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940 - Afrique du Sud et COP29: trois ans après le partenariat pour une juste transition, des progrès assez lents
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  • 940 - Afrique du Sud et COP29: trois ans après le partenariat pour une juste transition, des progrès assez lents

    Lors de la COP26, le premier JETP (Partenariat pour une transition énergétique juste) voyait le jour : un partenariat où les pays occidentaux s'engageaient à soutenir financièrement la transition énergétique sud-africaine à hauteur de 8,5 milliards de dollars (8 milliards d’euros). La somme promise atteint désormais près de 13 milliards de dollars, selon la Commission présidentielle pour le climat, avec des engagements additionnels d’autres pays. Mais les défis sont encore nombreux à surmonter.

    De notre correspondante à Johannesburg,

    Depuis le premier JETP, un plan d’investissement a vu le jour, estimant à plus de 90 milliards d’euros les besoins afin de réaliser une transition énergétique d’ici à 2027. Outre que la somme du partenariat initial est donc loin du compte, et qu’elle est constituée principalement de prêts et non de subventions, la distribution des fonds est aux yeux des autorités sud-africaines trop compliquée. « Chaque pays amène de l’argent de façon séparée, déplore Joanne Yawitch, qui gère le financement des projets au sein de la présidence. Ce n’est pas comme si on avait directement accès à une somme globale. Les contributions britanniques sont accordées de telle façon, les contributions américaines à travers un autre mécanisme, et pour d’autres objectifs… On a affaire à un ensemble d’investissements assez complexe, avec chaque pays qui utilise sa méthode habituelle de financement avec l’Afrique du Sud. »

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    Les citoyens ne sont pas consultés

    Du côté de la société civile, on regrette déjà un manque de transparence au niveau de la distribution des subventions, mais aussi lors du choix des trois volets prioritaires — décarbonation de l’électricité, véhicules électriques et hydrogène vert. « Je pense qu’il y a eu beaucoup de scepticisme du fait que les secteurs prioritaires aient été sélectionnés avant d’avoir consulté les citoyens, constate Leanne Govindsamy, du Centre pour les droits environnementaux (CER). Par exemple, pour l’instant, en ce qui concerne les subventions, il y a eu davantage d’argent dépensé pour le secteur de l’hydrogène vert que pour le développement de nouvelles compétences. On peut donc se questionner sur ces choix, et se demander si les pays donateurs viennent avec leurs idées prédéterminées ou s’ils écoutent pour savoir ce qui peut fonctionner le mieux en Afrique du Sud. »

    Un abandon du charbon qui est difficile

    Après de nouvelles consultations, un plan d’action a finalement inclus d’autres volets à financer. Mais depuis, Pretoria a aussi décidé de retarder de six ans la mise hors service d’au moins trois de ses centrales. Il n’est pas évident pour le pays, qui produit près de 80 % de son électricité à base de charbon, d’effectuer une transition rapide. « Nous avons eu des problèmes de pénurie d’énergie en Afrique du Sud, explique Seutame Maimele, de l’institut de recherche TIPS (Trade and industrial policy strategies). Donc, la question de la sécurité énergétique est un sujet-clé. Et on sait aussi qu’il y aura beaucoup de travailleurs de la filière du charbon qui seront touchés, surtout dans la région du Mpumalanga. En tout, on parle de 150 000 à 200 000 emplois qui dépendent de la filière. »

    Juste en amont de la COP29, l’Agence française de développement (AFD) a annoncé un déblocage de 400 millions d’euros, un prêt qui fait partie des promesses de la COP26, et qui devrait servir à soutenir les dimensions « justes » de la transition. Mais l’exemple raté de la transformation du site de la centrale de Komati, projet financé par la Banque mondiale et qui n’a que peu profité aux populations locales depuis 2022, renforce les doutes des communautés sud-africaines vivant du charbon.

    Beaucoup d’autres questions restent en suspens, comme le choix du futur mix énergétique du pays. Mais le plus gros pollueur du continent sera bien obligé de transformer ses moyens de production, s’il veut continuer à exporter vers l’Europe malgré la taxe carbone aux frontières.

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    Thu, 14 Nov 2024
  • 939 - RDC: la guerre fait grimper les prix de l'alimentation sur les marchés de Goma

    Dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), suite aux offensives des rebelles du M23, le prix des denrées alimentaires a grimpé dans la ville de Goma, chef-lieu du Nord-Kivu, qui compte plus d'un million d'habitants. Les aliments les plus consommés, comme les pommes de terre et les haricots, ont vu leur prix doubler sur les marchés de Birere et Kituku, dont dépendent les Gomatraciens.

    De notre correspondant à Goma,

    Au marché des produits vivriers de Birere, les commerçants se plaignent du manque de clientèle. Mais aussi des taxes imposées par les groupes armés, qui ont fait grimper les prix en RDC. « Cette qualité de haricots multicolores se vend à 65$ par sac, le haricot rouge à 70$, un sac de pommes de terre se négocie à 95$ ! », observe l'un d'eux, Bahufite Ntihemuka.

    En raison de la baisse de la production dans les régions de Masisi, Rutshuru et de la fermeture des routes, les produits vivriers sont de plus en plus rares à Goma. Grossiste en pommes de terre sur ce marché de Birere, Neema Ngarukiye a du mal à écouler sa marchandise, trop chère, et a aussi du mal à se la procurer : « Avant la guerre, je déchargeais dix camions par jour. Aujourd'hui, je ne parviens même pas à vendre un camion. »

    Doublement des prix sur les marchés

    Haricots, légumes, pommes de terre, les aliments les plus consommés à Goma ont vu leur prix doubler. Cette inflation nuit au pouvoir d'achat des familles. Assise sur une pierre volcanique devant son petit commerce d'habits féminins dans le quartier Ndosho, à l'ouest de Goma, Céline Mbuhu affirme qu'aujourd'hui, elle a des difficultés à nourrir ses enfants :

    « Nous vivons difficilement à cause de la guerre du M23. Auparavant, même avec mes sept enfants, je pouvais facilement m'approvisionner pour le repas du soir avec 5 000 francs congolais [1,7$]. Aujourd'hui, c'est quasiment impossible. »

    Bananes et charbon traversent le lac Kivu

    Depuis l'avancée des rebelles du M23 qui ont encerclé la ville de Goma, l'approvisionnement en vivres est devenu un casse-tête. À une dizaine de kilomètres, au bord du lac Kivu, le marché de Kituku est devenu le seul espoir pour la survie de Goma. Les produits alimentaires quittent le territoire de Masisi, Minova et Buzi-Bulenga, dans la province du Sud-Kivu, et ils arrivent en masse chaque lundi et jeudi, jours de marché. Zawadi Emilliane est une commerçante qui traverse le lac Kivu, pour y vendre ses bananes plantains :

    « J'amène au moins dix régimes de bananes et si je gagne beaucoup, j'obtiens 10 000 francs CFA »,se félicite-t-elle. Même le charbon, qui venait de Masisi et Rutshuru, provient désormais de Kalehe. « Il y a beaucoup d'activité au marché de Kituku, observe son président Chance Kanane. Les ventes de charbon de bois peuvent dépasser les 5 000 sacs le lundi et le jeudi, jours de marché. »

    En attendant la fin de la guerre et la réouverture de la route Goma-Sake-Minova, la voie maritime sur le lac Kivu est devenue capitale pour approvisionner la population de Goma, grossie par les déplacés des alentours.

    Wed, 13 Nov 2024
  • 938 - Congo-Brazzaville: projet de barrage à Sounda pour doper l'offre d'électricité

    Le Congo s’apprête à lancer les travaux de construction d’un nouveau barrage, celui de Sounda, dans le sud du pays. Le but est d’augmenter l’offre d’électricité dans un pays qui connaît d’importantes coupures et un faible taux d’industrialisation.

    De notre correspondant à Brazzaville,

    La rivière Sounda abritera ce nouveau barrage, dont le coup d’envoi des travaux de construction sera donné en janvier 2025. Il est situé dans le Kouilou, la région qui abrite Pointe-Noire, la capitale économique du Congo. Les travaux s’étaleront sur cinq ans et seront réalisés par l’entreprise chinoise China Overseas Company Limited. La production attendue est entre 600 et 800 mégawatts. « C’est un barrage, un grand ouvrage de travaux publics et même de grands travaux,commente Thierry Moungalla, ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement.Il a un coût élevé qui peut tourner autour de 1 300 milliards de FCFA [plus de 1,9 million d’euros]. Les mécanismes de financement sont huilés avec les grands partenaires que sont nos amis chinois », indique-t-il.

    Préfinancement chinois

    En cette période de restructuration des dettes africaines, le recours au préfinancement chinois a probablement eu la faveur des autorités congolaises, estime l’analyste économique Alphonse Ndongo. « Par ces temps d’assèchement financier au Congo, je ne vois pas où est-ce que le gouvernement peut trouver des fonds pour financer la construction de cet important barrage. C’est un préfinancement chinois et je pense qu’il doit s’asseoir sur le modèle qu’on appellebuild-operate-transfer, qui veut simplement dire que vous construisez, vous exploitez et cela vous permet de vous faire rembourser selon une période de concession que l’État va certainement trouver entre lui et l’opérateur chinois ».

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    Attirer les investisseurs

    Officiellement, le Congo produit déjà 720 mégawatts, mais une bonne partie se perd dans le réseau de distribution, mal entretenu, selon les spécialistes. La production de Sounda s’ajoutera à cette puissance. « Cela va doper l’offre de fourniture d’énergie aux ménages,anticipe Alphonse Ndongo.Mais aussi, dans un contexte où l’on parle d’industrialisation, à l’orée de la Zlecaf[Zone de libre échange continentale africaine, Ndlr], c’est-à-dire le marché de libre échange, il faut bien que le Congo ait des propositions en matière d’industrie à faire ».

    « L’électricité est un facteur important, renchérit Mermans Babounga de l’Observatoire des droits des consommateurs. Et, si on veut attirer les investissements directs étrangers, il faut que l’offre d’électricité soit suffisante dans le pays. Donc, nous avons bon espoir qu’avec la construction du barrage de Sounda, le pays va attirer de gros industriels qui viendront investir dans le pays. Et, cela va participer à créer des emplois que les jeunes attendent ».

    Le Congo produit déjà plus d'électricité que ses besoins en consommation locale. Mais il en exporte une partie et son réseau électrique n’est pas suffisamment développé pour desservir l'ensemble de la population.

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    Wed, 13 Nov 2024
  • 937 - Au Sénégal, la transformation de la noix de cajou en difficulté

    Au Sénégal, c’est une année noire pour les transformateurs de noix de cajou et cette industrie balbutiante. Alors que plusieurs entreprises agro-industrielles locales ont misé sur le secteur de l’anacarde, espérant reproduire le succès ivoirien, c’est tout l’inverse qui se passe cette année. Entre hausse des prix de la matière première et une mauvaise récolte, quasi l’intégralité des entreprises de transformation de la noie de cajou risque de mettre la clef sous la porte.

    Avec notre envoyée spéciale en Casamance,

    « Ici, on est au département du décorticage ». Iman Drame, directeur d’une usine de transformation de noix de cajou, nous guide dans son entrepôt. À sa gauche, un tapis roulant, une machine à trier, mais depuis le mois de mai dernier, tout est à l’arrêt. « Nous sommes en arrêt de production faute de matière première parce que cette année la matière première a été très chère, il y a eu des spéculations, ce qui fait que nous n’avons pas pu acheter pour pouvoir travailler », explique-t-il.

    Cet entrepreneur de 54 ans, qui a monté son entreprise à Ziguichor en 2004, décrit le cercle vicieux auxquels font face les transformateurs de cajou. Une mauvaise récolte, 50, voire 60% de cajou en moins cette année suite à des vents chauds au moment de la floraison, avec pour résultat des noix de cajou devenues impayables voire inaccessibles. Car elles sont vendues au prix fort à la concurrence étrangère plutôt qu’aux entreprises de transformations sénégalaises. Iman Drame a dû mettre huit employés au chômage technique et interrompre le contrat de 90 journalières.

    « Cela a des conséquences très lourdes »

    Pour Jacques Birham Seck, à la tête d’Ethicajou, un transformateur équitable à 180 km de là, près de Kolda, c’est encore pire. « C’est le licenciement pour motif économique pour les 19 permanents que nous avions, mais également pour la centaine de femmes qui intervenaient comme journalières dans les différentes sections de la transformation. Elles aussi ont été obligées d’être arrêtées », regrette l’entrepreneur. « Donc cela a des conséquences très lourdes d’un point de vue socio-économique, surtout dans une des régions les plus pauvres du Sénégal où il n’y a presque pas d’industrie de transformation qui embauche autant », souligne-t-il encore.

    En cause, l’absence de mesures protectionnistes pour éviter que les producteurs de cajou ne vendent au plus offrant ailleurs, estime Boubacar Konta. « C’est l’État qui a la capacité de faire la régulation, dans tous les pays où le cajou a eu vraiment un succès, c’est avec l’implication de l’État qui a pris des mesures comme des mesures d’agrément pour connaître quels sont les exportateurs, et qui fait quoi », analyse le président de l’Interprofession cajou du Sénégal.

    Un plaidoyer sur le modèle de la Côte d’Ivoirea été transmis aux autorités. Parmi les demandes, celle d’imposer une taxe aux exportateurs pour encourager ces derniers à vendre en priorité aux transformateurs sénégalais. Le gouvernement promet d’appliquer la mesure pour la saison l’année prochaine. D’ici là, les entreprises se serrent la ceinture pour réussir à tenir sans mettre définitivement la clef sous la porte.

    À lire aussiSénégal: les transformateurs de noix de cajou appellent l'État à l'aide

    Tue, 12 Nov 2024
  • 936 - Sortie des États de l’AES de la Cédéao: le monde économique fait son plaidoyer

    Les États de la nouvelle Alliance des États du Sahel (Mali, Burkina, Niger) ont annoncé vouloir quitter la Cédéao en janvier dernier. Une décision qui pourrait donc être effective début 2025. Une décision politique, mais qui aurait nécessairement des implications économiques. Dans la région, les acteurs économiques font leur lobbying pour maintenir les liens avec leurs partenaires de l’AES et leur maintien dans la Cédéao.

    6,7 millions de Ouest-Africains vivaient dans un autre pays que le leur au sein même de la Cédéaoen 2020, selon l’ONU. Un grand nombre vivent ainsi en dehors de chez eux pour travailler et l’une des premières destinations est la Côte d’Ivoire. La situation est scrutée par le Dr Vaflahi Méité, directeur général de la diplomatie économique au ministère des Affaires étrangères ivoirien. « Pour la Côte d'Ivoire, les pays de l'AES, ce sont nos frères et nos clients naturels. Jusqu'à une époque récente, la plupart des importations des pays de l’AES se faisaient à travers le port d'Abidjan. Et ça, ça ne va pas changer », assure-t-il. Le diplomate se veut optimiste. « Il y a des ressortissants de ces pays qui vivent en Côte d'Ivoire et qui sont très nombreux. Il y a beaucoup de Maliens, beaucoup de Burkinabè, beaucoup de Nigérians qui vivent en Côte d'Ivoire. Donc, au-delà des aspects politiques, les peuples restent, les peuples font toujours des affaires ensemble », souligne-t-il.

    La potentielle sortie des États de l’AES de l’organisation régionale inquiète cependant les transporteurs. La mise en place de la Cédéao a permis la libre circulation et la levée de nombreuses barrières sur le commerce : assurances, droits de douanes et de transits. « C'est un sujet qui nous préoccupe au plus haut point», confie Daouda Bamba, le secrétaire général de l’Union des conducteurs d’Afrique de l’Ouest.

    Si l’organisation est apolitique, elle n’hésite pas à faire du plaidoyer auprès des autorités via des rencontres pour expliquer notamment les réalités de ces professionnels. « Notre organisation, bien sûr, quand il va s'agir de défendre les conducteurs routiers, alors partout, nous faisons passer des messages pour pouvoir faciliter la situation. C'est pour cela que nous prions à l'accalmie. Nous sommes des conducteurs routiers qui ne demandent que la libre circulation », insiste ce représentant des routiers.

    « Il faut amener nos autorités à trouver une solution »

    Le secteur privé regrette également cette situation. Faman Touré est le président de la Chambre de commerce et d'industrie de Côte d’Ivoire. Les dernières semaines ont été très actives, assure-t-il : « Le secteur privé s'est engagé pour parler à nos autorités de telle sorte qu'une solution soit trouvée. Donc, nous faisons des rencontres. Ce n’est peut-être pas sur le plan public, mais en tout cas, en privé, nous faisons des démarches vers nos chefs d'État, vers nos ministres afin que l’on puisse trouver des solutions. Nous ne souhaitons pas que ces trois pays quittent la Cédéao parce que c'est l'espace économique qui va prendre un coup. »

    Un point de vue partagé au sein des différentes chambres de commerce de la région, affirme Faman Touré : « Au niveau des chambres de commerce de la Cédéao, nous avons eu des échanges et nous avons dit qu’il faut nécessairement amener nos autorités à trouver une solution. Et nous n'allons pas en tout cas nous arrêter là, nous continuons. »

    La brouille entre le Niger et le Bénin a conduit à la fermeture de la frontière et empêche la tenue habituelle du commerce transfrontalier. Cette situation présage des difficultés qui pourraient toucher la Cédéao en cas de sortie effective de l’AES de l’organisation régionale.

    Mon, 11 Nov 2024
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