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Reportage Afrique

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RFI

Nos correspondants et envoyés spéciaux sur le continent africain vous proposent, chaque jour, en deux minutes une photographie sonore d'un évènement d'actualité ou de la vie de tous les jours. Ils vous emmènent dans les quartiers ou dans les campagnes pour vous faire découvrir l'Afrique au jour le jour.

1174 - Côte d'Ivoire: lutte contre la déforestation à Bonon, un bras de fer entre l'État et les planteurs [1/2]
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  • 1174 - Côte d'Ivoire: lutte contre la déforestation à Bonon, un bras de fer entre l'État et les planteurs [1/2]

    La Côte d’Ivoire a la lutte contre la déforestation comme priorité nationale, l'a-t-elle rappelé pendant la COP29 à Bakou. Le pays a pour objectif de restaurer jusqu’à 20 % de son couvert forestier de son territoire d'ici à 2030. Pour cela, les autorités luttent notamment contre les cultivateurs installés illégalement dans les forêts classées, les aires protégées et les parcs nationaux. C'est le cas dans la forêt de Bouaflé, dans le centre du pays. Près de la localité de Bonon, la Société d'État chargée du développement des forêts Sodefor a commencé à évacuer les planteurs auparavant tolérés.

    De notre envoyé spécial dans la région de Bouaflé,

    Autour de la piste qui mène vers des parcelles, la forêt n’est en fait qu’une succession de plantations : cacaoyers, hévéas, bananiers. Guessan Kouamé travaillait dans ces terres depuis ses 14 ans. Mais il y a deux mois, les garde-forestiers ont détruit sa maison : «C'est une maison de six pièces. J'y ai habité 50 ans, j'y suis arrivé en 1978  », raconte-t-il. 

    Guessan était le chef de Deux-Côtes, un petit village réduit à un amas de gravats et de tôles froissées. Seul vestige : une pompe à eau installée il y a quatre ans, avec l’aide du Conseil café-cacao. Guessan Kouamé dit avoir tout perdu : « Aujourd'hui, on doit tout arrêter. Cela fait deux mois, au moins, que je ne gagne plus un centime », explique-t-il.

    Deux-Côtes fait partie d’une douzaine de campements rasés mi-septembre. C’est également le cas de Tenge Koffikro, où se trouvait une école primaire. Pour le moment suspendue, l’opération de la Sodefor est rejetée par Constant, l’un des planteurs. « Nous sommes installés depuis longtemps ici, la déforestation ce sont nos parents qui avaient fait cela, ils ont planté, et comme cela a séché, il n'y a plus de forêt, c'est de la jachère », explique-t-il. 

    Sur les images satellites, une quarantaine de campements constellent la zone classée de 20 300 hectares. De la simple baraque, au petit village de 60 cases, ces installations sont entourées de parcelles cultivées.

    Pour la Sodefor, les planteurs déciment les restes de forêt naturelle et les parcelles reboisées. Une cinquantaine d’agents ont été déployés pour évaluer les surfaces déforestées, entre autres. Le lieutenant Salim Konaté gère la forêt au nom de la Sodefor.

    Lui souhaite que l’évacuation aille jusqu’au bout : « Aujourd'hui, la forêt classée de Bouaflé est dans un état très alarmant. L'année dernière, en 2023, nous avons fait 300 hectares de reboisement, mais après la mise en place de ces reboisements, ils ont décimé ces 300 hectares. Cela fait mal. Sans la forêt aujourd'hui, comment fait-on ? Il n'y a plus de vie sans forêt ! », se désole-t-il.

    D'ici à 2030, la Côte d’Ivoire a pour objectif de reboiser 100 000 hectares par an. 

    Thu, 21 Nov 2024
  • 1173 - Ouganda: la troupe satirique «Bizonto», entre succès populaire et censure étatique [3/3]

    Ils ont fait de l’humour une arme contre les injustices et la mal gouvernance… Rencontre avec les comédiens de la troupe ougandaise « Bizonto ». Ils sont journalistes et humoristes, populaires pour leurs vidéos satiriques, où ils dénoncent toutes les gabegies de leurs autorités. Reportage d'un tournage d’un de leurs sketchs.

    De notre correspondante de Kampala,

    Ce matin-là, les comédiens se retrouvent dans une résidence isolée en banlieue de Kampala. Kidomoole est le fondateur du groupe : « Nous avons travaillé dans plein d’endroits, mais les propriétaires sont menacés. Du coup, nous sommes devenus nomades… »

    Les textes sont scandés en musique, le ton est satirique, mais le message est éminemment politique. Ce jour-là, dénoncer l’impunité après l’effondrement d’une décharge qui a fait 30 morts. Mbabaali Maliseeri est l’un des comédiens : « Ici, les gens bataillent pour leur quotidien, donc ils n’ont pas envie d’écouter des discours trop sérieux. Si tu veux être écouté et que ton message passe, il faut l’épicer un peu et y mettre une touche de comédie, sinon les Ougandais t’ignorent. »

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    Résister par l'humour, même après un séjour en prison

    Si l’humour permet de conjurer l’ennui, Bizonto n’a pas toujours échappé aux fourches caudines de la censure. En 2020, ils ont séjourné en prison après qu’une vidéo sur le président Yoweri Museveni et son entourage est devenue virale : « Nous étions à la radio le jour de l’arrestation, à l’antenne. Un groupe d’une douzaine d’hommes armés, avec des armes à feu et en armure, est entré dans le studio pour nous embarquer. Ils nous ont accusés de sectarisme ».

    Les comédiens de Bizonto risquent alors cinq ans de prison, mais sur la toile leurs fans se mobilisent. Ce soutien populaire a conduit à leur libération : « Les autorités ont réalisé qu’en nous arrêtant, ils nous ont donné plus de pouvoir et de visibilité. Mais récemment, quelqu’un s’est accaparé de nos plateformes de diffusion sur internet. Ils ont payé quelqu’un pour essayer de nous mettre à terre et nous faire perdre notre audience. Donc la censure ne nous embête pas vraiment. Mais ils ont trouvé un autre moyen pour essayer de nous contrôler et de limiter notre influence ».

    Malgré la répression, les comédiens de Bizonto résistent avec leurs sketchs vidéos dans lesquels ils ont choisi d’apparaître systématiquement habillés en soutane : « Les messages que nous faisons passer devraient être portés par les hommes d’Église, mais ils ne le font pas à cause des menaces, donc on s’habille comme eux, on chante comme eux, et on fait passer les messages ».

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    Wed, 20 Nov 2024
  • 1172 - Ouganda: le retour des reliques des premiers martyrs chrétiens [2/3]

    C’est un retour à forte portée symbolique et historique : celui des restes de deux « martyrs ougandais », des jeunes convertis exécutés, il y a plus d’un siècle, pour avoir refusé de renoncer au catholicisme. Canonisés en 1960 et conservés depuis au Vatican, ils ont été rapatriés à Kampala cet automne pour y être exposés.

    De notre envoyée spéciale à Kampala,

    « Ici, vous avez la mâchoire de Mathias Mulumba. Et là, le fémur de Charles Lwanga » : Muhido Brian Kihemu est le guide de l’exposition.« Ils travaillaient comme serviteurs à la cour du roi du Buganda. Et sont parmi les premiers Ougandais convertis au christianisme à l’arrivée des pères blancs en 1879. Ils ont contribué à diffuser le catholicisme. »

    Samson, un séminariste, entre dans la pièce et s’agenouille devant les reliques. Il a traversé l’Ouganda pour se recueillir devant les restes de ces deux martyrs exécutés en 1885, sur ordre du roi du Buganda et sans lesquels il ne serait peut-être pas catholique.« Ils ont dû souffrir, ils ont été tués pour avoir refusé de se plier aux injonctions du roi. Quel courage, alors qu’ils étaient jeunes et catholiques depuis peu. C’est vraiment inspirant. Et émouvant ! »

    Les premiers pères blancs sont plutôt bien reçus. Le roi d’alors, Mutesa les autorise même à établir une mission, non loin de son palais. Mais les conversions s’accélèrent et le roi meurt. Son fils qui lui succède au trône subit des pressions. David Tshimba, chercheur et l’un des commissaires de l’exposition. « Le nouveau roi n'a que 18 ans et il est entouré d’hommes politiques très ambitieux qui ont perçu sa sympathie pour ces jeunes convertis. Ils ont peur d’être remplacés et sont déterminés à les écarter. »

    Le roi se laisse convaincre par son entourage que les jeunes convertis préparent un complot pour le renverser. Il ordonne l’exécution de ses serviteurs qui refusent d’abjurer. « Cette histoire est éminemment politique. Rien à voir avec les évangiles ou la lecture de Matthieu, Marc, Jean et Luc. Il s'agissait de décider que faire pour préserver un pouvoir qui était et qui est extrêmement menacé. »

    Les deux martyrs sont alors tués, leurs corps brûlés et démembrés. Les missionnaires enterrent leurs restes dans une boîte en métal, perdue dans l’incendie de leur église. Elle est miraculeusement retrouvée en 1964 à Rome. Ils sont les premiers martyrs d’Afrique Noire à être canonisés.

    Tue, 19 Nov 2024
  • 1171 - En Ouganda, la musique de Brass for Africa transforme des vies dans les bidonvilles de Kampala [1/3]

    L’enseignement de la musique peut-il changer des vies ? C’est le pari de l’association Brass for Africa. Installée à Kampala, cette organisation offre des cours d’instrument à vent à des centaines de jeunes défavorisés. À travers cet apprentissage, elle entend leur donner des outils pour s’épanouir, transformer leur quotidien et celui de leur communauté.

    De notre envoyée spéciale à Kampala,

    Dans la cour d’une parcelle, au fond du bidonville de Bwaise à Kampala, une trentaine de jeunes s’échauffent pour leur répétition. « Ils s’entrainent pour jouer lors de la journée internationale de la fille», explique Farida Nalumansi, qui supervise les activités. La jeune femme a rejoint l’association il y a sept ans. À l’époque, elle était encore adolescente, mais déjà mère et isolée. « J’avais 14 ans lorsque j’ai été déflorée, par l’homme qui payait mes frais de scolarité. J’étais tellement discriminée que je ressentais de la haine pour ma fille. J’ai quitté le domicile de mon père et j’ai sombré dans la drogue. En 2017, on m’a permis de rencontrer Brass for Africa. »

    Petit à petit, à travers la musique, elle reprend confiance, renoue avec sa fille et lance sa propre ONG : « Elle s’appelle"Une fille est capable", c’est une ONG communautaire. »

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    Aide à fabriquer des serviettes hygiéniques, une école de la vie

    En plus de la musique, les élèves peuvent ici apprendre à fabriquer des serviettes hygiéniques lavables, une manière de combattre la précarité féminine et les tabous. Car derrière les machines à coudre, il y a surtout des hommes, comme John Otema : « Lorsque les jeunes filles ont leurs règles ici, les parents n’ont pas toujours les moyens d’acheter des protections. Elles sont en difficultés et elles ont des douleurs. Cela peut être terrible. Quand j’ai compris cela, j’ai voulu participer à faire en sorte que les filles au fond des bidonvilles puissent avoir des protections quand elles en ont besoin. »

    Plus qu’une école de musique, Brass for Africa est une école de la vie. Hector était élève il y a trois ans. Aujourd’hui, il dirige les répétitions : « J’étais sans travail, à la maison et j’avais la pression pour trouver un travail. Beaucoup de mes amis ont été rattrapés par la drogue. Moi, depuis que je suis ici, j'ai quelque chose à faire et tout est plus simple.»

    Hector était jeune diplômé sans emploi à son arrivée. Mais d'ici à un an, il sera professeur de musique certifié.

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    Mon, 18 Nov 2024
  • 1170 - Centrafrique: une brigade spéciale chargée de chasser les vendeurs ambulants

    Pour lutter contre les occupations anarchiques des chaussées dans les grands marchés et les lieux publics de la capitale Bangui, le gouvernement a créé une brigade spéciale. La Brigade d'intervention rapide, la BIR, est une réponse à l'insalubrité et l’incivisme qui gagne du terrain en Centrafrique. Constituée pour la plupart de jeunes volontaires recrutés dans les quartiers, ces agents sont formés pour veiller au respect des valeurs civiques.

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    Sun, 17 Nov 2024
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