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Les commentaires des quotidiens et hebdomadaires africains sur l'actualité du continent. Présentée du lundi au jeudi par Frédéric Couteau, le vendredi et le samedi par Catherine Potet. Un regard original, souvent ironique et parfois sans complaisance sur les événements petits et grands qui font l'actualité de l’Afrique.
- 867 - À la Une: le drame de N’Zérékoré en Guinée
Elle s’appelait Aline. Sa photo est à la Une du site d’information Guinée Matin. Une jeune fille de 16 ans, souriante, élégante, jupe bleue et chemisier blanc, faisant le V de la victoire avec la main.
Aline a été écrasée, piétinée par la foule dimanche lors de la gigantesque bousculade du stade de N’Zérékoré. Dans les colonnes de Guinée Matin, son père, Olivier fait part de son immense douleur : « Elle était très joyeuse,raconte-t-il. Elle avait un surnom à l’école : Madame surprise. Car, quand arrivait l’anniversaire de l’un ou l’une de ses amis, elle lui faisait une surprise. (…) Je demande aux autorités de faire toute la lumière sur ce qui s’est passé,poursuit-il, afin que les coupables soient connus. »
Au total, le mouvement de foule a fait 56 morts, du moins officiellement. Un bilan qui pourrait être beaucoup plus lourd. « “La morgue est pleine“, a expliqué un médecin local, sous le couvert de l’anonymat, estimant “qu’il y [avait] une centaine de morts“. »C’est ce que rapporte Le Monde Afrique qui précise que« plusieurs photos et vidéos qui circulent sur les réseaux sociaux montrent des corps inertes à même le sol, dans l’enceinte de la morgue. »
Pénalty litigieux et gaz lacrymogène…
Que s’est-il passé ? « Dimanche après-midi,rapporte le journal, les équipes de N’Zérékoré et de Labé s’affrontaient lors d’un match à l’enjeu symbolique ; la finale du trophée “Général Mamadi Doumbouya“, une compétition dédiée au chef de la junte, arrivé au pouvoir par un coup d’Etat, en septembre 2021. (…)Deux faits d’arbitrage ont fait dérailler le match,pointeLe Monde Afrique. Tout d’abord un carton rouge en milieu de deuxième période, finalement annulé. Puis un penalty litigieux, sifflé dans les dix dernières minutes. Cette décision a provoqué la fureur des supporteurs de Labé. Des pierres ont été jetées et le terrain a été envahi. Les forces de l’ordre ont alors lancé des gaz lacrymogènes, d’après plusieurs sources présentes dans le stade, ce qui a provoqué un grand mouvement de foule,relate encore le journal. Des vidéos montrent des centaines de spectateurs – des mineurs, pour la majorité d’entre eux − escaladant l’enceinte du stade afin d’échapper à la cohue. “C’était la débandade. Les gens se sont dirigés vers le seul portail du stade, se sont bousculés (…) Les plus faibles ont été piétinés“, affirme un jeune supporteur, qui a perdu un ami proche dans l’immense bousculade. »
Arrière-plan électoral…
Ce drame s’inscrit dans un contexte politique, précise pour sa part le site Afrik.com. Car « depuis quelques semaines, des tournois de cette nature sont organisés un peu partout en Guinée,explique-t-il, pour témoigner du soutien des populations au général Mamadi Doumbouya. La date de la prochaine Présidentielle n’est pas encore connue, mais la candidature du chef de la junte semble de plus en plus évidente. Cela en dépit des prescriptions de départ de la Charte du CNRD qui interdit(en principe) à tous ses membres de se porter candidat. Et comme le montre le match qui a dégénéré, la situation sécuritaire du pays est particulièrement tendue. »
D’ailleurs, l’opposant Cellou Dalein Diallo n’a pas tardé à réagir. Des propos à lire notamment sur le site guinéen Aminata : « cette tragédie a eu lieu pendant la finale d’un tournoi de football organisé, hélas,déplore-t-il, dans le cadre de la promotion de la candidature illégale du Général Mamadi Doumbouya à la prochaine élection présidentielle. »
La junte « responsable » !
La société civile n’est pas en reste. Pour le FNDC, le Front national pour la défense de la Constitution, regroupement civique dissous par les autorités, « cet événement tragique, survenu dans le cadre d’une campagne de propagande organisée par la junte militaire au pouvoir en faveur de la candidature de Mamadi Doumbouya, illustre une gestion irresponsable et une indifférence alarmante des autorités actuelles. La Coordination Nationale du FNDC tient Mamadi Doumbouya et son gouvernement directement responsables de cette catastrophe. » Des propos rapportés par le site AConakry Live.
A lire également sur Ledjely,autre site guinéen, la réaction de Namaragni Djanfatignè, guérisseur et acteur social bien connu des populations de Haute Guinée. Il ne mâche pas non plus ses mots : « tous ceux qui préparent ces mouvements de soutien sont coupables, y compris le gouvernement,affirme-t-il,parce qu’il y avait des ministres, des préfets, des gouverneurs là-bas. À qui la faute ? C’est à eux. (…) Je demande au président Doumbouya de stopper ces mouvements, d’organiser les élections et de partir.»
Tue, 03 Dec 2024 - 866 - À la Une: l’armée française indésirable au Sénégal et au Tchad…
« L’annonce a fait l’effet d’un coup de tonnerre nocturne à N’Djamena,s’exclame Le Monde Afrique. Dans un communiqué publié, jeudi dernier, quelques heures après la fin de la visite au Tchad du ministre des Affaires étrangères français, Jean-Noël Barrot, le gouvernement tchadien a déclaré “mettre fin à l’accord de coopération en matière de défense signé avec la République française“. L’annonce prend de court tous les observateurs, alors que le ministre et son entourage n’ont rien laissé paraître au sortir de leur rencontre avec le président, Mahamat Idriss Déby. “La France doit considérer désormais que le Tchad a grandi et mûri, que le Tchad est un Etat souverain et très jaloux de sa souveraineté“, a simplement indiqué son homologue tchadien, Abderaman Koulamallah. »
Dans la logique des élections…
Quelques heures plus tôt, jeudi dernier, le Sénégal annonçait lui aussi la fin de sa coopération militaire avec Paris.
Le président Bassirou Diomaye Faye a été très clair,rapporte Le Point Afrique:« “la souveraineté ne s’accommode pas de la présence de bases militaires“. Une nouvelle doctrine de coopération sécuritaire qui exclut de fait toute base étrangère : française ou non. (…) L’enjeu était avant tout politique pour Bassirou Diomaye Faye et son Premier ministre Ousmane Sonko,affirmeLe Point Afrique, qui avaient été portés à la tête de la nation sur la base d’une vive critique des ingérences étrangères, au premier rang desquelles figurait la France. Après leur victoire, ils n’avaient pas vraiment fait mention des bases françaises, au grand désarroi de leurs électeurs. Cette prise de position forte sur le plan de la souveraineté vient aujourd’hui rassurer une base électorale qui vient tout juste de réitérer son soutien aux autorités en leur conférant une majorité absolue au Parlement. »
Une étape « cruciale et inévitable »
Pour Jeune Afrique, « ce 28 novembre 2024 restera dans l’histoire de la relation entre la France et l’Afrique comme une date historique, celle du dernier coup de clairon d’une retraite passablement humiliante pour la “Coloniale“, cette armée de conquête devenue symbole de sujétion bien au-delà des indépendances. (…) Après la Centrafrique en 2015, le Mali en 2022, le Burkina Faso et le Niger en 2023, l’armée française est donc en passe de quitter ce qui lui restait de positions dans cette bande sahélo-soudanaise qui lui a si longtemps servi de bac à sable pour entraîner ses troupes et voler au secours de régimes amis de la France. »
Toutefois, analyse Jeune Afrique, « ce départ forcé ne devrait pas être interprété pour autant comme une humiliation ou un camouflet par la France, mais comme l’étape cruciale et inévitable de la nécessaire refondation de ses relations avec ses ex-colonies. Sauf à Djibouti, où les bases militaires sont une assurance-vie existentielle contre les convoitises de voisins qui estiment que ce petit État n’aurait jamais dû exister, l’armée française n’a plus rien à faire sur le continent,estime le site panafricain, et les dirigeants ivoiriens et gabonais, qui abritent chez eux les derniers confettis de l’empire colonial défunt, seraient bien inspirés d’y songer. En 2024, plus de soixante ans après les indépendances, cette présence était une anomalie à laquelle les présidents Faye et Déby Itno avaient toutes les raisons de vouloir mettre un terme. »
« Seuls face à l’enjeu sécuritaire… »
Attention, prévient pour sa part Ledjely en Guinée, « les militants authentiques de la reconstruction des relations franco-africaines doivent rester à la fois prudents et vigilants. Car autant leur aspiration à un partenariat plus avantageux pour l’Afrique est légitime, autant il ne faut pas se contenter de renvoyer les néo-colons pour laisser la place aux colons locaux. De même, l’attitude intransigeante que nous adoptons aujourd’hui à l’égard de la France doit rester la même à l’égard de tous les partenaires, qu’ils soient de l’Ouest ou de l’Est. Sinon, nous courons vers un leurre ! »
Et le quotidien Aujourd’hui au Burkina Faso de conclure : « désormais, le Sahel et le Sahara sont seuls face à l’enjeu sécuritaire. Plus de sous-traitance polémiquée en matière de défense ! Il est plausible que le Tchad rejoigne l’AES et que se mette en place une force sous-régionale pour combattre l’hydre terroriste. Quels résultats engageront ces pays qui entament une seconde décolonisation aux forceps ? Le souverainisme teinté d’idéocratie accouchera de quoi ? Le monde a les yeux rivés sur cette partie de l’Afrique où des militaires au pouvoir et des civils élus tentent de trouver la voie pour développer leurs pays. Tâche noble, mais ô combien parsemée de ronces ! »
Mon, 02 Dec 2024 - 865 - À la Une: la France reconnaît le massacre de Thiaroye au Sénégal
C’est écrit en rouge et en majuscule à la Une de Sénéplus : « Paris avoue enfin le massacre de Thiaroye ». « Dans une lettre à Diomaye », poursuit Sénéplus, « Macron qualifie pour la première fois de « massacre » la tuerie perpétrée contre les tirailleurs africains en 1944 ». Le président sénégalais espère désormais « un engagement total » de la France « dans la recherche de la vérité ». L’annonce est saluée par le site d’information, « cette reconnaissance officielle marque », nous dit-on, « un tournant décisif dans l’histoire franco-sénégalaise, après des décennies de silence et de minimisation des faits ». De son côté, Sénégo retranscrit une partie de l’interview accordée hier soir à France 2 par Bassirou Diomaye Faye. À la question, « pensez-vous que 80 ans après, la France cache toujours délibérément une partie de la vérité ? » le président sénégalais répond : « on a régulièrement cherché à poser une chape de plomb sur cette histoire, et nous pensons que cette fois, l’engagement de la France sera total, qu’il sera franc, collaboratif et entier ». Le bilan du massacre de Thiaroye, notamment, reste à établir. Il est officiellement de 35 morts, rappelle Sénéplusqui cite toutefois l’historienne Armelle Mabon, qui elle estime à « 300 ou 400 », le nombre de victimes du massacre.
Présence militaire française
Lors de l’interview qu’il a accordé à France 2 hier soir, Bassirou Diomaye Faye a également fait part de ses intentions à l’égard des troupes françaises basées au Sénégal. « Départ des bases militaires françaises : la grosse annonce de Bassirou Diomaye Faye », titre Sénéweb, qui reprend la réponse du président sénégalais au journaliste qui l’interroge au sujet de la présence militaire française. Réponse en forme de question : « Est-ce qu’en tant que Français, vous envisageriez de nous voir dans votre pays avec des chars, des véhicules militaires, des militaires portant des tenues sénégalaises ? Car sur le plan historique, la France a pris des esclaves, a colonisé et est restée ». Bassirou Diomaye Faye qui ajoute : « si la France doit partir, ce sera annoncé aux autorités françaises. Elles auront la primeur de l’annonce et du calendrier établi ».
Annonce inattendue
Comme en écho, le Tchad a annoncé hier soir la fin des accords de coopération et de sécurité avec la France. Tchadinfos précise que « la résiliation respecte les dispositions prévues par l’accord, notamment un délai de préavis, et que le Tchad s’engage à collaborer avec les autorités françaises, pour assurer une transition harmonieuse ». L’annonce a été faite quelques heures seulement après une visite du ministre français des Affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, à Ndjamena. Une annonce « inattendue », remarque Tchadvision, qui fait part de ses doutes. « Sans l’appui de la France », nous dit-il, « la capacité du Tchad à lutter de manière efficace contre le terrorisme dans le Sahel, pourrait être compromise. Les groupes jihadistes, déjà actifs dans la région, bénéficient souvent de l’instabilité politique et de la faiblesse des forces armées locales. La fin des accords avec la France pourrait rendre le Tchad plus vulnérable à de telles menaces ».
Prière
Tchadvision se pose, dans la foulée, la question des autres alliances que le Tchad pourrait contracter et souligne que « l’engagement croissant de pays comme la Russie, la Chine, et même certains états du Golfe pourrait offrir au Tchad des opportunités pour diversifier ses sources de soutien militaire et économique ». Néanmoins, le site d’information tchadien reste prudent, estimant que « bien que la fin de l’accord puisse être interprété comme un pas vers la souveraineté, il est crucial d’évaluer cette décision de manière critique. L’autonomie sans stratégie pourrait conduire à un isolement accru et à des conséquences désavantageuses pour la sécurité et la prospérité du Tchad ». Ajoute Tchadvision qui conclut, en forme de prière : « Que chaque acteur, tant national qu’international, prenne conscience de sa contribution à un avenir meilleur pour le Tchad et ses voisins ».
Fri, 29 Nov 2024 - 864 - À la Une: la France fait les yeux doux au Nigeria
« C’est une visite d’État inédite, la première en 24 ans,relève Jeune Afrique : le président nigérian Bola Tinubu est en France depuis hier soir. Il est évidemment tentant de voir derrière cette volonté de Paris de diversifier ses partenariats sur le continent une tentative de construire une nouvelle politique africaine sur les ruines du fiasco sahélien qui a vu la France expulsée du Mali (en 2022), puis du Burkina Faso (en 2023) et du Niger (fin 2023). Et une volonté de détourner l’attention de l’incessant bras de fer avec Alger. Mais sans doute serait-ce trop réducteur », estime le site panafricain. « Ce serait aussi méconnaître la chronologie. Dès son élection en 2017, le président français a entrepris de voyager hors de la zone d’influence traditionnelle française, au Nigeria (en 2018), en Éthiopie (en 2019) ou en Afrique du Sud (2021) ».
Et le partenariat économique entre la France et le Nigeria est ancien, poursuit Jeune Afrique, « basé essentiellement sur les hydrocarbures », mais pas que… Il y a aussi la finance, avec l’ouverture de succursales de banques nigérianes à Paris et l’agrobusiness.
Le « tournant nigérian » ne date pas d’hier…
« Le Nigeria est déjà le premier partenaire commercial de la France en Afrique subsaharienne, précise Le Monde Afrique. Et près de 100 entreprises tricolores y sont implantées – elles n’étaient qu’une cinquantaine en 2010 –, employant un peu plus de 10 000 personnes. Les grands noms sont présents,pointe le journal : TotalEnergies, premier investisseur hexagonal avec des projets pétroliers et gaziers évalués à quelque 6 milliards de dollars pour les prochaines années, mais aussi l’armateur CMA CGM, le géant des cosmétiques L’Oréal, ou encore le groupe agroalimentaire Danone. (…) Le « tournant nigérian » a été esquissé très tôt par Emmanuel Macron,relève encoreLe Monde Afrique. L’héritage, entre autres, d’une relation particulière que le président français entretient avec ce pays où il avait choisi d’effectuer son stage d’énarque, en 2002. Pour resserrer les liens, un conseil économique franco-nigérian a ainsi été lancé dès 2018, lors d’une visite du président français au Nigeria. Celui-ci compte les plus célèbres hommes d’affaires du pays, dont le magnat du ciment et des hydrocarbures Aliko Dangote (…) ».
Jean-Noël Barrot au Tchad et en Éthiopie
À la Une également, une autre visite diplomatique, cette fois dans l’autre sens : la tournée sur le continent du ministre français des Affaires étrangères…
« Jean-Noël Barrot entame une tournée clé (aujourd’hui) au Tchad et en Éthiopie,note le site Afrik.com. Cette visite aborde des enjeux majeurs : l’aide humanitaire, l’avenir militaire français en Afrique et la réforme des institutions internationales, notamment du Conseil de sécurité de l’ONU. (…) A Ndjamena, le ministre abordera un sujet épineux : l’avenir des bases militaires françaises au Tchad. (…) Paris souhaite réduire son empreinte militaire en Afrique tout en favorisant des partenariats plus équilibrés. Les discussions avec les autorités tchadiennes seront déterminantes pour établir une nouvelle feuille de route et répondre aux interrogations croissantes sur la pertinence de la présence française ».
Et puis à Addis-Abeba, siège de l’Union africaine, relève Afrik.com, la visite de Jean-Noël Barrot mettra « en lumière une ambition majeure de la diplomatie française : promouvoir une réforme des institutions internationales, notamment du Conseil de sécurité de l’ONU. Paris soutient l’attribution de deux sièges permanents aux pays africains, une revendication de longue date de l’Union africaine ».
Regagner le cœur des Africains…
Commentaire du Pays au Burkina Faso : « pour avancer dans la défense de ses intérêts, la France doit changer son fusil d’épaule. Et c’est manifestement à cet exercice qu’elle s’essaie. Elle veut regagner le cœur des Africains en se faisant passer pour leur porte-voix mais aussi en réduisant son empreinte militaire permanente sur le continent. Il reste à savoir si cela suffira. (…) Cela dit,poursuit le quotidien ouagalais, l’Afrique se doit d’utiliser ce nouveau contexte pour exiger de l’ancienne puissance coloniale, à défaut qu’elle répare les erreurs commises, qu’elle s’engage dans un partenariat gagnant-gagnant. Car, ce dont le continent a véritablement besoin,estimeLe Pays, ce n’est ni de compassion ni d’assistanat, mais d’une relation équilibrée où elle gagnerait toute sa place et pourrait disposer de ses richesses naturelles pour subvenir, de façon souveraine, à ses besoins ».
Thu, 28 Nov 2024 - 863 - À la Une: l'écrivain franco-algérien Boualem Sansal risque la prison à vie
L’écrivain franco-algérien âgé de 80 ans, renommé en France et à l’étranger, est depuis hier accusé d’« atteinte à l’intégrité du territoire national » en Algérie. « Une accusation,précise Le Monde Afrique, assimilée à un acte de “terrorisme“, selon l’article 87 bis du Code pénal algérien, qui pourrait lui valoir une condamnation à la perpétuité, voire à la peine de mort – bien qu’aucune exécution capitale n’ait eu lieu en Algérie depuis 1993. La lourdeur de l’accusation a suscité de multiples réactions,pointe encore le journal. Son avocat, François Zimeray, estime que “la privation de liberté d’un écrivain de 80 ans en raison de ses écrits est un acte grave. (…) S’il doit y avoir enquête, celle-ci ne justifie nullement que soit prolongée la détention de Boualem Sansal“. Le monde intellectuel a aussitôt exprimé sa stupeur. Plusieurs prix Nobel de littérature, tels que Jean-Marie Le Clézio, Orhan Pamuk ou Annie Ernaux, et des écrivains de renommée mondiale, comme Salman Rushdie et Roberto Saviano, ont demandé la “libération immédiate“ de l’auteur franco-algérien. »
Sa faute : avoir « marocanisé » le Sahara occidental…
Que lui reprochent exactement les autorités algériennes ? Le Point Afrique répond : « Boualem Sansal est accusé pour des propos tenus sur le site en ligne de Frontières(une revue d’extrême-droite). Il y donne sans détours son point de vue sur le dossier du Sahara occidental. Il explique que “quand la France a colonisé l’Algérie, toute la partie ouest de l’Algérie faisait partie du Maroc, de Tlemcen, Oran jusqu’à Mascara“. »
Bref, résumeLe Point Afrique,« en quelques phrases, le citoyen Sansal a “marocanisé“ le Sahara occidental, ce qui est un casus belli pour les Algériens. Il a ajouté, avec sa désarmante liberté de parole, que “le régime algérien, régime militaire, a inventé le Polisario pour déstabiliser le Maroc“. Depuis 1999, date de son premier roman écrit en français,rappelle le journal, Boualem Sansal a alterné fictions et essais, pamphlets et tribunes. Ce haut fonctionnaire devenu écrivain, agnostique revendiqué, a toujours combattu les religions, ferraillant avec l’islamisme comme avec le régime algérien. »
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Le « traître » Sansal…
Pour le site algérien TSA, « la provocation est manifeste : Boualem Sansal a fait des déclarations hallucinantes dans le média français d’extrême-droite Frontières, qualifiant l’Algérie de “petit truc“ et le Maroc de “grand État“ et soutenant que le colonialisme français a “octroyé“ des terres marocaines à l’Algérie. »
TSA qui dénonce également la proximité de l’écrivain avec l’extrême-droite française : « Une voix venue du sud qui critique l’islamisme, ça plaît forcément dans un pays où l’extrême-droite gagne du terrain. Mais Sansal a fini par se radicaliser lui-même, portant, une à une, les thèses de l’extrême-droite. Ce courant l’a accueilli à bras ouverts, voyant en lui une légitimation de son discours anti-musulman, anti-immigrés et anti-algérien. »
Le site Algérie Patriotique hausse encore le ton : « Le traître Sansal n’a pas sa place en Algérie, sauf en prison,affirme-t-il. Cet individu n’est ni un grand penseur, ni un martyr, ni un être lumineux, c’est un agent étranger en mission contre l’État algérien. (…) L’Algérie n’est ni un souk ni un hammam où l’on peut faire ce que l’on veut,s’exclame encore Algérie Patriotique. C’est un État fort qui ne tolère pas les dérives subversives d’agents infiltrés. »
La « dictature » algérienne…
Autre point de vue, radicalement différent, celui du site d’opposition Le Matin d’Algérie : « Boualem Sansal est victime de sa liberté de parole, de son libre arbitre, de son courage de convoquer l’inexprimable, l’inexprimé. L’auteur, qui nous aide à regarder l’homme et le monde autrement, est entre les mains de la dictature. Boualem Sansal questionne, dérange et met en doute cet empire mafieux qu’est la nouvelle Algérie de Tebboune,fustige encoreLe Matin d’Algérie. Il dénonce ceux qui ont fait de l’Algérie post-indépendance un désert fielleux, et de ce désert un vide abyssal dans lequel se pratiquent les pires ignominies humaines et se propage une des plus infectes idéologies totalitaires, l’islamisme. (…) Cette incarcération,conclut le site d’opposition algérien, comme toutes celles qui touchent à la liberté d’expression, tient son fond de pensée dans la mort lointaine et triviale d’un État qui n’a jamais voulu de la démocratie en tant que système de gouvernance. »
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Wed, 27 Nov 2024 - 862 - À la Une: un nouveau pouvoir qui prend forme au Sénégal
« L’heure est au travail pour les nouveaux députés du parti au pouvoir, le Pastef,relève Jeune Afrique. Avant même la confirmation des résultats des législatives par le Conseil constitutionnel, les 130 élus – excepté ceux de la diaspora – ont été réunis pour plusieurs jours de travail sur la Petite-Côte, en dehors de Dakar. Le Premier ministre a fait le déplacement avant-hier matin pour clore l’événement et mobiliser les députés. Avec près de 55% des voix,précise le site panafricain, Ousmane Sonko continue sur la lancée de la présidentielle du 24 mars, remportée par Bassirou Diomaye Faye – candidat à sa place. (…) Plus des trois quarts des députés de la 15ᵉ législature seront issus du Pastef. Pari réussi donc pour le parti au pouvoir, qui fête ses dix années d’existence et qui est désormais largement majoritaire au sein de l’hémicycle. »
Du pain sur la planche…
Alors désormais, pointe Jeune Afrique, les députés de la majorité présidentielle vont avoir « fort à faire pour mettre en œuvre la “transformation systémique“ dont se réclame le président Bassirou Diomaye Faye. Sur le haut de la pile : le vote, très attendu, de la loi de finances 2025. (…) Les autorités pourront ensuite mettre en œuvre leur programme Vision 2025, présenté par le Premier ministre en octobre. (…) L’Assemblée a également les mains libres pour faire adopter plusieurs mesures phares du chef de l’État. En théorie, elle pourrait également faire annuler la loi d’amnistie, précise le site panafricain, votée à la veille de la présidentielle et qui est sujette à controverse. L’annulation d’une telle loi pose de nombreux obstacles d’ordre juridique, mais elle est demandée par les sympathisants du parti, qui attendent que la lumière soit faite sur la répression des manifestations de 2021 à 2024. »
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Toutefois, la priorité des priorités reste l’économie… C’est ce qu’affirme le site d’information Seneplus : « Le déficit représente 10% du PIB alors qu’il ne devrait pas dépasser les 3%, la dette est à 88% du PIB alors qu’elle ne devrait pas dépasser les 70% (…). 22% des actifs sont au chômage et 35% des jeunes n’ont ni emploi, ni qualifications. Les 27 milliards d’euros d’investissement sur cinq ans par le(nouveau)gouvernement doivent être explicités, en termes de faisabilité. Le pétrole désormais produit sur place sera utile s’il est raffiné sur place pour permettre une baisse du coût de l’énergie et de l’électricité, que tous les Sénégalais attendent avec impatience. »
Pouvoir différent, mais même répression ?
En attendant, l’opposition, qui compte seulement 35 députés au sein de la nouvelle Assemblée, donne de la voix… L’opposition qui proteste contre les récentes convocations devant la justice et arrestations de certaines figures publiques. WalfQuotidien s’en inquiète également : « Les pratiques de l’ancien régime, qui utilisait la justice comme épée de Damoclès, sont toujours en vigueur,affirme le quotidien dakarois. Les nouvelles autorités, malgré l’injustice qu’elles ont subie et leurs critiques contre la restriction des libertés publiques, recourent aux mêmes infractions pour faire taire des opposants critiques et des lanceurs d’alerte. Ce sont en tout cas les délits pour lesquels Adama Gaye et Moustapha Diakhaté sont poursuivis. Le journaliste a été inculpé pour “diffusion de fausses nouvelles“ avant d’obtenir une liberté provisoire. Il sera jugé vendredi devant le tribunal des flagrants délits de Dakar. Il avait été interpellé à la suite d’une sortie médiatique sur la mort de Mamadou Moustapha Bâ. L’ancien président du groupe parlementaire de Benno, Moustapha Diakhaté, lui, a été inculpé, puis placé sous mandat de dépôt, hier, notamment pour “troubles politiques graves“. Son procès est prévu, jeudi 28 novembre prochain, devant le tribunal des flagrants délits. »
Quant à« l’opposant Cheikh Thiam, il est attendu, ce matin, à la Division spéciale de la cybercriminalité. Cette convocation intervient suite à ses déclarations selon lesquelles le régime se préparerait à “empoisonner des opposants“. Il file droit, lui aussi, vers la case prison. »
Bref, résume WalfQuotidien, « la restriction des libertés publiques par le recours à des délits d’opinion, jadis dénoncée par les défenseurs des droits humains, est toujours en vogue. Les nouvelles autorités, selon l’opposition, semblent avoir “reconduit les mêmes pratiques pour confisquer la parole de tous ceux qui dérangent“. »
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Tue, 26 Nov 2024 - 861 - À la Une: la COP 29, une immense déception pour l’Afrique…
Jacques Assahoré Konan, le ministre ivoirien de l’Environnement lançait cet avertissement il y a deux jours, dans les colonnes de Jeune Afrique, juste avant la fin de cette COP 29 : « il est nécessaire d’indexer les financements sur les besoins réels des pays en développement et vulnérables au changement climatique. On attend toujours des pays développés qu’ils renflouent la caisse. Il faudrait mettre en place des sources de financement durables. C’est urgent. Si rien n’est fait, le PIB de la Côte d’Ivoire va chuter de 15 % d’ici à 2050. Et plus d’1 million et demie de personnes vont basculer dans la pauvreté. »
Eh bien, rien n’a été fait à Bakou ou presque… Cette « conférence mondiale sur le climat s’est achevée entre colère et déception pour l’Afrique, pointeLe Monde Afrique. Alors que les négociations ont joué les prolongations tard dans la nuit de samedi à dimanche, c’est avec le sentiment de se faire tordre le bras, que les délégués africains encore présents dans la capitale azerbaïdjanaise ont accepté un accord qui ne répond en rien à leurs principales attentes. Le financement promis pour 2035 est “trop faible, trop tardif et trop ambigu. L’Afrique quitte Bakou avec réalisme et résignation car la COP29 se termine bien en deçà de nos attentes. Quand l’Afrique perd, le monde perd“, a déploré Ali Mohamed, l’envoyé spécial du président kényan William Ruto et porte-parole du groupe Afrique. »
En effet, relève encore Le Monde Afrique, « les 300 milliards de dollars par an arrachés aux pays industrialisés sont en effet très loin des 1.300 milliards de dollars proposés par le continent pour pouvoir financer les besoins de la transition énergétique et l’adaptation aux conséquences de plus en plus lourdes du dérèglement climatique. »
« Pouvait-il en être autrement ? »
« La grande déception », soupire Le Pays à Ouagadougou. « Pouvait-il en être autrement ? L’on est tenté de répondre à cette interrogation, par la négative. Et pour cause. Les COP, depuis 1995 (…), se succèdent et se ressemblent. »
En tout cas, poursuit le quotidien ouagalais, les 300 milliards promis « restent bon à prendre tout en maintenant la pression afin d’obtenir de meilleurs résultats. Mais reste encore toute une bataille pour son opérationnalisation. Et cela est une autre paire de manches dans la mesure où les promesses antérieures tenues par les mêmes pays du Nord n’ont jamais été honorées. Du reste, il faut même craindre que l’arrivée au pouvoir de Donald Trump aux Etats-Unis n’engage cette super-puissance mondiale sur le chemin d’un désengagement dans le financement des projets en lien avec le climat. »
En effet, renchérit Aujourd’hui, « 300 milliards de dollars pour les pays en développement à la COP29 : encore une promesse qui n’engage … personne. »
En fait, « les négociateurs ont été face à un dilemme jusqu’au dernier moment. “Cet accord ne sert pas nos intérêts mais c’était cela ou rien,explique une représentante des sociétés civiles du continent interrogée parLe Monde Afrique. Nous avons été face à un chantage dans lequel les Européens en particulier ont brandi l’arrivée de Donald Trump à la Maison Blanche ou la montée des partis d’extrême droite au pouvoir en Europe pour nous faire comprendre que nous avions davantage à perdre qu’à gagner en refusant l’accord. Encore une fois, l’Afrique et les pays en développement se sont retrouvés au pied du mur“. »
Volontarisme et responsabilité !
Alors, autant nous débrouiller nous-mêmes, avance Ledjelyen Guinée : « face au phénomène du changement climatique, l’Afrique doit agir avec un autre paradigme. Celui-ci implique que les Africains, mus par une légitime déception du fait du comportement injuste des pays développés, ne cèdent pas pour autant à une attitude tout aussi irresponsable que suicidaire, qui tendrait à faire comme le changement climatique n’existait pas. Tout au contraire,estime doncLedjely, les dirigeants du continent doivent faire montre de volontarisme et de responsabilité face au péril climatique. (…) Et qu’en conséquence, ils mobilisent toutes les énergies internes en vue d’élaborer des stratégies pour y faire face. Ce mécanisme, s’il est bâti de manière à ce que les acteurs sociaux et économiques locaux se sentent librement concernés, permettra de pallier cette image quelque peu avilissante d’un continent africain condamné à implorer la compassion du monde (…). C’est en cela que consiste la souveraineté, la vraie. Et non pas celle qui ne sert que de slogan à certains aujourd’hui. »
Mon, 25 Nov 2024 - 860 - À la Une: un nouveau Premier ministre au Mali
C’est un général, le général Abdoulaye Maïga, qui a été choisi pour diriger le gouvernement malien. « Une mesure qui a pour effet de consolider l’ensemble du pouvoir malien entre les mains des généraux de l’armée», remarque AfricaNews. « Un choix qui est tout sauf surprenant », estime de son côté Afrik.com « car le général Abdoulaye Maïga a déjà assuré, pour quelques jours, l’intérim du chef du gouvernement pendant l’hospitalisation de ce dernier, en août 2022 ». Il doit par ailleurs sa « notoriété », ajoute Afrik.com, « à ses prises de positions radicales, notamment contre la France, la Cedeao, ou des présidents africains comme Alassane Ouattara ». « Avec cette nomination » précise le site d’information, « le Mali devient le seul des trois états de l’AES à être géré exclusivement par des militaires qui occupent les postes de Président de la Transition, Premier ministre, et président du Conseil National de la transition ».
« Leader charismatique »
La presse malienne se fait aussi l’écho de cette nomination. C’est le cas de Bamada.net qui ne cache pas son enthousiasme à l’égard du général Abdoulaye Maïga et parle d’une « nomination stratégique pour un Mali en pleine transformation ». Le site d’information malien évoque « un parcours exceptionnel au service de la nation », « une carrière professionnelle riche et diversifiée », et voit dans le général Maïga, « un leader charismatique et rassembleur », « doté d’une grande capacité de négociation et d’organisation ». Sahel Tribune juge de son côté que « le choix d’Abdoulaye Maïga traduit une volonté de renouvellement à la tête du gouvernement alors que le pays traverse une période cruciale de sa transition. Le nouveau premier ministre est attendu sur des chantiers majeurs : la stabilisation du pays, la conduite des réformes et la préparation des prochaines échéances électorales ».
Commentaires au Burkina voisin
« Un Maïga peut en cacher un autre », s’exclame Wakatsera allusion au prédécesseur du général, Choguel Maïga. Le nouveau premier ministre « garde jalousement son marocain de l’Administration Territoriale », ajoute le site d’information burkinabé. «Il lance ainsi le signal clair que la moindre parcelle du Mali sera sous contrôle, tout comme les élections prévues pour 2025 ». Wakatsera juge toutefois qu’il est désormais « peu probable que les dates des scrutins soient maintenues, compte tenu des derniers évènements politiques qui se sont succédé à Bamako ».
« Nouvelle décevante »
On reste au Burkina pour l’annulation du festival Jazz à Ouaga. « La 32ᵉ édition est annulée » annonce LeFaso.net.« Sans donner de raison », ajouteApanews,« le comité d’organisation dit s’être retrouvé dans l’obligation d’annuler cette 32ᵉ édition » et « a présenté ses excuses aux amoureux de la musique pour cette « nouvelle décevante » qui tombe à quelques heures de la cérémonie d’ouverture du festival ». « Festival », précise Apanews, « qui avait été suspendu ces deux dernières années. L’annonce de sa reprise, début novembre, avait suscité l’engouement des mélomanes. » Enfin, en Côte d’Ivoire, Fraternité Matin remarque que « les raisons précises de cette décision n’ont pas été mentionnées », mais que « le comité d’organisation évoque une obligation, laissant entrevoir des contraintes majeures ».
« Algérie verrouillée »
Enfin, en Algérie, l’arrestation de Boualem Sansal, suscite l’inquiétude d’une partie de la presse. C’est surtout le Matin d'Algérie qui exprime cette inquiétude. L’écrivain franco-algérien « a été arrêté le 16 novembre, à l’aéroport d’Alger, en provenance de Paris. Sa famille est depuis sans nouvelle de lui », ajoutele Matin d’Algérie, qui se demande « pourquoi ce mystérieux enlèvement a lieu en ce moment », et parle «d’une arrestation manifeste », « dans cette Algérie verrouillée comme une huile par un pouvoir diablement paranoïaque ». « Boualem Sansal est l’un des plus grands écrivains algériens », ajoute le journal. « Son arrestation ne fera pas plus briller la réputation de l’Algérie. Elle est une insulte à la création et à la liberté de penser ».
Fri, 22 Nov 2024 - 859 - À la Une: Choguel Maïga renvoyé !
Un Premier ministre devrait-il dire ça ? C’est la question que nous nous posions hier dans cette même revue de presse. Eh bien, nous avons la réponse, c’est non… : quatre jours après avoir vertement critiqué la junte militaire, Choguel Maïga a été limogé hier (mercredi) soir.
« Le Premier ministre éjecté de son fauteuil », s’exclame Malijet. « Dans un flash spécial diffusé sur la chaîne nationale, Alfousseini Diawara, secrétaire Général de la présidence, a annoncé la destitution du locataire de la primature, Choguel Kokalla Maïga, par un décret signé par le président de la transition, le Général Assimi Goita. Cette décision met fin aux fonctions du Premier ministre ainsi qu’aux membres de son gouvernement. »
Pour Sahel Tribune, autre média malien, c’est logique : « Choguel Maïga a été au centre de controverses répétées ces derniers mois. Son discours devant les militants du M5-RFP, samedi dernier, jugé incendiaire par de nombreux observateurs, a exacerbé des tensions déjà palpables entre les différentes institutions et les acteurs politiques du pays. Ses propos, où il dénonçait des “dysfonctionnements institutionnels“ et appelait à une “vigilance face aux rivalités“, ont été perçus comme une tentative de division plutôt qu’un appel à l’unité. »
Quelles suites ?
Et maintenant ?, s’interroge Sahel Tribune : « qui prendra les rênes du gouvernement? Quelle sera la nouvelle orientation politique? Et surtout, comment cette décision impactera-t-elle la dynamique entre les forces civiles et militaires? Le limogeage complet du gouvernement pourrait marquer une réorganisation profonde du pouvoir exécutif,estime le site malien. Le prochain Premier ministre devra relever des défis colossaux : réconcilier une classe politique fragmentée, apaiser les tensions sociales, poursuivre la refondation des institutions, et maintenir le cap vers des élections démocratiques. »
Afrik.com s’interroge également : « quel sort sera réservé à Choguel Maïga ? Quelle posture sera désormais la sienne sur l’échiquier politique malien ? Bien des analystes estiment que son acte est bien calculé pour lui assurer sa survie politique. Attendons de voir. »
Jeune Afrique enchaîne : « plus isolé que jamais, Choguel Maïga a-t-il joué son va-tout en passant à l’offensive contre les généraux, à l’heure où plusieurs signaux laissent penser que des élections pourraient avoir lieu au Mali dans les mois à venir ? Il pourrait en tout cas tenter d’apparaître comme une alternative à la transition menée par les hauts gradés. »
Aux oubliettes ?
Pour L’Observateur Paalga au Burkina Faso, il n’est pas certain que l’ex-Premier ministre malien survive politiquement à son limogeage… « Choguel Maïga a eu beau jeu de faire feu sur les généraux pour se faire une nouvelle “virginité politique“, mais n’a-t-il pas contribué à pourrir la situation au temps d’IBK avec d’autres forces, comme le Haut Conseil islamique du Mali, avec à sa tête l’imam Dicko, chose qui avait amené les militaires à “prendre leurs responsabilités“ ? N’est-ce pas le même Maïga qui ne pouvait pas voir les soldats en peinture et qui a fini par se mettre à leur service, poussé sans doute par une certaine ambition dévorante? Pour ainsi dire, il était très mal placé pour cracher dans la soupe kaki après s’en être goulûment délecté pendant plus de trois ans. Et si son objectif était de se mettre en réserve de la République dans la perspective du “retour à une vie constitutionnelle normale“, il se berce d’illusions, car sauf tremblement de terre on ne voit pas trop comment le général Assimi Goïta va lâcher l’affaire. »
Une page se tourne…
Pour Ledjely en Guinée, l’avenir s’annonce en effet compliqué pour l’ex-Premier ministre : « les militaires laisseront-ils le très politique Maïga jouer de nouveau à l’opposant ? Les chances que la junte soit si indulgente sont très minces. D’ores et déjà, certains évoquent l’hypothèse de poursuites judiciaires contre Choguel Maïga. »
Le mot de la fin pour le quotidien Aujourd’hui à Ouagadougou : « Choguel Maïga a-t-il oublié qu’il n’était que la vitrine civile policée d’un pouvoir militaire ? (…) Malgré les services rendus à la Transition, il a cru qu’il pouvait fixer l’agenda de celle-ci ! Le choc des timings a fait voler en éclat ce bel attelage civilo-militaire, en verve sur le plan diplomatique et en interne. On peut dire qu’une page se tourne (au Mali), la nouvelle est pleine d’incertitudes et de défis majeurs qui éloignent l’horizon des élections. »
Thu, 21 Nov 2024 - 858 - À la Une: Mali, un Premier ministre devrait-il dire ça?
C’est la question que se posent nombre de Maliens depuis le week-end dernier… Depuis le discours, lors d’un meeting, de Choguel Maïga. C’était à l’occasion de la commémoration du premier anniversaire de la reprise de Kidal aux rebelles touaregs, un discours de deux heures au cours duquel le Premier ministre malien a vertement critiqué la gestion de la transition par les militaires au pouvoir à Bamako. Il a ainsi dénoncé l’opacité totale autour du calendrier électoral et a laissé entendre qu’il n’était pas consulté.
Depuis, « la scène politique est en ébullition », s’exclame Maliweb. « Les mouvements proches des militaires exigent la démission de Choguel Maïga », pointe Le Républicain. « Le Premier ministre fait face à une pression accrue suite à ses critiques publiques envers les autorités de transition. Le Collectif pour la Défense des Militaires le qualifie de "traître" et exige sa démission dans les 72 heures pour "haute trahison". D’autres organisations, telles que l’Alliance pour la Refondation du Mali, dénoncent le discours du Premier ministre comme une tentative de "déstabilisation de la transition". Le mouvement Unis pour le Mali appelle les autorités à nommer un nouveau chef de gouvernement capable de rassembler ».
Isolé, polarisé ?
Alors quelle mouche a donc piqué Choguel Maïga ?
Maliweb a recueilli l’avis de l’analyste politique, Cheick Oumar Konaté, qui fréquente le Premier ministre depuis trois décennies. D’après lui, « Choguel Maïga souffre depuis un an d’être isolé au sein du pouvoir. (…) Il veut obliger le président de la Transition à choisir : soit il le limoge, soit il lui restitue ses pouvoirs de Premier ministre». Et il aurait intérêt à le faire, estime-t-il, car « Choguel Maïga est l’un des rares hommes politiques maliens capables de tenir la dragée haute aux puissances occidentales qui entendent faire payer au Mali sa politique d’émancipation nationale ».
Sahel Tribune,autre média malien, a une toute autre approche : « Choguel Maïga, dans son discours, évoque des "guéguerres sous fonds de sourde rivalité", laissant entendre que ces tensions freinent les avancées. Mais n’est-il pas lui-même une partie du problème ?,s’exclame le site malien. Son leadership, souvent marqué par des postures théâtrales et des déclarations tonitruantes, semble davantage orienté vers la polarisation que vers le rassemblement. Loin d’incarner une boussole pour la Transition, il devient parfois un élément de confusion, nourrissant le doute sur la capacité des institutions à travailler de concert ».
Pari risqué…
« Coup de blues ou de poker ? », s’interroge pour sa part Jeune Afrique. « Choguel Maïga a surtout voulu tester son envergure politique et évaluer ses chances de bien figurer à l’avenir,affirme le site panafricain. La fin de l’année dira si l’actuel chef du gouvernement a impressionné ceux qu’il critique, au point de retrouver un peu d’envergure politique, s’il devra passer pas un rétropédalage en forme de mea-culpa public pour se maintenir à son poste, ou bien s’il bouclera ses bagages en espérant rebondir dans une après-transition encore floue ».
« Pari risqué pour Choguel Maïga », commente Ledjely en Guinée : « se sentant en mauvaise posture, le Premier ministre malien veut créer les circonstances de la régénération de son aura perdue auprès d’une certaine opinion publique malienne. Autrement dit, jouer le héros et défenseur des causes justes, en enfonçant les militaires et provoquer de ce fait son limogeage ».
Mais cette stratégie est bien hasardeuse, pointe le site guinéen : « d’abord, parce que Choguel Maïga lui-même a aidé à réduire l’opposition malienne à sa plus simple expression. Ainsi, il n’y a plus grand-monde sur qui il pourrait compter dans la perspective de sa reconversion, de Premier ministre à opposant. Ensuite, parmi les opposants qui demeurent encore sur place, beaucoup pourraient ne pas lui pardonner justement le rôle nocif qu’il aura joué dans l’extinction du débat libre et de la contradiction dans le pays. Bref,conclut Ledjely, il pourrait bien perdre son poste et ne pas pouvoir, comme il l’espère, rebondir».
Le site malien Bamada s’interroge également :« le Premier ministre pourrait-il redevenir une figure centrale de la politique malienne, ou cette sortie marquera-t-elle la fin de son influence ? Est-il en train de se préparer à un nouveau rôle dans la transition ? ».
En tout cas, hier, Choguel Maïga était toujours en poste : il a présidé à la primature la réunion du conseil de cabinet avec les membres du gouvernement.
Wed, 20 Nov 2024 - 857 - À la Une: une nouvelle Constitution pour le Gabon
Le référendum de samedi dernier a rendu son verdict : « le "Oui" sort grand vainqueur,s’exclame L’Union à Libreville, tout comme l’abstention. On leur demandait de dire si "Oui" ou "Non" ils adhéraient au projet de Constitution soumis à leur appréciation. Samedi, les électeurs gabonais ne se sont certes pas bousculés dans les centres de vote, mais selon les résultats officiels le "Oui" a tout ravi ou presque sur son chemin » : avec près de 92% des suffrages.
Reste que, malgré ce score écrasant, « la défiance est apparue au grand jour,estime le site Gabon Review. À la faveur du référendum constitutionnel, les Gabonais l’ont exprimée. De façon solennelle. Selon les chiffres officiels, le taux de participation s’est élevé à 53,54 %, le "Oui" l’ayant emporté avec près de 92 % des suffrages exprimés. (…) La nouvelle Constitution aura donc été validée par moins de 50% des inscrits. Au-delà des querelles statistiques, une large frange du corps électoral a refusé de donner son imprimatur à ce texte, pourtant si essentiel. Loin des débats sur les méthodes de calcul, de nombreux compatriotes ont succombé au fatalisme, faisant le choix de rester chez eux, quitte à laisser d’autres décider pour eux et de leur avenir ».
En tout cas, pointe Jeune Afrique, « une fois les résultats définitifs confirmés par la Cour constitutionnelle, la prochaine étape sera la tenue d’une élection présidentielle, prévue en août de l’année prochaine, pour mettre un terme à la transition. Le général Oligui Nguema a promis de rendre le pouvoir aux civils, mais il ne cache pas ses ambitions présidentielles. "Nous sommes là pour construire le pays et ce pays, on va le construire ensemble", a-t-il récemment déclaré ».
Tous les pouvoirs ?
Le Pays au Burkina est partagé… D’un côté, le journal souligne « l’avancée démocratique majeure que porte le texte : celle de la limitation des mandats présidentiels. Aux termes de la nouvelle Constitution, le président est, en effet, élu pour 7 ans renouvelables une seule fois». Mais d’un autre côté, pointeLe Pays, « le nouveau texte n’est pas sans soulever de vives inquiétudes. La nouvelle Constitution supprime le poste de Premier ministre ; ce qui, de facto, concentre tous les pouvoirs dans les mains du président même s’il est prévu un vice-président. On craint donc que le général Brice Oligui Nguema qui ne fait plus mystère de ses ambitions présidentielles, se soit taillé un costume sur mesure ». Bref, conclut le journal, « le balayeur est prêt, contrairement à ses promesses, à s’installer dans la maison après l’avoir balayée ».
Contagion kaki ?
Pour Ledjely en Guinée, le pouvoir kaki s’implante durablement sur le continent…
« Au Gabon, on risque de passer d’un total de 55 ans de pouvoir civil – certes d’une seule famille – à un pouvoir militaire. Parce que cette nouvelle Constitution permet bien au général Clotaire Oligui Nguema de se porter candidat. (…) De même, en Guinée, même si le président de la Transition avait initialement promis qu’il n’entendait pas se porter candidat, les signaux qui sont aujourd’hui renvoyés à travers tous les mouvements de soutien qui évoluent sur le terrain donnent à croire que ces promesses ne prévalent plus. Or, là aussi, en l’absence d’une véritable opposition, le général Mamadi Doumbouya remportera la prochaine présidentielle. Et il en sera sans doute de même au Mali et au Burkina Faso,s’exclameLedjely. D’autant que dans ces deux pays, la crise sécuritaire servira de prétexte suffisant pour justifier que les présidents de Transition, présentés comme plus aptes faire face à un tel défi, demeurent encore en place. Dans une moindre mesure, les mêmes arguments prévaudront en faveur du général Abdourahamane Tiani, au Niger ».
Et attention, prévient Ledjely : « la perspective(d’une contagion kaki sur le continent)est d’autant plus à redouter qu’au niveau mondial, le modèle démocratique inspiré de l’Occident est aujourd’hui ébranlé par l’émergence de leaders très peu enclins à se conformer aux principes qui faisaient office de standards depuis la Seconde guerre mondiale. Se sentant floué par les politiciens, dits de métier, le monde se tourne désormais vers des leaders dits forts et franc-parleurs. Quitte à ce qu’ils soient excentriques, populistes, autocrates ou complotistes. Or,soupire le site guinéen, en Afrique, des leaders qui cochent toutes ces cases, on en trouve plutôt dans les armées. Il y a donc quelques raisons de s’inquiéter ».
Tue, 19 Nov 2024 - 856 - À la Une: le Pastef «haut la main»
C’est le grand titre du quotidien 24 Heures à Dakar. Le parti au pouvoir remporte donc largement les élections législatives qui avaient lieu hier. Les résultats provisoires sont attendus dans les heures qui viennent. Mais d’ores et déjà, les projections avancées par les médias sénégalais ne laissent place à aucun doute. Le Pastef va disposer d’une écrasante majorité. D’après le site d’information Dakar Actu, le parti présidentiel raflerait près de 80% des sièges à l’Assemblée, soit 131 députés sur 165. « Entre 126 et 132,avance pour sa part le site Seneweb. Arrive ensuite Takku Wallu, avec des estimations comprises entre 7 et 14 députés pour la coalition dirigée par Macky Sall. Jamm Ak Njarin d’Amadou Ba devrait avoir entre 5 et 8 députés. Et Samm Sa kaddu, qui regroupait une grande partie de l’opposition, n'aurait que 2 députés, alors que le reste des coalitions/partis devrait se contenter de deux autres places ».
D’ailleurs, les partis d’opposition ont reconnu leur défaite…
Un tournant…
Commentaire de 24 Heures : « le Sénégal a une fois de plus démontré sa maturité démocratique (…). Le parti Pastef, dirigé par Ousmane Sonko, a remporté une victoire éclatante, marquant un tournant significatif dans l’histoire politique du pays. Ce qui est particulièrement remarquable, c’est la manière dont cette victoire a été saluée par les principaux adversaires politiques, témoignant d’un respect profond pour les valeurs démocratiques ».
Et le quotidien dakarois de se féliciter de la victoire du parti présidentiel : « seul le Pastef sort la tête de l'eau et reste dans la dynamique des Présidentielles. Parce que non seulement la cohérence était au rendez-vous sous la houlette d’Ousmane Sonko, la continuité aussi, et les promesses enfin. Ce n’est pas rien face au néant qu’il y avait en face. Àforce vouloir répondre au leader de Pastef sur un terrain que ce dernier maîtrise à merveille, beaucoup de candidats se sont fourvoyés ».
L’essai de la présidentielle transformé
Pourquoi un tel score ? « Cette tendance, qui vient confirmer les résultats de la présidentielle, était prévisible », pointe WalfQuotidien.
Walf qui a interrogé plusieurs spécialistes :« enseignant-chercheur à la faculté de droit de l’Ucad, Serigne Thiam estime que cela s’explique d’abord par le fait qu’entre la dernière présidentielle et les législatives anticipées, l’esprit de vote des Sénégalais qui avaient donné la victoire à ce pouvoir n’a pas trop changé. Autre enseignant-chercheur, Daouda Ngom estime que ces tendances favorables à Pastef sont constitutives d’une matérialisation d’un discours de “rupture au sommet de l’État“. Selon lui, les électeurs ont exprimé leur souhait de se départir définitivement d’un système et de donner plein pouvoir au régime actuel. “C’est une question de continuité et de confiance renouvelée“, affirme-t-il. Pour sa part, le spécialiste des médias, Ibrahima Bakhoum pointe la pléthore de listes : “quand on a 41 listes avec des bulletins qui se ressemblent, dit-il, l’électeur est complètement déboussolé. Certains sont restés chez eux. C’est un scrutin qui n’a pas atteint le niveau qu’on aurait pu être en droit d’attendre, mais qui a été beaucoup plus calme que ce que l’on craignait“ ».
Moins d’un électeur sur deux s’est déplacé…
En effet, la participation est en berne. Un peu de moins de 50%... WalfQuotidien nous explique pourquoi : « d’abord, il y a cette proximité entre les deux élections de mars et novembre. La lassitude faisant son effet, il y a, dans toutes les démocraties, une tendance à se détourner des urnes pour vaquer à ses occupations élémentaires. Ensuite, il y a que, depuis 2012, cette campagne de novembre 2024 a battu tous les records de violences, autant verbales que physiques. (…) Il s’y ajoute que 41 listes pour un corps électoral d’un peu plus de 7 millions d’inscrits cela faisait un peu trop. »
Alors, préconise WalfQuotidien, « pour mieux réenchanter le peuple et offrir une plus grande légitimité aux gouvernants, un certain nombre de correctifs s’imposent, notamment l’instauration d’un bulletin unique, le maintien de la caution et l’espacement des scrutins, à défaut d’un couplage. Le décalage des élections, outre le coût inhérent à l’organisation, donne au citoyen l’impression d’une campagne électorale permanente si ce n’est d’une routine qui, comme tout le monde le sait, tue l’envie. Et partant, tue la démocratie ».
Mon, 18 Nov 2024 - 855 - À la Une: un match retour au Sénégal
Dernier jour de campagne avant les élections législatives anticipées de dimanche... Une « 2e mi-temps », dit Wakat Séra, entre le Premier ministre Ousmane Sonko, tête de liste du Pastef, et l'ancien président Macky Sall, qui défend la coalition d'opposition Takku Wallu. « Il compte donner la preuve, écrit le site d'informations burkinabè,qu’après le pouvoir, il y a encore le pouvoir. Sans avoir quitté le Maroc, le prédécesseur de Bassirou Diomaye Faye rassemble large autour de lui, pour faire garder à l’opposition la propriété de l’Assemblée nationale. » « Entre Macky Sall et Ousmane Sonko, qui gagnera cette nouvelle confrontation ? » s'interrogeWakat Séra. « Les deux capitaines ont gardé les mêmes maillots », mais « l’opposition est devenue le pouvoir, et le pouvoir est devenu l’opposition. Seul l’arbitre, en l’occurrence le peuple, est resté le même. »
« Au-delà des ambitions entièrement politiques, il se joue derrière ces législatives, des destins personnels avec en toile de fond, des instincts revanchards », analyse Le Pays, toujours depuis Ouagadougou. « Pour le duo Ousmane Sonko-Diomaye Faye, il s’agit de faire rendre gorge à l’ancien chef de l’État, Macky Sall, qui lui a rendu la vie dure », rappelle le quotidien burkinabè. Et pour l'ex-président, « qui n’a certainement pas encore digéré d’avoir été éconduit du palais présidentiel, estime Le Pays, il s’agit d’abord de se mettre à l’abri de tout tracas judiciaire ».
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Les violences de la campagne ont relégué les débats au second plan
« Quatre coalitions tenteront d'engranger le maximum de députés », résume le quotidien burkinabè, avec un « match dans le match pour deux d'entre elles ». « Pour Takku Wallu et les autres, il s'agira d'imposer une cohabitation et un Sénégal quasi ingouvernable pour le Pastef », analyse Aujourd'huiau Faso, qui précise que « la commission électorale autonome s'est dit prête pour le grand jour » : « Les défis logistiques et organisationnels ont été quasiment relevés ; les urnes, isoloirs et le personnel sont aussi fin prêts ». Reste donc à attendre l'issue de ces élections, après une campagne qui « s'est transformée en un théâtre de tensions où la violence a éclipsé les débats d'idées », regrette Seneplus. « Pourtant, beaucoup de citoyens espéraient assister à des débats prometteurs », assure le site internet sénégalais, en précisant que « les enjeux abordés dans les rares moments de débat avaient une importance capitale. La dette publique, le déficit budgétaire, la fiscalité et la gestion des ressources minières et énergétiques sont autant de questions qui méritent un examen approfondi. » Mais « les promesses de changements radicaux, portées par chaque camp, ont été éclipsées par des stratégies de dénigrement et des attaques personnelles », ajoute encore Seneplus, qui garde donc « un goût amer » de cette campagne.
« Quelles que soient les motivations de ces violences, poursuit Le Pays, elles sont indignes du Sénégal qui était resté jusque-là présenté comme un phare démocratique sur le continent. La classe politique n’a pas le droit de vendanger l’héritage patiemment bâti par les pères fondateurs », prévient Le Pays, qui conclue que, « pour toutes ces raisons, le Sénégal ne doit pas décevoir ».
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Dérive autoritaire au Bénin ?
Comme le rapporte La Nouvelle tribune, l'ONG assure que la détention de ce professeur de droit est « arbitraire ». Amnesty International se fonde sur la conclusion, qui vient d'être rendue publique, du groupe de travail sur la détention arbitraire des Nations unies. Il estime que Joël Aïvo a été « incarcéré en raison de sa mobilisation et de son engagement politique en faveur de la démocratie », rapporte Le Monde Afrique. Le journal français rappelle que ce « constitutionnaliste a été condamné, en décembre 2021, à dix ans de réclusion criminelle et à près de 68 000 euros d’amende pour "blanchiment de capitaux" et "atteinte à la sûreté de l’État" ». Mais « pour de nombreuses ONG internationales, cette condamnation, ajouteLe Monde Afrique, illustre la dérive autoritaire depuis l’arrivée au pouvoir de Patrice Talon ». Le quotidien précise d'ailleurs que « le jour même » où l'avis du groupe de travail sur la détention arbitraire a été rendu sur le cas de Joël Aïvo, « Louis-Philippe Houndégnon, l'ancien directeur général de la police nationale, a été interpellé par un commando armé à son domicile ». « Ces dernières semaines, précise Le Monde Afrique, d’anciens proches du président ont également été arrêtés et incarcérés à la prison de Cotonou ».
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Fri, 15 Nov 2024 - 854 - À la Une: au Soudan, la guerre oubliée…
« C’est sans doute le conflit le plus dévastateur du moment, mais il passe largement sous les radars de la diplomatie, des médias et des protestations populaires », relève Le Monde Afrique. Il s’agit de la guerre civile au Soudan. Une guerre qui a « probablement causé la mort de plus de 150 000 civils du fait des bombardements et des massacres, de la famine et des épidémies qui s’ensuivent. Elle a obligé 13 millions de personnes, soit près d’un habitant sur quatre, à fuir de chez elles. (…) Depuis dix-huit mois, les FSA, les forces armées du Soudan, dirigées par le général Abdel Fattah Al-Bourhane, et les FSR, les milices paramilitaires des Forces de soutien rapide, menées par le général Mohammed Hamdan Daglo, dit "Hemetti", ont entraîné le pays de 49 millions d’habitants dans une spirale de violence dont personne n’entrevoit le dénouement. »
« Cela doit cesser ! »
Et Le Monde Afrique de hausser le ton : ce « long cauchemar des Soudanais, ponctué de bombardements aériens, de massacres, de viols, d’épidémies, de deuils, sur fond de crise humanitaire, doit cesser. Cela suppose de bloquer le flux continu d’armes qui alimente les protagonistes et de reprendre le chemin de la médiation, abandonné en octobre. Mais les pressions internationales qui, seules, peuvent ramener le Soudan sur la voie de la paix exigent elles-mêmes que les opinions publiques cessent d’accepter que ce pays soit abandonné à son sort. Il est courant de citer l’Ukraine et le Proche-Orient comme les deux guerres en cours les plus préoccupantes. La moindre des choses serait de ne pas oublier celle qui ravage le Soudan. »
L’ONU impuissante ?
Justement, pour la première fois depuis le début de la guerre au Soudan il y a plus d’un an et demi, un groupe d’experts du Conseil de sécurité des Nations unies est à Port-Soudan. Une visite de trois jours qui « vise à examiner la situation sur le terrain. »
Ça n’est pas trop tôt !, s’exclame Le Pays au Burkina Faso. « Plus de dix-huit mois ! C’est le temps qu’il aura fallu aux Nations unies pour envoyer une délégation d’experts au Soudan où la guerre fait rage (…). » Qui plus est, pointe le quotidien ouagalais, « rien ne garantit que cette visite des experts onusiens (…) permettra de faire bouger les lignes dans le sens de la désescalade tant espérée. Autant dire que c’est une mission pour se donner bonne conscience. Car, en trois jours, on ne voit pas ce que ces experts peuvent poser comme actes concrets sur le terrain pour changer la donne. On est d’autant plus poussé au pessimisme,soupire encoreLe Pays, que l’objectif de cette mission est de rencontrer les instances nationales chargées de l’application d’une vieille décision de l’ONU, en l’occurrence la décision 1591 de 2005 portant embargo sur les armes à l’encontre de personnes ou d’entités non-étatiques au Darfour, comme les Janjawid. Une situation qui en dit long sur le fonctionnement de l’organisation mondiale qui fonde pourtant les espoirs des plus faibles. C’est pourquoi,conclut le quotidien burkinabé, au-delà de cette mission, on attend de voir comment l’ONU pourra se sortir du bourbier soudanais. »
Un consensus ?
Certes, constate le site Afrik.com, « la délégation onusienne entend examiner de près les défis actuels à l’application de cette résolution. »Mais« non sans dialoguer avec les responsables de la sécurité soudanaise et les organisations locales. En incitant les acteurs locaux à trouver un consensus, l’ONU espère promouvoir une désescalade des tensions et la mise en place de mesures de stabilisation. Le Conseil de sécurité envisage de présenter un rapport détaillé à l’issue de cette mission de terrain, qui servira de base pour de futures décisions. Selon plusieurs sources diplomatiques,relève encoreAfrik.com, ce rapport pourrait recommander des ajustements à la résolution 1591, notamment en matière de sanctions ciblées et d’embargos sur les armes, pour mieux répondre aux nouvelles réalités du conflit. »
« La résolution doit venir des Africains ! »
Enfin, on revient au Monde Afrique qui publie, outre son éditorial, toute une série de reportages consacrés à cette guerre civile dévastatrice. Et cet entretien avec Mo Ibrahim. Le milliardaire anglo-soudanais estime que le Conseil de sécurité de l’ONU devrait s’impliquer davantage dans la guerre civile au Soudan. « L’Afrique, dit-il, doit demander aux Nations unies l’envoi d’une force internationale pour protéger les Soudanais. Le Conseil de sécurité doit adopter une résolution très claire, qui doit permettre d’assécher les sources d’approvisionnement en armes et en financement des deux camps, à travers par exemple un nouvel embargo sur les armes. Une résolution qui permette aussi d’établir des zones protégées. (…) Le Conseil de sécurité est polarisé entre l’Occident et la Russie, et parfois la Chine,constate Mo Ibrahim. La solution doit donc venir des membres africains du Conseil. Si l’idée d’une résolution vient du continent, ni les États-Unis, ni la Chine, ni la Russie n’opposeront leur veto. »
Thu, 14 Nov 2024 - 853 - À la Une: une fin de campagne électorale sous haute tension au Sénégal…
À quelques jours des législatives de dimanche, les incidents se sont multipliés en début de semaine, entre militants du Pastef, le parti du Premier ministre Ousmane Sonko, et ceux de l’opposition, notamment du parti Samm Sa Kaddu de Barthélemy Dias.
Lundi, relève le site d’information Senego, « une manifestation politique à Saint-Louis a dégénéré en violences, entraînant des blessés parmi les participants. »
« Plusieurs arrestations ont été effectuées, par la suite,précise Walf Quotidien, dans les rangs des militants de l’inter-coalition Samm Sa Kaddu/Takku-Wallu et ceux du parti Pastef. » Des armes ont été saisies.
Et du côté du pouvoir, le ton est monté… avant de redescendre…
« Après des déclarations virulentes appelant à la "vengeance proportionnelle" contre les agressions subies par son parti Pastef, le chef du gouvernement Ousmane Sonko a finalement exhorté hier, ses militants à la retenue,relève le site Seneplus. "N’attaquez personne, ne frappez personne, ne provoquez personne. Désactivez tout mais qu’on reste vigilant", a déclaré le Premier ministre dans la soirée. Des propos qui contrastent avec sa dernière sortie où il affirmait que "Barthélémy Dias et sa coalition ne devaient plus battre campagne dans ce pays". »
Œil pour œil, dent pour dent…
Reste que la sortie plutôt musclée du Premier ministre sénégalais a frappé les esprits dans la presse sénégalaise et dans la presse de la sous-région…
« Force est de reconnaître que nos "héros" semblent marcher sur la tête,s’indigne le quotidien24 heuresà Dakar.(…)On a déterré la hache de guerre et ressuscité la loi du talion comme dans la jungle. On se rend coup sur coup. Œil pour œil, dent pour dent. Le thermomètre n’en finit plus de grimper dangereusement. Et ça craint très sérieusement pour la paix sociale et la cohésion nationale(…). La question qui brûle les lèvres aujourd’hui, poursuit 24 Heures, c’est de savoir de quoi demain sera fait. C’est aussi et surtout de savoir si le scrutin pourra survivre à un tel déchaînement de violences et de haine morbide et à de tels dérapages verbaux gratuits. »
« Un Premier ministre ne devrait pas dire ça… », renchérit L’Observateur Paalga au Burkina Faso. « On a, en effet, le sentiment que Sonko n’habite pas encore tout à fait la fonction de Premier ministre. Certes, il est le patron d’un parti en compétition, mais il devrait faire l’effort d’être au-dessus de la mêlée et ne pas encourager la violence. Or avec cette sortie, il contribue à exacerber des tensions qui sont déjà suffisamment palpables. »
Le quotidien Aujourd’hui insiste : « Quelle mouche du coche a donc piqué Ousmane Sonko, le Premier ministre du Sénégal pour qu’il en arrive à cette dérive langagière ? »
« Il est au pouvoir, mais Ousmane Sonko doit s’imaginer encore dans l’opposition,renchérit Ledjely en Guinée. C’est la seule explication possible à l’appel à la vengeance qu’il a lancé en direction de ses partisans du Pastef. »
Une « accalmie de façade » ?
Ousmane Sonko est donc, par la suite, revenu sur ses propos…
« Le dégel », titre WalfQuotidien. « Sonko appelle à l’apaisement. Le leader de Pastef a mis de l’eau dans son bissap. Il a modéré son discours et demandé à ses militants de poursuivre la caravane sans répondre par la violence. »
Désormais, « la classe politique est face à ses responsabilités », relève Sud Quotidien.
« Après l’escalade, une accalmie de façade ? », s’interroge Vox Populi.
Enfin, on revient au quotidien 24 Heures, pour qui il faut vite tourner la page : « Au moment où certains(sinistrés par les inondations)pataugent encore dans les eaux et n’ont que leurs yeux pour pleurer devant l’immensité des dégâts. Au moment où des millions de paysans ont perdu la voix face à des récoltes qui ne sont pas à la hauteur des espoirs caressés en début d’hivernage. Au moment où enfin, tout le monde constate avec désolation l’escalade qui frappe les prix des denrées de première nécessité. C’est dire s’il y a du lourd, du très lourd même dans l’agenda gouvernemental. N’ajoutons donc pas une seconde escalade à celle-là, une angoisse supplémentaire à l’angoisse déjà présente, s’exclame24 Heures. Tournons vite la page des joutes verbales et des confrontations violentes et laissons le bulletin de vote faire le reste. »
Wed, 13 Nov 2024 - 852 - À la Une: nouveau souffle à Maurice…
« Nouveau souffle », c’est le grand titre du quotidien mauricien L’Express. « Fin du suspense », pointe le journal qui égraine, dans les 21 circonscriptions, les résultats des élections législatives de dimanche. « Les chiffres officiels pour la circonscription n°6 sont tombés(en dernier)après 1 heure du matin. Et ils confirment la grosse victoire des candidats de l’Alliance du changement », s’exclame L’Express. Le parti d’opposition de l’ancien Premier ministre, Navin Ramgoolam rafle donc la mise. Dans la foulée, le chef du gouvernement, Pravind Kumar Jugnauth, a reconnu sa défaite.
« L’île sœur change de majorité politique », peut-on lire sur le site Linfo, à La Réunion voisine. « Dans les rues de Maurice, l’ambiance est à la célébration. 14 ans après son dernier mandat, Navin Ramgoolam fait son grand retour au poste de Premier ministre. Les urnes ne trompent pas, les Mauriciens cherchaient du changement », pointe le site réunionnais qui cite ce militant :« C’est un message fort pour la démocratie et contre la mafia, affirme-t-il. Oui à une île Maurice où il fait bon vivre. »
Érosion démocratique ?
Pourtant, le Premier ministre sortant Pravind Kumar Jugnauth s’était présenté à ce scrutin en position de force, pointe Jeune Afrique. « Fort, en effet, de la conclusion début octobre d’un accord "historique" entre Maurice et Londres sur la souveraineté de l’archipel des Chagos, vu comme un succès majeur pour le gouvernement mauricien après plus d’un demi-siècle de litige. Mais son espoir de profiter de cet accord dans les urnes a été rapidement douché, relève le site panafricain, lorsque des extraits de conversations téléphoniques d’hommes politiques, de membres de la société civile, de diplomates et de journalistes ont fuité sur les réseaux sociaux courant octobre(des conversations, largement partagées sur Facebook, qui mettaient en cause des figures proches du Premier ministre, à l’approche du scrutin).En réaction, les autorités avaient annoncé le 1er novembre le blocage des réseaux sociaux jusqu’au lendemain du scrutin, avant de se raviser face à l’indignation de l’opposition et des médias. Une initiative malheureuse,commenteJeune Afrique, qui a encore ajouté à l’inquiétude de certains observateurs qui voient à Maurice des signes d’érosion démocratique. »
Reconnaître sa défaite : « Bravo ! »
En tout cas, « il faut saluer la maturité et le sens de responsabilités dont ont fait montre les acteurs politiques mauriciens, s’exclame Le Pays au Burkina Faso. C’est tout à leur honneur. Surtout que le parti au pouvoir et ses alliés ont eux-mêmes reconnu leur défaite, et félicité le vainqueur. Dans un continent où le mot d’ordre est de ne pas organiser des élections pour les perdre, la démarche du Premier ministre mauricien mérite d’être relevée et magnifiée,pointe Le Pays ; tant elle ne court pas les rues. Bien au contraire, la tendance est à la manipulation des résultats avec ce que cela provoque comme conséquences : contestation électorale, violences politiques, déchirures sociales, etc. Ces cas sont surtout légion dans les pays francophones où bien des dirigeants, refusant de s’imaginer une autre vie en dehors du pouvoir, rusent avec la démocratie, quand ils ne s’en soucient pas comme d’une guigne.(…) Cela dit,conclut le quotidien ouagalais, il ne reste plus qu’à encourager les acteurs politiques mauriciens à maintenir le cap de sorte à ne pas brader les acquis démocratiques dans leur pays connu pour être une nation politiquement et économiquement stable. Et pour cela, force doit, toujours et à toute épreuve, rester aux institutions. »
Transition en douceur ?
On s’oriente donc vers une « transition en douceur » à Maurice… C’est du moins ce qu’estime le site Afrik.com : « Le Premier ministre sortant a déclaré qu’il coopérerait avec les nouvelles autorités pour assurer la stabilité et la continuité des projets en cours.(…) Ce changement de dynamique politique ouvre la voie à une nouvelle phase de négociations et de compromis pour former un gouvernement stable. »
Reste, poursuitAfrik.comque« les enjeux économiques restent au cœur des préoccupations. Maurice, bien qu’ayant connu un développement significatif dans le secteur du tourisme, des services financiers et des technologies, doit faire face à une croissance plus lente, exacerbée par la crise mondiale. L’inflation, la montée du coût de la vie, ainsi que la gestion des ressources naturelles et de l’environnement sont des sujets qui préoccupent profondément les populations. En attendant,conclutAfrik.com, les citoyens mauriciens s’attendent à ce que la situation se calme rapidement et que les institutions politiques, telles que le Parlement et la présidence, jouent leur rôle dans la consolidation de la démocratie. »
Tue, 12 Nov 2024 - 851 - À la Une: l’Afrique frappée de plein fouet par le changement climatique
Depuis ces dernières années, le temps change sur le continent… Les sécheresses s’intensifient, suivies de pluies diluviennes qui provoquent inondations et glissements de terrain. Résultat : des récoltes réduites, donc des risques accrus de famine. Et des habitations et des routes détruites…
Le Monde Afrique prend l’exemple du Malawi. « Les phénomènes climatiques extrêmes se multiplient dans ce pays pauvre et enclavé d’Afrique australe, mettant en péril la sécurité alimentaire de ses habitants », relève le journal.
L’envoyé spécial du Monde Afrique constate les dégâts : « une cicatrice indélébile. L’océan de boue et de rochers éventre toujours le village de Ndala. Dix-huit mois après le passage du cyclone Freddy, cette bourgade du sud du Malawi en porte encore les stigmates. La tempête tropicale, d’une violence inouïe – le plus long cyclone observé dans l’hémisphère Sud –, a fait plus de 1000 victimes ou disparus au Malawi, en mars 2023. (…) Ici, un glissement de terrain a dévalé la montagne, à la nuit tombée, résultat de l’accumulation de quatre jours de pluies diluviennes. Les flots de la rivière Nanchidwa, chargés de pierres, ont alors balayé des dizaines de maisons, leurs habitants et le bétail. La balafre est encore clairement visible ; une brèche d’une quarantaine de mètres de large fend le village en deux. Autour de cet amas de roches, la vie fait du surplace ». Et, pointe encore Le Monde Afrique, « à Ndala, l’heure n’est pas encore à la reconstruction – environ 150 familles demeurent sans domicile. Et pour cause. Non seulement les boues ont enseveli les terres arables en contrebas, mais le Malawi subit cette année une sécheresse record, causée par le phénomène El Niño ».
Activistes climatiques réprimés…
Face à ces phénomènes climatiques, certains citoyens se mobilisent. Mais ils se heurtent parfois à des intérêts économiques et étatiques puissants. C’est le cas en Ouganda, relève Le Point Afrique. L’Ouganda « où le gouvernement n’en finit plus de réprimer les activistes climatiques du pays. Après l’arrestation début août de 47 personnes qui marchaient vers le Parlement pour remettre une pétition contre le très décrié méga projet pétrolier EACOP porté par TotalEnergies, la police de Kampala a, de nouveau, arrêté 21 militants, le 26 août. Ils tentaient de rejoindre le Parlement pour remettre une nouvelle pétition ».
Interrogée par Le Point Afrique, l’activiste climatique Mbabazi Faridah, dénonce les risques environnementaux du projet : « l’oléoduc doit s’étendre d’Hoima, dans l’ouest de l’Ouganda, à Tanga en Tanzanie, traversant des zones sensibles, affirme-t-elle – lacs, rivières et autres sources d’eau – le long de son tracé. Il y a des risques de déversements et de fuites de pétrole, qui pourraient entraîner une contamination du sol et des sources d’eau dans ces régions et, par conséquent, dévaster l’agriculture, nuire à la vie aquatique et affecter l’approvisionnement en eau potable des communautés situées le long du tracé de l’oléoduc ».
COP29 : la « grande hypocrisie » ?
Alors que faire face à ces phénomènes climatiques et à l’exploitation toujours plus intense des énergies fossiles, parfois au détriment de l’environnement ? La COP29 qui s’ouvre ce matin à Bakou en Azerbaïdjan va tenter d’apporter des réponses. Mais, dans les médias du continent, l’heure n’est pas à l’optimisme…
« COP29 à Bakou : la grande hypocrisie », s’exclame Le Pays au Burkina. « Ce sommet intervient dans un contexte géopolitique et économique marqué par une baisse tendancielle de la croissance mondiale, et par des contraintes et coupes budgétaires drastiques dans quasiment tous les pays. On comprend donc pourquoi, à l’échelle nationale, les gouvernements aient relégué, pour la plupart, le sujet de la crise climatique, au second plan dans l’ordre des priorités».
Les présidents des États-Unis, du Canada, de la France, de l’Allemagne, de la Russie aux abonnés absents, déplore le quotidien burkinabé…
Le Pays qui dénonce donc « l’hypocrisie de tous ces absents qui sont pourtant censés être les principaux acteurs dans la lutte contre la dégradation continue de l’environnement. Les Africains, qui sont les victimes collatérales pour ne pas dire innocentes du réchauffement climatique du fait de l’utilisation abusive des combustibles fossiles par les grandes puissances, les Africains ont raison d’en avoir ras-le-bol ».
Résultat, tempête Ledjely en Guinée : « l’Afrique devrait boycotter cette grande farce. (…) Les financements promis n’arrivent pas, en dépit des professions de foi sans cesse renouvelées. (…) L’Afrique devrait donc se détourner de ces rencontres où tout se limite aux grandes annonces ».
Mon, 11 Nov 2024 - 850 - À la Une: les affrontements entre police et manifestants au Mozambique
Une grande journée de mobilisation était prévue, jeudi 7 novembre, à Maputo, la capitale du Mozambique, à l'appel du principal opposant. Venancio Mondlane revendique la victoire aux élections générales du 9 octobre, et dénonce des irrégularités lors du scrutin. D'après les résultats officiels, il n'a remporté que 20% des voix, derrière Daniel Chapo, le candidat du Frelimo, le parti au pouvoir. Venancio Mondlane appelait donc à une «journée de libération du Mozambique » mais «des gaz lacrymogènes tirés par la police ont interrompu les manifestations », relate Africanews, qui précise que « des centaines de partisans ont été pris dans des échauffourées avec la police». «Les rues habituellement animées étaient désertées, précise le site internet Afrik.com, les commerçants fermés, les banques ont suspendu leurs activités », alors que la tension grandissait. La situation a d’ailleurs poussé l'Afrique du Sud à fermer temporairement son principal poste-frontière avec le Mozambique.
Après presque un mois de contestation, «au moins 20 personnes ont déjà trouvé la mort» : c'est ce qu"indique Wakat Séra, qui se demande combien de victimes faudra-t-il encore. « Tout porte à croire, selon le site d'information burkinabé, que face à la riposte musclée et disproportionnée qui lui est appliquée par les forces de l’ordre, le mouvement de protestation n’est pas au bout de sa lutte. Lassés des 50 années de règne sans partage du Frelimo, les manifestants semblent avoir résolument opté pour le changement ». Wakat Séra s'interroge encore : «À quand des règnes justes et des élections de paix en Afrique ? La question reste posée, estime le site burkinabé, surtout pour un Mozambique dont l’économie exsangue et des conditions de vie difficiles, ont poussé nombre de ses citoyens à migrer vers des cieux plus cléments ».
À cela s'ajoute une « crise sécuritaire », rappelleLe Pays, avec «l’insurrection islamiste» dans la province du Cabo Delgado. Le quotidien burkinabé appelle donc les protagonistes à la « raison », «aussi bien l’opposition qui doit comprendre que la rue n’a jamais été une solution durable et pérenne, que le pouvoir qui doit éviter de faire dans la répression aveugle». « Ces fortes tensions postélectorales sont la preuve que la démocratie au Mozambique a encore du chemin à parcourir, ajouteLe Pays. Et c’est ensemble que les acteurs politiques parviendront à la bâtir ».
Début de la campagne pour le référendum constitutionnel au Gabon
« Sauf tremblement de terre, le "Oui" devrait l'emporter », affirme Le Pays, pour qui «le doute n’est d’autant pas permis que le pouvoir aura tout mis en œuvre pour cette victoire dont le principal bénéficiaire n’est autre que le président Brice Clotaire Oligui Nguema». Le journal burkinabé rappelle que la nouvelle Constitution proposée par le gouvernement de transition prévoit « l’instauration d’un régime présidentiel, avec suppression du poste de Premier ministre ». « Le terrain est donc déjà balisé» pour Brice Clotaire Oligui Nguema, selon Le Pays, «puisqu’il est le seul membre de la transition autorisé à se présenter à la prochaine présidentielle». «À n’en point douter, ajoute le journal, la suppression du portefeuille du chef du gouvernement, vise, en réalité à lui donner les pleins pouvoirs ».
L'éditorial en Une du site internet du quotidien national gabonais est moins tranchant : ce référendum constitutionnel, prévu le 16 novembre, est un « rendez-vous politique majeur», est-il écrit sur l'Union. « Chaque camp, chaque citoyen, devra pouvoir s'imposer par la justesse et la pertinence de ses arguments». On sait que « l'objectif premier est de permettre au pays» de sortir du processus de transition, est-il encore précisé, avant de conclure : «Vu sous cet angle, l'idéal serait que le "Oui" l'emporte ».
Le Maroc compte toujours plus d'habitants
C'est le résultat du recensement pour 2024 : même si cet accroissement démographique ne fait que diminuer depuis 1960, la population a «plus que triplé» sur cette période, selon Le Matin. Le Maroc compte désormais 36 828 330 habitants. Une « dynamique démographique portée principalement par le milieu urbain », selon le quotidien marocain, qui précise que cinq régions abritent plus de 70% de la population, et sept grandes villes concentrent plus d'un tiers de la population urbaine du royaume : plus de trois millions d'habitants à Casablanca, plus d'un million à Tanger, Fès et Marrakech.
Fri, 08 Nov 2024 - 849 - À la Une: la victoire de Trump vue d’Afrique
« Du marocain Mohammed VI au congolais Félix Tshisekedi, en passant par le nigérian Bola Tinubu ou encore le bissau-guinéen Umaro Sissoco Embalo, plusieurs dizaines de chefs d’État africains ont salué la victoire de Donald Trump,relève Jeune Afrique. Des réactions souvent dictées par un pragmatisme parfois teinté de craintes des conséquences du retour du milliardaire à la tête des États-Unis ».
En fait, précise le site panafricain, « si le peu d’intérêt, voire le mépris, de Donald Trump à l’égard du continent pendant son premier mandat est de notoriété publique, il s’agit, pour les chefs d’État africains, d’appliquer à la lettre les principes de la realpolitik. Il est urgent de ne pas se fâcher avec un président américain aussi revanchard vis-à-vis de l’administration Biden-Harris que potentiellement imprévisible sur la scène internationale ».
RDC : la donne va-t-elle changer ?
Jeune Afrique prend l’exemple de la RDC : « le come-back de Trump risque-t-il d’avoir des conséquences sur les accords qui lient les deux pays ? L’arrivée de Joe Biden à la Maison-Blanche avait notamment été suivie d’une coopération d’un montant de 1,6 milliard de dollars sur cinq ans, en novembre 2021. Une somme destinée à financer des projets allant de l’éducation à la protection de la biodiversité, en passant par la lutte contre l’insécurité dans l’est du pays ».
D’ailleurs, poursuit le site panafricain, l’administration Biden était intervenue dans le conflit avec le Rwanda : « Washington soutenant jusqu’à présent avant tout une résolution politique, via le processus de Luanda, plutôt que l’option d’un règlement militaire de la crise». Alors, s’interrogeJeune Afrique, « l’arrivée de Donald Trump à la Maison-Blanche va-t-elle changer la donne, alors que le M23, soutenu par le Rwanda, progresse chaque semaine un peu plus dans sa conquête de territoire dans les provinces de l’Est ? ».
« Donald Trump de retour, un espoir pour les Congolais ? », s’interroge en écho le site Africa News qui reste pour le moins prudent… « Si certains y voient un signe d’espoir pour la stabilisation du pays, d’autres restent sceptiques quant à l’impact réel de cette nouvelle administration sur leur quotidien. (…) L’avenir de la coopération entre les deux pays reste incertain. La question est de savoir si ce retour marquera un tournant décisif pour la RDC ou si le pays restera confronté aux mêmes défis».
Indifférence ?
Pour Sidwaya à Ouagadougou, entre l’Afrique et Trump, c’est « je t’aime moi non plus… » : « en dépit de ses saillies vis-à-vis d’elle, l’Afrique ne saurait laisser Trump indifférent,affirmeSidwaya, du fait de sa primauté en matière de ressources naturelles, du rôle stratégique qu’elle pourrait jouer dans la résolution de certains conflits majeurs (notamment celui du Proche-Orient) et des bouleversements géostratégiques observés dans certaines régions du continent ».
Le quotidien Aujourd’hui, toujours au Burkina, affirme a contrario que « le continent n’a rien à attendre du Grand Old Party et de Trump ! Il n’y aura aucun miracle ! »
En effet, insiste L’Observateur Paalga, « on ne voit pas trop ce qui pourrait changer avec le retour du bientôt octogénaire aux cheveux peroxydés. Tout au plus, pourrait-on s’attendre à une remise en cause de programmes tels le Compact ou l’AGOA, la Loi sur la croissance et les possibilités économiques en Afrique, qui abolit depuis 2000 les droits d’importation aux États-Unis de produits fabriqués dans un certain nombre de pays d’Afrique subsaharienne et qui expire normalement l’année prochaine. Pour le reste,pointe encoreL’Observateur Paalga, le berceau de l’humanité demeure un ramassis de« pays de merdes »,qualifiés ainsi par Trump lors de son premier passage à la Maison-Blanche. Autant dire que l’Afrique et le monde sont encore partis pour quatre ans de "Trumperies" ».
« Wait and see… »
Enfin, interrogé par Walf Quotidien à Dakar, le professeur Ousmane Sene, directeur du Centre de recherches ouest-africain, ne se fait également aucune illusion : « Est-ce qu’il y aura un renforcement de la coopération avec l’Afrique ? Cela, on pouvait l’espérer beaucoup plus avec Kamala Harris qu’avec Donald Trump, affirme-t-il. Mais ce qu’on peut dire pour emprunter une expression typiquement américaine, c’est "wait and see". Attendons de voir ! Mais ce que je vois,pointe le chercheur, c’est que l’Afrique n’est pas une priorité majeure pour Donald Trump ».
Thu, 07 Nov 2024 - 848 - À la Une: la présidentielle américaine vue d’Afrique…
Entre Harris et Trump, « pour qui bat le cœur des Africains ? », s’interroge Le Pays. Réponse du quotidien burkinabè : « Si l’on se réfère à l’ère Trump passée, on pourrait croire que, globalement, le continent noir souhaiterait une victoire de la candidate démocrate. L’on se souvient, en effet, que lors de son premier mandat, Trump n’a pas montré beaucoup d’intérêt pour les pays africains qu’il avait sevrés de l’aide américaine à travers le retrait des USA de nombreux fonds ou projets et qu’il avait surtout qualifiés de "pays de merde". Et selon certains spécialistes, la donne ne devrait pas changer en cas de victoire du candidat républicain à la présidentielle », affirme Le Pays. « Un retour de Trump signifierait une réduction de l’implication américaine dans tout ce qui est multilatéralisme, comme la question du climat et possiblement une réduction de l’aide au développement. »
Qui plus est, poursuit le quotidien burkinabè, un retour de Trump favoriserait « un nouveau printemps des dictatures sur le continent noir ; les régimes autoritaires africains pourraient facilement renouer ouvertement les liens avec la Russie et la Chine. Cela dit,pointe encoreLe Pays, les Africains devraient se garder de toute passion débordante pour cette élection américaine. Et pour cause, ils doivent bien comprendre que le président américain est d’abord élu pour les Américains. Kamala Harris ou Donald Trump travaillera d’abord à servir les intérêts américains et non pour se charger des problèmes du monde. »
L’Afrique ? Pas leur tasse de thé…
En effet, renchérit Aujourd’hui, toujours à Ouagadougou, « un président américain est élu par les Américains ; il est à la Maison Blanche pour s’occuper d’abord des affaires des États-Unis ; les affaires domestiques de l’Afrique, ce n’est pas sa tasse de thé. On l’a vu en 2008,rappelle le journal, lorsque Barack Obama a été élu : les Kényans ont dansé et chanté, car un "fils du pays" était devenu l’homme le plus puissant du monde. Tout simplement parce que le 44e président des USA avait des origines kényanes de par son père. » Et « Obama a soigneusement évité lors de son premier mandat d’aller à Nairobi, et même en Afrique. Autant Obama n’était pas un frère africain, s’exclameAujourd’hui, autant Harris ou Trump ne sont ni des sœurs ou frères de sang, ni des cousins germains ! »
À écouter aussiCheikh Tidiane Gadio: «Trump n’est pas prévisible, ça va être un problème dans ses relations avec l’Afrique»
Il est vrai, note AfricaNews, que « Donald Trump déjà, lors de son premier mandat de 2017 à 2021, n’a fait aucun déplacement sur le continent. Il a montré peu d’intérêt pour ses problématiques majeures comme les enjeux climatiques. Seule bonne note de sa politique africaine, l’initiative Prosper Africa soutenant les investisseurs américains et la classe moyenne croissante à travers l’Afrique.
Quid de Kamala Harris ? La candidate démocrate a déjà fait savoir qu’elle concentrerait sa politique sur les intérêts nationaux. Dans cette optique, la sexagénaire prévoit de réduire les investissements américains à l’étranger. C’est peu dire qu’elle ne nourrit pas de réelles ambitions pour l’Afrique. Continent qu’elle a visité en mars 2023. »
« Nous souhaitons que Kamala Harris l’emporte »
Enfin Jeune Afrique s’engage… Dans son éditorial, le mensuel déclare « voter Harris contre Trump ». Pourquoi ? C’est « avant tout parce qu’un second mandat de Donald Trump ferait courir au monde – et par voie de conséquence à l’Afrique – des risques incalculables,affirme Jeune Afrique. (…) On laissera aux électeurs américains le soin de décider s’ils veulent ou non réélire un homme de 78 ans toujours plus raciste, qui rêve de déporter 12 millions de migrants, de lancer des missiles sur le Mexique, d’envoyer l’armée tirer dans les jambes de ses opposants et qui a écarté de son entourage toutes celles et ceux qui étaient encore capables de canaliser ses instincts belliqueux, son impulsivité vengeresse et son caractère notoirement imprévisible. »
Et le mensuel panafricain d’enfoncer le clou : « Il suffit de lire les posts des influenceurs afro-centristes et souverainistes, manifestement séduits par l’ethno-nationalisme viril de Trump, pour s’en convaincre : les forces qu’une victoire du candidat républicain libèrerait sur le continent ne seraient pas celles du progrès et de la démocratie, mais celles du conservatisme, du repli identitaire et du caporalisme. Voilà pourquoi,conclutJeune Afrique, nous souhaitons que Kamala Harris l’emporte. »
Tue, 05 Nov 2024 - 847 - À la Une: les violences électorales au Sénégal
« La campagne électorale(pour les législatives), qui a démarré dimanche dernier, amorce sa deuxième semaine,relèveWalfQuotidienà Dakar. Sept jours durant lesquels les coalitions, notamment Samm Sa Kaddu, Takku-Wallu, Pastef… ont sillonné le pays. Mais, le constat est là,pointe le quotidien sénégalais :les propositions des acteurs ont été occultées au profit de la violence physique et verbale. "Des affrontements physiques qui ne correspondent pas du tout à l’esprit républicain et aux valeurs démocratiques", constate Moussa Diaw, enseignant-chercheur à l’Ugb de Saint-Louis. Jean-Charles Biagui, enseignant-chercheur en sciences politiques, à l’Ucad, ajoute qu’il n’y a "rien de nouveau sous les cieux. Les mêmes pratiques se poursuivent. Durant la première semaine, poursuit-il, la violence a pris le dessus sur les programmes politiques. C’est particulièrement déplorable, qu’après tant de luttes, tant de morts pour la démocratie; la culture politique n’évolue pas", se désole-t-il. "Nous sommes toujours dans un contexte où les insultes, les invectives, la politique politicienne ont toujours le dessus sur les offres politiques", affirme-t-il encore. »
Appels au calme…
Conséquence, « Diomaye brandit le bâton », s’exclame WalfQuotidien en première page. En effet, précise le journal, « le président Diomaye Faye indique que les responsables de violences, quel que soit le bord où ils se situent, seront traqués et punis, conformément à la loi. »
Le quotidien 24 Heurescomplète : « De retour à Dakar après une visite officielle en Arabie saoudite et en Turquie, Bassirou Diomaye Faye a réaffirmé son souhait d’une campagne apaisée en vue des législatives du 17 novembre. Le chef de l’État a insisté sur le fait que la justice accomplirait son devoir. »
Plusieurs organisations de la société civile sont également montées au créneau. Notamment l’association Présence chrétienne. « Un Sénégal juste, prospère et souverain ne saurait se construire dans la violence », affirme l’association religieuse dans un communiqué repris par le site Seneweb. Présence chrétienne invite « à éviter des discours ayant des relents communautaristes mettant en jeu la cohésion nationale ou stigmatisant des composantes de la communauté nationale, et préconise le respect du Code électoral et l’apaisement du discours politique. »
Est de la RDC : Kagamé en position de force…
À la Une également, des affrontements encore et toujours dans l’est de la RDC…
« Le cessez-le-feu décrété par Luanda n’aura duré que le temps d’un feu de paille,relève Le paysau Burkina Faso. En effet, les combats ont repris entre les groupes armés progouvernementaux, encore appelés Wazalendo, et les rebelles du M23 soutenus par Kigali. La reprise des combats serait, selon plusieurs sources, à l’initiative des frontistes contre le gouvernement de Kinshasa, qui cherchent à contrôler le territoire très riche en minerais du Nord-Kivu, la zone de Walikale et cela passe par la prise de la ville de Pinga, une importante base de l’armée congolaise et ses alliés où se trouve un aérodrome stratégique. »
Les autorités de Kinshasa se veulent rassurantes… « Nos vaillants militaires défendent leurs positions en empêchant la prise de la localité de Pinga et de son aérodrome et la progression vers de nouvelles localités », affirme le ministre congolais de la Défense, cité par le site Actualité CD.
Reste, constate le site congolais, que « depuis plus d’une semaine, les rebelles du M23 ont déclenché les hostilités depuis le territoire de Masisi et ont réussi à conquérir la localité de Kalembe. Ce qui leur permet d’enchaîner, depuis, les attaques sur d’autres villages du territoire de Walikale, où au moins une dizaine de villages sont passés sous leur emprise. »
Et Actualité CD de rappeler que « la province du Nord-Kivu compte déjà près de 2 millions et demi de personnes déplacées, selon le Bureau de coordination des affaires humanitaires de l’ONU. »
Résultat, pointe Ledjely en Guinée, Kagamé est en position de force… « Il impose son narratif selon lequel il ne fait que se défendre(contre les rebelles rwandais du FDLR implantés en territoire congolais) (…)Avec le vaste territoire qu’il a réussi à gagner avec ces conquêtes successives des rebelles qu’il soutient, le président rwandais espère imposer une situation de fait dans la résolution politique de la crise. »
Mon, 04 Nov 2024 - 846 - À la Une: la commémoration du 1er novembre 1954 en Algérie
« C'était il y a tout juste 70 ans. Aux premières heures du 1er novembre 1954, raconte Afrik.com. L'Algérie, alors département français, bascule dans une ère nouvelle. Un appel au soulèvement parcourt le pays, marqué par une série d'attaques simultanées orchestrées par le FLN, le Front de libération nationale. L'insurrection, d'abord discrète, est le point de départ d'une guerre qui durera près de huit ans, et changera à jamais le destin de l'Algérie et de la France ».
Une date anniversaire que le Matin d'Algérie, souligne, lui aussi : « Le 1er novembre 2024 marque le 70ème anniversaire du déclenchement de la Révolution algérienne, un événement majeur qui a vu le peuple algérien s’élever contre l’oppression coloniale française. Cette date symbolise la quête de liberté et d’émancipation, nous poussant à interroger l’héritage de cette lutte et les responsabilités qui en découlent. »
Bref, que reste-t-il de la révolution algérienne ?, se demande le Matin d’Algérie. « La mission de la génération de 1954 était claire : obtenir l’indépendance nationale et bâtir un État juste. Soixante-dix ans plus tard, il est crucial de se demander si cette mission a été accomplie ou trahie ». Visiblement, pour le Matin d’Algérie, il y a encore beaucoup à faire. Le quotidien estime ainsi que «la double légitimité du régime algérien, fondée à la fois sur la lutte contre le colonialisme et sur l’exploitation des ressources, a permis à une élite de justifier sa domination. Cependant, cette légitimité est aujourd’hui contestée par un peuple aspirant à une véritable démocratie et à la justice sociale ».
Vieilles pétoires
Un anniversaire également salué par TSA, Tout sur l'Algérie, qui annonce pour aujourd’hui un défilé « grandiose » pour rendre hommage aux martyrs de la révolution. « C’est seulement le"deuxième défilé du genre", depuis l’arrivée au pouvoir du président Abdelmadjid Tebboune, depuis son arrivée au pouvoir en décembre 2019. Et pour organiser ce défilé, les autorités algériennes n’ont pas hésité à fermer plusieurs jours l’autoroute qui mène à l’aéroport et où aura lieu"la parade militaire ouverte au public". »
Enfin, dans son éditorial, El Moudjahid salue « cette poignée d’hommes déterminés, sommairement entraînés et armés de quelques vieilles pétoires »(…) qui « déclenchèrent une révolution qui eut un retentissement mondial et fut un véritable détonateur, pour les pays encore opprimés. Le 1er novembre 2024 doit être un point de départ pour un nouveau chapitre de l’histoire algérienne, un chapitre où la voix du peuple, unie et forte, sera entendue et respectée ».
Un doctorant français arrêté en Tunisie
À la Une, également, l’arrestation d’un chercheur français en Tunisie. Sa photo, celle d’un jeune homme blond qui sourit à l’objectif, est à la Une de Webdo Tunisie. Il s’appelle Vincent Dupont, « doctorant à l’Université Aix-Marseille et il a été arrêté le 19 octobre 2024, 10 jours après son arrivée en Tunisie ». Selon le site d’information, il effectuait des recherches sur « les trajectoires socio-professionnelles des personnes engagées lors de la révolution de 2011». « Le jour de son arrestation, poursuit Webdo Tunisie, il a été arrêté par la police, placé en garde à vue, puis présenté à la justice militaire. Les services diplomatiques français sont mobilisés ». « En attendant », précise le journal en ligne, « Vincent Dupont est accusé d’atteinte à la sûreté de l’État ».
De son côté, le Courrier de l’Atlasa interrogé Vincent Geisser, directeur de l’Institut de recherches et d’études sur les mondes arabes et musulmans rattaché à l’université Aix-Marseille. Selon ce dernier, l’objet des recherches de Vincent Dupont « n’est pas un sujet politique lié aux dissidents ou opposants, ce n’est pas un sujet sécuritaire, c’est un sujet sociologique classique ». Selon le journaliste Benoît Delmas, spécialiste du Maghreb, cité par Webdo Tunisie « l’arrestation d’un citoyen français, non binational, sonne comme un avertissement pour les étrangers travaillant en Tunisie. Les ONG sont également dans le collimateur du pouvoir, surtout si elles perçoivent des subventions étrangères (…) poursuit le journaliste. Selon lui,« Tunis change de cap et se coupe peu à peu de l’Occident ».
Fri, 01 Nov 2024 - 845 - À la Une: les dix ans de l'insurrection au Burkina Faso
Le 31 octobre 2014, au Burkina Faso, une insurrection populaire contraignait à la démission le président. Cela fait donc dix ans que « le peuple burkinabè s'est dressé héroïquement contre le pouvoir autocratique que Blaise Compaoré a instauré au lendemain de l'assassinat de son frère d'arme le capitaine Thomas Sankara », écrit Le Faso. Le journal se rappelle d'une mobilisation « monstrueuse et historique », avec « plus d'un million de personnes dans les rues de Ouaga », criant des slogans comme « Blaise Ebola!» ou « Blaise dégage! ».
L'insurrection du 31 octobre 2014 est aussi en Une du journal Aujourd'hui au Faso,avec cette question : « Pourquoi transition sur transition au Burkina? » Pour son éditorialiste, « l'opposant en démocratie se fie aux urnes pour arriver au pouvoir, ici, il s'appuie sur l'armée. [...] Le peuple endosse donc l'habit d'arbitre majeur et s'impose». Pour Aujourd'hui au Faso, « la refondation de l'État est une œuvre longue» et, pour ce faire, « il faut la participation de tous les Burkinabè. Et la volonté de quitter l'éternel recommencement ».
En RDC, les rebelles du M23 progressent dans l'Est
Jeune Afriqueraconte que « les combats se sont intensifiés ces dix derniers jours après plusieurs semaines d'accalmie ». Les rebelles s'approchent de Pinga, « un verrou sur la route de l'ouest, au cœur d'une zone minière riche », décrit le mensuel sur son site, avant de décrire l'impuissance de l'Angola, médiateur dans ce conflit.
« Les réponses internationales restent incohérentes pour stopper l'escalade du conflit », écrivent un chercheur et un universitaire dans une tribune publiée dans Le Monde Afrique. Ils regrettent qu'il y ait « peu de pression exercée sur Kinshasa au sujet de la collaboration de l'armée congolaise avec des groupes armés non étatiques. Idem pour l'implication militaire des groupes voisins ». La tribune dénonce enfin une « hypocrisie des intervenants étrangers » et des réponses qui « s'inspirent de lectures simplistes sur les causes de la guerre ».
Au Nigeria, un long retour à la normale après une panne de courant géante
Dix-sept États, sur les 36 que compte le pays, ont été touchés par une importante panne. En cause : une attaque d'un groupe armé sur des lignes à haute tension, qui a privé d'électricité des millions de personnes dans le Nord. Le Nigérian The Guardian affirme que « l'électricité a été rétablie dans quatre États », mercredi soir, « provoquant la liesse dans les zones touchées ».
Au Burkina, Wakat Sera remarque que ces pannes sont « plus qu'un épiphénomène» : « c'est la triste réalité que subissent beaucoup de pays africains ». Le journal analyse les causes : en plus des actes malveillants, il y a « le fossé de la demande et de l'offre [qui] devient abyssal », « les installations faites pour la plupart depuis Mathusalem ne répondent plus aux besoins des nombreux consommateurs ». Wakat Sera se demande alors « comment avec autant de soleil, une richesse naturelle que leur envient les autres continents, les Africains ne peuvent-ils pas se mettre ensemble pour construire de grandes centrales solaires ? » et appelle à prendre le Maroc comme exemple, car le pays a entrepris des projets en ce sens.
Thu, 31 Oct 2024 - 844 - À la Une: le «nouveau chapitre franco-marocain»
La visite de trois jours du président français, Emmanuel Macron, au royaume chérifien, s'achève ce mercredi 30 octobre 2024. Pour L'Opinion, on assiste à un « nouveau chapitre franco-marocain »: la relation entre les deux pays « n'a jamais paru aussi franche, aussi sincère, mais surtout aussi prometteuse qu'elle ne l'est aujourd'hui». Emmanuel Macron « récolte aujourd'hui, poursuit l'édito, les fruits de sa position claire et sans ambages sur la marocanité du Sahara ».
En effet, mardi 29 octobre 2024, le chef d'État français a réaffirmé la « souveraineté » du royaume sur le Sahara occidental, territoire disputé. Les médias marocains développent aussi les différents partenariats signés entre Paris et Rabat. « Veolia construira à Rabat la plus grande station de dessalement d'eau de mer en Afrique », s'exclame par exemple Telquel.
La signature de partenariats économiques n'ont pas échappé au journal Le Pays, au Burkina Faso. « Le Maroc est la première destination des investisseurs français en Afrique », rappelle l'édito, qui commente « comme quoi, seuls les intérêts guident les pas ». Des contrats « d'autant plus importants», grince Le Pays, « qu'après avoir perdu le Sahel [...], ce qui a créé un manque à gagner pour certaines entreprises française, la France ne peut pas se permettre le luxe de perdre un partenaire comme le Maroc ».
En Guinée, la junte dissout et suspend la moitié des formations politiques
Pour Aujourd'hui au Faso, c'est la « fin du pagailleux multipartisme et le début de Doumbouya-le-démocrate ». Le site voit, dans ces dissolutions, « une œuvre de salubrité politique ». « Que ce soit en Guinée, au Burkina ou ailleurs, a-t-on besoin de 200 programmes politiques pour développer un pays ? » conclut l'édito.
Au contraire, pour Wakat Sera, la décision de Doumbouya est « la continuation de sa marche résolue vers la confiscation du pouvoir ». « Les Guinéens », regrette le site, « assistent, impuissant[s], à la disparition progressive de l'espace d'expression, [...], à l'absence de la liberté tout court ».
Au Sénégal, la presse raconte la campagne des législatives anticipées
« Pastef poursuit sa caravane à l'intérieur du pays », écrit le quotidien 24 Heures, dans laquelle se trouve le Premier ministre, Ousmane Sonko, vêtu d'orange sur les photos, avec son éternelle casquette.
Jeune Afrique, de son côté, analyse « comment Ousmane Sonko et Pastef ont révolutionné le financement en politique ». Le journal rappelle que le parti fait payer le public pour venir à ses meetings. Une stratégie « étonnante, dans un pays où les militants n'y assistent que s'ils y sont financièrement incités», note l'article. Lors d'un meeting de levée de fonds à Dakar, le 19 octobre, le parti au pouvoir dit avoir levé, « en quatre heures », « près de 500 millions de francs CFA ».
Jeune Afrique démontre que le Pastef a toujours eu recours aux « cagnottes en ligne », pour financer des élections législatives ou présidentielles, souvent grâce à la diaspora sénégalaise. Un «marketing politique savamment orchestré», analyse le mensuel. « Pastef tient à montrer à ses adversaires qu'il jouit d'une bonne popularité au sein de l'opinion, et qu'il y est solidement enraciné ».
Ali-Foreman, la plus célèbre série de crochets de l'Histoire
Une combinaison de crochet, puis un direct du droit de Mohammed Ali entrés dans la légende. Il y a 50 ans, le 30 octobre 1974 à Kinshasa, le boxeur américain battait son compatriote George Foreman lors du « combat du siècle ». Un événement que beaucoup aimeraient revivre, dans la capitale de RDC. « Kinshasa attend de pouvoir fêter dignement cet anniversaire sur fond de rivalités entre promoteurs », raconte Jeune Afrique. La RDC espère organiser, en 2025, le « Fight for Peace » et ainsi « alerter l'opinion internationale sur la guerre en cours dans l'est ».
Plusieurs boxeurs ont déjà fait part de leur envie d'être sur le ring à Kinshasa, comme l'Américain Anthony Joshua ou le congolais Martin Bakole ... mais ce projet reste pour l'instant « un combat de gros sous et de réseau politique», conclut Jeune Afrique.
À lire aussiBoxe: George Foreman-Mohamed Ali, retour sur un combat de légende
Wed, 30 Oct 2024
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