoire.« Seuls le Sénégal, dont les institutions ont tenu de manière exemplaire malgré les turbulences lors de la dernière présidentielle en mars, le Cap-Vert et le Bénin se distinguent dans cette ère que le philosophe camerounais Achille Mbembe qualifie de “glaciation autoritaire“. »

    Alors, conclut Le Monde Afrique, « certains seraient tentés de conclure à un rejet de la démocratie en Afrique francophone. La réalité invite à la nuance. Selon plusieurs enquêtes d’opinion, dont l’Afrobarometer réalisé en 2021 dans trente pays africains, seuls 35 % des sondés “perçoivent une pleine offre de démocratie“ dans leur pays. Mais 69 % d’entre eux considèrent toujours que “la démocratie est préférable à tout autre type de gouvernement“, à condition qu’elle ne soit pas un abus de langage. »

    L’exception sénégalaise…

    Jeune Afrique pour sa part s’intéresse de près au cas particulier du Sénégal… « Au Sénégal, les “petites ruptures“ d’Ousmane Sonko en attendant le grand changement » : c’est le titre du site panafricain.

    Premier constat : une « gouvernance bicéphale » avec le « duo Sonko-Diomaye ». Un duo« atypique ». Le premier, désormais Premier ministre, a toujours été le patron politique du second, désormais président. « On se dirige vers un système de gouvernance à la française, où le Premier ministre a des prérogatives réelles et n’est plus face à un président qui incarne tout et écrase tout le monde », analyse un diplomate sénégalais cité par Jeune Afrique.

    Sur le plan politique, « les Sénégalais attendent encore que des mesures fortes soient prises,constate encore le site panafricain. Et si cela fait plus d’un mois que le gouvernement a été formé, aucune annonce n’a encore été faite pour baisser le prix des denrées de première nécessité. (…) En attendant, Ousmane Sonko enchaîne les séminaires gouvernementaux, sortes de Conseil des ministres bis et thématiques pour répondre aux différentes urgences. (…) Autre grief : la promesse – non tenue – de nommer les directeurs de société d’État ou des agences stratégiques au terme d’un processus d’appel à candidature. Les nominations ont été annoncées en Conseil des ministres et cela a fait couler beaucoup d’encre. »

    Alors, « en attendant les mesures concrètes, les nouveaux dirigeants tentent de marquer le terrain,relève encoreJeune Afrique. Ils ont décidé de jeter un regard inquisiteur sur la gestion du régime passé. Depuis plusieurs jours, les publications de rapports d’audit et d’inspection des organes de contrôle de l’État se succèdent. Leurs contenus mettent en lumière plusieurs cas de dysfonctionnements, de détournements ou de malversations dans la gestion des finances publiques depuis 2019 et n’épargnent pas ministres, directeurs ou élus locaux. »

    Fritures sur la ligne Dakar-Paris…

    Enfin, Le Point Afrique revient sur les relations entre Dakar et Paris : « Il y a beaucoup de ressentis et une crispation des deux côtés,affirme-t-il. Il y a de fortes attentes et demandes du côté sénégalais pour revoir le partenariat avec la France, premier partenaire économique du pays et aboutir à plus d'autonomie, d’indépendance et de respect mutuel dans les échanges. Le PASTEF ne remet pas en cause la relation du partenariat France-Sénégal. Ce qu’il critique ce sont les conditions de cette coopération. Comment redéfinir ces rapports pour qu’ils deviennent gagnant-gagnant ? »

    Tue, 28 May 2024
  • 739 - À la Une: une transition qui s’éternise au Burkina Faso

    Cinq ans de plus pour la transition, cinq ans de plus au pouvoir pour le capitaine Ibrahim Traoré, avec le droit de se présenter aux élections. Ainsi en ont décidé, le 25 mai, les participants aux assises nationales, boycottées par la plupart des partis traditionnels.

    « Pari gagné pour IB, s’exclame le quotidien Aujourd’huiNi surprise, ni suspense concernant l’issue de ce grand raout sur la suite de la Transition,commente le journal. D’abord, prévu pour durer 48 heures, le débat, si on peut le nommer ainsi, a été plié en une journée, samedi. »

    Résultat, poursuitAujourd’hui :«Un quinquennat plein pot pour"terminer" les terroristes, remettre le pays en ordre et dès que les conditions sécuritaires le permettent, faire goûter aux Burkinabè les délices épicés de la démocratie avec IB, comme candidat naturellement. Parvenu au pouvoir par les armes, il y a 19 mois, le capitaine tente de se mouler dans la tenue du deus ex machina politique du pays. Il est désormais le maître des horloges. »

    Pas intéressé par le pouvoir ?

    Pour L’Observateur Paalga, toujours à Ouagadougou, pas de surprise non plus… « L’affaire ayant été mâchée en amont, elle a été pliée en une journée, en à peine 4-5 heures chrono et sous les hurlements des partisans du régime qui manifestaient dehors. De toute façon, à supposer même qu’il y en eut qui n’étaient pas convaincus du bien-fondé du projet, qui était assez fou pour ramer à contre-courant des désidératas du"grand manitou" ? » Et commente encore L’Observateur Paalga,« pour quelqu’un qui jurait, la main sur le cœur, qu’il n’était pas intéressé par le pouvoir, se taper cinq années supplémentaires à la tête du pays, en attendant de légitimer par les urnes ce qu’il a arraché par les armes, a de quoi laisser pantois ! »

    L’Observateur Paalga qui ose dresser un bilan sans concession des 18 mois au pouvoir des militaires : « Les miracles de rémission attendus du messie IB ne se sont pas réalisés et un an et demi après, nonobstant les acquisitions colossales de matériel, les recrutements massifs de militaires, de paramilitaires et de volontaires pour la défense de la patrie, malgré la reconfiguration du maillage sécuritaire du territoire et l’extraordinaire engagement de nos Forces de défense et de sécurité sur le terrain, malgré les énormes sacrifices consentis par les Burkinabè(…),force est de reconnaître que la reconquête du territoire et la réinstallation des personnes déplacées ne se font pas à grandes enjambées. (…)Ajoutez à cela la chape de plomb qui s’est abattue sur le pays et une situation économique et financière plus que préoccupante. »

    « Sûrs de leurs faits et de leur force »

    Alors, s’interroge enfin L’Observateur Paalga, que va donner cette transition prolongée ? « Va-t-on vers un réel apaisement sociopolitique dans ce Burkina où depuis un an et demi, toute critique de l’homme fort du moment vaut crime de lèse-majesté, où les voix discordantes sont menacées, parfois de mort, ou enrôlées de force pour le front, où les décisions de justice sont royalement ignorées par le premier magistrat du pays qui s’est fait pourtant investir par les"Grands juges" en promettant de respecter la Constitution ? On peut raisonnablement en douter,répond le journal,tant les nouveaux maîtres du pays, sûrs de leur fait et de leur force, n’ont que faire des jérémiades de ceux qui leur conjurent de savoir raison garder. »

    Pour sa part, Le Monde Afrique à Paris, rappelle que « depuis le putsch de septembre 2022, le Burkina Faso a choisi de diversifier ses partenariats internationaux. Il a d’abord tourné le dos à la France, ancienne puissance coloniale, en exigeant le départ des soldats déployés sur son sol et en expulsant des diplomates. De nombreux médias français ont aussi été suspendus (dont RFI…) et aucun n’était accrédité aux assises de samedi. Parallèlement, Ouagadougou s’est rapproché de la Russie, mais aussi de l’Iran et de la Turquie et de ses deux voisins, le Niger et le Mali, également gouvernés par des militaires arrivés au pouvoir par des coups d’État et, eux aussi, confrontés à des violences jihadistes. »

    Mon, 27 May 2024
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