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953 - Tunisie: la transformation écologique de l’algue rouge prospère dans la lagune de Bizerte
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  • 953 - Tunisie: la transformation écologique de l’algue rouge prospère dans la lagune de Bizerte

    Dans la lagune marine de Bizerte, au nord-ouest de la Tunisie, une entreprise franco-tunisienne cultive et transforme l’algue rouge en gélatine alimentaire végétale. Fruit d’investissements français et koweïtiens, le projet a mis trente ans à voir le jour, le temps de faire les études d’impact environnemental. Aujourd’hui, Selt Marine est en pleine expansion : 8 millions d’euros seront investis dans les deux prochaines années pour augmenter la production en Tunisie et ailleurs en Afrique.

    De notre correspondante à Tunis,

    Ce n’est pas le bruit des vagues qui résonne dans le cabanon face à la lagune de Bizerte, en Tunisie, mais les mains des femmes qui lavent minutieusement des algues dans de grands bacs d’eau. « Je nettoie, je lave bien et ensuite les algues sont séchées. Une fois que c’est fait, les pêcheurs nous rapportent un nouveau stock de la mer et on répète le processus », détaille Mongia Thabet, 55 ans, qui exécute cette opération au quotidien depuis près de sept ans.

    Séchées au soleil tunisien

    Les algues sèchent au soleil sur de grandes tables et c’est ainsi qu’elles deviennent blanches. Un processus artisanal qui distingue cette production d’autres productions dans le monde. « La plupart de nos concurrents, pour ne pas dire tous, le font avec du peroxyde, donc des agents chimiques. Depuis le départ de la création de la société, nous, on blanchit avec le soleil tunisien, explique Mounir Boulkout, le fondateur de l’entreprise Selt Marine. Et cette blancheur est une marque de qualité pour nos clients. »

    À écouter dans C'est pas du ventLe boom prometteur des algues

    Émulsifiant ou gélatine végétale

    Sur une superficie de 80 hectares de concession marine, Selt Marine cultive et transforme l’algue rouge en n’utilisant aucun produit chimique. Dans la mer, la reproduction de l’algue est contrôlée grâce à des tubes et des cordages où poussent les algues, récupérées ensuite par les pêcheurs, sans perte. Près de 10 000 tonnes d’algues rouges sont ainsi cultivées par an.

    Le produit fini est vendu aux grands groupes industriels qui s’en servent comme émulsifiant ou gélatine alimentaire. « Boulkout, en arabe, veut dire "celui qui donne à manger" donc j’ai un peu une obligation !,plaisante Mounir Boulkout.Dans la plupart des produits transformés, vous avez des ingrédients, des additifs, qui ne sont pas toujours très sains, pas toujours d’origine végétale. Nous fabriquons un produit d’origine végétale avec un processus et des vertus écologiques. »

    Biodiversité recréée

    Car la production d’algues recrée de la biodiversité marine et attire de nouveau les poissons et les crustacés dans une région victime de surpêche et du réchauffement climatique. « Quand je suis arrivé en 1995, on ramassait et on trouvait énormément d’algues en juillet-août, se souvient le patron de Selt Marine. Ce n’est plus le cas. Il n’y a plus rien parce qu’il y a à peu près trois quatre ans, la Méditerranée a pris 5 degrés pendant l’été. »

    L’entreprise travaille donc principalement d’octobre à juin pour s’adapter et exploite aussi des concessions au Mozambique et à Zanzibar.

    À lire aussiEn Tunisie, la colère des pêcheurs et des transporteurs

    Tue, 03 Dec 2024
  • 952 - Transition de l'agriculture africaine: comment attirer les financements?

    En Afrique, le changement climatique pourrait faire chuter de 18 % la production agricole d'ici à 2050, alors qu’il faudrait la tripler pour nourrir une population plus nombreuse. Comment conjuguer les efforts des États, des chercheurs, des bailleurs et du secteur privé pour permettre aux agriculteurs de continuer à produire malgré les aléas ?

    Irrigation, variétés résistantes, versement de cash aux agriculteurs en cas de mauvaise récolte… C’est un bouquet de solutions qui doit être mis en place et vite, face au changement climatique. Mais seule une dizaine d’États d’Afrique consacrent comme promis 10 % de leur budget à l’agriculture et les bailleurs étrangers la négligent encore.

    Tirer dans le même sens

    « L’agriculture africaine reçoit moins de 5 % de l’aide publique internationale, alors que c’est la baguette magique pour atteindre pratiquement tous les objectifs de développement durable, déplore Augustin Grandgeorge, qui dirige l’initiative Atlas, un laboratoire permanent sur les transitions agricoles africaines rassemblant gouvernements, bailleurs, secteur privé et chercheurs, qui espère inverser la tendance. La question, c'est comment on mobilise tous ces investissements, quelles sont les priorités qu’on finance, comment on tire tous dans le même sens. Donc, ça nécessite à la fois un plaidoyer et un dialogue politique. »

    À lire aussiClimat: l'ONU s'inquiète du manque de financements destinés à l'adaptation des petits agriculteurs

    Soutenir les banques publiques agricoles

    Les banques publiques agricoles africaines ont un grand rôle à jouer pour attirer les financements privés. « C’est à ça qu’on essaie de travailler en tant qu’agence publique de développement dans notre dialogue de politique publique avec les États africains et dans tout le travail que l’on fait avec les banques agricoles du continent, explique Matthieu Le Grix, de l’Agence française de développement. On a notamment engagé un gros travail avec le Fida [Fonds international de développement agricole] autour d’une coalition de banques publiques agricoles pour échanger des expériences, des méthodes, la définition de produits financiers adaptés, et pour que des banques agricoles plus avancées, comme le Crédit Agricole du Maroc, partagent leur expérience avec des banques qui ont moins de ressources humaines et financières pour faire de l’innovation.»

    Rassurer les banques commerciales

    Filiale du géant marocain des fertilisants azotés OCP, InnovX s'est lancée dans l’accompagnement des petits paysans ouest-africains. Ce qui permet de convaincre les banques commerciales de les financer. « Notre rôle à nous, c'est de venir leur démontrer que ce fermier, voilà comment on le ''dé-risque'', explique son vice-président Younes Addou. En mettant en place les différentes solutions que sont l’accès à un marché pour sa production, l’accès à des infrastructures pour que sa production ne pourrisse pas, l’accès à des intrants adaptés, à même d’améliorer la qualité de son sol et du coup les rendements de production et sa résilience. »

    Pour rassurer les banques, InnovX propose aussi aux producteurs une assurance rendement qui indemnise jusqu’à 70 % des pertes de récoltes.

    À écouter dans 8 milliards de voisinsAgriculture : les semences paysannes au service de la biodiversité

    Mon, 02 Dec 2024
  • 951 - Salon du livre jeunesse à Dakar: l’écueil des coûts de production pour les éditeurs africains

    Au Sénégal, la deuxième édition du Salon international du livre jeunesse s’est tenue mi-novembre. Des éditeurs sénégalais et de toute l'Afrique sont venus présenter leurs ouvrages à un public de familles et de scolaires à Dakar. Le secteur est en plein développement, mais la question se pose des coûts de production pour les petites structures qui se lancent.

    De notre correspondante à Dakar,

    Donner l’amour de la lecture aux enfants, c’est l’un des objectifs du Salon du livre jeunesse. Les goûts des petits Dakarois ce jour-là sont variés. « J'aime les bandes dessinées, les histoires de Dakar ! »

    Alpha Diallo, de la maison d’édition sénégalaise Les Classiques de la Teranga, observe le marché depuis plusieurs décennies. « On a beaucoup d'éditeurs, surtout des gens qui sont arrivés récemment dans le milieu de l’édition et qui éditent surtout dans le créneau jeunesse. Ce sont les contes où l’on parle des histoires africaines qui se vendent le mieux. »

    Impression coûteuse en France

    Arielle Antchandie et sa cousine Wilfrida l’ont bien compris. Tout sourire devant leur stand, ces deux étudiantes gabonaises passionnées auto-éditent de beaux albums jeunesse de légendes africaines depuis deux ans. Un projet familial. « Ma grand-mère écrit, ma tante illustre et moi, je fais le commercial », explique Arielle, qui fait imprimer ses livres en France, car elle n’a pas trouvé la qualité d’impression qu’elle recherchait à Libreville.

    Le transport représente un coût très important : 150 000 francs CFA pour faire venir trente livres, et cela se répercute sur le prix des albums, qu’elle vend 15 000 francs CFA pièce. « Nos prix sont les plus chers parce que nous sommes auto-éditeur. On n'a pas cette opulence-là d'avoir les partenaires, d'avoir de l'impression directement dans l'édition, etc… ». Arielle et Wilfrida ont réussi à placer leurs quatre ouvrages dans les librairies de Libreville. Le salon leur permet de prendre des contacts avec de nouveaux partenaires sur le continent.

    À écouter aussiSusie Morgenstern remporte le prix de la Grande Ourse 2024

    La clientèle des écoles ne suffit pas

    Pour d’autres maisons d’édition comme Les Classiques de la Teranga, le gros de la clientèle reste les écoles. « Beaucoup d'écoles ont des bibliothèques, souligne Alpha Diallo. Les écoles, où les enfants ont une heure ou deux de bibliothèque par semaine, achètent vraiment beaucoup. »

    Le livre jeunesse a besoin d'un soutien plus large, estime l'organisateur du salon, dont c'est la deuxième édition, au cœur de la capitale sénégalaise. « Le marché doit être aussi alimenté, soutenu par l'État du Sénégal, par les États africains, par l'Union africaine, plaide Alassane Cissé, qui dirige aussi la maison Baobab éditions, pour qu'il y ait plus de livres de jeunesse et pour enfants. Pour que les enfants et les jeunes se cultivent et qu'ils voyagent à travers le livre. »

    Un fonds d’aide au secteur de l’édition existe au Sénégal, ce qui permet à certaines grandes maisons d’édition de proposer des prix abordables, à partir de 1 500 francs CFA le livre.

    Fri, 29 Nov 2024
  • 950 - Beacon Power services, une solution pour améliorer les systèmes électriques

    Huit cents millions de personnes dans le monde n’ont pas accès à l’électricité. La moitié se trouvent sur le continent africain. En cause : le besoin de solutions multiformes qui nécessitent de gros investissements. Cependant, sur le continent, des acteurs travaillent à trouver des solutions concrètes pour faire avancer les choses. C’est le cas par exemple du Nigeria Bimbola à la tête de la start-up Beacon power services qui vient de réussir une nouvelle levée de fonds.

    « Tout le monde voit le problème, mais c’est difficile pour les gens d’imaginer qu’il y a une solution », a constaté Bimbola Adisa. Il a donc décidé de prendre le taureau par les cornes, il y a maintenant une quinzaine d’années. L’un des problèmes majeurs sur le continent : la déperdition des kilowattheures produits. « Nous savons qu’environ 35% de la production se perd. Nous avons donc créé un système qui permet de savoir où vont ces 35% », explique-t-il. Car sur le continent, la croissance démographique et le manque d’informations sur le terrain complique la tache. « On ne dispose pas d'une bonne carte du schéma urbain ou d'adresses. En cas de panne de courant, on ne sait même pas où chercher. Nous avons donc créé une carte très, très basique qui montre chaque bâtiment, chaque poteau, chaque transformateur. Ainsi, en cas de panne, vous savez exactement où vous devez vous rendre pour faire la réparation», détaille l’entrepreneur.

    Sa solution a déjà été testée avec succès au Nigeria et au Ghana, met-il en avant, assurant que les pertes de courants sont passées de 35% à 20%. « En conséquence, les services électriques sont plus performants et donc ils peuvent recouvrer des revenus et réinvestir dans le réseau, a pu constater Bimbola Adisa. S’ils ne sont pas performants, ils ne peuvent pas remplacer leurs équipements, ils ne peuvent pas réinvestir et le service finit par se dégrader. Au Ghana, les revenus ont augmenté de près de 70%, les pertes sur le réseau ont été réduites et l'approvisionnement en électricité est tout simplement plus stable. »

    Développer un écosystème rentable

    Proparco, filiale de l’AFD, a pris des parts dans la dernière levée de fonds de la start-up nigériane, Beacon Power Services. L’électrification est l’une de ses priorités et les besoins sont énormes. Un secteur qui attire cependant peu, confirme Jean Benoît du Chalard, responsable de l’investissement de Proparco. « C'est difficile pour plein de raisons. La première, c'est que tout ce qui touche à l'énergie requiert généralement beaucoup de capitaux. Ce sont des sommes très importantes qui doivent être déployées, surtout pour combler un retard », met-il en avant. Il faut des investissements et sous diverses formes pour des capacités électriques additionnelles, pour un changement de génération des équipements, de solutions innovantes, pour l’amélioration des réseaux ou le développement de l’électrification dans les zones rurales.

    « C'est tout un écosystème, si vous voulez, sur lequel il convient d'intervenir de façon cohérente, complémentaire, pour être le plus efficace possible », insiste Jean Benoît du Chalard. La crainte d’investir dans un secteur peu rentable, voire déficitaire, peut également effrayer les investisseurs. « Oui, bien évidemment, mais on a également des contre-exemples de projets qui génèrent une certaine profitabilité dans ce secteur-là, assure l’expert. La question est certainement celle de l’équilibre financier global des secteurs électriques. » Et avec le projet de Beacon Power Services, Proparco est convaincu de détenir l’une des clés de solution.

    Beacon power services espère pouvoir étendre prochainement ses activités dans six nouveaux pays. Bimbola Adisa travaille à une nouvelle version de son logiciel grâce à l’usage notamment de drones et de l’intelligence artificielle, afin de passer d’un système de simple surveillance à un système de contrôle capable notamment de rediriger à distance les flux électriques.

    Thu, 28 Nov 2024
  • 949 - Tunisie: la franchise, nouvelle opportunité de création d’entreprise pour les jeunes diplômés

    En Tunisie, la franchise est un moyen d’investir et de développer l’entrepreneuriat des jeunes qui ont fait des études supérieures et qui détiennent un capital. Des marques tunisiennes développent l’écosystème dans les secteurs de la restauration rapide, de l’esthétique, du commerce textile ou de la fintech. Dans un pays où le taux de chômage des jeunes entre 18 et 35 ans atteint 40%, la franchise représente une opportunité de création d’emploi et d’investissement.

    De notre correspondante à Tunis,

    Dans le lobby feutré d’un grand hôtel de Tunis, Rim Ayari enchaîne les rendez-vous. Après avoir œuvré pendant quinze ans à la venue de marques internationales en Tunisie, elle a créé en 2021 une plateforme Wefranchiz, dédiée à la mise en relation entre les franchiseurs et les franchisés. « Depuis la pandémie, les jeunes ont envie de changer leur mode de vie. Ils ne sont plus tentés par des emplois sédentaires dans des bureaux. Ils ont envie de se mettre à l’entrepreneuriat et la franchise les séduit dans le sens où c’est de l’entrepreneuriat encadré par une marque reconnue, avec une expérience sur le marché. »

    Opportunité pour la diaspora

    Rim cible des jeunes qui ont un capital entre 20 000 et 300 000 dinars ou éligibles à un prêt, ainsi que les Tunisiens de la diaspora : près de deux millions vivent à l’étranger. « Pour ces Tunisiens qui sont installés à l’étranger et qui veulent rapatrier de l’argent en Tunisie, mais qui ne savent pas comment le faire, la franchise est une très bonne opportunité », avance-t-elle.

    Dans une agence de transfert d’argent, Wafacash, Ahmed Khalil Noomen discute de la meilleure orientation du panneau signalétique pour mettre en valeur son agence, ouverte en mai dernier.« Tous les mois, ça va de mieux en mieux,se félicite-t-il. Vu que l’on travaille à la commission, on observe une consolidation des revenus au fur et à mesure ».

    Accompagnement

    À 35 ans, cet ancien steward a voulu se reconvertir et investir dans le secteur financier. Grâce au soutien de l’épargne de ses parents, il s’est orienté vers les filiales du groupe marocain Attijariwafa Bank, implanté en Tunisie. Pour lui, l’accompagnement était le plus important. « Depuis la création, depuis le premier entretien avec l’équipe Wafacash, j’ai senti qu’il y avait une certaine confiance entre nous et qu’il y a une assistance durable,apprécie-t-il.Le projet a été expliqué par l’équipe, qui voit bien d'ici à cinq à dix ans les bienfaits et les avantages du projet ».

    Si la franchise n’est pas la solution miracle au problème du chômage en Tunisie, elle pourrait permettre de créer entre 15 000 et 20 000 emplois indirects ou directs grâce aux nombreux points de vente locaux de marques tunisiennes et à l’ouverture de centres commerciaux dans plusieurs régions intérieures du pays.

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    Wed, 27 Nov 2024
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