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- 940 - Afrique du Sud et COP29: trois ans après le partenariat pour une juste transition, des progrès assez lents
Lors de la COP26, le premier JETP (Partenariat pour une transition énergétique juste) voyait le jour : un partenariat où les pays occidentaux s'engageaient à soutenir financièrement la transition énergétique sud-africaine à hauteur de 8,5 milliards de dollars (8 milliards d’euros). La somme promise atteint désormais près de 13 milliards de dollars, selon la Commission présidentielle pour le climat, avec des engagements additionnels d’autres pays. Mais les défis sont encore nombreux à surmonter.
De notre correspondante à Johannesburg,
Depuis le premier JETP, un plan d’investissement a vu le jour, estimant à plus de 90 milliards d’euros les besoins afin de réaliser une transition énergétique d’ici à 2027. Outre que la somme du partenariat initial est donc loin du compte, et qu’elle est constituée principalement de prêts et non de subventions, la distribution des fonds est aux yeux des autorités sud-africaines trop compliquée. « Chaque pays amène de l’argent de façon séparée, déplore Joanne Yawitch, qui gère le financement des projets au sein de la présidence. Ce n’est pas comme si on avait directement accès à une somme globale. Les contributions britanniques sont accordées de telle façon, les contributions américaines à travers un autre mécanisme, et pour d’autres objectifs… On a affaire à un ensemble d’investissements assez complexe, avec chaque pays qui utilise sa méthode habituelle de financement avec l’Afrique du Sud. »
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Les citoyens ne sont pas consultés
Du côté de la société civile, on regrette déjà un manque de transparence au niveau de la distribution des subventions, mais aussi lors du choix des trois volets prioritaires — décarbonation de l’électricité, véhicules électriques et hydrogène vert. « Je pense qu’il y a eu beaucoup de scepticisme du fait que les secteurs prioritaires aient été sélectionnés avant d’avoir consulté les citoyens, constate Leanne Govindsamy, du Centre pour les droits environnementaux (CER). Par exemple, pour l’instant, en ce qui concerne les subventions, il y a eu davantage d’argent dépensé pour le secteur de l’hydrogène vert que pour le développement de nouvelles compétences. On peut donc se questionner sur ces choix, et se demander si les pays donateurs viennent avec leurs idées prédéterminées ou s’ils écoutent pour savoir ce qui peut fonctionner le mieux en Afrique du Sud. »
Un abandon du charbon qui est difficile
Après de nouvelles consultations, un plan d’action a finalement inclus d’autres volets à financer. Mais depuis, Pretoria a aussi décidé de retarder de six ans la mise hors service d’au moins trois de ses centrales. Il n’est pas évident pour le pays, qui produit près de 80 % de son électricité à base de charbon, d’effectuer une transition rapide. « Nous avons eu des problèmes de pénurie d’énergie en Afrique du Sud, explique Seutame Maimele, de l’institut de recherche TIPS (Trade and industrial policy strategies). Donc, la question de la sécurité énergétique est un sujet-clé. Et on sait aussi qu’il y aura beaucoup de travailleurs de la filière du charbon qui seront touchés, surtout dans la région du Mpumalanga. En tout, on parle de 150 000 à 200 000 emplois qui dépendent de la filière. »
Juste en amont de la COP29, l’Agence française de développement (AFD) a annoncé un déblocage de 400 millions d’euros, un prêt qui fait partie des promesses de la COP26, et qui devrait servir à soutenir les dimensions « justes » de la transition. Mais l’exemple raté de la transformation du site de la centrale de Komati, projet financé par la Banque mondiale et qui n’a que peu profité aux populations locales depuis 2022, renforce les doutes des communautés sud-africaines vivant du charbon.
Beaucoup d’autres questions restent en suspens, comme le choix du futur mix énergétique du pays. Mais le plus gros pollueur du continent sera bien obligé de transformer ses moyens de production, s’il veut continuer à exporter vers l’Europe malgré la taxe carbone aux frontières.
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Thu, 14 Nov 2024 - 939 - RDC: la guerre fait grimper les prix de l'alimentation sur les marchés de Goma
Dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), suite aux offensives des rebelles du M23, le prix des denrées alimentaires a grimpé dans la ville de Goma, chef-lieu du Nord-Kivu, qui compte plus d'un million d'habitants. Les aliments les plus consommés, comme les pommes de terre et les haricots, ont vu leur prix doubler sur les marchés de Birere et Kituku, dont dépendent les Gomatraciens.
De notre correspondant à Goma,
Au marché des produits vivriers de Birere, les commerçants se plaignent du manque de clientèle. Mais aussi des taxes imposées par les groupes armés, qui ont fait grimper les prix en RDC. « Cette qualité de haricots multicolores se vend à 65$ par sac, le haricot rouge à 70$, un sac de pommes de terre se négocie à 95$ ! », observe l'un d'eux, Bahufite Ntihemuka.
En raison de la baisse de la production dans les régions de Masisi, Rutshuru et de la fermeture des routes, les produits vivriers sont de plus en plus rares à Goma. Grossiste en pommes de terre sur ce marché de Birere, Neema Ngarukiye a du mal à écouler sa marchandise, trop chère, et a aussi du mal à se la procurer : « Avant la guerre, je déchargeais dix camions par jour. Aujourd'hui, je ne parviens même pas à vendre un camion. »
Doublement des prix sur les marchés
Haricots, légumes, pommes de terre, les aliments les plus consommés à Goma ont vu leur prix doubler. Cette inflation nuit au pouvoir d'achat des familles. Assise sur une pierre volcanique devant son petit commerce d'habits féminins dans le quartier Ndosho, à l'ouest de Goma, Céline Mbuhu affirme qu'aujourd'hui, elle a des difficultés à nourrir ses enfants :
« Nous vivons difficilement à cause de la guerre du M23. Auparavant, même avec mes sept enfants, je pouvais facilement m'approvisionner pour le repas du soir avec 5 000 francs congolais [1,7$]. Aujourd'hui, c'est quasiment impossible. »
Bananes et charbon traversent le lac Kivu
Depuis l'avancée des rebelles du M23 qui ont encerclé la ville de Goma, l'approvisionnement en vivres est devenu un casse-tête. À une dizaine de kilomètres, au bord du lac Kivu, le marché de Kituku est devenu le seul espoir pour la survie de Goma. Les produits alimentaires quittent le territoire de Masisi, Minova et Buzi-Bulenga, dans la province du Sud-Kivu, et ils arrivent en masse chaque lundi et jeudi, jours de marché. Zawadi Emilliane est une commerçante qui traverse le lac Kivu, pour y vendre ses bananes plantains :
« J'amène au moins dix régimes de bananes et si je gagne beaucoup, j'obtiens 10 000 francs CFA »,se félicite-t-elle. Même le charbon, qui venait de Masisi et Rutshuru, provient désormais de Kalehe. « Il y a beaucoup d'activité au marché de Kituku, observe son président Chance Kanane. Les ventes de charbon de bois peuvent dépasser les 5 000 sacs le lundi et le jeudi, jours de marché. »
En attendant la fin de la guerre et la réouverture de la route Goma-Sake-Minova, la voie maritime sur le lac Kivu est devenue capitale pour approvisionner la population de Goma, grossie par les déplacés des alentours.
Wed, 13 Nov 2024 - 938 - Congo-Brazzaville: projet de barrage à Sounda pour doper l'offre d'électricité
Le Congo s’apprête à lancer les travaux de construction d’un nouveau barrage, celui de Sounda, dans le sud du pays. Le but est d’augmenter l’offre d’électricité dans un pays qui connaît d’importantes coupures et un faible taux d’industrialisation.
De notre correspondant à Brazzaville,
La rivière Sounda abritera ce nouveau barrage, dont le coup d’envoi des travaux de construction sera donné en janvier 2025. Il est situé dans le Kouilou, la région qui abrite Pointe-Noire, la capitale économique du Congo. Les travaux s’étaleront sur cinq ans et seront réalisés par l’entreprise chinoise China Overseas Company Limited. La production attendue est entre 600 et 800 mégawatts. « C’est un barrage, un grand ouvrage de travaux publics et même de grands travaux,commente Thierry Moungalla, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement.Il a un coût élevé qui peut tourner autour de 1 300 milliards de FCFA [plus de 1,9 million d’euros]. Les mécanismes de financement sont huilés avec les grands partenaires que sont nos amis chinois », indique-t-il.
Préfinancement chinois
En cette période de restructuration des dettes africaines, le recours au préfinancement chinois a probablement eu la faveur des autorités congolaises, estime l’analyste économique Alphonse Ndongo. « Par ces temps d’assèchement financier au Congo, je ne vois pas où est-ce que le gouvernement peut trouver des fonds pour financer la construction de cet important barrage. C’est un préfinancement chinois et je pense qu’il doit s’asseoir sur le modèle qu’on appellebuild-operate-transfer, qui veut simplement dire que vous construisez, vous exploitez et cela vous permet de vous faire rembourser selon une période de concession que l’État va certainement trouver entre lui et l’opérateur chinois ».
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Attirer les investisseurs
Officiellement, le Congo produit déjà 720 mégawatts, mais une bonne partie se perd dans le réseau de distribution, mal entretenu, selon les spécialistes. La production de Sounda s’ajoutera à cette puissance. « Cela va doper l’offre de fourniture d’énergie aux ménages,anticipe Alphonse Ndongo.Mais aussi, dans un contexte où l’on parle d’industrialisation, à l’orée de la Zlecaf[Zone de libre échange continentale africaine, Ndlr], c’est-à-dire le marché de libre échange, il faut bien que le Congo ait des propositions en matière d’industrie à faire ».
« L’électricité est un facteur important, renchérit Mermans Babounga de l’Observatoire des droits des consommateurs. Et, si on veut attirer les investissements directs étrangers, il faut que l’offre d’électricité soit suffisante dans le pays. Donc, nous avons bon espoir qu’avec la construction du barrage de Sounda, le pays va attirer de gros industriels qui viendront investir dans le pays. Et, cela va participer à créer des emplois que les jeunes attendent ».
Le Congo produit déjà plus d'électricité que ses besoins en consommation locale. Mais il en exporte une partie et son réseau électrique n’est pas suffisamment développé pour desservir l'ensemble de la population.
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Wed, 13 Nov 2024 - 937 - Au Sénégal, la transformation de la noix de cajou en difficulté
Au Sénégal, c’est une année noire pour les transformateurs de noix de cajou et cette industrie balbutiante. Alors que plusieurs entreprises agro-industrielles locales ont misé sur le secteur de l’anacarde, espérant reproduire le succès ivoirien, c’est tout l’inverse qui se passe cette année. Entre hausse des prix de la matière première et une mauvaise récolte, quasi l’intégralité des entreprises de transformation de la noie de cajou risque de mettre la clef sous la porte.
Avec notre envoyée spéciale en Casamance,
« Ici, on est au département du décorticage ». Iman Drame, directeur d’une usine de transformation de noix de cajou, nous guide dans son entrepôt. À sa gauche, un tapis roulant, une machine à trier, mais depuis le mois de mai dernier, tout est à l’arrêt. « Nous sommes en arrêt de production faute de matière première parce que cette année la matière première a été très chère, il y a eu des spéculations, ce qui fait que nous n’avons pas pu acheter pour pouvoir travailler », explique-t-il.
Cet entrepreneur de 54 ans, qui a monté son entreprise à Ziguichor en 2004, décrit le cercle vicieux auxquels font face les transformateurs de cajou. Une mauvaise récolte, 50, voire 60% de cajou en moins cette année suite à des vents chauds au moment de la floraison, avec pour résultat des noix de cajou devenues impayables voire inaccessibles. Car elles sont vendues au prix fort à la concurrence étrangère plutôt qu’aux entreprises de transformations sénégalaises. Iman Drame a dû mettre huit employés au chômage technique et interrompre le contrat de 90 journalières.
« Cela a des conséquences très lourdes »
Pour Jacques Birham Seck, à la tête d’Ethicajou, un transformateur équitable à 180 km de là, près de Kolda, c’est encore pire. « C’est le licenciement pour motif économique pour les 19 permanents que nous avions, mais également pour la centaine de femmes qui intervenaient comme journalières dans les différentes sections de la transformation. Elles aussi ont été obligées d’être arrêtées », regrette l’entrepreneur. « Donc cela a des conséquences très lourdes d’un point de vue socio-économique, surtout dans une des régions les plus pauvres du Sénégal où il n’y a presque pas d’industrie de transformation qui embauche autant », souligne-t-il encore.
En cause, l’absence de mesures protectionnistes pour éviter que les producteurs de cajou ne vendent au plus offrant ailleurs, estime Boubacar Konta. « C’est l’État qui a la capacité de faire la régulation, dans tous les pays où le cajou a eu vraiment un succès, c’est avec l’implication de l’État qui a pris des mesures comme des mesures d’agrément pour connaître quels sont les exportateurs, et qui fait quoi », analyse le président de l’Interprofession cajou du Sénégal.
Un plaidoyer sur le modèle de la Côte d’Ivoirea été transmis aux autorités. Parmi les demandes, celle d’imposer une taxe aux exportateurs pour encourager ces derniers à vendre en priorité aux transformateurs sénégalais. Le gouvernement promet d’appliquer la mesure pour la saison l’année prochaine. D’ici là, les entreprises se serrent la ceinture pour réussir à tenir sans mettre définitivement la clef sous la porte.
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Tue, 12 Nov 2024 - 936 - Sortie des États de l’AES de la Cédéao: le monde économique fait son plaidoyer
Les États de la nouvelle Alliance des États du Sahel (Mali, Burkina, Niger) ont annoncé vouloir quitter la Cédéao en janvier dernier. Une décision qui pourrait donc être effective début 2025. Une décision politique, mais qui aurait nécessairement des implications économiques. Dans la région, les acteurs économiques font leur lobbying pour maintenir les liens avec leurs partenaires de l’AES et leur maintien dans la Cédéao.
6,7 millions de Ouest-Africains vivaient dans un autre pays que le leur au sein même de la Cédéaoen 2020, selon l’ONU. Un grand nombre vivent ainsi en dehors de chez eux pour travailler et l’une des premières destinations est la Côte d’Ivoire. La situation est scrutée par le Dr Vaflahi Méité, directeur général de la diplomatie économique au ministère des Affaires étrangères ivoirien. « Pour la Côte d'Ivoire, les pays de l'AES, ce sont nos frères et nos clients naturels. Jusqu'à une époque récente, la plupart des importations des pays de l’AES se faisaient à travers le port d'Abidjan. Et ça, ça ne va pas changer », assure-t-il. Le diplomate se veut optimiste. « Il y a des ressortissants de ces pays qui vivent en Côte d'Ivoire et qui sont très nombreux. Il y a beaucoup de Maliens, beaucoup de Burkinabè, beaucoup de Nigérians qui vivent en Côte d'Ivoire. Donc, au-delà des aspects politiques, les peuples restent, les peuples font toujours des affaires ensemble », souligne-t-il.
La potentielle sortie des États de l’AES de l’organisation régionale inquiète cependant les transporteurs. La mise en place de la Cédéao a permis la libre circulation et la levée de nombreuses barrières sur le commerce : assurances, droits de douanes et de transits. « C'est un sujet qui nous préoccupe au plus haut point», confie Daouda Bamba, le secrétaire général de l’Union des conducteurs d’Afrique de l’Ouest.
Si l’organisation est apolitique, elle n’hésite pas à faire du plaidoyer auprès des autorités via des rencontres pour expliquer notamment les réalités de ces professionnels. « Notre organisation, bien sûr, quand il va s'agir de défendre les conducteurs routiers, alors partout, nous faisons passer des messages pour pouvoir faciliter la situation. C'est pour cela que nous prions à l'accalmie. Nous sommes des conducteurs routiers qui ne demandent que la libre circulation », insiste ce représentant des routiers.
« Il faut amener nos autorités à trouver une solution »
Le secteur privé regrette également cette situation. Faman Touré est le président de la Chambre de commerce et d'industrie de Côte d’Ivoire. Les dernières semaines ont été très actives, assure-t-il : « Le secteur privé s'est engagé pour parler à nos autorités de telle sorte qu'une solution soit trouvée. Donc, nous faisons des rencontres. Ce n’est peut-être pas sur le plan public, mais en tout cas, en privé, nous faisons des démarches vers nos chefs d'État, vers nos ministres afin que l’on puisse trouver des solutions. Nous ne souhaitons pas que ces trois pays quittent la Cédéao parce que c'est l'espace économique qui va prendre un coup. »
Un point de vue partagé au sein des différentes chambres de commerce de la région, affirme Faman Touré : « Au niveau des chambres de commerce de la Cédéao, nous avons eu des échanges et nous avons dit qu’il faut nécessairement amener nos autorités à trouver une solution. Et nous n'allons pas en tout cas nous arrêter là, nous continuons. »
La brouille entre le Niger et le Bénin a conduit à la fermeture de la frontière et empêche la tenue habituelle du commerce transfrontalier. Cette situation présage des difficultés qui pourraient toucher la Cédéao en cas de sortie effective de l’AES de l’organisation régionale.
Mon, 11 Nov 2024 - 935 - Au Niger, feu vert pour Starlink qui étend son réseau en Afrique
Un accord a été signé entre les autorités nigériennes et le fournisseur d’accès à internet par satellite, propriété du milliardaire américain Elon Musk, Starlink, qui est autorisé après avoir été longtemps interdit. Objectif : couvrir la quasi-totalité du territoire et améliorer la connectivité dans un pays où le taux de couverture internet est encore très faible.
Que ce soit en 2G, 3G ou 4G la couverture internet ne dépasse pas le tiers du territoire au Niger. Après des années de refus, les autorités ont donc dit oui à Starlink. Avantage principal de l’offre : du haut débit à un tarif abordable avec 200 Mb/s pour environ 25 000 FCFA par mois. Un tournant pour les entreprises nigériennes, selon l’économiste Ibrahim Adamou Louché :« Ce qui va changer avec Starlink, c’est que le déploiement du haut débit sera très important pour le secteur de l’entrepreneuriat. Beaucoup de chefs d’entreprises se plaignent de la mauvaise qualité des offres existantes. Avec Starlink, cette crainte sera levée, les entreprises vont pouvoir développer leur business ».
Nouvelle stratégie africaine de Starlink
Longtemps, les autorités nigériennes ont craint l’utilisation de ce réseau par les groupes terroristes, mais le rapport bénéfice-risque semble avoir changé. « Avec un acteur comme Starlink, le problème de la couverture est résolu », assure Antony Adopo, spécialiste du numérique en Afrique.
Il explique que la stratégie de Starlink sur le continent a également évolué. Le fournisseur d’accès envoie désormais ses équipes négocier pour convaincre un à un les pays africains. « Starlink a contacté plusieurs États afin de rassurer sur les différentes craintes qu’ils peuvent avoir, comme le respect de leurs cadres réglementaires, explique Antony Adopo, il y a eu plusieurs étapes. La première, c’est quand les pays ont constaté que Starlink opérait sur leurs territoires sans y avoir été autorisé, donc il y a eu une levée de boucliers pour dire que c’est contraire à la loi. Ensuite, discussions entre les gouvernements et l’opérateur. Et une fois qu’ils se sont compris, troisième étape : acceptation de ce nouvel acteur ».
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Quelle souveraineté numérique ?
Reste le défi de la souveraineté numérique. Comment seront contrôlées les données collectées et les communications qui transiteront par le réseau ? De nombreux pays comme le Cameroun, ou la République démocratique du Congo refusent encore d’autoriser Starlink. « Les pays, en réalité, n’interdisent pas Starlink, mais réfléchissent à comment faire venir cet acteur-là tout en préservant l’écosystème local,assure Antony Adopo, il y a des opérateurs locaux qui investissent depuis longtemps, qui ont besoin de beaucoup de budget pour pouvoir connecter tout le monde. C’est cette équation qui est en réflexion dans la plupart des pays africains ».
Après le Libéria récemment, le Niger deviendra le 15ᵉ pays africain à autoriser Starlink sur son territoire. Au Kenya, ce lundi 4 novembre, l'opérateur américain a suspendu toute nouvelle souscription invoquant une surcharge de son réseau.
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Thu, 07 Nov 2024 - 934 - Audiovisuel en Côte d’Ivoire: des initiatives privées pour pallier le manque de main-d’œuvre
En Côte d’Ivoire, la deuxième édition du Sica, le Salon international du contenu audiovisuel d’Abidjan, s’ouvre ce mardi 5 novembre. Dans le pays, cette industrie représente 3 % du PIB. À travers ce salon, les professionnels veulent continuer de faire évoluer ce secteur qui manque encore de ressources humaines, faute, notamment, de visibilité.
Dans un salon, deux experts-comptables racontent leur métier. C’est la première séquence d’un podcast vidéo, enregistré par une société de production. Derrière la caméra, Aimé, la trentaine, est un cadreur autodidacte. Il participe à une formation pour enrichir son parcours. « Je voulais essayer de maîtriser le vocabulaire de ce métier, essayer de connaître les différentes étapes. Ça m’a permis au moins d’apprendre la rigueur du métier », confie-t-il.
Une main-d’œuvre qui vient d’ailleurs
Cette formation met l’accent sur la postproduction. « Quand je suis dans mon poste de montage, je suis dans mon univers », se réjouit Penda Ndiaye. Elle a quitté une chaîne de télévision privée au Sénégal, pour se former au montage de longs formats. « Avant, je ne faisais pas de montage de film/série, documentaire et autre. Je faisais juste du montage de reportage et d’émissions. On m’a appris comment monter un film, comment on fait un documentaire, les séries, etc. En plus, j’ai appris le métier de script-plateau ». Cette formation est initiée par Créative Lab.
Créative Lab est une structure créée il y a huit ans, pour accompagner l’industrie audiovisuelle. Ce besoin est à l’origine parti d’un constat : le manque de ressources humaines dans ce domaine. « Pas mal de sociétés de production en Côte d’Ivoire sont obligées de faire venir de la main-d’œuvre de l’extérieur, notamment du Sénégal, du Maroc, du Burkina Faso, ou de la France,relève Charly Kodjo, producteur et co-fondateur de Créative Lab. On manque de scénaristes, de bons réalisateurs, on manque de directeurs photo, on manque de monteurs, on manque d’ingénieurs du son… sur toute la chaîne de valeur, il y a un besoin de renforcer les ressources humaines ».
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L’intérêt du secteur privé
Son associée dans ce projet, Cynthia Nassardine, est actrice et productrice. Selon elle, ce secteur est en pleine expansion. « C’est vrai qu’on vit beaucoup de subventions étatiques, mais petit à petit, le secteur privé commence aussi à s’intéresser à notre industrie. Ce qui crée beaucoup plus de facilité d’expansion, donc aujourd’hui, on peut en vivre », explique-t-elle.
Au-delà des productions pour des entreprises privées, les débouchés concernent également la réalisation de séries pour les chaînes de télévision. À cela s’ajoute, un réseau de salles de cinéma, qui progressivement s’étend dans la capitale économique ivoirienne.
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Tue, 05 Nov 2024 - 933 - En Afrique, vers un regain d'intérêt des investisseurs?
Routes, lignes électriques, écoles ou centres de santé, l’Afrique a besoin d’investissements privés. En 2023, les investissements directs étrangers étaient stables sur le continent – tandis qu’ils dégringolaient dans d’autres régions du monde – atteignant environ 48 milliards de dollars selon la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (Cnuced). Si les statistiques ne sont donc pas encore au rendez-vous des besoins, des signaux semblent pourtant au vert. Un regain d’intérêt des investisseurs vers le continent paraît se confirmer.
L'agence de notation Standard & Poor's a récemment relevé la note de la Côte d'Ivoire à BB. Un signal pour Stanislas Zézé, à la tête de l'agence de notation africaine Bloomfield, que l'évaluation du risque sur le continent est en train d’évoluer. « La raison pour laquelle les gens avaient du mal à venir ou étaient un peu sceptiques, c'était à cause de comment ils évaluaient le risque, pas le risque réel, mais la perception des risques qu'ils avaient. Et cette perception évolue de façon significative », analyse ce spécialiste de la finance.
Pour lui, d’autres facteurs interviennent. « Il y a un potentiel extraordinaire parce qu’il y a tout à faire ici. Donc, évidemment, le développement est de plus en plus rapide, les taux de croissance sont parmi les plus élevés au monde et le risque est mieux maîtrisé aujourd'hui parce que mieux compris. En termes même de remboursement, les Africains ne sont pas les moins crédibles. C'est tout ça qui crée une vraie dynamique d'investissements sur le continent », ajoute-t-il.
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Donner de bons signaux aux investisseurs
Autre événement, la levée de fonds d'Ecobank sur le London Stock Exchange. Ce n'était pas arrivé pour une banque africaine depuis 2021. Les marchés ont ainsi investi 400 millions de dollars. Proparco, filiale de l'Agence française de développement, s'était positionnée comme référent sur cette opération. « Comme ces marchés financiers étaient attentistes et un peu fermés, il a été convenu qu’il faudrait que des investisseursanchor, c'est-à-dire des investisseurs de référence qui travaillent depuis très longtemps avec elle — donc qui connaissent bien la banque, qui apprécie son impact et sa solidité —, que ses investisseurs puissent envoyer un peu un signal aux marchés en avance pour dire :nous, on a confiance dans cette banque », explique Emmanuel Haye, responsable du département institutions financières.
Ce qu’a donc fait Proparco et d’autres partenaires. « Très vite, on a pu annoncer qu'on allait investir 20 millions de dollars aux côtés d'autres investisseursanchor, et donc ça, ça a permis certainement que les investisseurs trouvent cette opération intéressante et qu’ils y souscrivent », ajoute encore Emmanuel Haye.
Pour Stanislas Zézé, il ne fait aucun doute, investir en Afrique est rentable. « Si vous regardez les 400 millions de dollars qui ont été empruntés par Ecobank, c'est à 10%. Je ne sais pas où en Europe vous ferez de l'investissement avec un retour à 10%, insiste-t-il. Ça m’étonnerait. Donc évidemment, le continent devient de plus en plus attractif. »
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Installation prochaine de J.P. Morgan
Des investisseurs étrangers, dont l'une des têtes de pont, J.P. Morgan, vient d'annoncer vouloir s'installer prochainement en Côte d'Ivoire et au Kenya. « Ce qu'on voit aujourd'hui, c'est en effet avec la baisse des taux, le retour des États souverains sur les marchés internationaux, et c'est ça que vient cibler J.P. Morgan, qui va arranger la levée de ressources pour ces États souverains ou les très grandes entreprises », confirme Emmanuelle Haye.
Parmi les opérations remarquées cette année et qui semblent confirmer le regain d'intérêt des investisseurs pour le continent, le retour de la Côte d'Ivoire et du Bénin sur les marchés internationaux.
Mon, 04 Nov 2024 - 932 - Tourisme: la Côte d'Ivoire ambitionne de devenir le hub régional de l'Afrique de l'Ouest
La Côte d'Ivoire veut miser sur son tourisme. Grâce à sa feuille de route « Sublime Côte d’Ivoire », elle espère attirer cinq millions de touristes par an. Pour sa promotion, elle sillonne les grands événements comme le salon du tourisme Top Resa à Paris. Le ministre du Tourisme ivoirien se fait volontiers l'ambassadeur de son pays pour en faire le hub régional de l'Afrique de l’Ouest.
« Oublier la Côte d'Ivoire, ce n'est plus possible. Il faut faire avec », annonce en souriant le ministre du Tourisme, Siandou Fofana. Il égrène les avantages de la destination Côte d'Ivoire : sa géographie, sa stabilité politique et son climat de paix. En plus de cela, il met en avant les efforts réalisés par les autorités sur la question des infrastructures pour ambitionner de devenir un hub régional.
« C'est se doter d'infrastructures modernes, d'abord des infrastructures de transport aérien. La Côte d'Ivoire, c'est un aéroport international qui est en pleine mutation », détaille-t-il. La première phase de travaux doit permettre l'accueil de cinq millions de passagers, et dans une deuxième phase, atteindre les 10 millions.
Autre stratégie des autorités ivoiriennes : se doter d'une compagnie aérienne solide, Air Côte d'Ivoire, qui « s'étoffe avec l'acquisition d'une flotte qui est de la génération la plus récente ». Puis, « tout un maillage des infrastructures routières modernes et réhabilitées avec la construction de routes neuves », poursuit Siandou Fofana.
La Côte d'Ivoire propose des offres touristiques balnéaires classiques, mais elle met également en avant ses nouveaux circuits culturels. Aujourd'hui, le pays attire de manière importante le tourisme d'affaires. Cela passe par l'implantation des sièges et bureaux régionaux de grandes entités et d'institutions internationales comme la Banque africaine de développement, du FMI ou de la Banque mondiale.
« Toute chose qui nous confère une position géostratégique et qui fait que tous les acteurs qui négocient leurs dossiers sont obligés de passer par Abidjan », insiste le ministre. Abidjan accueille par ailleurs la bourse régionale des valeurs, ce qui en fait « une place boursière de premier ordre de la région ». Pour tenter de répondre aux besoins, le gouvernement s'est ainsi doté d'un parc d'exposition et a augmenter la capacité hôtelière.
L'innovation pour promouvoir la destination
Mais la destination souffre encore de l'impact des crises sécuritaires vécues. Les autorités, afin d'attirer plus de visiteurs, ont lancé une nouvelle offensive communicationnelle, avec l'ouverture de 15 bureaux du tourisme dans le monde. « L'objectif pour nous, c'est de susciter l'envie des gens de venir en Côte d'Ivoire », explique Fatime Camara, la directrice du bureau implanté en France. Et pour cela, l'innovation et les technologies sont mises à contribution. « Nous travaillons beaucoup sur l'intelligence artificielle (IA) pour faire la promotion de la Côte d'Ivoire. Nous avons des cartes de réalité virtuelle qui permet d'aller faire des visites en immersion de la basilique, de la cathédrale, des plages d'Abidjan. À Top Resa, on avait la possibilité d'aller visiter un village artisanal par exemple », met-elle en avant.
La Côte d'Ivoire mise également sur les retombées à long terme de l'organisation de la CAN, grâce à la visibilité que l'événement lui a donnée et aux 1 500 milliards de francs CFA investis à cette occasion. En 2022, le tourisme contribuait à hauteur de 6% au PIB. Les autorités espèrent un bond à 8% cette année.
Fri, 01 Nov 2024 - 931 - Les groupes miniers producteurs de platinoïdes face à la crise en Afrique du Sud
En Afrique du Sud, les producteurs de platinoïdes sont dans une très mauvaise passe. Les cours du palladium et du rhodium, des métaux moins demandés avec le passage des véhicules à l'électrique, ont vu leur cours plonger, après avoir atteint des sommets. La bulle éclate et se retourne contre les groupes miniers producteurs de ces métaux précieux, qui emploient plus d’un tiers des salariés du secteur minier en Afrique du Sud, premier producteur mondial de platinoïdes.
La chute des prix des platinoïdes a forcé plusieurs grands groupes miniers à se restructurer depuis deux ans en Afrique du Sud. Fermetures de puits, pertes d'emploi... L'entreprise Sibanye Stillwater a dû se séparer de 12 000 de ses 80 000 salariés. « À partir de 2023, nous avons assisté à une baisse des prix de ces matières premières, les principaux platinoïdes que sont le platine, le palladium et le rhodium,explique Charl Keyter, directeur financier du groupe.Et je pense que cela s'explique en grande partie par l'opinion largement répandue selon laquelle tout le monde va se tourner vers les véhicules électriques. »
Platinoïdes victimes du succès de la voiture électrique
Ces platinoïdes sont en effet principalement utilisés dans l'industrie automobile, pour confectionner les pots catalytiques des voitures thermiques. La pandémie de Covid-19, puis l'invasion de l'Ukraine par la Russie, second producteur de ces métaux, avaient poussé de nombreux constructeurs à faire des réserves auprès des mines sud-africaines, faisant exploser les prix.
« Pendant le Covid, nous avons vu le prix des métaux du groupe du platine grimper à des niveaux jamais imaginés. Jusqu'à trois fois supérieurs à leur précédent record historique, rappelle Peter Major, analyste du secteur. Maintenant que ces prix ont baissé et sont revenus à des niveaux plus normaux, cela met l'industrie sous forte pression, car il y avait eu de grosses augmentations de salaires, de grands projets d'investissement, et des acquisitions très coûteuses à l'étranger. »
Espoirs dans la voiture à hydrogène
Les prix semblent s'être à présent stabilisés, et ces entreprises minières sont soulagées d'y voir un regain d'intérêt pour les voitures hybrides. Mais elles continuent d'espérer que la transition écologique jouera davantage en la faveur des véhicules à hydrogène, qui nécessitent des platinoïdes.
« Nous pensons vraiment que l'hydrogène est une source d'énergie intéressante et qu'elle se développera au cours de la prochaine décennie,juge Craig Miller, PDG d'Anglo American Platinum, premier producteur mondial de platine. Le rôle que les platinoïdes peuvent jouer, c'est d'abord dans la production d'hydrogène, et à plus long terme – pas pour le moment –, dans les voitures à pile à combustible. »
Un optimisme que ne partage pas un certain nombre d'analystes, face à la lenteur de la progression, depuis 30 ans, des technologies utilisant l'hydrogène.
Thu, 31 Oct 2024 - 930 - Raffiner l'or sur place, le pari compliqué du Ghana
Raffiner son or localement est un rêve que de nombreux pays producteurs souhaitent atteindre. C'est le cas du Ghana. En août dernier, le premier extracteur d'or du continent africain a inauguré une toute nouvelle raffinerie. Une infrastructure qui, selon le gouvernement, permettrait au pays de reprendre pleinement la main sur la valeur de son minerai. Mais les obstacles avant d'atteindre cet objectif restent nombreux.
Avec notre correspondant à Accra,
Une raffinerie dernier cri, capable de traiter 400 kilos d'or par jour, pour un taux de pureté de 24 carats : la Royal Ghana Gold Refinery a été inaugurée en août à Accra par le vice-président Mahamudu Bawumia. « Aujourd'hui, nous ne célébrons pas seulement une nouvelle installation, mais un témoignage de l'engagement de notre gouvernement pour la valorisation de nos ressources naturelles », a-t-il déclaré à cette occasion.
En 2023, l'or représentait déjà à lui seul près de la moitié des exportations du pays. Raffiner cette matière chez soi, c'est donc l'assurance d'une stabilité économique renforcée, selon le gouverneur de la banque centrale du Ghana. « Ajouter de la valeur aux ressources aurifères duGhana nous permettra d'augmenter nos stocks de devises étrangères, d'améliorer notre balance de paiements, ce qui, à terme, nous protégera des chocs et des vulnérabilités extérieures », avance Ernest Addison.
Pour vendre son or sur les principales places financières mondiales, encore faut-il que la raffinerie soit certifiée par la London Bullion Market Association (LBMA). Une tâche loin d'être aisée. L'institution attend qu'une raffinerie puisse opérer à un certain volume pendant trois années consécutives. « La raison de cette règle, c'est que maintenir la qualité de raffinage à petite échelle ne signifie pas forcément qu'on est capable de le faire à grande échelle », détaille Bright Simons, économiste et vice-président du think tank ghanéen Imani.
Comment intégrer la production artisanale ?
La Royal Ghana Gold Refinery est loin d'être la première à tenter l'aventure au Ghana. Toutes sont confrontées au même problème selon l'économiste : le manque de capitaux. « Il y a une douzaine de raffineries d'or au Ghana, certaines plus grosses encore que celle qui vient d'être inaugurée,met encore en avant Bright Simons. Et aucune n'a réussi à atteindre la certification. C'est notamment parce que le raffinage d'or a une faible rentabilité. »
Y a-t-il seulement assez d'or au Ghana pour satisfaire la demande ? Le pays a beau être le plus gros producteur du continent, ses principales mines exportent déjà vers des raffineries étrangères, détentrices de certification LBMA. Reste alors les dizaines de milliers de mines de petites tailles. Or, il n'y a aucune garantie. « Si la raffinerie attend des petits mineurs qu'ils lui apportent eux-mêmes leur or, elle n'aura pas les quantités souhaitées. Il faut donner aux mineurs des avantages fiscaux, installer des bureaux près des mines. C'est à ces conditions qu'ils ne vendront leur or à personne d'autre », selon Godwin Armah, l'un des principaux représentants du secteur. Les autorités devront également résoudre le problème de la traçabilité. Un enjeu de taille dans un pays ravagé par l'orpaillage illégal.
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Wed, 30 Oct 2024 - 929 - Le Sénégal, face au défi de l'industrialisation, ouvre une première usine d’outils agricoles
Industrialiser le Sénégal est au cœur de la stratégie de développement dévoilée le 14 octobre dernier par le président Bassirou Diomaye Faye. Dans ce but, les nouvelles autorités sénégalaises multiplient les zones économiques spéciales pour attirer les investisseurs. Deux de ces investisseurs installent ainsi la première usine sénégalaise d’outils agricoles dans la région de Thiès.
Le projet des autorités de Dakar est de porter le nombre de zones économiques spéciales de 5 à 45. De quoi faciliter l’accès des entreprises au foncier, obstacle majeur à l’industrialisation du Sénégal. Et permettre à l’investissement de se réorienter vers d’autres secteurs que les services, espère Bakary Séga Bathily, le directeur général de l’Agence nationale chargée de la promotion de l’investissement et des grands travaux au Sénégal. « On a une structuration de notre économie basée sur les services à plus de 50 %, l’industrie qui arrive deuxième à 25 % et le secteur primaire à 17 %, alors que le secteur primaire aujourd’hui mobilise plus de 60 % de la population… », explique-t-il.
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500 000 outils made inSénégal
Répondre aux besoins du secteur primaire, c’est la stratégie de l’entreprise Senoutil, qui vient de s’installer à Sandiara, à une centaine de kilomètres au sud-est de Dakar. L’usine sera la première à fabriquer râteaux, serpettes, houes et binettes sur le sol sénégalais. 500 000 outils d'ici à cinq ans, espère son directeur général, Ibrahima Gallo Ndao, dans une région porteuse, juge-t-il, celle de Thiès. « C’est une zone bien connue dans le domaine du maraîchage, qui exporte un peu partout. Donc, faire des outils qui permettent d’alimenter cette chaîne de valeur est important. Mais c’est aussi une zone très dynamique en termes de carrières. Et c’est pourquoi, dans cette gamme, on a tout l’outillage pour la construction. »
Il faut exporter au moins 50 % de sa production quand on s’installe dans une zone économique spéciale sénégalaise. La contrainte ne fait pas peur à Ibrahima Gallo Ndao, mais il espère que de nouvelles lignes ferroviaires l’aideront à réaliser cet objectif. « L’idéal aujourd’hui, c’est d’avoir la ligne jusqu’à la frontière avec le Mali et une autre ligne jusqu’à la frontière avec la Mauritanie. Non seulement ça ouvre des brèches, parce que qui dit industriel dit exportation, mais ça permet aussi de faciliter la connexion entre les terroirs. »
Doper la formation professionnelle
Dans un premier temps, les pièces métalliques des outils seront fabriquées en France par son partenaire, Saintex, dirigé par le Franco-Sénégalais Cheikh Sow. Ce dernier attend d’autres réformes, indispensables selon lui à la réussite de projets industriels comme le sien. «Ce n’est pas tant la réforme du contrat de travail, c’est surtout la réforme de la formation professionnelle, c’est là où on attend des réformes importantes,confie-t-il. L’accessibilité, la rapidité du traitement des dossiers, une politique plus orientée vers la formation professionnelle que vers les formations universitaires. »
L’objectif des zones économiques spéciales est de créer 3 millions d’emplois pour la jeunesse sénégalaise.
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Tue, 29 Oct 2024 - 928 - L'art contemporain africain convoité par les collectionneurs du continent
Le marché de l’art contemporain a traversé une année difficile, mais celui de l’art africain a bien résisté, selon les études. Considéré comme émergent il y a encore quelques années, il a su dépasser les craintes de l’intérêt ponctuel et de l’effet de mode. Et parmi les tendances, la présence de plus en plus marquée de collectionneurs africains. Un phénomène constaté à la foire d’art contemporain AKAA qui s’est imposée comme le grand rendez-vous dans le domaine en France et qui se tenait fin octobre à Paris.
Parmi les œuvres de Reggie Khumalo, des toiles représentant des femmesaux cheveux colorés, vêtues de pagnes. Du tissu sort de la toile et s’étale au sol à la manière d’une traîne. Pour l’artiste sud-africain, l’intérêt des collectionneurs du continent pour les œuvres de chez eux s’explique pour plusieurs raisons. « Je pense qu’ils peuvent tout simplement sentir l’authenticité de l’artiste. Ils peuvent sentir la vérité et le travail spirituel qui est à l’action à l’intérieur de l’artiste et de son œuvre », soutient-il.
Un intérêt des collectionneurs indispensable pour Victoria Mann, directrice du salon AKAA. « Le marché ne pouvait pas se développer sans ça. Il fallait qu’il y ait une prise de conscience locale », assure-t-elle. Désormais, le continent multiplie les galeries, les centres, et les « art advisors » « qui ont vraiment dédié leur carrière à développer et à ouvrir ce marché-là », témoigne la directrice du salon. Un effet d’entraînement également souligné par Linda Pyke à la tête de la galerie THK au Cap.
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« S’y intéresser semble plus légitime »
« Le continent vient de se doter de ses premiers musées d’art contemporain. Le Zeitz MOCAA a ouvert en 2017. Ensuite, le MACAAL a ouvertainsi que de nombreuses institutions et fondations », égraine la galeriste. La multiplication de ces structures « a pour conséquence d’établir un marché. Si vous avez des institutions qui encouragent également les gens à collectionner, s’y intéresser semble plus légitime », met-elle en avant. Au plus près du marché, « il y a vraiment eu un intérêt croissant et un énorme développement de la base de collectionneurs en Afrique », témoigne Linda Pyke.
44 exposants et 36 galeries étaient présents à l’occasion de cette manifestation de trois jours à Paris. Et question gros sous, pour Victoria Mann, directrice du salon, les artistes africains sont aussi bien cotés que leurs homologues d’autres continents. « Aujourd’hui, une œuvre d’El Anatsui, une œuvre de Gideon Appah, de Amoako Boafo peut monter haut. Dans des sphères qui sont très importantes et qui sont inatteignables pour des jeunes collectionneurs ou des acheteurs coup de cœur », met-elle en avant.
Des fourchettes de prix plus élevées
Si une nouvelle génération d’artistes est plus abordable, cependant, sur la foire AKAA, la spécialiste a constaté « une vraie évolution de la fourchette du prix moyen ». Aux débuts d’AKAA, elle se situait entre 2 000 et 8 000 €, mais aujourd’hui s’est rehaussée entre 10 000 et 30 000 euros. « Ça ne veut pas dire qu’il n’y a plus d’œuvres qui sont peu chères, il y en a toujours, mais aujourd’hui, un artiste sur la foire vendu à 25 000-30 000 € se vend sans aucun problème », assure Victoria Mann.
Marie-Cécile Zinsou, Kamel Lazaar à Tunis, Janine Kacou Diagou ou encore Hassanein Hiridjee sont parmi les grands collectionneurs du continent. Ils soutiennent les artistes africains, notamment à travers leurs fondations et leurs expositions.
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Mon, 28 Oct 2024 - 927 - Les défis du coton africain face à l'explosion de la production brésilienne
Le Brésil est devenu le premier exportateur de coton au monde, devant les États-Unis. Les volumes exportés par le géant d'Amérique latine ne cessent de croître et pourraient demain menacer les parts de marché du coton africain, que certains qualifient de plus beau coton du monde. Où en est la prise de conscience sur le continent et quelles sont les pistes d'adaptation ?
De notre envoyée spéciale au Forum de l'Association français cotonnière, qui s'est tenu au début du mois d'octobre dans la ville du Havre,
« On a la pression du Brésil, on ne peut pas le nier », reconnaît le président de l'Association professionnelle des sociétés cotonnières en Côte d'Ivoire. « Les signaux sont là, ajoute Jean-François Touré, il faut en prendre conscience et mener les réflexions nécessaires pour contrecarrer la situation ».
L'expansion de la culture du coton au Brésil a déjoué toutes les prévisions : elle est même vue par certains experts comme le fait marquant de ce 21ᵉ siècle pour le secteur. Depuis l'année dernière, le Brésil est devenu le premier exportateur mondial, de quoi pousser un peu plus les producteurs d'Afrique de l'Ouest à réfléchir à leur avenir.
Sur le marché international, l'Afrique reste toujours le premier fournisseur du Bangladesh, grâce à la beauté de son coton ramassé à la main, mais cela pourrait vite changer. D'où les efforts actuellement menés au sein de l'Association cotonnière africaine pour maintenir et améliorer la qualité de l'or blanc, assure Papa Fata Ndiaye, directeur général de la Sodefitex au Sénégal. « Cela passe par une récolte plus soignée,explique-t-il, une lutte acharnée contre la contamination du coton par les polypropylènes et une meilleure homogénéité des lots pour répondre avec plus d'efficacité aux exigences de la filature. »
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Dix producteurs pour 50 % de la production
Au Brésil, une petite ferme s'étend sur 50 000 hectares, contre 2 hectares en Afrique. Dix producteurs concentrent pas moins de 50 % de la production brésilienne. On parle donc d'exploitations hors normes, aux rendements impressionnants, entre trois et cinq fois plus élevés que ceux du continent africain, qui permettent de réduire les coûts de production par hectare. Même s'il n'y a pas de comparaison possible entre un coton cueilli à la main et celui récolté à la machine, une marge de progression en termes de pratiques agricoles et de rendement existe en Afrique de l'Ouest.
« On continue toujours avec la même formulation d'engrais, il y a donc un certain nombre de réformes et de réflexions à mener », selon Jean-François Touré, qui estime que les pays producteurs du continent peuvent atteindre un rendement de 1,5 t tonne par hectare, voire même de 2t/ha.
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Un Brésil encore plus présent demain
Personne n'a de doute, le géant d'Amérique latine produira encore plus dans les prochaines années dans la région du Mato Grosso - qui occupe une surface une fois et demie plus grande que celle de la France.
La menace est réelle, mais pas que pour l'Afrique, explique Laurent Peyre, président de l'Association française cotonnière et directeur exécutif de la société StoneX CDI. « Si les volumes deviennent très importants, le Brésil fera de l'ombre à tout le monde, à l'Afrique de l'Ouest, mais surtout au coton américain et australien qui sont deux cotons mécanisés également ».
Parmi les débouchés alternatifs pour l'Afrique, hors Asie, la transformation locale a de plus en plus le vent en poupe. Elle passe par la construction de filatures et d'usines de tissage, à l'image de ce que le Béninest en train d'expérimenter, le principal frein restant, dans la plupart des pays, la disponibilité d'une énergie durable et accessible.
Fri, 25 Oct 2024 - 926 - Au Maroc, Nexans promeut ses solutions électriques pour l'Afrique
La multinationale française Nexans a choisi cette année le Maroc pour organiser la quatrième édition de son « Climate day ». L'entreprise est spécialisée dans la conception et la fabrication de câbles. Son forum est dédié aux solutions qui doivent permettre de relever les défis climatiques. Le thème de cette année : l'électrification durable, une opportunité pour l'Afrique.
De notre correspondant au Maroc,
L'entreprise a mis les petits plats dans les grands, privatisant les magnifiques jardins du Chellah, y installant des stands pour faire connaître ses dernières innovations. « Ce que je vous propose, c'est de regarder autour de vous. À chaque fois que vous avez un engin, un transformateur ou une cellule qui apparaît en bleu, essayez de cliquer sur le bouton juste là », propose-t-on aux visiteurs.
La réalité virtuelle au service de la formation des techniciens, pour assurer une maintenance de qualité. C'est ce stand qui a tapé dans l'œil de Lenzéni Coulibaly, consultant pour la Compagnie ivoirienne d'électricité. « J'ai été invité par Nexans pour découvrir toutes leurs innovations en matière de prévention des incidents, des dysfonctionnements », détaille-t-il. Pour cela, ils ont des systèmes de monitoring, des solutions qui permettent de rendre le réseau électrique plus durable. Une aubaine pour des sociétés comme la compagnie ivoirienne qui a « des problèmes de durée de vie des équipements ». En cause notamment, la surconsommation. « Un transformateur a une puissance, a une charge qu'il ne doit pas dépasser, mais quand on est en surcharge avec le monitoring, vous pouvez couper avant l'incident et ainsi augmenter la durée de vie », explique Lenzéni Coulibaly.
Moins d'incidents et de perte de matériels qui doivent permettre logiquement de réduire l'empreinte carbone du secteur, selon ce consultant. « S'il faut refabriquer des câbles, refabriquer des transformateurs, reconsommer des huiles, c'est contre l'environnement, et même, cela pollue et produit des déchets », fait-il remarquer.
Un secteur concurrentiel
Déjà présent au Maroc et en Côte d'Ivoire, ce forum est l'occasion pour l'entreprise française Nexans de tenter de séduire de potentiels nouveaux clients sur le continent, grâce à ses équipements basés sur l'énergie solaire. « Je trouve que Nexans développe aussi l'énergie solaire et effectivement, on peut les faire participer dans la compétition des entreprises qui peuvent effectivement apporter des solutions aux Comores », estime Mohamed Djounaid, directeur général de la Société nationale d'électricité des Comores (SONADEC).
Sur ce marché, il y a effectivement de la concurrence, selon Mohamed Djounaid. « Il n'y a pas que Nexans, mais quand même, Nexans a sa place en termes de qualité. Et peut-être au niveau du coût, c'est là où il y aura une différence. On verra. Les Chinois aussi sont là et s'adaptent », met-il en avant.
Pas de quoi inquiéter le PDG de Nexans, Christopher Guérin, qui insiste sur l'ancrage africain de son entreprise : « Au Maroc depuis 77 ans. Nous avons démarré, il y a plus de 10 ans, une nouvelle usine en Côte d'Ivoire. Nous sommes depuis les années 1960 au Ghana. Également au Sénégal. Donc, nous sommes présents en Afrique depuis déjà très longtemps. Mais le Maroc est notre plateforme de développement. » Le groupe compte renforcer sa présence dans le Royaume avec une troisième usine. Sa mise en service est prévue pour 2028.
Thu, 24 Oct 2024 - 925 - Intelligence artificielle: comment l’Afrique peut-elle gagner en souveraineté sur les technologies et ses données?
Le 24 juillet dernier, l’Union africaine (UA) a publié la stratégie du continent sur l'intelligence artificielle. Formation, accès aux données pour les supercalculateurs, protection des données stratégiques et personnelles... Comment l’Afrique peut-elle gagner en souveraineté ?
La souveraineté commence avec les compétences en intelligence artificielle et la Tunisie accélère le rythme, souligne Hichem Turki. Sur le technopark qu'il dirige à Sousse, 500 étudiants sont formés cette année aux technologies du leader du calcul Nvidia, 2 000 le seront l'an prochain. « On est en train de préparer les talents pour l’intelligence artificielle, pour qu’on soit créateur d’intelligence artificielle et pas consommateur uniquement, met en avant Hichem Turki. Et bien entendu, on a investi dans nos supercalculateurs pour pouvoir donner la capacité à nos talents de faire du développement de l’IA. Il faudra évidemment qu’on développe de plus en plus les data centers pour la souveraineté des informations sur le pays ».
L'Afrique compte pour l'heure 80 data centers, sur les quelque 5 000 répartis dans le monde. Certains pays, comme la Côte d'Ivoire, ambitionnent de les multiplier. Attention, prévient cependant Luc Missidimbazi, président de la plateforme de la tech et de l’innovation de l’Afrique centrale, Osiane : « Tant qu’on n’aura pas résolu les problèmes de base, d’énergie pour les data centers, ça nous coûtera tellement cher, que le produit au final coûtera cher à l’utilisateur », alerte-t-il. En effet, « si vous avez un data center qui a des coûts jusqu’à quarante fois plus cher que l’Europe, vous aurez toujours l’obligation d’avoir vos données à l’étranger ».
Législations pas encore appliquées en Afrique
L'urgence, selon cet ingénieur, conseiller du Premier ministre du Congo-Brazzaville, est avant tout de sécuriser les données africaines, où qu’elles soient logées. Pour lui, la problématique est bien l’accès à ces données. « C’est là où l’authentification, l’identification sont fondamentales. Cette authentification passe par des instruments, par des équipements, par des technologies, par des programmes, par un cryptage. Et ce sont ces renforcements-là qu’il faut comprendre, pour pouvoir disposer d’une totale gestion de son écosystème digital. Ce qui n’est pas le cas pour beaucoup de pays africains », analyse-t-il.
La protection des données personnelles est un autre défi, reconnaît Meshia Cédric Oveneke, co-fondateur de l’entreprise Fit for Purpose, qui a développé une application de reconnaissance faciale au Kenya. « Dans notre entreprise, dans tout ce qu’on développe, on pense toujours à la protection des données. On ne sauvegarde aucune photo et on ne travaille pas avec des technologies de sauvegarde du type cloud et nuage, parce que l’infrastructure ne le permet pas. Et donc le problème ne se pose pas dans notre cas. Maintenant, est-ce que tout le monde le fait ? Ça, c’est une autre histoire… », explique Meshia Cedric Oveneke.
Si la plupart des États africains ont adopté des législations pour protéger les données personnelles, c’est leur application, jugent les experts, qui est à la traîne, faute de formation adéquate dans toutes les administrations.
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Wed, 23 Oct 2024 - 924 - Glappy, l'initiative camerounaise qui forme les jeunes à l'intelligence artificielle
Les initiatives en matière d'intelligence artificielle et de robotisation se multiplient en Afrique. La fondation Glappy a été créé aux États-Unis par deux Camerounais. Leur objectif : faire du Cameroun un des pays en pointe en termes de robotisation. Pour se faire, ils forment les enfants.
Lors de leur présentation, un robot humanoïde qui ressemble à un enfant se met à bouger et à communiquer. « Ça a des mains, un torse, la tête, il y a des caméras dans les yeux pour pouvoir naviguer », explique Christian Ntienou, qui fait partie de Glappy. Cette fondation est à l'origine de ce prototype dont les parties plastiques ont été imprimées en 3D aux États-Unis. « On entend régulièrement qu'un enfant dans un village, qui n'a rien, a créé tout un écosystème électrique. Donc s'il y a des gens comme ça dans une zone rurale, pourquoi ne pas donner la chance au reste du village de soutenir ce jeune ? »
Former les leaders technologiques de demain
L'objectif est que, dans le futur, tout soit fabriqué au Cameroun avec du plastique recyclé. Pour y parvenir, Glappy forme la nouvelle génération aux langages informatiques dans des villages ruraux.
« On a plus de 10 000 élèves, on leur fournit le matériel, on leur apprend le scratch, un langage de code, et on veut qu'ils apprennent joss, qui est le code pour les robots », précise Christian Ntienou. Depuis début octobre, la fondation Glappy a ouvert une université à Yaoundé, où elle enseigne la robotique, les technologies de l'intelligence artificielle et du drone. Elle souhaite ouvrir un campus partenaire aux États-Unis avec l'aide d'investisseurs de la diaspora et du Cameroun.
Langage robotique en swahili et haoussa
Russell Avre, l'entrepreneur à l'origine de Glappy, explique : « On se concentre sur les jeunes entre 8 et 13-14 ans. On stimule leur intérêt pour l'IA et la robotique grâce à la gamification ; ils jouent et ils apprennent. Ce sont des livres scolaires pour leur apprendre les éléments de la robotique. On est en train de traduire le langage robotique en swahili, en haoussa, pour que les gens puissent lire et comprendre les concepts de la robotique dans leur dialecte. »
Pour Jacques Eone, le président de la Cameroon Robotics Association, basé à Douala, il y a bien une effervescence de la robotique dans le pays : « Sur le domaine de l'infrastructure, la robotique du Cameroun est dans le top 10. En termes d'ambition, on peut atteindre le top 5. » Aujourd'hui, le leader de la robotique sur le continent reste l'Afrique du Sud, suivie du Nigeria, devant des pays d'Afrique du Nord comme l'Égypte et le Maroc.
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Tue, 22 Oct 2024 - 923 - Les initiatives africaines de l'IA se déploient entre l'Afrique et l'Europe
Comment adapter l'intelligence artificielle (IA) aux besoins des populations ou des États africains ? De la lutte contre la vie chère à l'identification du bétail, les ingénieurs du continent et de la diaspora rivalisent d'imagination pour développer des solutions qui s'exportent.
Pionnière de l'intelligence artificielle en Côte d'Ivoire, Sah Analytics a contribué à circonscrire la pandémie de Covid-19 à Abidjan. Depuis, elle a développé une application qui aide les autorités ivoiriennes à lutter contre l'inflation. « Nous accompagnons le ministère du Commerce ivoirien pour tout ce qui concerne les alertes par rapport à la vie chère,explique son PDG et fondateur, Yaya Sylla. Les citoyens, via une application, prennent des photos. Automatiquement, le lieu est géolocalisé. Ça aide le personnel du ministère de Commerce pour réagir derrière. »
Autre service développé grâce à l'IA par cette société : le contrôle des frontières et des mouvements migratoires, via l'exploitation d'images satellites. « Avec la constellation de satellites, on voit tout de suite, toutes les 15 minutes, quels sont les différents mouvements à une frontière donnée, à une position donnée. Ça peut permettre de créer des alertes. Et les forces de défense et de sécurité peuvent intervenir », poursuit Yaya Sylla.
Reconnaissance faciale des vaches pour la microfinance
Sah Analytics a désormais une filiale en France. Six ingénieurs travaillent à Reims dans la cybersécurité pour les banques et les collectivités locales. Dans l'autre sens, la PME Fit For Purpose, installée en Belgique, a créé une filiale en Afrique, Neotex.ai, pour répondre à un besoin très particulier au Kenya, dont les autorités imposaient aux éleveurs d'identifier leurs vaches. « Il y a des solutions classiques qui coûtent très cher, comme les puces électroniques à installer au niveau des vaches et qui sont inaccessibles aux éleveurs avec lesquels on travaille. Et donc, on a pensé, pourquoi pas, centraliser l'identification via une photo comme on le fait avec l'être humain », raconte Meshia Cédric Oveneke, co-fondateur belgo-congolais de l'entreprise.
Les algorithmes de reconnaissance faciale ne fonctionnant pas du jour au lendemain sur les vaches, il a fallu faire de la recherche et du développement pendant presque un an pour créer des modèles sur mesure : « Maintenant, avec une photo, on peut enregistrer une vache et on peut la reconnaître à n'importe quel moment, comme avec l'humain. Et les banquiers sont maintenant beaucoup plus sûrs, à qui et pourquoi ils octroient les crédits, et c'est ainsi une lutte anti-fraude, une assurance pour pouvoir récolter les bonnes données et pouvoir donner le bon produit financier. »
L'ingénieur espère répandre son outil de reconnaissance faciale du bétail dans la zone swahiliphone et francophone. Pour l'heure, moins d'1% du cheptel africain est assuré ou fait l'objet d'un crédit.
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Mon, 21 Oct 2024 - 922 - En Afrique de l'Ouest, un déficit de logements difficile à combler
En Afrique de l’Ouest, dans les grandes villes en développement, le déficit de logements est une problématique partagée. Un déficit chronique combiné à une croissance démographique importante. Les États et les entreprises cherchent à améliorer la situation.
« Parfois, certains te donnent des documents, mais tu te rends compte que la terre ne leur appartient pas », souligne Issouf Sako. Il est promoteur immobilier agréé à Abidjan tout comme Aziz Ouattara. L’envie de construire est bien là, mais ils témoignent des difficultés qui entourent la sécurisation du foncier. « Il peut y avoir vraiment, je ne dirais pas des magouilles, mais il peut y avoir plusieurs attributions sur la même parcelle, souligne Aziz Ouattara. Donc quand c’est comme ça, la banque ou les investisseurs ont peur d’investir beaucoup, car s’il y a un conflit, il sera très difficile de trancher. Ça freine beaucoup d’investissements. »
Un problème sur la sécurisation du foncier reconnu par exemple par la Banque de l’habitat du Sénégal (BHS). Un accord de cette banque avec l’État sénégalais permet d’obtenir gratuitement un titre foncier en règle. Mais pour accéder à la propriété lorsque l’on est un particulier, il faut également avoir un compte bancaire, et obtenir un prêt. Des démarches qui ne vont pas toujours de soi et que tente de favoriser la BHS.
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Incitation à l’épargne et aménagements préalables
« L’incitation à l’épargne, c’est d’abord par les taux attractifs que nous proposons, la simplification des procédures d’ouverture de comptes. Parce que nous le voyons aujourd’hui avec le développement du Transfer money, les banques ont aussi ce rôle à jouer en poussant les populations à venir se bancariser », assure Abdoul Kasse, le directeur de la filiale française de la BHS. Qui dit épargne dit également de meilleurs taux pour les prêts bancaires. Ce qui donne un petit coup de pouce aux futurs acquéreurs.
Favoriser la construction de logements passe également par des impulsions politiques. « L’État doit faire les investissements préalables à l’investissement privé. Parce que tout ce qui est voirie, réseau urbain, ne rentre pas directement dans la maison, mais ça coûte au moins 30 à 35 % de l’investissement global », pointe Brahima Traoré, le directeur général de l’Agence nationale de l’Habitat de Côte d’Ivoire (ANAH). « Si l’État ne prend pas en charge ces frais, à la fin de l’investissement, le logement ne peut pas être accessible aux couches que l’on veut atteindre », souligne-t-il encore.
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L’Agence nationale de l’habitat a pour mission de construire des logements, mais surtout de « faire construire ». « On crée les conditions permettant au secteur privé de pouvoir construire. En ayant des financements avec les banques, en ayant du foncier viabilisé et en ayant en face, une offre d’acquéreurs. Quand on a fini ça, le secteur se régule tout seul », résume-t-il.
Objectif des autorités ivoiriennes : la construction de 150 000 logements d’ici à 2030. Les évaluations estiment que les besoins sont cinq fois supérieurs.
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Fri, 18 Oct 2024 - 921 - Afrique du Sud: l’industrie minière appelée au chevet de Transnet
En Afrique du Sud, le renflouement des entreprises publiques sud-africaines à court d'argent ont coûté aux contribuables 456,5 milliards de rands (environ 25,9 milliards de dollars) au cours des dix dernières années. C’est ce qu’a annoncé le Trésor public sud-africain ce mardi 15 octobre. L’entreprise nationale en charge du réseau ferré et portuaire, Transnet, ne fait pas exception. Renflouées à hauteur de 49 milliards de rands par l’État, les industries minières dépendantes du réseau ferré sont également appelées à aider au redressement de l’entreprise publique.
De notre correspondante à Johannesburg,
Au cœur de scandales de corruption depuis plusieurs années, l’entreprise publique, plombée par une dette colossale et des dysfonctionnements, fait face à une déliquescence de ses infrastructures et n’est plus en mesure de pourvoir aux besoins logistiques des industries minières. Pour le secteur minier, les contraintes logistiques sont devenues un cauchemar ces dernières années. Les défaillances du réseau ferré contrôlé par l’entreprise publique Transnet – manque de maintenance, de locomotives et donc de trains – affectent tous les producteurs.
« Tous nos produits d’exportation –le minerai de fer, le chrome, le charbon –dépendent du réseau ferroviaire. Ses limites se répercutent donc directement sur les revenus de ces entreprises et sur l’économie. Certains calculs évaluent la perte de revenus à 50 milliards de rands par an(plus de 2,5 milliards d’euros) », met en avant Bernard Swanepoel, organisateur de l’Indaba, la conférence minière de Johannesburg.
« Nous devons aller sur le marché et amener le secteur privé à travailler avec nous »
La situation est allée en s’aggravant depuis six ans. Endettée à près de 7 milliards d’euros, la moitié ayant été avalée par la corruption et la mauvaise gouvernance, Transnet peine à sortir la tête de l’eau. Un grand plan de redressement a été lancé à la fin l’année dernière, avec, pour la première fois, une ouverture vers des partenariats public-privé. « Transnet n’a pas d’argent. Et le gouvernement n’a pas d’argent. Donc, il faut bien qu’il vienne de quelque part », résume Michelle Phillips, PDG de Transnet. « C’est pourquoi nous devons aller sur le marché et amener le secteur privé à travailler avec nous, de manière plus formelle et plus structurée. Il y a beaucoup de choses à réparer, nous faisons face à des années de sous-investissement, donc ça va prendre du temps», analyse Michelle Phillips.
Plusieurs dirigeants font désormais partie de comités mis en place par le gouvernement pour trouver des solutions. L’entreprise Kumba Iron Ore, premier producteur de minerai de fer du continent, a dû revoir à la baisse ses objectifs de production jusqu’à 2027, à cause du manque de capacité de Transnet. « Comment restons-nous compétitifs ? C’est par les volumes de production. C’est ce qui fait ou défait votre entreprise. Et c’est la raison pour laquelle nous avons décidé de travailler en partenariat, dans une perspective de collaboration »,souligne la directrice générale de Kumba Iron Ore, Mpumi Zikalala. Pour elle, l’essentiel aujourd’hui est d'accélérer le processus de transformation. « Parce que ce qui fait bouger les choses, ce ne sont pas les discussions, mais la vitesse. C’est l’exécution », insiste-t-elle.
Le 1ᵉʳ octobre, Transnet a annoncé sa division en deux entités, l’une dédiée aux infrastructures et l’autre à l’aspect opérationnel. Des réformes dont l’efficacité restera à évaluer au cours des prochaines années.
À lire aussiMining Indaba: restreindre l’exportation de matières premières brutes pour transformer localement
Thu, 17 Oct 2024 - 920 - En Centrafrique, le retour de la culture du sésame, une production à forte valeur ajoutée
En Centrafrique, la culture de sésame a repris à Kaga-Bandoro, une ville au centre du pays. Grâce à l'amélioration des conditions sécuritaires, les acteurs humanitaires se retirent progressivement de la région et orientent les habitants vers les activités de développement à l'exemple de l'agriculture. Les autorités locales notent une augmentation de la production de sésame de 50% chez les producteurs. La ville voit affluer non seulement des demandeurs nationaux, mais également étrangers.
De notre envoyé spécial à Kaga-Bandoro,
Le groupement «Ko Ba sè» – qui signifie « Travaillons pour gagner » en langue locale mandja – possède un champ de 10 hectares à proximité de Kaga-Bandoro. Ici, les paysans labourent avec une charrue dans l’optique de planter du sésame. David, le coordonnateur du groupement, prépare les graines de sésame dans un récipient pour le semis.
« Comme vous pouvez le constater, le sol de la localité est favorable à la culture du sésame. C'est une plante qui se développe rapidement et qui est facile à cultiver », décrit-il. Cette céréale permet un bénéfice rapide. « Au bout de 3 à 4 mois, nous avons déjà la récolte, contrairement au manioc ou d'autres cultures que l'on récolte après un an », ajoute-t-il. Jusqu'à récemment, la ville était aux mains des groupes armés. Le Bureau des affaires humanitaires des Nations unies (OCHA) en partenariat avec le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR) soutiennent les groupements agricoles avec des semences de qualité et l’usage de bonnes pratiques.
Le sésame suscite l'intérêt chez les producteurs et les acheteurs
À Kaga-Bandoro, le sésame rapporte plus que les autres produits alimentaires de base. Alors que la cuvette de sésame se vend à 6 000 francs CFA, le prix des cuvettes de manioc, de maïs et d'arachides varie entre 3 000 et 4 000 FCFA. « Chaque année, depuis deux ans, nous exportons entre deux et trois tonnes de sésame dans la sous-région. Le bénéfice annuel de toutes nos ventes nous rapporte environ 10 millions de FCFA,détaille David. Une partie de cet argent nous permet d'acheter d'autres parcelles et des bœufs pour augmenter la productivité. Le reste nous aide à payer le salaire mensuel de nos membres. Maintenant, nous souhaiterions avoir des machines. »
Consommé localement, le sésame part également dans la sous-région. « Chez moi, les gens disent que l'huile de sésame est bien meilleure que l’huile d’arachide. Certains l'utilisent pour l’alimentation et d'autres pour la fabrication de savons », explique Hamza Youssouf. La jeune commerçante soudanaise a parcouru un millier de kilomètres pour se ravitailler à Kaga-Bandoro. «C'est ici que j'en trouve en quantité suffisante », assure-t-elle.
À écouter dans 8 milliards de voisinsCoco, arachide, palme... Mets de l’huile !
Après la ville de Kaga-Bandoro dans la Nana-Gribizi, les préfectures du Mbomou et de Lim Pendé se remettent progressivement à la culture du sésame. À défaut d'un organe qui puisse organiser la production et la commercialisation de cette céréale, chaque groupement ou agriculteur s'active pour écouler ses marchandises dans d'autres préfectures du pays ou dans la sous-région.
Wed, 16 Oct 2024 - 919 - À Abidjan, des mouches soldats noires pour valoriser les invendus des marchés
La Côte d’Ivoire veut être la championne africaine de l’économie circulaire – le pays d’Afrique de l’Ouest accueille le Forum international EcoCir à Abidjan du 15 au 18 octobre 2024. Objectif entre autres : sensibiliser les acteurs économiques à réinjecter les déchets dans le cycle de production. Exemple avec le district autonome de la capitale économique ivoirienne qui mène un projet avec la société BioAni. Depuis le début de l’année, la start-up agricole commercialise un engrais naturel produit avec des restes de fruits et légumes collectés sur les marchés et l’aide de mouches soldats noires.
De notre correspondant à Abidjan,
Deux centimètres de long, des ailes toutes noires et un appétit pour les légumes pourris, la mouche soldat noire, c'est « l'architecte de la révolution agricole», selon BioAni. Derrière le slogan, un bâtiment : un ancien élevage de poulets en batterie de la commune d'Abobo (au nord d'Abidjan), transformé en ferme pour ces insectes. Dans le hangar, 300 000 mouches soldats noires bourdonnent et se reproduisent sous quatre moustiquaires. «Nous les appelons des volières », rectifie Fatoumatou Fofana, l'entomologiste de BioAni. « À l'intérieur, il y a des pondoirs au-dessus duquel nous avons placé un "appât" [de déchets verts]. L'objectif, c'est de les faire pondre », explique-t-elle.
Chaque insecte pond de 500 à 600 œufs pendant leurs dix jours de vie. Ces œufs sont ensuite placés dans des bacs, sortes de « couveuses » où ils vont éclore. « C'est un peu notre nursery de larves », s'amuse Fatoumatou.
Jusqu'à deux tonnes de déchets alimentaires collectées chaque jour
La « révolution agricole », ce n'est pas un dîner de gala ; les larves sont chargées de dévorer les fruits et légumes invendus collectés sur les marchés alentours avec l'aide de transporteurs. Des choux, des tomates, ou encore des bananes moisies. C'est jusqu'à deux tonnes de déchets alimentaires qui seront broyées avec des restes de céréales, dans des machines low-tech entièrement conçues et assemblées en Côte d'Ivoire.
Le mélange visqueux, verdâtre et malodorant, est déversé ensuite dans des fosses d'environ trois mètres carrés et trente centimètres de profondeur. Il y en a une quarantaine sous le toit du hangar. Là, les larves arrivées à maturité sont ensuite rajoutées. « Elles vont mettre une semaine pour tout digérer, explique Fatoumatou Fofana. Et ensuite, on va tamiser : les déjections qui servent de fertilisant, et les larves engraissées.»
Du « frass » mais pas de paillettes
Ce sont donc les deux produits phare de BioAni : le « frass », les déjections des asticots qui sert d'engrais naturel. Un sable noir qui ressemble de loin à du café moulu. La ferme le vend à 200 francs CFA le kilo (0,3 euro), conditionné sous forme de sac de 35 kilos. BioAni en commercialise également une version mélangée avec du compost, le « fertifrass » plus facilement manipulable par les agriculteurs.
L'autre produit, ce sont les larves elles-mêmes – des aliments dédiés aux éleveurs de volaille et de porc – mais pas seulement : séchées, et vidées de leur huile, elles peuvent servir aux éleveurs de poissons, et ainsi répondre aux besoins de la filière piscicole ivoirienne, selon BioAni. La société estime que le pays importe près de 730 000 tonnes de poisson, pour 770 millions d'euros au total. Concrètement, une tonne de déchets alimentaires va permettre de produire environ 250 kilos de« frass », et 200 kilos de larves.
Problème : la société ne parvient pas encore à convaincre les fermiers ivoiriens d'adopter ses produits. « Ils préfèrent les produits chimiques», selon Togba Koné, le responsable commercial de la société. «Les fournisseurs les vendent moins cher par rapport au frass, de plus ces produits sont disponibles un peu partout, souligne-t-il. Il faut convaincre les fermiers d'utiliser le frass, en faisant des essais sur des parcelles tests et en expliquant les bienfaits de l'engrais naturel sur l'agriculture. »
Arthur de Dinechin, le fondateur de la startup, abonde : « Ce que nous vendons est produit localement, avec des déchets alimentaires que l'on peut trouver partout, et en plus, le frass va permettre à terme de régénérer les sols contrairement aux produits chimiques qui sont importés, utilisés de manière intensive et qui aboutissent à un appauvrissement des terres.» Toujours est-il que neuf mois après son lancement commercial, BioAni n'est pas encore rentable.
« Améliorer notre souveraineté alimentaire»
Autre problème : la capacité limitée de BioAni. Pour le moment, la start-up ne peut transformer que deux tonnes de déchets alimentaires par jour, si les machines ne tombent pas en panne. Or, Abidjan à elle seule génère 4 000 tonnes de déchets alimentaires par jour selon l'Organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO).
Pas de quoi refroidir le district autonome d'Abidjan à l'origine du projet avec son Institut pour l'économie circulaire (Léca). Dans son bureau proche du pont Henri Konan-Bédié, le chargé de suivi du projet, Jean-François Kakou Aka, en rappelle la logique : « Au moment de la pandémie de Covid, nous avons constaté les problèmes d'Abidjan pour s'approvisionner en nourriture – ce projet participe à améliorer notre souveraineté alimentaire. » À cela s'ajoute les objectifs de la région, égrenés par Jean-François Kakou Aka : « Améliorer la propreté et la salubrité, en évacuant les déchets des marchés et en utilisant des produits moins dangereux pour la santé ; promouvoir l'agriculture urbaine ; et aussi créer des emplois pour les jeunes. »
La volonté affichée du district autonome d'Abidjan et de Iéca est de répliquer le projet pilote de BioAni, notamment les unités de transformation des déchets avec les larves, et ce, dans les 13 communes de la capitale économique ivoirienne.
Tue, 15 Oct 2024 - 918 - Afrique du Sud: un secteur militaire ambitieux mais à la peine
L’Afrique du Sud souhaite rester une force de la paix qui compte sur le continent, et le pays déploie régulièrement ses militaires. Ils sont présents actuellement au sein des missions de la SADC en RDC et au Mozambique. Mais ces déploiements sont critiqués, et les pertes en vies humaines (une dizaine en RDC cette année) sont souvent mises en parallèles avec le manque de moyens de l’armée sud-africaine sur son propre territoire.
De notre correspondante à Johannesburg,
L’Afrique du Sud reste la 3e force militaire du continent, derrière l’Égypte et l’Algérie, selon le classement Global Firepower. Mais des problèmes avec ses équipements ont été mis en lumière lors de son déploiement en RDC, notamment dans le domaine aérien, avec nombre de ses hélicoptères en maintenance. « Pour le moment, nos forces armées sont surtout équipées pour du combat traditionnel », analyse James Kerr, fondateur de la société Orion Consulting.
Il regrette que le pays n’investisse pas dans du matériel à la hauteur de ses ambitions : « Il n’y a pas encore de financement pour les rééquiper entièrement, afin de pouvoir évoluer dans des environnements nécessitant des brigades d’intervention. Le besoin a bien été identifié, mais les financements et les formations ne suivent pas. Il y a donc une forme de déconnexion entre les deux. »
« Notre armée nationale n’a pas les fonds suffisants pour se fournir chez nous »
Pourtant, l'Afrique du Sud a une industrie de l'armement ancienne, qui a débuté il y a 70 ans, et très développée, avec plus de 600 entreprises impliquées dans la fabrication. Mais les grands groupes peinent ensuite à vendre leur matériel à l’armée, alors que le budget national de la défense représente moins de 1% du PIB. « Nous exportons vers tous les continents. Mais notre armée nationale n’a pas les fonds suffisants pour se fournir chez nous, comme il le faudrait. En conséquence, elle n’est pas bien équipée, et notre industrie voit aussi ses capacités décliner », alerte Sandile Nlovu qui est à la tête de la South African Aerospace, Maritime and Defence Industries Association (AMD) qui représente le secteur.
De plus, l’entreprise publique Denel, principal fournisseur de l’armée, a aussi connu des déboires, comme le détaille William Hlakoane, son actuel directeur d’exploitation : « Vous savez que Denel a été frappée par la corruption et la saisie de l’État, et nous avons fait ce qui était possible pour nous remettre sur pied. Nous étions, il y a peu, une entreprise qui était incapable de payer ses employés. En 2022, il y a eu un refinancement du gouvernement de plus de 3 milliards de rands, et en conséquence, en ce qui concerne notre portefeuille de dettes, nous avons réussi à en régler 90 à 95%. »
Enfin, les analystes soulignent aussi que le pays n’a pas les ressources suffisantes pour déployer son armée à la fois à l’extérieur, comme force de maintien de la paix, et à l’intérieur, avec de plus en plus de missions pour combattre la criminalité.
Mon, 14 Oct 2024 - 917 - Pour le port de Pointe-Noire, le défi est de desservir la sous-région [2/2]
La capitale économique du Congo veut relever un immense défi pour atteindre les villes et zones enclavées d'Afrique centrale qui représente un marché potentiel de 180 millions d'habitants. Il manque encore des infrastructures permettant l'acheminement des produits et matières premières.
Pour attirer des investisseurs, il faut les séduire avec de gros marchés potentiels. C'est la principale difficulté du port de Pointe-Noire. Il manque encore de routes fiables pour rallier la sous-région. Pour les investisseurs, l'immense marché à atteindre, c'est la République démocratique du Congo. « Le plus grand marché d’attirance pour le port de Pointe-Noire, c’est Kinshasa qui est une ville gigantesque mais enclavée, explique Étienne Giros, président du Cian (Conseil français des investisseurs en Afrique) qui regroupe les principales entreprises françaises présentes en Afrique. Pour arriver jusqu’à Kinshasa, les marchandises arrivent à Pointe-Noire, elles sont transbordées sur des bateaux plus petits jusqu’à Matadi et ensuite elles prennent le chemin de fer. C’est une trop grande accumulation de transport et de ralentissement. »
Le retour du pont-route-rail Brazza-Kinshasa
Les solutions que tous les investisseurs appellent de leur vœu : la construction du pont-route-rail entre Brazzaville et Kinshasa – serpent de mer depuis 40 ans – et l'amélioration du CFCO, le chemin de fer entre Pointe-Noire et Brazzaville. Jugé trop lent, et trop souvent interrompu. « Le pont route-rail est plus que jamais d’actualité,assure le directeur du port congolais, Séraphin Balhat. Une réunion des bailleurs de fonds était récemment prévue pour faire démarrer le projet qui est attendu par les deux pays et pour toute la sous-région d’Afrique centrale. La route entre Pointe-Noire et Brazzaville est en bon état. Quant au chemin de fer, moyennant quelques travaux de maintenance et de réhabilitation de points singuliers, il peut recevoir du trafic. »
Un corridor jusqu'à Ndjamena
L'objectif est de rétablir le corridor 13. Près de 3 300 kilomètres pour une liaison directe entre Brazzaville-Bangui et Ndjamena. « Ce corridor, c’est l’histoire ! Quand nous étions enfants à Pointe-Noire, se remémore Séraphin Bahlat. On voyait du coton qui faisait la route de Ndjamena jusqu’à Bangui. Il prenait le fleuve jusqu’à Brazzaville, puis le chemin de fer et arrivait à Pointe-Noire pour embarquer sur les navires qui amenaient ce coton en Europe et vers d’autres continents ». Des travaux sont également en cours près de Ouesso au nord du Congo. Un pont de 616 mètres reliera les deux rives de la Sangha. Désenclaver pour développer les échanges avec la Centrafrique et pour, encore une fois, élargir les marchés.
À lire aussiCongo-Brazzaville: le port de Pointe-Noire se voit en porte océane d'Afrique centrale [1/2]
Fri, 11 Oct 2024
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