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Les commentaires des quotidiens et hebdomadaires africains sur l'actualité du continent. Présentée du lundi au jeudi par Frédéric Couteau, le vendredi et le samedi par Catherine Potet. Un regard original, souvent ironique et parfois sans complaisance sur les événements petits et grands qui font l'actualité de l’Afrique.
- 743 - À la Une: la colère des journalistes sénégalais
Les journalistes sénégalais sont en colère, parce que l'un des leurs, le directeur de publication de la Tribune, a été convoqué jeudi à la section des recherches de la gendarmerie. Et il n'est pas le seul, le directeur de publication du journal le Quotidien, a lui aussi été convoqué. À sa Une, Sénéplus publie la réaction de la CAP, la Coordination des associations de la presse. Voici ce qu'elle dit : « Nous sommes d'autant plus désolés et tristes que cela arrive à moins de deux mois seulement de la prise de fonction du nouveau régime, dont les principaux dirigeants sont devenus des symboles vivants de ces lois liberticides et rétrogrades contre la liberté d'expression ». C'est le cas de Pape Moussa Traoré qui préoccupe particulièrement la CAP. « Le directeur de la publication dela Tribunea été convoqué par la gendarmerie », nous dit Seneplus, « suite à un article publié par son journal sur la mutation du général Souleymane Kandé en Inde ». Également remonté contre la convocation des directeurs de publication dela Tribune et duQuotidien, Ibrahima Lissa Faye, le président de l'Association des éditeurs et professionnels de la presse. Dans un post repris par Sénégo, il s'indigne : « Nous pensions avoir dépassé ce stade. Ousmane Sonko, vous ne nous aviez pas promis ça. La liberté de la presse est sacrée. Personne, ni une autorité, ni un État ne peut la brider ».
L'objet du litige
Le Quotidien dont le directeur de la publication a également été convoqué par la gendarmerie, a publié un article expliquant que « le Général Souleymane Kandé(ex-chef d'état-major de l'armée de terre) devra se contenter du titre d’Attaché militaire en Inde, si la Cour suprême confirme son affectation ». Une affectation qu'il semble devoir au fait « de s’être opposé à une volonté du Premier ministre ». Ousmane Sonko qui aurait l'intention de « dénoncer les accords militaires passés avec la France, les États-Unis, le Canada et la Grande-Bretagne ». Pour aller dans ce sens, le Premier ministre aurait demandé au ministre des Forces Armées, et à l'état-major, de lui faire des « recommandations ». Ce que Souleymane Kandé, « comme beaucoup d'autres officiers », nous dit le Quotidien, aurait refusé, « avançant qu’il ne relevait pas des prérogatives du Premier ministre de remettre en cause des accords militaires votés par l’Assemblée nationale ». Conclusion de Dakar Matin, en forme de question : « Ousmane Sonko n’aurait pas du tout apprécié cette réponse qu’il considère comme un camouflet personnel. Est-ce pour cela qu’il a demandé sa tête à Bassirou Diomaye Faye ? », interroge le journal.
Journalistes licenciés au Niger
Actu Niger publie le communique du Réseau des Journalistes pour les Droits de l'Homme, le RJDH, qui dénonce le « licenciement abusif » de trente journalistes de Canal 3 Niger. Selon ce communiqué, « ce licenciement abusif fait suite à la tenue d’un sit-in pacifique organisé par des agents de Canal 3 Niger pour réclamer deux mois de salaire impayés sur une période de douze mois ». « Ces journalistes, qui ont servi avec dévouement et professionnalisme malgré des conditions de travail difficiles, ont simplement revendiqué leur droit fondamental à une rémunération juste et régulière, poursuit le RJDH, qui demande la réintégration immédiate des journalistes licenciés et le paiement intégral des salaires impayés ».
Happy Birthday
L'anniversaire de Naomi Campbell est raconté par la presse. La célèbre mannequin a choisi Marrakech pour «un anniversaire de rêve», nous dit Bladi.net. Pour fêter ses 54 ans, Naomi Campbell a eu droit à un programme de choix. « Danse et chants traditionnels marocains ». «La super model», précise le site d'information marocain, « a tenu à remercier sa famille et ses amis qui ont fait de cette semaine un rêve ». Sans oublier les couturiers qui l’ont habillée au cours de ce séjour : « La maison Alaïa, ainsi que la styliste marocaine Zineb Joundy qui l’a habillée d’un caftan marocain». À 54 ans, admire Bladi.net, «Naomi Campbell garde le corps de ses 20 ans».
Fri, 31 May 2024 - 742 - À la Une: «Rwanda Classified», l’enquête internationale sur le régime rwandais…
Il s’agit d’une vaste enquête journalistique qui a mobilisé 50 journalistes de 17 médias, dont Le Monde Afrique, dans 11 pays. Une enquête coordonnée par le collectif Forbidden Stories, avec comme point de départ la mort suspecte du journaliste John Williams Ntwali à Kigali en janvier 2023. Une enquête qui révèle la mécanique répressive mise en œuvre par le Rwanda, y compris hors de ses frontières, loin de l’image de pays modèle promue à l’étranger. Ou comment le Rwanda entretient son image en Occident, en se payant les services d’experts en relations publiques aux États-Unis et au Royaume-Uni, mais aussi en ciblant opposants, dissidents ou encore journalistes à l’aide du logiciel Pegasus… « Un logiciel espion ultrasophistiqué pour téléphone commercialisé par la société israélienne NSO Group. Si les autorités de Kigali ont, par le passé, nié se servir de ce mouchard, l’enquête menée par Forbidden Stories a pu établir qu’il avait été déployé contre les dissidents du régime. »
Le régime rwandais qui présente une double face… D’un côté, « le Rwanda,pointe Le Monde Afrique, a su se rendre indispensable aux missions des Nations unies en Afrique », mais de l’autre, « le Rwanda joue un rôle-clé dans la guerre qui sévit dans l’est de la République démocratique du Congo, en soutenant activement un mouvement rebelle, le M23, au prix de morts, de centaines de milliers de déplacés et d’une des plus graves crises humanitaires au monde. »
Un Rwanda métamorphosé, mais à quel prix ?
Par ailleurs, constate encore l’enquête Rwanda Classified, le pays a connu un développement économique sans précédent dans la région. « Le Rwanda, pourtant enclavé, enregistre le plus fort taux de croissance de tous les pays de la Communauté d’Afrique de l’Est »,pointe Le Monde Afrique.Et« s’il fascine autant, c’est aussi parce qu’un homme incarne ce changement : Paul Kagame, libérateur du pays en 1994, lorsqu’à la tête d’une rébellion il a vaincu les forces armées du gouvernement génocidaire, et dirigeant singulier depuis, avec ses faux airs de moine-soldat. Le chef de l’État a métamorphosé son pays, que le génocide de 1994 avait laissé exsangue. Mais à quel prix ? Entre répression, surveillance et influence, c’est pour une présidentielle jouée d’avance, où les opposants sont écartés, que les Rwandais iront voter le 15 juillet. » Et Paul Kagame devrait rester à la tête du pays, son quatrième mandat trente ans après le génocide de 1994.
Burkina Faso : le cas Zoungrana…
À la une également : le sort mystérieux du lieutenant-colonel Zoungrana… « Bien qu’affaibli par sa longue détention, l’enfant terrible de l’armée burkinabè continue(apparemment)de susciter la crainte,relève Jeune Afrique. Avant-hier, dans la matinée, l’officier a été enlevé par des hommes armés alors qu’il venait de quitter la villa de Ouaga 2000 où il était détenu par la justice militaire. Quelques instants plus tôt, des représentants du tribunal militaire étaient venus imposer sa remise en liberté provisoire, conformément à l’arrêt rendu le 22 mai par la chambre de contrôle de l’instruction, laquelle était jusqu’alors bloquée par les autorités. Il n’aura finalement été libéré que quelques minutes avant d’être kidnappé. »
« Poursuivi pour des faits présumés de “tentative de déstabilisation“,rappelle le quotidien burkinabé Aujourd’hui, le lieutenant-colonel Zoungrana, avait été interpellé une première fois en janvier 2022, sous le règne de Roch Marc Christian Kaboré. Il sera libéré dix mois plus tard, après le deuxième coup de force qui a porté le capitaine Ibrahim Traoré au pouvoir avant d’être de nouveau arrêté pour une “nouvelle tentative de déstabilisation“. (…) En attendant d’avoir plus de détails sur son enlèvement, on se demande, s’exclameAujourd’hui, ce qui est reproché exactement au lieutenant-colonel Zoungrana ? Pourquoi, depuis 2022, son nom est-il toujours associé à des tentatives de déstabilisation ? S’agit-il d’accusations fondées ? Si oui, pourquoi ne le juge-t-on pas ? Pour l’heure, ces questions demeurent sans réponses et laissent libre cours à toutes les supputations. »
Sénégal : règlement de comptes ?
Enfin, au Sénégal, le nouveau pouvoir continue d’éplucher les comptes du précédent… « Sonko traque les 45 milliards », titre en première page WalfQuotidien. Il s’agit d’un contrat d’armement de 45 milliards, donc, « impliquant,précise le journal,les anciens ministres Abdou Karim Sall, Abdoulaye Daouda Diallo et l’homme d’affaires nigérien “Petit Boubé“. (…) L’État veut voir clair dans cette commande en armement pour les personnels des Eaux et Forêts et les agents des parcs nationaux. »Une commande qui pourrait cacher un blanchiment de capitaux…
Thu, 30 May 2024 - 741 - À la Une: l’ANC sur la corde raide…
On vote aujourd’hui en Afrique du Sud. Près de 28 millions d'électeurs sont appelés aux urnes pour des élections législatives très indécises… Au pouvoir depuis trente ans, l’ANC pourrait bien payer ses erreurs de gestion.
Dans une tribune publiée par le quotidien sud-africain Cape Times, l’analyste politique, chercheur et militant des droits de l'homme Nyembezi estime que le temps du changement est venu. « Nous sommes maintenant dans ce qui pourrait être la scène finale de la période de domination de l’ANC,affirme-t-il. Le président Ramaphosa a réussi à stabiliser le navire, mais sans rien faire pour rendre le parti plus attrayant aux yeux des électeurs. (…) La plupart des gouvernements s’essoufflent après une si longue période au pouvoir. S’il y a quelque chose qui propulse les arrangements de coalition, c’est ce sentiment politique irrésistible : il est temps de changer. »
Hier et avant-hier, déjà, plus de 1 million 600 000 électeurs ne pouvant se déplacer le jour J - invalides, personnes âgées, détenus, policiers ou journalistes - ont pu voter de manière anticipée. Et la commission électorale a relevé quelques irrégularités. C’est que pointe The Star : « attaques, intimidations et vols de matériel électoral : deux personnes ont été arrêtées pour avoir falsifié des urnes. (…) Des incidents toutefois isolés. »
La Commission électorale précise que tout est prêt pour le vote de ce mercredi, pointe encore The Star : le matériel électoral est installé, la météo est clémente et la compagnie d’électricité Eskom a donné l’assurance qu’il n’y aurait aucun délestage… Les coupures d’électricité sont en effet régulières dans le pays…
Un vote « électrique » !
Justement, « l’électricité, grande électrice du jour ! », ironise le quotidien Aujourd’hui à Ouagadougou. « Le courant est l’un des enjeux de cette élection. La Nation arc-en-ciel est fréquemment plongée dans le noir, l’ANC promet de résoudre le problème. Pourquoi maintenant ? clament ses adversaires. »
« Depuis quelques semaines, constate Le Point Afrique, l’Afrique du Sud profite d’un répit et ne subit presque plus de délestages électriques. Le gouvernement l’assure, cette amélioration n’est pas liée à l’agenda électoral. Mais les Sud-Africains restent sceptiques et suspicieux. Ils sont bien trop habitués depuis 30 ans aux promesses de campagne qui s’évanouissent une fois la date du scrutin passée. »
En tout cas, il n’y a pas que les coupures de courant à mettre au passif de l’ANC. « Les Sud-Africains, constate Le Pays, au Burkina, sont confrontés à une économie en difficulté, à un taux de chômage galopant qui a atteint le chiffre vertigineux de 59 %, à la corruption des dirigeants du parti, à une hausse des crimes violents et à une pauvreté généralisée. »
Vers une alliance avec l’opposition ?
Alors l’ANC va-t-elle perdre ce scrutin ? Le Monde Afrique nous livre quelques repères : « Tous les sondages sont formels : l’Afrique du Sud s’apprête à vivre une élection historique. De plus en plus contesté, l’ANC pourrait perdre sa majorité à l’Assemblée nationale pour la première fois depuis la fin de l’apartheid. Une voie ouverte pour son principal adversaire ? Pas si simple,répond le journal. Car si l’Alliance démocratique passe pour un modèle de gestion locale de nature à rassurer des électeurs exaspérés par la déliquescence des services publics et le chômage massif, le principal parti d’opposition peine encore à convaincre une majorité d’électeurs de la communauté noire, qui représente 81 % de la population. »
L’écrivain sud-africain Sihle Khumalo, interrogé par Le Monde Afrique explique : « En Afrique du Sud, les questions raciales sont encore centrales, ça fait partie de notre lutte. Et que ce soit un mythe ou une réalité, certaines personnes noires perçoivent encore l’Alliance démocratique comme un parti de Blancs, alors aller aux élections avec un leader blanc, ça n’aide pas. »
Côté sondage, poursuit le journal, « l’Alliance démocratique recueille entre 20 % et 25 % des intentions de vote. Bien loin de la majorité parlementaire qui lui permettrait d’élire seule le président. Conscient du chemin à parcourir, le parti a créé une coalition avec une dizaine d’autres formations quelques mois avant les élections. (…) L’ANC, elle, est crédité de 40 % à 45 % des intentions de vote ; ses chances d’emporter une majorité de voix paraissent toujours bien maigres. »Alors, s’interrogeLe Monde Afrique, « à défaut de victoire, l’Alliance démocratique serait-elle prête à faire une alliance de gouvernement avec l’ANC ? »
Wed, 29 May 2024 - 740 - À la Une: le tournant antidémocratique en Afrique francophone
C’est une analyse à lire dans Le Monde Afrique qui constate « qu’en dépit des sanctions internationales et des médiations régionales, des coups d’État en série font vaciller la démocratie depuis ces quatre dernières années sur cet espace géographique lié par la colonisation française. (…) Mali en 2020 et 2021, Guinée en 2021, Burkina Faso par deux fois en 2022 puis Niger et Gabon en 2023. (…) Le reflux du mouvement démocratique commencé dans les années 1990 avec l’organisation des “conférences nationales“, qui avaient ouvert la voie au multipartisme, est aussi soudain qu’impensé,pointe le journal.(…) Aujourd’hui,poursuit Le Monde Afrique, ni les sanctions internationales ni les médiations régionales n’ont d’effet sur les putschistes. Les “hommes forts“ ont tous adopté rapidement des mesures autoritaires, en vue d’asseoir ce qu’ils ont arraché par les armes. Concentration des pouvoirs dans les mains du président autoproclamé, suspension des textes législatifs fondamentaux, restriction des libertés d’expression et de la presse, mise au pas de l’opposition, et reports incessants du projet d’organisation d’élections. »
Dictatures ou faux-semblants de démocratie…
Toutefois, analyse encore Le Monde Afrique, « ces militaires ne sont que les visages les plus visibles de la crise antidémocratique dans laquelle se trouve l’Afrique francophone. De nombreux présidents en exercice ont réduit la libre expression politique à des faux-semblants. »Et le journal de citer le Tchad, le Cameroun, le Congo-Brazzaville ou encore la Côte d’Ivoire.« Seuls le Sénégal, dont les institutions ont tenu de manière exemplaire malgré les turbulences lors de la dernière présidentielle en mars, le Cap-Vert et le Bénin se distinguent dans cette ère que le philosophe camerounais Achille Mbembe qualifie de “glaciation autoritaire“. »
Alors, conclut Le Monde Afrique, « certains seraient tentés de conclure à un rejet de la démocratie en Afrique francophone. La réalité invite à la nuance. Selon plusieurs enquêtes d’opinion, dont l’Afrobarometer réalisé en 2021 dans trente pays africains, seuls 35 % des sondés “perçoivent une pleine offre de démocratie“ dans leur pays. Mais 69 % d’entre eux considèrent toujours que “la démocratie est préférable à tout autre type de gouvernement“, à condition qu’elle ne soit pas un abus de langage. »
L’exception sénégalaise…
Jeune Afrique pour sa part s’intéresse de près au cas particulier du Sénégal… « Au Sénégal, les “petites ruptures“ d’Ousmane Sonko en attendant le grand changement » : c’est le titre du site panafricain.
Premier constat : une « gouvernance bicéphale » avec le « duo Sonko-Diomaye ». Un duo« atypique ». Le premier, désormais Premier ministre, a toujours été le patron politique du second, désormais président. « On se dirige vers un système de gouvernance à la française, où le Premier ministre a des prérogatives réelles et n’est plus face à un président qui incarne tout et écrase tout le monde », analyse un diplomate sénégalais cité par Jeune Afrique.
Sur le plan politique, « les Sénégalais attendent encore que des mesures fortes soient prises,constate encore le site panafricain. Et si cela fait plus d’un mois que le gouvernement a été formé, aucune annonce n’a encore été faite pour baisser le prix des denrées de première nécessité. (…) En attendant, Ousmane Sonko enchaîne les séminaires gouvernementaux, sortes de Conseil des ministres bis et thématiques pour répondre aux différentes urgences. (…) Autre grief : la promesse – non tenue – de nommer les directeurs de société d’État ou des agences stratégiques au terme d’un processus d’appel à candidature. Les nominations ont été annoncées en Conseil des ministres et cela a fait couler beaucoup d’encre. »
Alors, « en attendant les mesures concrètes, les nouveaux dirigeants tentent de marquer le terrain,relève encoreJeune Afrique. Ils ont décidé de jeter un regard inquisiteur sur la gestion du régime passé. Depuis plusieurs jours, les publications de rapports d’audit et d’inspection des organes de contrôle de l’État se succèdent. Leurs contenus mettent en lumière plusieurs cas de dysfonctionnements, de détournements ou de malversations dans la gestion des finances publiques depuis 2019 et n’épargnent pas ministres, directeurs ou élus locaux. »
Fritures sur la ligne Dakar-Paris…
Enfin, Le Point Afrique revient sur les relations entre Dakar et Paris : « Il y a beaucoup de ressentis et une crispation des deux côtés,affirme-t-il. Il y a de fortes attentes et demandes du côté sénégalais pour revoir le partenariat avec la France, premier partenaire économique du pays et aboutir à plus d'autonomie, d’indépendance et de respect mutuel dans les échanges. Le PASTEF ne remet pas en cause la relation du partenariat France-Sénégal. Ce qu’il critique ce sont les conditions de cette coopération. Comment redéfinir ces rapports pour qu’ils deviennent gagnant-gagnant ? »
Tue, 28 May 2024 - 739 - À la Une: une transition qui s’éternise au Burkina Faso
Cinq ans de plus pour la transition, cinq ans de plus au pouvoir pour le capitaine Ibrahim Traoré, avec le droit de se présenter aux élections. Ainsi en ont décidé, le 25 mai, les participants aux assises nationales, boycottées par la plupart des partis traditionnels.
« Pari gagné pour IB, s’exclame le quotidien Aujourd’hui. Ni surprise, ni suspense concernant l’issue de ce grand raout sur la suite de la Transition,commente le journal. D’abord, prévu pour durer 48 heures, le débat, si on peut le nommer ainsi, a été plié en une journée, samedi. »
Résultat, poursuitAujourd’hui :«Un quinquennat plein pot pour"terminer" les terroristes, remettre le pays en ordre et dès que les conditions sécuritaires le permettent, faire goûter aux Burkinabè les délices épicés de la démocratie avec IB, comme candidat naturellement. Parvenu au pouvoir par les armes, il y a 19 mois, le capitaine tente de se mouler dans la tenue du deus ex machina politique du pays. Il est désormais le maître des horloges. »
Pas intéressé par le pouvoir ?
Pour L’Observateur Paalga, toujours à Ouagadougou, pas de surprise non plus… « L’affaire ayant été mâchée en amont, elle a été pliée en une journée, en à peine 4-5 heures chrono et sous les hurlements des partisans du régime qui manifestaient dehors. De toute façon, à supposer même qu’il y en eut qui n’étaient pas convaincus du bien-fondé du projet, qui était assez fou pour ramer à contre-courant des désidératas du"grand manitou" ? » Et commente encore L’Observateur Paalga,« pour quelqu’un qui jurait, la main sur le cœur, qu’il n’était pas intéressé par le pouvoir, se taper cinq années supplémentaires à la tête du pays, en attendant de légitimer par les urnes ce qu’il a arraché par les armes, a de quoi laisser pantois ! »
L’Observateur Paalga qui ose dresser un bilan sans concession des 18 mois au pouvoir des militaires : « Les miracles de rémission attendus du messie IB ne se sont pas réalisés et un an et demi après, nonobstant les acquisitions colossales de matériel, les recrutements massifs de militaires, de paramilitaires et de volontaires pour la défense de la patrie, malgré la reconfiguration du maillage sécuritaire du territoire et l’extraordinaire engagement de nos Forces de défense et de sécurité sur le terrain, malgré les énormes sacrifices consentis par les Burkinabè(…),force est de reconnaître que la reconquête du territoire et la réinstallation des personnes déplacées ne se font pas à grandes enjambées. (…)Ajoutez à cela la chape de plomb qui s’est abattue sur le pays et une situation économique et financière plus que préoccupante. »
« Sûrs de leurs faits et de leur force »
Alors, s’interroge enfin L’Observateur Paalga, que va donner cette transition prolongée ? « Va-t-on vers un réel apaisement sociopolitique dans ce Burkina où depuis un an et demi, toute critique de l’homme fort du moment vaut crime de lèse-majesté, où les voix discordantes sont menacées, parfois de mort, ou enrôlées de force pour le front, où les décisions de justice sont royalement ignorées par le premier magistrat du pays qui s’est fait pourtant investir par les"Grands juges" en promettant de respecter la Constitution ? On peut raisonnablement en douter,répond le journal,tant les nouveaux maîtres du pays, sûrs de leur fait et de leur force, n’ont que faire des jérémiades de ceux qui leur conjurent de savoir raison garder. »
Pour sa part, Le Monde Afrique à Paris, rappelle que « depuis le putsch de septembre 2022, le Burkina Faso a choisi de diversifier ses partenariats internationaux. Il a d’abord tourné le dos à la France, ancienne puissance coloniale, en exigeant le départ des soldats déployés sur son sol et en expulsant des diplomates. De nombreux médias français ont aussi été suspendus (dont RFI…) et aucun n’était accrédité aux assises de samedi. Parallèlement, Ouagadougou s’est rapproché de la Russie, mais aussi de l’Iran et de la Turquie et de ses deux voisins, le Niger et le Mali, également gouvernés par des militaires arrivés au pouvoir par des coups d’État et, eux aussi, confrontés à des violences jihadistes. »
Mon, 27 May 2024 - 738 - À la Une: les critiques contre le régime militaire au Mali…
« Etienne Fakaba Sissoko, économiste et professeur à l’université de Bamako, est la dernière en date des personnalités inquiétées pour leurs opinions discordantes sous le régime des colonels,relève Le Monde Afrique. Un régime qui a pris par la force en 2020 la tête du Mali, confronté au djihadisme et à une crise politique profonde. Le professeur Sissoko est l’une des rares voix dissonantes à encore tenter de se faire entendre de l’intérieur. »
L’année dernière, il a publié un ouvrage critique sur la junte intitulé : Propagande, agitation, harcèlement. La communication gouvernementale pendant la transition au Mali. Lundi, il a été condamné par la justice malienne à deux ans de prison, dont un ferme pour « atteinte au crédit de l’État », « injures » et « diffusion de fausses nouvelles perturbant la paix publique ».
Etienne Fakaba Sissoko dénonce dans cet ouvrage, précise Le Monde Afrique, « une “communication gouvernementale hyper agressive“ caractérisée par des “contenus aux caractères douteux“ et des méthodes “basées sur la propagande, l’agitation, la manipulation et même le mensonge“. » Dans le même temps, l’universitaire malien affirme que la junte a connu « ses premiers revers, signes de son essoufflement ».
« Attention, mes colonels ! »
Autre voix critique du régime malien, celle du professeur Ali Nouhoum Diallo. Ancien président de l’Assemblée nationale du Mali, Ali Nouhoum Diallo vient de publier un pamphlet plutôt musclé contre le régime des colonels… On peut le lire notamment sur le site du quotidien burkinabé L’Observateur Paalga ou encore sur le site de WakatSéra, autre média burkinabé. Extraits : « désormais seuls maîtres à bord du bateau de l’Empire, les colonels du Comité national pour le salut du peuple semblent résolus à faire marcher au pas les associations, les mouvements et partis politiques. Ils entendent être seuls à diriger le Mali, dire ce qu’ils pensent, faire ce qu’ils veulent. (…) Attention, mes colonels,prévient Ali Nouhoum Diallo : au lieu de renforcer la cohésion sociale, vous courez le risque de disloquer la société malienne et de freiner la Nation malienne en construction. (…) Attention, les colonels au pouvoir : les masses laborieuses éduquées, formées politiquement et idéologiquement deviennent une force matérielle, intellectuelle et spirituelle invincible pouvant soulever les montagnes. Elle peut tout renverser sur son passage, y compris les blindés ! »
À noter que L’Observateur Paalga et WakatSéra publient ce texte sans aucun commentaires… Rappelons que le Burkina Faso est également sous la coupe d’un régime militaire et que la liberté d’expression n’y est pas plus respectée qu’au Mali.
L’Afrique tourne-t-elle la page de la suprématie occidentale ?
Dans le même temps, toujours à propos du Mali et plus largement sur les changements politiques en cours dans les pays sahéliens, à lire ce plaidoyer publié par le site malien Sahel Tribune.
Un plaidoyer intitulé Les saisons du changement : l’Afrique tourne-t-elle la page de la suprématie occidentale? Voilà ce qu’on peut y lire : « L’Afrique redéfinit ses alliances internationales, rompant avec les anciennes puissances coloniales comme la France et les États-Unis pour embrasser une souveraineté renouvelée et diversifiée. Ce bouleversement géopolitique, marqué par des retraits militaires et des révisions d’accords, symbolise l’émergence d’un nouvel ordre mondial centré sur le panafricanisme et l’autonomie étatique. (…) Alors que la scène mondiale observe ces transformations,poursuitSahel Tribune, il est crucial que les anciennes puissances comprennent et acceptent ce nouveau paradigme. L’avenir de l’Afrique sera défini par ses propres citoyens, ses leaders, et non par des forces extérieures. (…) La transition vers ces nouvelles dynamiques de pouvoir peut être complexe et chargée d’incertitudes, mais elle est également pleine de promesses. »
EtSahel Tribunede conclure : « Pour les nations africaines, c’est l’opportunité de fermer définitivement le chapitre de la dépendance et de l’interférence, et d’ouvrir celui de l’autodétermination et du renouveau. »
Rappelons que les régimes militaires ouest-africains ne sont pas pressés de s’en remettre au peuple. Au Mali, l’élection présidentielle a été reportée ; au Burkina Faso, un scrutin est prévu, mais on ne sait pas quand ; et au Niger, aucune échéance électorale n’a été fixée, de même qu’en Guinée.
Wed, 22 May 2024 - 737 - À la Une: bien des questions après la tentative de putsch en RDC
Sa photo est à la Une de Politico CD : « Christian Malanga, l’homme à la tête de l’assaut raté mené au Palais de la Nation », titre le site d’information congolais. « Des hommes armés ont envahi hier matin le Palais de la Nation à Kinshasa,relate Politico, après l’attaque de la résidence du vice-Premier ministre, Vital Kamerhe. Leurs projets se sont vite envolés parce qu’ils ont été très vite neutralisés grâce à une intervention de la Garde républicaine. » À la tête de ces assaillants, Christian Malanga donc, qui a été tué par la Garde. Politico nous décrit son parcours : exilé politique, installé de longue date aux Etats-Unis, chef d’entreprise, puis retour en RDC, où il effectue son service militaire, il devient officier, puis il revient à la politique avant d’être arrêté et de retourner aux Etats-Unis…
Un parcours plutôt sinueux donc… Ce qui fait dire au Monde Afrique que « le profil de cet homme et le déroulé de l’attaque interrogent plusieurs observateurs sur d’éventuelles complicités dont aurait pu bénéficier le commando et sur les objectifs réels de ce qui a été qualifié officiellement de “tentative de coup d’Etat“. »
Coup d’État ou coup d’éclat ?
En effet, « coup d’État ou coup d’éclat ? », se demande Afrikarabia. Pour le site spécialisé sur la RDC cette « attaque du Palais de la Nation pose de nombreuses questions. Tout d’abord sur la stratégie des assaillants, qui semblait vouée à l’échec. La petite cinquantaine d’hommes n’a pas vraiment ciblé des sites stratégiques comme la télévision nationale, l’aéroport, ou les camps militaires de la capitale, mais plutôt des symboles du pouvoir comme la résidence de Vital Kamerhe ou le Palais de la Nation. Sans doute, espéraient-ils rallier d’autres militaires frustrés par leurs conditions de vie ? Visiblement,pointeAfrikarabia, l’attaque ne semblait pas coordonnée avec d’autres éléments armés qui aurait pu amplifier l’occupation du Palais de la Nation. Le groupe de putschistes n’a pas vraiment mis toutes les chances de son côté pour atteindre ses objectifs. Ensuite,relève encore le site,l’attaque d’hier révèle d’importantes failles sécuritaires, même si le pouvoir n’a pas vacillé. Comment sont-ils entrés dans le pays ? Comment les assaillants ont-ils pu se rendre aussi facilement au Palais de la Nation ? Les services de renseignements civils et militaires, ainsi que la direction générale des migrations ont clairement montré des défaillances. »
« Foultitude » d’interrogations…
Le Pays au Burkina Faso s’interroge également : « Vital Kamerhe était-il la seule cible du commando ? Si oui, cela est-il en lien avec ses ambitions politiques et sa probable future ascension fulgurante ? Si l’hypothèse de la tentative du coup d’État telle que l’avance l’armée, est avérée, pourquoi le commando n’a-t-il pas visité la résidence du président Félix Tshisekedi et s’est contenté du Palais de la Nation que tous savent inhabité ? Autant de questions que l’on peut se poser et dont les réponses viendront éclaircir le mystère de cet assaut. »
« Trois morts et une foultitude de questions », renchérit L’Observateur Paalga, toujours à Ouaga. « Quelle mouche a bien pu piquer ce Congolais de la diaspora (…) ? Combien de mercenaires américains a-t-il embarqué dans son entreprise suicidaire ? Quelles autres motivations, en plus de la nostalgie de l’ère Mobutu, ont poussé les conspirateurs à tenter de renverser les institutions républicaines de la RDC ? Comment les assaillants ont-ils pu introduire des armes jusqu’au cœur de la capitale et s’emparer si facilement du siège de la présidence ? Cette tentative de putsch n’est-elle pas la preuve d’une fragilité de la sûreté d’État ? »
Vers un durcissement du pouvoir ?
En tout cas, conclut Afrikarabia, « cette attaque ne restera pas sans conséquences. Sécuritaires tout d’abord. Dans les services de renseignements, mais aussi dans l’armée. Le ministre de la Défense, Jean-Pierre Bemba, candidat à sa propre succession dans le nouveau gouvernement à venir, est sur la sellette. Mais surtout, l’assaut du Palais de la Nation risque de durcir davantage un pouvoir en proie à une guerre à l’Est dont il n’arrive pas à venir à bout, et une crise politique dans sa propre majorité, qui n’arrive pas à s’accorder pour se partager les postes à l’Assemblée et au gouvernement. »
Mon, 20 May 2024 - 736 - À la Une: la colère et l'inquiétude des avocats tunisiens
Les avocats se sont réunis ce jeudi 16 mai devant le Palais de justice de Tunis, pour une « mobilisation massive », annonce Webdo Tunisie, sous une photo montrant des centaines de personnes manifestant, avec parfois le poing levé. « Les avocats ont notamment manifesté contre les agressions qui les ciblent sur fond d’assaut contre la Maison de l’Avocat après l’arrestation de Sonia Dahmani et Mehdi Zagrouba », précise le site d'information. Réalités Online publie également plusieurs photos, parlant de son côté de milliers de personnes manifestant devant le Palais de justice. « En réaction à la récente série d’arrestations ciblant les avocats en Tunisie, des milliers d’entre eux vêtus de leur robe ont organisé un sit-in devant le Palais de justice à Tunis», précise Realités Online.
Rien de tel dans les journaux et les sites d'information plus conciliants avec le pouvoir. Le journal la Presse annonce ainsi que le chef de l'État Kaïs Saïed a reçu la ministre de la Justice, Leila Jaffal. Kaïs Saïed, selon lequel« il n'y a pas d'escalade avec les avocats ». Mais, ajoute le président tunisien : « Nul n'est au-dessus de la loi. Il a également déclaré, précise La Presse,« que ce qui s’est passé ces derniers jours n’est pas du tout lié au corps des avocats mais plutôt à ceux qui ont osé insulter leur patrie dans les médias et même l’humilier. » Faisant référence aux arrestations survenues dans les locaux de La Maison de l'Avocat, le président tunisien a également affirmé, nous dit La Presse, que «la Maison de l’avocat est située sur le sol tunisien et n’est soumise à aucun régime non territorial pour que quelqu’un s’y refugie et déclare qu’il a été pris d’assaut ».
De son côté, Tunisie Numérique publie également la photo du chef de l'État tunisien, à son bureau, recevant la ministre de la Justice. Tunisie numérique reprend aussi les propos du chef de l'État qui a critiqué ceux qui, de l’intérieur, dénigrent leur propre pays et bénéficient parfois de la protection de forces extérieures. Reprenant ainsi, sans vraiment le dire, l'accusation classique « d'ingérence étrangère », dans les affaires intérieures d'un pays en proie à une crise interne.
Sénégal : Ousmane Sonko et la présence militaire française
Ousmane Sonko a fait plusieurs déclarations remarquées, à l'occasion de sa rencontre à Dakar avec Jean-Luc Mélenchon, le chef de La France insoumise, la gauche radicale française. Dakar Actu raconte ainsi que le premier ministre et président du Pastef, a soulevé « la question des bases militaires françaises au Sénégal. Quelles sont les raisons pour lesquelles la France multiplie ses bases militaires au Sénégal. Pourquoi cette faveur ?s’interroge le président du parti Pastef qui réitère la volonté du Sénégal de disposer de lui-même ses bases militaires ». Cependant, poursuit Dakar Actu, « Ousmane Sonko rappelle que cela ne remet aucunement, en cause les accords de défense que le Sénégal partage avec les autres pays avec qui il a signé des conventions ».
« Le Sénégal revendique son indépendance stratégique », titre de son côté Sénéplus au-dessus d'une photo montrant l'épaule d'un militaire portant un écusson bleu blanc rouge, marqué « France ». « Soixante ans après les indépendances africaines, la question de la présence militaire étrangère reste un enjeu majeur pour de nombreux pays du continent, à l'instar du Sénégal. Comme l'a souligné Ousmane Sonko, cette présence soulève"des interrogations légitimes"sur la souveraineté et l'autonomie stratégique des États postcoloniaux. »
Enfin, Sénéweb se fait l'écho d'une autre déclaration d'Ousmane Sonko, accusant le gouvernement français de ne pas avoir dénoncé ce qui se passait au Sénégal, durant, dit-il, « toute la période de persécution extrêmement violente contre tout un mouvement politique, ayant entraîné et causé la mort de plus d'une soixantaine de personnes, des milliers de blessés, plus de 1000 détenus politiques ». Le président français Emmanuel Macron, est lui, accusé « d'avoir reçu son homologue sénégalais (Macky Sall), au pire moment de la répression. »
Fri, 17 May 2024 - 735 - À la Une: grève de la faim d'Ali Bongo
« L’ancien président gabonais et deux de ses fils, Jalil et Bilal, auraient lancé une grève de la faim. » Gabon Review emploie le conditionnel et donne la parole à l’avocat français d’Ali Bongo : « Cela fait neuf mois que cette famille est privée de sa liberté, que leur mère et leurs frères sont arrêtés et torturés, et qu’eux-mêmes ne jouissent d’aucun des droits fondamentaux qui sont reconnus à chacun. »
Jeune Afrique résume : « L’ancien président gabonais proteste contre les conditions de détention de sa femme Sylvia et de leur fils aîné, Noureddin Bongo-Valentin. »
Les Echos du Congo Brazzaville parlent d’un Ali Bongo« en détresse alors que son épouse et son fils ont été jetés au gnouf à Libreville ».
Ses conseils ont déposé plainte en France pour «séquestration aggravée par des actes de torture et de barbarie», précise Jeune Afrique.
Une procédure « qui vise précisément les militaires au pouvoir et certains de leurs hommes de main accusés de crimes graves», ajoute Gabon Review selon qui « Noureddin, fils aîné de l’ex-président gabonais, a subi à plusieurs reprises des actes de torture depuis son arrestation le 30 août dernier ».
Ses avocats l’affirment : « En garde à vue puis en détention, il aurait été battu avec un marteau et un pied-de-biche, étranglé, fouetté ou encore électrocuté au taser. Sa mère, qui aurait été contrainte d’assister aux tortures, aurait elle-même été battue et étranglée», assurent les défenseurs d’Ali Bongo.
Quant aux deux autres fils de l’ancien président, Actu Cameroun précise « Jalil et Bilal ont été assignés à résidence, privés de moyens de communication avec l’extérieur et également soumis à des actes de torture».
Deuxième communication d’Ali Bongo depuis sa chute et le coup d'État du 30 août
La première fois, c’était le 31 août, nous rappellent Les Echos du Congo Brazzaville. Il avait alors « lancé make noise, un appel visant à mobiliser la communauté internationale contre le coup d’État militaire qui lui avait ravi le pouvoir. L’appel n’avait pas été suivi ».
« Au contraire !, renchérit le journal, la communauté internationale ne s’était pas engagée en sa faveur comme cela avait été le cas pour l’ancien Président du Niger, Mohamed Bazoum déposé aussi par des militaires », notent Les Echos.
Et l’ancien président gabonais reste « privé de ses mouvements et de ses moyens de communication depuis sa résidence de la Sablière », précise Jeune Afrique.
« Officiellement, il est libre de tous ses mouvements, y compris d’aller se soigner à l’étranger », renchérissent Les Echos du Congo Brazzaville.Mais selon le quotidien : « l’ancien chef de l’État exigerait la libération de ses proches avant de quitter le pays pour des soins hors du pays, selon sa famille. »
Et Actu Camerounobserve le timing de ces accusations d’Ali Bongo, « alors que le président de la transition Brice Oligui Nguema s’apprête à effectuer un voyage en France ».
Sommet sur la cuisson propre en Afrique
« Encore des solutions contre le changement climatique ! », s’exclame Aujourd’hui au Faso qui constate qu’une dizaine de chefs d’État du continent ont fait le déplacement dans la capitale française.
Le quotidien rappelle quelques chiffres : « 2,3 milliards de personnes utilisent toujours le bois, le charbon ou le kérosène pour la cuisson de cuisine. Et 3,7 millions de personnes perdent la vie en raison de ces différents modes de cette cuisson. [...] La plupart sont les femmes et des enfants », ajoute Aujourd’hui au Faso.
« La question engage l’avenir de l’Afrique », a rappelé à Paris le président togolais. Dans les colonnes d’Ici Lomé, Faure Gnassimbé prône « la vulgarisation accrue de la cuisson par gaz liquéfié très efficace pour réduire les émissions de gaz à effets de serre, la cuisson électrique et les foyers améliorés et le financement des projets liés au crédit carbone ».
Et en termes de financement, Aujourd’hui au Faso se fait l’écho des annonces faites hier à Paris : « 2,2 milliards par la Banque Africaine de Développement, la Norvège et l’Union européenne. »
Objectif sur le continent, conclut le quotidien : « Doter 300 millions de personnes de combustibles propres, donc de lutter contre le réchauffement climatique. »
Thu, 16 May 2024 - 734 - À la Une: la visite de Jean-Luc Mélenchon au Sénégal
Le leader de La France insoumise (LFI) répond à l’invitation du Premier ministre Ousmane Sonko, explique Senego. Objectif, rappelle le média en ligne : « Consolider les liens entre le Pastef et la gauche radicale française qui a ardemment soutenu le camp d’Ousmane Sonko, lors de sa longue bataille judiciaire avec les autorités. »
Jean-Luc Mélenchon « devient le premier haut responsable politique français à être reçu par le nouveau pouvoir, six semaines après la victoire de Bassirou Diomaye Faye à l’élection présidentielle sénégalaise », rappelle le Monde Afrique pour qui le leader de LFI « poursuit son opération séduction en Afrique ».
Et comme pour préparer ce voyage de quatre jours, le leader de La France insoumise publie une tribune dans plusieurs médias. Un texte intitulé « À l’écoute de la leçon sénégalaise » notamment relayé par Seneplus et Xibaaru. L’occasion pour lui de pointer à nouveau du doigt la persécution politique et judiciaire contre Ousmane Sonko, de parler de « scénario traditionnel qui a frappé au Brésil, en Mauritanie, aux Philippines, mais aussi en France contre lui et ses proches », assure Jean-Luc Mélenchon.
Un scénario au cours duquel le Monde Afrique raconte comment le leader de La France insoumise a soutenu Bassirou Diomaye Faye et Ousmane Sonko, notamment via une visioconférence en avril 2023, juste avant l’incarcération de celui qui est désormais président du Sénégal.
« Sur la scène africaine, constate le quotidien, Jean-Luc Mélenchon cultive aussi sa différence avec le gouvernement français. » Pour autant, dit le ministre de la Communication, Alioune Sall au Monde Afrique : « Il n’y a aucun malaise vis-à-vis des autorités françaises. Nous distinguons nos relations privilégiées avec des partis amis et celles, séculaires, avec la France. »
« Cette visite entre dans le cadre de la consolidation des liens existants entre deux formations politiques qui partagent la vision d’un monde juste et solidaire dans le respect de la souveraineté de chaque peuple », rappelle le Pastef cité par Senego.
Une délégation en mode semi-institutionnel, semi-militant selon Jean-Luc Mélenchon
Après avoir rencontré Ousmane Sonko, Senego parle pour la délégation LFI d’une « série d’activités dont une conférence publique avec les étudiants de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar demain sur l’avenir des relations Afrique-Europe ».
Une chose semble certaine à en croire Le Monde Afrique : « Jean-Luc Mélenchon, fort de sa rhétorique anti-impérialiste, laboure le terrain africain à la recherche d’alliés et de popularité. » Le Burkina Faso en 2021, « où il avait rendu hommage à la figure de proue du panafricanisme, Thomas Sankara ». Kinshasa, et la République démocratique du Congo en octobre dernier ou c’est « devant le mémorial honorant Patrice Lumumba, héros de l’indépendance congolaise assassiné en 1961, que le Français s’inclinait ».
Et le député LFI Arnaud Le Gall précise la position de son parti : « On œuvre pour une diplomatie non alignée qui n’est ni la neutralité ni l’isolement et nous refusons l’enfermement dans l’entre-soi occidental. »
Une question reste pour le moment sans réponse : Jean-Luc Mélenchon va rencontrer Ousmane Sonko. Mais selon Dakar, aucune rencontre n’est« au programme pour le moment »avec le nouveau président sénégalais, mais« elle n’aurait rien d’incongru », ajoute le Monde Afrique.
La crise Bénin-Niger
« Qui pour jouer la médiation ? », se demande La Nouvelle Tribune. Le quotidien béninois constate qu’il faut « rapidement trouver un interlocuteur majeur pour jouer le rôle de bons offices entre les deux parties. Si tant est qu’une médiation est encore possible, il n’y a pas grand monde qui se bouscule au portillon pour jouer ce rôle ».
Mais l’Evènement précis a trouvé la perle : Moïse Kerekou. L’ambassadeur du bénin en Turquie « apporte sa contribution à la résolution de la crise », titre le quotidien. Il revient sur la polémique née de l’interdiction du pétrole nigérien. Le journal relaye sa réflexion sur l’origine de l’oléoduc Niger-Bénin et rappelle au passage de Moïse Kerekou est l’un des initiateurs du projet. Mais hormis le récit de la naissance de l’idée d’un oléoduc, pas vraiment de piste pour une sortie de crise entre le Bénin et le Niger.
Côté béninois, Banouto observe que le président peut compter sur le soutien de certains de ses députés. En l’occurrence ceux du Bloc républicain. Le groupe parlementaire rappelle que « le Bénin passe pour un bouc émissaire de la situation que traverse le Niger. Aucune menace sécuritaire liée à la présence de troupes étrangères, n'explique l'attitude du Niger ».
Wed, 15 May 2024 - 733 - À la Une: montée de tension entre le Niger et le Bénin
« Tension Bénin-Niger : ces imaginaires bases militaires françaises, titre Banouto. Paranoïa, désinformation, manipulation ou faux-fuyant ? La junte au pourvoir au Niger prétexte d’une fausse présence de bases militaires françaises pour maintenir fermées les frontières avec le Bénin », affirme le site en ligne.
Au Burkina Faso, Wakatsera se fait l’écho de la réponse du porte-parole du gouvernement béninois au président de la transition nigérienne. Pour Wilfried Léandre Houngbédji :« Le général Tiani n’a qu’à envoyer tout ce qu’il a comme médias indépendants au Niger pour qu’on leur fasse visiter le Bénin, depuis Cotonou jusqu’à Malanville, en passant par tous les coins, les axes frontaliers et ils regarderont s’il y a une base. »
L’accusation est grave, car comme le rappelle Banouto : « Certaines de ces supposées bases serviraient de terrain d’entrainement de terroristes qui iraient déstabiliser le Niger. » C’est tout du moins ce qu’affirme Niamey, qui conditionne la réouverture de sa frontière avec le Bénin à la fermeture de ces bases.
« Nous avons souverainement décidé de garder notre frontière fermée avec le Bénin pour la bonne et simple raison que nos anciens amis, que sont les Français, sont revenus sur le territoire béninois après leur départ du Niger »,dit encore Ali Mahamane Zeine.
Et Banouto relaye les propos du Premier ministre nigérien qui cite « Tourou, Kandi, Porga, Parc W, Madecali » comme des localités abritant ce que le pure player qualifie d’imaginaires bases militaires françaises.
Mais comme le rappelle le porte-parole du gouvernement béninois, cité par Wakatsera : « Une base militaire, ce n’est pas une aiguille dans une botte de foin quand même. Le Niger peut déployer les moyens satellitaires qu’il veut, avec ses alliés militaires du moment, pour venir voir si on a une base ici. »
Confusion ?
« Au vu des localités énumérées par son Premier ministre, la junte nigérienne fait peut-être une confusion avec les bases opérationnelles avancées (Boa) et les postes avancés fortifiés (Paf) dont se dote l’armée béninoise dans sa stratégie de lutte contre le terrorisme », précise un observateur au site en ligne.
Et des voix s’élèvent pour une sortie de crise, comme celle de l’ancien ministre des Affaires étrangères béninois dont l’Evènement Précis relaye la réaction. Pour lui, « le Niger doit coopérer avec son voisin car les autorités béninoises ont déjà montré leur volonté de mettre leur territoire au service du pétrole nigérien ». Nassirou Bako Arifari enfonce le clou : « Il n’y a pas de base militaire française au Bénin. Nous appelons le Niger à coopérer pour une sortie de crise. »
Et ces accusations ne datent pas d’hier rappelle Banouto. « Les fake news liées à la présence de bases militaires françaises au Bénin n’est pas nouvelle. Apparue depuis que les troupes françaises de la force Barkhane sont devenues indésirables au Sahel, cette infox a pris tellement de l’ampleur qu’elle a été déjà démentie plusieurs fois par les autorités béninoises et même françaises », conclut le média béninois.
Visite du président rwandais en Afrique de l’Ouest
« Renforcement de la coopération sud-sud, Paul Kagame montre la voie à suivre », titre Le Pays. Le média burkinabè observe que « le président rwandais semble engagé dans une véritable offensive diplomatique en Afrique » que le média en ligne qualifie même « d’opération de charme. Au Sénégal, il est le tout premier président à avoir rendu visite au nouveau président élu, Bassirou Diomaye Faye. »
Mais Le Paysnote aussi que « la tournée de l’homme mince de Kigali ne manque pas de susciter des interrogations. Que recherche Paul Kagame à travers ses sorties ? Qu’est-ce qui le fait courir tant ? On le sait, la crise dans l’Est de la République démocratique du Congo, dans laquelle il est accusé de soutenir les groupes rebelles qui sèment la terreur et la désolation chez son voisin, a contribué à isoler le président rwandais sur la scène internationale. Il est donc possible de penser que Kigali travaille à redorer son blason », conclut Le Pays.
Tue, 14 May 2024 - 732 - À la Une: Mahamat Idriss Deby donné vainqueur de l'élection présidentielle au Tchad
Les résultats officiels et encore provisoires donnent Mahamat Idriss Déby vainqueur avec plus de 61 % des suffrages. Victoire « à laquelle de nombreux analystes politiques s'attendaient », commente Journal du Tchad, qui ne cache pas sa satisfaction, évoquant « une victoire bien méritée au premier tour, sans recourir à un deuxième tour » (...) Et le journal ajoute : « le pays va enfin bénéficier d'une stabilité politique et d'un gouvernement unifié, indépendant dans ses décisions et sa souveraineté, sans avoir besoin de recourir à une autre étape qui pourrait mettre à mal la stabilité du pays et le plonger dans une autre crise de pressions internationales et problèmes internes ». Le Journal du Tchadqui conclut son analyse tout à la gloire du président Mahamat Idriss Deby par ces mots : « Il convient de noter que le Tchad sera le premier pays de la région de l’Afrique de l’Ouest et du Sahel à mettre fin à un régime militaire grâce à des élections transparentes et démocratiques ».
De son côté, Tchad Infos met à la Une, une photo de Mahamat Idriss Déby serrant la main de Pahimi Padacké Albert, l'ancien premier ministre arrivé 3ᵉ de l'élection, et venu, nous dit-on, « féliciter le vainqueur ». Photo que l'on retrouve également à la Une deTchadVision, qui ajoute : « À la fin d’une cérémonie de réjouissance réunissant ses partisans à N’Djamena, la sécurité a demandé aux uns et aux autres de se disperser ». TchadVision qui cite également les premiers mots du vainqueur :« Au vu de cette large victoire, je suis désormais le président élu de tous les Tchadiens », a déclaré Mahamat Idriss Déby.
Les commentaires de la presse burkinabé
61,03 %, c'est un « coup de massue », estime Wakatsera qui poursuit : « Si ces chiffres sont confirmés par le Conseil constitutionnel, le président de la transition qui se sera fait une virginité par les urnes, rangera juste son treillis dans les placards de l’armée, contre le boubou blanc de président du Tchad, qu’il étrennait depuis un bout de temps, comme s’il connaissait l’avenir ». Wakatseraqui ne manque pas de commenter la défaite du Premier ministre Succès Masra… « Surprise, Masra auquel le succès a échappé, crie à la confiscation de sa victoire, alors que son prédécesseur à la tête du gouvernement, Pahimi Padacké, celui-là même qui avait prévu« un match amical »entre le président de la transition et son Premier ministre, n’a point attendu le verdict final du Conseil constitutionnel, pour féliciter le vainqueur ».
Toujours au Burkina, Le Pays annonce la fin d'un « faux suspense », et laisse entendre que le résultat n'est peut-être pas celui que l'on croit. « Annoncés pour le 21 mai prochain, soit deux semaines après le déroulement du scrutin, les résultats de la présidentielle au Tchad ont été rendus publics le 9 mai ». « Pourquoi » se demande le Pays, « pourquoi un tel revirement qui semble en avoir surpris plus d’un ? Même si l’Autorité nationale de gestion des élections n’a pas jugé utile de se justifier, tout porte à croire qu’elle a subi des pressions. Car, depuis la fermeture des bureaux de vote, et alors même que la compilation était en cours, des bruits couraient sur les réseaux sociaux, donnant le Premier ministre Succès Masra vainqueur dès le premier tour », assure Le Pays.
L'élection au Tchad vue du Sénégal
Walfnet se fait l'écho des protestations du Premier ministre Succès Masra, crédité d'un peu plus de 18 %, des suffrages et qui « revendique la victoire dès le premier tour, une victoire éclatante et sans tache », dit-il. « Mais, ce n'est pas tout, poursuit Walfnet, Succès Masra avait également affirmé (avant la publication des résultats) que le camp du général Mahamat Idriss Déby Itno, proclamé chef de l’Etat, il y a trois ans par l’armée, allait annoncer que ce dernier avait “remporté” la présidentielle et tenter ainsi de « voler sa victoire au peuple ». « Tchadiens, mobilisez-vous pacifiquement, dans le calme […] pour prouver votre victoire », avait lancé Succès Masra, « avant l’heure de l’annonce officielle des résultats », nous dit Walfnet.
Fri, 10 May 2024 - 731 - À la Une: presse et pouvoir en Afrique de l’Ouest…
Avec cette question posée par Jeune Afrique : « au Sénégal, les médias d’État couperont-ils le cordon avec le pouvoir ? Revendiquant la rupture, le président Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko sauront-ils mettre un terme à la tutelle parfois caricaturale du pouvoir politique sur les médias publics ? »
Il faut dire qu’en la matière, le passif est lourd… Jeune Afrique donne plusieurs exemples, dont ce fameux soir du lundi 25 mars, lendemain de présidentielle. Tout le monde sait, au vu des tendances nationales, que Bassirou Diomaye Faye est largement vainqueur.
Et pourtant, pointe le site panafricain, au journal télévisé de 20 heures de la RTS, la Radio Télévision sénégalaise, « l’information n’est pas jugée prioritaire. Certes, dès le lancement du JT, qui ne dure que 20 secondes, le présentateur annonce que “le président Macky Sall et Amadou Ba félicitent Bassirou Diomaye Faye“, tout en indiquant qu’un portrait du nouveau président suivra peu après. Mais la RTS choisit de consacrer son sujet d’ouverture à l’agenda du président sortant. (…) Il faudra attendre la treizième minute de ce JT pour découvrir enfin le portrait du cinquième président de la République sénégalaise. »
Qui plus est,« le vaincu, Amadou Ba, aura droit dans la foulée à un sujet deux fois plus long que son adversaire victorieux (quatre minutes). »
Commentaire de JA : « digne de l’Union soviétique des années Brejnev, le journal télévisé de la RTS, ce 25 mars 2024, semble comme ressorti de la naphtaline sans avoir évolué d’un iota depuis le règne de Léopold Sédar Senghor, dans un Sénégal où, pourtant, médias privés et sites internet pullulent de longue date. »
Pape Alé Niang va-t-il changer la donne ?
« Pour l’heure, les nouvelles autorités n’ont pas encore dévoilé de réformes majeures concernant les médias publics,relève Jeune Afrique. Une nomination symbolique a toutefois marqué les esprits. Le journaliste Pape Alé Niang a en effet été promu directeur général de la RTS. Jusque-là responsable éditorial et principal artisan du site d’information Dakar Matin, ce journaliste engagé, vieux routier de la presse indépendante au Sénégal, s’est distingué au cours des dernières années par ses prises de position critiques à l’égard de la gouvernance de Macky Sall. »
Alors Pape Alé Niang saura-t-il préserver une certaine liberté de ton ? Saura-t-il se démarquer du pouvoir ? Et de leur côté, les responsables politiques interviendront-ils dans le traitement de l’information ?
On verra bien… En tout cas, conclut Jeune Afrique, « adeptes de la “rupture“ avec le système qu’ils ont combattu au temps où ils étaient le fer de lance de l’opposition, les “Patriotes“ devront montrer au plus vite qu’ils ne se sont pas contentés de substituer un nouveau carré de laudateurs à un autre au sommet des médias d’État. »
Sahel : le trou noir informationnel…
Toujours dans la sous-région, il est devenu difficile, voire impossible, pour les journalistes de travailler normalement dans les pays sahéliens sous la coupe des militaires…
Début avril, l’association Reporters sans frontières, publiait une enquête édifiante à ce sujet. « 40 pages qui mettent à nu les risques, menaces, intimidations et embastillements, bref, tous les dangers qui sont le lot quotidien des femmes et hommes de médias au Sahel. »
Commentaire du quotidien Aujourd’hui à Ouagadougou, alors que la presse burkinabé est concernée, à l’instar de la presse malienne, nigérienne et guinéenne… « La liberté de la presse est devenue chancelante, et hypothèque même l’existence des médias au Sahel. »Avec« des tentatives de caporalisation, de bâillonnement, voire d’extinction de tous les médias qui refusent la pensée unique, ou certains discours lénifiants. »
Le rôle essentiel d’une presse libre
Plus récemment, vendredi dernier, on célébrait la trentième Journée mondiale de la liberté de la presse.
Et voici ce qu’écrivait le quotidien Le Pays, toujours à Ouaga : « sous nos tropiques, (…) la sérénité est loin d’être le credo des hommes de médias qui se veulent pourtant la mauvaise conscience des dirigeants dans un esprit de construction de l’Etat de droit. C’est pourquoi la célébration de cette journée sonne comme un appel aux dirigeants, à respecter et à renforcer leur engagement en faveur de la liberté de la presse. Car, la presse n’est pas l’ennemi des pouvoirs publics. Bien au contraire ! Elle a un rôle essentiel à jouer dans l’édification de la Nation à travers la promotion d’une gouvernance vertueuse. »
Thu, 09 May 2024 - 730 - À la Une: Diomaye Faye ou la diplomatie de bon voisinage
C’est ainsi que Walf Quotidien qualifie la politique étrangère du tout nouveau président sénégalais : « Contrairement à ses prédécesseurs qui étaient plus liés aux puissances étrangères en termes de coopération, le président Diomaye Faye privilégie la diplomatie du bon voisinage », constate donc le quotidien dakarois qui précise : « Depuis sa prise de fonction, ses visites à l’international sont effectuées dans les pays de la sous-région avec un premier séjour dans la République sœur de Mauritanie, suivie de la Gambie avant de s’envoler pour la Guinée-Bissau. Depuis hier [7 mai, NDLR], il est l’hôte du président ivoirien, Alassane Dramane Ouattara. »
Walf Quotidien note d’ailleurs qu’au cours des échanges avec le voisin ivoirien, la question de la sortie du franc CFA n’a pas été abordée. Cela ne semble plus être une priorité pour Diomaye Faye qui en avait fait pourtant l’un de ses grands thèmes de campagne. En tout cas, « Faye et Ouattara en terrain d’entente », titre le quotidien 24 Heures.
« Dakar et Abidjan sont en phase sur plusieurs sujets, renchérit Dakar Matin. Pour le président Bassirou Diomaye Faye, la Côte d’Ivoire est un pays qui inspire dans beaucoup de domaines. "Nous pouvons encore faire plus, a-t-il dit, notamment dans les secteurs prioritaires de l’agriculture avec le développement des coopératives en Côte d’Ivoire dont nous voulons largement nous inspirer et dans d’autres domaines comme celui de l’élevage, de la défense, de la sécurité, de l’éducation et de l’énergie même". »
BDF et ADO : pas grand-chose en commun et pourtant
Cette convergence entre les deux présidents sénégalais et ivoirien peut surprendre, car à priori, tout les oppose. C’est ce que souligne Le Monde Afrique : « Bassirou Diomaye Faye et Alassane Ouattara n’ont pas grand-chose en commun. Le premier se revendique"panafricaniste de gauche", quand le second est un libéral de droite assumé ; le Sénégalais, 44 ans, entend incarner la rupture, quand le président ivoirien, 82 ans, prône la continuité. Enfin, Bassirou Diomaye Faye vient d’imposer de façon démocratique l’alternance au Sénégal, alors qu’Alassane Ouattara exerce son troisième mandat, et n’a toujours pas dit s’il en briguerait un quatrième en 2025. Deux hommes que peu de choses rapprochent à première vue,donc, pointeLe Monde Afrique, mais à la tête des poids lourds francophones d’Afrique de l’Ouest, deux États historiquement liés et politiquement alignés dans une sous-région en pleine crise depuis la série de coups d’État au Sahel. »
D’ailleurs, note encore le journal, « alors qu’Alassane Ouattara entretient des relations glaciales avec les régimes militaires sahéliens, c’est bien le Sénégal, rare pays de la région à être en mesure de parler à tous les chefs d’État, qui pourrait être la clé de l’apaisement en Afrique de l’Ouest. Ousmane Sonko, le Premier ministre sénégalais, a annoncé lundi qu’il se rendrait prochainement au Mali, au Burkina Faso et au Niger ».
Double jeu diplomatique
Du coup, LeQuotidien à Dakar parle de « double jeu diplomatique » : « Diomaye chez les démocrates et Sonko chez les putschistes. (…)Au pouvoir grâce aux urnes qui ont consacré son poulain, que cherche Sonko au Mali, au Burkina Faso et au Niger ?, s’interroge le journal. Est-ce une refonte de la politique d’exclusion contre ces régimes, prônée par l’ancien Président ? Une refonte voulue par Sonko qui a réussi à provoquer l’alternance du 24 mars dernier. Pour lui, ces visites seraient l’expression assumée des idéaux dits panafricanistes qu’il partage avec les militaires au pouvoir à Bamako, à Niamey, à Ouagadougou et Conakry. Ensemble, ils voudraient montrer qu’ils entretiennent un grand dessein souverainiste pour le continent. »
D’ailleurs, remarque L’Observateur Paalga au Burkina Faso, les nouvelles autorités sénégalaises « se verraient bien jouer les forces tampons entre l’AES(qui regroupe les États putschistes)et le reste de la Cédéao et, qui sait ?, ramener les frondeurs dans la grande famille de la communauté. De ce point de vue, Alassane Ouattara, que Bamako, Niamey et Ouagadougou ne peuvent pas voir, même en peinture, pourrait sous-traiter cette épineuse question à son jeune homologue, même s’il faudra bien plus qu’un simple voyage présidentiel pour dénouer cette crise au sein de la Cédéao qui s’installe dans la durée ».
Wed, 08 May 2024 - 729 - À la Une: changement de régime officiel au Togo
Les choses n’ont pas traîné : une semaine après les élections législatives, le Togo a changé de régime politique. En effet, précise le site Togo Breaking News, « Faure Gnassingbé a promulgué la nouvelle Constitution du Togo. Le texte voté en deuxième lecture le 19 avril dernier fait basculer le Togo dans une Ve République avec un régime parlementaire. Cette promulgation a été faite par le président sortant conformément aux dispositions de l’article 67 de l’ancienne constitution qui prévoit que le président de la République promulgue les lois 15 jours après leur transmission par le bureau de l’Assemblée nationale ».
Désormais, poursuit Togo Breaking News, « l’essentiel des pouvoirs de l’exécutif reviendra à un Président du Conseil des ministres. Ce dernier commandera l’armée et représentera le Togo à l’étranger. Il sera simplement le chef du parti politique qui détient la majorité des députés à l’Assemblée nationale. Et il sera nommé pour un mandat de six ans renouvelable autant de fois que son parti détiendra la majorité à l’hémicycle ».
Six ans de plus
Le parti présidentiel Unir ayant obtenu une écrasante majorité des voix, Faure Gnassingbé, aux affaires depuis 2005, devrait donc rester au pouvoir pour six ans minimum.
Togo Breaking News note encore qu’une grande partie de « l’opposition togolaise et de la société civile est restée vent debout contre la réforme, dénonçant un coup d’État constitutionnel. Pas plus tard qu’avant-hier, le Front citoyen Togo Debout, dirigé par le Professeur David Dosseh a tenu un meeting à Lomé pour contester la nouvelle constitution. Plusieurs leaders de l’opposition ont pris part à cette manifestation, l’une des rares autorisées ces dernières années par le gouvernement ».
Des fraudes ?
L’opposition togolaise dénonce également des fraudes lors des législatives… C’est ce que pointe Le Monde Afrique. Ainsi, « Nathaniel Olympio, président du Parti des Togolais regrette que "les organisations internationales [aient] validé les élections frauduleuses" de lundi, déplorant qu’elles aient déployé "moins de soixante-dix observateurs" dans tout le pays. La Dynamique pour la majorité du peuple (regroupement de partis politiques de l’opposition et d’organisations de la société civile) affirme avoir constaté tout au long de la journée électorale "un nombre abusif de votes dans plusieurs centres",des"retards dans le démarrage du vote" et des listes électorales "pas affichées" ».
Une nouvelle donne politique ?
Alors, désormais, un nouveau jeu politique doit s’installer. C’est du moins ce que veut croire WakatSéra au Burkina. « L’opposition qui dénonce la longévité d’un homme ou d’une famille à la tête du Togo », devra se montrer « plus cohérente dans l’acte et la parole, en opérant des changements » avec du « sang neuf. (…) Le parti au pouvoir, lui, aura le devoir d’entretenir la vitalité démocratique, qui passe par l’existence de partis politiques crédibles. »
Justement,Le Pays,toujours au Burkina,s’interroge :«Maintenant qu’il est parvenu à ses fins, que fera Faure de sa victoire ? Va-t-il ouvrir le jeu politique ? Ou bien va-t-il verrouiller davantage le système électoral ? De toute évidence, s’il veut disposer d’un mandat plus apaisé, il gagnerait à favoriser l’ouverture afin de permettre à l’opposition d’exister. »
Le changement dans la continuité également au Tchad ?
À la Une également, les élections au Tchad. Premier tour de la présidentielle hier lundi. Dix candidats étaient en lice, dont Mahamat Idriss Déby Itno et Succès Masra.
« Le vote s’est globalement déroulé sans violences, malgré, déjà, des accusations de fraude », note Jeune Afrique qui nous propose un long reportage de son envoyé spécial à Ndjamena.
La journée de vote s’est déroulée sous un soleil écrasant avec des températures avoisinant les 40 degrés. D’où une affluence plus importante en fin d’après-midi. « Alors que la journée de vote touche à sa fin,relate Jeune Afrique, la participation reste difficile à évaluer, mais les files s’allongent une nouvelle fois devant les bureaux de la capitale. Un électeur n’a “pas pu venir avant“, tandis qu’un autre a préféré éviter la chaleur de la journée et en profitera pour suivre le dépouillement. »
Désormais, note encore l’envoyé spécial du site panafricain, « l’heure est à la compilation et au calcul. Les résultats officiels de l’Ange (la commission électorale tchadienne) devraient être connus dans deux semaines au maximum. Une éternité pour certains ». Et si second tour il y a, il aura lieu le 22 juin.
Tue, 07 May 2024 - 728 - À la Une: jour J pour Mahamat Idriss Déby
Élection présidentielle ce lundi au Tchad. « Plus de huit millions de Tchadiens sont appelés aux urnes,relève Le Monde Afrique, pour un scrutin censé mettre un terme à la transition entamée au lendemain de la mort du président Idriss Déby Itno, tué lors de combats avec des rebelles en avril 2021. L’enjeu est de taille : son fils, Mahamat Idriss Déby, hissé par un groupe d’officiers sur le fauteuil de son père, souhaite légitimer son pouvoir par les urnes ; mais son principal rival et premier ministre, Succès Masra, ne compte pas lui faciliter la tâche. »
Le Monde Afriquerappelle que« Succès Masra était rentré au Tchad en novembre de l’année dernière, au terme d’un an d’exil et avait été nommé chef du gouvernement à la faveur d’un accord politique avec le pouvoir. Il s’était alors attiré les foudres de ses anciens alliés parmi l’opposition et la société civile qui désormais le considèrent comme un"candidat prétexte" servant à donner l’illusion d’un scrutin ouvert. (…) Mais les évènements ont finalement pris une tournure inattendue, pointe encore le journal, lorsque Succès Masra, galvanisé par les foules venues assister à ses meetings dans ses fiefs du sud du pays, a décidé de donner un ton plus offensif à sa campagne en multipliant les coups de griffes à l’encontre de Mahamat Idriss Déby. Et dans ce qui s’annonce comme un duel serré entre le président de la transition et son Premier ministre, un autre candidat, l’ancien Premier ministre Albert Pahimi Padacké – arrivé second à la dernière présidentielle de 2021 avec plus de 10% des voix –, apparaît désormais comme le"troisième homme" ; il pourrait être un faiseur de rois dans le cas d’un éventuel second tour ».
Ange ou démon ?
Alors « l’alternance est-elle possible ? », s’interroge Le Pays. Le quotidien burkinabè se garde bien de livrer un pronostic. « L’occasion est bonne, en tout cas, pour le peuple tchadien de créer une surprise à la Sénégalaise,affirme-t-il,et de prendre définitivement son destin en main après près d’une décennie d’élections truquées qui ne visaient que la confiscation du pouvoir au profit du régime d’Idriss Deby Itno. Mais encore faut-il que l’Ange, l’agence chargée des élections, joue la carte de la transparence,relève encore Le Pays. Même si elle se veut rassurante, il n’en demeure pas moins qu’elle cristallise les critiques de certaines organisations de la société civile. »
En effet, renchérit L’Observateur Paalga,« une question taraude toujours les esprits. Celle de savoir si l’Ange n’est pas un démon en l’occurrence, car malgré ses assurances sur la fiabilité du fichier électoral, le fait qu’elle n’ait pas eu"le temps matériel" (selon ses dires) pour procéder à une nouvelle révision pose problème aux yeux de nombreux observateurs de la scène politique tchadienne. »
La France et les États-Unis attentifs
En tout cas, cette présidentielle au Tchad présente un aspect géopolitique important. C’est ce que souligne Le Point Afrique : « Alors que la France a encore quelques milliers de soldats répartis dans trois bases au Tchad, les résultats de la présidentielle dans ce pays, qui reste jusque-là un maillon clé de la présence militaire française au Sahel, pourraient être des plus scrutés depuis Paris. Idem pour Washington qui, après un accord de retrait de ses troupes du Niger, a annoncé il y a quelques jours un"repositionnement" de ses soldats basés au Tchad. »
Pas de surprise au Togo
À la Une également, les élections législatives au Togo. On connait les résultats du scrutin d’il y a une semaine et sans surprise, le parti présidentiel l’emporte haut la main.
« Unir a littéralement écrasé ses adversaires politiques », s’exclame Togo Matin. Avec 108 sièges sur 113, c’est « un ouragan électoral. (…) Cette grande victoire,poursuit le quotidien proche du pouvoir, reste également celle de la nouvelle Constitution adoptée par l’Assemblée nationale, à la veille de ce double scrutin, et dans un contexte quelque peu crispé avec plusieurs sons de cloche voire des montées d’adrénaline, entendus ci et là ».
Pour le site d’information Togo Breaking News, « c’est clairement une bérézina électorale pour les grands partis de l’opposition qui avaient commencé à dénoncer depuis le jour du vote des bourrages d’urnes et autres fraudes de la part des partisans du pouvoir. Les opposants togolais n’ont pas su mobiliser leurs bases ou n’ont pas eu les moyens de mieux préparer ces élections ».
Mon, 06 May 2024 - 727 - À la Une: la Journée Internationale de la presse sur le continent africain
La Journée Internationale de la liberté de la presse est l'occasion, pour un certain nombre de médias africains, d'alerter sur la situation des journalistes dans plusieurs pays du continent. C'est le cas notamment en RDC, où 7 sur 7 a interrogé Sadibou Marong, responsable du bureau Afrique de Reporters sans Frontière, selon lequel « la timide progression de la RDC au classement de cette année, ne doit pas faire oublier les nombreuses agressions et menaces dont ont été victimes les journalistes en 2023, particulièrement en amont des élections présidentielles de décembre 2023, ni l’enlèvement d’un journaliste et la pression subie par les médias de la part des rebelles du M23 dans le Nord-Kivu... ». Pour Journaliste en Danger, partenaire congolais de Reporters sans Frontière, « la multiplication des actes et déclarations de criminalisation des journalistes et de remise en cause de la liberté d'expression enregistrés depuis le début du nouveau mandat de Tshisekedi, traduisent une volonté politique de rétrécissement des espaces de liberté d’expression pour les médias libres et indépendants ».
Sahel sous pression
Maliweb donne la parole à plusieurs personnalités qui commentent la situation actuelle. Ainsi, Tidiani Togola, directeur exécutif de la Fondation Tiwindi, estime « qu'au Mali, les préoccupations sécuritaires semblent l’emporter sur les libertés individuelles, y compris celles de base comme la liberté d’expression et la liberté de la presse. Ce n’est pas sans conséquences », ajoute Tidiana Togola, « les professionnels du métier sont empêchés de travailler selon les règles de l’art, ce qui rend très difficile l’équilibre dans le traitement de l’information et, donc, l’accès du public à une information fiable ».
De son côté, Modibo Fofana, président de l'Association des Professionnels de la Presse en Ligne, souligne que « depuis la promulgation de la loi portant répression de la cybercriminalité le 5 décembre 2019, l’exercice de la profession est devenu risqué. « En effet, dit-il, les contenus des journaux papier ou des émissions radio ou télévisées diffusés sur Internet ou sur les réseaux sociaux sont considérés, en cas de dérapage, comme des crimes dans le domaine de la cybercriminalité. Certains de nos confrères en ont déjà fait les frais ».
« Chape de plomb »
« Quand la liberté de la presse se meurt à petit feu », titre Le Pays, au Burkina Faso, le Pays qui précise : « Pendant que l’accès aux sources d’information devient plus difficile et la situation économique des médias de plus en plus catastrophique, les journalistes, eux, vivent une véritable misère sur le terrain. Ils sont le plus souvent présentés comme des ennemis plutôt que de simples médiateurs dont le rôle consiste à donner l’information juste au public ». Et ce n'est pas tout :« Aujourd’hui, le journaliste, au Burkina Faso, écrit, la peur au ventre », ajoute Le Pays. « À l’occasion de ce 3-Mai, nous appelons les autorités du pays à desserrer l’étau autour de la presse afin de lui permettre de jouer pleinement son rôle dans la construction de l’État de droit ».
Toujours au Burkina, Aujourd'hui estime « qu'entre censure, précarité et crise de trésorerie, les médias au Sud du Sahara et plus précisément au Sahel (région en proie au terrorisme) ne savent plus à quelle plume se vouer. Entre le caractère sacré des faits, cher aux journalistes et le risque de tomber sous le coup de la loi contre l’apologie du terrorisme, les médias vivent sous une chape de plomb et fonctionnent comme s’ils avaient un couteau sur la gorge ». conclut Aujourd'hui, non sans rappeler que « le Sahel est devenu par la force des choses, une zone difficile pour les médias, dont plusieurs titres, majoritairement occidentaux, ont été frappés de suspension et d’interdiction par les organes régulateurs ou gendarmes des médias ».
Bref, un tableau général plutôt sombre, que certains médias ont le mérite de mettre sous la lumière, malgré toutes les difficultés dont ils nous font part.
Fri, 03 May 2024 - 726 - À la Une: l’impasse politique et économique au Mali et au Burkina Faso
« Des élections reportées aux calendes sahéliennes… », constate Jeune Afrique en préambule à une longue enquête sur la situation politique des deux pays sous la coupe des militaires.
« Cette année 2024 devait être l’année des scrutins présidentiels au Mali et au Burkina Faso. Mais ni la junte d’Assimi Goïta ni celle d’Ibrahim Traoré ne semblent vouloir mettre un terme à leurs régimes de transition,pointe le site panafricain. Après quelques circonvolutions calendaires consécutives au premier coup d’État du colonel Assimi Goïta, la prolongation de la transition malienne avait été fixée “à 24 mois, à compter du 26 mars 2022“. Au Burkina Faso, quelques semaines après la prise de pouvoir du capitaine Ibrahim Traoré, la charte de transition adoptée le 14 octobre 2022 fixait la fin de la transition au 1er juillet 2024. »Au final, constateJeune Afrique, « la date malienne a été dépassée. Quant aux autorités burkinabè, qui se trouvent à deux mois de l’échéance, elles ont expliqué qu’organiser des élections n’était pas “une priorité“. »
Et voici leur argument : « le Premier ministre burkinabè, Apollinaire Joachim Kyelem de Tambela, a (récemment) dénoncé les “campagnes électorales coûteuses et ruineuses“ et les “discours alambiqués et procédures incompréhensibles pour le plus grand nombre“,pointe le site panafricain. Il semble y préférer “la démocratie“ dans laquelle vivaient les “sociétés traditionnelles“. Sans urnes. La transition prolongée pourrait donc s’achever par une “élection“ sans suffrage universel. Le Mali, lui,relève enfinJeune Afrique, a démontré par son référendum constitutionnel de juin 2023 qu’il accordait encore du crédit aux scrutins déployés sur toute l’étendue du territoire. Mais jusqu’à quel point ? »
Le FMI à la rescousse
A ce blocage politique s’ajoutent de grandes difficultés sociales et économiques… Avant-hier, relève Sahel Tribune, « le Fonds monétaire international a annoncé avoir conclu un accord crucial avec le Mali, en vue d’octroyer une facilité de crédit rapide de 120 millions de dollars, soit plus de 70 milliards de FCFA. » Objectif : « aider à combattre les effets dévastateurs de chocs économiques externes, affirme le site malien, notamment l’inflation due aux conflits internationaux et aux blocus maritimes. »
Des dirigeants trop gourmands ?
Le Mali manque de moyens financier mais, apparemment, ça n’est pas le cas des dirigeants maliens…
« La loi organique qui fait jaser », s’exclame Malijet. En effet, explique le site malien, « adoptée à huis clos, à l’abri des regards indiscrets, cette loi qui fixe les avantages, indemnités et autres traitements des membres du Conseil national de transition, l’organe législatif de la transition, fait polémique. » En effet, cette loi ne serait « pas suffisamment explicite sur les montants des indemnités et pourrait ainsi laisser latitude au CNT de cocher des cases. » Bref, de s’attribuer ce qui bon lui semble…
Résultat, pointe Malijet, « une irrésistible vague d’indignation s’est ainsi saisie d’une opinion qui ne semble pas s’accommoder de ce qu’elle considère comme une extravagance par ces temps de disette pour le trésor public, de crise économique qui plombe les différents secteurs de l’économie avec sa cohorte de fermetures massives d’entreprises. »
Malijet cite également ces propos de l’ancien Premier ministre Moussa Mara : il juge « affligeant de constater que le CNT, dans un contexte de difficultés économiques, énergétiques, sécuritaires, etc., semble plus préoccupé par la rémunération de ses membres que par le contrôle de l’action du gouvernement. »
Un 1er-Mai sous tension
Situation économique et sociale difficile également au Burkina Faso… Là aussi, des problèmes de vie chère… Le quotidienLe Paysà Ouaga, invoque une conjoncture mondiale défavorable mais aussi« la grave crise sécuritaire et humanitaire sans précédent que traverse le Burkina Faso »,ainsi que la« détérioration des relations entre le Burkina Faso et certains pays de la CEDEAO avec des répercussions inévitables sur la circulation des biens et des marchandises. »
Hier, « la manifestation du 1er-Mai n’a pas été autorisée par les tenants du pouvoir en raison, sans doute, du contexte national caractérisé par la crise sécuritaire,relèveLe Pays. Mais au-delà de cette raison officielle, l’on sait que les rapports entre le gouvernement de la transition et certaines organisations syndicales sont très tendus. »
En effet, dans les colonnes de WakatSéra, le secrétaire général de l’Union syndicale des Travailleurs du Burkina, Abdoulaye Ernest Ouédraogo affirme que « le dialogue est rompu avec l’autorité du moment » et parle même de « tyrannie ».
Thu, 02 May 2024 - 725 - À la Une: la France durcit le ton face au Rwanda
Pour le deuxième jour de sa visite officielle en France, le président congolais Félix Tshisekedi s’est longuement entretenu hier avec son hôte Emmanuel Macron. Au centre des discussions : la situation dans l’est de la RDC avec la guerre contre le M23 soutenu par le Rwanda.
« Félix Tshisekedi affirme avoir obtenu le soutien de la France », titre Le Quotidien à Kinshasa. Une avancée… Car « la dernière conférence de presse commune des deux chefs d’État, en mars 2023 à Kinshasa, avait laissé un goût amer aux autorités congolaises qui espéraient alors obtenir une condamnation ferme du Rwanda,rappelle Jeune Afrique. À l’époque, Emmanuel Macron s’était borné à condamner les “soutiens extérieurs“ des rebelles. Depuis, Paris a durci le ton,constate le site panafricain, au Conseil de sécurité de l’ONU, mais aussi via son ministère des Affaires étrangères qui, le 7 février dernier, a appelé le Rwanda à retirer ses troupes de l’est de la RDC. Emmanuel Macron n’avait, en revanche, jamais repris lui-même ces propos. »Hier,« au pupitre de l’Élysée, le président français a affirmé n’avoir “aucune difficulté à pointer les responsabilités. La France condamne fermement l’action de tous les groupes armés et particulièrement l’offensive du M23 qui doit se retirer des territoires qu’il occupe“, a-t-il expliqué, avant d’appeler le Rwanda à “cesser son soutien au M23“ et à “retirer ses troupes“. Emmanuel Macron, qui a échangé avec le président rwandais Paul Kagame le 23 avril, assure lui avoir directement formulé cette même demande. »
En retour, pointe Le Monde Afrique, « Félix Tshisekedi a rendu un hommage appuyé au soutien français. Le président congolais a salué “l’engagement encore plus grand de la France aux côtés du peuple congolais“ pour trouver une issue au conflit qui ravage l’est de la RDC, avant de préciser qu’il ne “sera possible de discuter“ avec le Rwanda qu’une fois que son armée “aura quitté“ la RDC. »
Des pressions mais pas de sanctions…
La RDC a donc obtenu un soutien diplomatique clair et ferme de la part de la France à propos du Rwanda, mais Paris n’a pas évoqué de sanctions à l’égard de Kigali.
C’est ce que remarque Afrikarabia, site spécialisé sur la RDC : « Emmanuel Macron a expliqué que l’Union européenne “continuerait à apporter des sanctions individuelles et ciblées en fonction des évolutions sur le terrain“. Mais pas de sanctions contre l’État rwandais pour l’instant. Car le président français a un plan,préciseAfrikarabia. Depuis l’Élysée, Emmanuel Macron a annoncé que Félix Tshisekedi s’était engagé à“mettre fin aux agissements des FDLR“, ces rebelles hutus rwandais opposés au régime de Paul Kagame. Menace que brandit Kigali pour justifier, sans le dire, son intervention en RDC. Selon Emmanuel Macron, cette“avancée“permettrait de convaincre Paul Kagame d’un retrait des soldats rwandais,“qui n’ont rien à faire sur le sol congolais“. Pour Paris,poursuitAfrikarabia,“un désarmement et un encadrement“des FDLR, mais aussi des autres groupes armés locaux, permettrait donc un retrait de l’armée rwandaise du Nord-Kivu, puis, enfin,“le désarmement du M23 et un processus d’accompagnement,de démobilisation et de réinsertion“. Emmanuel Macron se fixe jusqu’à la fin de l’été pour que cette initiative porte ses fruits. »
Paris coupe la poire en deux…
Pour Aujourd’hui au Burkina Faso, « la France soutient Tshisekedi, mais ménage Kagame. (…) Une France qui divise donc la poire en 2,estime le quotidien ouagalais : que chaque rébellion quitte le Nord-Kivu, et que le processus Désarmement-démobilisation et réinsertion se fasse. Paris soutient la RDC, mais se refuse à se fâcher avec le Rwanda, avec lequel elle bataille dur pour rétablir des relations. Bon à prendre, parait dire Tshisekedi, qui brandit pourtant une condition sine qua non : le départ du M23, comme tout préalable. »
Enfin, hier, le président congolais a profité de son séjour à Paris pour rencontrer Nasser Al-Khelaïfi, le président du Paris Saint-Germain… C’est ce que nous apprend le site Politico CD. Au centre des discussions : « la possibilité d’organiser le Trophée des champions 2024 au Stade des Martyrs de la Pentecôte à Kinshasa, événement sportif majeur, qui pourrait voir le PSG champion de France jouer sur le sol congolais. La décision finale doit être prise cette semaine par le Conseil d’administration de la Ligue de football professionnel. »
Wed, 01 May 2024 - 724 - À la Une: Félix Tshisekedi à Paris
En visite officielle en France depuis hier lundi, le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, devrait s’entretenir ce mardi avec son homologue français Emmanuel Macron. Et, pointe Le Monde Afrique, « nul doute qu’au programme de leurs discussions figurera la crise sécuritaire dans l’est de la RDC. Le Nord-Kivu est le théâtre d’une offensive menée depuis deux ans et demi par le mouvement rebelle du M23 soutenu par le Rwanda,rappelle le journal. Kinshasa tentera de nouveau de convaincre Paris de condamner plus fermement l’ingérence rwandaise sur son sol. En amont de cette visite, et dans un souci d’équilibre régional, Emmanuel Macron a abordé le sujet au téléphone, avec le chef de l’Etat rwandais, Paul Kagame. Il l’a appelé “au respect de l’intégrité territoriale de la RDC“, précise l’Elysée. »
« Le vrai agresseur, le vrai criminel, c’est Paul Kagamé ! »
Pour sa part, Félix Tshisekedi est quelque peu sorti du langage diplomatique hier, avec « ce message fort et direct », relève le site Politico CD, à l’encontre du président rwandais, Paul Kagamé : « J’ai toujours dit que je ne rencontrerai jamais le M23,a affirmé le président congolais,parce que c’est une coquille vide qu’on a fabriquée pour justement justifier l’agression contre mon pays, la RDC. Mais en réalité, le vrai agresseur, le vrai criminel, c’est Paul Kagamé. »
« A Paris, Félix Tshisekedi aura donc à cœur de pousser la France à sanctionner le Rwanda à l’ONU,croit savoirAfrikarabia. A Kinshasa, personne ne comprend le “deux poids deux mesures“ des occidentaux, si on la compare à la situation de la Russie avec l’Ukraine. Le président congolais expliquera à Emmanuel Macron, pointe encore le site spécialisé sur la RDC,que Kinshasa ne pourra aller au dialogue avec Kigali qu’en position de force. Pour cela, il faut que les troupes rwandaises quittent le sol congolais et cessent leur soutien aux rebelles du M23. Il s’agit de la seule condition pour que l’armée congolaise, trop faible et mal organisée, puisse reprendre un peu de terrain sur la rébellion. »
Assainir le climat des affaires
Au menu des discussions à Paris également le volet économique…
« Objectif affiché(de Félix Tshisekedi), relève Afrikarabia : faire venir les investisseurs au Congo pour booster le développement du pays. »
Des« investisseurs qui ne se bousculent pas… en raison essentiellement d’un environnement des affaires largement gangrené par la corruption, les groupes armés, et l’insécurité judiciaire. Sur ce constat,pointe le site, la balle est dans le camp des autorités congolaises pour assainir le climat des affaires et mettre en place la bonne gouvernance. »
Le cardinal Ambongo dans le collimateur de la justice…
Dans les médias congolais, cette visite en France de Félix Tshisekedi est largement éclipsée par l’affaire Fridolin Ambongo… Du nom du cardinal-archevêque de Kinshasa qui est « dans le collimateur de la justice », titre Jeune Afrique. « Le procureur général près la Cour de cassation, Firmin Mvonde, accuse l’archevêque de Kinshasa d’avoir tenu des “propos séditieux“ et ordonne l’ouverture d’une information judiciaire à son encontre. (…) L’archevêque de Kinshasa fait partie des conseillers du pape François, et c’est aussi l’une des voix les plus respectées de RDC,préciseJeune Afrique, connue pour ses prises de position très tranchées. Il hésite rarement à se mettre en porte-à-faux vis-à-vis du pouvoir, qui à son tour critique volontiers son manque de neutralité. »
En tout cas, « en RDC, les déboires de l’archevêque ont déjà fait réagir,relève encore le site panafricain. Hier, l’opposant Moïse Katumbi a dit voir dans la menace d’information judiciaire la preuve d’une “politique d’intimidation“ à l’égard de l’Église catholique. “La justice congolaise tente de museler, a-t-il dénoncé, cette voix des affligés, des pauvres, des victimes de l’injustice, des guerres et de la mauvaise gestion de la chose publique“. »
Excès de zèle ?
Enfin,Le Nouvel Observateurà Kinshasa s’agaceaussi des accusations portées contre le prélat : « les congolais se demandent si le procureur Mvonde n’a pas été poussé par un excès de zèle, qui risque de se retourner contre lui. Et on ne doit pas perdre de vue que dernièrement, le président Tshisekedi a reconnu publiquement les faiblesses de la justice congolaise. Il n’est pas donc exclu qu’il se désolidarise du président de la cour de cassation, qui s’est permis de poser un acte téméraire. »
Le Nouvel Observateur qui n’hésite pas à affirmer que « Félix Tshisekedi (en visite à Paris) a été poignardé dans le dos par Mvonde.»
Tue, 30 Apr 2024 - 723 - À la Une: le Burkina Faso ferme la porte aux médias étrangers
Décidément, la junte militaire au pouvoir au Burkina Faso n’aime pas trop que les radios, télévisions et journaux étrangers s’intéressent de trop près à ses affaires, surtout quand elles sont gênantes.
« Le 25 février dernier,rappelle Le Monde Afrique, au moins 223 civils, dont 56 enfants, ont été exécutés dans deux villages du nord du Burkina Faso par leur propre armée… » C’est du moins ce qu’affirmait l’organisation de défense des droits de l’homme Human Rights Watch. « La révélation de ce massacre, l’un des pires depuis le début de l’insurrection jihadiste dans le pays, en 2015, deux mois après les faits, a été permise,préciseLe Monde Afrique, par les témoignages de quatorze rescapés des tueries, d’organisations internationales et de la société civile, ainsi que par l’analyse de photos et de vidéos. »
Une enquête qui s’appuie donc sur des faits précis et des témoignages circonstanciés.
Dans un communiqué publié le 27 avril, le ministre burkinabè de la Communication, Rimtalba Jean Emmanuel Ouédraogo, a fait savoir que « le Burkina Faso rejetait et condamnait fermement de telles accusations infondées ».
Suspensions en série
Conséquence : tous les médias étrangers qui ont cité le rapport de Human Rights Watch sont suspendus pour deux semaines, sur décision du Conseil supérieur de la communication burkinabè (CSC).
Sont concernés la chaîne de télévision TV5 Monde, et son site internet ainsi que six autres médias : les journaux français Ouest-France et Le Monde, le quotidien britannique The Guardian, la chaine allemande Deutsche Welle, l’agence de presse sénégalaise APAnews et l’agence EcoFin basée au Cameroun et en Suisse. En fin de semaine dernière, la BBC et Voice of America avaient écopé de la même suspension. Dans son communiqué, le CSC burkinabè « invite l'ensemble des médias à s’abstenir de relayer » l’enquête de Human Rights Watch, sous peine de sanctions. Rappelons que RFI et France 24 sont censurés au Burkina depuis presque un an et demi.
Le quotidien Aujourd’hui à Ouagadougou rapporte les récents propos tenus par Ibrahim Traoré, le chef de la junte : « La guerre ne se fait pas dans le laxisme. La menace contre le terrorisme est contenue, affirme-t-il, le territoire est maillé et l’armée est équipée et réorganisée. »
Élections au Togo, un « sacré tournant »
À la une également, on vote aujourd’hui au Togo. « Lundi, jour de vote : les Togolais choisissent les députés et conseillers régionaux », titre Togo Matin.
Ce « double scrutin marque un sacré tournant de l’histoire de notre pays, commente le journal.(…)Ce sont les premières élections de la Ve République avec l’avènement du régime parlementaire. Et désormais, l’élection des députés, des conseillers municipaux et régionaux va concentrer toutes les attentions, plus que la présidentielle, admise jusqu’alors comme"la mère des élections". C’est un changement plus qu’important. Les Togolais vont s’y accommoder peu à peu, c’est sûr. Mais, il aurait été intéressant pour nous tous,poursuit Togo Matin, que la campagne électorale puisse servir d’occasion pour sensibiliser et éduquer autour de ce nouveau régime qui est acté, qu’on le veuille ou non. Cela aurait été plus bénéfique et pragmatique que les agitations stériles auxquelles l’on a tristement assisté ».
Togo Matin fait sans doute allusion aux protestations de l’opposition, d’une partie de la société civile et de l’Église catholique, après l’adoption il y a 10 jours de la révision de la constitution qui instaure donc désormais un régime parlementaire. Un régime qui pourrait bien faire les affaires du président Faure Gnassingbé en lui permettant de se maintenir au pouvoir sans limitation de durée.
Une « simple formalité » pour Faure
Commentaire du quotidien burkinabè Le Pays, plus enclin à parler de ce qui se passe chez le voisin plutôt que chez lui, surtout en ce moment : « Les élections ont toujours été une simple formalité pour Gnassingbé père et fils, juste pour amuser la galerie politique et donner à leurs régimes des apparences démocratiques alors qu’ils sont intrinsèquement le modèle achevé de la dictature et de l’imposture. »
Enfin L’Observateur Paalga note lui que « la campagne électorale s’est terminée samedi dans une ambiance somme toute pacifique.(…)Il s’agit maintenant de faire perdurer cette sérénité au cours de cette journée électorale,poursuit-il,surtout pendant le dépouillement et après la proclamation des résultats pour éviter les lendemains électoraux surchauffés auxquels bien des pays africains sont, hélas, habitués ».
Mon, 29 Apr 2024 - 722 - À la Une: accident de la route meurtrier au Sénégal
Le bilan est lourd : trois morts et une quarantaine de blessés. La presse sénégalaise en fait ses gros titres. Sénégo raconte : « C'est un bus quittant Dakar pour Kédougou, qui s'est renversé entre les villages de Yamong et Mbadianène, dans la région de Kaffrine ». Le bilan est donc terrible, « certains passagers coincés entre les bancs du véhicule n'ont dû leur salut qu'à l'intervention diligente des sapeurs-pompiers et de la population des villages proches ». « Le bus en question était lourdement chargé de bagages, ce qui a certainement fait crever les deux pneus avant », expliqueSénégo, qui voit dans cet accident « une remise au goût du jour, de la lancinante question de l'insécurité sur les routes. Il y a moins de deux ans, un drame identique avait fait plus d'une trentaine de morts et beaucoup de blessés graves sur ce même axe, à hauteur du village de Sikilo, non loin de Kaffrine ».
Le pouvoir sénégalais critiqué
« Diomaye sert ses militants et ses alliés », titre Le Quotidien. « Même si le Président Faye avait appelé à la mise en place d’une commission pour certains postes, on se rend compte que les mamelles de l’économie ont été pourvues et confiées aux militants du parti Pastef et aux alliés. C'est le début du Démakyllage », ajoute Le Quotidien, subtil jeu de mots avec le nom de l'ancien président.
De son côté, Sénégo souligne que « le projet annoncé par Ousmane Sonko lors de la campagne présidentielle fait face à des critiques virulentes de la part d'anciens membres du pouvoir, devenus opposants, et de la part de figures politiques ». Ainsi, « Yoro Dia, journaliste et ancien conseiller du président Macky Sall, déclare"Je fais partie de ceux qui ont toujours pensé qu'il n'y a jamais eu vraiment de projet et que l'essence même du projet est la manipulation" ».
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Sanctions financières contre le JNIM
C'est Maliweb qui se fait l'écho de ces sanctions financières américaines contre le JNIM, le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans. « Alors que le nébuleux mouvement terroriste est cité dans le nouvel enlèvement de plus 100 civils au Centre du Mali », explique Maliweb, « le gouvernement américain vient d’annoncer de nouvelles mesures financières contre sept combattants clés de ce mouvement et de sa filiale Al-Mourabitoun. Iyad Ag Ghaly et Amadou Koufa sont les principales cibles de ces sanctions ».
« Les américains », poursuit le site d'information, « reprochent à ces redoutables terroristes, de s’être livrés à des activités terroristes, au financement illicite et à l'enlèvement de leurs citoyens et des populations locales dans le Sahel. Ces sanctions », poursuit Maliweb, « ont été prises par les autorités américaines après la multiplication des cas d’enlèvement des otages de nationalité américaine ».
Apple sur le banc des accusés
C'est Politico.cd qui s'intéresse à cette question : les autorités congolaises accusent la société américaine « d'extraire illégalement des minerais de son territoire ». Politico.cd qui titre : « Minerais de sang, l'enquête qui déballe le système Kagamé en RDC ».« Une enquête approfondie, réalisée avec la rigueur de cabinets d’avocats internationaux », explique le site d'information congolais, et qui « met en lumière les acteurs clés et les mécanismes de cette exploitation dévastatrice, révélant un système de pillage et de déstabilisation qui dépasse les frontières nationales pour toucher des marchés mondiaux ».
Une enquête qui sera relayée par Politico.cd, et qui « dévoile », nous dit-on, « les liens entre des entités occidentales et le trafic illicite de ces"minerais de sang" de la RDC vers le Rwanda, et qui illustre aussi comment ces actes nourrissent les cycles incessants de violence dans la région ». Enfin, Politico.cd enfonce le clou : « L’inaction ou la complicité tacite de la communauté internationale face à ces injustices est alarmante. Le silence et l’inefficacité des mécanismes de contrôle existant permettent à ces pratiques de perdurer, exacerbant les souffrances des communautés congolaises et perpétuant un cycle de précarité et de violence ».
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Fri, 26 Apr 2024 - 721 - À la Une: mesures choc et nominations au Sénégal
Le nouveau président sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, ne chôme pas depuis son investiture au début du mois. Il faut dire que les attentes des Sénégalais sont énormes. « Appliqué et méthodique, il apprend, en accéléré,note Jeune Afrique. Bien conscient du fait que le changement ne se fera pas sans heurts ni pressions, et que d’immenses espoirs ont été placés en lui. (…) Jeune cadre de l’administration réputé intègre, Bassirou Diomaye Faye incarne ce vent de changement qui souffle sur le Sénégal : la volonté d’abandonner des années de politique libérale tournée vers l’Occident et de se débarrasser d’une façon de faire de la politique basée sur l’élitisme, les marchandages et le clientélisme. Bassirou Diomaye Faye le sait : dans un pays très jeune où une personne sur cinq est au chômage, les espérances de ceux qui l’ont porté au pouvoir sont à la hauteur de leur impatience. »
Du pain sur la planche
Jeune Afrique cite Pape Mahawa Diouf, porte-parole de la coalition Benno Bokk Yakaar, présidée par Macky Sall : « on reconnaît les maçons au pied du mur,prévient-il. Diriger un pays, c’est autre chose que des slogans politiques. Mais Bassirou Diomaye Faye a la confiance des Sénégalais. Laissons-lui le temps de s’installer. »
Autre réaction, toujours à lire dans Jeune Afrique, celle d’Ibrahima Fall, cadre du Pastef, le parti présidentiel désormais : « ce n’est pas la personne qui importe, mais ses valeurs. Tant qu’il les incarnera, nous resterons avec lui. Mais nous avons du pain sur la planche. Les jeunes qui sont dehors, on ne peut pas les décevoir. C’est maintenant que le travail commence ». Et Ibrahima Fall de donner au nouveau président « jusqu’à décembre » pour faire ses preuves.
Du temps !
« Sénégal : les lourds chantiers du nouveau président Bassirou Diomaye Faye » : c’est le titre d’un long article du site Le 360 Afrique qui décrit par le menu toutes les tâches qui attendent le nouveau chef de l’État.
« Renégociation des contrats pétroliers et gaziers, sortie du franc CFA et souveraineté économique, voici le triple défi auquel fera face Bassirou Diomaye Faye durant son quinquennat. Au-delà des actions prioritaires, dont la bonne gouvernance et la réduction du coût de la vie, ces trois chantiers nécessitent du temps et pas seulement,pointeLe 360 Afrique. La stratégie du nouveau gouvernement qui repose sur le "Projet" et l’attelage gouvernemental composé de compétences avérées issues essentiellement du parti au pouvoir – Pastef – constituent,estime le site, un atout indéniable. »
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Lutter contre la vie chère
Justement, mercredi 24 avril, Bassirou Diomaye Faye a démarré l’un de ses chantiers prioritaires : la baisse des prix des denrées de grande consommation.
« Diomaye planche sur "un plan d’urgence" avant le 15 mai », titre WalfQuotidien. « Après avoir reçu le patronat et des secrétaires généraux des organisations syndicales représentatives pour des pistes de solutions aux problématiques liées à l’emploi, à l’augmentation du pouvoir d’achat, le gouvernement veut s’attaquer à l’épineux problème des prix des denrées de grande consommation ».Et« il a enjoint le Premier ministre et les ministres en charge du Commerce et de l’Industrie, des Finances et du Budget et de l’Agriculture, de lui proposer, avant le 15 mai, un plan d’urgence opérationnel de lutte contre la vie chère. »
« Le gouvernement à l’offensive contre la vie chère », lance le site Seneplus. « Le plan d’urgence doit être "assorti de mesures hardies de baisse des prix des denrées de consommation courante [et] de certains services essentiels",préciseSeneplus. Pour le président de la République, les associations de consommateurs, les industriels et les opérateurs économiques doivent être associés à l’élaboration de ce plan. »
Pape Alé Niang : de la prison à la RTS
Mercredi 24 avril, en Conseil des ministres, ont été annoncées plusieurs nominations importantes. Une quinzaine à des postes de direction des grandes administrations et services de l’État. « Plusieurs directeurs généraux passent à la trappe », s’exclame le quotidien 24 Heures.
Parmi les nommés : Pape Alé Niang, journaliste et directeur du site d’information Dakar Matin, qui prend les rênes de la Radiotélévision Sénégalaise (la RTS), en remplacement de Racine Talla. « Une nomination plébiscitée par une bonne partie des militants du nouveau régime au vu de l’apport du journaliste dans la quête pouvoir », relève le site Seneweb.
Ses articles et ses vidéos, très critiques envers le précédent pouvoir, lui avaient valu d’être emprisonné à plusieurs reprises. Sur son compte X, ex-Twitter, Pape Alé Niang se présente comme « un journaliste sénégalais engagé pour les causes justes. » Et qui « se bat pour une véritable société démocratique ancrée dans la bonne gouvernance. »
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Thu, 25 Apr 2024 - 720 - À la Une : va-t-on vers un scrutin verrouillé au Togo ?
Monseigneur Benoit Alowonou exprime sa « grande tristesse », nous apprend le site d’information Togo Breaking News. Quelle est la cause de l’affliction du prélat ? Eh bien la raison en est politique…
Le président de la Conférence des Évêques du Togo dit craindre « un avenir sombre » pour son pays après l’adoption de la révision constitutionnelle en seconde lecture le 19 avril dernier. Une révision qui instaure un régime parlementaire. « Oui, tristesse,soupire Monseigneur Alowonou, car notre pays a besoin d’apaisement et de vérité,dit-il. Or, cette modification de notre constitution, qui intervient à quelques jours des élections législatives, est manifestement source de division, source d’incompréhension. Et puis, on se demande où allons-nous ? Il y a une crispation entre les citoyens de notre pays », regrette encore Mgr Alowonou.
Mais ça n’est pas tout… « L’évêque de Kpalimé déplore par la même occasion le refus de la demande d’observation du double scrutin du 29 avril prochain à l’Église catholique du Togo », pointe encore Togo Breaking News. « L’Église catholique togolaise, par sa commission justice et paix, avait fait une demande de participation de 500 observateurs. » Demande refusée, précise le site togolais, « parce que l’Eglise n’aurait pas justifié la source du financement de sa mission d’observation. »
Sur le site officiel République du Togo, l’explication est plus claire : « le rôle de l’Eglise n’est pas de s’engager en politique. »
Coup d’État constitutionnel ?
L’opposition togolaise est également vent debout contre la nouvelle Constitution qui ne fera que renforcer, d’après elle, le pouvoir du président Faure Gnassingbé. Les opposants togolais estiment qu’il s’agit là d’un coup d’État constitutionnel…
Réponse de Gilbert Bawara, le ministre togolais de la Fonction publique, à lire, toujours sur le site Togo Breaking News : « l’occasion leur est donnée de faire de ces élections législatives et régionales un référendum pour ou contre la réforme constitutionnelle engagée. Ils ont l’opportunité d’aller vers nos concitoyens pour expliquer les raisons pour lesquelles ils y sont opposés et ce qu’ils feront s’ils remportaient la majorité à l’Assemblée nationale. » Bref, pour lui, le verdict des urnes tranchera… « À supposer que l’opposition gagne la majorité, libre à elle de mettre en œuvre ou pas cette réforme,rajoute le ministre. Elle peut très bien décider, éventuellement, de rétablir la situation existante. »
Bras-de-fer entre majorité et opposition
En attendant, « la campagne pour les élections du 29 avril se déroule dans un climat tendu », relève pour sa part Le Point Afrique. Pour l’opposition, ce scrutin est en effet une forme de référendum sur la nouvelle Constitution. L’opposition qui « craint de voir l’actuel président Faure Gnassingbé, arrivé au pouvoir en 2005 en succession de son père, se maintenir au pouvoir après 2025. Avec l’adoption du nouveau texte, l’actuel chef de l’Etat togolais viserait le poste de président du conseil des ministres. Un poste où le mandat de six ans est illimité. »
« Du côté du pouvoir en place », note encore Le Point Afrique, on affirme que « le but n’est pas la conservation du pouvoir, mais de garder une majorité pour poursuivre les projets de développement qu’il a engagés. »
Un enjeu de taille…
En tout cas, à cinq jours du scrutin, « campagne tranquille à Lomé », constate Aujourd’hui à Ouaga. « Les partis politiques et leurs candidats continuent leur pêche aux voix en mode pré-Ve République. Campagne sur fond de changement copernicien du régime politique. Dans les quartiers Tokoin – Forever - Casablanca …, on essaie de convaincre, car l’enjeu est de taille. Ce seront les députés majoritaires qui gouverneront désormais le pays avec la désignation par eux du super chef de gouvernement et président du Conseil des ministres. C’est d’ailleurs l’enjeu principal de ce scrutin. Pour cette cuvée 2024, l’opposition, bien que grognant dur après cette nouvelle Loi fondamentale, n’a pas pratiqué la politique de la chaise vide. »Et de son côté, « l’UNIR, le parti présidentiel veut aussi confirmer sa suprématie. On en saura plus après le 29 avril. »
Et « il faut espérer,conclut L’Observateur Paalga,toujours au Burkina, que malgré le mur de méfiance qui sépare les différents acteurs togolais depuis des lustres, la sérénité et la sagesse prévaudront pour éviter que le pays bascule dans un cycle de violences (…). »
Wed, 24 Apr 2024
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